Vingt-quatre heures après l’approbation à l’unanimité par le Parlement angolais de l’envoi d’un contingent militaire à l’est de la République démocratique du Congo, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a rencontré, le 18 mars, à Luanda son homologue João Lourenço.
La rencontre en tête-à-tête pendant plus de deux heures au Palais présidentiel de la Cidade Alta a permis aux présidents Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Joâo Lourenço d’évaluer le processus de paix dit de Luanda que ce dernier en qualité de médiateur désigné par l’Union africaine. A ce titre, le président angolais avait reçu le mandat de ses pairs au cours de la dernière assemblée générale annuelle de l’Union africaine de notifier aux rebelles terroristes du M23, appuyés par le Rwanda, toutes les décisions et recommandations les concernant, notamment l’arrêt des hostilités, leur cantonnement ainsi que leur retrait du territoire congolais.
Les deux chefs d’Etat n’ont pas communiqué sur les détails de leur entretien à huis clos. Toutefois, dans leur entourage respectif, l’on affirme que les détails opérationnels du contingent angolais de cinq cents combattants ainsi que la suite du processus ont été largement évoqués. Les unités spéciales des Forces armées angolaises (FAA), rappele-t-on, sont très redoutées pour leur combativité. Appelées en renfort en 1998 dans le cadre de la Communauté de développement de l’Afrique australe, elles avaient réussi à mettre en déroute les troupes rwandaises qui avaient attaqué la ville de Kinshasa après leurs raids sur la base de Kitona. Cette fois, les FAA sont sollicitées pour une mission de maintien de la paix dans le processus de cantonnement des éléments terroristes du M23 et leurs alliés du RDF. Après cette visite éclair de quelques heures à Luanda, le président Félix Tshisekedi a regagné Kinshasa en début de soirée.
Le budget de la Direction du renseignement militaire et celui de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense seront notamment doublés.
Le président Emmanuel Macron a promis vendredi aux armées un budget de 400 milliards d’euros sur sept ans dans le cadre de la future loi de programmation militaire (LPM), soit un tiers de plus que la précédente LPM, sur fond de retour de la guerre en Europe depuis l’invasion russe de l’Ukraine il y a près d’un an. « La loi de programmation militaire traduit les efforts du pays en faveur de ses armées » et « ces efforts seront à proportion des dangers, c’est-à-dire considérables », a annoncé le chef de l’État lors de ses vœux aux armées, sur la base aérienne de Mont-de-Marsan (Landes), en assurant que les armées disposeraient au total de 413 milliards d’euros entre 2024 et 2030, en tenant compte de recettes extrabudgétaires.
« Nous devons avoir une guerre d’avance » pour « être prêts à des guerres plus brutales, plus nombreuses et plus ambiguës à la fois », a commenté le président devant un parterre de hauts gradés. Cette loi très attendue, alors que la guerre en Ukraine a mis en lumière des faiblesses dans le dispositif militaire français, va ainsi poursuivre l’effort financier massif dans l’outil de défense après une LPM 2019-2025 de 295 milliards d’euros, qui avait mis fin à des années de coupes budgétaires dans les armées.
La LPM, dont la nouvelle enveloppe budgétaire sera toutefois tempérée par l’inflation et l’explosion des coûts de l’énergie, devrait être soumise au vote du Parlement d’ici l’été. « Après avoir réparé les armées, nous allons les transformer » car « nous devons faire mieux et différemment » », a fait valoir le chef de l’État, qui souhaite « privilégier la rapidité d’action et la montée en puissance, car nous ne choisirons pas les conflits que nous aurons à mener ». La nouvelle LPM mettra l’accent sur la souveraineté, alors que la France entend rester une puissance respectée et un partenaire crédible, comme le souligne la dernière revue nationale stratégique.
Budget renseignement en forte hausse
Les efforts de modernisation de la dissuasion nucléaire française, auxquels 5,6 milliards d’euros de crédits de paiement sont consacrés en 2023, seront poursuivis. Les capacités cyber seront « très sensiblement renforcées » pour disposer d’une capacité « de premier rang ». Le budget alloué au renseignement militaire augmentera de près de 60 % sur la période 2024-2030, a annoncé Emmanuel Macron. Le budget de la Direction du renseignement militaire (DRM) et de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) seront notamment doublés.
L’Outre-mer fera lui l’objet d’investissements supplémentaires en termes d’équipements et d’effectifs, car la marche du monde met nombre de ces territoires, particulièrement dans le Pacifique et l’océan Indien, « aux premières loges des possibles confrontations de demain », a souligné Emmanuel Macron. La France doit « disposer de forces de souveraineté renforcées pour pouvoir donner un coup de griffe à celui qui voudrait s’en prendre à nos intérêts », notamment dans l’Asie-Pacifique, où les visées expansionnistes de la Chine inquiètent, fait valoir l’Élysée. La future LPM cherchera également à s’adapter aux risques de conflit interétatique majeur (« haute intensité »), dans un contexte géostratégique de plus en plus tendu.
La préfecture de police prévoit des effectifs renforcés de policiers et de gendarmes et des restrictions de circulation sur le secteur des Champs-Élysées.
Nouvel événement, nouveau protocole. À Paris, les traditionnelles célébrations du Nouvel An attirent des foules dans les rues. En conséquence, la préfecture de police de la capitale a révélé dans un communiqué le dispositif de sécurité prévu pour le week-end du 31 décembre au 1er janvier. En plus de déployer 5 400 policiers et gendarmes dans toute la ville et sa petite couronne, des restrictions spécifiques s’appliqueront au secteur des Champs-Élysées, où sera tiré le feu d’artifice de la nouvelle année à minuit.
Les festivités officielles se concentreront en effet sur la plus belle avenue du monde, où une animation musicale commencera dès 22 heures. La préfecture de police annonce donc la définition d’un périmètre autour des Champs-Élysées, afin de filtrer les entrées et de procéder à des contrôles de sacs. Plusieurs voies seront interdites à la circulation en voiture et au stationnement. Dans son communiqué, la préfecture rappelle l’interdiction d’entrer dans le périmètre muni de tout objet pouvant servir d’arme ou de projectile, y compris les bouteilles en verre.
