Posts Tagged ‘Taïwan’

Propos sur Taïwan : Emmanuel Macron assume

avril 12, 2023

Emmanuel Macron avait suscité l’incompréhension aux États-Unis et en Europe en déclarant ne pas être « suiviste » de Washington ou Pékin concernant Taïwan.

Emmanuel Macron lors de sa conference de presse aux cotes du Premier ministre des Pays-Bas mercredi 12 avril.
Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse aux côtés du Premier ministre des Pays-Bas mercredi 12 avril.© LUDOVIC MARIN / AFP

Lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre des Pays-Bas lors de son déplacement à Amsterdam, le président a confirmé qu’être « allié » des États-Unis ne signifie pas être « vassal » et « qu’on n’a plus le droit de penser tout seul », après des propos controversés du président sur le sujet. « La France est pour le statu quo à Taïwan » , elle « soutient la politique d’une seule Chine et la recherche d’un règlement pacifique de la situation », a-t-il ajouté.

Plus tôt mercredi, une source diplomatique française avait confirmé que la France est un allié « fiable » des États-Unis, mais revendique de ne pas être « suiviste ». « Nous ne sommes pas suivistes des États-Unis pour une raison simple qui est que le président veut de la souveraineté européenne », a souligné cette source. « Nous sommes des alliés des États-Unis, des alliés fiables, solides, engagés mais nous sommes des alliés qui décidons pour nous-mêmes », a-t-elle martelé.

Emmanuel Macron a suscité une vague d’incompréhension aux États-Unis et en Europe en appelant l’UE à ne pas être « suiviste » de Washington ou Pékin sur la question de Taïwan.

« La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes » sur la question de Taïwan « et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise », a-t-il dit dans une interview au site américain Politico et au quotidien économique français Les Échos parue dimanche.

Des propos aussitôt interprétés comme une prise de distance à l’égard de Washington alors que les États-Unis sont par ailleurs très engagés auprès de l’Ukraine depuis le début de l’offensive russe. « Le président de la République assume entièrement son propos », a insisté la source diplomatique.

La France ne se désintéresse pas des tensions autour de Taïwan, a-t-elle martelé, alors que la Chine a mené des exercices militaires pour faire pression sur l’île. Pékin avait perçu comme une menace la rencontre la semaine dernière entre la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et Kevin McCarthy, le troisième personnage du gouvernement américain.

Paris déplore les « mots orduriers » de Trump

« Le président n’a pas dit que nous ne nous préoccuperions pas de la sécurité de Taïwan, n’a pas dit que nous ne serions pas là pour défendre un Indo-Pacifique ouvert », a asséné la source diplomatique. Une frégate française a d’ailleurs traversé le détroit de Taïwan au moment même où la Chine menait ses exercices, a-t-elle précisé.

Les propos du président ont aussi été perçus comme faisant porter la responsabilité première des tensions dans la région aux Américains. « Le chef de l’État sait que Joe Biden ne veut pas la guerre », a riposté la source diplomatique française. Lors de son déplacement en Chine la semaine dernière, « Xi Jinping lui a dit qu’il était pour une solution pacifique et n’était pas pressé pour Taïwan », a-t-elle ajouté.

Paris a par ailleurs déploré les « mots orduriers » de Donald Trump envers Emmanuel Macron après sa visite en Chine. « Macron, qui est un ami, est avec la Chine en train de lui lécher le cul », a estimé l’ancien président américain.

Lors d’une « belle visite » en 2019 à la Cité interdite, « Donald Trump avait eu une phrase “I can not blame China” (je ne peux pas blâmer la Chine) », a lancé la source diplomatique, critique.

Le Point par L.L avec AFP

La Chine relance ses manœuvres militaires autour de Taïwan

août 15, 2022
Un pilote dans un jet

L’agence de nouvelles chinoise Xinhua a publié cette photo d’un pilote du Théâtre oriental de l’Armée populaire de libération chinoise, le 7 août dernier, lors d’une première série d’exercices militaires lancée par Pékin. Photo: via AP / Wang Xinchao

La Chine a annoncé lundi avoir organisé de nouveaux exercices militaires autour de Taïwan, où cinq parlementaires américains sont en visite, deux semaines après la venue de Nancy Pelosi qui avait déjà déclenché la colère de Pékin.

L’Armée populaire de libération a organisé une patrouille de préparation au combat interarmées et des exercices de combat dans la mer et l’espace aérien autour de Taïwan, a indiqué lundi le Commandement Est de l’armée chinoise.

La délégation américaine, dont la visite n’avait pas été annoncée, est arrivée dimanche soir à Taipei et devait rencontrer la présidente de l’île, Tsai Ing-wen, lundi, avant une réception organisée au ministère des Affaires étrangères.

La Chine prendra des mesures fermes et énergiques pour sauvegarder sa souveraineté et son intégrité territoriale, a averti lundi devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

Le déplacement de deux jours porte essentiellement sur le commerce, la sécurité de la région et le changement climatique, selon l’Institut américain à Taïwan, l’ambassade de facto des États-Unis dans l’île.

