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Une vingtaine de navires de guerre nazis exposés par la sécheresse dans le Danube

août 23, 2022
Une épave dans l'eau.

Des centaines d’épaves de navires de guerre nazis gisent au fond du Danube, deuxième plus grand fleuve d’Europe. Photo : Reuters/Fedja Grulovic

La sécheresse qui sévit en Europe a fait descendre le niveau du fleuve Danube si bas au cours des dernières semaines que les épaves d’une vingtaine de navires de guerre nazis, dont certains toujours chargés d’explosifs, sont désormais exposées près du village portuaire de Prahovo, en Serbie.

Des centaines d’épaves du genre gisent au fond du Danube, deuxième plus grand fleuve d’Europe que les nazis ont emprunté depuis le sud de l’Allemagne, où il prend sa source, pour se rendre jusque dans la mer Noire, dans laquelle il se jette.

Les Allemands ont sabordé des centaines de leurs navires lorsqu’ils ont battu en retraite devant l’avancée des Russes, à la fin de la guerre. Et la sécheresse de cet été, l’une des pires en Europe depuis l’enregistrement des données météorologiques, a fait ressurgir ces vestiges militaires.

Certains des navires possèdent encore des tourelles, des ponts de commandement, des mâts brisés et des coques tordues, alors que d’autres sont presque entièrement submergés sous des bancs de sable.

Une épave tordue dans l'eau.

Sur certaines des épaves, on peut toujours distinguer le mât, le pont de commandement et la coque. Photo: Reuters/Fedja Grulovic

Une menace pour la navigation et l’environnement

Si la découverte a de quoi fasciner, elle n’en demeure pas moins dangereuse : certains de ces navires contiennent toujours des tonnes métriques d’explosifs et de munitions.

La flotte allemande de la mer Noire a laissé derrière elle une grande catastrophe écologique qui nous menace, nous, les habitants de Prahovo, a déclaré à Reuters Velimir Trajilovic, 74 ans, un retraité de ce village portuaire qui a écrit un livre sur le sujet.

Selon le ministère des Transports serbe, il y aurait environ 10 000 engins explosifs dans l’eau, ce qui non seulement pose une menace écologique, mais aussi rend la navigation périlleuse pour les marins, de même que pour les pêcheurs locaux.

Les autorités de Serbie se sont résolues à des opérations de dragage pour maintenir les voies de navigation ouvertes. Près de Prahovo, la présence d’épaves a tout de même réduit la largeur de la voie de navigation de 180 mètres à 100 mètres.

En mars, le gouvernement serbe a lancé un appel d’offres pour le retrait des épaves et des explosifs qu’elles contiennent. L’opération est évaluée à environ 37 millions de dollars canadiens.

Ce n’est pas la première fois que de tels vestiges refont surface. Certaines des épaves nazies du Danube sont notamment apparues lors d’une vague de chaleur en 2003.

Avec les informations de CNN et Washington Post

COP26 : plus de cent millions d’Africains exposés aux aléas climatiques d’ici à 2030

novembre 4, 2021

Jusqu’à 118 millions de personnes seront, d’ici à 2030, « exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique, si des mesures adéquates ne sont pas prises », selon l’Organisation météorologique mondiale. Cette situation a d’énormes répercussions sur la sécurité de l’eau à l’avenir, compte tenu de l’augmentation de la population et de la dégradation de l’environnement. 

L’alerte est lancée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), à l’occasion de la publication d’un rapport sur l’état du climat en Afrique (2020). « L’Afrique connaît une augmentation de la variabilité météorologique et climatique, qui entraîne des catastrophes écologiques et sociales. D’ici à 2030, on estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique si des mesures adéquates ne sont pas prises », a déclaré la commissaire à l’Economie rurale et à l’Agriculture de la commission de l’Union africaine à l’OMM, Josefa Leonel Correia Sacko. Selon les indicateurs climatiques donnés par le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, au cours de l’année 2020,  l’Afrique a connu une augmentation continue des températures, une accélération de l’élévation du niveau de la mer, des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, tels que les inondations, les glissements de terrain et les sécheresses, et les impacts dévastateurs associés.

