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Disparition de Sindika Dokolo : les arts africains perdent leur « héraut »

octobre 30, 2020
L’homme d’affaires et collectionneur d’art congolais Sindika Dokolo est décédé, le 29 octobre, à la suite d’un accident de plongée.

Mécène, collectionneur, militant, l’homme d’affaires s’est imposé en une trentaine d’années comme un soutien indispensable à la création sur le continent.

L’artiste camerounais Omraam Tatcheda n’a jamais rencontré Sindika Dokolo. Pourtant, le collectionneur congolais a joué un rôle décisif dans sa carrière. « J’avais terminé mes études aux Beaux-Arts de Bologne, en Italie, depuis moins d’un an lorsque Sindika a acquis l’une de mes pièces, se souvient le peintre. Je n’étais pas connu, j’avais participé à une seule biennale… et pourtant il a déboursé 80 000 euros pour acheter l’une de mes pièces ! Aujourd’hui, qui va prendre sa place ? Les Africains qui ont de l’argent préfèrent en général s’acheter des voitures de luxe ou des châteaux… Rares sont ceux qui viennent en aide aux créateurs contemporains. »

« Il avait cette démarche très rare en Afrique de donner aux artistes la place qu’ils devraient avoir, estime comme en écho l’artiste franco-camerounaise Beya Gille Gacha, dont les œuvres ont été exposées à Rome près de pièces de la collection de Dokolo. Il n’a jamais arrêté de rencontrer des artistes, de tenter de les mettre en avant, c’est l’une des rares personnalités du monde des affaires et de la politique africaine qui pouvait inspirer les autres décideurs africains. »

Amateur précoce

Tandis que les sites d’information en continu pointent l’implication de l’homme d’affaires dans les Luanda Leaks, le monde de l’art, unanime, célèbre l’impact décisif que cet amateur précoce (il a commencé sa collection à 15 ans) et généreux a eu sur la création, et notamment la création africaine.

La commissaire d’exposition germano-camerounaise Marie-Ann Yemsi rappelle ainsi que s’il a d’abord acquis en bloc les quelque 500 œuvres de l’homme d’affaires allemand Gans Bogatzke (essentiellement des œuvres contemporaines africaines, de qualité très inégale), il n’a eu de cesse, ensuite, d’acheter des œuvres aux artistes africains, portant à plus de 3 000 le nombre de pièces accumulées dans sa collection, exposée entre autres à Luanda, dans la fondation qui porte son nom.

« Ce n’était peut-être pas un pionnier, mais c’était un homme impliqué depuis plus de vingt ans, et qui portait un vrai regard sur l’Afrique et sa création contemporaine, estime-t-elle. Son soutien aux artistes et à l’écosystème artistique africain a été massif, décisif. Il était très soucieux que des collections d’art contemporain puissent éclore sur le continent et qu’elles soient présentées aux Africains. En cela il a été indispensable. Il a forcément suscité des vocations. Beaucoup de gens ont été très contents de profiter de cette manne financière… et un peu silencieux lorsqu’il a eu des ennuis. »

Une nouvelle génération

Pour la commissaire d’exposition, Sindika Dokolo incarnait une nouvelle génération, fière, indépendante, qui ne voulait plus recevoir de leçons du monde occidental. Sa dernière exposition, IncarNations, présentée de juin à octobre 2019 au Palais des beaux-arts de Bruxelles, se voulait d’ailleurs « afrocentrée » : il invitait les Africains à apprendre à se regarder à nouveau en faisant fi du voile d’exotisme et du discrédit jeté par les anciens colonisateurs sur le continent.

Simon Njami, commissaire d’exposition, critique d’art camerounais, qui a aidé – avec l’artiste Fernando Alvim – l’homme d’affaires à constituer sa collection, rappelle la sincérité de son engagement. « J’ai rencontré Sindika à l’occasion de la présentation d’Africa Remix… Il m’a dit : ‘C’est la première fois que je vois une galerie africaine dans un grand musée. Je ne pensais pas que ce serait possible, je m’aperçois qu’il y a encore du travail à faire !’ Et nous l’avons fait. »

SE PASSER DES PRÉBENDES QUE PROPOSENT LES OCCIDENTAUX À L’AFRIQUE

« Il a su donner l’impulsion en Angola notamment… Et dans bien d’autres pays, ajoute Njami. Sans la Fondation Sindika Dokolo, il n’y aurait pas eu de pavillon africain à la Biennale de Venise en 2007. Le pavillon a été monté sans apport financier européen, ou extra-africain. Il fallait pouvoir se passer des prébendes que proposent les Occidentaux à l’Afrique. »

