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Somalie: quatorze morts dans une attaque suicide dans le centre du pays

février 19, 2022
Somalie: quatorze morts dans une attaque suicide dans le centre du pays
Somalie: quatorze morts dans une attaque suicide dans le centre du pays© AFP/Hassan Ali Elmi

Au moins quatorze personnes ont été tuées, parmi lesquelles des responsables politiques locaux, dans un attentat suicide revendiqué par les jihadistes shebab samedi dans un restaurant de Beledweyne, dans le centre de la Somalie, où devaient se tenir prochainement des élections.

Un premier bilan fourni par la police et des témoins faisait état de dix morts dont plusieurs hauts fonctionnaires locaux. Mais quatre des 16 civils blessés dans l’explosion d’un kamikaze ont succombé à leurs blessures à l’hôpital, a indiqué par téléphone à l’AFP Mohamud Hassan, un officier de police local.

« Le nombre de personnes décédées dans l’odieux attentat terroriste perpétré aujourd’hui à Beledweyne est passé de 10 à 14 », a-t-il déclaré. « C’est le pire attentat que j’ai connu dans cette ville ».

La sécurité avait été renforcée à Beledweyne, à 340 km au nord de Mogadiscio, en raison de la tenue prochaine d’élections locales.

« Un combattant martyr shebab est entré dans ce lieu (…) et parmi les tués figurent le gouverneur adjoint de la région d’Hiiran, le chef adjoint des affaires sociales du district de Beledweyne et le chef adjoint des services de renseignement de Beledweyne », ont affirmé les shebab dans un bref communiqué revendiquant l’attentat.

Selon des témoins, l’explosion a ravagé une terrasse du restaurant Hassan Dhiif, où les gens s’étaient rassemblés à la mi-journée pour déjeuner.

Un témoin, Mahad Osman, a indiqué avoir vu les corps de plusieurs morts et que de nombreuses victimes avaient été emmenées à l’hôpital local.

« Beaucoup de gens attendaient d’être servis lorsque l’explosion s’est produite », a-t-il indiqué en décrivant la scène de sanglant chaos qui a suivi.

Dans un autre incident samedi, une personne a été tuée et six autres blessées lorsqu’une bombe a explosé dans un salon de thé à Bosaso, la capitale économique de l’État du Puntland, dans le nord du pays, a indiqué la police. Cette explosion n’a pas encore été revendiquée.

« Obstruction » au processus électoral

La Somalie, et particulièrement sa capitale Mogadiscio, ont été ces dernières semaines le théâtre de multiples attaques pour la plupart revendiquées par le mouvement jihadiste des shebab, lié à Al-Qaïda, et toujours très implanté dans les zones rurales.

Les shebab, qui combattent le fragile gouvernement central, ont été chassés de Mogadiscio en 2011 après une offensive de la force de l’Union africaine, mais ils contrôlent toujours de vastes parties du pays.

Selon le dernier calendrier électoral, l’élection de la chambre basse du parlement fédéral devait s’achever d’ici le 25 février, avec plus d’un an de retard.

Un conflit oppose le président Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous le surnom de Farmajo, au premier ministre Mohamed Hussein Roble au sujet des retards répétés pris dans le processus électoral, qui inquiètent les bailleurs de fonds internationaux de la Somalie.

Les élections en Somalie suivent un modèle indirect complexe, dans lequel les députés des États et les délégués des clans choisissent les représentants du parlement national, qui à leur tour désignent le président de la République.

Le vote pour la chambre haute s’est achevé l’année dernière, tandis que les délégués des clans ont jusqu’à présent élu 159 des 275 députés qui siègent à la chambre basse.

Les États-Unis ont appelé dans un communiqué vendredi les dirigeants somaliens à organiser les élections d’une « manière crédible et transparente » d’ici le 25 février. « Les États-Unis demanderont des comptes à ceux qui font obstruction au processus ou le compromettent », selon le texte.

Par Le Point avec AFP

Somalie : Trump ordonne le retrait de la « majorité » des troupes américaines

décembre 5, 2020
Le président américain Donald Trump lors d'un déjeuner avec des dirigeants africains à New York, le 20 septembre 2017.

