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Pas de visas pour les journalistes russes accompagnant Lavrov à l’ONU: Moscou « ne pardonnera pas »

avril 23, 2023
Pas de visas pour les journalistes russes accompagnant Lavrov a l'ONU: Moscou "ne pardonnera pas"
Refus de visas aux journalistes russes accompagnant Lavrov à l’ONU© AFP/Archives/YURI CORTEZ

Moscou « ne pardonnera pas » aux Etats-Unis leur refus de délivrer des visas aux journalistes russes accompagnant le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lundi et mardi à l’ONU, a affirmé dimanche le ministre avant son départ pour New York.

« Nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas », a mis en garde M. Lavrov face à la presse, dénonçant une décision « lâche » de Washington.

La Russie occupe ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, en pleine offensive militaire en Ukraine pour laquelle elle a été mise au ban des nations mondiales.

« Un pays qui se dit le plus intelligent, le plus fort, le plus libre, le plus juste +s’est dégonflé+ et a même fait quelque chose de stupide », a déploré M. Lavrov, ironisant sur le fait que les Etats-Unis, en refusant de donner des visas aux journalistes russes, avaient montré selon lui « ce que valent (leurs) déclarations sur la liberté d’expression ».

Son vice-ministre Sergueï Riabkov avait plus tôt indiqué dimanche que malgré « les contacts à plusieurs reprises ces derniers jours » à l’initiative de Moscou, Washington « n’a pas délivré de visas » aux « journalistes censés accompagner M. Lavrov dans son déplacement » aux Etats-Unis.

M. Riabkov a fustigé « une méthode scandaleuse et absolument inacceptable » de la part des Américains, dénonçant « une moquerie » des Etats-Unis qui, selon lui, « ont fait semblant de travailler » pour « trouver une solution ».

« Nous trouverons des formes de réponse à cela, pour que les Américains se souviennent longtemps que cela ne se fait pas. Et ils s’en souviendront », a-t-il encore mis en garde.

Une source diplomatique, citée par l’agence de presse russe Ria Novosti, a ainsi affirmé qu’en représailles, « il ne fait aucun doute que les journalistes américains (en Russie) connaîtront tout +l’inconfort et les inconvénients+, et une attitude similaire » de la part des autorités russes.

Restrictions

Sollicité par l’AFP, le département d’Etat américain a affirmé qu’il délivrait couramment des visas aux délégués russes pour les événements à l’ONU mais a pointé du doigt les restrictions mises sur le personnel de l’ambassade des Etats-Unis à Moscou, réduit à peau de chagrin depuis le début de l’offensive militaire en Ukraine, pour expliquer les délais de traitement.

« Nous traitons des centaines de visas chaque année concernant les délégués de Russie pour les événements de l’ONU. Pour s’assurer d’un traitement dans les délais, nous rappelons régulièrement à la mission russe à l’ONU –comme nous le faisons auprès de toutes les autres missions à l’ONU– que les Etats-Unis ont besoin de (recevoir les) demandes aussi tôt que possible », a déclaré un porte-parole du département d’Etat dans un communiqué.

« C’est particulièrement important en raison des actions injustifiées de la Russie envers notre ambassade en Russie », a-t-il ajouté.

Le porte-parole a également indiqué ne pas pouvoir évoquer plus en détail la question des « demandes de visa individuelles » en raison des lois américaines sur la confidentialité des données.

Depuis le début de l’intervention russe en Ukraine, les conditions de délivrance des accréditations auprès du ministère russe des Affaires étrangères à Moscou, dont dépendent les visas, ont déjà été fortement durcies.

Ce nouvel épisode de tensions entre Moscou et Washington intervient trois semaines après l’arrestation d’un journaliste américain en Russie, Evan Gershkovich, soupçonné d' »espionnage » par les autorités russes, ce que les Etats-Unis et l’intéressé réfutent catégoriquement.

Interrogé par ailleurs sur une éventuelle rencontre en début de semaine entre Sergueï Lavrov et son homologue américain, Antony Blinken, M. Riabkov a déclaré que « cela ne fait pas partie des plans » à ce stade.

La dernière visite de M. Lavrov aux Nations unies à New York remonte à septembre dernier, lors de l’Assemblée générale. Lundi, il doit échanger avec le chef de l’ONU, Antonio Guterres, avant de présider le lendemain une session de débats sur le Moyen-Orient.

Par Le Point avec Moscou (AFP) 

La Russie, en opération séduction en Afrique, fustige l' »Occident colonial »

janvier 25, 2023
La Russie, en operation seduction en Afrique, fustige l'"Occident colonial"
La Russie, en opération séduction en Afrique, fustige l' »Occident colonial »© Ministère des Affaires étrangères russe/AFP/Handout

La Russie a fustigé mercredi les « tactiques coloniales » de l’Occident pour faire « pression sur les continents en développement », saluant la « position équilibrée » de l’Angola qui s’est longtemps abstenu de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.