Les officiels posent pour une photo.

La délégation américaine (Alan Lowenthal, John Garamendi, Ed Markey, Aumua Amata Coleman Radewagen, Don Beyer) est accompagné du politicien taïwanais Joseph Wu. Photo : AP

Il survient moins de deux semaines après la visite de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi sur cette île revendiquée par les autorités chinoises.

La Chine avait alors réagi avec colère et lancé les plus importantes manoeuvres militaires de son histoire autour de Taïwan. Pendant cinq jours, l’armée avait déployé navires de guerre, missiles et avions de chasse, simulant un blocus de l’île.

Taipei a accusé la Chine d’avoir pris prétexte de la visite de Mme Pelosi pour s’entraîner à une invasion. En réponse, les États-Unis ont réaffirmé leur engagement dans la région.

Les nouvelles manoeuvres lundi constituent une dissuasion solennelle contre les États-Unis et Taïwan qui sapent la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, a indiqué dans un communiqué le porte-parole du Commandement Est de l’armée chinoise, Shi Yi.

L’armée s’entraîne et se prépare au combat, a précisé le porte-parole, reprenant un vocabulaire déjà utilisé par Pékin.

La délégation américaine est composée d’un sénateur Ed Markey (Massachusetts, démocrate) et des représentants Alan Lowenthal (Californie, démocrate), John Garamendi (Californie, démocrate), Don Beyer (Virginie, démocrate) et Aumua Amata Coleman Radewagen (Samoa, républicaine).

Taipei souhaite le statu quo et la stabilité dans le détroit de Taïwan ainsi qu’en Asie-Pacifique, leur a indiqué la dirigeante Tsai Ing-wen, selon un communiqué de la présidence de l’île.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie montre la menace que les États autoritaires représentent pour l’ordre mondial, a souligné Mme Tsai, tout en remerciant Washington pour son soutien face aux menaces chinoises.

Représailles et menaces

La Chine estime que Taïwan, peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays.

Des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, mais la Chine avait jugé que la visite de Mme Pelosi, la plus haute responsable américaine à se rendre sur l’île depuis des décennies, était une provocation majeure.

Face aux manoeuvres lancées par Pékin en représailles, Taïwan avait organisé ses propres exercices simulant l’organisation de sa défense face à une invasion chinoise.

Pékin n’a mis fin à ses exercices qu’après avoir réitéré ses menaces envers Taipei et déclaré qu’elle continuerait à patrouiller dans le détroit de Taïwan.

Dans son point quotidien, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé dimanche avoir détecté 22 avions et 6 navires chinois opérant près du détroit. Onze des avions ont dépassé la ligne médiane, une démarcation non officielle entre Taïwan et la Chine que Pékin ne reconnaît pas.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Une délégation du Congrès américain arrive à Taïwan

août 14, 2022
Une délégation du Congrès américain à Taipei.

Le directeur général du département des affaires nord-américaines du ministère taïwanais des Affaires étrangères, Douglas Hsu, avec les représentants américains Alan Lowenthal, John Garamendi, Don Beyer et Aumua Amata, Coleman Radewagen à l’aéroport de Taipei. Photo : Reuters/Ministère des Affaires Étrangères de Taïwan

Une délégation de membres du Congrès américain est arrivée dimanche à Taïwan pour une visite qui n’était pas annoncée, a indiqué une source diplomatique américaine dans l’île.

Cette visite de cinq personnes – un sénateur et quatre représentants, dont des démocrates et un républicain –, qui doit durer jusqu’à lundi, selon l’Institut américain à Taïwan, l’ambassade de facto des États-Unis dans l’île, survient quelques jours après la fin des manœuvres militaires les plus importantes jamais réalisées par Pékin autour de Taïwan, en riposte à une visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi.

Ed Markey et Alexander Tah-ray Yui.

Le sénateur démocrate américain Ed Markey, du Massachusetts, à gauche, pose avec le vice-ministre du ministère taïwanais des Affaires étrangères, Alexander Tah-ray Yui, après son arrivée Taipei. Photo : AP

Taipei a accusé la Chine d’avoir pris prétexte de la visite de Mme Pelosi pour s’entraîner à une invasion.

En réponse, les États-Unis ont réaffirmé leur engagement dans la région.

Washington va renforcer ses relations commerciales avec Taïwan et effectuer de nouveaux passages aériens et maritimes dans le détroit, en réponse aux actions provocatrices de la Chine, a annoncé vendredi Kurt Campbell, coordinateur de la Maison-Blanche pour l’Asie-Pacifique.

Des hélicoptères volent au-dessus de la mer, où se trouvent des navires.

Des hélicoptères chinois près de l’île Pintgan, l’un des points les plus proches de Taïwan Photo : AFP via Getty Images/Hector Retamal

Taïwan est une province chinoise, selon Pékin

La Chine estime que Taïwan, peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).

Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays.

Portrait de Nancy Pelosi à Taïwan.

