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Face aux mères de soldats russes, Poutine assure partager leur « douleur »

novembre 25, 2022
Un homme proche d'un micro est assis à côté d'une femme.

Le président russe Vladimir Poutine a rencontré un groupe de mères et d’épouses de militaires pour la première fois depuis qu’il a ordonné l’entrée des forces russes en Ukraine il y a neuf mois. Photo : Getty Images/Alexander Schcherbak

Le président russe Vladimir Poutine a assuré vendredi partager la « douleur » des mères de soldats russes tués en Ukraine, dont les appels inondent depuis des semaines le web russophone pour exiger le respect des promesses du Kremlin.

Je veux que vous sachiez que moi, personnellement, tous les dirigeants du pays, nous partageons cette douleur. Nous savons que rien ne peut remplacer la perte d’un fils, a lancé M. Poutine, lors d’une réunion télévisée avec des mères de soldats et mobilisés russes.

Il a pour autant appelé à ne pas croire les mensonges diffusés à la télévision et sur Internet sur l’offensive russe en Ukraine, alors que les revers militaires, et donc les pertes, se sont multipliés pour Moscou ces derniers mois.

Le président russe s’en est pris à des ennemis dans le champ informationnel qui cherchent selon lui à dévaluer, discréditer l’offensive russe en Ukraine. Nous devons atteindre nos objectifs, et nous allons les atteindre, a affirmé M. Poutine.

Le plus important est que nous sentons […] que nous défendons la bonne cause, a-t-il assuré.

Il s’agissait de la première rencontre entre Vladimir Poutine et des mères de militaires envoyés en Ukraine. Des voix critiques ont toutefois dénoncé une réunion soigneusement chorégraphiée, sans discussion sur le fond.

Le Kremlin, après avoir ordonné une mobilisation partielle en septembre, avait assuré que les centaines de milliers d’enrôlés suivraient un entraînement solide, recevraient un bon équipement et ne seraient pas envoyés en première ligne.

Mais de nombreuses violations ont été recensées : mort au front de mobilisés; mobilisation d’hommes inaptes, de pères de familles nombreuses ou trop âgés; absence d’équipement adéquat et de formation militaire pour nombre d’appelés.

L’une des mères participant à la réunion avec M. Poutine a critiqué elle aussi des uniformes qui deviennent rapidement inutilisables dans les tranchées sales et humides, sans être remplacés par de nouveaux habits.

Le président s’est aussitôt empressé d’assurer que le ministère de la Défense allait régler le problème d’équipements de la manière la plus efficace possible.

Des soldats dont les visages sont dissimulés attendent en ligne.

Des cadets militaires russes de l’Académie d’artillerie Mikhailovskaya. Photo: AFP/Olga Maltseva

L’inquiétude liée à l’opération en Ukraine, qui risque de dégénérer en grogne, place le Kremlin dans une situation délicate : si les autorités répriment de façon implacable toute remise en cause de l’offensive russe, la parole des femmes de soldats est sacrée et les emprisonner choquerait en Russie.

Avant la réunion de vendredi, des proches de militaires avaient confié à l’AFP ressentir un manque d’écoute de la part des autorités russes.

Olga Tsoukanova, mère d’un jeune homme qui fait son service militaire, fustigeait ainsi à l’avance une rencontre avec des mères sorties de sa manche, qui vont poser les questions adéquates et le remercier, comme à chaque fois.

Vladimir Vladimirovitch, réponds à nos questions! a lancé cette femme qui veut s’assurer que son fils de 20 ans ne sera pas envoyé illégalement au front.

Elle est venue spécialement à Moscou depuis la ville de Samara, à 900 km à l’est, dans l’espoir d’être reçue au Kremlin. En vain. J’imagine qu’ils ont peur qu’on pose des questions embarrassantes. Mais il faut régler le problème!

Une femme habillée d'un manteau à capuche

À l’instar d’Olga Tsoukanova, des mères et des épouses de soldats mobilisés pour combattre en Ukraine exigent de toute urgence que les militaires tiennent les promesses du président Vladimir Poutine. Photo: AFP/Alexander Nemenov

Des mouvements de mères de soldats qui embarrassent le pouvoir

Le président russe sait combien le sujet des proches de soldats est sensible.

En août 2000, lors du naufrage du sous-marin russe Koursk qui a causé la mort de ses 118 membres d’équipage, il avait été vivement critiqué, accusé d’avoir tardé à réagir. Et lors des deux guerres de Tchétchénie, un mouvement de mères de soldats avait aussi embarrassé le pouvoir.

Cette fois, face à un climat de répression accru, les protestations de femmes et de mères de soldats ne remettent pas frontalement en cause l’offensive en Ukraine, mais certaines dénoncent les conditions dans lesquelles leurs proches y sont envoyés.

Et leur statut de mères et d’épouses d’hommes mobilisés, partis servir la patrie, leur donne une légitimité et une forme de protection face aux persécutions.

Dans la société russe, il y a le sentiment inconscient que les femmes ont le droit de demander des comptes au pouvoir, note Alexeï Levinson, sociologue au centre indépendant Levada.

Pour l’heure, le mouvement est disparate, peu coordonné. Les appels de proches en détresse sont diffusés sur les réseaux sociaux, où des collectifs informels s’agglomèrent autour de figures de proue.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Une actrice iranienne célèbre promet de rester dans son pays

novembre 6, 2022
Une actrice iranienne celebre promet de rester dans son pays
Une actrice iranienne célèbre promet de rester dans son pays© AFP/Julie SEBADELHA

L’une des actrices iraniennes les plus connues a apporté dimanche son soutien au mouvement de contestation qui secoue l’Iran, promettant de rester dans son pays et de « payer le prix » qu’il faudra pour défendre ses droits.