Le communiqué prévoit également une « présence visible et dissuasive » des forces de police sur le secteur des Champs-Élysées. Par ailleurs, la vente à emporter et la consommation d’alcool sur la voie publique seront interdites dans tout le périmètre, et ce, dès vendredi 30 décembre à 18 heures et jusqu’au lundi 2 janvier à 8 heures.
Des stations de métro fermées dès 17 heures
Enfin, plusieurs stations de métro du périmètre fermeront progressivement dans la soirée du samedi 31 décembre : les stations Charles-de-Gaulle-Étoile et Argentine à partir de 17 heures. George-V, Franklin-D.-Roosevelt et Champs-Élysées-Clemenceau à partir de 18 heures, et Concorde et Tuileries à 20 heures. La préfecture invite les usagers à « anticiper tout déplacement » et de prévoir le trajet retourde cette nuit-là.
Au niveau national, 90 000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour la nuit du Nouvel An, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Le « niveau élevé et persistant de menace terroriste » et les « récents événements survenus à Paris contre la communauté kurde » doivent « conduire à la plus grande vigilance », écrit le ministre dans une note adressée aux préfets. Il leur demande de prévoir un « dispositif dissuasif, visible et à pied », associant forces de l’ordre et militaires de l’opération Sentinelle.
Les transports en commun seront particulièrement surveillés, ajoute le ministre, et des points de filtrage pour accéder aux lieux de rassemblements avec fouille et palpations pourront être mis en place, comme à Paris. Sur le volet violences urbaines, habituellement plus fréquentes la nuit du 31 décembre, Gérald Darmanin demande « l’interpellation systématiquement des fauteurs de troubles ». Il appelle aussi à mener des opérations de lutte contre la conduite sous l’empire d’alcool ou de stupéfiants, dès la nuit du 30 décembre.
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en déplacement ce 27 septembre à Abidjan pour discuter avec le gouvernement ivoirien de sujets liés à la coopération sécuritaire entre les deux pays. Il visitera notamment l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT).
Arrivé la veille dans la capitale économique, le Français doit notamment s’entretenir avec les ministres ivoiriens de l’Intérieur et de la Sécurité, Vagondo Diomandé, et de la Défense, Téné Birahima Ouattara, sur les thématiques sécuritaires, selon son entourage. Lors de sa venue, le ministre rencontrera également Alassane Ouattara pour une « visite de courtoisie », a ajouté la présidence ivoirienne.
CAN 2023, terrorisme et migration
Ce déplacement vise, a-t-on ajouté, à apporter le soutien de la France à la Côte d’Ivoire dans tout ce qui a trait à la sécurité et à la coopération entre les deux pays dans ce domaine. Il en va ainsi de la sécurisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2023, dont la phase finale se déroulera en janvier 2024 en Côte d’Ivoire, et du plan français alerte enlèvement, dont la Côte d’Ivoire souhaite s’inspirer.
La lutte contre le terrorisme sera également abordée, Gérald Darmanin ayant prévu de se rendre dans la matinée à Jacqueville (Sud) où est basée l’AILCT. Au cours des discussions, le ministre évoquera aussi la question migratoire dans tous ses aspects, selon son entourage.
Il rencontrera enfin, comme il est de coutume, la communauté française à Abidjan. Et avant son retour en France, Gérald Darmanin se fera présenter, à l’aéroport d’Abidjan, le système de lutte contre la fraude documentaire, fruit d’un travail de coopération entre les deux pays.
La guerre existante entre les sécurocrates du régime de Brazzaville a pris encore de l’ampleur depuis que le complot visant l’artiste Roga Roga et ourdi par le général Serge Oboa a été démasqué par les services secrets dirigés par Jean Dominique Okemba. Si le patron de la DGSP est pro Nouvel Horizon, le duo JDO-Ndenguet protège l’aile Zangul de Roga Roga. Les deux camps se promettent des représailles en cas de franchissement des limites. Rappelons que Serge Oboa serait soupçonné de vouloir attenter à la vie de Roga Roga qu’il veut faire taire à jamais depuis la diffusion d’une vidéo où l’artiste le traitait de voleur de l’argent public et de PD.
Depuis Paris où il séjourne depuis le 10 juillet avec son groupe Extra Musica Zangul, Roga Roga aurait été prié de doubler la vigilance autour de lui suite au démantèlement d’un complot d’assassinat le visant. Le commanditaire ne serait en autre que le général Serge Oboa, auteur principal du départ des actuels membres de Nouvel Horizon.
Selon les rapports de sécurité, Serge Oboa aurait payé une forte somme d’argent à quelques bandits de France pour perpétrer le forfait sur place après l’avoir raté à Brazzaville. Des accusations qu’il dément bien entendu en les liant à la jalousie et le peur face à la montée en flèche du groupe Extra Musica Nouvel Horizon.
Les deux groupes bizarrement séjournent en France pour une sérié des spectacles, une première fois dans l’histoire de la musique congolaise selon Serge Oboa qui se moque de Roga Roga qui a copié son groupe en embarquant avec lui des chroniqueurs de musique et d’autres jeunes artistes.
La junte militaire qui a pris le pouvoir au Mali il y a près de deux ans a remercié les Français et décidé de se rapprocher plutôt des Russes pour assurer la sécurité du pays. Plusieurs membres de la diaspora malienne appuient ce choix, même s’il n’est pas sans conséquence, notamment en matière de respect des droits de la personne.
Au Mali, le sentiment antifrançais a pris passablement d’ampleur, un phénomène dont profite la Russie. Photo: AFP
« À bas la France! La France, dégage! La France, terroriste! » Ce sont des slogans antifrançais fréquemment entendus lors de manifestations dans les rues de plusieurs pays africains, dont le Mali. La colère gronde contre l’ancien colonisateur qui, après neuf ans de présence militaire, n’a pas réussi à chasser les djihadistes, qui sèment la terreur dans le pays.
Pendant ce temps, d’autres drapeaux ont fait leur apparition dans ces rassemblements. Ils sont blanc, bleu et rouge eux aussi, mais ce sont ceux de la Fédération de Russie, fièrement brandis par les manifestants. Parmi eux, on peut aussi voir des pancartes sur lesquelles il est écrit : Merci Wagner!, une allusion au groupe de mercenaires russes de la société privée Wagner.
Ce groupe est de plus en plus présent en Afrique et travaillerait main dans la main avec le Kremlin pour mener des opérations antiterroristes, bien qu’officiellement Moscou nie tout lien avec ces militaires maintes fois accusés d’avoir massacré des civils.