Un panneau affichant le portrait de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, lui souhaite la bienvenue à Taïwan (archives). Photo : AP/Chiang Ying-Ying

Des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, mais la Chine juge que la visite de Mme Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’État américain, a été une provocation majeure.

La délégation va rencontrer de hauts responsables taïwanais pour discuter des relations entre les États-Unis et Taïwan, des questions de sécurité régionale, de commerce et d’investissement, du changement climatique, a notamment indiqué l’Institut américain.

Le ministre taïwanais des Affaires étrangères a salué cette visite.

Alors que la Chine continue à faire monter les tensions dans la région, le Congrès américain a de nouveau envoyé une délégation de haut niveau à Taïwan, démontrant ainsi une amitié qui n’est pas effrayée par les menaces de la Chine et souligne le soutien résolu des États-Unis envers Taïwan.

Les parlementaires américains vont notamment rencontrer le président, Tsai Ing-wen, et le ministre des Affaires étrangères, Joseph Wu, a-t-il ajouté.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Le Japon craint d’être entraîné dans une guerre à Taïwan

août 11, 2022

Les exercices militaires de la Chine autour de Taïwan sont peut-être terminés, mais la menace d’une invasion de l’île à moyen terme demeure en place. Dans son « livre blanc » publié mercredi et qui se veut une marche à suivre pour la réunification, Pékin ne renonce pas à l’usage de la force qui serait utilisée en dernier recours.

Des hélicoptères volent au-dessus de la mer, où se trouvent des navires.

Des hélicoptères chinois près de l’île Pintgan, l’un des points les plus proches de Taïwan Photo: AFP via Getty Images/Hector Retamal

Depuis la visite de la présidente de la Chambre des représentants américains, Nancy Pelosi, à Taïwan la semaine dernière, la réaction et la démonstration de force chinoises font craindre le pire à Tokyo. Le Japon redoute d’être attiré dans un conflit militaire entre la Chine et les États-Unis sur la question de Taïwan.

Décryptage et explications avec Antoine Bondaz, directeur du Programme Taïwan et chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, et Robert Dujarric, codirecteur du Département d’études asiatiques de Temple University Japan.

D’où viennent ces craintes japonaises d’être entraîné dans un conflit à Taïwan?

Antoine Bondaz : Les craintes du Japon sont anciennes et il y a plusieurs raisons. Premièrement, il y a la géographie. Il ne faut pas oublier que certaines îles japonaises se trouvent à moins de 150 kilomètres de Taïwan. Si la Chine devait réaliser un blocus de l’île, ce blocus se ferait, de fait, quasiment dans la zone économique exclusive du Japon ou extrêmement proche des côtes japonaises. On l’a vu avec les zones annoncées lors des exercices militaires par la Chine. Certaines encerclaient partiellement certaines îles japonaises.

Deuxièmement, et c’est fondamental, s’il y avait une intervention militaire américaine, les troupes américaines les plus proches de Taïwan ne se trouvent pas à Hawaï ou à Guam. Elles se trouvent au Japon, notamment à Okinawa. Donc une intervention militaire américaine nécessiterait la mobilisation des troupes américaines basées au Japon et donc, de fait, une participation directe ou indirecte du Japon.

Troisièmement, et c’est le point qui est le plus discuté aujourd’hui à Tokyo, la sécurité et l’environnement stratégique du Japon seraient extrêmement dégradés si la Chine réussissait à conquérir Taïwan par la force.

Certains analystes disent que le Japon pourrait aussi être une cible, surtout dans le cas où on doit intervenir pour porter secours à Taïwan. Est-ce que c’est un enjeu?

Robert Dujarric : Oui, je pense que l’on considère dans les cercles dirigeants à Tokyo, depuis longtemps, depuis peut-être 25 ans, que le Japon pourrait être directement ou indirectement attaqué par la Chine. On a toujours pensé au Japon qu’une invasion chinoise, une annexion chinoise de Taïwan, serait une menace mortelle pour le Japon.

Pourquoi? Quel est le rôle ou l’importance de Taïwan pour le Japon?

Robert Dujarric : C’est encore la question de la proximité géographique de l’île, la possibilité, si la Chine prenait possession de Taïwan, d’installer des bases militaires. Surtout, ça serait la démonstration du fait que la Chine peut éliminer un État indépendant, indépendant de facto, de la région. Donc la question que se poseraient les Japonais, c’est : est-ce que ça pourrait arriver plus tard en Corée du Sud, est-ce que le Japon pourrait être victime? Pour eux, ça serait le début d’une restructuration internationale dans la région qui serait profondément néfaste au Japon.

Est-ce qu’il y a une inquiétude plus grande après les exercices qu’on a vus la semaine dernière?

Robert Dujarric : Je crois que c’est la prolongation des exercices chinois qui préoccupe. Il y en a eu depuis longtemps. Ceux-là semblaient être un peu plus agressifs. Mais je crois que c’est une préoccupation qui n’est pas arrivée soudainement, qui existait déjà et qui était renforcée depuis que Xi Jinping est au pouvoir.

Les missiles balistiques chinois qui ont terminé leur course près des eaux japonaises, quelle importance ou quelle signification cela a-t-il?

