Posts Tagged ‘Sénégal’

Sénégal: Ousmane Sonko condamné à deux ans de prison ferme

juin 1, 2023

L’opposant sénégalais a été reconnu coupable « de corruption de la jeunesse » ce jeudi 1er juin. Il a en revanche été acquitté des faits de viol dont il était accusé.

Ousmane Sonko, ici lors d’une conférence de presse à Ziguinchor le 24 mai 2023, a été condamné à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». © MUHAMADOU BITTAYE / AFP

Acquitté du viol d’Adji Sarr, qui avait porté plainte contre lui, Ousmane Sonko a été condamné ce jeudi 1er juin à deux ans de prison ferme et à 600 000 F CFA d’amende par la chambre criminelle du tribunal de Dakar. Cette condamnation risque de le rendre inéligible pour le scrutin présidentiel de février 2024.

Sa co-accusée, Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage, a été condamnée à la même peine pour « incitation à la débauche ». Tous deux sont en outre condamnés en plus à 20 millions F CFA de dommages et intérêts, somme qu’ils devront verser solidairement à Adji Sarr.

Pas d’appel possible

Accusé de viols et menaces de mort par l’ancienne employée d’un salon de beauté où il allait se faire masser, l’opposant avait refusé d’assister à son procès, qui s’est tenu à Dakar le 23 mai dernier. Il n’était pas non plus présent pour entendre le jugement. Parce qu’il a été jugé par contumace, le maire de Ziguinchor a normalement perdu la possibilité de faire appel. Ses avocats, qui n’ont pas pu s’exprimer au cours de l’audience, étaient néanmoins présents devant la Cour pour entendre le jugement.

En dépit de l’acquittement prononcé pour les accusations de viols, l’avocat de la plaignante, El Hadj Diouf, a déclaré qu’Adji Sarr « avait gagné ». « Si Ousmane Sonko n’avait rien fait, il n’aurait pas été condamné à deux ans de prison et à 600 000 F CFA d’amende. Il n’a pas été blanchi. Il doit dormir en prison ce soir », a-t-il lancé. Prise à partie à sa sortie de l’audience, Adji Sarr a immédiatement quitté les lieux.

Dakar à l’arrêt

Rues désertes, écoles fermées, déploiement sans précédent des forces de sécurité… La capitale sénégalaise était de nouveau à l’arrêt jeudi matin, dans l’attente du jugement censé mettre un point final à une affaire politico-judiciaire qui agite le Sénégal depuis plus de deux ans.

Le 23 mai dernier, le procureur avait requis cinq à dix ans de prison pour viol, et cinq ans pour « corruption de la jeunesse » au cas où « le viol n’emporte[rait] pas la conviction du juge ». Un délit explicité par l’article 324 du code pénal, compris dans la section « attentat aux mœurs ».

Ce même article prévoit une peine allant de deux à cinq de prison pour « quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant la débauche ou la corruption de la jeunesse », c’est-à-dire quelqu’un de moins de 21 ans. C’est finalement ce délit qu’a retenu le juge, estimant donc qu’Ousmane Sonko n’avait pas violé Adji Sarr.

Requalification des faits

« Ce qui est ressorti des débats, c’est que la preuve du viol n’a pas été apportée ni confortée par Adji Sarr lors de ses dépositions. Le maître des poursuites ne croit même pas en l’infraction, puisqu’il a évoqué une requalification des faits, relevait hier l’un des avocats de l’opposant. Puisque l’infraction n’existe pas, on se rabat sur quelque chose de moins grave afin de lui infliger une peine qui le rendrait inéligible. »

Retranché dans son fief de Ziguinchor lors de son procès, Ousmane Sonko a finalement été ramené lundi manu militari à son domicile dakarois, dans un quartier quadrillé par les forces de l’ordre. Ni ses avocats ni ses alliés politiques n’avaient pu accéder à son domicile.