Les relations entre la France et le Mali se sont détériorées depuis le coup d’État militaire d’août 2020 et le renversement du gouvernement de transition quelques mois plus tard. Paris reproche aux militaires de vouloir s’accrocher au pouvoir et de faire appel aux services du groupe Wagner pour y parvenir. Ce sont d’ailleurs les arguments qu’a utilisés le président français Emmanuel Macron pour justifier le retrait des troupes françaises du Sahel. Les autorités maliennes se défendent d’instaurer une dictature et réfutent la présence de Wagner sur leur territoire. Elles affirment vouloir décider, enfin, de l’avenir de leur pays.
L’espoir de la diaspora et le discours pro-junte
L’ancien président du Haut Conseil des Maliens du Canada, Lassine Traoré Photo : Radio-Canada/Karine Mateu
L’ancien président du Haut Conseil des Maliens du Canada, Lassine Traoré, qui habite à Montréal, s’est établi au Québec il y a 16 ans. Depuis, il n’a jamais cessé de suivre l’évolution politique de son pays d’origine. Selon lui, c’est la jeunesse malienne qui est derrière les bouleversements que connaît le pays en ce moment. Avec Internet, les jeunes naviguent beaucoup. Ils voient d’autres pays. Ils veulent que le Mali soit un pays développé, un pays comme ses voisins. C’est une jalousie constructive. Ils veulent un changement! dit-il.
C’est cette même jeunesse, ajoute-t-il, qui souhaite la présence de la Russie, qui n’est pas nouvelle au Mali. Au contraire, précise Lassine Traoré : lors de son indépendance, le pays s’était aligné sur le bloc de l’Est jusqu’à la chute de l’URSS, en 1991.
« Les Russes nous ont aidés pendant nos tout débuts. Donc, les gens sont descendus dans les rues réclamer les Russes pour venir à notre secours parce que la France, qui avait été acclamée, ne fait plus l’affaire et joue à des jeux troubles. L’armée a juste voulu répondre aux besoins de la population. »— Une citation de Lassine Traoré, ancien président du Haut Conseil des Maliens du Canada
L’échec de la France
Le président du Haut Conseil des Maliens du Canada, Youssouf Tounkara Photo : Youssouf Tounkara
Comme son prédécesseur, l’actuel président de cette organisation, Youssouf Tounkara, n’est pas tendre envers la France qui, selon lui, a échoué dans sa mission d’éliminer la menace djihadiste. Presque une dizaine d’années plus tard, le conflit, au lieu d’être isolé au nord, s’est répandu au centre du pays, avec quelques cas isolés au sud. Par la suite, la population a découvert beaucoup d’histoires choquantes. Lorsqu’on apprend qu’un camp militaire de l’armée malienne se fait attaquer tout près de l’armée française, que celle-ci n’intervient pas et qu’en plus elle interdit à l’armée malienne d’intervenir, on comprend que la population soit agacée et qu’elle demande à ses autorités de chercher de nouveaux partenaires pour l’aider dans cette lutte, déplore-t-il.
Il s’étonne par ailleurs que la présence russe suscite autant de questionnement : Moi, ça me fait rire, parce que je trouve que l’Occident se focalise beaucoup sur la Russie, mais comme nos autorités le disent, nous avons beaucoup d’autres partenaires. La France est un partenaire du Mali, même si nos relations sont tendues. L’Union européenne, la Turquie, la Chine et la Russie : nous avons beaucoup de partenaires.
Censure ou patriotisme?
Par ailleurs, ce n’est pas seulement le rapprochement avec la Russie qui mine les relations entre la junte malienne et les Occidentaux. Ces derniers accusent l’armée malienne et les mercenaires de Wagner de commettre des exactions contre des populations civiles lors de leurs opérations antiterroristes, comme cela aurait été le cas à la fin de mars dans la ville de Moura, au centre du pays, où 300 civils auraient été tués.
Bamako réfute ces accusations : il s’agissait non pas de civils mais plutôt de combattants djihadistes. Selon les autorités, ce serait une victoire militaire. Elles nient encore une fois toute présence du groupe Wagner sur leur territoire. Seuls des instructeurs russes seraient présents au Mali, disent-elles.
Accusés de vouloir rapporter de fausses informations qui nuisent à la junte, les médias RFI et France 24 ont été chassés du pays en avril dernier. Lassine Traoré appuie cette décision des autorités maliennes. C’est comme en Russie quand les médias occidentaux, dont Radio-Canada, ont été interdits, parce que la communication importe beaucoup, affirme-t-il. Aujourd’hui, tous les Maliens de l’intérieur ou de l’extérieur sont fiers du régime en place, de l’armée et de la récupération des territoires aux mains des djihadistes.
« En interdisant la diffusion de ces deux antennes [RFI et France 24], je crois que les autorités sont dans leur droit de mettre fin à la propagande qui était diffusée sur ces ondes pour ne pas affaiblir l’élan de patriotisme que les Maliens commencent à avoir. »— Une citation de Lassine Traoré, ancien président du Haut Conseil des Maliens du Canada
Youssouf Tounkara adhère lui aussi à la version des autorités maliennes en ce qui concerne la présence du groupe Wagner sur le territoire malien.
« On parle beaucoup de Wagner au Mali. Nos autorités ont toujours été claires : il n’y a pas de Wagner au Mali. Et moi, en tant que citoyen malien, je fais confiance à mes autorités. Lorsqu’elles disent qu’il n’y a pas de Wagner au Mali, eh bien, pour moi, il n’y a pas de Wagner au pays! »— Une citation de Youssouf Tounkara, président du Haut Conseil des Maliens du Canada
La démocratie pour qui?
Le président de l’Association de la diaspora africaine du Canada, Soumaila Coulibaly Photo : Radio-Canada/Karine Mateu
Le président de l’Association de la diaspora africaine du Canada, Soumaila Coulibaly, s’est installé à Ottawa à son arrivée en sol canadien. Bien qu’il ne représente pas uniquement le Mali, son pays d’origine, les accusations d’exactions commises par l’armée malienne et par le groupe Wagner le font réagir.