« La fonte rapide des derniers glaciers d’Afrique de l’est, dont on s’attend à ce qu’elle soit totale dans un avenir proche, nous alerte d’un changement imminent et irréversible du système terre », a déclaré Petteri Taalas. L’autre inquiétude soulignée par l’OMM c’est l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers emblématiques du continent. Ce qui met en évidence « la vulnérabilité disproportionnée de l’Afrique et montre comment les avantages potentiels des investissements dans l’adaptation au climat, les services météorologiques et climatologiques et les systèmes d’alerte précoce l’emportent largement sur les coûts ». Ce rapport de l’OMM est publié dans la perspective des négociations des Nations unions sur le changement climatique qui se déroulent dans le cadre de la COP26, à Glasglow, en Ecosse. Il vient s’ajouter aux éléments scientifiques qui prouvent l’urgence de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, de renforcer les ambitions en matière de climat et d’allouer davantage de financements à l’adaptation.

L’eau, une priorité en matière d’adaptation climatique

L’eau est en première ligne du changement climatique et constitue une priorité absolue en matière d’adaptation. Les dirigeants de la coalition Eau et  Climat, présents à Glasgow, ont lancé un appel urgent et uni en faveur d’une action intégrée pour l’eau et le climat, afin de remplacer l’approche actuelle, fragmentée et axée sur la crise. Ils ont souligné la nécessité d’une gestion intégrée d’eau et du climat, fondée sur un partage accru des données et des informations. Seulement 0,5 % de l’eau sur terre est utilisable et disponible sous forme d’eau douce. Mais au cours des vingt dernières années, le stockage de l’eau terrestre a diminué de 1 cm par an. Cette situation a d’énormes répercussions sur la sécurité de l’eau à l’avenir, compte tenu de l’augmentation de la population et de la dégradation de l’environnement. Le changement climatique exacerbe à la fois la pénurie d’eau et les risques liés à l’eau, car la hausse des températures perturbe le régime des précipitations et l’ensemble du cycle de l’eau. Actuellement, 3,6 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau au moins un mois par an, et ce chiffre devrait passer à plus de 5 milliards d’ici à 2050.

Avec Adiac-Congo par Noël Ndong

Sécheresse en Afrique: 45 millions de personnes menacées d’insécurité alimentaire

octobre 31, 2019

 

Un total de 45 millions de personnes vont se retrouver en situation de grave insécurité alimentaire dans les six mois en Afrique australe à cause de la «pire sécheresse» affectant la région en trente-cinq ans, a annoncé jeudi 31 octobre le Programme alimentaire mondial (PAM).

A ce jour, plus de 11 millions de personnes sont déjà en situation de très grave insécurité alimentaire dans neuf pays de la région (Angola, eSwatini, Lesotho, Madagascar, Malawi, Namibie, Mozambique, Zambie et Zimbabwe), selon un communiqué du PAM. Et la situation devrait se dégrader dans les prochains mois avec un «chiffre record de 45 millions de personnes» qui vont avoir besoin d’aide alimentaire dans l’ensemble de la région, met en garde l’agence onusienne. Au cours des cinq dernières années, l’Afrique australe a connu une seule année de précipitations normales, selon le PAM. La sécheresse persistante, les cyclones et les inondations ont détruit les récoltes, a expliqué l’agence. «Nous avons affaire à la pire sécheresse en trente-cinq ans dans les régions centrales et ouest» de l’Afrique australe, a souligné Margaret Malu, directrice régionale du PAM pour l’Afrique australe.

Cette crise alimentaire est aggravée par un chômage croissant, les pertes de bétail à grande échelle et l’augmentation du prix des denrées alimentaires, selon le PAM. «Des pluies tardives, suivies de longues périodes de sécheresse, deux cyclones majeurs et les défis économiques se sont révélés catastrophiques pour la sécurité alimentaire» en Afrique australe, a ajouté Alain Onibon de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette année, la région – le Mozambique en tête – a été frappée par deux cyclones meurtriers, qui ont fait des centaines de milliers de sinistrés. «Nous devons répondre aux besoins urgents de nourriture de millions de personnes mais aussi investir pour mettre en place des moyens de résilience pour ceux menacés par des sécheresses, des inondations et des tempêtes de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves», a ajouté Margaret Malu.