Et de conclure : « Il estimait aussi que l’on ne peut pas s’occuper de contemporain en laissant de côté le patrimoine, de là son idée de rapatrier le maximum d’œuvres pour en faire profiter les Africains. Il n’a jamais été un ‘pleureur’ qui mettait tout sur le compte de l’histoire, il posait des actes. »

Sindika Dokolo n’hésitait pas à mettre la pression sur les collectionneurs occidentaux accusés de posséder des œuvres volées. « Je sais précisément qui possède quoi, ici, à Bruxelles. Je connais leurs adresses, je sais qu’ils feront le bon choix », nous avait-il expliqué lors de l’exposition IncarNations, profitant d’une tribune médiatique. Il avait notamment rendu une vingtaine d’œuvres issues de pillages pratiqués lors de la guerre civile angolaise au musée de Dundo, en Angola.

« Fin, engagé, percutant »

« On a perdu un héraut, quelqu’un de fin, d’engagé, de percutant, soupire à Abidjan Alain Kablan Porquet, amateur d’art passionné et collectionneur depuis plus de vingt ans. Ce n’était pas un vieux monsieur à la bedaine triomphante, un aigri qui se bat perpétuellement contre le grand méchant Occident. C’était un vrai connaisseur qui mettait du sens dans la lecture d’un passé chahuté. Un homme beau, jeune, élégant, ce qui compte dans cette société de l’image, qui incarnait un combat légitime. »

Avec Jeune Afrique par Léo Pajon

RDC-Angola – Décès de l’homme d’affaires Sindika Dokolo

octobre 30, 2020
Isabel dos Santos aux côtés de son époux Sindika Dokolo, au Portugal en mars 2015 (photo d'illustration).

L’homme d’affaires et collectionneur d’art congolais Sindika Dokolo est décédé, le 29 octobre, à la suite d’un accident de plongée.

Sindika Dokolo est décédé, ce jeudi 29 octobre à Dubaï, où il résidait, à la suite d’un accident de plongée. L’information a été confirmée à Jeune Afrique par plusieurs membres de sa famille.

Dandy cultivé et homme d’affaires avisé, Sindika Dokolo était aussi un observateur attentif de la scène politique régionale. Il était âgé de 48 ans.

Il était depuis 2002 l’époux d’Isabel dos Santos, la fille de l’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos, au pouvoir de 1979 à 2017.

Intelligent et ambitieux

Il était aussi le fils de l’homme d’affaires Augustin Dokolo Sanu, dont il avait hérité en 2001. Aux côtés de sa femme, Hanne Kruse, une Danoise épousée en 1968, ce patriarche mukongo avait édifié l’un des plus vastes empires économiques du Zaïre de Mobutu, avec pour fleuron la Banque de Kinshasa.

Sindika Dokolo lui-même avait grandi entre l’Afrique et l’Europe. Intelligent et ambitieux, il avait construit carrière et fortune aux côtés de son épouse Isabel dans le pétrole, les diamants (via De Grisogono), la distribution, le ciment, et la téléphonie. Collectionneur d’art, il plaidait pour que les œuvres d’art pillées soient restitués aux musées africains.

En 2017, alors que le mandat de Joseph Kabila arrivait à son terme et que celui-ci entretenait le mystère sur ses intentions, Dokolo avait fondé le mouvement citoyen « Congolais debout » et appuyé financièrement d’autres organisations et personnalités proches de l’opposition.

Luanda Leaks

Son épouse était récemment tombée dans le collimateur de la justice en Angola et au Portugal, où les avoirs du couple, estimés à plusieurs milliards de dollars, sont gelés.