Wagner, vraiment, ce n’est pas un problème du Mali. C’est un peu l’épouvantail de la communication. Comme le ministre Abdoulaye Diop l’a répété à la tribune des Nations unies dernièrement, le problème du Mali aujourd’hui, ce n’est pas Wagner. Le problème du Mali aujourd’hui, c’est la sécurité. Le problème du Mali aujourd’hui, c’est l’accès aux soins. Le problème du Mali aujourd’hui, c’est l’éducation des citoyens maliens, affirme-t-il.
M. Coulibaly soutient par ailleurs la junte au pouvoir, d’autant qu’elle a annoncé le transfert du pouvoir aux civils d’ici deux ans. Et il tient à rappeler que la démocratie par le vote, telle que préférée par l’Occident, est discutable.
« Quand on parle de démocratie, on doit se demander : comment a-t-on instauré cette démocratie? Comment ces élections sont-elles organisées? Parce qu’il y a des gens qui organisent ces élections et qui [font élire] des gens pour leurs intérêts et pour ceux de leurs compagnies. Chaque fois que la population est laissée pour compte, les forces armées sont obligées d’intervenir pour rétablir l’équilibre. »— Une citation de Soumaila Coulibaly, président de l’Association de la diaspora africaine du Canada
La Russie, un partenaire dangereux
Spécialiste en prévention des conflits en Afrique, Frédéric Samy Passilet a aussi travaillé pour les missions de maintien de la paix des Nations unies au Congo, en Côte d’Ivoire et au Mali. Photo : Frédéric Saly Passilet
Lui aussi installé à Ottawa depuis six ans, Frédéric Samy Passilet, un spécialiste en prévention des conflits en Afrique, comprend le rejet de la France par les populations africaines mais s’inquiète de cet engouement pour la Russie. Ce Tchadien qui a dû fuir son pays d’origine a aussi travaillé pour des missions de maintien de la paix des Nations unies au Congo, en Côte d’Ivoire et au Mali.
« Voilà l’erreur que l’Afrique est en train de commettre : allez chasser les Français et allez pactiser avec des criminels de tout bord, comme les gens de Wagner. Parce que ce sont des criminels, ce sont des terroristes. Le terroriste est celui qui utilise la violence pour atteindre ses objectifs. »— Une citation de Frédéric Samy Passilet, spécialiste en prévention des conflits en Afrique
Wagner utilise la violence la plus sadique. Il tue les populations civiles. Je crois que c’est une erreur. Un jour, nous allons écrire l’histoire du Mali et ils vont regretter, même si aujourd’hui, ils croient qu’il y a la sécurité, craint-il.
Frédéric Samy Passilet met aussi en garde contre les régimes qui ne tolèrent aucune critique : Pour le moment, nous assistons à une situation de populisme politique au Mali, ce qui fait qu’il y a un aveuglement pour cerner la vérité. Et tous les chefs d’État, toutes les autorités africaines qui ne veulent pas la vérité désignent Radio France Internationale et les organisations des droits de l’homme comme des cibles. En vérité, il n’y a pas de fumée sans feu. Pourquoi n’ont-elles pas permis à la mission de l’ONU qui est présentement au Mali, la MINUSMA, d’enquêter sur les crimes? Pourquoi? Que cachent les autorités maliennes?
Une tromperie?
Tatiana Smirnova est chercheuse au postdoctorat au Centre franco-paix de l’Université du Québec à Montréal. Photo : Radio-Canada/Karine Mateu
Chercheuse postdoctorale au Centre franco-paix de l’Université du Québec à Montréal, Tatiana Smirnova, qui est d’origine russe et française, est une spécialiste de la situation au Sahel. Selon elle, la Russie, qui est de plus en plus isolée sur la scène internationale en raison de la guerre en Ukraine, va s’engager davantage en Afrique, mais l’investissement n’y sera pas comme au temps de l’URSS.
L’URSS avait mis beaucoup d’argent dans le volet développement : la construction d’hôpitaux, de stades, etc. Sa présence n’était pas que militaire, elle était aussi axée sur le développement. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. La Russie n’en a pas les moyens. Elle s’investit donc à travers la vente d’armes et le développement militaire ainsi que par des contrats économiques avec de grandes entreprises. Malheureusement, je pense que c’est là en quelque sorte la tromperie de l’offre que la Russie fait aux populations, parce que celles-ci acceptent l’offre en espérant que la Russie va revenir comme au temps de l’URSS avec toute cette offre, y compris avec une coopération en matière de santé et plus encore, prévient-elle.
Tatiana Smirnova précise que la Russie a changé, tout comme ses méthodes.
« La Russie s’appuie aujourd’hui sur les élites politiques du business parce que ça nourrit, le business. Et Wagner, c’est une des compagnies privées, mais il y en a d’autres. Le problème des groupes privés est qu’ils sont moins redevables à l’État. Ils sont plus redevables à eux-mêmes et aux intérêts privés qui les payent. C’est ça, le danger. »— Une citation de Tatiana Smirnova, chercheuse postdoctorale au Centre franco-paix de l’Université du Québec à Montréal
La spécialiste dit comprendre les Maliens qui cherchent d’autres partenaires pour leur venir en aide, mais à long terme, les conséquences pourraient être graves.
La stratégie contre le terrorisme russe qui a été vendue aux pays sahéliens est efficace à court terme, mais elle va engendrer des effets extrêmement graves pour les populations à long terme. Elle va produire des tensions intercommunautaires, parce qu’il y aura des exactions, des missions de punition et ainsi de suite, dit-elle. Ce que je trouve aussi malheureux, c’est que les partenaires occidentaux peuvent maintenant mettre tous les malheurs du Sahel sur le dos de la Russie ou sur celui de Wagner, alors qu’il y a eu des exactions bien avant l’arrivée de Wagner au Mali. On ne peut pas regarder la situation d’une façon dichotomique. Il faut aller au-delà de l’affrontement avec la Russie.
Toutefois, aux yeux du spécialiste des conflits en Afrique Frédéric Samy Passilet, le Mali et d’autres pays africains jouent un jeu bien dangereux en se tournant vers la Russie.
« Les Russes ne viennent pas sans intérêt. Les Russes ne regardent pas la démocratie. Un jour, le peuple va commencer à exiger la démocratie et le régime en place va dire : »Non! vous ne pouvez pas avoir le beurre et l’argent du beurre! » »— Une citation de Frédéric Samy Passilet, spécialiste des conflits en Afrique.
