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Afghanistan: les talibans interdisent aux filles d’accéder à l’université

décembre 20, 2022
Afghanistan: les talibans interdisent aux filles d'acceder a l'universite
Afghanistan: les talibans interdisent aux filles d’accéder à l’université© AFP/Archives/OMER ABRAR

Les autorités talibanes ont annoncé mardi que les universités afghanes étaient désormais interdites aux filles, déjà privées d’enseignement secondaire en Afghanistan depuis l’accession au pouvoir des fondamentalistes islamistes, restreignant encore un peu plus leurs libertés, malgré les condamnations internationales.

« Vous êtes tous informés de l’entrée en vigueur de l’ordre mentionné qui suspend l’éducation des femmes jusqu’à nouvel ordre », a indiqué dans une lettre adressée à toutes les universités gouvernementales et privées du pays, le ministre de l’Enseignement supérieur, Neda Mohammad Nadeem.

Le porte-parole du ministère, Ziaullah Hashimi, qui a tweeté la lettre, a également confirmé l’ordre de fermeture des facultés aux filles pour une durée indéterminée, auprès de l’AFP. Aucune explication n’a été fournie pour le moment pour justifier cette décision.

Les universités sont fermées en raison des vacances d’hiver et devraient rouvrir leurs portes en mars.

« Non seulement moi, mais tous mes amis sont sans voix. Nous n’avons pas de mots pour exprimer nos sentiments. Tout le monde pense à l’avenir inconnu qui l’attend », a réagi Madina, une étudiante sous couvert d’anonymat.

« L’espoir nous a été enlevé. Ils ont enterré nos rêves », a commenté désespérée l’étudiante auprès de l’AFP.

Après la prise de contrôle du pays par les talibans en août 2021, les universités ont été contraintes de mettre en oeuvre de nouvelles règles, notamment pour séparer filles et garçons pendant les heures de classe.

La gente féminine était autorisée à recevoir des cours, mais seulement s’ils étaient enseignés par des femmes ou des hommes âgés.

« Condamnées chaque jour »

Cette nouvelle interdiction intervient moins de trois mois après que des milliers de filles et de femmes ont passé les examens d’entrée à l’université dans tout le pays.

Nombre d’entre elles aspiraient à choisir entre des carrières d’ingénieur ou de médecin, bien que privées d’accès aux écoles secondaires.

A leur retour au pouvoir après 20 ans de guerre avec les Américains et le forces de l’Otan, les talibans avaient promis de se montrer plus souples, mais ils sont largement revenus à l’interprétation ultra-rigoriste de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001).

Entre les deux règnes des talibans, les filles ont été autorisées à aller à l’école et les femmes ont pu chercher un emploi dans tous les secteurs, même si le pays est resté socialement conservateur.

Mais depuis seize mois, les mesures liberticides se sont multipliées en particulier à l’encontre des femmes qui ont été progressivement écartées de la vie publique et exclues des collèges et lycées.

« Nous sommes condamnées, chaque jour. Alors que nous espérions progresser, on nous met à l’écart de la société », a déploré mardi Reha, une autre étudiante.

Dans une volte-face inattendue, le 23 mars les talibans avaient refermé les écoles secondaires quelques heures à peine après leur réouverture annoncée de longue date. Le chef suprême des talibans, Haibatullah Akhundzada, est lui-même intervenu dans cette décision, selon un haut responsable taliban.

Divers membres du pouvoir avaient déclaré qu’il n’y avait pas assez d’enseignants ou d’argent mais aussi que les écoles rouvriraient une fois qu’un programme d’enseignement islamique aurait été élaboré.

En dépit de leur exclusion des collèges et lycées, à Kaboul, de nombreuses jeunes femmes s’étaient déplacées début décembre pour passer leur examen de fin d’études secondaires, nécessaire pour pouvoir prétendre rentrer à l’université, avaient constaté des journalistes de l’AFP.

« Aucun fondement religieux »

En plus d’être privées d’étudier, les femmes sont également bannies de la plupart des emplois publics ou payées une misère pour rester à la maison.

Elles n’ont pas le droit non plus de voyager sans être accompagnées d’un parent masculin et doivent se couvrir d’une burqa ou d’un hijab lorsqu’elles sortent de chez elles.

En novembre, les talibans leur ont également interdit d’entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.

Les manifestations de femmes contre ces mesures, qui rassemblent rarement plus d’une quarantaine de personnes, sont devenues risquées. De nombreuses manifestantes ont été arrêtées et les journalistes sont de plus en plus empêchés de couvrir ces rassemblements.

« Les nouvelles restrictions étendues à l’éducation des femmes en Afghanistan sont tragiques », a dénoncé l’ex ministre des finances sous l’ancien gouvernement, Omar Zakhilwal.