Taraneh Alidoosti, connue à l’étranger pour avoir joué dans les films du réalisateur Asghar Farhadi, a annoncé son intention d’arrêter de travailler pour soutenir les familles des personnes tuées ou arrêtées lors de la répression.

« Je suis quelqu’un qui reste ici et qui n’a pas l’intention de partir », a déclaré l’actrice âgée de 38 ans dans un message sur Instagram, alors que des milliers de personnes, dont des personnalités du monde de la culture, ont été arrêtées dans la répression des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini le 16 septembre.

Elle a assuré ne pas détenir d’autre passeport que son passeport iranien, et ne posséder aucune résidence à l’étranger.

« Je resterai, j’arrêterai de travailler. Je resterai aux côtés des familles des prisonniers et des personnes tuées. Je serai leur avocate », a-t-elle expliqué.

« Je me battrai pour ma patrie. Je paierai le prix qu’il faudra pour défendre mes droits et, le plus important, je crois dans ce que nous construisons ensemble aujourd’hui, » a-t-elle ajouté.

Son message était accompagné d’un hashtag reprenant le cri de ralliement des manifestants, « Femme. Vie. Liberté ».

Taraneh Alidoosti est connue comme une ardente militante des droits des femmes et des droits humains en Iran. Lors d’un précédent mouvement de contestation dans le pays en 2019, elle avait déclaré que les Iraniens étaient « des millions de prisonniers ».

Son rôle le plus célèbre est celui qu’elle a interprété dans le film d’Asghar Farhadi « Le client », Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017.

Figure du cinéma iranien depuis son adolescence, elle a aussi joué dans le film de Saeed Roustayi « Leila et ses frères », présenté cette année au Festival de Cannes.

Plusieurs personnalités du cinéma iranien ont été inquiétées par les autorités avant même l’actuelle vague de contestation, comme les réalisateurs Mohammad Rasoulof et Jafar Panahi, arrêtés cette année et toujours en détention.

Par Le Point avec AFP

La francophonie, voie d’avenir pour une science forte et solidaire

septembre 24, 2022

Selon un collectif d’acteurs scientifiques et politiques, il est urgent d’investir le terrain de la recherche en français pour influer sur les pratiques internationales. Et ce, afin de faire enfin entendre les vrais besoins des pays africains.

Site de la future usine de production de vaccins de BioNtech et de l’Institut Pasteur de Dakar à Diamniadio, en février 2022. © Bernd Von Jutrczenka/dpa/ZUMA/REA

Tous les décideurs dans le monde ne tirent pas les mêmes bénéfices des connaissances scientifiques. En effet, notre localisation sur le globe, notre maîtrise des langues ou encore la solidité de nos réseaux de recherche influencent largement notre accès à une information scientifique de qualité, dans des délais compatibles avec la prise de décision politique. Ces inégalités sont complexes, et elles prennent racine, entre autres, dans la façon dont l’activité scientifique s’est mondialisée dans les dernières décennies.

Déséquilibre

La coopération internationale accélère de manière impressionnante l’avancement des connaissances, que ce soit en physique des particules, dans l’exploration spatiale ou pour la production d’un vaccin antiviral en moins de dix-huit mois. Cependant, les modèles de collaboration, qui s’appuient principalement sur la contribution financière des États ou sur le potentiel économique des découvertes dans une logique de partenariat public-privé, désavantagent les pays aux revenus les moins élevés.

Selon l’Unesco, en 2018, alors que les pays à hauts revenus ont dépensé 890 dollars par personne dans la recherche et le développement, ceux du continent n’ont contribué qu’à hauteur de 26 dollars par personne. Conséquemment, ils deviennent tributaires d’intérêts de recherche extérieurs, et rencontrent alors des difficultés à promouvoir leur propre agenda, ainsi qu’à pérenniser des financements structurants au bénéfice de leurs populations.

La solution la plus évidente pour pallier ce déséquilibre est d’augmenter l’investissement africain en recherche et développement, en visant la cible de 1 % du PIB national sur le continent, fixée par les membres de l’Union africaine. C’est une condition nécessaire, mais non suffisante. Les pays africains doivent aussi prendre un leadership dans les grands consortiums de recherche internationaux afin d’influencer réellement les orientations de travail au regard des réalités du continent. Nous devons laisser de côté les principes de gouvernance basés sur les contributions financières au profit d’une logique basée sur la solidarité entre pays, si nous voulons résoudre les défis mondiaux d’aujourd’hui, et mieux nous préparer à ceux qui se présenteront demain.

S’ouvrir à une recherche libre et accessible

À cet égard, la solidarité francophone offre une occasion unique de changer la donne, d’autant plus que l’espace francophone est en pleine mutation.  Près de 60 % des 321 millions de locuteurs francophones résident en Afrique et dans l’océan Indien, au sein d’une population très jeune. D’ici à 2050, nous serons potentiellement plus de 700 millions à parler français, dont 85 % sur le continent. Dans ce contexte, l’Afrique exerce une influence décomplexée au sein de grandes instances telles que l’Organisation internationale de la Francophonie, sous l’égide de secrétaires généraux comme Abdou Diouf ou Louise Mushikiwabo.

La communauté scientifique doit saisir cette occasion unique de pratiquer et de publier la science en français, d’influencer les pratiques internationales et de s’ouvrir à une recherche libre et accessible à tous en rejoignant des initiatives telles que le Plan S, la Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (Dora) ou la Recommandation de l’Unesco sur une science ouverte. C’est dans cette optique que sera lancé dans les mois qui viennent le Réseau francophone international en conseil scientifique, afin que les connaissances produites à l’échelle locale, régionale et mondiale soient utilisables et utilisées par les grands décideurs du continent, pour bâtir l’Afrique et le monde de demain.