Plusieurs États africains se sont abstenus en mars 2022 lors du vote d’une résolution de l’ONU exigeant « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». L’Angola a voté pour la première fois en octobre pour condamner Moscou.

« La Russie apprécie la position équilibrée de l’Angola aux Nations unies », a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, à l’issue d’une rencontre à Luanda avec son homologue angolais Tete Antonio et le président Joao Lourenco.

Dénonçant les « pressions illégales des Etats-Unis et ses alliés », le chef de la diplomatie russe a ajouté que « l’Occident utilise les mêmes tactiques coloniales que par le passé pour exploiter les continents en développement ».

Ancien mouvement de libération à mouvance marxiste, le parti historique au pouvoir en Angola (MPLA, Mouvement populaire pour la libération de l’Angola) entretient des liens historiques avec la Russie, même si l’Angola a par la suite renforcé ses liens avec les États-Unis.

L’Afrique est redevenue un champ de bataille d’influence politique et économique, notamment depuis le début du conflit en Ukraine, il y a près d’un an.

M. Lavrov est en visite pour la seconde fois en six mois sur le continent. Avant l’Angola, il s’est rendu en Afrique du Sud et en Eswatini.

Son voyage coïncide avec une tournée africaine de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, s’est par ailleurs rendu ce mois-ci en Éthiopie, au Gabon, en Angola, au Bénin et en Égypte.

Avec Le Point par AFP

La Russie n’aura « aucune pitié » pour les meurtriers de la fille d’un idéologue

août 23, 2022
La Russie n'aura "aucune pitie" pour les meurtriers de la fille d'un ideologue
La Russie n’aura « aucune pitié » pour les meurtriers de la fille d’un idéologue© AFP/Kirill KUDRYAVTSEV

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé mardi à n’avoir « aucune pitié » pour les meurtriers de la fille d’un idéologue impérialiste pro-Kremlin tuée dans un attentat, dont les funérailles ont réuni des centaines de personnes.

Daria Douguina, journaliste et politologue, a été tuée samedi soir dans l’explosion du véhicule qu’elle conduisait sur une route près de Moscou. Elle avait 29 ans.

Elle était la fille d’Alexandre Douguine, 60 ans, un philosophe et écrivain ultranationaliste. Comme son père, elle soutenait farouchement l’offensive russe en Ukraine.

Ils revenaient ensemble, mais dans des véhicules différents, d’un festival culturel conservateur dans la région de Moscou.

« C’était un crime barbare pour lequel il ne saurait y avoir de pardon (…). Il ne peut y avoir aucune pitié pour les organisateurs, les commanditaires et les exécutants », a réagi mardi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Des centaines de personnes, notamment des proches de la famille et des responsables politiques, se sont recueillies mardi à Moscou devant le cercueil de Daria Douguina, au-dessus duquel avait été accroché un portrait d’elle souriant, a constaté l’AFP.

« Elle est morte au front pour la nation, pour la Russie. Le front, il est ici », a déclaré M. Douguine d’une voix tremblante, les yeux cernés, présent avec son épouse et la mère de Daria Douguina, Natalia Melentieva.

« Notre empire »

« Parmi les premiers mots que nous lui avons enseignés, dans son enfance, il y a évidemment +Russie+, +notre puissance+, +notre peuple+, +notre empire+ », a raconté Alexandre Douguine, retenant des pleurs.

Ce meurtre a créé un choc en Russie et mis à mal les efforts des autorités qui cherchent à convaincre que l’offensive en Ukraine, lancée il y a six mois, n’a aucune conséquence négative pour la population russe.

Or le conflit est devenu de plus en plus visible ces dernières semaines, avec notamment une série d’explosions en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou où de nombreux Russes passent traditionnellement leurs vacances.

Moins de 48 heures après la mort de Daria Douguina, les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé lundi avoir conclu que l’attaque avait été préparée et menée par une femme travaillant pour les services secrets ukrainiens.

Dans la foulée de plusieurs responsables ukrainiens, le président Volodymyr Zelensky a démenti mardi toute implication de Kiev dans le décès de Daria Douguina. « Ce n’est pas notre responsabilité », a-t-il balayé lors d’une conférence de presse.

Dans un message de condoléances, le président russe Vladimir Poutine a, lui, dénoncé lundi un « crime ignoble, cruel », qui a mis fin à la vie « d’une personne brillante et talentueuse dotée d’un coeur véritablement russe ». Le chef du Kremlin lui a également remis à titre posthume l’Ordre du Courage, une importante décoration.

Eurasisme

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, s’est abstenu lundi de toute spéculation sur la responsabilité du meurtre. Il a condamné toute attaque contre des civils et souligné que Kiev avait rejeté toute participation.

« Puisque le meurtre d’un journaliste n’est même pas commenté sous cet angle-là, qui est pourtant si important pour les autorités américaines, alors Washington n’a aucun droit moral (…) de juger des droits humains dans le monde », a réagi mardi son homologue russe, Maria Zakharova, sur Telegram.