Le président sortant des États-Unis Donald Trump a ordonné le retrait de la « majorité » des troupes américaines de Somalie « d’ici début 2021 », c’est-à-dire juste avant son propre départ du pouvoir, a annoncé vendredi le Pentagone.

« Une partie des forces pourront être redéployées en dehors de l’Afrique de l’Est. Toutefois, le reste des forces seront repositionnées de Somalie vers les pays voisins afin de permettre des opérations transfrontalières par les États-Unis et les forces partenaires, pour maintenir la pression sur les organisations extrémistes violentes », a déclaré le ministère américain de la Défense dans un communiqué.

Quelque 700 soldats des forces spéciales américaines forment et conseillent l’armée somalienne dans ce pays de la Corne de l’Afrique face aux jihadistes shebab, affiliés à Al-Qaïda.

« Les États-Unis ne se retirent pas d’Afrique »

« Les États-Unis ne se retirent pas ni se désengagent d’Afrique », a assuré le Pentagone. « Nous continuerons d’affaiblir les organisations extrémistes violentes susceptibles de menacer notre territoire », a-t-il ajouté, promettant de « conserver la capacité de mener des opérations contreterroristes ciblées en Somalie ». Washington s’engage aussi à poursuivre ses activités de renseignement sur place.

Ces annonces répondent au souhait de Donald Trump de désengager l’US Army de ses principaux théâtres d’opérations extérieures et de « mettre fin aux guerres sans fin » de l’Amérique, à l’unisson avec une bonne partie de l’opinion. Depuis la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle de novembre, le milliardaire républicain, bien qu’il n’ait toujours pas admis sa défaite, tente d’accélérer le retrait de plusieurs pays, notamment d’Afghanistan et d’Irak, avant la passation du pouvoir du 20 janvier.

Les shebab restent une menace importante en Somalie et dans la région, comme l’a encore affirmé l’inspecteur général du Pentagone dans un très récent rapport. Le groupe « continue à s’adapter, à résister, et reste capable d’attaquer les intérêts occidentaux et leurs partenaires en Somalie et en Afrique de l’Est », a-t-il noté.

Avec AFP

Pourquoi la Somalie a rompu ses relations diplomatiques avec la Guinée

juillet 9, 2019

Muse Bihi Abdi, le président du Somaliland (image d’illustration). © YouTube/ENNTelevision

La Somalie a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Guinée. Cette décision, que Conakry dit avoir apprise par voie de presse, fait suite à une audience accordée à une délégation du Somaliland par le chef de la diplomatie guinéenne.

« Le gouvernement fédéral somalien a décidé de mettre fin à toute relation diplomatique avec la République de Guinée », a annoncé le ministère somalien des Affaires étrangères et de la Coopération dans un communiqué daté du 4 juillet.

Une décision que Conakry aurait apprise par voie de presse, la diplomatie guinéenne n’en ayant pas été notifiée officiellement, selon un conseiller du ministre guinéen des Affaires étrangères. La décision somalienne n’aurait pas obéi « aux procédures de consultation en la matière », a-t-il déclaré à Jeune Afrique.

Ce brusque refroidissement des relations diplomatiques entre la Somalie et la Guinée faisait suite à l’accueil réservé le 2 juillet à Muse Bihi Abdi, le président du Somaliland – « avec un protocole de chef d’État », selon le ministère somalien. Le Somaliland, que Mogadiscio considère comme partie intégrante de son territoire, est une ancienne colonie britannique qui s’est autoproclamée indépendante en 1991.

Mogadiscio et Conakry entretenaient « des relations d’amitié et de coopération sans enjeux politique et économique majeurs. Nous n’avons aucune représentation diplomatique en Somalie et inversement », confie à JA un des conseillers du ministre guinéen des Affaires étrangères, Mamadi Touré. Ce dernier n’a pas souhaité réagir aux sollicitations de Jeune Afrique.

Visite discrète

Cette rupture diplomatique intervient alors que Conakry avait pris des précautions en recevant le « dirigeant séparatiste » loin des médias. Le chef de l’État guinéen, Alpha Condé, s’est notamment tenu à l’écart de la rencontre, laissant son ministre des Affaires étrangères accueillir Muse Bihi Abdi à l’aéroport international de Conakry.