« Cette interdiction n’a aucun fondement religieux, culturel ou logistique. Il s’agit non seulement d’une grave violation des droits des femmes à l’éducation, mais aussi d’une profonde anomalie pour notre pays ! », a-t-il ajouté dans son tweet.

La communauté internationale a lié la reconnaissance du régime taliban et l’aide humanitaire ainsi que financière, dont l’Afghanistan a absolument besoin, au respect par les talibans des droits humains, en particulier ceux des femmes à être éduquées et à travailler.

Les Nations unies sont « profondément préoccupées » a déclaré mardi Ramiz Alakbarov, représentant spécial adjoint du chef de l’ONU pour l’Afghanistan.

« L’éducation est un droit humain fondamental. Une porte fermée à l’éducation des femmes est une porte fermée à l’avenir de l’Afghanistan », a-t-il tweeté.

Par Radio-Canada

Coupe du monde 2022 : les talibans auraient investi dans les chantiers du Qatar

novembre 27, 2022

Certains membres des talibans se seraient largement enrichis en louant du matériel pour construire des stades, selon « The Daily Telegraph ».

Certains dignitaires se faisaient l'equivalent de 11 000 euros par machine par mois, et pouvaient en posseder une dizaine.
Certains dignitaires se faisaient l’équivalent de 11 000 euros par machine par mois, et pouvaient en posséder une dizaine.© YOMIURI SHIMBUN / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

Derrière les stades du Qatar, l’ombre des talibans. Selon le journal britannique The Daily Telegraph, certains responsables talibans auraient gagné des millions grâce à la Coupe du monde. Profitant de confortables salaires touchés pour être présents sur le territoire qatarien et participer à des négociations de cessez-le-feu concernant la guerre en Afghanistan, ces hauts dignitaires auraient acheté des engins qu’ils auraient ensuite loués aux constructeurs des stades. « Certains membres talibans avaient chacun entre six et dix pièces de machinerie lourde à Doha et gagnaient jusqu’à 10 000 £ (l’équivalent de plus de 11 000 €, NDLR) par machine et par mois », affirme la source de nos confrères

Parmi ces dignitaires figurerait notamment Haji Ahmad Jan, ministre du Pétrole et des Mines en Afghanistan entre 1996 et 2001. Un ancien diplomate afghan confie : « C’était un secret de polichinelle à l’ambassade d’Afghanistan à Doha que l’équipe de négociation et le bureau politique des talibans étaient bien payés par le régime qatari et ils ont investi ces salaires dans des équipements de construction pour la Coupe du monde. » Interrogés, les Qataris ont affirmé que les paiements mensuels, qui ont permis donc l’achat de machinerie, étaient « contrôlés en coordination » avec les États-Unis, « y compris les montants totaux et comment et où ils ont été dépensés ».

Des maisons de la taille de « petits châteaux »

Au Qatar, ces diplomates étaient déjà très bien lotis : les autorités qatariennes versaient une allocation mensuelle de plusieurs milliers d’euros et leur avaient fourni SUV de luxe, soins et nourritures gratuits. Ils se sont donc rajouté un salaire de quelques millions, et ont voulu partager la combine à d’autres dignitaires : « grâce à leur réseau, les talibans levaient aussi des fonds auprès d’Afghans installés dans d’autres pays arabes en leur promettant que l’argent serait investi dans les chantiers de la Coupe du monde ».

Si l’idée n’a rien d’illégal, comme le rappelle le Daily Telegraph, la participation des talibans à la construction des stades rajoute une pierre dans le jardin des polémiques dans cette Coupe du monde.

Par Le Point.fr

Afghanistan : un an après, les talibans paradent pour fêter le retrait des troupes étrangères

août 31, 2022
Afghanistan : un an apres, les talibans paradent pour feter le retrait des troupes etrangeres
Afghanistan : un an après, les talibans paradent pour fêter le retrait des troupes étrangères© AFP/Wakil KOHSAR

Chants de victoire et défilé militaire avec les équipements abandonnés par les soldats étrangers : les talibans ont célébré mercredi le premier anniversaire du retrait d’Afghanistan des forces de la coalitions, dirigées par les Etats-Unis, et leur retour au pouvoir après 20 ans de guerre.

Les habitants de Kaboul ont préféré rester chez eux en ce jour décrété férié par le régime, mais des centaines de ses partisans se sont réunis sur la place Massoud, près de l’ancienne ambassade américaine, et ont circulé en voiture dans les rues adjacentes munis de drapeaux blancs sur lesquels est écrit la proclamation de foi islamique.