Les températures en Afrique australe augmentent deux fois plus que la moyenne sur Terre, selon le PAM, qui précise que le Malawi, le Mozambique, la République démocratique du Congo (RDC), la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe seront les pays les plus touchés dans la région dans les années à venir par cette crise climatique

Par Le Figaro.fr avec AFP

Grèce: des milliers de poissons asphyxiés dans un lac pour cause de sécheresse

septembre 19, 2019

 

Des milliers de poissons ont été retrouvés morts jeudi sur les bords du lac Koronia, dans le nord de la Grèce, en raison des températures élevées et de la diminution du niveau de l’eau, ont annoncé les autorités.

Il s’agit surtout de poissons de grande taille asphyxiés après une importante période «de sécheresse, de températures élevées, qui ont entraîné la diminution du niveau de l’eau», a indiqué à l’AFP Dimitra Bobori, responsable des lacs de la région de Macédoine, dans le nord de la Grèce, à 30km de la métropole de Théssalonique.

En 2014, la profondeur maximale du lac Koronia était de 2,8 mètres, contre une profondeur de 60 à 80 cm aujourd’hui en raison de l’évaporation de l’eau et d’un contrôle insuffisant du maintien des eaux du lac par les autorités, a-t-elle souligné. Cette diminution importante du niveau du lac réduit l’oxygène dont les poissons ont besoin, a expliqué Dimitra Bobori.

Quatre phénomènes de ce type depuis 1995

Le lac Koronia a connu au moins quatre fois un tel phénomène depuis 1995, accompagné de l’apparition de milliers de poissons morts à la surface. Les experts ont prévenu à plusieurs reprises les autorités du risque d’«un désastre naturel».

Connu pour la richesse de son milieu aquatique, voie de passage pour les oiseaux migrateurs, et inscrit au réseau européen des régions protégées Natura, le lac de Koronia est depuis longtemps victime de la sécheresse mais aussi de la pollution.

Après plusieurs mises en garde appelant la Grèce à renforcer la protection du lac, la Commission européenne a saisi en 2011 la Cour de justice européenne sur le sujet.

Les écologistes et l’association grecque des ornithologues estiment que le non-respect des normes environnementales ainsi que la poursuite de la pollution des eaux par les industries et entreprises agricoles des environs et le pompage abusif sont à l’origine du problème. En 2007, 200 oiseaux avaient été retrouvés morts sur les bords du lac à la suite de l’apparition d’une bactérie.

Mais la plus grande catastrophe avait eu lieu en 2004: 4500 oiseaux avaient péri en raison du bacille «clostridium botulinum», une toxine qui se développe notamment dans des eaux stagnantes et/ou polluées et qui est à l’origine du botulisme.

Par Le Figaro.fr avec AFP

La vague de chaleur en Europe provoque sécheresse et incendies

juillet 20, 2018

Un champ de blé frappé par la sécheresse à Taby, dans le centre de la Suède, le 9 juillet 2018 / © TT NEWS AGENCY/AFP/Archives / Christine Olsson

Du Royaume-Uni à la Lettonie en passant par l’Allemagne, le nord de l’Europe connaît une vague de chaleur et de sécheresse d’une longueur inhabituelle qui a provoqué de multiples incendies et l’inquiétude des agriculteurs quant aux récoltes à venir.

En Saxe-Anhalt, dans le centre de l’Allemagne, l’incendie le plus grave de ces 18 dernières années a eu lieu au début du mois dans une région boisée, détruisant quelque 80 hectares de forêt. L’ensemble des régions orientales ainsi qu’une partie du nord de l’Allemagne sont menacées par des départs d’incendie en raison de l’absence de pluie depuis des semaines.

Après la sécheresse de mai et juin, les agriculteurs, en particulier les producteurs de céréales du Brandebourg, Etat régional qui entoure Berlin, ont tiré la sonnette d’alarme, affirmant que la récolte de cette année serait inférieure de 20% à 50%.

Les services météorologiques prévoient des records de température vendredi qui pourraient atteindre, voire dépasser par endroit les 34°C et la vague de chaleur devrait se poursuivre dans les prochaines semaines.

En Pologne, ce sont quelque 91.000 exploitations agricoles – 1,5 million d’hectares de terres -, qui ont été frappées par une sécheresse printanière, selon le ministère de l’Agriculture. Décrivant des pertes « sans précédent », Varsovie a demandé à l’UE une aide financière.