Les deux personnalités ont ensuite rejoint le centre-ville de Kaloum à bord d’un hélicoptère. Muse Bihi Abdi et Mamadi Touré se sont entretenus « en comité restreint » à l’hôtel Primus Kaloum, situé à un jet de pierre du palais présidentiel Sekhoutoureya. Malgré cette proximité, Alpha Condé n’a pas rencontré l’invité, selon notre source au ministère guinéen des Affaires étrangères, qui précise : « On ne reçoit pas le Somaliland en tant qu’État. »

La question du Somaliland à l’UA

Le Somaliland est néanmoins en quête d’une reconnaissance internationale et d’un statut de membre de l’Union africaine (UA). « Le Somaliland a énormément besoin de soutien à tous les niveaux. Ses dirigeants politiques ont besoin de davantage de partenaires, et on ne peut pas refuser d’assister un pays africain », a souligné une autre source au sein du ministère des Affaires étrangères.

Actuellement étudiée par l’UA, la question du Somaliland ne saurait tarder à trouver une issue, selon notre source.

Grande fête à Hargeisa

De leur côté, les Somalilandais n’ont visiblement pas le triomphe modeste. Autant l’accueil réservé à leur président à Conakry irrite Mogadiscio, autant il crée la joie dans les rues de Hargeisa, la capitale du Somaliland, où le tricolore guinéen et les portraits du présidents Condé sont omniprésents, à en croire des images publiées sur les réseaux sociaux.

Une propagande véhiculée aussi bien par le jeune État en quête de reconnaissance internationale que par ses détracteurs. Conséquences : des fake news circulent, comme ce communiqué « d’excuses » du gouvernement guinéen à la Somalie. « C’est un faux grossier. Nous ne sommes pas à l’origine de ce communiqué », dément Mohamed Lamine Solano, conseiller en communication du chef de la diplomatie guinéenne, Mamadi Touré. Affirmant n’avoir pas été informé par la voie diplomatique, Conakry a décidé de ne pas répondre à Mogadiscio.

Hargeisa s’en est chargé à travers un communiqué du 5 juillet. Les autorités du Somaliland y flétrissent la décision de la Somalie de rompre unilatéralement ses relations diplomatiques avec la Guinée. « Le gouvernement de la République du Somaliland est profondément inquiet et blessé par le comportement de la Somalie et de sa campagne d’agression contre une grande liste de nations africaines au moment où les chefs d’État sont réunis à Niamey pour trouver des solutions communes pour la paix, la sécurité et la promotion de l’intégration », indique notamment le communiqué.

 

Par Jeuneafrique.com

L’Érythrée et la Somalie vont rétablir des relations diplomatiques

juillet 30, 2018

Le président somalien Mohamed Abdullahi Farmajo à Djibouti, le 05 juillet 2018 / © AFP/Archives / Yasuyoshi CHIBA

L’Érythrée et la Somalie ont signé lundi à Asmara un accord portant sur l’établissement de relations diplomatiques et l’envoi d’ambassadeurs dans leur capitale respective, a annoncé le gouvernement érythréen dans un communiqué.

« Les deux pays établiront des relations diplomatiques et échangeront des ambassadeurs », fait valoir cet accord intitulé « déclaration sur des relations fraternelles ». Il a été signé par le président érythréen Issaias Afeworki et son homologue somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed.

Cet accord marque une nouvelle étape dans le réchauffement des relations entre pays de la Corne de l’Afrique, après le rapprochement spectaculaire intervenu ces dernières semaines entre l’Érythrée et l’Éthiopie.

Il a été signé à l’occasion de la visite de M. Mohamed, dit « Farmajo », arrivé samedi à Asmara, la première d’un chef de l’État somalien depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993.

Les deux pays avaient depuis plus d’une décennie des relations tendues en raison notamment du soutien présumé d’Asmara aux islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda et qui ont juré la perte du gouvernement somalien.