Robert Dujarric : La signification, c’est que la Chine est prête à provoquer le Japon, mais pas à franchir la ligne rouge. Ces missiles sont tombés hors des eaux territoriales japonaises, donc ça n’était pas une violation de la souveraineté territoriale japonaise.

Mais c’est pour eux la preuve que la Chine est très agressive. C’est interprété par le gouvernement à Tokyo comme voulant dire que le Japon devrait faire plus pour se défendre, ce qui veut dire aussi qu’ils souhaitent que les États-Unis en fassent plus pour protéger le Japon.

La Chine est de plus en plus claire : pour elle, la réunification avec Taïwan est inévitable. Cependant, cet objectif devra nécessairement passer par un conflit. Cela crée beaucoup d’inquiétude, notamment pour le Japon qui craint d’être impliqué dans la guerre malgré lui. Reportage de notre correspondant en Asie, Philippe Leblanc.

Notre correspondant en Asie Philippe Leblanc sera basé à Taïwan pour les prochains mois, afin de nous faire découvrir cette île de près de 24 millions d’habitants, sa société et les défis qui l’animent. Et aussi afin de couvrir les enjeux d’actualité de toute la région Asie-Pacifique.

Avec Radio-Canada par Philippe Leblanc

68 avions et 13 navires chinois ont franchi la « ligne médiane », selon Taïwan

août 5, 2022
Un avion dans le ciel.

Un avion de guerre chinois a été aperçu notamment au-dessus de l’île Pingtan, à Taïwan, vendredi. Photo: Reuters/Aly Song

La visite de Nancy Pelosi à Taïwan continue de faire des vagues. Vendredi, la Chine a annoncé mettre fin à la coopération avec les États-Unis sur plusieurs dossiers, dont celui sur les changements climatiques, et continue ses manœuvres militaires de grande envergure autour de Taïwan.

Le gouvernement taïwanais affirme que 68 avions et 13 navires de guerre chinois ont franchi vendredi la ligne médiane du détroit. Il s’agit d’une frontière informelle, en mer, qui sépare les deux voisins.

La veille, des opérations militaires chinoises s’étaient déroulées tout autour de l’île, s’approchant à environ 20 km des côtes. L’ambassade du Japon à Washington a même déclaré qu’elle pensait que quatre missiles tirés par la Chine étaient passés au-dessus de Taipei pour atteindre des cibles virtuelles en mer, environ 250 km plus loin. La Chine a refusé de confirmer ces affirmations.

Une carte montrant la proximité entre Taïwan et la Chine, ainsi que les six zones concernées par les exercices militaires.

Jeudi 4 août 2022, Pékin a tiré une dizaine de missiles balistiques et déployé son aviation et sa marine dans les six zones maritimes autour de Taïwan Photo : Radio-Canada

Sur la scène diplomatique, c’est aussi l’escalade.

Pékin a annoncé aujourd’hui suspendre les négociations sino-américaines sur le changement climatique et annuler un entretien entre les dirigeants militaires ainsi que deux réunions sur la sécurité, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, invoquant le mépris dont a fait preuve Mme Pelosi en visitant Taïwan malgré la forte opposition de la Chine.

Parmi les autres mesures annoncées vendredi, le ministère des Affaires étrangères a dit suspendre la coopération avec Washington sur le rapatriement des migrants illégaux, ainsi qu’en matière de justice, de criminalité transnationale et de lutte contre la drogue.

Sanctions chinoises contre Pelosi

Un peu plus tôt, le ministère chinois avait indiqué imposer des sanctions à la cheffe des démocrates au Congrès et à sa famille proche, sans détailler en quoi elles consistaient.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré dans un communiqué de presse que Mme Pelosi s’était sérieusement ingérée dans les affaires intérieures de la Chine, avait gravement porté atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Chine, avait gravement bafoué le principe d’une seule Chine et gravement menacé la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan.

Nancy Pelosi avant de quitter Taipei.

La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, et d’autres membres de sa délégation saluent les dignitaires avant de quitter Taipei. Photo : AP

La Chine, qui considère Taïwan comme étant partie intégrante de son territoire, a lancé jeudi, en réaction à la visite de l’élue américaine, les plus importants exercices militaires de son histoire autour de l’île, qui vont durer jusqu’à dimanche.

Les États-Unis ne sont pas en reste et ont convoqué l’ambassadeur de Chine aux États-Unis, Qin Gang, jeudi à la Maison-Blanche, afin de recevoir des explications au sujet des actions provocatrices de la Chine, mentionne le Washington Post reprenant les propos de l’administration Biden.

Dans ce contexte, l’optimisme des résidents de Taïwan s’effrite. Selon un sondage réalisé par le groupe de réflexion Taiwanese Public Opinion Foundation, environ 78 % des 19 500 personnes interrogées se sont dites peu ou pas convaincues que les États-Unis porteraient assistance à leur île en cas d’attaque de la Chine. En mars, ils n’étaient que 29 % à penser ainsi.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse, BBC et Washington Post

Visite de Pelosi à Taïwan : une « provocation », selon Jean-Luc Mélenchon

août 4, 2022

Le leader de La France insoumise estime que « les Chinois régleront le problème entre eux », en pleine tension entre Taipei et Pékin.