Une semaine après l’arrestation du conseiller sécurité du président Félix Tshisekedi, les spéculations vont bon train autour des raisons de sa « chute ». Et certains pourraient s’en frotter les mains.
Malgré l’appel à la « vigilance » contre les « spéculations » lancé mardi au micro de la télévision nationale (RTNC) par Tharcisse Kasongo Mwema, porte-parole de Félix Tshisekedi, l’arrestation de François Beya continue d’alimenter rumeurs et commentaires à Kinshasa.
Une semaine après l’arrestation, le 5 février, du puissant conseiller à la sécurité du chef de l’État, les informations portant sur l’enquête ouverte à l’encontre de François Beya sont divulguées au compte-goutte. L’Agence nationale de renseignement (ANR) affirme avoir des « indices sérieux » portant sur de présumés « agissements contre la sécurité nationale », sans que l’on connaisse la teneur des exactes des faits reprochés à celui que l’on surnomme « Fantomas ».
Rumeurs et théories
Certains clament qu’il a été victime d’une guerre des clans au sein de la présidence. L’arrestation de ce sécurocrate jusque-là incontournable alimente en outre les rumeurs d’un éventuel remaniement dans le dispositif de Félix Tshisekedi. Lesquelles ne cessent d’enfler depuis la tournée du président congolais dans le Kasaï, début janvier, et la mise à l’écart de Jean-Marc Kabund-a-Kabund, désormais persona non grata au sein de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de Tshisekedi dont il assurait la présidence par intérim.
D’autres estiment que la chute de « Fantomas » est due à sa proximité avec l’ancien président Joseph Kabila, et donnent du crédit à la thèse d’un complot visant à déstabiliser la présidence. D’autres, enfin, n’hésitent pas à avancer que l’affaire ne serait qu’un montage destiné à justifier un éventuel report des futures échéances électorales.
Autant de théories qui font d’autant plus florès que l’absence d’informations officielles ne permet pas de trancher. Si la déchéance de François Beya venait à être confirmée, elle ne manquerait pas d’être saluée par certains des anciens caciques du régime Kabila. À l’instar de Kalev Mutond, l’ancien patron de l’ANR. Le maître espion déchu, poursuivi par sept plaignants pour torture, arrestations arbitraires, menaces de mort et tentatives d’assassinat, et visé par un mandat d’amener et un avis de recherche, a fui le pays. Dans une lettre ouverte publiée en mai 2019, il avait dénoncé les « traîtres » qui avait choisi de travailler avec l’actuel chef de l’État, ancien proche de Joseph Kabila.
Avec Jeune Afrique par Kash
Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.
(Québec) Québec a ordonné la fermeture préventive de l’ensemble de ses systèmes informatiques accessibles depuis l’internet – pas moins de 3992 sites et services – à la suite de la découverte d’une faille de sécurité majeure touchant des serveurs à travers le monde.
À Ottawa, le gouvernement fédéral a décidé d’en faire autant en fermant bon nombre de services qui pourraient être vulnérables pendant que l’on évalue la situation. L’Agence du revenu du Canada (ARC) est du nombre.
« L’Agence a pris connaissance d’une vulnérabilité de sécurité qui affecte des organisations à travers le monde. Par précaution, nous avons de façon proactive pris la décision de suspendre nos services en ligne pendant que nous apportons les mises à jour nécessaires à nos systèmes. Rien n’indique à présent que les systèmes de l’Agence ont été compromis ou qu’un accès non autorisé aux informations de contribuables a eu lieu en raison de cette vulnérabilité », a indiqué l’ARC dans une déclaration.
CAPTURE D’ÉCRAN LA PRESSELe site web du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur n’était pas accessible dimanche.
Revenu Québec a également suspendu ses services en ligne, bien que son site demeure ouvert pour la consultation d’informations de base. « Rien n’indique que nos systèmes soient touchés par cette vulnérabilité, mais nous agissons proactivement afin d’en préserver l’intégrité. Nos services seront à nouveau disponibles dès que possible », peut-on lire sur son site web.
En fin de journée, dimanche, la Ville de Montréal a emboîté le pas et annoncé la suspension préventive de certains de ses services numériques.
Faille « Log4Shell »
La faille « Log4Shell » permet à un cyberpirate de faire exécuter des codes informatiques sur le serveur des organismes et de prendre le contrôle de leur système. Une bibliothèque Java de la société Apache, largement utilisée dans le monde, est concernée. À Québec, le Centre gouvernemental de cyberdéfense a pris connaissance de cette vulnérabilité le 10 décembre et a demandé à tous les responsables de la sécurité informatique de détecter cette faille dans les systèmes de l’État québécois.
« [En fin de journée samedi], nous avons convenu que la menace de préjudice était plus grande que le préjudice de fermer l’ensemble des systèmes du gouvernement accessibles depuis internet », a expliqué le ministre délégué à la Transformation numérique, Éric Caire, lors d’une conférence de presse en compagnie du dirigeant principal de l’information, Pierre Rodrigue, dimanche.
PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNEÉric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique
Nous étions face à une menace d’un niveau critique de 10 sur 10. Une criticité de 10 entraîne automatiquement la fermeture du système qui est visé.
Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique
Il a donc été ordonné de fermer de manière préventive les 3992 sites et services internet de l’État, une décision exceptionnelle et jamais vue au gouvernement du Québec.
« C’est l’ensemble de l’appareil public qui est visé par la directive », les ministères et les organismes publics comme parapublics, a insisté Éric Caire. L’ordre touche, entre autres, les services gouvernementaux offerts aux citoyens sur l’internet – comme ceux utilisant CLICSÉQUR – et les sites web du réseau de l’éducation et de la santé. Le système de prise de rendez-vous pour un vaccin contre la COVID-19 « a déjà été corrigé » et est accessible, et les données du passeport vaccinal ne seraient pas concernées par le danger, selon les explications du ministre.
Québec précise qu’aucune activité laissant croire qu’un pirate informatique a exploité cette faille n’a été détectée à ce jour. Il n’y aurait donc pas eu fuite de données personnelles ou d’informations sensibles du gouvernement pour le moment, par exemple.
« Il y a peut-être des gens qui ont scanné des systèmes. Ça, ça ne laisse pas de trace et on ne le sait pas. Mais il n’y a pas eu de tentative d’introduction, donc personne qui a essayé d’utiliser cette brèche pour s’introduire dans un serveur et causer du dégât. Il n’y en a pas au moment où on se parle », a affirmé Éric Caire.