– Eté record –

En Lettonie et Lituanie, les agriculteurs souffrent également d’une sécheresse prolongée, la pire depuis des décennies, selon les responsables locaux.

La Lettonie avait déclaré en juin un état de catastrophe nationale pour le secteur agricole, et a demandé à l’UE de verser des subventions aux agriculteurs avant la date prévue. Dans l’ouest du pays, un vaste incendie a entraîné mercredi l’évacuation d’un village, et les pompiers luttaient toujours vendredi pour contenir le feu.

Plus à l’ouest, une large partie de la Suède, comme ses voisins danois, sud-norvégien et nord-finlandais, connaît actuellement un épisode de fortes chaleurs qui n’est, selon les prévisions, pas près de s’arrêter.

« C’est la pire chose que j’aie jamais connue », a dit à propos de la sécheresse Jacob Gustawson, un exploitant de 47 ans à Norrtälje (au nord de Stockholm).

Le manque de fourrage a déjà contraint certains agriculteurs suédois à envoyer plusieurs de leurs vaches à l’abattoir.

La vague de chaleur et la perspective d’un manque d’intempéries en août pourraient également peser sur la récolte de betteraves en Europe, source importante de sucre pour le marché mondial.

Suède : sécheresse historique, une catastrophe pour les éleveurs / © AFP /

Dans l’ouest de l’Europe, le Royaume-Uni pourrait connaître un été record si les températures continuer de rester au-dessus de la moyenne, selon le Met Office, le service national de prévisions météorologiques.

Le pays n’a reçu que 47 mm de pluie entre le 1er juin et le 16 juillet, soit le début d’été le plus sec depuis que les précipitations ont commencé à être ainsi répertoriées, en 1961.

– « Prions pour qu’il pleuve » –

Sécheresse oblige, à Londres, l’herbe pourtant si verte de Hyde Park, comme des autres parcs de la ville, a pris ces dernières semaines une teinte jaune très prononcée, au grand dam des Britanniques, si attentifs à la qualité de leurs pelouses.

Dans l’est de la capitale, un feu de pelouse « extrêmement inhabituel » a mobilisé une centaine de pompiers ces derniers jours. « Le sol est extrêmement sec en ce moment », a souligné la cheffe des pompiers de la capitale, Dany Cotton.

« Je n’aurais jamais pensé dire ça, mais nous prions pour qu’il pleuve », a-t-elle ajouté.

La vague de chaleur a provoqué un afflux de patients dans les hôpitaux, « les personnes âgées en particulier, qui ont besoin d’un traitement hospitalier en cas de déshydratation », a souligné le Dr Nick Scriven, président de la Society for Acute Medicine, représentant le personnel médical travaillant notamment en soins intensifs.

Quant aux plantes d’intérieur, mettez-les à l’ombre, et arrosez-les avec… l’eau du bain, a conseillé la Société royale d’horticulture, pour lutter contre le gaspillage d’eau.

Certains ont même lancé des paris: qui s’arrêtera en premier? La vague de chaleur ou la Première ministre Theresa May, embourbée dans les difficultés liées au Brexit? interroge PaddyPower, l’un des plus grands opérateurs britanniques de paris sportifs.

Romandie.com avec(©AFP / 20 juillet 2018 16h29)

Somalie: 110 décès en 48 heures à cause de la sécheresse

mars 5, 2017

Mogadiscio – Quelque 110 personnes sont mortes dans le sud de la Somalie jeudi et vendredi des conséquences de la sécheresse, a annoncé le Premier ministre somalien Hassan Ali Khaire.

« Environ 110 personnes sont mortes ces 48 dernières heures à cause de la sécheresse et de diarrhées sévères dues à l’eau dans les régions du sud de la Somalie, en particulier dans les régions de Bay et Bakool », a indiqué M. Khaire dans un communiqué daté de samedi.

« Les Somaliens, où qu’ils soient, doivent sauver leurs frères dans le besoin, qui mourront de faim si on ne les aide pas. La tâche prioritaire du gouvernement sera de venir en aide aux gens qui ont été touchés par la sécheresse, a-t-il ajouté.