En début d’année, les Luanda Leaks ont aussi exposé les dessous de l’empire financier du couple. En août, le demi-frère de sa femme, José Filomeno dos Santos, avait pour sa part été condamné à cinq ans de prison pour fraude, blanchiment d’argent et trafic d’influence dans le cadre d’un projet de constitution d’un fonds d’investissement quelques mois avant le départ de son père de la présidence angolaise.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnalités ont commencé à lui rendre hommage, rappelant son combat pour « l’instauration d’un État de droit » en RDC et son engagement pour le respect de l’identité africaine

Avec  Jeune Afrique par Stanis Bujakera Tshiamala– à Kinshasa

RDC/Kinshasa: Sindika Dokolo honore Rossy Mukendi et Franck Diongo

mai 11, 2019

 

Publiée le 10 mai 2019 par Pater Tiani RDCTV

RDC : de retour à Kinshasa, Sindika Dokolo va rencontrer Félix Tshisekedi

mai 9, 2019

Sindika Dokolo, à Kinshasa avec des militants de son mouvement Les Congolais debout, le mercredi 8 mai 2019. © DR / Twitter Les Congolais Debout 

L’homme d’affaires et beau fils de l’ancien président angolais José Eduardo dos Santos, Sindika Dokolo est rentré à Kinshasa mardi. Il affirme être rentré pour « accompagner le changement ». Une rencontre avec le nouveau président de la République « est prévue ce jeudi ou dans les prochains jours », affirment ses proches.

« Finalement à Kinshasa, parmi les miens, mes compagnons de lutte, Congolais(es) Debout ! C’est une grande fierté d’appartenir à un groupe de compatriotes courageux, déterminés, engagés pour la cause nationale ». Sindika Dokolo, rentré à Kinshasa dans la nuit de mardi à mercredi, ne cachait pas sa joie, hier, sur les réseaux sociaux.

L’hommes d’affaires, qui vivait en exil depuis 2014, est rentré à Kinshasa dans la nuit de mardi à mercredi. « Un exil forcé, Sindika Donkolo a été persécuté par le régime de Kabila », insiste Herve Diakiesse, porte-parole du mouvement citoyen Les Congolais debout (LCD), que Dokolo a créé en août 2017, depuis l’étranger, pour tenter de contrer le maintien de Joseph Kabila au pouvoir et exiger l’organisation des élections.

Une rencontre avec Félix Tshisekedi

Le retour de Sindika Dokolo va « permettre à son mouvement de redéfinir sa stratégie au regard de la situation actuelle », a précisé à Jeune Afrique Cédric Mala, coordonnateur du mouvement qui a lui-même passé 16 années en exil. Il a par ailleurs annoncé « la tenue prochaine d’un congrès » de LCD. Selon l’entourage de l’homme d’affaires, une rencontre entre ce dernier et le président Félix Tshisekedi « est prévue ce jeudi, ou, à défaut, dans les prochains jours ».

Page d’accueil du « mouvement citoyen » « les Congolais debout », lancé par l’homme d’affaire Sindika Dokolo. © DR

Nous devons nous adapter à la situation, pour mieux aider et conseiller la population

« Notre mouvement ne change pas de vision. Le congrès que nous allons bientôt tenir nous permettra de définir les nouvelles lignes directrices », détaille Cédric Mala. « Aujourd’hui, Joseph Kabila n’est plus président, mais son système reste présent. Nous devons nous adapter à la situation, pour mieux aider et conseiller la population ».

Sindika Dokolo a plusieurs fois déclaré que sa priorité, une fois de retour dans son pays, serait de relancer la banque crée par son père, Augustin Dokolo Sanu, lui aussi connu pour être un grand collectionneur d’art, qui fut le premier Africain à créer une banque dans les 1970, sous l’ère Mobutu.

Époux d’Isabel dos Santos, qualifiée de « femme la plus riche d’Afrique » et désormais aux prises avec plusieurs affaires judiciaires, Sindika Dokolo est par ailleurs le gendre de l’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos.

Proximité avec Katumbi et déboires judiciaires

Il y a un an, il ne cachait pas ses doutes sur la volonté de Joseph Kabila de lâcher le pouvoir. « Joseph Kabila n’organisera jamais un scrutin qui pourrait lui faire perdre le pouvoir. Il est illusoire de croire que l’on peut lui faire entendre raison. La seule solution, c’est de le contraindre à remettre son tablier. C’est ce qui est arrivé à Mobutu à bord de l’Outenica, à l’issue de la guerre. Pour Kabila, il faut faire en sorte que cet Outenica arrive par des voies politiques et diplomatiques », lâchait alors Dokolo, qui n’a jamais caché son admiration pour l’opposant Moïse Katumbi – « Il est l’antidote à Kabila, le seul qui lui fasse véritablement peur » -, qui a, lui aussi, annoncé son retour prochain en RDC.