Tous les ministères et organismes publics et parapublics doivent vérifier s’ils utilisent la bibliothèque Java en cause et donc si leurs systèmes informatiques sont vulnérables. « On cherche un peu une aiguille dans une botte de foin, je ne vous le cache pas ! », a lâché le ministre.
« Excusez l’expression, mais il faut scanner l’ensemble de nos systèmes, parce qu’on n’a pas un inventaire. C’est comme dire combien de pièces dans tous les immeubles du gouvernement du Québec utilisent des ampoules 60 watts. Je ne le sais pas. Donc on fait le tour des pièces et on fait le tour des ampoules pour savoir si c’est une 60 watts. C’est un travail de moine. »
Les sites et services internet seront rouverts rapidement si l’on constate qu’ils ne sont pas concernés par la faille de sécurité. Les autres devront installer un correctif informatique et vérifier ensuite si un problème persiste. « Il y a une batterie de tests à faire », a indiqué Éric Caire. Plusieurs jours seront nécessaires pour terminer l’opération et rétablir l’ensemble des systèmes informatiques. Pour le ministre, il n’est pas question de « tourner les coins ronds ».
Si des sites web du gouvernement sont accessibles en ce moment, c’est soit parce qu’ils n’ont pas encore exécuté l’ordre de fermeture – ce serait une très faible minorité –, soit parce que l’on a conclu rapidement qu’ils ne sont pas concernés par la faille ou que leurs systèmes ont été corrigés – c’est le cas pour des sites du réseau de la santé. La plateforme Québec.ca, qui utilise la bibliothèque en cause, a été fermée et remise en ligne rapidement, puisque les correctifs ont été apportés.
« Les sites critiques, plus névralgiques et utilisés, seront priorisés pour minimiser les impacts et s’assurer qu’ils sont rendus disponibles le plus rapidement possible », a indiqué le ministre Caire. Lundi, le gouvernement devrait rendre publique une liste des sites et services qui sont rouverts comme de ceux qui demeurent fermés.
Les citoyens ayant besoin d’un service offert en ligne et se butant à un site fermé devront « utiliser une autre voie de passage », et « des fonctionnaires peuvent répondre aux besoins des citoyens », s’est contenté de dire Éric Caire.
À Ottawa, la ministre de la Défense, Anita Anand, a affirmé que tout est mis en œuvre pour protéger l’intégrité des sites du gouvernement fédéral et des données confidentielles qu’ils abritent.
« Le gouvernement du Canada est au courant d’une vulnérabilité signalée par Apache. Cette vulnérabilité pourrait permettre à des auteurs malveillants de mener des attaques ciblées et à portée limitée. […] Le gouvernement du Canada dispose de systèmes et d’outils permettant de surveiller, de détecter et d’analyser les menaces potentielles, et de prendre des mesures le cas échéant. Par excès de prudence, certains ministères ont interrompu leurs services en ligne afin de procéder à l’évaluation et à l’atténuation de vulnérabilités potentielles. À ce stade, rien ne nous laisse croire que ces vulnérabilités ont été exploitées sur les serveurs gouvernementaux », a-t-elle affirmé dans une déclaration.
Le Centre canadien pour la cybersécurité a diffusé une alerte à l’intention de l’ensemble des ministères et organismes fédéraux pour qu’ils effectuent des mises à jour visant à assurer la sécurité de leurs sites.
Les gouvernements ont-ils pris la bonne décision ?
Selon Marc-Etienne Léveillé, chercheur sénior en logiciels malveillants chez ESET, entreprise de sécurité informatique, les gouvernements ont pris la bonne décision en fermant temporairement leurs sites et services. « L’impact d’avoir un site fermé pour quelques heures, pour quelques jours dans certains cas, est très minime comparativement aux risques qu’un de ces systèmes-là se fasse pirater », estime le chercheur.
La faille rend les logiciels vulnérables à l’exécution de codes à distance, explique pour sa part Jean-Philippe Décarie-Mathieu, chef de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec. « C’est la pire vulnérabilité qu’il peut y avoir. »
Avis d’experts
Les gouvernements ont-ils pris la bonne décision ?
Selon Marc-Etienne Léveillé, chercheur sénior en logiciels malveillants chez ESET, entreprise de sécurité informatique, les gouvernements ont pris la bonne décision en fermant temporairement leurs sites et services. « L’impact d’avoir un site fermé pour quelques heures, pour quelques jours dans certains cas, est très minime comparativement aux risques qu’un de ces systèmes-là se fasse pirater », estime le chercheur.
La faille rend les logiciels vulnérables à l’exécution de codes à distance, explique pour sa part Jean-Philippe Décarie-Mathieu, chef de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec. « C’est la pire vulnérabilité qu’il peut y avoir. »
Quand la faille a-t-elle été détectée ?
Des sites web spécialisés rapportent que la faille était connue de la société Apache dès le 24 novembre, après qu’un expert de l’entreprise chinoise Alibaba l’eut mise au jour, et qu’un correctif aurait été publié le 6 décembre. Les experts interrogés par La Presse indiquent pour leur part avoir été mis au courant de la faille « Log4Shell » le jeudi 9 décembre.
« Ce qui a dû se passer, c’est qu’elle n’a pas été rendue publique le 24 novembre, mais le chercheur a dû avertir Apache », croit Sébastien Gambs, professeur au département d’informatique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Selon lui, Apache a dû préférer attendre la publication d’un correctif avant de divulguer la faille au grand public, puisqu’elle n’aurait rien pu faire pour y remédier.
Les gouvernements ont-ils réagi trop tard ?
Pas selon M. Gambs. « Souvent, les mises à jour prennent quelques jours ou quelques semaines à être faites. Donc, c’est vraiment rare que les mises à jour soient faites le premier jour où le correctif sort, explique-t-il. Divulguer la faille publiquement, c’est justement une façon de dire aux gens : c’est un problème très sérieux, faites votre mise à jour. »
Qui peut exploiter la faille ?
La faille est « relativement facile » à exploiter pour ceux qui possèdent des connaissances en programmation, indique Marc-Etienne Léveillé. Des personnes malintentionnées pourraient, notamment, exécuter un logiciel malveillant sur un site web visé. Les pirates informatiques qui exploiteraient la faille « Log4Shell » pourraient aussi avoir accès à toutes les informations contenues sur un site web, dont les données personnelles qui s’y trouvent, dans le cas des sites web gouvernementaux.