Par Jeune Afrique


Les signataires

Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec et président de l’INGSA (Réseau international en conseil scientifique gouvernemental)

Lassina Zerbo, président de la Commission de l’énergie atomique du Rwanda, président du Comité d’orientation du Réseau francophone international en conseil scientifique et ancien secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complet des essais nucléaires

Damien Cesselin, secrétaire général administratif de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie

Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique et président du Conseil scientifique Covid-19 de France

Abdoulaye Gounou, directeur général adjoint de l’Évaluation des politiques publiques et de l’Observatoire du changement social au ministère du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale du Bénin

Francine Ntoumi, présidente de la Fondation congolaise pour la recherche médicale

Coumba Thiandoume, directrice de la promotion de la culture scientifique, ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation du Sénégal

La solidarité de l’OTAN, un atout pour l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie

mars 13, 2022
La ministre de la Défense canadienne, Anita Anand.

« On ne veut pas avoir une troisième guerre mondiale », a affirmé la ministre de la Défense canadienne, Anita Anand. Photo : Radio-Canada/Benoit Roussel

Lance-roquettes, grenades, fusils sans recul, munitions : l’aide militaire fournie par le Canada à l’Ukraine pour repousser l’offensive russe augmente de semaine en semaine et totalise maintenant plus de 117 millions de dollars.

Cette contribution n’est pas banale. Toutefois, la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, insiste, dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir, sur la solidarité dont fait preuve l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à l’égard de l’Ukraine. Le Canada est un des 30 pays de l’OTAN. Tous les pays font des choses importantes comme livrer des armes. Et ça, c’est la différence. L’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN est unie, maintenant. C’est une alliance solide. Et ça, c’est la chose la plus importante pour aider les Ukrainiens.

Anita Anand insiste aussi sur la formation militaire dispensée par le Canada à 33 000 membres de l’armée ukrainienne depuis 2015 grâce à l’opération UNIFIER. Ces soldats repoussent aujourd’hui la machine de guerre russe sans pouvoir compter sur une zone d’exclusion aérienne au-dessus de leur territoire. Le président ukrainien, Volodymyr Zelinsky, l’a réclamée à plusieurs reprises, mais il a essuyé une fin de non-recevoir. On ne veut pas avoir une troisième guerre mondiale, a expliqué la ministre de la Défense.

Par contre, si Vladimir Poutine choisissait de s’en prendre à un membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, la riposte serait assurée, a dit Anita Anand en rappelant l’article 5 du traité de Washington. Cet article stipule qu’une attaque contre un des membres représente une attaque contre tous les signataires.

L’Alliance atlantique risque-t-elle d’être aux prises avec une telle situation? Samedi, elle a reçu une mise en garde de la part du vice-ministre des Affaires étrangères russes, Sergueï Riabkov, qui a déclaré que les convois d’armes acheminés à l’Ukraine seraient considérés comme des cibles légitimes par l’armée russe. Cela pourrait entraîner le Canada et ses alliés dans un conflit qu’ils tentent d’éviter.Anita Anand à droite.

La ministre de la Défense veut aussi que la défense de l’Amérique du Nord soit rehaussée. Photo: Radio-Canada/Micheline Laflamme

La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine ne menace pas seulement la stabilité et la sécurité du continent européen, selon la ministre de la Défense : elle constitue un avertissement pour tous ceux qui se croient à l’abri d’un conflit. Le monde a changé et nous devons nous assurer que nous sommes prêts à toute éventualité, a-t-elle déclaré. Cela signifie qu’il faut fournir aux forces armées les ressources dont elles ont besoin pour faire face aux dangers.

Moderniser le NORAD

Mme Anand dit avoir entamé des discussions avec la ministre des Finances, Chrystia Freeland, à ce sujet. Elle refuse cependant d’indiquer si le prochain budget fédéral comprendra une hausse des dépenses militaires. Elle se garde aussi de dire si son gouvernement arrivera à investir 2 % du produit intérieur brut canadien dans ses forces armées, comme le demande l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN. En ce moment, la part d’Ottawa s’élève à 1,4 %.

Par contre, la ministre Anand mettra en œuvre la politique de défense établie en 2016, qui prévoit une augmentation du budget militaire de 70 % en dix ans. Elle va aussi s’attaquer à la modernisation du NORAD, le système de défense continentale établi avec les États-Unis pour protéger le continent, y compris l’Arctique. Un investissement de 252 millions de dollars a été annoncé dans le dernier budget.

Avec Radio-Canada par Micheline Laflamme

Partout dans le monde, la solidarité avec l’Ukraine se manifeste dans la rue

février 26, 2022
Une foule de milliers de personnes brandissant des drapeaux ukrainiens.

Des milliers de personnes se sont rassemblées à Vancouver en appui aux Ukrainiens. Photo: The Canadian Press/Darryl Dyck

Marches aux flambeaux ou rassemblements : les couleurs bleue et jaune de l’Ukraine ont flotté samedi d’Israël à l’Argentine en passant par l’Italie, la Géorgie et l’Autriche, au cours de nombreuses manifestations durant lesquelles le président russe Vladimir Poutine a été conspué.

À Strasbourg, siège du Conseil de l’Europe dans l’est de la France, 3100 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées avec drapeaux ukrainiens et pancartes proclamant Putin Killer (Poutine tueur) ou Stop à la guerre.

Poutine et toute sa clique devront payer le prix pour cette agression et devront faire face à un tribunal international, a lancé à la foule Borys Tarasyuk, représentant permanent de l’Ukraine au Conseil de l’Europe. Les Israéliens appuient les Ukrainiens contre la Russie.

