Posts Tagged ‘Stéphane Heit’

France/Couvre-feu à 18h : «Beaucoup de commerces sont en danger de mort»

décembre 31, 2020

Le président de la CPME du Grand Est, Stéphane Heit, explique que le couvre-feu avancé dans certains départements pour lutter contre le Covid-19 n’est «pas du tout compris» par les commerçants.

Le couvre-feu sera avancé à 18 heures dans certains départements à partir du 2 janvier. La liste sera officiellement arrêtée le 1er janvier en fonction des dernières données mais une vingtaine de départements sont potentiellement concernés.

Parmi ces départements, neuf se trouvent dans le Grand Est. Interrogé par Le Figaro, le président de la CPME Grand Est, Stéphane Heit, relaie le désarroi des commerçants de terrain. «Nous avons enregistré des réactions très vives de la part des TPE-PME. Il y a un gros ras-le-bol et cette décision n’est pas du tout comprise», explique-t-il. Avant de poursuivre : «Beaucoup de commerçants sont déjà au bord de l’épuisement et nous disent : ‘s’il y a un couvre-feu à 18h, on est mort’».

«Ce couvre-feu va tuer encore un peu plus l’économie», dénonce Stéphane Heit, évoquant également des conséquences humaines et psychologiques dramatiques. «Pour nous les mesures mises en place ne sont pas les bonnes et n’auront aucun impact sanitaire. On a l’impression qu’on assiste à la même chose qu’avec les masques. La priorité devrait être la vaccination», estime-t-il.

«Les commerçants veulent qu’on les laisse travailler»

Le président de la CPME du Grand Est explique que ce couvre-feu va concentrer l’activité sur des horaires encore plus réduits et empêcher les gens qui sortent du travail de faire des achats. Selon lui, environ 25% du chiffre d’affaires des commerçants est réalisé sur le créneau 17h-19h.

«Les gens qui sortent du travail à 17h ou 17h30 ne vont plus du tout aller dans les commerces d’habillement», illustre-t-il. La filière textile est particulièrement en danger car de nombreux commerçants ont encore des stocks d’été sur les bras. Ils redoutent une situation similaire avec leurs stocks d’hiver. Il y a aussi les salons de coiffure qui ont généralement une grosse activité à partir de 17h ou encore les restaurateurs qui avaient mis en place un système de vente à emporter pour limiter les dégâts. «Les commerçants veulent qu’on les laisse travailler», résume Stéphane Heit.

Certes, les dirigeants de petits commerces ont reçu des aides, mais «elles sont insignifiantes à côté des pertes», estime le président de la CPME du Grand Est. «De nombreux commerçants sont déjà lourdement endettés. Ils ont doublé leur endettement avec les PGE (prêts garantis par l’État, NDLR) et ils doivent toujours payer leurs loyers», poursuit-il. «Il faudrait une indemnisation de la perte d’exploitation et une indemnisation du stock à hauteur de 60 ou 65% du chiffre d’affaires (CA). En Allemagne, par exemple, l’indemnisation des restaurateurs est à 75% du CA», enchaîne Stéphane Heit. «En France, une entreprise qui fait 280.000 euros de CA en novembre, en temps normal, reçoit une aide plafonnée à 10.000 euros», déplore-t-il.

Avec Le Figaro par Guillaume Poingt