Sindika Dokolo est toujours sous le coup d’une condamnation à un an de prison et 15 000 dollars de dommages et intérêts après avoir été reconnu coupable de « faux et usage de faux » dans un conflit immobilier, en juillet 2017. Mais Herve Diakiesse assure avoir bon espoir que cette page judiciaire soit rapidement tournée. « Le magistrat qui avait rendu cet arrêt se trouvant aujourd’hui en prison pour usurpation de titre de la fonction de magistrat. Cela prouve le caractère politique du dossier, et remet en cause cette condamnation », a-t-il déclaré à Jeune Afrique.

Jeuneafrique.com par Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa

RDC: Sindika Dokolo ne renonce pas

avril 23, 2018

 

Sindika Dokolo, au Royaume-Uni le 5 janvier 2017. © Kalpesh Lathigra pour JA

Son mouvement citoyen Les Congolais debout n’a pas eu le succès escompté et son influence en Angola a faibli, mais Sindika Dokolo, le mari d’Isabel dos Santos, demande toujours le départ du président Kabila. La pression, insiste-t-il, doit venir de tous les côtés.

L’entretien avait eu lieu en janvier 2017, à Londres, dans un bureau aseptisé loué à la journée. Face aux journalistes de Jeune Afrique, Sindika Dokolo avait, pour la première fois, accepté de s’exprimer sur la situation politique en RD Congo, pays de feu son père, le grand entrepreneur kongo Augustin Dokolo Sanu. Il avait dit son admiration pour l’opposant Moïse Katumbi et critiqué le président Joseph Kabila, resté au pouvoir après l’expiration de son dernier mandat constitutionnel.

Malgré ses multiples précautions oratoires, de nombreux observateurs avaient interprété ses propos comme un avertissement de Luanda à l’égard de Kabila. Époux d’Isabel dos Santos, la femme la plus riche d’Afrique, Dokolo était, il est vrai, le gendre du président angolais, José Eduardo dos Santos.

La fin du règne des dos Santos à Luanda

Réelle ou fantasmée, son influence en Angola a d’ailleurs été l’un des moteurs du mouvement Les Congolais debout, lancé en août 2017 afin d’obtenir l’alternance à Kinshasa. Mais, depuis, l’étoile de sa belle-famille a singulièrement pâli à Luanda : son beau-père n’est plus au pouvoir, et son épouse a été évincée de la tête de la Sonangol, compagnie pétrolière publique, véritable coffre-fort de l’État. Pour autant, le discours de Dokolo n’a pas varié. Il s’est même radicalisé : « Les élections n’auront pas lieu le 23 décembre, j’en prends le pari, assure-t-il aujourd’hui à JA. Joseph Kabila n’organisera jamais un scrutin qui pourrait lui faire perdre le pouvoir. Il est illusoire de croire que l’on peut lui faire entendre raison. La seule solution, c’est de le contraindre à remettre son tablier. C’est ce qui est arrivé à Mobutu à bord de l’Outenica, à l’issue de la guerre. Pour Kabila, il faut faire en sorte que cet Outenica arrive par des voies politiques et diplomatiques. »

Pour cela, Sindika Dokolo ne voit qu’une seule solution : une pression conjuguée de l’intérieur et de l’extérieur du pays – y compris de la part des voisins. Le 8 avril, il a « saisi » le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans une lettre qui a rapidement fuité. Et Luanda reste un allié, croit-il savoir. « Au-delà du président, le parti [Mouvement populaire de libération de l’Angola, MPLA] est resté au pouvoir, rappelle-t-il. Le problème, pour les pays voisins, c’est que la RD Congo est un chaudron qu’ils ont peur de voir déborder. Pour l’instant, le couvercle s’appelle Kabila, mais il y a des alternatives. La vision des Angolais est très claire : il faut qu’il y ait des élections le 23 décembre. Kabila sera surpris par leur intransigeance. »

Un ami nommé Katumbi

Proche d’Olivier Kamitatu, le porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, Dokolo rend toujours un hommage appuyé à l’ancien gouverneur du Katanga, contraint à l’exil. « C’est un ami, précise-t-il. Il est l’antidote à Kabila, le seul qui lui fasse véritablement peur. Mais Les Congolais debout est un mouvement politiquement divers. Nous soutenons Moïse Katumbi comme nous soutenons tous les Congolais dont les droits sont violés. »

Seuls, les hommes politiques congolais ne parviendront pas à lancer le changement, il en est convaincu. « Personne à Kinshasa n’ira prendre une balle pour un politicien, assure-t-il. Tous n’ont pas démérité, mais Kabila a réussi à décrédibiliser la classe politique dans son ensemble et à créer un vrai fossé entre eux et la population. »

Son espoir repose donc sur une mobilisation de la société civile. Depuis janvier, un nouvel acteur a prouvé son influence en organisant des marches très suivies : le Comité laïc de coordination (CLC), proche de la puissante Église catholique. Dokolo affirme que ses Congolais debout « travaillent beaucoup aux côtés de ce dernier à la préparation, à l’organisation et au soutien [des manifestations] ».

