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Canada: Québec et Ottawa ferment des sites et services internet gouvernementaux

décembre 13, 2021

(Québec) Québec a ordonné la fermeture préventive de l’ensemble de ses systèmes informatiques accessibles depuis l’internet – pas moins de 3992 sites et services – à la suite de la découverte d’une faille de sécurité majeure touchant des serveurs à travers le monde.

À Ottawa, le gouvernement fédéral a décidé d’en faire autant en fermant bon nombre de services qui pourraient être vulnérables pendant que l’on évalue la situation. L’Agence du revenu du Canada (ARC) est du nombre.

« L’Agence a pris connaissance d’une vulnérabilité de sécurité qui affecte des organisations à travers le monde. Par précaution, nous avons de façon proactive pris la décision de suspendre nos services en ligne pendant que nous apportons les mises à jour nécessaires à nos systèmes. Rien n’indique à présent que les systèmes de l’Agence ont été compromis ou qu’un accès non autorisé aux informations de contribuables a eu lieu en raison de cette vulnérabilité », a indiqué l’ARC dans une déclaration.

CAPTURE D’ÉCRAN LA PRESSELe site web du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur n’était pas accessible dimanche.

Revenu Québec a également suspendu ses services en ligne, bien que son site demeure ouvert pour la consultation d’informations de base. « Rien n’indique que nos systèmes soient touchés par cette vulnérabilité, mais nous agissons proactivement afin d’en préserver l’intégrité. Nos services seront à nouveau disponibles dès que possible », peut-on lire sur son site web.

En fin de journée, dimanche, la Ville de Montréal a emboîté le pas et annoncé la suspension préventive de certains de ses services numériques.

Faille « Log4Shell »

La faille « Log4Shell » permet à un cyberpirate de faire exécuter des codes informatiques sur le serveur des organismes et de prendre le contrôle de leur système. Une bibliothèque Java de la société Apache, largement utilisée dans le monde, est concernée. À Québec, le Centre gouvernemental de cyberdéfense a pris connaissance de cette vulnérabilité le 10 décembre et a demandé à tous les responsables de la sécurité informatique de détecter cette faille dans les systèmes de l’État québécois.

« [En fin de journée samedi], nous avons convenu que la menace de préjudice était plus grande que le préjudice de fermer l’ensemble des systèmes du gouvernement accessibles depuis internet », a expliqué le ministre délégué à la Transformation numérique, Éric Caire, lors d’une conférence de presse en compagnie du dirigeant principal de l’information, Pierre Rodrigue, dimanche.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNEÉric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique

Nous étions face à une menace d’un niveau critique de 10 sur 10. Une criticité de 10 entraîne automatiquement la fermeture du système qui est visé.

Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique

Il a donc été ordonné de fermer de manière préventive les 3992 sites et services internet de l’État, une décision exceptionnelle et jamais vue au gouvernement du Québec.

« C’est l’ensemble de l’appareil public qui est visé par la directive », les ministères et les organismes publics comme parapublics, a insisté Éric Caire. L’ordre touche, entre autres, les services gouvernementaux offerts aux citoyens sur l’internet – comme ceux utilisant CLICSÉQUR – et les sites web du réseau de l’éducation et de la santé. Le système de prise de rendez-vous pour un vaccin contre la COVID-19 « a déjà été corrigé » et est accessible, et les données du passeport vaccinal ne seraient pas concernées par le danger, selon les explications du ministre.

Québec précise qu’aucune activité laissant croire qu’un pirate informatique a exploité cette faille n’a été détectée à ce jour. Il n’y aurait donc pas eu fuite de données personnelles ou d’informations sensibles du gouvernement pour le moment, par exemple.

« Il y a peut-être des gens qui ont scanné des systèmes. Ça, ça ne laisse pas de trace et on ne le sait pas. Mais il n’y a pas eu de tentative d’introduction, donc personne qui a essayé d’utiliser cette brèche pour s’introduire dans un serveur et causer du dégât. Il n’y en a pas au moment où on se parle », a affirmé Éric Caire.

Tous les ministères et organismes publics et parapublics doivent vérifier s’ils utilisent la bibliothèque Java en cause et donc si leurs systèmes informatiques sont vulnérables. « On cherche un peu une aiguille dans une botte de foin, je ne vous le cache pas ! », a lâché le ministre.