« Lorsque nous avons tenté de rejoindre notre client, les autorités nous ont confié avoir reçu l’instruction de ne laisser entrer personne. Une instruction venue de l’autorité suprême, nous ont-ils dit », affirme son avocat, Joseph Étienne Ndione, qui critiquait une « mesure de détention arbitraire », tandis que le gouvernement défendait une précaution visant à assurer la « sécurité nationale ».

La condamnation à une peine de prison ferme de plus de trois mois interdit d’office à Ousmane Sonko la participation à la présidentielle de 2024, selon le code électoral sénégalais. La réforme de ce code est d’ailleurs l’une des dispositions qui seront discutées lors du dialogue politique initié par le chef de l’État ce 31 mai. Dialogue auquel Ousmane Sonko a refusé de participer

Avec Jeune Afrique par Marième Soumaré – à Dakar

Sénégal: l’opposant Sonko appelle à manifester « massivement » à l’approche d’un verdict

mai 30, 2023
Senegal: l'opposant Sonko appelle a manifester "massivement" a l'approche d'un verdict
Sénégal: l’opposant Sonko appelle à manifester « massivement » à l’approche d’un verdict© AFP/MUHAMADOU BITTAYE

L’opposant Ousmane Sonko appelle les Sénégalais à se lever « comme un seul homme » contre le pouvoir à l’approche d’un verdict capital contre lui dans une affaire de viols qui subjugue l’opinion en vue de la présidentielle et sème à nouveau la violence à Dakar.

« J’appelle tous les Sénégalais à sortir massivement », a déclaré dans la nuit de lundi à mardi sur les réseaux sociaux M. Sonko. Il s’est dit « séquestré » chez lui par les forces de sécurité après avoir été interpellé dimanche et ramené dans la capitale.

« Que tout le monde se lève comme un seul homme parce que force doit rester au peuple », a-t-il renchéri. M. Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 mais menacé d’inéligibilité, adversaire le plus rétif du président Macky Sall, a exhorté à un « mouvement de résistance national » face aux tentatives de ce dernier d’instaurer un régime dictatorial selon lui.

Depuis dimanche, un déploiement policier massif bloque les rues donnant accès à sa maison. Des groupes de jeunes et les forces de sécurité se sont affrontés à coups de pierres et de gaz lacrymogènes lundi dans des quartiers voisins et autour de l’un des principaux axes traversant la métropole.

Des jeunes ont attaqué les maisons de collaborateurs du président, ont incendié des véhicules et des bus et détruit du matériel urbain, ont rapporté les médias.

C’est un énième accès de fièvre autour de M. Sonko, et la tension menace d’augmenter encore d’ici à jeudi.

Une chambre criminelle de Dakar devrait dire ce jour-là, sauf report, si elle déclare M. Sonko coupable ou non de viols commis entre 2020 et 2021 sur une masseuse d’un salon de beauté de la capitale, et de menaces de mort.

Le procureur a requis contre le troisième de la présidentielle de 2019 et président du parti Pastef dix ans de réclusion criminelle pour viols, ou au minimum cinq ans de prison pour « corruption de la jeunesse ».

Le viol, criminalisé depuis 2020, est passible de dix à 20 ans de prison.

L’enjeu est autant criminel que politique. M. Sonko, 48 ans, risque de perdre son éligibilité, déjà compromise par une récente condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre.

Il n’a cessé de protester de son innocence et de crier au complot ourdi par le président, qui s’en défend.

Depuis la plainte d’Adji Sarr, employée du salon Sweet Beauté, en février 2021, M. Sonko est engagé dans ce que certains appellent un Mortal Kombat, du nom d’un jeu vidéo, pour sa survie judiciaire et politique et contre M. Sall.

« Au nom de quoi… »

Une vingtaine de civils ont été tués dans des troubles largement liés à sa situation. Le pouvoir et le camp de M. Sonko se rejettent la faute.

M. Sonko accuse le pouvoir de vouloir l’éliminer politiquement et de réprimer la contestation. Le camp présidentiel accuse M. Sonko de se servir de la rue pour une affaire privée, et d’inciter à l’insurrection.

Les autorités ont fait état de trois morts à Dakar et ailleurs dans des violences liées à la tenue de son procès.

