Trois-Rivières — Une candidature conjointe de Shawinigan et Trois-Rivières pour les Jeux du Canada de 2029 ou 2033 entraînerait d’importantes retombées, mais ce sont d’abord les citoyens des deux principales villes de la Mauricie qui y trouveraient leurs comptes. À Sherbrooke, les Jeux de 2013 ont laissé un riche héritage sur le plan sportif, avec des infrastructures qui servent à tous, huit ans plus tard.

© ARCHIVES LA TRIBUNE, IMACOM, JESSICA GARNEAU La ville de Sherbrooke a profité de la tenue des Jeux du Canada en Estrie, il y a huit ans, pour rajeunir quelques-uns de ses plateaux sportifs.
Terrain de soccer en gazon naturel, piscine mise aux normes des grandes compétitions nationales, rayonnement à l’échelle canadienne: la capitale de l’Estrie a profité de la tenue des Jeux pour rajeunir quelques-uns de ses plateaux de sports.
«On a laissé plusieurs legs à la ville, que ce soit financier, pour les infrastructures mais aussi sur le plan social. Ç’a été une belle patente», sourit le grand manitou de Sherbrooke 2013, Luc Fournier, aujourd’hui à la direction générale de Sports Québec.
Le budget de son organisation à l’époque tournait autour de 50 M$: 30 M$ en opération, 20 M$ en immobilisations.
«On a engrangé un surplus d’environ 2 millions, que nous avons versé dans un fonds destiné à soutenir le sport amateur à Sherbrooke et dans les environs. Quand je parle de legs social, c’est ça. On a également attiré 6000 bénévoles. C’était si populaire qu’on a dû arrêter le recrutement à un certain moment!»
L’expérience fut concluante, si bien que Sherbrooke a dit oui à l’organisation des Jeux du Québec d’hiver de 2024.
À Trois-Rivières, on fait le même jeu, mais à l’inverse: la capitale régionale désire attirer les Jeux du Québec d’été en 2025, avant de s’allier à sa voisine de Shawinigan pour les Jeux du Canada, quatre ans plus tard.
«On voit ces deux candidatures comme une continuité», témoigne la directrice de la culture, des loisirs et de la vie communautaire à la Ville de Trois-Rivières, Sophie Desfossés.
«C’est certain qu’on veut avoir les Jeux du Québec pour ensuite aller chercher ceux du Canada. On envoie un message clair», renchérit le maire de Trois-Rivières Jean Lamarche, qui est apparu confiant aux côtés de son homologue de Shawinigan, Michel Angers, lors d’une conférence de presse tenue jeudi matin au Complexe sportif Alphonse-Desjardins.
Lamarche et Angers ont été convaincus, à l’image de leur conseil municipal respectif, d’entrer dans la course des Jeux du Canada à la suite de représentations faites par un petit comité formé d’intervenants du milieu sportif et des affaires.
L’entrepreneur Claude Villemure de Shawinigan en est le responsable. Il s’entoure des ex-olympiens Éric Bédard (patinage de vitesse courte piste) et Marie-Ève Nault (soccer), de même que d’Éric Piché, François Bordeleau, Gena Déziel et Michel Morissette.
Claude Villemeure raconte avoir eu l’idée d’organiser les Jeux au lendemain de la réouverture des bars et terrasses, en juin 2020. «Nous avions eu une soirée de fou, mais une très belle collaboration entre les deux grandes villes de la Mauricie. J’ai appelé le maire Angers pour lui partager mon idée. C’est là que c’est né!»
La route est longue
Comme DG de Sports Québec, Luc Fournier se dit heureux de constater l’intérêt de la Mauricie pour les Jeux du Canada. Il admettait toutefois sa surprise face à l’objectif de 2029 ou 2033.
«Le principe des Jeux veut qu’il y ait un cycle potentiel de 26 ans entre les provinces et les territoires, donc le tour du Québec viendrait plus tard. Tant mieux si le Conseil des Jeux du Canada est ouvert à modifier ce système de rotation. Si des petites provinces et des territoires décident de passer leur tour, c’est sûr que ça avantage des provinces comme le Québec.»
En théorie, le Nouveau-Brunswick doit accueillir les Jeux de 2029. On saura vers l’automne si ce sera bien le cas. Sinon, le Québec pourrait se manifester. Il y a Trois-Rivières et Shawinigan qui visent une candidature conjointe, mais il semble qu’au moins une autre ville pourrait entrer en concurrence avec elles.
«Les candidatures conjointes n’ont pas toujours été synonymes de succès aux Jeux du Canada», avertit Luc Fournier, en citant l’exemple de l’Île-du-Prince-Édouard (Summerside et Charlottetown).
«Shawinigan et Trois-Rivières devront présenter des aspects très vendeurs. En 2013, Lévis, Thetford Mines et St-Georges voulaient aussi les Jeux du Canada ensemble, mais au bout d’un an, on a réalisé que les chances de réussir étaient minces. Le voyagement des athlètes posait problème.»
Fournier concède que la proximité entre Shawinigan et Trois-Rivières constitue un avantage que ce trio n’avait pas, à l’époque. «Je ne dis pas que c’est impossible, je les invite seulement à la prudence. Ça prend un dossier étoffé.»
Plus de championnats canadiens?
Les deux villes aimeraient d’ailleurs attirer des championnats canadiens au cours des prochaines années, peu importe la discipline, afin de préparer leur dossier pour la compétition majeure qu’elles reluquent.
«C’est ce qu’ils ont fait à Sherbrooke avant d’avoir les Jeux de 2013. Ils ont fait leurs preuves», mentionnait jeudi Claude Villemure.
Il n’y a aucun doute que les institutions d’enseignement seraient mises à contribution. On pense à la piscine de l’UQTR, actuellement en rénovation. Il y a aussi des besoins en athlétisme ainsi que pour des terrains de baseball. Bref, il y a beaucoup de chantiers. Mais la volonté y est.
«Ce serait un legs extraordinaire. Si on parvient à amener les Jeux du Canada en Mauricie, on aura des infrastructures de qualité pour des années. Et c’est tout le monde qui va en tirer profit», croit Éric Bédard.
Jean Lamarche abonde dans ce sens. «On a développé une offre intéressante dans les milieux de la culture et des affaires au cours des dernières années. On aimerait mettre le cap vers le tourisme sportif.»
Le maire de Trois-Rivières a aussi affirmé qu’une piscine municipale pourrait faire partie des plans en vue du montage du dossier des Jeux du Canada. L’organisation de cette compétition vient avec d’importantes subventions gouvernementales.
Avec Louis-Simon Gauthier – Le Nouvelliste