Hyperrépression et paranoïa

Sur le terrain, son mouvement lancé sur internet et depuis l’étranger – Dokolo vit entre Luanda et Londres – a produit peu d’effets tangibles, malgré 1,3 million d’inscrits revendiqués (un tiers appartiendrait à la diaspora). « Ce chiffre est très encourageant, se réjouit-il pourtant. Malgré la paranoïa entretenue par l’hyperrépression des services de renseignement et de sécurité, tous ces gens ont accepté de donner leur numéro de téléphone, leur e-mail et leur adresse. Ce n’est pas rien. »

Cela lui a, en tout cas, permis de constituer des cellules de professionnels, véritable originalité de son organisation. Les avocats membres (notamment Me Hervé Diakiese, son porte-parole) assurent ainsi gracieusement la défense d’Eliezer Ntambwe, animateur de la très populaire et engagée émission Tokomi Wapi ? (« où en sommes-nous ? », en lingala) : il a été arrêté le 2 avril pour « tentative d’extorsion » à la suite d’une plainte du gouverneur du Kasaï-Oriental, Ngoyi Kasanji, puis libéré la semaine suivante. « Dokolo soutient aussi discrètement, et parfois financièrement, les familles des activistes emprisonnés », assure un cadre du mouvement.

L’objectif, c’est de créer une culture citoyenne. En RD Congo, il y a un rapport à l’autorité qui ressemble à un atavisme

À plus long terme, le collectionneur d’art de 46 ans veut mener bataille sur le terrain culturel. « L’objectif, c’est de créer une culture citoyenne. En RD Congo, il y a un rapport à l’autorité qui ressemble à un atavisme. L’idée de la force du chef nous fait souvent oublier qu’il a aussi des obligations et des devoirs comme respecter la Constitution. » Ne serait-ce pas là l’embryon d’un projet politique qu’il pourrait porter en tant que candidat ? « Non. Pour cela, il faudrait déjà qu’il y ait de vraies élections. Et puis, si j’avais voulu me présenter, j’aurais créé un parti politique. Pas un mouvement citoyen. »

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RDC: Sindika Dokolo, Filimbi, la Lucha et Y’en a marre en France pour unir leurs forces

août 18, 2017

Sindika Dokolo, au Royaume-Uni le 5 janvier 2017. © Kalpesh Lathigra pour JA

Plusieurs mouvements de la société civile congolaise viennent de tenir un grand rassemblement en région parisienne. L’objectif de cette réunion, qui a duré trois jours : obtenir le départ du président Joseph Kabila avant la fin de l’année.

L’hôtel Dolce est situé au cœur de la forêt de Chantilly, à quelques encablures du château du même nom. C’est dans ce havre de paix, dans le nord de la région parisienne, que vient de s’achever, jeudi 17 août, un grand rassemblement de la société civile congolaise, débuté le 15 août en toute discrétion.

Conviés par l’Institut pour la démocratie, la gouvernance, la paix et le développement en Afrique (IDGPA), il y avait là plusieurs leaders de mouvements citoyens congolais : Floribert Anzuluni, le coordonnateur de Filimbi, Marcel-Héritier Kapitene et Gloria Senga, de la Lucha, ou encore Sindika Dokolo, le fondateur du dernier né de ces mouvements, baptisé Les Congolais debout. Ce riche homme d’affaires congolais est également l’époux d’Isabel dos Santos, PDG de la société nationale angolaise pétrolière Sonangol et fille du président José Eduardo dos Santos.

Objectif : élaborer une stratégie commune pour obtenir le départ de Kabila

Le Sénégalais Fadel Barro, figure du mouvement Y’en a marre, était également présent pour prodiguer avis et conseils, de même que des représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et des leaders de la société civile comme Georges Kapiamba (Association congolaise pour l’accès à la justice), ou Jean-Claude Katende (Association africaine de défense des droits de l’Homme).