M. Sonko a décidé de ne pas comparaître, disant craindre pour sa sécurité et remettant en cause l’impartialité d’une justice instrumentalisée selon lui. Une condamnation par contumace pourrait signifier la déchéance de ses droits électoraux.

Retranché à Ziguinchor (sud), ville dont il est maire, protégé d’une éventuelle arrestation par des barrages de jeunes partisans déterminés, il a décidé de rentrer vendredi à Dakar et de faire une démonstration de sa popularité.

Le cortège a drainé des foules de jeunes. Mais il a aussi donné lieu à de nouvelles confrontations avec les gendarmes.

Les autorités, invoquant la mort d’un homme et le trouble à l’ordre public, l’ont finalement fait interpeller dimanche et reconduire chez lui par les gendarmes.

M. Sonko a assuré dans la nuit qu’il avait décidé de toute façon de rentrer, son objectif ayant été « largement atteint », et pour protéger son équipe, susceptible d’être « décimée ».

« Une fois à Dakar, j’ai été séquestré », a-t-il dit. « Au nom de quoi, dans un pays qui se dit démocratique, on peut séquestrer un citoyen qui n’a de tort que d’être un opposant ferme et farouche au régime (du président) Macky Sall, sans aucun sous-bassement judiciaire », a-t-il demandé.

La plainte d’Adji Sarr a passagèrement mis la question du viol sur une place publique où elle est volontiers passée sous silence. La plaignante a été attaquée et menacée sur les réseaux sociaux. Mais elle a toujours réclamé justice et maintenu ses accusations au procès.

Par Le Point.fr avec Dakar (AFP) –

Ousmane Sonko ramené de force à Dakar

mai 29, 2023

L’opposant sénégalais a été interpellé dimanche par des gendarmes dans le sud du pays et ramené de force à son domicile de Dakar alors qu’il venait d’entamer sa « caravane de la liberté » vers la capitale.

Ousmane Sonko, lors du lancement de la « caravane de la liberté », le 24 mai 2023 à Ziguinchor, en Casamance. © MUHAMADOU BITTAYE / AFP

Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a invoqué les heurts entre partisans d’Ousmane Sonko et forces de l’ordre qui ont accompagné depuis vendredi le retour de l’opposant à Dakar en convoi par la route et dans lesquels un homme a été tué par balle.

« Il y a eu mort d’homme à Kolda, est-ce que l’État va rester les bras croisés ? (…) La réponse ne peut être que négative », a déclaré le ministre à la chaîne de télévision publique RTS. Il a fait valoir qu’Ousmane Sonko aurait dû formuler une demande d’autorisation préalable avant d’organiser ce qu’il a baptisé la « caravane de la liberté ». « On a pu, de ce fait, encadrer le leader du (parti) Pastef jusqu’à son domicile (à Dakar) où il a été déposé », a-t-il dit.

Une source proche des autorités a précisé qu’Ousmane Sonko avait été interpellé près de Koungheul par les gendarmes et ramené par eux vers la capitale. Le ministre de l’Intérieur a rapporté que des armes avaient été trouvées dans le véhicule transportant l’opposant.

Bras de fer

Le sort d’Ousmane Sonko, engagé dans un bras de fer avec le pouvoir qui n’a fait que se durcir depuis sa mise en cause par la justice dans une affaire de viols, en mars 2021, donnait lieu à des spéculations depuis plusieurs heures.

Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle mais menacé d’inéligibilité par des affaires judiciaires qu’il dénonce comme un complot de l’État, n’avait en effet plus donné de nouvelles à son entourage depuis dimanche matin.

Dans un communiqué publié en milieu d’après-midi, son parti l’avait déclaré « introuvable et injoignable », alimentant les conjectures et provoquant de vives réactions sur les réseaux sociaux. Quelques minutes seulement avant la prise de parole du ministre de l’Intérieur, à 20 heures, El Malick Ndiaye, le secrétaire national des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) en charge de la communication, affirmait encore à Jeune Afrique n’avoir « aucune nouvelle » d’Ousmane Sonko.