Ces accusations valent à l’Érythrée d’être sous le coup de sanctions de l’ONU depuis 2009, qui imposent notamment des gels d’avoirs et des interdictions de voyage à l’étranger pour des responsables politiques et militaires, ainsi qu’un embargo sur les armes.

Mais Asmara a toujours contesté ces accusations et les derniers rapports des experts de l’ONU montrent qu’il n’existe pas de preuves d’un tel soutien.

« L’Érythrée soutient fermement l’indépendance politique, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie, ainsi que les efforts des Somaliens et de leur gouvernement pour restaurer la stature légitime de leur pays et pour répondre aux nobles aspirations de leur peuple », ajoute l’accord signé lundi.

Le président de l’Erythrée Issaias Afeworki accueilli par le Premier Ministre éthiopien Abiy Ahmed le 14 juillet 2018 à Addis-Abeba en Ethiopie / © AFP/Archives / MICHAEL TEWELDE

Cette déclaration, dont le texte a été mis en ligne sur son site internet par le ministère érythréen de l’Information, affirme aussi que les deux pays « s’efforceront de forger une coopération approfondie dans les domaines de la politique, de l’économie, du social, de la culture, de la défense et de la sécurité ».

Ils promettent également « d’œuvrer de concert pour promouvoir la paix, la stabilité et l’intégration économique dans la région. »

La visite du président somalien fait suite au rapprochement entre l’Érythrée et l’Éthiopie qui ont signé le 9 juillet une déclaration commune mettant fin à près de deux décennies d’état de guerre, depuis leur dernier conflit en 1998-2000.

La Somalie est l’alliée de l’Éthiopie, qui lui fournit des troupes pour lutter contre les shebab.

Le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, arrivé au pouvoir en avril, a changé la donne régionale en amorçant le rapprochement entre son pays et l’Érythrée.

L’Éthiopie a déjà formellement demandé à l’ONU que les sanctions à l’encontre de l’Érythrée soient levées. Et le secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, a laissé entendre que ces sanctions pourraient n’être plus justifiées.

Romandie.com avec(©AFP / 30 juillet 2018 12h42)

Somalie: les shebab revendiquent une attaque près de la présidence

juillet 14, 2018

Des jeunes somaliens regardent et photographient la carcasse d’un véhicule des insurgés shebab qui a explosé près du palais présidentiel à Mogadiscio le samedi 14 juillet 2018 / © AFP / Mohamed ABDIWAHAB

Les insurgés shebab ont revendiqué samedi une attaque à la double voiture piégée près de la présidence somalienne, dernier raid en date de ces jihadistes affiliés à Al-Qaïda.

Une première voiture chargée d’explosifs a foncé sur une barrière de sécurité, tandis qu’un autre véhicule a explosé à un autre checkpoint près de l’entrée principale du palais présidentiel à Mogadiscio, a indiqué Abdulahi Ahmed, un haut responsable sécuritaire local.

Des assaillants ont ensuite tenté de se diriger vers le complexe présidentiel, prélude à des échanges de feu avec les forces de sécurité locales, a ajouté ce responsable.

« Trois assaillants ont été tués et deux véhicules ont explosé. Nous n’avons pas plus de détails », a souligné M. Ahmed, précisant que de nombreux civils avaient été blessés dans ce nouveau raid.

Les shebab somaliens, un groupe armé affilié à Al-Qaïda, ont revendiqué cette attaque dans un communiqué. Les shebab avaient déjà revendiqué la semaine dernière une attaque contre le ministère de la Sécurité, fatale à cinq civils selon la police locale.

Les forces de sécurité somaliennes tiennent la garde près du palais présidentiel après une attaque à la double voiture piégée revendiquée par les insurgés shebab le 14 juillet 2018 à Mogadiscio / © AFP / Mohamed ABDIWAHAB

Les shebab ont juré la perte du gouvernement fédéral, soutenu par la communauté internationale et les 20.000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom).

Chassés de Mogadiscio en 2011, ils ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale somalienne.

Romandie.com avec(©AFP / 14 juillet 2018 15h40)

Les États-Unis frappent pour la première fois l’EI en Somalie

novembre 3, 2017

Washington – Les Etats-Unis ont annoncé vendredi avoir mené deux frappes contre le groupe Etat islamique (EI) en Somalie, la première opération contre l’EI dans ce pays où agissent déjà les islamistes somaliens shebabs, affiliés à Al-Qaïda.