Le chef de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qualifie de « provocation » sur son blog le déplacement de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan, affirmant qu’il « n’y a qu’une seule Chine », en pleine tension entre Taipei et Pékin. L’initiative de Nancy Pelosi, prise dans le cadre d’une tournée asiatique, est considérée par la Chine comme une provocation, un soutien aux partisans de l’indépendance de Taïwan et un reniement de la promesse des États-Unis de ne pas avoir de relations officielles avec l’île.

Parlant de « provocation des USA à Taïwan », Jean-Luc Mélenchon estime dans son billet de blog hebdomadaire qu’il « n’y a qu’une seule Chine », en référence au territoire continental, et que « Taïwan est une composante à part entière de la Chine », reprenant un vocable défendu par le régime de Pékin mais refusé par les autorités de Taipei.

« Les Chinois régleront le problème entre eux »

Issue d’un parti indépendantiste, l’actuelle présidente Tsai Ing-wen refuse, contrairement au gouvernement précédent, de reconnaître que l’île et le continent font partie « d’une même Chine ». « Les Chinois régleront le problème entre eux. Il n’y a pas d’autre issue raisonnable possible », a balayé Jean-Luc Mélenchon, qui accuse les États-Unis de vouloir « ouvrir un nouveau front ». Une position tenue depuis longtemps par l’Insoumis, qui disait l’année dernière refuser « la guerre froide avec la Chine », au sujet d’une proposition de résolution en faveur de l’association de Taïwan aux travaux des organisations internationales, à l’Assemblée nationale.

La Chine a lancé jeudi les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de Taïwan, une réponse musclée à la visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi sur l’île. L’armée chinoise a lancé une série de missiles qui ont survolé Taïwan avant de tomber pour la première fois dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon.

Vingt-deux avions de combat chinois sont un court instant entrés jeudi dans la zone de défense aérienne taïwanaise, a annoncé le ministre taïwanais de la Défense. Pour Pékin, ces manœuvres sont « une mesure nécessaire et légitime » après la visite de Nancy Pelosi. Les visites de responsables et de parlementaires étrangers se sont également multipliées ces dernières années, provoquant l’ire de Pékin.

Le Point avec AFP

Après la visite de Pelosi, Pékin va lancer des manœuvres militaires

août 3, 2022

Le gouvernement taïwanais a dénoncé l’entrée dans son espace aérien de quasi 30 avions militaires du régime chinois après la visite de Nancy Pelosi.

Vingt-sept avions militaires chinois sont entres mercredi dans la zone de defense aerienne taiwanaise.
Vingt-sept avions militaires chinois sont entrés mercredi dans la zone de défense aérienne taïwanaise.© ALEX PLAVEVSKI / EPA

La Chine réplique après la visite de la présidente américaine de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan. Vingt-sept avions militaires chinois sont entrés mercredi dans la zone de défense aérienne taïwanaise, ont annoncé les autorités du pays. 27 appareils de l’armée chinoise « sont entrés dans la zone environnante (Zone d’identification de défense aérienne, plus large que l’espace aérien) le 3 août 2022 », a déclaré sur Twitter le ministère de la Défense taïwanais.

La veille, déjà, le gouvernement de Taïpei avait dénoncé l’entrée d’une vingtaine d’appareils militaires chinois dans sa zone d’identification de défense aérienne taïwanaise alors que Nancy Pelosi, foulait le tarmac de la capitale taïwanaise, malgré les mises en garde chinoises. La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a affirmé de son côté mercredi que l’île « ne reculerait pas » face à la menace de la Chine et les chefs de la diplomatie des sept pays les plus riches du monde (G7) ont estimé que « la réponse en forme d’escalade » de Pékin « risque d’augmenter les tensions et de déstabiliser la région ».

Le séjour de Nancy Pelosi a déclenché l’ire de Pékin, qui considère Taïwan comme faisant partie de son territoire et s’oppose avec véhémence à toute forme de reconnaissance internationale de l’île. « Ceux qui offensent la Chine seront punis », a promis mercredi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Le ministère chinois de la Défense a promis des « actions militaires ciblées », avec une série de manœuvres militaires autour de l’île qui commenceront jeudi, dont « le tir à munitions réelles de longue portée » dans le détroit de Taïwan, qui sépare l’île de la Chine continentale.

Les exercices militaires, qui s’approcheront jusqu’à 20 kilomètres des côtes taïwanaises, « constituent une mesure nécessaire et légitime afin de répliquer aux graves provocations de certains politiciens américains et des indépendantistes taïwanais », a déclaré à la presse Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Une visite scrutée par le monde entier

La présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, a quitté Taïwan mercredi 3 avril à midi (heure française), au terme d’une visite historique et controversée à laquelle Pékin a répondu par des menaces et des annonces d’exercices militaires. L’élue de 82 ans a salué les dignitaires sur le tarmac de l’aéroport de Songshan, à Taipei, avant de monter à bord d’un avion militaire américain, d’après des images retransmises en direct par les télévisions.