Une intervention filmée du Président des Pastef avait été annoncée pour 23 heures locales, dimanche, sur sa page Facebook. Mais El Malick Ndiaye a précisé sur Twitter en fin de soirée que « les forces de l’ordre ayant refusé l’accès à notre équipe technique au domicile du président Ousmane Sonko, sa déclaration a été reportée [au] lundi 29 mai 2023. »

Ce dernier avait entamé vendredi, dans le sud du pays, un retour par la route vers Dakar dont il comptait faire une démonstration de force. Son passage a drainé des foules de jeunes supporteurs enthousiastes et les rassemblements spontanés autour de son convoi ont parfois été émaillés de heurts entre ses partisans et les forces de sécurité, dans lesquels un homme a été tué à Kolda.

Spéculations

Alors qu’Ousmane Sonko relaie volontiers ses faits et gestes en direct sur les réseaux sociaux, ce qu’il a fait durant les deux premières journées de son périple, il a cessé de le faire dimanche après avoir adressé, dans une courte vidéo, ses vœux à la communauté catholique à l’occasion de la Pentecôte.

Depuis mars 2021, la mobilisation des supporteurs d’Ousmane Sonko a régulièrement donné lieu à des débordements. Il avait alors été interpellé à Dakar alors qu’il se rendait en cortège à la convocation d’un magistrat dans l’affaire de viols qui l’oppose à Adji Sarr, une femme qui l’accuse de l’avoir violée dans un salon de massage qu’il fréquentait et où elle travaillait alors. Sa longue rétention avant de comparaître devant le juge puis de ressortir libre, sous contrôle judiciaire, avait contribué à déclencher des émeutes à Dakar et dans plusieurs grandes villes du pays, lesquelles avaient causé une douzaine de morts.

La chambre criminelle du tribunal de Dakar doit rendre le 1er juin un verdict très attendu dans cette affaire de viols présumés. Le 23 mai, Ousmane Sonko, qui dénonce un complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle de février 2024, s’était abstenu de comparaître à l’audience en prétextant n’avoir pas reçu de convocation. En plus d’une éventuelle condamnation à une peine de prison ferme, il risquerait de devenir inéligible si la justice le déclarait coupable.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Sénégal: Menacé d’inéligibilité, Ousmane Sonko annonce son retour à Dakar

mai 25, 2023

Alors que le verdict de son procès pour viols devrait être prononcé le 1er juin, l’opposant sénégalais lance un appel à « une caravane de la liberté » qui devra s’élancer de Zinguinchor pour rallier la capitale.

Meeting du chef de l’opposition, Ousmane Sonko, à Ziguinchor, le 24 mai 2023. © MUHAMADOU BITTAYE / AFP

L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 et menacé d’inéligibilité, a lancé un nouveau défi à risque au pouvoir en annonçant son prochain retour à Dakar à la tête d’un convoi populaire à travers le pays.À LIRE[Série] Au Sénégal, Ousmane Sonko et le procès de la dernière chance 

« Je vous donne rendez-vous à Dakar, soit [le président] Macky Sall recule, soit on lui fera face pour en finir », a-t-il lancé à ses partisans qui s’étaient massés devant sa maison de Ziguinchor en apprenant qu’il allait prendre la parole au lendemain de son procès pour viols, tenu en son absence.

« Caravane de la liberté »

« Le combat final, ça se passera où ? Ça se passera à Dakar !, a-t-il proclamé. Si vous êtes 2 000, que 1 500 rallient Dakar pour continuer le combat. » Ousmane Sonko a affirmé son intention de rentrer par la route et de transformer ces quelque 500 kilomètres de trajet en « caravane de la liberté ». Puis il a paradé ceint du drapeau sénégalais au milieu de ses sympathisants exaltés.

Il a précisé plus tard sur les réseaux sociaux qu’il comptait se mettre en route ce jeudi 25 mai, et a appelé les Sénégalais à converger vers Dakar.

C’est un nouvel acte de défiance à l’encontre des autorités de la part du président du parti Pastef-les Patriotes, troisième de la présidentielle en 2019, personnalité clivante mais populaire chez une partie de la jeunesse.