Promoteur de l' »Eurasisme », une doctrine impérialiste prônant une alliance entre l’Europe et l’Asie sous direction russe, Alexandre Douguine est visé depuis 2014 par des sanctions de l’Union européenne. Sa fille avait elle été sanctionnée début mars par les Etats-Unis.

Personnalité médiatique et polyglotte, reconnaissable à sa longue barbe, Alexandre Douguine est influent dans une partie de l’extrême droite européenne.

Surnommé par certains médias « le cerveau de Poutine », il est parfois présenté comme étant proche du président russe. Mais ce dernier ne l’a jamais soutenu publiquement et de nombreux observateurs relativisent son influence au Kremlin.

Par Le Point avec AFP

Conflit russo-ukrainien : le Congo réaffirme sa neutralité

juillet 26, 2022

Brazzaville croit en la possibilité de résoudre le conflit entre Moscou et Kiev par le dialogue et l’a réaffirmé, lundi, lors du passage du ministre russe des Affaires étrangères à Oyo.

Photo 1. Jean-Claude Gakosso et Sergueï Lavrov se prêtant aux questions des journalistes à l’issue de l’audience du chef de la diplomatie russe avec le président Denis Sassou N’Guesso, le 25 juillet à Oyo

En marge des entretiens que le ministre russe des Affaires étrangères a eus avec le président Denis Sassou N’Guesso, le 25 juillet, à Oyo, Sergueï Lavrov et son homologue congolais, Jean-Claude Gakosso, se sont exprimés sur le conflit éclaté entre l’Ukraine et la Russie depuis le mois de février dernier. 

« Opération militaire spéciale » pour Moscou, « invasion et agression d’un pays souverain » pour Kiev et les capitales occidentales, la guerre en Ukraine influence les relations internationales et divise les États. Alors que ce conflit dure depuis cinq mois, les belligérants semblent chacun faire le point de ses alliés en scrutant la moindre prise de parole des chancelleries du monde. À Oyo, le chef de la diplomatie russe s’est plutôt félicité de la position de neutralité affichée par la République du Congo depuis lors.

Une position que Jean-Claude Gakosso a expliquée par la volonté de Brazzaville de ne pas  » jeter de l’huile sur le feu  » dans un dossier aussi sensible qu’explosif. « Notre position est adossée à celle de l’Union africaine et n’a pas varié depuis l’éclatement de cette crise « , a insisté le chef de la diplomatie congolaise pour qui dans un contexte comme celui de ce conflit, la voie de la sagesse que prônent les plus hautes autorités congolaises consiste à explorer tous les mécanismes de dialogue susceptibles d’apporter l’accalmie entre les parties. 

 Si l’on est encore loin de l’apaisement souhaité, l’accord signé à Istanbul par la Russie et l’Ukraine sous la médiation de la Turquie et de l’ONU, le 22 juillet, destiné à libérer l’exportation des céréales bloquées depuis plusieurs mois est un signe qu’une lueur d’espoir peut jaillir des ténèbres de la confrontation armée. À condition que la diplomatie prenne le pas sur l’escalade.

Bien que se trouvant très loin de la zone du conflit, Brazzaville œuvre sans triomphalisme, mais avec un large esprit d’ouverture, au rapprochement des vues pouvant aider Kiev et Moscou à dialoguer et mettre un terme à cette guerre épouvantable. Jean-Claude Gakosso a justement situé le séjour de Sergueï Lavrov en terre congolaise dans cette dynamique de concertation porteuse de paix. 

Avec Adiac-Congo par Gankama N’Siah

Pas d’entente en vue pour la reprise des exportations de céréales ukrainiennes

juin 8, 2022
MM. Lavrov et Cavusoglu discutent en marchant.

Les ministres des Affaires étrangères de la Russie et de la Turquie, Sergueï Lavrov (à gauche) et Mevlüt Cavusoglu, se sont rencontrés mercredi à Ankara. Photo : Getty Images/AFP/Adem Altan

Aucun mécanisme concret permettant à l’Ukraine de reprendre l’exportation de ses céréales n’a été annoncé au terme de la rencontre entre les chefs de la diplomatie de la Russie et de la Turquie, mercredi, à Ankara.

Sergueï Lavrov et son homologue Mevlüt Cavusoglu discutaient des moyens d’établir des corridors maritimes sécurisés en mer Noire pour permettre à des navires de transporter ces denrées à l’étranger.

Un blocus naval de la marine russe empêche les navires de quitter le port d’Odessa, le plus important pour les exportations céréalières, alors que d’autres ports, dont ceux de Berdyansk et de Marioupol, sont désormais aux mains de l’armée russe.

Le blocage des céréales ukrainiennes fait flamber les prix et laisse planer le spectre d’une crise alimentaire mondiale, notamment dans plusieurs pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les marchés étant mondialisés, les répercussions se feront toutefois sentir partout dans le monde.