« Mort à l’Amérique ! Mort aux occupants ! Vive la liberté ! », ont-ils scandé pendant que les officiels avaient rendez-vous pour une cérémonie sur l’ancienne base aérienne de Bagram, le centre névralgique des forces américaines pendant la guerre.

« Le drapeau de l’islam flotte haut. Nous sommes heureux de vivre sous la bannière de l’islam », a déclaré à l’AFP Shah Ahmad Omari, un combattant taliban.

Le régime des talibans, qui ont largement imposé depuis leur retour au pouvoir l’interprétation ultra-rigoriste de l’islam ayant caractérisé leur premier règne entre 1996 et 2001, avec en particulier d’importantes restrictions imposées aux femmes, n’a encore été reconnu par aucun pays.

Dans les rues de la capitale, les nouveaux maîtres de l’Afghanistan ont tendu des bannières célébrant les victoires contre trois puissances, l’Empire britannique et l’ancienne Union soviétique ayant également perdu des guerres en Afghanistan.

« Depuis que les Américains sont partis, il n’y a plus de guerre et cela nous rend heureux », a dit à l’AFP Naseer Ahmad Safi, un commerçant de Kaboul.

« Les affaires étaient bonnes lorsque les forces étrangères étaient présentes, mais elles vont encore s’améliorer. Cela fait seulement un an que l’Émirat islamique existe », a-t-il insisté.

Défilé militaire

Dans un communiqué, le gouvernement a proclamé que ce jour marquait le premier anniversaire de « la libération du pays de l’occupation américaine ». « Tant de moudjahidine (« combattants du régime ») ont été blessés, tant d’enfants sont devenus orphelins et tant de femmes sont devenues veuves », a-t-il écrit.

Sur l’aérodrome de Bagram où un défilé militaire avait été organisé dans la matinée par les autorités, des groupes de combattants talibans en tunique traditionnelle et portant des grenades dans le dos, ont défilé devant la foule, selon des images diffusées par la télévision d’Etat.

Les médias étrangers n’étaient pas autorisés à y entrer.

Quelques minutes plus tard, des dizaines de véhicules militaires, dont des blindés comme les Humvee américains, saisis pendant la guerre ou abandonnés par les troupes étrangères au moment de leur retrait chaotique en août 2021, ont été exhibés.

Le 30 août 2021, une minute avant minuit, le dernier soldat américain partait de l’aéroport de Kaboul, avec 24 heures d’avance sur la date butoir fixée par le président Joe Biden pour le retrait du contingent américain.

Ce départ a mis fin à la plus longue intervention militaire des Etats-Unis, déclenchée en réaction à l’attaque du 11 septembre 2001 à New York.

« Beaucoup de peine »

La guerre a coûté la vie à plus de 2.400 soldats américains et à plus de 3.500 des autres pays de l’Otan, selon l’armée américaine. Des dizaines de milliers d’Afghans ont aussi péri, victimes des combats et des attentats meurtriers commis par les talibans.

Malgré la fierté de ces derniers d’avoir reconquis le pouvoir, leur pays de 38 millions d’habitants doit faire face à l’une des pires crises humanitaires sur la planète, selon les Nations unies.

La situation n’a fait qu’empirer quand les versements de milliards de dollars d’aide étrangère, qui avaient soutenu l’économie afghane pendant des décennies, ont été soudainement interrompus après le retrait des Etats-Unis.

Les épreuves des Afghans, en particulier des femmes, se sont accrues.

Les écoles secondaires pour les filles ont été fermées dans de nombreuses provinces et les femmes exclues de nombreux emplois publics. Elles ont également reçu l’ordre de se couvrir entièrement en public, idéalement avec une burqa, le voile intégral.

« Je n’ai aucun bon souvenir de l’année écoulée. Je dois réfléchir à deux fois à ce que je vais porter avant de sortir pour éviter d’être frappée par les talibans », a raconté Marwa Naseem, une habitante de Kaboul.

« Cela me fait également beaucoup de peine que les filles ne puissent pas aller à l’école, alors que cela fait partie d’une vie normale. Les talibans n’utilisent la religion que pour empêcher les femmes de progresser », a-t-elle déploré.

Avec Le Point avec AFP

Afghanistan: des militantes féministes dénoncent la répression croissante des talibans

janvier 20, 2022
Afghanistan: des militantes feministes denoncent la repression croissante des talibans
Afghanistan: des militantes féministes dénoncent la répression croissante des talibans© AFP/Wakil KOHSAR

Des militantes féministes afghanes ont expliqué jeudi à l’AFP devoir se cacher pour préserver leur sécurité et ont dénoncé la répression croissante des talibans, quelques jours après la dispersion d’une de leurs manifestations avec des sprays lacrymogènes.