Garde étroite et menaçante

Ce mardi, Ousmane Sonko a brillé par son absence à son procès pour viols, disant craindre pour sa sécurité et remettant en cause l’impartialité de la justice. Il a toujours réfuté les accusations portées contre lui et dénoncé un complot destiné à l’écarter de la présidentielle. L’opposant risque son éligibilité, déjà compromise par une condamnation à six mois avec sursis pour diffamation contre un ministre.

Plusieurs jours avant son procès, il s’est retranché à Ziguinchor, ville dont il est le maire. Ses partisans ont monté une garde étroite et menaçante autour de son domicile pour parer une éventuelle tentative d’arrestation. Les autorités et la justice ont fait le choix de ne pas chercher à l’arrêter.

Se retirer à Ziguinchor lui a permis « de gagner du temps » et de « remobiliser les troupes un peu partout », a expliqué Ousmane Sonko.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Au Sénégal, Macky Sall organise l’après-Idrissa Seck

avril 25, 2023

Candidat à la présidentielle 2024, Idrissa Seck a été remplacé à la tête du Conseil économique, social et environnemental par le directeur de cabinet du chef de l’État. Deux cadres de son parti, Rewmi, ont quitté le gouvernement. Leurs portefeuilles sont récupérés par le Premier ministre, Amadou Ba.

Déjà élu deux fois à la présidence du Sénégal, Macky Sall (ici le 19 février 2023 au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie) laisse en suspens la question du troisième mandat. © Amanuel Sileshi / AFP.

La rupture était déjà annoncée, elle est désormais actée. Deux jours après qu’Idrissa Seck a confirmé sa candidature à la présidentielle 2024 et annoncé qu’il allait démissionner de la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Macky Sall a formellement « mis fin » le 24 avril à ses fonctions. Le chef du parti Rewmi a été remplacé par un ancien ministre des Finances, Abdoulaye Daouda Diallo, qui était directeur de cabinet du chef de l’État.

Selon le communiqué de la présidence sénégalaise, il a également été mis fin aux fonctions de Yankhoba Diatara, jusque-là ministre des Sports, et d’Aly Saleh Diop, en charge de l’Élevage. Tous deux étaient cadres de Rewmi, formation qui appartenait ces derniers jours encore à la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY).

Le Premier ministre Amadou Ba, « cumulativement avec ses fonctions », dirigera les portefeuilles des deux ministres sortants, selon ce communiqué.

Une vingtaine de candidats à la présidentielle

Chef de gouvernement entre 2002 et 2004 sous l’ex-président Abdoulaye Wade, Idrissa Seck, 63 ans, était arrivé deuxième derrière Macky Sall à la présidentielle de 2019. Il avait en novembre 2020 quitté l’opposition pour rejoindre la coalition présidentielle et avait dans la foulée été nommé à la présidence du Cese.

Le président Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, reste muet sur ses intentions à propos de la présidentielle de février 2024, pour laquelle une vingtaine de candidats se sont déjà déclarés. Ses opposants estiment qu’il ne peut prétendre à plus de deux mandats.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Au Sénégal, une coalition pour faire barrage à un troisième mandat de Macky Sall

avril 17, 2023

Le Mouvement des forces vives du Sénégal F24 rassemble plus d’une centaine d’organisations politiques et de la société civile, opposées à une nouvelle candidature du président sortant.

Macky Sall, le 19 février 2023. © Amanuel Sileshi / AFP

C’est en présence de plusieurs figures de l’opposition, dont Ousmane Sonko, que le Mouvement des forces vives du Sénégal F24 a été lancé dimanche 16 avril. Baptisée ainsi en référence à la présidentielle prévue en février 2024, cette coalition est formée de partis politiques, d’organisations de la société civile et de personnalités indépendantes.

Elle vise, selon ses propres termes, à obtenir « le respect par le président Macky Sall de la Constitution et de la parole donnée, et son renoncement à présenter sa candidature pour un troisième mandat illégal et illégitime ». Plus de 120 entités ont signé la charte du mouvement, selon ses initiateurs.