Lors d’une rencontre avec la dirigeante taïwanaise à Taipei, Nancy Pelosi a affirmé être venue « en paix » dans la région, tout en assurant que les États-Unis n’abandonneront pas leurs engagements envers l’île démocratique menacée d’invasion par Pékin. « Aujourd’hui, notre délégation (…) est venue à Taïwan pour dire sans équivoque que nous n’abandonnerons pas notre engagement envers Taïwan et que nous sommes fiers de notre amitié durable », a déclaré l’élue américaine, la plus haute responsable américaine à visiter l’île depuis 25 ans.

Nancy Pelosi, 82 ans, est arrivée mardi soir à Taipei à bord d’un avion militaire américain, déclenchant immédiatement de vives réactions à Pékin. Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé « une grave violation » des engagements américains vis-à-vis de la Chine, qui « porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité » régionales.

Le gouvernement chinois a convoqué mardi soir l’ambassadeur américain Nicholas Burns. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Xie Feng, lui a exprimé les « fermes protestations » de son pays, ajoutant que « l’initiative (de Nancy Pelosi de se rendre à Taïwan) est extrêmement choquante et les conséquences seront très graves », a rapporté l’agence Chine nouvelle. Mercredi, Pékin a prévenu que « ceux qui offensent la Chine seront punis », par la voix de son ministre des Affaires étrangères. « C’est une farce pure et simple. Sous couvert de « démocratie », les États-Unis violent la souveraineté de la Chine », a également déclaré le ministre Wang Yi, en marge d’une réunion de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à Phnom Penh.

Sanctions économiques

Le ministère du Commerce chinois a également annoncé des sanctions économiques, annonçant une suspension de l’exportation vers Taïwan de sable naturel – un composant clé dans la fabrication de semi-conducteurs, l’une des principales exportations de l’île.

« Face à des menaces militaires délibérément accrues, Taïwan ne reculera pas », a réagi mercredi la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen. « Nous allons (…) continuer à défendre la démocratie », a-t-elle affirmé lors de sa rencontre avec Nancy Pelosi, qu’elle a remercié pour « les mesures concrètes qui montrent (son) soutien indéfectible à Taïwan en ce moment critique ».

Les autorités taïwanaises ont signalé dans la nuit de mardi à mercredi que 21 avions militaires chinois avaient pénétré dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île – une zone bien plus large que son espace aérien.

Le ministère taïwanais de la Défense a dénoncé « une tentative de menacer nos ports et nos zones urbaines importantes, et de saper unilatéralement la paix et la stabilité régionales ». « L’armée va assurément rester à son poste et protéger la sécurité nationale. Nous demandons au public d’être rassuré et de soutenir l’armée », a-t-il ajouté.

Risque faible de conflit armé mais vives tensions

Plusieurs navires américains croisent également dans la région, dont le porte-avions USS Ronald Reagan, selon des sources militaires américaines. La plupart des observateurs jugent faible la probabilité d’un conflit armé. Mais des responsables américains ont dit se préparer à des démonstrations de force de l’armée chinoise. Le Japon s’est quant à lui dit « préoccupé » par les exercices militaires chinois, dont certains devraient, selon Tokyo, déborder sur la zone économique exclusive (ZEE) japonaise.

La Chine estime que Taïwan, avec ses 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à rattacher au reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Des responsables américains se rendent régulièrement sur l’île. Mais la Chine juge qu’une visite de Nancy Pelosi, troisième personnage de l’État américain, est une provocation majeure. La semaine dernière, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue américain Joe Biden, le président chinois Xi Jinping avait déjà appelé les États-Unis à ne « pas jouer avec le feu ».

Depuis 1979, Washington ne reconnaît qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien aux autorités taïwanaises, via notamment d’importantes ventes d’armes. Les États-Unis pratiquent également « l’ambiguïté stratégique », s’abstenant de dire s’ils défendraient ou non militairement Taïwan en cas d’invasion.

Par Le Point avec AFP

Nancy Pelosi quitte Taipei au terme d’une visite sous tension

août 3, 2022
Nancy Pelosi avant de quitter Taipei.

La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, et d’autres membres de sa délégation saluent les dignitaires avant de quitter Taipei. Photo : AP

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a quitté Taïwan mercredi après avoir rencontré la présidente Tsai Ing-wen, au terme d’une visite à la fois historique et controversée.

L’élue de 82 ans a salué les dignitaires sur le tarmac de l’aéroport de Songshan, à Taipei, avant de monter à bord d’un avion militaire américain qui a décollé à 18 h (heure locale), d’après des images retransmises en direct par les télévisions.

Un peu plus tôt, la présidente taïwanaise a affirmé que l’île ne reculerait pas face à la menace de la Chine, qui s’apprête à lancer des manœuvres militaires dangereusement près des côtes taïwanaises en représailles à la visite de Nancy Pelosi.