« En coordination avec le gouvernement fédéral de Somalie, les forces armées américaines ont mené deux frappes aériennes contre l’EI dans le nord-est de la Somalie, tuant plusieurs terroristes », a indiqué le Pentagone dans un communiqué.

Les drones qui ont mené ces deux frappes, la première vers minuit heure locale, la seconde en fin de matinée, « ont atteint leur cible », a précisé à l’AFP le porte-parole du commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), le commandant Anthony Falvo.

« Aucun civil ne se trouvait à proximité », a-t-il affirmé, précisant qu’il s’agissait des premières frappes contre l’EI dans ce pays où le président Donald Trump a autorisé en mars dernier le Pentagone à lancer des opérations anti-terroristes –par voie aériennes ou terrestre– pour soutenir le gouvernement somalien.

Après le puissant attentat au camion piégé qui a causé la mort d’au moins 276 personnes à la mi-octobre à Mogadiscio, les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils étaient prêts à renforcer leur soutien au gouvernement somalien.

L’armée américaine a déjà une force de 400 personnes sur le terrain, qui participe à deux opérations, l’une de conseil et d’entraînement aux troupes gouvernementales, l’autre de soutien logistique.

Romandie.com avec(©AFP / 03 novembre 2017 20h08)                                            

Somalie: à Mogadiscio, des habitants désespérés à la recherche de leurs proches

octobre 16, 2017

Sur le site d’un attentat au camion piégé, le 14 octobre 2017 à Mogadiscio / © AFP / Mohamed ABDIWAHAB

Des larmes coulent sur les joues d’Abduweli Osman, prostré dans la touffeur moite à l’extérieur d’un hôpital de Mogadiscio. Comme des dizaines d’habitants en détresse, le jeune homme a recherché son frère pendant 24 heures. Mais il est désormais persuadé de sa mort dans l’effroyable attentat ayant frappé la capitale somalienne.

La dernière fois que lui et sa famille ont eu des nouvelles d’Abdukadir Ahmed, le jeune homme avait décidé, avant de rentrer chez lui, de se rendre samedi dans un quartier commerçant et très animé de Mogadiscio, connu sous le nom de K5.

Mais il n’est jamais revenu.

Puis sa famille a entendu la terrible nouvelle: un attentat, le plus meurtrier de l’histoire de la Somalie, avait frappé ce quartier où un camion piégé avait explosé, causant la mort d’au moins 276 personnes, faisant 300 blessés et détruisant une vingtaine de bâtiments, dont un hôtel, un restaurant, une pharmacie, réduisant en cendres les petits stands de vendeurs d’essence qui ont intensifié le brasier.

Abduweli Osman a couru d’hôpital en hôpital. « On l’a cherché partout ces dernières 24 heures (…) et finalement, nous sommes persuadés qu’il est décédé, parce que nous avons retrouvé sa carte d’étudiant », confie à l’AFP Abduweli en pleurant, à l’extérieur de l’hôpital Medina.

« C’est très douloureux de perdre quelqu’un que vous aimez dans une telle tragédie et qu’il ne soit pas possible de retrouver son corps et de lui offrir un enterrement digne », lâche le trentenaire, épicier.

Autour de lui, l’hôpital est surpeuplé. Des habitants en nage courent de salle en salle dans la chaleur accablante de la capitale ou se blottissent contre leurs proches soignés pour des blessures par éclats, des brûlures, des fractures…

Les habitants de Mogadiscio sont tristement habitués à la récurrence d’attentats dans leur ville. Les islamistes somaliens shebab, liés à Al-Qaïda, lancent fréquemment des attentats-suicides dans Mogadiscio et ses environs. Ils ont juré la perte du fragile gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 22.000 hommes de la force de l’Union africaine (Amisom).

Mais l’ampleur de l’attaque a choqué les Somaliens, qui sont descendus par centaines dimanche dans les rues de la capitale et ont entamé lundi trois jours de deuil.