À la demande des Nations unies, la Turquie a proposé son aide pour escorter les convois maritimes depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines dont certaines ont été détectées jusqu’à proximité des côtes turques.

En conférence de presse après la rencontre, M. Lavrov a répété que la Russie est prête à offrir des garanties de sécurité et ne profiterait pas de la situation pour pousser son avantage sur le terrain militaire. Ce sont des garanties données par le président de la Russie, Vladimir Poutine, a-t-il déclaré.

« Nous disons tous les jours que nous sommes prêts à garantir la sécurité des navires qui quittent les ports ukrainiens […] en coopération avec nos collègues turcs. »— Une citation de  Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères des la Russie

La responsabilité de déminer les ports de la mer Noire revient toutefois à Kiev, mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky refuse catégoriquement de le faire, a-t-il ajouté.

Le gouvernement ukrainien a effectivement miné ses ports pour empêcher des débarquements russes sur ses côtes.Un terminal céréalier, dans un port.

Le terminal céréalier de Mykolaïv, photographié ici en 2013, a été détruit par des frappes russes au cours des derniers jours, a affirmé lundi Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne. Cette situation contredit les dires de Moscou, qui soutient ne pas être responsable des difficultés d’exportation, a-t-il souligné. Photo : Reuters/Vincent Mundy

Des demandes russes légitimes aux yeux des Turcs

M. Cavusoglu a rappelé que la Russie exige cependant la levée des sanctions qui frappent indirectement ses exportations agricoles, pour faciliter les exportations ukrainiennes.

« Si nous devons ouvrir le marché international ukrainien, nous pensons que lever les obstacles aux exportations russes est légitime. »— Une citation de  Mevlüt Cavusoglu, ministre des Affaires étrangères de la Turquie

Il a cité spécifiquement les exportations de céréales et d’engrais russes, qui ne sont pas directement visées par les sanctions occidentales, mais qui sont empêchées par la suspension des échanges bancaires et financiers.

Selon M. Cavusoglu, le plan de l’ONU est raisonnable et réalisable. L’Ukraine et la Russie devraient l’accepter.

À Moscou et à Kiev, les réactions n’ont été guère encourageantes.

Dans un appel avec des journalistes, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné qu’il n’y avait aucune discussion de fond sur la levée des sanctions exigées par Moscou.

Le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko, a pour sa part déclaré dans un tweet que les garanties de sécurité offertes par M. Lavrov ne sont que des paroles creuses.

« De l’équipement militaire est requis pour protéger le littoral et une mission navale [est nécessaire] pour patrouiller sur les routes d’exportation. La Russie ne peut pas utiliser les corridors pour le grain pour attaquer le sud de l’Ukraine. »— Une citation de  Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine

La véritable cause de cette crise : il s’agit de l’agression russe, pas des sanctions, a ensuite déclaré à la presse le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.

Kiev veut participer aux négociations

L’ambassadeur ukrainien en Turquie, Vasyl Bodnar, a en outre souligné qu’aucune entente ne pourra être conclue en l’absence de Kiev à la table des négociations.Des dizaines d'hommes sont assis de part et d'autre d'une table.

Les pourparlers de mercredi, à Ankara, se sont déroulés en l’absence d’une délégation ukrainienne. Photo : La Presse Canadienne/AP/Ministère des Affaires Étrangères de la Russie

Il a soutenu que la Russie demandait à pouvoir faire des vérifications sur les navires qui emprunteraient un éventuel corridor, une proposition qu’il juge irréaliste.

L’ambassadeur Bodnar a toutefois reconnu que la médiation turque était essentielle dans ce dossier.

Le porte-parole de l’administration de la région d’Odessa, Serguiï Bratchouk, a quant à lui défendu le point de vue ukrainien. Si l’Ukraine démine le port de la ville, la Russie voudra attaquer, elle rêve de parachuter des troupes, a-t-il déclaré dans un message vidéo sur Telegram.

La flotte russe de la mer Noire fera semblant de se retirer vers la Crimée annexée. Mais dès qu’on déminera les accès au port d’Odessa, la flotte russe sera là, a-t-il ajouté, en plaidant pour que les convois de céréales ukrainiennes soient escortés par les pays de l’OTAN, l’alliance militaire dont la Turquie est membre.

Des silos à grain à moitié pleins à l’aube de la récolte

Les silos à grains du territoire ukrainien contrôlé par Kyiv sont déjà à moitié pleins alors qu’approche la récolte annuelle et que la Russie continue de bloquer les ports du pays, a déclaré mercredi le chef de l’Association ukrainienne des producteurs de grains, Mykola Gorbachov.

Quelque 30 millions de tonnes de céréales sont stockées dans les territoires tenus par l’Ukraine, sur une capacité totale d’environ 55 millions de tonnes, a-t-il déclaré lors d’une conférence du Conseil international des céréales à Londres. Une capacité de stockage de 13 à 15 millions de tonnes existe dans les zones occupées par la Russie.