Macky Sall muet sur ses intentions

Après plusieurs déclarations dans lesquelles il affirmait qu’il ne se présenterait pas en 2024, Macky Sall reste aujourd’hui muet sur ses intentions. L’opposition affirme qu’il a effectué deux mandats et qu’en briguer un troisième serait contraire à la Constitution, mais le chef de l’État maintient ouverte la question de sa candidature, en faisant valoir que seuls des facteurs politiques, et non pas constitutionnels, l’empêcheraient de se présenter – c’est ce qu’il a affirmé dans un entretien publié mi-mars par le magazine français L’Express.

« Sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps, déclarait-il dans cet entretien. Maintenant, dois-je me porter candidat pour un troisième mandat ou non ? […] Je n’ai pas encore apporté ma réponse. Le moment venu, je ferai savoir ma position. »

« Détenus politiques »

Le Mouvement F24 réclame aussi la libération des « détenus politiques » arrêtés lors des manifestations liées au procès en diffamation intenté contre Ousmane Sonko par le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Selon le parti d’Ousmane Sonko, des centaines de personnes ont été interpellées ces dernières semaines lors de ces manifestations. Le ministre Niang reprochait à l’opposant d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport d’une institution de contrôle pour sa gestion d’un fonds pour l’emploi des jeunes.

Ousmane Sonko a été condamné le 30 mars à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300 000 euros) de dommages et intérêts, un jugement dont le parquet et la partie civile ont fait appel. L’opposant conserve cependant son éligibilité pour la présidentielle de 2024.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Diaspora congolaise au Sénégal: l’association « Lumière des cultures » va célébrer son 10e anniversaire

avril 14, 2023

À quelques mois du 10e anniversaire de sa création, l’association « Lumière des cultures », fondée et présidée par Sidonie Kailly Dzellat, à Dakar, au Sénégal, met en avant son dynamisme.

Photo de groupe à l'issue d'une séance de formation de l'association Lumière des Cultures à Dakar, Sénégal

La photo de groupe à l’issue d’une séance de formation de l’association « Lumière des cultures » à Dakar, Sénégal

Au demeurant, l’initiative associative de la Congolaise Sidonie Kailly Dzellat, en novembre 2013, à Dakar, avait pour mission statutaire de coacher et d’accompagner les filles en échec scolaire, en les aidant à se réinsérer dans la société à travers des formations à divers métiers.

En parallèle, « Lumière des cultures » a mis en place le concept d’une « Soirée rumba » pour promouvoir la culture congolaise. De ce fait, cette soirée annuelle s’articule autour d’un concert et d’un dîner de gala, à Dakar ou dans une ville voisine en Afrique de l’Ouest, dédiée à la cause de la réinsertion des filles.

En 2018, la cinquième édition avait rendu hommage à Tabu Ley, l’un des pères fondateurs de la rumba congolaise.

« À chaque soirée réalisée, les fonds récoltés sont en partie réservés à l’association pour soutenir la réinsertion des filles », explique sa présidente.

Depuis septembre 2020, l’association s’est diversifiée en créant « La maison du Congo à Dakar », espace socio-culturel dédié à l’art et la culture congolaise à l’étranger. Cet espace facilite l’exposition et la vente des objets d’art du Congo : vannerie ; poterie ; sculpture et autres objets made in Congo.

Pour Sidonie Kailly Dzellat, le dynamisme de « Lumière des cultures » ne se limite pas uniquement au Sénégal. « Nous pensons obtenir l’adhésion des Congolais de l’étranger afin de nous ouvrir à tout pays, et orienter notre cible vers l’Afrique centrale en général, et plus particulièrement au Congo », dit-elle.

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

Le Sénégal s’essaie au blé local pour réduire sa dépendance aux importations

avril 10, 2023

Quelque 800 000 tonnes de blé sont importées chaque année dans le pays, dont le climat n’est pas adapté à la culture de cette céréale. Mais une expérimentation de chercheurs agronomes pourrait faire changer les choses.