Au moins une participante de la manifestation de dimanche a été arrêtée mercredi soir, selon quatre militantes, qui assurent que leur mouvement est visé par une série de descentes policières et craignent pour leur propre sécurité.

Une autre manifestante a posté sur les réseaux sociaux une vidéo d’elle en panique mercredi soir, en affirmant que des combattants talibans frappaient à sa porte.

Les deux militantes restaient introuvables jeudi. Contacté par l’AFP, un porte-parole du gouvernement taliban n’a fait aucun commentaire.

Si les talibans assurent s’être modernisés depuis leur précédent règne entre 1996 et 2001, ils ont progressivement exclu les femmes de la vie publique depuis leur retour au pouvoir en août, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale.

Les femmes restent ainsi largement exclues des emplois publics, ne sont pas autorisées à faire de longs trajets sans être accompagnées par un homme de leur famille, et les écoles secondaires pour filles restent pour la plupart fermées.

La vidéo publiée sur les réseaux sociaux « a provoqué beaucoup d’affolement », a confié une militante, qui souhaite rester anonyme.

Une autre militante a raconté à l’AFP que des talibans se sont rendus à son domicile mercredi, mais n’ont pas pu la trouver car elle était dehors avec un proche.

« Nous ne pouvons pas rester chez nous, même la nuit », a dénoncé une autre manifestante, sous couvert d’anonymat.

Ces militantes, qui manifestent régulièrement dans Kaboul et sont très actives sur les réseaux sociaux, changeaient déjà régulièrement de numéros de téléphone. Depuis la manifestation de dimanche, certaines s’astreignent à changer quotidiennement de domicile.

Ce jour-là, des combattants talibans ont aspergées une vingtaine de manifestantes avec des aérosols lacrymogènes et certaines assurent avoir été suivies.

Après ce rassemblement, Human Rights Watch a dénoncé la « répression violente » de l’opposition. Cela « marque une intensification alarmante et illégale des efforts pour empêcher les manifestations pacifiques et la liberté d’expression en Afghanistan« , a estimé l’ONG américaine mardi.

D’autres signaux suggèrent un durcissement du régime actuel: plusieurs journalistes afghans ont été arrêtés ces derniers mois et un professeur d’université ouvertement critique envers le pouvoir a été emprisonné quatre jours début janvier. Il a été relâché après une campagne sur les réseaux sociaux réclamant sa libération.

Par Le Point avec AFP

Afghanistan : les ministres talibans nommés et sourds aux manifestations

septembre 7, 2021

Les principaux ministres talibans – tous des hommes – ont été nommés et annoncés mardi. Leur chef suprême leur a demandé de respecter la charia.

Les visages des nouveaux leaders talibans, dont Mullah Abdul Ghani Baradar et Amir Khan Muttaqi, ont ete affiches dans les rues de Kaboul.
Les visages des nouveaux leaders talibans, dont Mullah Abdul Ghani Baradar et Amir Khan Muttaqi, ont été affichés dans les rues de Kaboul. © AAMIR QURESHI / AFP

Ils avaient promis un gouvernement « inclusif ». Les talibans ont annoncé mardi 7 septembre les premiers ministres qui font désormais partie leur gouvernement, dirigé par Mohammad Hassan Akhund. Un gouvernement exclusivement composé… d’hommes. Les islamistes ont nommé Abdul Ghani Baradar, le cofondateur de leur mouvement, en tant que numéro 2 de leur régime. Le mollah Yaqoub, fils du mollah Omar, sera ministre de la Défense. Sirajuddin Haqqani, le leader du réseau qui porte son nom et numéro deux des talibans, obtient le portefeuille de l’intérieur. « Le cabinet n’est pas complet », a précisé leur principal porte-parole, Zabihullah Mujahid lors d’une conférence de presse. « Nous essayerons de prendre des gens venant d’autres régions du pays », a-t-il ajouté.

Le chef suprême des talibans Hibatullah Akhundzada, dont les interventions publiques sont très rares, a aussi demandé au nouveau gouvernement afghan de faire respecter la charia, dans son premier message depuis la prise de pouvoir des islamistes il y a plus de trois semaines. « J’assure tous nos concitoyens que les gouvernants travailleront durement à faire respecter les règles islamiques et la charia dans le pays », a affirmé Hibatullah Akhundzada dans un communiqué en anglais.

Deux morts et huit blessés dans une manifestation antitalibans

Ces nominations sont intervenues après que des coups de feu en l’air ont été tirés mardi à Kaboul pour disperser une manifestation dénonçant notamment la violente répression des talibans dans le Panjshir, où un mouvement de résistance s’est dressé contre les nouveaux maîtres du pays. « Ces manifestations sont illégales tant que les bureaux du gouvernement n’ont pas ouvert et les lois pas proclamées », a commenté Zabihullah Mujahid, qui a « demandé aux médias de ne pas couvrir » ces protestations. Deux personnes ont été tuées et huit blessées par balles mardi lors d’une manifestation contre le régime taliban à Hérat, la grande ville de l’Ouest afghan.