Sans accès à ses ports de la mer Noire, l’Ukraine pourra au mieux exporter 20 millions de tonnes de céréales l’année prochaine, les itinéraires alternatifs routiers, fluviaux et ferroviaires limitant les exportations à un maximum de 2 millions de tonnes par mois. L’an dernier, 44,7 millions de tonnes de céréales ont été exportées.

Selon M. Gorbachov, la moitié de la récolte de maïs de l’Ukraine, quatrième exportateur mondial, restera en terre si la Russie maintient son blocus des ports de la mer Noire. Je peux vous dire que nous ne trouverons pas de solution (pour) les exportations sans accès à ces ports, a-t-il affirmé.

À ces tensions s’ajoutent des accusations selon lesquelles Moscou aurait volé et exporté 600 000 tonnes de céréales ukrainiennes, et expédié par transport maritime 100 000 tonnes de céréales en Syrie, selon des preuves enregistrées par les États-Unis, a affirmé mercredi le directeur adjoint de l’Union des producteurs agricoles ukrainiens. Ces affirmations ne peuvent être vérifiées.

M. Gorbachov estime que les pourparlers russo-turcs sur la reprise des exportations ukrainiennes ne sont pas susceptibles de déboucher sur les garanties de sécurité nécessaires. Il appelle conséquemment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France à fournir un convoi sûr aux navires transportant des céréales ukrainiennes hors du pays.

Avant la guerre, Kiev exportait chaque mois 12 % du blé mondial, 15 % du maïs et 50 % de l’huile de tournesol.

Avec Radio-Canada par François Messier

Russie: Sergueï Lavrov empêché de se rendre en Serbie

juin 6, 2022
Sergueï Lavrov, assis devant un micro, avec une feuille entre ses mains.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en conférence de presse, lundi, à Moscou. Photo : La Presse Canadienne/AP/Ministère Russe des Affaires Étrangères

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a été contraint d’annuler un voyage en Serbie, lundi, après que trois pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) – la Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro – eurent décidé de fermer leur espace aérien.

Les trois pays ont expliqué leur décision en invoquant des sanctions imposées par l’Union européenne à la Russie après le déclenchement de son offensive en Ukraine, le 24 février. Le ministre Lavrov est personnellement visé par de nombreuses sanctions.

L’inconcevable s’est produit, s’est indigné M. Lavrov, lors d’une conférence de presse en ligne convoquée en urgence lundi matin. On a privé un État souverain de son droit d’exercer sa politique extérieure, a-t-il ajouté, dénonçant une mesure scandaleuse.

Du point de vue occidental, la Serbie ne doit avoir aucun choix, aucune liberté de choisir ses partenaires, a ajouté le ministre russe des Affaires étrangères. L’Occident montre clairement qu’il est prêt à utiliser tous les moyens pour mettre de la pression sur la Russie.

« Si une visite du ministre russe des Affaires étrangères est perçue en Occident comme une quasi-menace planétaire, cela veut apparemment dire que tout va très mal là-bas. »— Une citation de  Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères

De tels actes hostiles à l’égard de notre pays sont capables de causer certains problèmes […], mais ils ne peuvent pas empêcher notre diplomatie de poursuivre son travail, a réagi pour sa part le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.Une dizaine de personnes tiennent une pancarte dans un espace public.

Un petit groupe de Serbes a manifesté lundi dans la capitale, Belgrade, pour s’opposer à la venue de M. Lavrov, qui ne s’est finalement pas concrétisée. « À La Haye, pas à Belgrade », peut-on lire sur leur pancarte, en référence au siège de la Cour pénale internationale. Photo: La Presse Canadienne/AP/Darko Vojinovic

Le chef de la diplomatie russe était censé rencontrer à Belgrade le président serbe Aleksandar Vucic, son homologue Nikola Selakovic et le patriarche de l’Église orthodoxe serbe Porfirije. Étant donné la tournure des événements, M. Lavrov a indiqué avoir invité M. Selakovic à se rendre en Russie dans les plus brefs délais.

Le ministre russe a néanmoins assuré que Moscou n’entendait pas répliquer. En ce qui concerne d’éventuelles ripostes, on ne va pas faire quoi que ce soit qui risque de compliquer davantage les liens entre les peuples, a-t-il dit.

Ce n’est pas la première fois que M. Lavrov est empêché de voyager à l’extérieur de la Russie depuis le début de la guerre. Le 1er mars, il avait dû annuler une visite en Suisse et s’était résigné à prononcer un discours par vidéoconférence au Conseil des droits de l’homme. Plusieurs pays, dont le Canada, avaient boycotté ce discours.

À Belgrade, le ministre serbe de l’Intérieur, Aleksandar Vulin, a déclaré qu’il regrettait profondément l’obstruction à la visite de M. Lavrov, qu’il a décrit comme un grand ami avéré de la Serbie.