La faille est-elle l’œuvre d’un pirate ?
Non, estime Marc-Etienne Léveillé. « C’est une erreur des développeurs des logiciels », croit le chercheur.
Avec Coralie Laplante et La Presse par Tommy Chouinardla et Joël-Denis Bellavancela
Le candidat d’extrême droite a officialisé le nom de sa formation politique, « Reconquête ». De brèves tensions ont émaillé le début de son discours devant quelque 13 000 personnes, au Parc des expositions, à Villepinte.
Des supporteurs du candidat d’extrême droite Eric Zemmour, le 5 décembre 2021, au Parc des expositions de Villepinte. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
Le candidat d’extrême droite Eric Zemmour entendait faire une démonstration de force lors de son premier meeting de campagne présidentielle dimanche 5 décembre à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Ses opposants ont eux aussi fait entendre leur voix, et manifesté à Paris.
M. Zemmour a pris la parole en fin d’après-midi, au Parc des expositions, face à ses troupes rassemblées derrière son nouveau slogan, « Impossible n’est pas français », expression assortie d’un rameau d’olivier. Ce premier meeting depuis l’officialisation de son entrée en campagne, mardi 30 novembre, a rassemblé 13 000 personnes dimanche, selon les organisateurs. « Près de 15 000 Français qui ont bravé le politiquement correct, les menaces de l’extrême gauche et la haine des médias », a commencé par dire le candidat.
Plusieurs personnes exfiltrées
Le polémiste désormais candidat s’est ensuite plaint d’être attaqué par « le pouvoir et ses relais médiatiques », avant d’enchaîner : « La meute est désormais lancée à mes trousses. Mes adversaires veulent ma mort politique. Les journalistes veulent ma mort sociale et les djihadistes veulent ma mort tout court. »
Réfutant les accusations de racisme et de misogynie, le candidat s’est vanté d’être le « seul de la liberté de penser, la liberté de parole, la liberté de débattre, la liberté des mots sur la réalité pendant qu’ils rêvent tous d’interdire mon meeting et de me condamner ». « Comment pourrais-je penser cela, moi, petit juif berbère venu de l’autre côté de la Méditerranée ? », s’est-il encore justifié.
Entre deux « on est chez nous » et des « vive la France » scandés par la foule, le meeting s’est déroulé dans une ambiance électrique et hostile à l’égard des journalistes, hués à plusieurs reprises par les supporteurs d’Eric Zemmour. Pendant les premières minutes du discours du candidat d’extrême droite, l’ambiance s’est considérablement tendue, ont constaté les journalistes sur place. Des échauffourées ont éclaté à l’arrière de la salle, selon les images diffusées par des journalistes de Brut et du Huffington Post. Elles montrent des altercations et des personnes lançant des chaises. Selon les journalistes du Monde présents sur place, plusieurs personnes ont été exfiltrées par le service d’ordre en charge du meeting et des dizaines de jeunes militants.
Aussi, alors que plus de 400 journalistes ont été accrédités, des membres de l’émission « Quotidien »,de la chaîne TMC,avaient été pris à partie plus tôt dans l’après-midi, d’abord par un groupe de jeunes militants, puis par une foule de plus en plus importante. Ils ont été mis brièvement « à l’abri par sécurité », selon l’équipe du candidat d’extrême droite.
Le nom du parti officialisé
Eric Zemmour a profité de ce grand raout pour officialiser le nom de son parti, « Reconquête », avec adhésion payante. « La reconquête est désormais lancée. La reconquête de notre économie, la reconquête de notre sécurité, la reconquête de notre identité, la reconquête de notre souveraineté, la reconquête de notre pays », a fait valoir le candidat d’extrême droite.
« L’immigration zéro deviendra un objectif clair de notre politique », a déclaré Eric Zemmour. Celui-ci a annoncé vouloir « renvoyer tous les clandestins présents illégalement sur le sol Français », « expulser immédiatement les délinquants étrangers », « déchoir les criminels binationaux de leur nationalité française », et a promis de soumettre ces questions au peuple français par référendum.
M. Zemmour a par ailleurs proposé un « processus de simplification administrative sous l’égide directe de l’Elysée », la création « d’un grand ministère de l’industrie chargé du commerce extérieur, de l’énergie, de la recherche et des matières premières » et que la France sorte du commandement militaire intégré de l’OTAN.
En optant pour la date du 5 décembre, le polémiste a calqué son calendrier sur le congrès du parti Les Républicains (LR), qui a choisi samedi sa candidate, Valérie Pécresse, au profil plus modéré que son rival, Eric Ciotti. « Je tends la main aux électeurs, aux cadres, aux sympathisants des Républicains, dont beaucoup ont été représentés par mon ami Eric Ciotti. Votre place est parmi nous, à nos côtés dans ce combat pour la France », a dit Eric Zemmour.
Le candidat s’en est également pris au président de la République, Emmanuel Macron, qu’il a accusé d’avoir « vidé de leur substance notre économie, notre identité, notre culture, notre liberté, notre énergie, nos espoirs, nos existences ». « Il a tout vidé parce qu’il est à lui tout seul, le grand vide, le gouffre. En 2017, la France a élu le néant et elle est tombée dedans », a-t-il encore ajouté.
Faire « taire » Zemmour
Initialement prévu au Zénith, dans le 19e arrondissement de Paris, le meeting a finalement été délocalisé à Villepinte, à une vingtaine de kilomètres. L’équipe d’Eric Zemmour l’explique par « l’engouement populaire », mais admet aussi des raisons de sécurité, alors qu’une cinquantaine d’organisations syndicales, partis de gauche et associations avaient appelé à manifester de Barbès à La Villette pour faire « taire » M. Zemmour.
Quelque 2 200 manifestants selon la Préfecture de police, 10 000 selon les organisateurs, ont défilé dans les rues de Paris dimanche pour dénoncer la candidature à l’élection présidentielle du polémiste d’extrême droite. Ils sont arrivés peu avant 16 heures dans le calme à La Villette, selon notre journaliste Pierre Bouvier.