Des centaines d’Afghans ont défilé dans la matinée dans au moins deux quartiers de Kaboul, dénonçant, outre la situation dans le Panjshir, l’ingérence du Pakistan, accusé de vouloir contrôler le pays à travers les talibans dont il est très proche. Près d’une centaine de manifestants, en majorité des femmes, se sont rassemblés devant l’ambassade du Pakistan, chantant : « Nous ne voulons pas d’un gouvernement soutenu par le Pakistan » et « Pakistan, dégage d’Afghanistan ».

Zabihullah Mudjahid a nié tout lien de son gouvernement avec le Pakistan, pourtant dénoncé de longue date par la communauté internationale et l’ancien gouvernement afghan. « Dire que le Pakistan aide les talibans, c’est de la propagande », a-t-il affirmé. « Nous ne permettons à aucun pays d’interférer » dans les affaires afghanes, a-t-il poursuivi.

Les journalistes couvrant les manifestations violentés

Le chef des puissants services de renseignements militaires pakistanais, Faiz Hameed, était ce week-end à Kaboul, où il s’est très probablement entretenu avec des responsables talibans. Plusieurs journalistes qui couvraient les manifestations ont indiqué avoir été arrêtés, molestés ou avoir eu leur matériel confisqué par ces combattants. L’Association afghane des journalistes indépendants (AIJA) a indiqué dans un communiqué que 14 journalistes, afghans et étrangers, avaient brièvement été détenus par les talibans avant d’être relâchés, ce qu’elle a « dénoncé ». Parmi les manifestants figuraient nombre de femmes, qui craignent de voir les talibans les exclure de la vie publique comme lors de leur précédent régime, entre 1996 et 2001.

« Les femmes afghanes veulent que leur pays soit libre, qu’il soit reconstruit. Nous (les Afghans) sommes fatigués », a déclaré à l’Agence France-Presse une manifestante, Sarah Fahim, originaire de Kapisa, une province du nord-est de Kaboul anciennement sous contrôle de l’armée française et voisine de celle du Panjshir. « Combien de temps cela va-t-il durer, quand nos voix seront-elles entendues ? Pourquoi la communauté internationale reste-t-elle silencieuse en voyant tant de gens se faire tuer ? » a-t-elle interrogé.

La rébellion dans le Panjshir, bastion antitalibans de longue date, est menée par le Front national de résistance (FNR) et son chef Ahmad Massoud, fils du célèbre commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné par Al-Qaïda en 2001. Après la proclamation de la victoire dans le Panjshir, Zabihullah Mujahid, avait lancé lundi un ferme avertissement : « Quiconque tentera de créer une rébellion sera durement réprimé. Nous ne le permettrons pas. » Le FNR a toutefois affirmé tenir des « positions stratégiques » dans la vallée et « continuer » la lutte, et Ahmad Massoud, dont on ne sait s’il s’y trouve encore, a appelé chaque Afghan à « se soulever pour la dignité, la liberté et la prospérité » du pays.

Revenus au pouvoir 20 ans après en avoir été chassés par une coalition menée par les États-Unis, les islamistes sont attendus au tournant par la communauté internationale. Ils se sont aussi engagés à respecter les droits des femmes, bafoués lors de leur premier passage au pouvoir. Mais ces promesses peinent à convaincre.

Au cours d’une visite officielle au Qatar, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a indiqué mardi que les talibans s’étaient à nouveau engagés à laisser les Afghans « avec des documents de voyage partir librement » vers l’étranger. « Nous les attendrons sur cette question », a-t-il ajouté. « La communauté internationale tout entière attend que les talibans respectent cet engagement ». L’administration du président Joe Biden est sous pression face à des informations évoquant plusieurs centaines de personnes, dont des Américains, bloquées à l’aéroport de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan.

Avec Le Point avec AFP

« Nous n’avons pas peur : à Hérat, des Afghanes manifestent pour leurs droits

septembre 2, 2021

Une cinquantaine de femmes ont bravé la peur ce jeudi pour faire valoir auprès des talibans leur droit à travailler, à étudier et à être protégées.