« Un monde dans lequel les diplomates ne peuvent pas rechercher la paix est un monde dans lequel il n’y a pas de paix. Ceux qui ont empêché la venue de Sergueï Lavrov ne veulent pas la paix, ils rêvent de vaincre la Russie. […] La Serbie est fière de ne pas faire partie de l’hystérie antirusse, et les pays qui y participent auront le temps d’avoir honte. »— Une citation de  Aleksandar Vulin, ministre de l’Intérieur de la Serbie

Malgré la guerre en Ukraine, la Serbie maintient de bonnes relations avec la Russie, et n’a pas adopté de sanctions à son encontre. Les deux pays de culture slave sont des alliés de longue date. Depuis la chute de l’Union soviétique, Moscou a notamment appuyé les revendications serbes dans le dossier du Kosovo.

La Serbie est également très dépendante du gaz russe. La semaine dernière, elle a signé avec Moscou un accord qui prolonge de trois ans son approvisionnement en gaz, alors même que la presque totalité des pays de l’Union européenne, à laquelle Belgrade veut adhérer, disent vouloir trouver de nouveaux fournisseurs.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press et Reuters

Chinois et Russes avancent leur vision d’un nouvel ordre mondial

mars 30, 2022

Les ministres chinois et russe des Affaires étrangères, Wang Yi et Sergueï Lavrov (archives) Photo: AP

Un ordre mondial « plus juste ». Cinq semaines après l’invasion de l’Ukraine, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a obtenu mercredi auprès de son allié chinois une réaffirmation de l’amitié « sans limites » des deux pays face aux États-Unis.

Face à la résistance ukrainienne et à l’unité des démocraties occidentales, qui ont pris des sanctions sans précédent contre elle, la Russie ne peut compter que sur la puissance chinoise pour échapper à un isolement économique total.

Dans ce contexte, Sergueï Lavrov a profité d’un entretien bilatéral dans l’est de la Chine avec son homologue Wang Yi pour annoncer l’avènement du nouvel ordre mondial rêvé par les deux pays.

Nous vivons une étape très sérieuse dans l’histoire des relations internationales, a-t-il déclaré, dans une vidéo de l’entretien diffusée par son ministère.

Je suis convaincu qu’à l’issue de cette étape, la situation internationale sera nettement plus claire et que nous […] nous dirigerons vers un ordre mondial multipolaire, juste, démocratique, a-t-il lancé à son hôte.

Dans un communiqué diffusé par Moscou, les deux pays ont annoncé vouloir poursuivre l’approfondissement de la coordination en politique étrangère et élargir l’action commune, mais sans annoncer de mesures concrètes de soutien de la Chine à la Russie.

Les puissances occidentales ont mis en garde Pékin contre tout soutien au régime du président russe Vladimir Poutine qui permettrait à Moscou d’atténuer l’impact des sanctions.

Les entreprises chinoises font preuve de prudence dans leurs échanges avec la Russie, de peur d’être frappées indirectement par ces sanctions.

M. Lavrov a donc dû se contenter d’une réaffirmation du caractère illimité de l’amitié entre les deux pays face au rival américain commun.

La coopération sino-russe est sans limites. Notre recherche de la paix est sans limites, notre défense de la sécurité est sans limites, notre opposition à l’hégémonie est sans limites, a énuméré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, interrogé sur la visite du ministre russe.

Depuis le 24 février, Pékin s’est refusé à condamner l’invasion de l’Ukraine.

Début mars, Wang Yi avait même salué une amitié solide comme un roc avec Moscou et défendu les préoccupations raisonnables de la Russie pour sa sécurité.

Quelques semaines avant la guerre, Vladimir Poutine avait lui-même été chaleureusement reçu par son homologue chinois Xi Jinping à Pékin. Les deux pays avaient alors célébré une amitié sans limites et dénoncé l’extension de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN.

Sergueï Lavrov doit participer en Chine à deux jours de réunions sur l’Afghanistan, durant lesquelles il devrait côtoyer un diplomate américain.

Pékin et Moscou ont vu dans le départ des forces américaines de Kaboul une preuve de l’affaiblissement de l’Amérique.

La réunion, organisée à Tunxi (est), dans la grande région de Shanghai, rassemble sept pays voisins de l’Afghanistan. Le chef de la diplomatie des talibans au pouvoir à Kaboul, Amir Khan Muttaqi, est également attendu, selon l’agence Chine nouvelle.

Parallèlement doit se tenir une réunion d’un mécanisme de consultation sur l’Afghanistan, avec la participation de diplomates de la Chine, de la Russie, du Pakistan, mais aussi des États-Unis.

Selon un porte-parole du département d’État américain, le représentant spécial de Washington pour l’Afghanistan, Tom West, doit assister à la réunion.

Ces rencontres surviennent une semaine après une visite de Wang Yi à Kaboul, pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir des fondamentalistes islamistes en août dernier.