Une manifestation à Tel-Aviv en appui à l’Ukraine Photo : Reuters/Ronen Zvulun

Plusieurs milliers de personnes se sont aussi rassemblées samedi un peu partout en Suisse, dont un millier, selon la police, à Genève, en face du siège principal en Europe des Nations unies, en soutien à l’Ukraine qui fait face à une invasion russe, réclamant des mesures fortes contre Moscou.

D’autres manifestations ont eu lieu à Londres, Paris, Tel-Aviv et Rome. Des manifestants avec des affiches de sympathie pour l'Ukraine.

Des milliers de Londoniens se sont réunis près de Downing Street en appui au peuple ukrainien. Photo : Getty Images/Jeff J Mitchell

Samedi en fin de matinée dans le centre de la capitale italienne, un rassemblement à l’appel de syndicats et d’associations a ainsi réuni plus d’un millier de personnes, parfois venues en famille, autour d’un podium orné de l’inscription Contre la guerre. Les manifestants brandissaient des pancartes : Faites l’amour, pas la guerre et Nous voulons la paix.

La veille au soir déjà, une marche aux flambeaux jusqu’au Colisée avait mobilisé des milliers de personnes à Rome.

Poutine, assassin!Bannissez la Russie de SWIFT – le système international d’échanges interbancaires –, pouvait-on lire sur des banderoles. Des pancartes montraient le président russe Vladimir Poutine avec une main maculée de sang sur le visage ou le comparaient à Hitler avec la mention : Savez-vous reconnaître l’histoire quand elle se répète?Une affiche représentant Poutine en Hitler sur fond de drapeau ukrainien.

Des Ukrainiens de Pretoria en Afrique du Sud ont manifesté contre l’invasion. Photo : Reuters/SipheweI Sibeko

À bas Putler, pouvait-on lire sur des pancartes brandies dans la foule estimée à 3000 personnes par la police samedi à Vienne en Autriche, parmi lesquelles des orateurs ukrainiens au bord des larmes, tandis que des centaines de personnes manifestaient aussi à Linz et à Graz.

Plusieurs milliers de personnes se sont par ailleurs réunies samedi à la mi-journée à Helsinki, selon la police finlandaise. La Russie dehors, à bas Poutine, ont notamment crié des manifestants dans ce pays voisin de la Russie.Manifestants à la porte de Brandenbourg, à Berlin.

Des Berlinois dénoncent l’intervention russe en Ukraine. Photo : Reuters/Christian Mang

Près d’un millier de personnes ont manifesté à Barcelone, d’après une estimation de la police municipale.

Aujourd’hui, c’est en Ukraine, mais demain, ça peut être dans d’autres pays. On est en contact avec nos parents tous les jours, car on ne sait pas ce qui peut arriver à notre famille, s’inquiétait Irina Imalova, une Ukrainienne de 43 ans, restauratrice en Catalogne.

À Londres, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade russe et les bureaux du premier ministre Boris Johnson, brandissant des drapeaux ukrainiens.Une foule à New York proteste contre l'invasion russe en Ukraine.

Des milliers de New-Yorkais sont sortis dans les rues pour manifester leur colère et leur appui aux Ukrainiens. Photo : Getty Images / Alexi J. Rosenfeld

En Géorgie, ex-république soviétique du Caucase, la mobilisation a été particulièrement importante vendredi soir : près de 30 000 personnes ont défilé à Tbilissi, agitant des drapeaux ukrainiens et géorgiens et chantant les hymnes des deux pays.

La guerre, qui selon Kiev a déjà tué au moins 198 civils, a provoqué un sentiment de déjà-vu dans ce pays, victime lui aussi d’une invasion russe dévastatrice en 2008.

Nous avons de la compassion pour les Ukrainiens, peut-être plus que d’autres pays, parce que nous avons connu l’agression barbare de la Russie sur notre sol, a confié à l’AFP Niko Tvauri, un chauffeur de taxi de 32 ans.

« Le monde entier doit résister à Poutine, qui veut rétablir l’Union soviétique. L’Ukraine saigne, le monde regarde et parle de sanctions qui ne peuvent pas arrêter Poutine. »— Une citation de  Meri Tordia, une enseignante de français

À Athènes, vendredi soir, devant l’ambassade de Russie, plus de 2000 personnes se sont réunies à l’appel du parti communiste grec et du parti de la gauche radicale Syriza. Des centaines de personnes brandissent un drapeau rouge à côté d'une avenue bloquée par des voitures.

À Athènes, les membres du parti communiste grec protestent contre l’invasion russe. Photo : Reuters/Louiza Vradi

Traditionnellement prorusses, ces partis ont dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie et une guerre impérialiste à l’encontre d’un peuple.

Ces manifestations de solidarité ne se cantonnent pas à l’Europe : à Montréal, au Québec, des dizaines de personnes ont bravé une tempête de neige vendredi après-midi pour protester sous les fenêtres du consulat général de Russie.

En Argentine, près de 2000 personnes, dont des immigrés ukrainiens et des Argentins descendants d’Ukrainiens, ont manifesté vendredi à Buenos Aires, demandant face à l’ambassade russe le retrait inconditionnel des troupes de l’assassin Poutine.Des Turcs en colère contre l'invasion russe en Ukraine.

Manifestation à Istanbul en Turquie, dénonçant l’invasion russe. Photo : Reuters/Murad Sezer

Ceints d’un drapeau ukrainien, vêtus de costumes traditionnels, portant des pancartes en espagnol, en ukrainien ou en anglais disant Stop à la guerre ou Poutine, retire tes mains de l’Ukraine, les manifestants ont scandé des slogans en ukrainien, tels que Gloire à l’Ukraine, gloire à ses héros et entonné les hymnes ukrainien et argentin.