« Nous sommes ici pour réclamer nos droits et nous n’avons pas peur. » Une cinquantaine de femmes ont manifesté jeudi 2 septembre 2021 à Hérat, en Afghanistan, maintenant la pression sur le nouveau régime taliban avant la présentation très attendue du gouvernement. « C’est notre droit d’avoir une éducation, du travail et la sécurité », ont chanté à l’unisson ces manifestantes, dont certaines brandissaient des pancartes appelant au respect des droits des femmes. « Nous n’avons pas peur, nous sommes unies », ont-elles également crié, sans que les islamistes, qui s’efforcent de montrer un autre visage depuis leur reconquête du pouvoir, ne les rudoient. Durant leurs cinq premières années de règne (1996-2001), toute contestation de leur régime était sévèrement punie.

« Nous sommes ici pour réclamer nos droits », a expliqué Fareshta Taheri, l’une des protestataires, jointe par l’Agence France-Presse. La manifestation se tenait à Hérat, capitale de l’Ouest afghan proche de la frontière iranienne, une ville connue pour être plutôt libérale selon les critères afghans. Au moins une manifestante avait revêtu une burqa, quand les autres arboraient un simple voile masquant leurs cheveux, leurs oreilles et leur cou.

« Peur et incertitude »

« Nous sommes même prêtes à porter des burqas s’ils nous disent de le faire, mais nous voulons que les femmes puissent aller à l’école et travailler », explique Fareshta Taheri, une artiste et photographe. « Pour l’instant, la plupart des femmes qui travaillent à Hérat sont à la maison, dans la peur et l’incertitude. » Durant le premier gouvernement taliban en Afghanistan, la très grande majorité des femmes et des jeunes filles avaient été privées d’accès à l’éducation et à l’emploi. Les burqas étaient devenues obligatoires dans la rue et les femmes ne pouvaient pas se déplacer sans un chaperon, généralement un homme de leur famille.

Depuis leur reconquête du pouvoir et la prise de Kaboul le 15 août dernier, les talibans affirment avoir changé. Ils ont assuré à maintes reprises vouloir mettre en place un gouvernement « inclusif ». Mais leurs promesses ont été contredites mercredi par les déclarations, sur la BBC, du chef adjoint du bureau politique des talibans au Qatar. Interrogé sur le gouvernement à venir, qui pourrait être dévoilé vendredi, Sher Mohammad Abbas Stanekzai a notamment laissé entendre qu’il « pourrait ne pas y avoir » de femmes nommées ministres ou à des postes à responsabilité, mais uniquement à des échelons inférieurs. Une perspective inacceptable aux yeux des manifestantes à Hérat. « Nous regardons les informations, on ne voit aucune femme dans les réunions et les rencontres organisées par les talibans », pointe Mariam Ebram, une des manifestantes.

Moqueries talibanes

« Des pourparlers sont en cours pour former un gouvernement, mais ils ne parlent pas de la participation des femmes », renchérit Basira Taheri, une des organisatrices de la marche. « Nous voulons que les talibans tiennent des consultations avec nous. » Si les filles sont retournées à l’école à Hérat fin août, quelques jours seulement après l’effondrement des forces gouvernementales et des milices locales, la situation s’est dégradée avec la prise de Kaboul. De nombreuses femmes restent cloîtrées chez elles et n’osent plus s’aventurer dans la rue. « Même dans la ville, on ne voit pas beaucoup de femmes », rapporte Mariam Ebram. « Des médecins ou des infirmières qui ont osé retourner au travail se plaignent que les talibans se moquent d’elles. »

Pour l’ancienne ministre Nehan Nargis, réfugiée en Norvège, l’Afghanistan de 2021 n’a plus rien à voir avec l’Afghanistan de 2001, lorsque les talibans ont quitté le pouvoir, chassés par une coalition menée par les États-Unis. « Les gens sont beaucoup plus conscients, ils ont maintenant des aspirations différentes pour l’Afghanistan, et ils ont des attentes vis-à-vis du gouvernement », a-t-elle déclaré sur la BBC mercredi soir, pointant l’importance des réseaux sociaux, un « outil très puissant » de mobilisation. À Hérat, les manifestantes promettent de continuer à battre le pavé jusqu’à ce que leurs revendications soient entendues. « Nous continuerons nos manifestations, assure Basira Taheri. Elles ont commencé à Hérat, elles s’étendront bientôt à d’autres provinces. »

Par Le Point avec AFP

Afghanistan : l’armée américaine annonce avoir quitté le pays

août 30, 2021

Après vingt ans de présence en Afghanistan, les derniers soldats américains ont quitté le territoire ce mardi, laissant le pays aux mains des talibans.