La Chine partage une petite frontière de 76 kilomètres à très haute altitude avec l’Afghanistan.

Pékin craint depuis longtemps que son voisin devienne une base de repli pour les séparatistes et islamistes de l’ethnie ouïgoure, majoritaire dans sa vaste région du Xinjiang (nord-ouest).

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

L’empoisonnement de Skirpal pouvait être « dans l’intérêt » de Londres

avril 2, 2018

La bannière étoilée flotte à l’entrée de l’ambassade américaine de Moscou, le 2 avril 2018

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a affirmé lundi que l’empoisonnement de l’ex-agent double Sergueï Skripal au Royaume-Uni pouvait être « dans l’intérêt » de Londres pour détourner l’attention du Brexit au sein de la population britannique.

L’empoisonnement « pouvait être dans l’intérêt du gouvernement britannique, qui s’est trouvé dans une position inconfortable en étant dans l’incapacité de remplir ses promesses faites aux électeurs sur les conditions du Brexit », a déclaré M. Lavrov lors d’une conférence de presse.

« Cela pouvait aussi être dans l’intérêt des services spéciaux britanniques, qui sont connus pour leur capacité à agir avec permis de tuer », a-t-il poursuivi.

Selon lui, Moscou n’avait aucune raison à la veille de la présidentielle et à quelques mois de la Coupe du monde de football organisée en Russie d’empoisonner son ex-espion, qui avait été condamné pour trahison avant de faire l’objet d’un échange de prisonniers en 2010.

M. Lavrov a également critiqué la décision de pays occidentaux d’expulser des diplomates russes de leur territoire, ce qui a provoqué une riposte symétrique de Moscou.

« Lorsqu’on a pas de preuves (de l’implication de Moscou dans l’empoisonnement, ndlr), alors on se venge sur les diplomates », a-t-il déclaré, ajoutant que la Russie allait continuer à appliquer le « principe de réciprocité » dans ses relations avec les Occidentaux.

Le chef de la diplomatie russe a également accusé la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et leurs alliés d’avoir « perdu toute décence » et de « recourir à des mensonges et de la désinformation purs et simples ».

M. Lavrov a ajouté que la Russie avait « de nombreuses questions » concernant cette affaire et que « l’incapacité de la Grande-Bretagne à y répondre signifiera que tout cela n’est qu’une invention et plus concrètement une provocation flagrante ».

L’empoisonnement avec un agent innervant le 4 mars sur le sol britannique de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia suscite depuis mi-mars une vague historique d’expulsions croisées de diplomates – au total environ 300 – entre la Russie et des pays occidentaux.

Londres impute la responsabilité de cet empoisonnement à Moscou qui nie toute implication.

Romandie.com avec(©AFP / 02 avril 2018 15h05)                

États-Unis: La Maison Blanche furax après la publication de photos par le Kremlin

mai 11, 2017

Washington – L’administration américaine se trouvait jeudi de nouveau dans l’embarras après la publication par le Kremlin de photos gênantes d’une rencontre à huis clos entre le président Donald Trump et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Les clichés montrent un Donald Trump souriant en train de serrer la main de M. Lavrov et de l’ambassadeur russe à Washington Sergueï Kisliak, posant également à leurs côtés, lors d’une rencontre mercredi dans le prestigieux Bureau Ovale.

Cet entretien était déjà perçu comme un joli coup diplomatique pour le Kremlin: un accueil avec tapis rouge à peine quelques mois après la mise en place de sanctions américaines contre la Russie pour son ingérence dans l’élection présidentielle de 2016.

Des diplomates expérimentés s’interrogeaient jeudi sur les raisons pour lesquelles le président avait accepté de recevoir les deux dignitaires russes, un honneur d’ordinaire réservé aux chefs d’Etat et d’autant plus mal venu qu’ils sont au coeur même d’un vaste scandale politique aux Etats-Unis.

L’administration reste en effet engluée dans des accusations de collusion entre l’entourage de M. Trump et des responsables russes, dont M. Kisliak, pour favoriser sa candidature face à sa concurrente démocrate Hillary Clinton. Trois enquêtes –au Congrès et au FBI– sont en cours à ce sujet.

La diffusion de ces photos participe à l’impression que la Russie a remporté une victoire diplomatique et que la Maison Blanche a été manipulée.

« Félicitations Kollegi (collègues) d’avoir obtenu ces photos! Enorme coup », a déclaré Michael McFaul, ex-ambassadeur américain à Moscou.

En public, la Maison Blanche tente de garder la tête haute: « Il est normal qu’il rencontre le ministre des Affaires étrangères », a déclaré Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de l’exécutif, vilipendant les critiques.

Mais, en privé, les responsables de la Maison Blanche bouillaient face à ce qu’ils considéraient comme un abus de confiance.