Russes et Ukrainiens ont beaucoup en commun. Alors, mon principal sentiment, c’est la colère : la dernière chose que j’imaginais, c’est que les Russes allaient venir tuer mon peuple, déclarait au bord des larmes à l’AFP Tetiana Abramchenko, 40 ans, arrivée avec sa fille en Argentine en 2014, après l’annexion russe de la Crimée.

Tokyo, Taipei, Curitiba (au Brésil), New York et Washington ont également été le théâtre de manifestations.

Radio-Canada avec Agence France-Presse

Grandes chancelleries francophones : les pays membres insistent sur la promotion des valeurs de solidarité et de paix

février 18, 2022

La réunion de la dixième conférence internationale des grandes chancelleries francophones s’est tenue du 9 au 12 février à Dakar, au Sénégal, afin de dynamiser les institutions des pays membres à travers la promotion de l’excellence et des valeurs de mérite, de travail, d’intégrité et de paix.

1-Le podium pendant la conférence/Adiac

Sur le thème « La sanction du mérite et de l’excellence, rôle des grandes chancelleries », les travaux ont été ouverts par le grand maître de l’ordre du Lion du Sénégal, le président Macky Sall, qui a insisté sur les valeurs de solidarité et d’engagement.

 « En mettant votre expérience professionnelle exemplaire au service de la réflexion collective sous la sanction du mérite et de l’excellence, vous faites le choix de servir davantage notre espace commun, la francophonie, et ses valeurs de solidarité et d’engagement », a indiqué le président Macky Sall.

« Votre session contribuera à améliorer, dans la durée, nos systèmes de distinction nationale et la qualité de leurs ressources humaines pour un meilleur choix des futurs candidats aux décorations », a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, le grand chancelier des ordres nationaux du Congo et président en exercice sortant de la conférence, Norbert Okiokoutina, a rappelé:« La tenue des assises de Brazzaville a permis l’adoption de la charte de la conférence internationale des grandes chancelleries francophones, devant régir désormais notre espace ».

Le dirigent de la grande chancellerie de l’ordre national du Lion du Sénégal, Meissa Niang, dont le pays assure au sortir de cette édition la présidence de la conférence internationale des grandes chancelleries francophones, a quant à lui indiqué : « Le thème de cette importante rencontre s’impose à nous, grandes chancelleries, de manière pertinente et nécessite des solutions immédiates et concertées ».

2-Vue partielle des invités à la conférence/Adiac

Plusieurs autres temps forts ont marqués les travaux de cette 10e conférence intervenue après la 9e tenue au Centre international de conférence de Kintélé, au Congo, en juin 2019. Il s’agit notamment de la réunion des experts, des interventions des grands chanceliers ou de leurs représentants, des communications des experts sur le thème (dont trois universitaires et trois officiers généraux), de l’admission de la Guinée équatoriale comme membre à part entière de la conférence, de la désignation du grand chancelier de l’ordre national du Lion du Sénégal comme président en exercice de la conférence pour un mandat de deux ans, de l’examen et de l’adoption des motions, recommandations et du rapport général de la conférence. 

Il sied de rappeler qu’en marge de la conférence, les grands chanceliers ont été reçus par le président MackyA Sall et des visites ont été organisées au profit des délégations, notamment à l’île de Gorée, au Musée des civilisations noires africaines et au musée Léopold-Sédar-Senghor.

La conférence internationale des grandes chancelleries francophones se tient tous les deux ans dans un pays membre. L’édition de Dakar qui devait se tenir en 2021 avait été décalée à cause de la crise sanitaire. La première conférence s’était tenue en 2003 au Burkina Faso. La prochaine se tiendra en 2023 en Guinée Conakry, pays qui devra choisir le thème de la rencontre.

Y ont pris part les grandes chancelleries des pays membres (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Congo démocratique, Côte d’Ivoire, France, Niger, Sénégal, Tchad, Togo) ainsi que des pays observateurs et invités comme Cap-Vert, Guinée Bissau, Gambie et Mauritanie. Par ailleurs, le Gabon, la Guinée, le Mali et la Principauté de Monaco n’ont pas pris part à cette conférence.

Adiac-Congo par Fortuné Ibara

Vague d’émotion au Maroc et dans le monde après la mort du petit Rayan

février 6, 2022
Vague d'emotion au Maroc et dans le monde apres la mort du petit Rayan
Vague d’émotion au Maroc et dans le monde après la mort du petit Rayan© AFP/Fadel SENN

Choc et tristesse. Une vague d’émotion au Maroc et dans le monde entier a accompagné la mort tragique du petit Rayan, coincé pendant cinq jours au fond d’un puits dans une région pauvre du nord du royaume, un drame humain amplifié par les réseaux sociaux.

« Les funérailles auront lieu demain (lundi) », a précisé à l’AFP Abderrahim Bouazza, le député de la province de Chefchaouen.

Aucune information officielle n’a filtré sur une éventuelle autopsie. Mais la dépouille du garçonnet de 5 ans a été transportée à l’hôpital militaire de Rabat, a confirmé un cousin à l’AFP.

« Le monde pleure Rayan ? La chute d’un enfant a rappelé au monde entier les valeurs de l’humanité », a commenté le site de la télévision publique SNRT.

A l’étranger, le pape François, visiblement ému, a salué « tout un peuple (marocain) qui s’est rassemblé pour sauver Rayan », lors de la prière de l’Angélus célébrée au Vatican. « Ils ont tout tenté, malheureusement il n’a pas survécu. Mais quel exemple. Merci à ce peuple pour ce témoignage », a dit François.

« Nos coeurs se sont brisés la nuit dernière », a également réagi dimanche le président israélien Isaac Herzog, dont le pays a scellé une alliance militaire avec le Maroc.