L'armee americaine a quitte le sol afghan.
L’armée américaine a quitté le sol afghan.© EyePress News / EyePress via AFP

Les derniers soldats américains ont quitté l’Afghanistan, a annoncé le Pentagone ce lundi 30 août, laissant le pays aux mains des talibans, leurs ennemis de 20 ans, au terme de la plus longue guerre de l’histoire des États-Unis. Le dernier avion C-17 a décollé de l’aéroport de Kaboul le 30 août, à 19h29 GMT. Si les évacuations militaires sont terminées, la mission diplomatique continue pour s’assurer que davantage de citoyens américains et d’Afghans éligibles voulant partir le puissent, a fait savoir le général McKenzie lors d’une conférence de presse.

Depuis le 14 août, sur une période de 18 jours, les avions des États-Unis et leurs alliés ont évacué plus de 123 000 civils de l’aéroport international Hami Karzai. Le président Joe Biden s’adressera ce mardi aux Américains pour expliquer sa décision de « ne pas prolonger (la) présence américaine au-delà du 31 août » en Afghanistan.

Les dernières évacuations 12 heures avant le retrait final

L’ambassadeur américain à Kaboul et un général sont les derniers Américains à avoir quitté l’Afghanistan. « À bord du dernier avion, il y avait le général Chris Donahue », a fait savoir le général Kenneth McKenzie qui dirige le commandement central dont dépend l’Afghanistan. Il était accompagné de l’ambassadeur Ross Wilson. Les deux hommes sont les derniers à être montés à bord de l’avion. 

L’armée américaine a reconnu n’avoir pas pu évacuer autant de personnes d’Afghanistan qu’elle l’aurait voulu, avant le départ de ses derniers soldats de l’aéroport de Kaboul. Les évacuations se sont terminées environ 12 heures avant le retrait final mais les forces américaines sur place sont restées prêtes à évacuer quiconque aurait pu atteindre l’aéroport jusqu’à la dernière minute.

« Nous avons à nouveau fait l’histoire », se réjouissent les talibans

Des coups de feu ont retenti dans Kaboul, tôt ce mardi, après que les militaires américains ont confirmé leur départ d’Afghanistan. Des journalistes de l’Agence France-Presse dans la ville ont entendu des tirs depuis différents postes de contrôle des talibans, ainsi que les congratulations de combattants aux postes de sécurité de la zone verte. « Nous avons fait l’histoire », s’est réjoui lundi un responsable taliban.

« Les vingt années d’occupation de l’Afghanistan par les États-Unis et l’Otan se sont achevées ce soir », a déclaré Anas Haqqani, un responsable du mouvement islamiste, sur Twitter. « Je suis très heureux après vingt ans de jihad, de sacrifices et de difficultés, d’avoir la satisfaction de voir ces moments historiques », a-t-il ajouté.

Par Le Point avec AFP

Afghanistan : la première navette canadienne évacue 188 passagers

août 20, 2021

Il y avait 188 passagers à bord du premier vol militaire canadien au départ de Kaboul depuis la victoire des talibans cette semaine. Les ministères de l’Immigration et de la Défense promettent toutefois d’accélérer le processus au moment où la situation se corse à l’aéroport de la capitale afghane.

Des militaires américains se préparaient à aller secourir des Afghans à l'aéroport de Kaboul, le 13 août 2021. Le Canada a aussi envoyé des renforts.

© via Associated Press/Département de la Défense des États-Unis Des militaires américains se préparaient à aller secourir des Afghans à l’aéroport de Kaboul, le 13 août 2021. Le Canada a aussi envoyé des renforts.

Ce premier vol a décollé tard [jeudi] soir», avec à son bord 175 Afghans vulnérables et 13 ressortissants étrangers», a déclaré le ministère de la Défense nationale par voie de communiqué vendredi.

Le ministère de la Défense précise que toutes les personnes à bord ont été acceptées dans le cadre des programmes d’immigration d’autres nations» et que celles-ci seront bientôt confiées à nos alliés».

En échange, les autres nations participantes transportent à leur tour, sur leurs vols, des citoyens canadiens et des ressortissants afghans à destination du Canada».

Selon une source proche du gouvernement qui s’est confiée à CBC, le réseau anglais de Radio-Canada, les scènes de chaos à l’aéroport de Kaboul ont incité le Canada et ses alliés à charger les vols avec n’importe quel réfugié admissible, sans égard pour sa destination.

L’anonymat de cette source a été accordé puisqu’elle n’était pas autorisée à discuter ouvertement des détails de la mission.

Le gouvernement du Canada a confirmé jeudi que les militaires étaient arrivés à Kaboul pour participer à la mission de sauvetage, devenue de plus en plus urgente depuis que les talibans ont pris le contrôle de l’entièreté de l’Afghanistan, sauf pour l’aéroport de Kaboul.

Le plus grand obstacle pour mener à bien cette mission demeure les points de contrôle des talibans que les Afghans doivent traverser pour atteindre l’aéroport de Kaboul.

