PARIS – Ségolène Royal, candidate à la présidentielle de 2007 et mère des enfants du président François Hollande, qui fait son entrée comme numéro 3 du gouvernement, est une femme tenace et singulière, qui ne craint pas de bousculer les codes de sa famille politique.
A 59 ans, elle décroche le portefeuille de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie.
Fait inédit: pour la première fois, une ministre d’un gouvernement n’est autre que l’ex-compagne du président de la République, avec lequel elle a quatre enfants. Son entrée au gouvernement est d’ailleurs facilitée par la rupture en janvier de François Hollande avec Valérie Trierweiler.
Je sais que le temps de la réhabilitation viendra. Arrêter ? C’est impensable. J’ai trente ans de vie politique. C’est ma passion, déclarait Mme Royal peu après sa dernière défaite électorale, lors des législatives de 2012 à La Rochelle.
Tout à sa présidence de Poitou-Charentes, Mme Royal était en réserve de la République depuis deux ans. En privé, nombre de ses soutiens plaidaient pour qu’elle retrouve le rang qui était le sien.
Elle n’a cependant pas mâché ses mots envers l’équipe de Jean-Marc Ayrault pendant la première année du quinquennat: on l’aura ainsi entendu dire que du temps avait été perdu, que le gouvernement aurait dû aller plus vite, ou encore fustiger les couacs à répétition entre ministres.
– Super puissante-
Désormais qualifiée au PS de super puissante politiquement, Mme Royal a connu récemment de cinglants revers. En juin 2012, en perdant à La Rochelle face au dissident socialiste Olivier Falorni -un crash, un accident de parcours – elle voit s’envoler son rêve de briguer le perchoir à l’Assemblée nationale. Humiliation supplémentaire, elle a dû encaisser le tweet de Valérie Trierweiler soutenant Olivier Falorni.
Un an avant à peine, on l’avait aussi vu ravaler ses larmes après son très maigre résultat (7%) obtenu à la primaire socialiste de l’automne 2011, remportée par François Hollande. Malgré tout, elle lui apportait son soutien trois jours après.
Car Ségolène Royal sait aussi panser ses plaies et repartir, formule par laquelle elle introduit son dernier opus, Cette belle idée du courage (mai 2013), sur lequel on la voit rire à gorge déployée. Elle y confie avoir puisé courage et énergie auprès des passeurs de courage que furent Nelson Mandela, Jean Jaurès ou Soeur Emmanuelle pour continuer à avancer.
On se souvient aussi qu’au soir de la défaite du 6 mai 2007, devant des supporters sonnés, elle avait lancé: Quelque chose s’est levé qui ne s’arrêtera pas!.
Mme Royal est la première femme à être arrivée au deuxième tour d’une élection présidentielle, perdant (46,94%) face à Nicolas Sarkozy. Durant la campagne, se disant voix des sans voix, elle sillonnait les quartiers difficiles, avec qui elle dit garder un lien fort.
– Trois fois ministre –
Au Congrès de Reims, en 2008, battue de 102 voix, Mme Royal livre bataille contre celle qui lui a volé la victoire, Martine Aubry, avant de se recentrer dans le parti et de renouer avec la première secrétaire.
Habituée des coups politiques et du contre-pied, Ségolène, comme l’appellent les Français, a bousculé les codes socialistes avec des idées parfois décoiffantes -drapeau, valeur travail, sécurité, nation-, dont beaucoup ont été reprises par le Parti socialiste.
Courageuse, intrépide pour ses admirateurs, Ségolène Royal est exaltée voire illuminée pour ses détracteurs – certains se souviennent de ses envolées quasi mystiques sur la fraternité ou encore, tout récemment, de sa pose vêtue d’un drap blanc, dans un magazine, en Marianne du tableau La liberté guidant le peuple.
Grande, mince, cette fille d’officier, issue d’une famille catholique, née à Dakar, adhère au PS en 1978. Députée des Deux-Sèvres de 1988 à 2007, cette énarque fut trois fois ministre aux postes de l’Environnement (gouvernement Bérégovoy), de l’Enseignement scolaire puis de la Famille, de l’Enfance et des Personnes handicapées (gouvernements Jospin).
Proche de François Mitterrand, elle confiait, en septembre 2012: L’Elysée, c’est un lieu que je connais bien puisque j’y ai travaillé pendant sept ans avec François Mitterrand dont une partie avec François Hollande. Nous étions tous les deux.
Brillamment réélue à la présidence de Poitou-Charentes en 2010, Mme Royal ne cesse de vanter le bilan dans sa région, laboratoire de ses idées. Fidèle à la politique par la preuve, on la voit au côté des victimes de la tempête Xynthia, des salariés d’Heuliez, prôner sa croissance verte avec voiture électrique et éco-énergies.
Depuis 2013, vice-présidente et porte-parole du conseil d’administration de la Banque publique d’investissement (BPI) présidée par Jean-Pierre Jouyet, ami de l’ex-couple qu’elle formait avec M. Hollande, elle est aussi vice-présidente de l’Internationale socialiste.
Romandie.com avec(©AFP / 02 avril 2014 12h23)