Selon eux, le président russe Vladimir Poutine a réclamé cette rencontre entre son ministre et M. Trump, en réciproque à son récent entretien avec le secrétaire d’Etat Rex Tillerson à Moscou.

La Maison Blanche avait été informée qu’un photographe officiel russe serait présent, laissant entendre que les clichés seraient pour les archives mais n’avaient pas vocation à être diffusés immédiatement.

« Notre photographe officiel et le leur étaient présents, c’est tout », a indiqué un assistant peu après la rencontre.

Mais lorsque les images ont été publiées dans le monde entier par l’intermédiaire d’un média public russe, la fureur s’est emparée de la Maison Blanche d’avoir ainsi été trompée. Deux responsables ont reconnu ne pas avoir été prévenus de leur publication.

L’amiral Mike Rogers, directeur du service d’écoute et d’espionnage NSA, a indiqué jeudi lors d’une audition au Congrès, ne pas avoir été personnellement consulté concernant un éventuel risque de cyber-intrusion ou de piratage des communications lié à cet entretien dans le Bureau Ovale, et ne pas avoir connaissance que la NSA ait été consultée.

Cette rencontre est intervenue juste quelques heures après le limogeage surprise par le président américain du patron du FBI James Comey, dont les services sont chargés d’enquêter sur l’éventuelle collusion entre la campagne Trump et les Russes.

La présence dans le Bureau Ovale de M. Kisliak n’a fait qu’exacerber le malaise puisque ses contacts avec plusieurs proches de M. Trump sont au coeur des soupçons de collusion.

Ainsi, Michael Flynn a été contraint de démissionner mi-février de son poste de directeur à la sécurité nationale pour n’avoir pas révélé ses échanges avec l’ambassadeur russe.

Romandie.com avec(©AFP / 11 mai 2017 20h14)                                            

Washington s’inquiète auprès de Moscou de son éventuel engagement militaire en Syrie

septembre 5, 2015

Washington – Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a appelé samedi son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui exprimer l’inquiétude des Etats-Unis quant à un éventuel engagement militaire de Moscou en Syrie, a indiqué le département d’Etat.

Le secrétaire d’Etat a dit clairement que si de telles informations étaient exactes, ces actions pourraient provoquer une escalade du conflit, a fait valoir la diplomatie américaine en rapportant la conversation téléphonique entre les deux ministres.

D’après le département d’Etat, M. Kerry a précisément parlé avec son interlocuteur d’informations évoquant une montée en puissance militaire russe imminente en Syrie.

Si tel était le cas, cela pourrait conduire à davantage de pertes de vies innocentes, à une augmentation du flot de réfugiés et à un risque de confrontation avec la coalition contre l’Etat islamique opérant en Syrie, s’est encore alarmé Washington qui pilote depuis un an des frappes militaires contre le groupe armé jihadiste en Syrie et en Irak.

Vendredi, le président russe Vladimir Poutine avait affirmé qu’il était encore trop tôt pour parler d’un engagement militaire de la Russie en Syrie pour combattre l’EI. Il est prématuré de dire que nous sommes prêts à y aller là, tout de suite, a déclaré M. Poutine en rappelant toutefois que Moscou vendait depuis longtemps des armes au régime du président syrien Bachar al-Assad.

Samedi matin, la diplomatie russe avait également rendu compte de la conversation Kerry-Lavrov à l’initiative américaine, mais pas dans les même termes, insistant sur la lutte contre l’EI.

Les chefs de la diplomatie russe et américaine ont également parlé de la coopération entre Moscou et Washington pour soutenir les efforts de l’ONU visant à lancer un processus politique en Syrie, selon le ministère russe des Affaires étrangères.

MM. Lavrov et Kerry se sont mis d’accord pour poursuivre des contacts étroits sur le règlement du conflit syrien qui a fait plus de 240.000 morts depuis mars 2011 et des millions de réfugiés et déplacés.

Le département d’Etat a confirmé que les discussions américano-russes continueraient fin septembre à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.

Ces dernières semaines, des consultations diplomatiques se sont multipliées pour trouver une sortie de crise en Syrie, comme lors d’une rencontre tripartite inédite le 3 août à Doha entre les chefs de la diplomatie américaine, russe et saoudienne.

Les ministres saoudien et iranien des Affaires étrangères ont été ensuite reçus à Moscou, de même que les représentants de la très hétérogène opposition syrienne (opposants en exil, opposants de l’intérieur et opposants tolérés par Damas).

Moscou, qui soutient avec force le régime de Damas, prône une coalition élargie comprenant les pays de la région mais aussi l’armée régulière syrienne pour lutter contre le groupe EI.

Le président Barack Obama a de son côté reçu vendredi à la Maison Blanche le roi Salmane d’Arabie saoudite et la Syrie a dominé leurs entretiens. Les deux alliés prônent une solution politique dans ce pays en guerre, qui comprenne un départ du président Assad.

Romandie.com avec(©AFP / 05 septembre 2015 19h44