Pendant ces trois jours, ils se sont efforcés d’élaborer une stratégie commune pour obtenir le départ du président Joseph Kabila d’ici fin 2017. Son dernier mandat constitutionnel a expiré le 19 décembre 2016, mais la Cour constitutionnelle l’a autorisé à se maintenir jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Or la date du scrutin est toujours incertaine : le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Corneille Nangaa, a reconnu que le scrutin ne pourrait probablement pas être organisé d’ici à la fin de l’année, comme initialement prévu.

Les évêques catholiques ont fait leur part du chemin en demandant aux Congolais de se mobiliser. À nous de prendre le relais

Pour les mouvements citoyens réunis, il ne s’agit plus d’attendre cet hypothétique scrutin, mais de mettre en place une transition, sans Joseph Kabila, jusqu’au scrutin. « Les évêques catholiques ont fait leur part du chemin en demandant aux Congolais de se mobiliser, explique un participant à la réunion. À nous de prendre le relais. »

Un nouveau cap ?

Les mouvements doivent rendre public un « manifeste » conjoint lors d’une conférence de presse à Paris aujourd’hui en fin de matinée. « Chaque mouvement gardera son identité propre, assure l’un des participants. Mais nous devons coordonner nos actions pour obtenir le départ de Joseph Kabila. »

Confrontés à la répression à Kinshasa, les mouvements citoyens congolais inspirés par leurs homologues sénégalais Y’en a marre et burkinabè Balai citoyen, n’ont jusqu’à maintenant pas réussi à organiser de grande manifestation en RDC.

Nous avons besoin de moyens logistiques et financiers

Mais leurs dirigeants veulent désormais franchir ce cap. « Il ne faut pas se raconter d’histoire : pour cela, nous avons besoin de moyens logistiques et financiers, confie un cadre. C’est ce que nous allons avoir cette fois. »

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RDC: « Les Congolais debout », Sindika Dokolo lance un « mouvement citoyen » pour « l’alternance en 2017 »

août 10, 2017

Page d’accueil du « mouvement citoyen » « les Congolais debout », lancé par l’homme d’affaire Sindika Dokolo. © DR

L’homme d’affaires congolais et gendre du président angolais José Eduardo dos Santos lance, ce jeudi, un « mouvement citoyen » pour « sauver la RDC en 2017 ».

Il apparaît sur fond blanc, et avec une musique allant crescendo. Avec une vidéo de deux minutes taillée pour les réseaux sociaux, l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo a lancé ce jeudi 10 août un « mouvement citoyen » baptisé « Les Congolais debout », pour « l’alternance en 2017 ». « Si, comme nous, vous pensez que la RDC souffre d’avoir été trahie par ses dirigeants, devenez un Congolais debout », clame-t-il encore.

« L’objectif est de créer un mouvement non-violent capable de conscientiser les Congolais, explique Cédric Mala, un de ses coordonnateurs, qui apparaît dans la vidéo. À terme, nous organiserons des manifestations pacifiques et des sit-in à Kinshasa. Le mouvement a mis en ligne une plateforme pour recueillir les adhésions. « Nous comptons nous appuyer sur notre maîtrise des nouvelles technologies et du marketing en ligne », ajoute Cédric Mala.

Ce mouvement se veut ouvert aux membres de tous les partis politiques et à toutes les organisations de la société civile. Sur la vidéo de lancement, on peut notamment reconnaître le député d’opposition André-Claudel Lubaya ou encore l’abbé Joseph Lukelu.

Sindika Dokolo est, depuis le début de l’année 2017, ouvertement critique envers le président Joseph Kabila, dont le dernier mandat constitutionnel a expiré en décembre 2016, sans que des élections n’aient été organisées pour lui désigner un successeur.

Initiatives citoyennes

Il est également l’époux d’Isabel dos Santos, considérée comme la femme la plus riche d’Afrique. Fille du président angolais José Eduardo dos Santos, elle dirige la société pétrolière d’Etat Sonangol. Mais Sindika Dokolo assure que son militantisme se fait indépendamment de sa famille. Il ne cache pas, en revanche, sa proximité avec l’homme d’affaire et opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle congolaise.

Ce n’est pas la première initiative du genre en RD Congo : les mouvements citoyens Lucha, fondée à Goma, et Filimbi, créé à Kinshasa, tentent déjà de mobiliser les Congolais dans une mouvance non-partisane pour mettre la pression sur le pouvoir. Confronté à la répression des autorités, ils ont pour l’instant eu un succès limité.

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