« Catastrophe »

Signe de l’intense émotion provoquée par le drame, c’est le cabinet royal qui avait annoncé samedi soir le décès de l’enfant.

Le roi Mohammed VI lui-même a appelé les parents de Rayan pour présenter ses condoléances aux parents, dont les visages étaient défaits.

« Nous remercions Sa Majesté le roi, les autorités et tous ceux qui nous ont aidé. Que Dieu soit loué, qu’Il ait pitié des morts », a déclaré samedi soir le père, Khaled Aourram, à la télévision.

A Rabat, la capitale du royaume, les habitants rencontrés sont sous le choc.

« C’est une catastrophe, espérons que son âme (de Rayan) repose en paix. Souhaitons à ses parents et à toute sa famille patience et réconfort », résume un passant.

« Ca nous a touché parce que nous aussi nous avons des enfants et on espérait qu’il survive », renchérit une femme.

Tous rendent hommage aux efforts des sauveteurs.

La course contre la montre menée pendant cinq jours par les sauveteurs a été suivie en direct par d’innombrables internautes.

Et dès l’annonce du décès, les hommages sur les réseaux sociaux ont afflué en provenance du monde entier, de l’Algérie voisine et rivale jusqu’en France ou aux Etats-Unis, dans toutes les langues.

« Petit ange »

« Petit ange, tu t’es battu jusqu’au bout, un héros », a salué un internaute sur Twitter. « Il aura réussi là où des dirigeants, des médias ont failli. Il a réuni les peuples autour de lui », renchérissait un autre internaute.

Une voix dissonante cependant. Un internaute déplorait un « monde dystopique dans lequel toutes les nations arabes s’émeuvent du sauvetage d’un enfant au Maroc alors que des dizaines meurent chaque jour de famine ou sous des bombardements au Yémen, en Syrie », avant d’ajouter: « NB: Toutes les vies comptent ».

Solidarité

Rayan était tombé accidentellement mardi dans un puits asséché de 32 mètres, étroit et difficile d’accès, creusé près de la maison familiale dans le village d’Ighrane, dans la province de Chefchaouen (nord).

Entrés dans une brèche horizontale samedi, les sauveteurs avaient continué leur travail centimètre par centimètre, creusant à la main pour éviter tout éboulement.

Jusqu’à vendredi, les secouristes s’étaient efforcés de faire parvenir de l’oxygène et de l’eau à travers des tubes et bouteilles descendus jusqu’à Rayan, sans certitude qu’il puisse les utiliser.

Dès le déclenchement du drame, des milliers de sympathisants ont accouru en signe de solidarité et campé sur place, dans cette zone montagneuse du Rif, à près de 700 mètres d’altitude.

A l’approche du dénouement, dans une ambiance fébrile avant qu’elle ne devienne lugubre, la foule a prié et chanté.

Un foreur bénévole, Ali Sahraoui, un quinquagénaire qui a creusé la terre avec ses mains pendant l’opération de secours, est devenu un temps le « héros » des réseaux sociaux.

Cet accident a fait écho à un drame survenu début 2019 en Andalousie (Espagne), où Julen, deux ans, avait péri après avoir chuté dans un puits de 25 centimètres de diamètre et de plus de 100 mètres de profondeur.

Son corps avait été retrouvé après 13 jours de recherches d’une ampleur exceptionnelle.

Par Le Point avec AFP

Francophonie : face au Covid-19, soyons solidaires… même par égoïsme !

janvier 8, 2022
Une livraison de vaccins Oxford/AstraZeneca au Sénégal dans le cadre de l’initiative Covax, le 3 mars 2021. © JOHN WESSELS/AFP

Équité vaccinale, migration, transition énergétique… Alors que les défis se multiplient, le Sommet Europe-Afrique de février 2022 doit permettre de transformer la relation entre les deux continents, en misant sur davantage d’entraide.

Depuis deux ans maintenant, la pandémie de Covid-19 secoue le monde, ébranlant nos certitudes et contraignant les dirigeants à revoir leurs priorités. Tous les pays sans exception, petits et grands, subissent les conséquences de l’une des plus grandes pandémies de l’époque moderne. Exacerbation des rivalités internationales, alliances inédites, conflits diplomatiques, récession économique, excès de communication et frustrations populaires… Cette crise aura bouleversé durablement le monde, bien au-delà des aspects sanitaires. Dire que la pandémie a infligé plus de dommages sociaux, économiques et structurels que toutes les guerres récentes serait un euphémisme.

Instincts primaires

À l’heure de la mondialisation, cette crise a été la première à affecter simultanément l’ensemble des sociétés et des économies, au Nord comme au Sud. Dans ce contexte, la tenue en février 2022 du Sommet Europe-Afrique m’inspire quelques réflexions. En tant que secrétaire générale de la Francophonie, une organisation multilatérale rassemblant 88 États et gouvernements membres, dont 30 d’Afrique et de l’Union européenne, il m’apparait comme un moment clé pour redéfinir en profondeur la relation entre les deux continents.

ALORS QUE LE MONDE NE CESSE DE PARLER DE SOLIDARITÉ, NOUS AVONS VU LES NATIONS SE REPLIER SUR ELLES-MÊMES

Pour beaucoup d’observateurs, la pandémie a été l’occasion d’une prise de conscience. Elle nous a mis face à nos instincts primaires. Alors que le monde ne cesse de parler de solidarité, très vite, nous avons vu les nations se replier sur elles-mêmes, réagir dans la panique et au détriment de toute stratégie collective. Le temps semble donc venu de revoir la notion même de solidarité.