« Excusez l’expression, mais il faut scanner l’ensemble de nos systèmes, parce qu’on n’a pas un inventaire. C’est comme dire combien de pièces dans tous les immeubles du gouvernement du Québec utilisent des ampoules 60 watts. Je ne le sais pas. Donc on fait le tour des pièces et on fait le tour des ampoules pour savoir si c’est une 60 watts. C’est un travail de moine. »

Les sites et services internet seront rouverts rapidement si l’on constate qu’ils ne sont pas concernés par la faille de sécurité. Les autres devront installer un correctif informatique et vérifier ensuite si un problème persiste. « Il y a une batterie de tests à faire », a indiqué Éric Caire. Plusieurs jours seront nécessaires pour terminer l’opération et rétablir l’ensemble des systèmes informatiques. Pour le ministre, il n’est pas question de « tourner les coins ronds ».

Si des sites web du gouvernement sont accessibles en ce moment, c’est soit parce qu’ils n’ont pas encore exécuté l’ordre de fermeture – ce serait une très faible minorité –, soit parce que l’on a conclu rapidement qu’ils ne sont pas concernés par la faille ou que leurs systèmes ont été corrigés – c’est le cas pour des sites du réseau de la santé. La plateforme Québec.ca, qui utilise la bibliothèque en cause, a été fermée et remise en ligne rapidement, puisque les correctifs ont été apportés.

« Les sites critiques, plus névralgiques et utilisés, seront priorisés pour minimiser les impacts et s’assurer qu’ils sont rendus disponibles le plus rapidement possible », a indiqué le ministre Caire. Lundi, le gouvernement devrait rendre publique une liste des sites et services qui sont rouverts comme de ceux qui demeurent fermés.

Les citoyens ayant besoin d’un service offert en ligne et se butant à un site fermé devront « utiliser une autre voie de passage », et « des fonctionnaires peuvent répondre aux besoins des citoyens », s’est contenté de dire Éric Caire.

À Ottawa, la ministre de la Défense, Anita Anand, a affirmé que tout est mis en œuvre pour protéger l’intégrité des sites du gouvernement fédéral et des données confidentielles qu’ils abritent.

« Le gouvernement du Canada est au courant d’une vulnérabilité signalée par Apache. Cette vulnérabilité pourrait permettre à des auteurs malveillants de mener des attaques ciblées et à portée limitée. […] Le gouvernement du Canada dispose de systèmes et d’outils permettant de surveiller, de détecter et d’analyser les menaces potentielles, et de prendre des mesures le cas échéant. Par excès de prudence, certains ministères ont interrompu leurs services en ligne afin de procéder à l’évaluation et à l’atténuation de vulnérabilités potentielles. À ce stade, rien ne nous laisse croire que ces vulnérabilités ont été exploitées sur les serveurs gouvernementaux », a-t-elle affirmé dans une déclaration.

Le Centre canadien pour la cybersécurité a diffusé une alerte à l’intention de l’ensemble des ministères et organismes fédéraux pour qu’ils effectuent des mises à jour visant à assurer la sécurité de leurs sites.

Les gouvernements ont-ils pris la bonne décision ?

Selon Marc-Etienne Léveillé, chercheur sénior en logiciels malveillants chez ESET, entreprise de sécurité informatique, les gouvernements ont pris la bonne décision en fermant temporairement leurs sites et services. « L’impact d’avoir un site fermé pour quelques heures, pour quelques jours dans certains cas, est très minime comparativement aux risques qu’un de ces systèmes-là se fasse pirater », estime le chercheur.

La faille rend les logiciels vulnérables à l’exécution de codes à distance, explique pour sa part Jean-Philippe Décarie-Mathieu, chef de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec. « C’est la pire vulnérabilité qu’il peut y avoir. »

Avis d’experts

Les gouvernements ont-ils pris la bonne décision ?

Selon Marc-Etienne Léveillé, chercheur sénior en logiciels malveillants chez ESET, entreprise de sécurité informatique, les gouvernements ont pris la bonne décision en fermant temporairement leurs sites et services. « L’impact d’avoir un site fermé pour quelques heures, pour quelques jours dans certains cas, est très minime comparativement aux risques qu’un de ces systèmes-là se fasse pirater », estime le chercheur.

La faille rend les logiciels vulnérables à l’exécution de codes à distance, explique pour sa part Jean-Philippe Décarie-Mathieu, chef de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec. « C’est la pire vulnérabilité qu’il peut y avoir. »

Quand la faille a-t-elle été détectée ?

Des sites web spécialisés rapportent que la faille était connue de la société Apache dès le 24 novembre, après qu’un expert de l’entreprise chinoise Alibaba l’eut mise au jour, et qu’un correctif aurait été publié le 6 décembre. Les experts interrogés par La Presse indiquent pour leur part avoir été mis au courant de la faille « Log4Shell » le jeudi 9 décembre.