Les autorités locales du village d’Awdiinle, dans la région de Bay, ont annoncé qu’au moins 69 personnes, la plupart des enfants et des personnes âgées, étaient décédées de diarrhées causées par l’eau.

« Il n’y a pas de médicaments et la maladie est maintenant devenue une épidémie », a déclaré à l’AFP par téléphone un responsable local de ce village, situé à 30 km de la capitale régionale Baidoa.

« C’est à cause de la sécheresse qui a provoqué une pénurie généralisée d’eau. Nous avons besoin de l’aide des agences humanitaires », a-t-il ajouté.

La Somalie a décrété fin février « catastrophe nationale » la grave sécheresse qui ravage le pays et menace environ trois millions de personnes, selon les ONG.

La Somalie est, avec le Yémen et le Nigeria, un des trois pays au bord de la famine, déjà officiellement déclarée au Soudan du Sud où elle touche 100.000 personnes.

Plus de 20 millions de personnes risquent de mourir de faim dans ces quatre pays.

La dernière famine en date en Somalie, en 2011, résultat d’une grave sécheresse dans la Corne de l’Afrique aggravée par le conflit avec l’insurrection islamiste shebab, y avait tué 260.000 personnes.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’en Somalie plus de 6,2 millions de personnes – soit la moitié de la population – ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, dont près de trois millions qui souffrent de la faim.

Selon l’agence onusienne, plus de 363.000 enfants sont gravement mal nourris, parmi lesquels 70.000 ont besoin en urgence d’une aide vitale.

La sécheresse a conduit à une propagation des diarrhées aiguës, du choléra et de la rougeole, et près de 5,5 millions de personnes risquent de contracter des maladies transmises par l’eau.

Romandie.com avec(©AFP / 05 mars 2017 13h26)             

La famine menace le sud de Madagascar frappé par la sécheresse

décembre 10, 2016

Près de 1,4 million de personnes sont en insuffisance alimentaire, dont 850 000 dans un état grave à cause d’un déficit de pluie dû à El Nino.

Lire aussi :   Pour Madagascar, des milliards de dollars et l’espoir d’un nouveau départ

L’absence de pluies abondantes dans la région d’Amboasary est liée au phénomène climatique El Nino. Dans cette commune de 38 000 habitants, située à environ 75 km de Fort-Dauphin, la situation est inquiétante au centre de soins du sud de la ville. « Nous avons aujourd’hui des cas de malnutrition aiguë sévère, déplore Mamy Razanamahefa, médecin. Les patients consultent aussi pour des cas de diarrhées et des infections respiratoires chroniques. Il n’a pas plu ici depuis deux mois, juste une petite averse il y a deux semaines. Les gens sont épuisés et n’ont plus rien à manger. » « La malnutrition aiguë sévère est une condamnation à mort assurée, rappelle Olivier Banquet, directeur d’Action contre la faim à Madagascar. Cette situation fait de la malnutrition un enjeu de santé et de développement majeur, pourtant à ce jour il reste sous-financé. »

92 % de la population en dessous du seuil de pauvreté

Cette crise alimentaire survient après déjà trois années déjà difficiles dans le sud de Madagascar, l’un des pays les plus pauvres du monde, où 92 % des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. « Depuis six ans, le taux de malnutrition ne cesse d’augmenter », s’inquiète Mamy Razanamahefa.

Nizalovasoa, une petite fille de 21 mois en état de malnutrition aiguë, dans le village d’Andranobory, dans le sud de Madagascar, début décembre 2016.

Nizalovasoa, une petite fille de 21 mois en état de malnutrition aiguë, dans le village d’Andranobory, dans le sud de Madagascar, début décembre 2016. Crédits : DR

Le 2 décembre à Paris, le pays a obtenu 5,9 milliards d’euros des bailleurs de fonds (Banque mondiale, Banque africaine de développement (BAD), Union européenne et agences des Nations unies…) pour remettre sur pied l’économie d’un pays mis à mal par cinq années d’instabilité politique. Une partie de la somme arrivera-t-elle cette fois jusqu’à la région d’Amboasary pour construire des infrastructures et notamment des routes qui sont dans un état désastreux ? L’avenir le dira. Cette région du pays a toujours été « oubliée » par les autorités.