– Des corps non identifiés déjà enterrés –

Le souffle, qui a brisé des vitres à près d’un kilomètre à la ronde, a laissé de nombreux corps calcinés ou déchiquetés.

« Je n’ai jamais vécu une explosion aussi meurtrière, c’est comme si elle avait tué tous les gens à la ronde et mis le feu à tous les véhicules autour », rapporte Moalim.

Lundi, des personnes grièvement blessées ont commencé à être évacuées par un avion militaire turc, venu également apporter de l’aide médicale à des hôpitaux débordés, pour les emmener en Turquie.

Une centaine de personnes non identifiées ont déjà été enterrées. Ces funérailles suivent le rite musulman, mais elles sont aussi organisées rapidement car le gouvernement somalien ne dispose d’aucune morgue, ni les moyens de police scientifique afin d’identifier les victimes.

« Le gouvernement a fait tout ce qui était en son pouvoir pour identifier les corps (…) mais l’opération est devenue tellement difficile que nous avons décidé de les enterrer tous en même temps », explique un responsable gouvernemental, Muhidin Ali.

« Ces corps, dans un état effroyable, avaient été acheminés dans des hôpitaux pour être identifiés par des proches, mais la plupart des familles n’ont pas réussi à les reconnaître; l’ampleur de la catastrophe est au delà de ce qu’on peut imaginer en tant qu’être humain », souligne le responsable.

Malgré cette situation, beaucoup d’habitants s’accrochaient encore lundi à l’espoir de retrouver vivants des parents et attendaient, angoissés, dans des hôpitaux. Idil Ado, mère de trois enfants, est désespérément en quête d’informations sur sa nièce, disparue depuis l’attentat. Elle attend sous un arbre avec d’autres membres de sa famille à l’extérieur de l’hôpital Medina.

« Nous l’avons cherchée dans tous les hôpitaux de la ville et nous campons ici, à l’hôpital Medina, depuis hier. On espère toujours obtenir des informations ici, même si c’est pour apprendre son décès… », souffle-t-elle.

Mais pour Ahmed Farah, un secouriste interrogé sur les lieux de l’attentat, les chances de retrouver des survivants sont quasi nulles.

« Je ne pense pas qu’on retrouvera des survivants maintenant, environ 400 soldats ont travaillé avec les équipes d’urgence pour les recherches et (…) je ne vois aucun décombre sous lesquels des gens pourraient encore être en vie », confie-t-il.

Romandie.com avec(©AFP / 16 octobre 2017 19h38)                

Somalie: au moins 137 morts et blessés dans l’attentat de Mogadiscio

octobre 15, 2017

Au moins 137 personnes ont été tuées et 300 blessées dans l’attentat au camion piégé mené samedi dans le centre de Mogadiscio, la capitale somalienne, a-t-on appris dimanche de source policière. / © AFP / Mohamed ABDIWAHAB

Au moins 137 personnes ont été tuées et 300 blessées dans l’attentat au camion piégé mené samedi dans le centre de Mogadiscio, la capitale somalienne, a-t-on appris dimanche de source policière.

« Nous obtenons différents chiffres pour les victimes de la part des centres médicaux, mais nous avons confirmé pour l’instant 137 (morts), la plupart brûlés au point de ne pas être reconnaissables. Le bilan des morts peut être encore plus élevé, car il y a plus de 300 blessés, pour certains d’entre eux grièvement », a déclaré à l’AFP un responsable de la police, Ibrahim Mohamed.

« Il est très difficile d’avoir un chiffre précis parce que les corps des morts ont été emmenés vers différents centres médicaux, et certains d’entre eux ont été enlevés directement par leurs proches pour être enterrés », a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait du « pire attentat » ayant jamais frappé la Somalie.

« Ce que j’ai vu dans les hôpitaux que j’ai visités est indicible. On continue à retrouver des corps et je demande à chacun de venir aider. Les gens sont dans une situation difficile », a pour sa part déclaré le maire de Mogadiscio, Tabid Abdi Mohamed.

« Il n’y a pas de pire tragédie que quand quelqu’un vient voir le corps d’un proche décédé et ne peut pas le reconnaître », a-t-il souligné.