« Ce qui a dû se passer, c’est qu’elle n’a pas été rendue publique le 24 novembre, mais le chercheur a dû avertir Apache », croit Sébastien Gambs, professeur au département d’informatique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Selon lui, Apache a dû préférer attendre la publication d’un correctif avant de divulguer la faille au grand public, puisqu’elle n’aurait rien pu faire pour y remédier.

Les gouvernements ont-ils réagi trop tard ?

Pas selon M. Gambs. « Souvent, les mises à jour prennent quelques jours ou quelques semaines à être faites. Donc, c’est vraiment rare que les mises à jour soient faites le premier jour où le correctif sort, explique-t-il. Divulguer la faille publiquement, c’est justement une façon de dire aux gens : c’est un problème très sérieux, faites votre mise à jour. »

Qui peut exploiter la faille ?

La faille est « relativement facile » à exploiter pour ceux qui possèdent des connaissances en programmation, indique Marc-Etienne Léveillé. Des personnes malintentionnées pourraient, notamment, exécuter un logiciel malveillant sur un site web visé. Les pirates informatiques qui exploiteraient la faille « Log4Shell » pourraient aussi avoir accès à toutes les informations contenues sur un site web, dont les données personnelles qui s’y trouvent, dans le cas des sites web gouvernementaux.

La faille est-elle l’œuvre d’un pirate ?

Non, estime Marc-Etienne Léveillé. « C’est une erreur des développeurs des logiciels », croit le chercheur.

Avec Coralie Laplante et La Presse par Tommy Chouinardla et Joël-Denis Bellavancela

Chine: 13.000 sites internet fermées depuis 2015

décembre 24, 2017

La Chine a fermé ou révoqué les licences de 13.000 sites internet depuis 2015 en raison d’infractions aux règles / © AFP/Archives / GREG BAKER

La Chine a fermé ou révoqué les licences de 13.000 sites internet depuis 2015 en raison d’infractions aux règles drastiques qui encadrent l’utilisation du web, a annoncé dimanche l’agence officielle Chine nouvelle.

Près de 10 millions de comptes internet ont par ailleurs été fermés pour « violation des protocoles de service », poursuit l’agence, en faisant vraisemblablement référence à des comptes de réseaux sociaux.

« Ces actions ont un puissant effet dissuasif », a déclaré selon Chine nouvelle Wang Shengjun, vice-président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire.

La Chine a beau avoir la plus importante population d’internautes au monde, un rapport publié en octobre 2015 par l’ONG américaine Freedom House indiquait que sur les 65 pays étudiés, elle possédait une des politiques les plus restrictives en matière d’internet devant l’Iran et la Syrie.

L’internet local est en effet encadré de façon drastique par un système (« la Grande muraille électronique ») qui bloque les réseaux sociaux Facebook et Twitter, YouTube, Google, ainsi que de nombreux médias occidentaux.

Les plateformes chinoises comme le site de microblogs Weibo ou la populaire messagerie WeChat font par ailleurs l’objet d’une censure étroite, les contenus jugés « sensibles » étant promptement supprimés et certaines recherches bloquées.

Pékin défend fermement sa « cybersouveraineté » et justifie les différentes formes de censure par des impératifs de sécurité nationale.

Pour contourner ce blocage, des particuliers peuvent utiliser des « réseaux privés virtuels », souvent désignés par leur sigle anglais VPN (« virtual private network »). Ces logiciels peuvent se trouver sur internet ou sur les boutiques d’applications en ligne pour smartphones.

Un tribunal de la région autonome du Guangxi (sud) a condamné ces derniers jours un homme qui vendait ce type de logiciels destinés à contourner le blocage de sites par la censure à une lourde peine de cinq ans et demi de prison.

Romandie.com avec(©AFP / 24 décembre 2017 10h59)                

Aux Etats-Unis, Facebook accusé de « censurer » des sites conservateurs

mai 10, 2016

La page Facebook de Donald Trump.
La page Facebook de Donald Trump. Facebook
Le site américain Gizmodo a publié un article accusant Facebook de « censurer » les sites conservateurs, et notamment les sites proches de Donald Trump. L’article a soulevé de nombreuses questions sur le fonctionnement des trending topics (fenêtre de sujets tendances) du réseau social.
  • Que dit l’article de Gizmodo ?

Publié lundi 9 mai, sous le titre « Nous supprimions régulièrement des infos de droite, disent d’anciens salariés de Facebook », cet article est la deuxième partie d’une enquête menée par le site américain sur la fonctionnalité trending topics de Facebook. Cette fenêtre, disponible uniquement aux Etats-Unis, affiche une liste de sujets d’actualités très consultés sur Facebook directement dans le newsfeed, la page d’accueil de l’utilisateur de Facebook sur ordinateur.