Lors d’une rencontre avec Mme Tsai à Taipei, Mme Pelosi a affirmé être venue en paix.

Aujourd’hui, notre délégation […] est venue à Taïwan pour dire sans équivoque que nous n’abandonnerons pas notre engagement envers Taïwan et que nous sommes fiers de notre amitié durable, a déclaré la plus haute responsable américaine à visiter l’île en 25 ans.

La responsable américaine est arrivée mardi soir à bord d’un avion militaire américain, déclenchant immédiatement de vives réactions à Pékin.

Elles envoient la main en direction des caméras.

La présidente Tsai Ing-wen s’est entretenue avec Nancy Pelosi. Photo : Reuters

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé une grave violation des engagements américains envers la Chine, qui porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité régionales.

Le gouvernement chinois a convoqué mardi soir l’ambassadeur américain Nicholas Burns. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Xie Feng, lui a exprimé les protestations fermes de son pays, ajoutant que l’initiative [de Mme Pelosi de se rendre à Taïwan] est extrêmement choquante et les conséquences seront très graves, selon l’agence Chine Nouvelle.

Le ministère chinois de la Défense a quant à lui promis des actions militaires ciblées, avec une série de manœuvres militaires autour de l’île qui commenceront jeudi, dont le tir à munitions réelles de longue portée dans le détroit de Taïwan, qui sépare l’île de la Chine continentale.

Selon les coordonnées publiées par l’armée chinoise, une partie des opérations militaires auront lieu à 20 kilomètres des côtes de Taïwan.

Certaines des zones des manœuvres de la Chine empiètent sur […] les eaux territoriales de Taïwan, a déclaré le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense Sun Li-fang. Il s’agit d’un acte irrationnel visant à défier l’ordre international, a-t-il ajouté.

Tensions sino-américaines : analyse

Entrevue avec Valérie Beaudoin, chercheure associée à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM pour mieux comprendre les ramifications de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan.

Le Japon s’est quant à lui dit préoccupé par les exercices chinois, affirmant que certains allaient empiéter sur sa zone économique exclusive (ZEE). La Corée du Sud, prochaine étape de la tournée asiatique de Mme Pelosi mercredi soir, a de son côté lancé un appel au calme.

Le ministère du Commerce de Pékin a également annoncé des sanctions économiques, en commençant par une suspension de l’exportation vers Taïwan de sable naturel. C’est un composant clé dans la fabrication de semi-conducteurs, l’une des principales exportations de l’île.

Face à des menaces militaires délibérément accrues, Taïwan ne reculera pas, a lancé la présidente Tsai Ing-wen.

Nous allons […] continuer à défendre la démocratie, a-t-elle affirmé lors de sa rencontre avec Mme Pelosi, qu’elle a remerciée pour avoir pris des mesures concrètes pour montrer son soutien indéfectible à Taïwan en ce moment critique.

Les autorités taïwanaises ont signalé dans la nuit de mardi à mercredi que 21 avions militaires chinois avaient pénétré dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île, une zone bien plus large que son espace aérien.

Le ministère taïwanais de la Défense a dénoncé une tentative de menacer nos ports et nos zones urbaines importantes, et de saper unilatéralement la paix et la stabilité régionales.

L’armée va assurément rester à son poste et protéger la sécurité nationale. Nous demandons au public d’être rassuré et de soutenir l’armée, a-t-il conclu.

Plusieurs navires américains croisent également dans la région, dont le porte-avions USS Ronald Reagan, selon des sources militaires américaines.

La plupart des observateurs jugent faible la probabilité d’un conflit armé. Mais des responsables américains ont dit se préparer à des démonstrations de force de l’armée chinoise.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Nancy Pelosi arrive à Taïwan, la Chine s’insurge

août 2, 2022
Joseph Wu accueille Nancy Pelosi à son arrivée.

Le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, a accueilli Nancy Pelosi à son arrivée. Photo: Reuters/Courtoisie du Ministre Taiwanais des Affaires Étrangères

Malgré les menaces des autorités chinoises, la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi est arrivée à Taïwan. L’avion militaire qui la transportait s’est posé à l’aéroport Taïwan-Taoyuan, à Taipei, vers 22 h 45, heure locale. Elle a été accueillie à son arrivée par Joseph Wu, le ministre taïwanais des Affaires étrangères.

Mme Pelosi doit passer la nuit au Grand Hyatt Hotel, où des manifestants pour et contre sa venue l’attendaient avant son arrivée(Nouvelle fenêtre).

Selon des médias locaux, elle va s’entretenir avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, mercredi, avant de repartir en fin de journée pour poursuivre son voyage en Asie.

Un manifestant tient une pancarte insultant Nancy Pelosi.

Des manifestants ont exprimé leur mécontentement avec la visite de Nancy Pelosi. Photo : AFP/Annabelle Chih

Dans une lettre ouverte publiée par le Washington Post quelques instants après son arrivée, Mme Pelosi écrit que cette visite démontre l’appui sans équivoque des États-Unis à la vibrante démocratie taïwanaise.