Cet attentat au camion piégé est survenu en milieu d’après-midi samedi sur le carrefour PK5, situé dans le district de Hodan, un quartier commercial très animé de la capitale avec ses magasins et ses hôtels.

Cet attentat n’a pas encore été revendiqué. Mais les islamistes somaliens shebab, affiliés à Al-Qaïda, lancent fréquemment des attaques et attentats-suicides dans Mogadiscio et ses environs.

Les shebab ont juré la perte du fragile gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 22.000 hommes de la force de l’Union africaine (Amisom).

Ils ont été chassés de Mogadiscio en août 2011 et ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent dans la capitale, et contre des bases militaires, somaliennes ou étrangères.

Romandie.com avec(©AFP / 15 octobre 2017 14h57)                

Somalie: elles fuient la faim, et sont violées dans les camps de déplacés

juin 2, 2017

Des familles déplacées somaliennes près de leur cabane dans un camp de fortune à la périphérie de Baidoa, dans le sud-ouest du pays, le 14 mars 2017 / © AFP/Archives / TONY KARUMBA

C’était une nuit du mois de mars. Le soldat était mince, mais fort. Son uniforme et ses bottes étaient neufs. Après s’être introduit dans le misérable abri de fortune de Hawo, il a pointé une arme sur la gorge de cette Somalienne et l’a violée. Deux fois.

« Dans ma tête, je peux encore le voir », confie cette jeune femme vivant à Dusta, un camp installé dans la ville de Baidoa, dans le sud-ouest de la Somalie, où sont rassemblés des Somaliens déplacés par la faim et la sécheresse.

Hawo ne souhaite pas révéler som nom complet. Son nouveau-né pleurait pendant qu’elle subissait ce viol, terrifiée. Ses deux autres enfants, un peu plus âgés, dormaient eux à poings fermés.

Dusta, véritable océan de bicoques faites de bâtons, bâches en plastiques et vieux tissus, s’étend jusqu’à un camp où sont stationnés des soldats de la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), qui combattent les islamistes shebab affiliés à Al-Qaïda et ayant juré la perte du gouvernement somalien.

Pourtant, les résidents de Dusta interrogés par l’AFP assurent être livrés à eux-mêmes. Personne ne les protège, disent-ils, que ce soit l’Amisom, l’armée, les milices locales ou l’ONU.

La plupart des habitants de Dusta sont des femmes et enfants issus de régions contrôlées par les shebab et venus dans la capitale régionale à la recherche de nourriture, d’eau et de soins médicaux.

Selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres de deux ONG locales – Isha et le Somali Children Welfare and Rights Watch (SCWRW) -, au moins 54 femmes ont été violées ou agressées sexuellement dans les 168 camps, qui abritent plus de 155.000 personnes et se sont multipliés autour de Baidoa alors que le pays est au bord de la famine.

La majorité de ces attaques sont commises par des soldats, explique Muhudin Daud Isack, qui travaille pour Isha. « Quand ils ont l’opportunité de le faire, ils commettent un viol ».

– Viols collectifs –

Farhiyo Ahmed Mohamed, une policière à la tête d’une unité spéciale chargée de combattre les violences envers les femmes, reconnaît que des hommes en uniforme ont été impliqués dans de telles attaques et évoque une affaire de viol dans la ville de Goof Gaduud, à l’extérieur de Baidoa, pour laquelle un soldat a été condamné et emprisonné.

Elle accuse cependant les ONG d’exagérer le nombre de viols dans les camps afin d’obtenir plus de subsides.

La Somalie est plongée dans le chaos et la violence depuis plus de 25 ans, et si la communauté internationale l’aide à rebâtir des institutions telles que l’armée et la police, le processus met du temps à porter ses fruits.

Selon l’ONG Isha, neuf femmes du camp de « Buur fuule 2 » ont été violées une nuit de janvier par un groupe de civils armés de pistolets et de couteaux. Elles ont été extraites de leurs abris et violées par plusieurs hommes.

Cinq de ces femmes ont été interrogées par l’AFP. Deux d’entre elles ont raconté que leurs maris étaient tenus en joue pendant les viols. Une victime de 37 ans a, elle, assuré que si les viols sont monnaie courante dans ces camps, les viols collectifs ne le sont pas.