Les « trending topics » de Facebook.

Les « trending topics » de Facebook. Facebook

Les articles de Gizmodo s’appuient sur plusieurs témoignages anonymes d’anciens sous-traitants ayant travaillé comme curateurs pour Facebook : un travail consistant à rédiger les brèves descriptions pour chaque élément de cette liste, et de les ordonner.

Ces témoins expliquent que contrairement aux affirmations de Facebook, le fil trending n’affiche pas de manière fidèle les sujets les plus lus sur le réseau social. Des sujets y sont parfois artificiellement ajoutés (dont l’attentat contre Charlie Hebdo), et certains liens peuvent être arbitrairement retirés.

Dans l’article publié le 9 mai, deux témoignages accusent certains responsables d’équipe d’avoir régulièrement censuré des sujets d’actualité concernant le Parti républicain, d’avoir interdit de donner des liens vers certains sites très conservateurs, et d’avoir supprimé des sujets liés à Facebook lui-même.

  • Que dit Facebook ?

Le responsable de l’équipe en charge des trending topics, Tom Stocky, a publié une réponse détaillée à l’article de Gizmodo.

« Nous prenons ces accusations de parti pris de manière très sérieuse et nous n’avons trouvé aucune preuve de la véracité de ces allégations anonymes, écrit-il. Nos équipes suivent des règles rigoureuses pour s’assurer qu’ils travaillent de manière neutre et fiable. Ces règles interdisent toute censure sur la base d’opinions politiques. Elles n’autorisent pas non plus le fait de mettre en avant un point de vue davantage qu’un autre. Ces règles n’interdisent pas non plus à des sites d’information spécifiques d’apparaître dans les trending topics. »« Les sujets populaires sont d’abord triés par un algorithme, puis examinés par une équipe pour confirmer qu’il s’agit bien d’informations réelles. (…) Nous demandons à nos équipes de ne pas publier d’informations fausses, de doublons, de faux ou de sujets sans sources crédibles. (…) Facebook interdit à nos employés de discriminer des sources, quelle que soit leur idéologie politique, et nous avons conçu nos outils de manière à rendre cela impossible. Les actions de nos employés sont enregistrées et examinées a posteriori, et le non-respect de ces règles peut conduire à un licenciement. »

Citant un exemple évoqué par Gizmodo, M. Stocky explique avoir vérifié si, comme l’affirmait l’article, le mot-clé #‎BlackLivesMatter‬ avait été ajouté artificiellement à la liste des trending topics au moment des émeutes de Ferguson. Il affirme que l’enquête interne montre que ce n’est pas le cas.

  • Quelles sont les limites de l’article de Gizmodo ?

Derrière son titre très affirmatif, l’article de Gizmodo reconnaît lui-même certaines limites à ce qu’il avance : le fait, par exemple, que son auteur n’ait pas été en mesure de confirmer si des « biais similaires ne s’appliquaient pas à des sites démocrates ». Par ailleurs, certains des sites conservateurs évoqués dans l’article, dont Breitbart, ne sont pas des modèles de fiabilité – des articles de ces sites ont donc pu se voir interdire l’entrée dans les trending topics non pas en raison des opinions qui y étaient développées, mais pour des sources insuffisantes ou des informations jugées trop peu crédibles.

Enfin, le premier article publié par Gizmodo sur ce sujet, et qui décrit des conditions de travail peu enviables, expliquait que si les sous-traitants travaillant sur les trending topics ont le pouvoir de bannir un sujet de la liste, « les personnes interrogées disent n’avoir constaté aucun abus ».

  • Quelles ont été les réactions des conservateurs américains ?

Elles ont été violentes. L’édition du 10 mai du quotidien conservateur New York Post titre sa « une » sur l’affaire, affirmant : « Vous ne lirez pas ça sur Facebook – le site censure l’info. »

D’autres sites de droite, et notamment l’ultraconservateur Breitbart, ont aussi crié à la censure. Plus généralement, les médias proches de Donald Trump y voient une tentative de déstabiliser leur candidat. Ils s’appuient notamment sur plusieurs déclarations de Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, qui s’est souvent montré critique face à la politique anti-immigration de Donald Trump. Cependant, Facebook fait aussi partie des sponsors de la convention républicaine – comme l’entreprise sponsorise également la convention démocrate.

Facebook tiendra aussi un stand à la convention républicaine – où l’accueil pourrait être houleux pour le réseau social. L’entreprise ne sera cependant pas la seule représentante de la Silicon Valley : Google, qui diffusera les deux conventions sur YouTube cet été, sera également présente.

Lemonde.fr