Lire aussi :   FAO : l’Afrique australe menacée d’insécurité alimentaire par El Niño

Le sud est actuellement en période de « kere », de soudure. C’est le moment qui précède les premières récoltes et où le grain de la récolte précédente manque, puisque les réserves sont vides. L’absence d’eau a fait chuter la production de maïs de 80 % par rapport aux niveaux enregistrés depuis 2015, qui affichaient déjà une régression. Mais la production de riz et surtout de manioc est également en baisse. Près de 850 000 personnes sont en situation de grave insécurité alimentaire, ce qui signifie qu’elles ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins nutritifs et devront compter sur une aide alimentaire d’urgence.

Des bœufs bradés sur le marché

« Après avoir subi déjà deux ou trois saisons de crise, les ménages sont fortement affectés et ils n’ont plus les capacités d’affronter une nouvelle situation d’urgence, estime Luc Genot, coordonnateur des urgences de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. S’il n’y a pas d’appui, on risque de se retrouver face à une crise alimentaire majeure qui coûtera plus chère par la suite. Les familles ont déjà vendu beaucoup de leur moyen de production, comme leurs bœufs. Estimés à 700 ou 800 000 ariary [la monnaie malgache], ils ont été bradés sur les marchés à 100 000 pour faire face à l’urgence. » Beaucoup en sont réduits à manger des figues de barbarie, qui poussent sur les feuilles de cactus et que l’on trouve sur les étals des marchés, ou des mangues roulés dans la cendre pour apaiser la faim. 

Dans le village d’Andranobory, le ciel est gris, saturé de poussières. Le vent s’engouffre dans les ruelles sablonneuses et les rafales font claquer les vêtements usés sur les corps maigres. L’atmosphère plonge le visiteur dans un autre monde, un autre temps. Ici, il n’y quasiment rien à manger et plus de médicaments depuis qu’un réfrigérateur vétuste a mis le feu au centre de santé, le 7 octobre.

Un océan de désespoir

Il est 11 heures et une foule compacte s’avance maintenant devant la mairie en espérant un subside ou juste une bonne nouvelle du médecin ou du maire. Lentement, le docteur mesure le bras d’une fillette que lui présente sa maman. Nizalovasoa a les cheveux courts et ébouriffés, quasiment 2 ans mais en paraît beaucoup moins. Depuis trop longtemps, elle ne mange qu’un repas par jour, un reste de manioc ou de sorgho, avec quelques graines de dolique ou de niébé. Au niveau de son biceps, le tour de son bras est maigre : il fait moins de 11 cm… Sa mère le voit et dans son regard, à cet instant, un océan de désespoir.

Selon l’UNICEF, la moitié des enfants malgaches de moins de 5 ans souffrent de malnutrition, ce qui entraîne des bouleversements physiques mais également un ralentissement de leur développement intellectuel. Les conséquentes à l’échelle du pays sont importantes. Faute de pouvoir étudier convenablement, ces 2 millions d’enfants ne pourront pas produire pour leur pays. Une étude réalisée par l’organisation onusienne a montré que la Grande Ile perd ainsi chaque année, en termes de productivité économique, 700 millions de dollars (660 millions d’euros) à cause de la malnutrition.

A Andahive, une commune de 505 habitants, la situation semble moins critique. La FAO a distribué des tiges de patate douce améliorées qui résistent à la sécheresse et s’adaptent aux conditions particulières du secteur. Sur une parcelle mise à la disposition de la communauté, les résultats sont encourageants. « Les hommes labourent et les femmes plantent, tout le monde travaille ensemble, assure Hihaly, président du groupement des producteurs de semences. L’an dernier, le village était en grande difficulté mais aujourd’hui, les conditions se sont nettement améliorées. On donne même parfois des tiges de patate douce aux villages alentour. »

« Comme d’autres semences du même type, les tiges de patate douce sont une solution à la malnutrition. Mais ce qui marche à un endroit ne marche pas forcément ailleurs, rappelle Luc Genot. Il faut des politiques basées sur le long terme. Et, dans tous les cas, il faut de la pluie. » Si les prévisions globales ne sont pas bonnes jusqu’à mi-janvier, elles pourraient s’améliorer ensuite. Mais pour Nizalovasoa et tant d’autres enfants, c’est maintenant qu’il y a urgence.