La solidarité, cette valeur au cœur de la plupart des organisations internationales comme la Francophonie, est devenue au fil des ans un leitmotiv qui peine à se traduire par des actions concrètes et mesurables. Et si tout était une question d’approche ? La solidarité est associée à la notion d’aide, souvent perçue comme condescendante. Peut-être devrions-nous abandonner cette approche au profit de celle d’« intérêt partagé ». Soyons solidaires, soit, mais soyons-le par égoïsme et par intérêt ! Voyons dans les efforts de solidarité, une chance pour nous aider nous-mêmes. Car ce n’est que collectivement, que nous trouverons des solutions durables.

L’actualité de ces derniers mois illustre bien mon propos. D’abord, la question de l’équité vaccinale a suscité des élans de solidarité internationale, malheureusement entachés de tendances égoïstes et d’un manque total de transparence, y compris autour de l’initiative Covax et de la question du partage des brevets. Les chiffres sont parlants : « sur les 832 millions de doses de vaccin administrées, 82 % sont allées à des pays à revenu élevé ou intermédiaire, tandis que seulement 0,2% ont été envoyées aux pays à faible revenu ». C’est l’OMS qui le dit.

Et on s’étonne de voir des variants émerger de ces continents où les populations n’ont pu avoir accès aux vaccins ! On continue à fermer les frontières, à isoler les États, en sachant pertinemment que c’est là le meilleur moyen de réduire à néant tous les efforts déployés en matière de vaccination

Immigration et changements climatiques

Autre sujet brûlant au sommaire des discussions entre l’Europe et l’Afrique : les migrations. Quand admettrons-nous que cette question est la conséquence directe des réalités démographiques opposées de ces deux continents, l’un vieillissant et l’autre rajeunissant ? Le problème de l’immigration est en réalité une question d’emploi et de mobilité. Nous devrions privilégier une discussion franche et mettre en place ensemble des mécanismes légaux et régulés pour faire face à cette réalité qui ne fera que s’amplifier.

L’AVANTAGE DE L’AFRIQUE, C’EST DE PRIVILÉGIER UNE APPROCHE DE DÉVELOPPEMENT PLUS ATTENTIVE AUX ENJEUX CLIMATIQUES GLOBAUX

Enfin, et ce sera mon dernier exemple : la transition énergétique en réponse aux changements climatiques. Selon un rapport de la Banque mondiale en 2020, 42,8 % seulement de la population avait accès à l’électricité en Afrique en 2016. Ce qui représente 600 millions de personnes vivant sans électricité, en majorité dans les zones rurales. N’y a-t-il pas une incohérence profonde à demander à un continent d’améliorer un produit dont il manque, pour prévenir les conséquences d’un problème dont il n’est pas, ou très peu, responsable ? En d’autres termes, comment parviendrons-nous à relever le défi collectif de la transition énergétique sans pour autant contraindre des États à renoncer complètement aux énergies fossiles et durables dont ils ont cruellement besoin ?

L’avantage dont l’Afrique dispose aujourd’hui, c’est cette occasion unique, dans sa marche vers le développement, de ne pas commettre les mêmes erreurs que les pays développés et de privilégier une approche de développement plus attentive aux enjeux climatiques globaux. Sur cette question cruciale pour les générations à venir, je prône une transition progressive et adaptée aux réalités socio-économiques de chacun.

Des paroles aux actes

Ces réflexions entraînent une remise en question de la plus-value de nos organisations internationales. Quel avenir pour le multilatéralisme ? Cette interrogation est au cœur d’une multitude de tables-rondes et de groupes de réflexion. Mais les citoyens sont les premiers à se la poser, et avec raison. Nous assistons depuis quelques années à une augmentation croissante des « grands rendez-vous mondiaux », de sommets, de conférences de haut niveau, de forums, etc. Nous passons d’annonce en annonce et de résolution en résolution. La communication, amplifiée par la montée en puissance des réseaux sociaux, est malheureusement de plus en plus superficielle, et les médias s’intéressent davantage aux aspects « people », qu’au contenu réel des discussions. Quant à ces discussions, on peine à en voir la concrétisation, tant la succession des annonces est rapide.

NE LAISSONS PAS PASSER LA CHANCE UNIQUE QUE NOUS OFFRE CETTE CRISE DE REMETTRE LES COMPTEURS À ZÉRO

Mon espoir pour ce sommet Europe-Afrique est qu’il ne soit pas « business as usual ». Que ces deux continents, qui partagent une longue histoire commune, puissent se regarder dans les yeux et redéfinir en profondeur leur partenariat. Qui dit partenariat, dit contrat, et comme dans tout bon contrat, les deux parties doivent s’y retrouver. Gagnant-gagnant.

Thierry de Montbrial, président de l’Institut français des relations internationales, a dit avec une pointe d’humour qu’il était peut-être temps de « déconfiner » notre réflexion. Je pense, comme lui, que nous sommes à la croisée des chemins et qu’il est temps de repenser complètement nos modes de gouvernance, comme notre rôle envers les citoyens, de plus en plus dubitatifs et désabusés. Je conclurai en citant Winston Churchill, qui a dit après la Seconde Guerre mondiale « Don’t waste a good crisis ». En bon français, ne laissons pas passer la chance unique que nous offre cette crise de remettre les compteurs à zéro.

Comment regagner la confiance de nos citoyens ? Comment passer des paroles aux actes ? Comment redevenir les dirigeants dont nos peuples ont besoin ? Voilà les questions que je pose en cette fin d’année. Mon vœu pour 2022 est que nous puissions saisir cette crise comme une opportunité, la surmonter et en tirer les leçons qui s’imposent.

Louise Mushikiwabo

avec Jeune Afrique par Louise Mushikiwabo

Ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo a été élue secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en octobre 2018. Une fonction qu’elle occupe depuis janvier 2019.