À Sangalkam, près de Dakar, quatre variétés de blé adaptées au climat local ont été plantées par l’Institut sénégalais de recherche agricole. © SEYLLOU / AFP.

Voilà une semaine déjà que des chercheurs agronomes de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) ont commencé à récolter une culture expérimentale de blé local, adapté aux conditions climatiques du pays. Il s’agit de la dernière étape d’un projet entamé il y a plusieurs années pour tenter de réduire la dépendance à l’égard des importations

Deuxième céréale la plus consommée après le riz, le blé est un élément important de l’alimentation. Mais le Sénégal, comme beaucoup de ses voisins, dépend entièrement de l’étranger : il importe 800 000 tonnes de céréales par an. Son climat tropical n’est en principe pas adapté à la culture du blé, mais des essais d’acclimatation sont en cours.

Sur une parcelle expérimentale à Sangalkam, à 35 km de Dakar, quatre variétés de blé sont récoltées par l’Isra.  Trois d’entre elles proviennent d’Égypte, une quatrième a été développée par l’institut, qui a testé des centaines de variétés de blé, a expliqué Amadou Tidiane Sall, l’un des chercheurs.

Semences égyptiennes

Le ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, a visité la parcelle au début d’avril. Il a indiqué qu’il avait demandé des semences égyptiennes lors d’une visite dans ce pays d’Afrique du Nord à l’occasion de la conférence des Nations unies sur le climat (COP27) en novembre.

« Nous avons un potentiel important », a déclaré le ministre lors de sa visite. Il a toutefois reconnu que le manque d’eau pour irriguer les cultures était un défi de taille.

Amadou Gaye, le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal, qui représente quelque 2.500 boulangeries dans le pays, a déclaré qu’il préférerait que des ressources soient consacrées à la production de céréales locales telles que le millet, le maïs ou le sorgho.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Sénégal: Ousmane Sonko est condamné mais reste éligible

mars 30, 2023

Poursuivi pour diffamation, l’opposant sénégalais a écopé de deux mois de prison avec sursis dans le procès que lui intentait Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme. Une condamnation qui préserve sa capacité à être candidat à la présidentielle de 2024.

L’opposant Ousmane Sonko, à Dakar, le 14 mars 2023. © JOHN WESSELS/AFP

Après trois reports successifs au cours des derniers mois, le procès intenté par le ministre Mame Mbaye Niang à l’opposant emblématique Ousmane Sonko vient enfin de connaître son épilogue, sous réserve d’un futur recours en appel.

En l’absence du principal intéressé, dont les avocats ont tenté, sans succès, de faire valoir un certificat médical pour justifier son absence, le tribunal correctionnel de Dakar est passé outre et a refusé d’accorder un quatrième report au prévenu. Ses avocats ont alors déserté l’audience, boycottant la suite du procès et laissant leurs six confrères de la partie adverse dérouler leurs plaidoiries.

Dommages et intérêts

Le tribunal a rendu sa décision dans la foulée, condamnant Ousmane Sonko à deux mois de prison avec sursis et à verser à Mame Mbaye Niang des dommages et intérêts d’un montant de 200 millions de francs CFA.

Au vu du code électoral en vigueur, cette condamnation n’hypothèque donc pas les chances du président du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) de se porter candidat lors de la présidentielle de 2024. Enjeu sous-jacent de ce procès pour diffamation, la perspective d’une inéligibilité avait joué un rôle déterminant dans les audiences relatives à cette procédure, sans cesse reportées jusque-là.

Avec Jeune Afrique par Mehdi Ba- à Dakar

Sénégal: heurts à Dakar pendant le procès de l’opposant Sonko

mars 16, 2023

Senegal: heurts a Dakar pendant le proces de l'opposant Sonko
Sénégal: heurts à Dakar pendant le procès de l’opposant Sonko© AFP/SEYLLOU

Plusieurs quartiers de Dakar ont été jeudi le théâtre de scènes de guérilla entre jeunes Sénégalais et forces de l’ordre au moment où l’opposant Ousmane Sonko comparaissait lors d’un procès dont pourrait dépendre sa candidature à la présidentielle de 2024.

