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Mali – Soldats ivoiriens détenus : Bamako rejette l’intervention de la Cedeao

septembre 16, 2022

Alors que la Côte d’Ivoire vient de hausser le ton contre le Mali et demande une réunion d’urgence de la Cedeao au sujet de ses 46 militaires toujours retenus, Bamako affirme n’être « nullement concerné ».

Assimi Goïta, en août 2022, à Bamako. © AP/SIPA

Ce mercredi, la Côte d’Ivoire avait dénoncé « le chantage inacceptable » de la junte malienne dans le dossier des soldats détenus depuis deux mois au Mali et exigeait leur libération « sans délai ». La réaction de Bamako ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, les autorités maliennes font part de leur « très grande préoccupation » et « profonde stupéfaction ».

L’affaire est « purement judiciaire et bilatérale », affirme Bamako, qui conditionne la libération de ces 46 militaires – trois militaires femmes ont été libérées le 4 septembre -, inculpés en août pour « tentative d’atteinte extérieure à la sécurité de l’État », à l’extradition de personnalités maliennes vivant sur le sol ivoirien.

Le Togo « unique cadre » de médiation

Le Mali rejette en bloc l’intervention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) que sollicite Abidjan dans ce dossier. La Côte d’Ivoire réclame en effet la tenue « dans les meilleurs délais d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement », réunion qui pourrait se tenir en marge de la 77e Assemblée de l’ONU, dont les débats débuteront le 20 septembre à New York.

Bamako maintient que le Togo, pays médiateur depuis le début de cette crise, reste l’« unique cadre de règlement du dossier » et affirme n’être « nullement concerné par cette procédure devant l’instance communautaire ». Elle « met en garde [Abidjan] contre toute instrumentalisation de la Cedeao pour se soustraire de [sa] responsabilité vis-à-vis du Mali. »

Alassane Ouattara doit s’entretenir avec le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, lors de son séjour à New York. Les deux hommes ont déjà eu l’occasion d’échanger par téléphone à propos de ce dossier le 7 septembre, selon les informations de Jeune Afrique.

António Guterres devrait demander la libération des soldats avant l’ouverture des débats de l’Assemblée générale. Cette requête sera directement adressée au chef de la junte, Assimi Goïta.

Avec Jeune Afrique par Florence Richard

Soldats ivoiriens détenus : Bamako réclame Karim Keïta et Tiéman Hubert Coulibaly

septembre 10, 2022

Le président de la transition malienne, Assimi Goïta, a ouvertement lié la remise en liberté des 46 soldats ivoiriens interpellés le 10 juillet à Bamako à l’extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d’Ivoire, dont le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.

Le colonel Assimi Goïta, le 19 janvier 2022. © Présidence Mali

Alors que les autorités insistaient jusqu’alors publiquement sur un traitement « judiciaire » du dossier par la justice malienne, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a parlé, le vendredi 9 septembre, de nécessaire « contrepartie », confirmant des informations selon lesquelles l’extradition de personnalités maliennes faisait partie de la discussion sur le sort des soldats ivoiriens.

Au « moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, [elle] continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice », a souligné Assimi Goïta lors d’une rencontre avec le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, le vendredi 9 septembre, selon un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

Accusations de mercenariat

« Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali. D’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali », a-t-il déclaré. Il s’agit notamment de Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta renversé par les colonels en 2020, et de Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous Keïta.

Les relations entre le Mali et son voisin ivoirien se sont dégradées depuis que la junte a pris, en août 2020, la tête du pays. Elles se sont encore détériorées avec l’interpellation de 49 soldats ivoiriens à leur arrivée à Bamako le 10 juillet. Trois soldates ont récemment été libérées. Les 49 soldats devaient, selon Abidjan et l’ONU, participer à la sécurité du contingent allemand des Casques Bleus au Mali. Bamako a présenté les Ivoiriens comme des mercenaires. La junte est elle-même accusée par un certain nombre de pays occidentaux de s’être assuré les services de mercenaires russes.

« Trouver une solution définitive »

Le nouveau Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, a assuré vendredi soir sur la télévision d’État que le dossier était « éminemment judiciaire ». Mais il a lui aussi évoqué dans le même propos la situation de compatriotes visés par des mandats d’arrêts et vivant en Côte d’Ivoire, qui utilisent cette dernière « comme terrain en vue d’attaquer ou de perturber la transition », la période censée précéder et préparer le retour des civils au pouvoir à Bamako.

L’affaire fait l’objet d’une médiation togolaise. La présidence malienne écrit dans son communiqué que « le Nigeria souhaite jouer sa partition dans la libération du reste [des] soldats », et « estime qu’il est temps de trouver une solution définitive à cette crise ».

Par Jeune Afrique avec AFP