Canada/Québec: Des enseignants deviennent livreurs par solidarité

mars 25, 2020
Les enseignants Maxime Giroux et Geoffrey Jouvin ont décidé de faire leur part pour aider leur communauté.
© FRANÇOIS GERVAIS Les enseignants Maxime Giroux et Geoffrey Jouvin ont décidé de faire leur part pour aider leur communauté.
TROIS-RIVIÈRES — Qui peut imaginer des profs se tourner les pouces? Et ce n’est pas un virus qui va mettre un frein au torrent d’idées qui déferle dans leur tête. C’est ainsi que deux enseignants de l’Académie les Estacades, Geoffrey Jouvin et Maxime Giroux, ont eu l’idée de meubler leur temps libre en aidant les autres. Les voilà transformés en livreurs d’épicerie et toute une armée d’enseignants bénévoles s’ajoute à leur suite.

«On est un regroupement d’enseignants. On a décidé d’offrir le service de livraison d’épicerie, mais aussi de courses en général comme la pharmacie et autres», raconte M. Giroux.

Bien sûr, ce service est offert aux personnes âgées, mais leur clientèle ne s’arrête pas là. «On essaie de ratisser le plus large possible», précise M. Giroux. Ainsi, les employés des services essentiels comme le personnel médical sont aussi invités à faire appel à leur service, question de se reposer entre deux quarts de travail plutôt que de courir à l’épicerie. Les familles qui ne sont pas à l’aise de traîner des enfants en bas âge aux quatre coins de la ville sont aussi ciblées. Et bien sûr, il y a aussi les personnes à la santé précaire qui sont plus à risque de souffrir de complications si elles sont infectées par le coronavirus. Par exemple, mardi, ils ont desservi une personne dans le trentaine qui souffre de diabète et de problèmes respiratoires.

Ces enseignants en congé forcé depuis la fermeture des écoles se demandaient comment donner un coup de pouce à leur communauté. «De notre côté, on envoie des ressources pédagogiques aux élèves, on est disponible pour répondre aux questions des parents, mais on cherchait un autre moyen d’aider, pas seulement les jeunes, mais les parents aussi et les différentes sphères de la société. On s’est dit: pourquoi pas? En quarantaine, la seule sortie nécessaire, c’est l’épicerie. Si on peut sauver cette exposition aux gens, on s’est dit qu’on pourrait le faire.»

Ils ont lancé leur projet, lundi. Déjà tôt mardi matin, ils avaient reçu une dizaine d’appels et plusieurs enseignants levaient la main pour s’impliquer. Si MM. Giroux et Jouvin desservent Trois-Rivières et les environs, un bon nombre de bénévoles se trouvent à Shawinigan.

«Nos équipes sont prêtes à aller sur le terrain. Beaucoup de monde veut se joindre à la cause», souligne M. Giroux.

Les gens qui ont besoin d’un tel service sont invités à les contacter sur leur page Facebook (Profs – Livraison), par courriel (Proflivraison@gmail.com) ou par téléphone (819-384-5263). Le service est gratuit. Les gens peuvent payer leurs courses par argent comptant mais aussi par virement interac ou par carte de crédit.

Ces enseignants invitent les citoyens à se serrer les coudes en s’impliquant. «On veut passer le message aux gens qu’ils n’ont pas besoin de faire partie d’un regroupement pour aider. Les gens qui trouvent le temps long pendant la quarantaine peuvent aussi rendre service et donner un coup de pouce à des personnes qui devraient moins s’exposer à l’extérieur. On les encourage à le faire.»

Avec Le Nouvelliste par Marie-Eve Lafontaine

Affaire Skripal: le Canada expulse quatre diplomates russes

mars 26, 2018

Ottawa – Le Canada a décidé lundi d’expulser quatre diplomates russes à la suite de l’empoisonnement en Grande-Bretagne de l’ex-espion russe Sergueï Skripal, a annoncé Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères.

Le gouvernement canadien a par ailleurs rejeté trois demandes de personnel diplomatique supplémentaires présentées par le gouvernement russe, a dit Mme Freeland dans un communiqué.

« Le Canada prend ces mesures par solidarité avec le Royaume-Uni », a-t-elle assuré.

L’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, le 4 mars à Salisbury en Grande-Bretagne, a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou et Londres.

Les diplomates expulsés travaillaient à l’ambassade de Russie à Ottawa et au consulat général de Montréal.

« Il a été établi que ces quatre personnes sont des agents du renseignement ou des personnes qui ont utilisé leur statut diplomatique pour compromettre la sécurité du Canada ou s’immiscer dans sa démocratie », a affirmé Mme Freeland.

« L’attentat à l’agent neurotoxique perpétré récemment représente une menace évidente pour l’ordre international fondé sur des règles et pour les règles établies par la communauté internationale afin d’assurer que les armes chimiques ne détruisent plus jamais de vies humaines », a déclaré Chrystia Freeland.

« Cet épisode fait partie des nombreux comportements inacceptables de la part de la Russie, parmi lesquels sa complicité avec le régime Assad, son annexion de la Crimée, les combats dirigés par la Russie dans l’est de l’Ukraine, le soutien aux troubles civils en Ukraine, en Géorgie, en Moldavie et dans d’autres pays voisins, son ingérence dans les élections et ses campagnes de désinformation », a énuméré la ministre des Affaires étrangères.

« Le Canada appuie avec ferveur les mesures que le Royaume-Uni a prises jusqu’à maintenant et demeure résolu à agir de concert avec ses alliés ». Ces mesures contre des diplomates russes « ne visent pas le peuple russe », a-t-elle conclu.

Romandie.com avec(©AFP / 26 mars 2018 14h10)