Des groupes mobiles de jeunes ont lancé des pierres sur les gendarmes et les policiers dans les rues adjacentes au tribunal où M. Sonko était convoqué pour répondre de diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Un impressionnant dispositif de sécurité avait transformé le complexe en camp retranché.

Les forces de sécurité ont repoussé à plusieurs reprises les assaillants à coups de lacrymogènes dans des détonations assourdissantes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Au milieu de ce grabuge intermittent, une pharmacie est restée ouverte auprès du tribunal contrairement à nombre de commerces alentour.

« Nous, on n’est ni pour ni contre ce qui se passe », dit Mamy Diouf, la gestionnaire d’une vingtaine d’années. « Ce qui nous intéresse, c’est la paix. Chacun fait ce qu’il veut mais devrait attendre les élections et se prononcer à ce moment-là. Les violences, ça ne mène à rien et ce n’est pas bon pour les affaires ».

Des accrochages ont été rapportés dans d’autres quartiers. Un photographe de l’AFP a vu des dizaines de jeunes caillasser un véhicule isolé des forces de sécurité contraint de s’extraire dans la précipitation et les panaches de lacrymogènes sur l’un des principaux axes de la capitale.

Le trajet de M. Sonko jusqu’au tribunal sous forte escorte policière à travers une ville en état d’alerte a lui-même été émaillé de troubles. Les forces de sécurité ont fini par extraire M. Sonko de force de son véhicule pour le conduire au palais de justice.

Ceux qui l’accompagnaient disent que lui et d’autres ont été malmenés lors de ce transfert et aspergés de gaz lacrymogènes.

M. Sonko a expliqué une fois à la barre qu’il voulait choisir son itinéraire. « La police et la gendarmerie m’imposent un itinéraire. J’ai été brutalisé. Le régime ne compte que sur les forces de sécurité », a-t-il dit.

M. Sonko s’est fait ausculter par un médecin au tribunal, l’une des interruptions et multiples incidents qui ont émaillé une audience sous haute tension qui, après plusieurs heures, n’avait toujours pas abordé le fond du dossier.

Le procès a finalement été renvoyé au 30 mars.

Ce nouvel accès de fièvre est le dernier épisode d’un psychodrame qui tient le monde politique en haleine depuis deux ans et qui a déjà, par le passé, causé un trouble considérable.

En mars 2021, la mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés et son arrestation sur le chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée.

« Pour la jeunesse »

Il y avait eu au moins une douzaine de morts.

Les tensions vont à nouveau grandissant à l’approche de la présidentielle de 2024.

Le dossier de viols présumés, non jugé pour le moment, et celui pour diffamation font peser la menace d’une éventuelle inéligibilité sur la candidature de M. Sonko.

Lui et ses supporteurs crient au complot ourdi par le pouvoir pour l’éliminer politiquement.

M. Sonko avait appelé ses partisans à venir massivement le soutenir au procès.

La personnalité de M. Sonko, 48 ans, divise les Sénégalais. Il tient un discours souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption.

Il pilonne l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française et les multinationales. Il jouit d’une grande popularité parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié a moins de 20 ans.

Ses détracteurs dénoncent en lui un populiste n’hésitant pas à souffler sur les braises sociales et à instrumentaliser la rue pour échapper à la justice.

Le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat contribue aussi à dresser les camps adverses les uns contre les autres.

Près du tribunal, Abdou Anne, un enseignant de 53 ans, verse des seaux d’eau sur un feu de pneus qui dégage une grosse fumée noire à un rond-point après des heurts. Il dit être avec les manifestants, mais intervient parce qu’il y a un centre de soins pour enfants juste à côté.

« Je ne suis pas pour Ousmane Sonko. Je suis pour la jeunesse. Tout ce qu’ils (les jeunes) veulent, c’est arrêter ce projet », celui d’un troisième mandat de M. Sall. « Personne n’est d’accord. On est prêt à laisser notre vie », lâche-t-il posément.

Par Le Point.fr avec AFP