D’autres militants hostiles au candidat d’extrême droite se sont regroupés à Villepinte, où 46 personnes, qui se trouvaient dans une zone interdite aux manifestations ont été interpellées, selon la préfecture de police. L’association Action antifasciste Paris-Banlieue, qui a notamment appelé sur Twitter ses sympathisants à « saboter » le meeting d’Eric Zemmour, affirmait vouloir « maintenir la pression » ce dimanche après-midi.
Le président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, le socialiste Stéphane Troussel, avait lancé une pétition pour faire annuler le meeting par les propriétaires du lieu, le groupe Viparis, en l’interpellant sur sa « charte de la diversité ». La démarche a scandalisé le camp Zemmour. Elle a aussi été contestée par Jean-Luc Mélenchon, interrogé vendredi sur BFM-TV, pour qui « la démocratie, c’est d’écouter aussi ce qui vous déplaît ». Le candidat de La France insoumise tenait, lui, meeting à La Défense, en début d’après-midi.
Des personnalités de La Manif pour tous présentes
Villepinte devait permettre de mesurer les ralliements, alors que l’organisation est critiquée en interne pour sa fragilité et que des militants plus radicaux ont intégré la campagne, comme l’ancien mégrétiste et proche des identitaires Grégoire Tingaud, qui sera chargé de coordonner les référents régionaux. Le financier Charles Gave, qui a retiré son soutien, et le souverainiste Philippe de Villiers ne seront pas présents dimanche.
En revanche, plusieurs personnalités de La Manif pour tous, qui réunit les opposants au mariage entre personnes de même sexe, sont présentes à Villepinte : l’ancien député conservateur Jean-Frédéric Poisson, qui a renoncé à sa propre candidature en 2022 et s’occupera des législatives, ainsi que Christine Boutin, qui présidait avant lui le petit Parti chrétien-démocrate (devenu VIA, la voie du peuple), et Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, associé jusqu’à présent à LR.
Une figure des « gilets jaunes », Jacline Mouraud, est aussi présente pour soutenir Eric Zemmour et « représenter la France populaire », tout commel’ancienne conseillère régionale RN Agnès Marion. Celle-ci « espère » un discours autour du « grand déclassement » et du « grand remplacement », cette théorie ethniciste, revendiquée par Eric Zemmour, du remplacement des populations européennes par des immigrés non européens. Pierre-Jean Chalençon, homme d’affaires collectionneur d’objets liés à Napoléon, accusé d’avoir organisé des dîners clandestins pendant le confinement, et l’animateur de télévision Eric Naulleau sont également au meeting d’Eric Zemmour. A leurs côtés se trouve aussi Karim Ouchikh, un proche de l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus.
SANTA FE, N.M. — Alec Baldwin s’est vu remettre une arme chargée par un assistant-réalisateur qui a indiqué qu’elle pouvait être utilisée en toute sécurité dans les instants avant que l’acteur ne tue par balle une directrice de la photographie, selon les documents de cour dévoilés vendredi.
L’assistant-réalisateur ne savait pas que le pistolet était chargé de balles réelles, selon un mandat de perquisition déposé auprès d’un tribunal de Santa Fe.
Le mandat a été obtenu vendredi afin que les enquêteurs puissent documenter la scène du ranch où la fusillade a eu lieu. Il note que le costume taché de sang de Baldwin pour le film «Rust» a été pris comme preuve, tout comme l’arme qui a été utilisée.
Les enquêteurs ont également saisi d’autres armes à feu et munitions destinées au film.
Le porte-parole du shérif Juan Rios a déclaré qu’Alec Baldwin était autorisé à voyager. «C’est un homme libre», a affirmé M. Rios.
Au moins un coup de feu provenant d’une arme que maniait le célèbre acteur américain a atteint mortellement une femme et a grièvement blessé un homme sur le lieu de tournage du film, jeudi, dans un site désertique de l’État du Nouveau-Mexique.
Une enquête policière a été ouverte sur cette tragédie, qui semble être accidentelle. Aucune arrestation n’avait encore été faite vendredi.
Selon le personnel du shérif du Comté de Sante Fe, la directrice de la photographie du film «Rust», Halyna Hutchins, a été transportée par voie aérienne à l’Hôpital de l’Université du Nouveau-Mexique, où la mort de la dame âgée de 42 ans a été constatée.
Quant au réalisateur Joel Souza, qui a également été atteint, il a été transporté dans un autre hôpital. L’homme âgé de 48 ans est soigné pour ses blessures. Certains médias rapportent qu’il a obtenu son congé.
Selon le journal Santa Fe New Mexican, Alec Baldwin a été vu en larmes près du bureau du shérif. Les tentatives pour obtenir des commentaires de l’acteur âgé de 63 ans ont été vaines. Un de ses représentants a simplement confirmé qu’un accident s’est produit sur le plateau de tournage.
«Il n’y a pas de mots pour exprimer mon choc et ma tristesse concernant l’accident tragique qui a coûté la vie d’Halyna Hutchins, une femme, une mère et une collège que nous admirions grandement, a dit M. Baldwin sur Twitter, vendredi. Je collabore pleinement avec l’enquête policière. Mon cœur se brise pour son mari, son fils et tous ceux qui connaissaient et aimaient Halyna.»
Les accessoires utilisés lors des tournages sont parfois de véritables armes qui peuvent contenir des balles réelles ou être chargées à blanc.
Chargées à blanc, elles produisent un éclair et une détonation, mais aucun projectile. Toutefois, lorsqu’on appuie sur la gâchette, l’enveloppe de papier ou de plastique de la cartouche peut être éjectée avec suffisamment de force pour être mortelle à bout portant.
Des policiers ont été appelés vers 14 h, heure locale, au ranch Bonanza Creek, a dit M. Rios, après la réception d’appels au service 9-1-1 indiquant qu’une personne avait été atteinte par balle sur le plateau de tournage.
Le lieu de tournage de «Rust» a été utilisé dans le passé pour de nombreux films, dont le récent «News of the World», de Tom Hanks.
Le tournage de «Rust» a été interrompu. L’histoire est celle d’un adolescent de 13 ans et de son frère cadet qui doivent se défendre seuls après la mort de leurs parents au Kansas dans les années 1880, selon le site Internet Movie Database. L’adolescent prend la fuite avec son grand-père (interprété par Baldwin) quand on le condamne à la pendaison pour la mort d’un fermier local.