Nous ne pouvons rester immobiles pendant que le PCC (Parti communiste chinois) continue de menacer Taïwan – et la démocratie elle-même, ajoute-t-elle, évoquant notamment la répression brutale de Pékin contre des manifestants prodémocratie à Hong Kong et le traitement de la minorité musulmane ouïgoure.

« La solidarité de l’Amérique avec les 23 millions d’habitants de Taïwan est plus importante aujourd’hui que jamais, alors que le monde est confronté à un choix entre autocratie et démocratie. »— Une citation de  Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis

Elle écrit toutefois que cette visite ne contredit en aucun cas la politique de longue date des États-Unis dans la région. Depuis 1979, les États-Unis ne reconnaissent qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien décisif à Taipei. Depuis des décennies, Washington cultive également une ambiguïté stratégique  à l’égard de Taïwan, s’abstenant de dire s’ils défendaient ou non militairement l’île en cas d’invasion des forces chinoises.

Au cours des derniers jours, des représentants de l’administration Biden ont tenté de minimiser la portée de cette visite.

Nancy Pelosi pose pour une photo sur le tarmac avec d'autres membres de la délégation américaine et des représentants du gouvernement taïwanais.

Nancy Pelosi est accompagnée de six parlementaires américains pour cette visite à Taïwan, qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée en Asie. Photo: Reuters/Courtoisie du Ministre Taiwanais des Affaires Étrangères

Le porte-parole du département de la Défense, John Kirby, a noté qu’elle n’était pas sans précédent, rappelant qu’un ancien président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, s’était rendu à Taïwan en 1997.

S’exprimant après l’arrivée de Nancy Pelosi, il a ajouté que cette visite ne constituait pas une violation de la souveraineté chinoise et ne contrevenait en rien à la politique américaine d’une seule Chine.

Il n’y a aucune raison pour que cette visite devienne l’élément déclencheur d’une crise, d’un conflit ou d’un prétexte que les Chinois pourraient ensuite utiliser pour justifier une action militaire, a-t-il déclaré mardi sur les ondes de CNN.

Le chef de la diplomatie américain, Anthony Blinken, a pour sa part expliqué que la décision de la présidente de la Chambre des représentants de se rendre à Taïwan ne relevait pas de la Maison-Blanche, le Congrès étant une entité indépendante.

Menaces et représailles

Quoi qu’il en soit, Pékin a immédiatement dénoncé l’arrivée de la présidente de la Chambre américaine des représentants à Taïwan, parlant d’une grave violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Chine.

Le ministère chinois des Affaires étrangères dit aussi y voir une atteinte aux fondements politiques des relations entre la Chine et les États-Unis, alors que la question de Taïwan est la plus sensible et la plus importante de ces relations bilatérales.

Qui joue avec le feu y succombera, a ajouté le ministère dans un communiqué.

Signe de la colère de Pékin, des avions de chasse ont été aperçus dans le détroit de Taïwan avant et après l’arrivée de Nancy Pelosi.

Le gouvernement taïwanais a précisé que plus de 20 avions militaires chinois ont effectué une incursion dans sa zone de défense aérienne, mardi.

Ces incursions seront appelées à se reproduire au cours des prochains jours, puisque la Chine a annoncé avoir placé son armée en état d’alerte et vouloir tenir des actions militaires ciblées en réponse à la visite de Mme Pelosi.

Une annonce aussitôt condamnée par le ministère taïwanais de la Défense sur Twitter. Le ministère a accusé la Chine de vouloir menacer les ports et les villes de Taiwan et de chercher à intimider psychologiquement ses citoyens.

Pékin considère Taïwan comme une partie de son territoire à réunifier, par la force si nécessaire, et a plusieurs fois mis en garde Washington contre une visite de Nancy Pelosi, qu’elle perçoit comme une provocation majeure.

La semaine dernière, le président chinois Xi Jinping avait exhorté les Américains à ne pas jouer avec le feu lors d’un entretien téléphonique avec son homologue Joe Biden.

En plus des menaces et des démonstrations de force, le gouvernement chinois a exprimé son mécontentement par la voie économique, lundi soir, interdisant l’importation de 3000 produits alimentaires taïwanais et de plus de 100 fabricants de produits alimentaires.

La Russie, allié majeur de la Chine, a pour sa part accusé Washington de déstabiliser le monde  et décrit la visite de Nancy Pelosi comme une pure provocation. Moscou a ajouté que la Chine avait le droit de prendre des mesures pour protéger sa souveraineté.

Par Radio-Canada avec AFP

L’avion de Nancy Pelosi a bien atterri à Taïwan

août 2, 2022

Alors que les tensions entre Pékin et Washington persistent, la présidente de la Chambre des représentants américaine est arrivée mardi à Taïwan.

La presidente de la Chambre des representants americaine, Nancy Pelosi, est arrivee a Taiwan mardi.
La présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, est arrivée à Taiwan mardi. © SAUL LOEB / AFP

Malgré les tensions diplomatiques entre la Chine et les États-Unis, la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, a atterri à Taipei mardi 2 août.

Plus d’informations à venir

Avec Le Point.fr