Les organisations humanitaires reconnaissent l’existence du problème croissant des viols, mais expliquent que la crise somalienne comporte de multiples facettes et que la priorité est accordée à d’autres maux. « Les programmes visant à améliorer la protection des femmes sont souvent sous-financés (…), ce même si les violences faites aux femmes augmentent lors des situations d’urgence », souligne Evelyn Aero, du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

– Dignité –

De retour à Dusta, Hawo explique que malgré son viol par un soldat, elle souhaite davantage de personnes armées dans le camp. Après ce traumatisme, elle a rapproché son abri de la base de l’Amisom et dit se sentir ainsi plus en sécurité.

D’autres ne souhaitent pas voir plus d’hommes armés dans le camp et estiment que la solution passe par la construction d’abris solides, en pierre et en tôle.

« Au-delà de la survie, l’abri est nécessaire (…) pour s’assurer que chaque personne soit en sécurité, et assurer le droit à la vie privée et la dignité, particulièrement pour les femmes et enfants », estime Gavin Lim, un spécialiste de la protection pour le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (UNHCR).

Mais alors que la sécheresse se prolonge et que la menace de la famine se rapproche chaque jour un peu plus, le nombre de déplacés augmente, rendant encore plus épineuse la question de la sécurité des femmes dans les camps.

Plus de 377.000 Somaliens ont été déplacés lors des trois premiers mois de 2017, portant à plus d’un million le nombre total de personnes déplacées par le conflit et la sécheresse en Somalie. Et l’UNHCR table sur trois millions d’ici la fin de l’année.

Romandie.com avec(©AFP / 02 juin 2017 19h18)                

Somalie: un soldat américain tué dans une opération contre les shebab

mai 5, 2017

Mogadiscio – Un soldat américain a été tué jeudi en Somalie et deux blessés lors d’une opération contre les insurgés islamistes shebab près de Barii, à environ 60 km à l’ouest de Mogadiscio, a annoncé vendredi le commandement américain pour l’Afrique (Africom).

Les troupes américaines impliquées avaient pour mission de « conseiller et assister » l’armée nationale somalienne (SNA) dans cette opération, a indiqué dans un communiqué l’Africom, sans fournir plus de détails.

Le soldat a été tué « par un tir d’arme légère alors qu’il conduisait une mission de conseil et d’assistance aux côtés de membres de l’armée nationale somalienne », a précisé à l’AFP Robyn M. Mack, une porte-parole de l’Africom.

Deux autres soldats « ont été blessés dans l’incident » et « reçoivent l’attention médicale nécessaire », a-t-elle ajouté.

A la mi-avril, les Etats-Unis avaient annoncé avoir mobilisé « quelques dizaines de soldats » en Somalie à la demande de Mogadiscio, pour assister les forces locales en matière de sécurité dans le cadre de la lutte contre les shebab.

Avant même cette annonce, des forces spéciales américaines étaient déjà déployées en Somalie, où elles étaient notamment chargées de la formation de la SNA.

Fin mars, l’administration du président américain Donald Trump avait étendu les pouvoirs donnés aux militaires américains pour mener des frappes en Somalie contre les shebab, affiliés à Al-Qaïda.

En 2016, les militaires américains ont mené une quinzaine de frappes de drones en Somalie contre les shebab, selon les statistiques du Bureau of investigative journalism, une ONG britannique qui compile les données sur les frappes de drones américaines. Elles ont tué de 223 à 311 personnes, essentiellement des shebab, selon ces statistiques.

Les shebab ont juré la perte du gouvernement central somalien, soutenu à bout de bras par la communauté internationale et par les 22.000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom), déployée en 2007.

Les Etats-Unis restent très marqués par l’échec de leur intervention militaire et humanitaire en Somalie sous pavillon de l’ONU au début des années 1990 et notamment par le sinistre « Black Hawk Down » du 3 octobre 1993, la bataille de Mogadiscio au cours de laquelle des hélicoptères américains furent abattus et 18 soldats tués.

Romandie.com avec(©AFP / 05 mai 2017 15h06)