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G8/Les dirigeants tentent de transformer l’essai contre les paradis fiscaux

juin 18, 2013

Enniskillen (awp/afp) – Les dirigeants des grandes puissances du G8 réunis en Irlande du Nord devaient tenter mardi de porter un nouveau coup aux paradis fiscaux.

Priorité du Premier ministre britannique David Cameron, la lutte contre l’évasion fiscale est le point fort de la seconde journée du sommet au luxueux complexe hôtelier de Lough Erne.

Le G8 veut donner « une impulsion » et maintenir « la pression politique » après les avancées spectaculaires des derniers mois, explique un diplomate britannique.

David Cameron n’accueille pas ses hôtes les mains vides. Il peut se targuer d’avoir obtenu samedi des dix territoires d’outre-mer britanniques et dépendances de la Couronne, souvent des paradis fiscaux notoires comme les Bermudes ou les îles Caïmans, qu’ils rejoignent la convention multilatérale sur l’échange d’informations fiscales.

« C’est un pas important, maintenant il faut que les autres pays du G8 mettent aussi de l’ordre chez eux », estime Elisa Bacciotti, de l’organisation non gouvernementale Oxfam.

Venue suivre le sommet, elle souligne que le G8, « ce sont plus de quinze paradis fiscaux autour de la table », avec les territoires britanniques, mais aussi Monaco et Andorre pour la France ou l’Etat américain du Delaware.

La convention multilatérale, sous la houlette de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), semble ainsi fédérer un nombre croissant de pays. Des bastions du secret bancaire, comme l’Autriche, le Luxembourg et Singapour, se sont engagés en mai à signer le texte, et la Chine s’apprête à le faire.

Autre pays mis en cause, la Suisse a apporté lundi son soutien à l’OCDE pour définir une « norme mondiale » en matière d’échange automatique d’informations bancaires et fiscales.

En Ulster, l’OCDE présente en effet au G8 une feuille de route en quatre étapes vers « un système vraiment multilatéral » d’échange automatique de renseignements fiscaux, clé de voûte de la lutte contre la fraude. Des avancées décisives sont à ses yeux possibles d’ici mi-2014.

Reste, comme le note une source européenne proche des négociations, « que cela ne sert à rien d’avoir l’échange automatique si on se heurte à des structures opaques ».

L’agenda du G8 prévoit donc d’avancer sur la transparence concernant les propriétaires et bénéficiaires réels des sociétés.

Les ONG réclament des registres publics, mais la question fait débat parmi les grandes puissances. Le président américain Barack Obama « n’acceptera pas, pour protéger le Delaware », déplore un négociateur international.

In fine, certains dirigeants du G8 pourraient annoncer la mise en place d’un registre national, réservé toutefois à leur administration fiscale et pas accessible à l’opinion publique.

« Il est essentiel que ces informations soient dans le domaine public », insiste l’ONG Global Witness.

Surtout, selon des sources proches des négociations, les « trusts », ces entités juridiques anglo-saxonnes devenues le symbole des trous noirs de la finance mondiale, devraient être pour l’instant exclus de ces efforts de transparence, malgré les déclarations de bonnes intentions. Les bénéficiaires de certains placements offshore pourront donc continuer à s’abriter derrière ces paravents.

Le G8 doit enfin apporter son soutien aux travaux de l’OCDE pour éviter, à l’avenir, que les multinationales aux activités florissantes échappent à l’impôt grâce à des stratégies d’optimisation fiscale particulièrement complexes.

Les grandes puissances (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Canada, Royaume-Uni, France, Italie et Russie) doivent aussi discuter mardi de la lutte contre le terrorisme. David Cameron souhaite que le G8 s’accorde sur le principe de refuser le paiement de toute rançon pour libérer les victimes d’enlèvements. « Cela étoufferait l’une des principales sources de financement des organisations terroristes, et réduirait bien sûr la motivation d’enlever nos citoyens », a-t-il expliqué.

Cette question est sensible, notamment en France, qui compte plusieurs otages au Sahel. Paris, qui était réputé pour avoir versé des rançons, est décidé à ne plus le faire, a affirmé à plusieurs reprises M. Hollande.

Avant de quitter mardi après-midi les rives verdoyantes de ce lac nord-irlandais, les dirigeants vont aborder avec le Premier ministre libyen Ali Zeidan la question sécuritaire en Libye, particulièrement dans le sud-est du pays où les Occidentaux craignent « un nouveau Mali » en raison de la présence de jihadistes armés.

L’Otan a fait savoir début juin qu’elle était prête à aider la Libye à renforcer la sécurité de son territoire, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas de « déployer des troupes ».

(AWP / 18.06.2013 07h10)