Bien que l’aéroport lui-même demeure sûr, la situation plus générale relative à la sécurité qui l’entoure s’est avérée précaire et volatile», a indiqué le ministère de la Défense.

Les vols militaires canadiens devraient se poursuivre régulièrement tant que la situation entourant la sécurité le permettra.»

Le Canada devrait en faire plus»

D’anciens combattants et des militants dénoncent depuis plusieurs semaines la gestion de la crise par le gouvernement canadien, montrant du doigt des dédales administratifs irréalistes.

Le général à la retraite Rick Hillier croit pour sa part que les Forces armées canadiennes devraient en faire plus pour secourir les Afghans avant que la mission ne s’effondre. Selon lui, les soldats devraient s’aventurer à l’extérieur de l’aéroport de Kaboul pour récupérer les personnes admissibles qui ont besoin d’aide.

S’ils ne font pas ça, et bien nous devrions avoir honte en tant que nation», a fustigé Rick Hillier. Ce sera impossible pour la vaste majorité des Afghans de se rendre à l’aéroport pour pouvoir prendre l’avion.»

Les Forces armées canadiennes n’ont pas confirmé si elles prévoyaient ou non envoyer des troupes en territoire hostile. Le communiqué de presse envoyé vendredi précisait simplement que le personnel militaire s’affairait à faciliter l’entrée des citoyens canadiens et des ressortissants afghans admissibles dans le périmètre de l’aéroport».

Rick Hillier a également attribué une partie du blâme pour la situation actuelle à ce qu’il appelle la maladresse bureaucratique».

Nous n’avons pas brillé durant cette mission», a-t-il dit.

Le ministre de l’Immigration, Marc Mendicino, a soutenu vendredi en entrevue avec La Presse canadienne que son ministère allait alléger le processus d’accueil des réfugiés afghans au Canada; ni passeport ni résultat de test de dépistage à la COVID-19 ne seront requis, a-t-il expliqué.

De plus, les évaluations biométriques seront réalisées par un pays tiers sécuritaire».

Nous nous attendons à ce que tous les Afghans qui sont admissibles à notre programme puissent accéder de façon sécuritaire à l’aéroport», a indiqué le ministre vendredi.

Avec CBC/Radio-Canada

Afghanistan: les talibans arrivés tout près de Kaboul

août 13, 2021
Afghanistan: les talibans arrives tout pres de Kaboul
Afghanistan: les talibans arrivés tout près de Kaboul© AFP/-

Les talibans étaient presque arrivés aux portes de Kaboul vendredi, continuant leur implacable progression en Afghanistan, d’où les États-Unis et le Royaume-Uni vont évacuer en catastrophe leurs ressortissants et diplomates.

Les insurgés se sont emparés vendredi de la ville de Pul-e-Alam, capitale de la province du Logar, située à seulement 50 kilomètres au sud de Kaboul, et contrôlent désormais près de la moitié des capitales provinciales afghanes, toutes tombées en seulement huit jours.

Ils avaient pris auparavant Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, dans le sud du pays, quelques heures après avoir fait tomber Kandahar, la deuxième ville d’Afghanistan, située 150 km plus à l’est.

« Lashkar Gah a été évacuée. Ils ont décidé d’un cessez-le-feu de 48 heures pour évacuer » l’armée et les responsables civils, a déclaré à l’AFP un haut responsable de la sécurité.

Les talibans ont aussi pris sans résistance vendredi Chaghcharan (centre), capitale de la province de Ghor.

L’essentiel du nord, de l’ouest et du sud de l’Afghanistan est maintenant sous leur coupe. Kaboul, la capitale du pays, Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord, et Jalalabad (est) sont les trois seules grandes villes encore sous le contrôle du gouvernement.

Ismail Khan, 75 ans, un des seigneurs de guerre les plus connus d’Afghanistan, s’est rendu aux talibans, après la chute jeudi d’Hérat (ouest), la troisième ville du pays, dont il était le maître incontesté depuis des décennies. Les insurgés ont promis d’assurer sa sécurité.

A Lashkar Gah, dans une province traditionnellement acquise aux talibans, ceux-ci ont été bien accueillis et le calme est rapidement revenu, après plusieurs jours de violents affrontements, selon un habitant, Abdul Halim.

Pas de réengagement militaire

« La majeure partie de la ville est en ruines à cause des combats et il n’y a pas assez de nourriture sur le marché. Ça a encore l’air d’une ville occupée, a-t-il cependant confié à l’AFP.

Les talibans ont lancé leur offensive en mai, quand le président américain, Joe Biden, a confirmé le départ des dernières troupes étrangères du pays, 20 ans après leur intervention pour en chasser les talibans du pouvoir en raison de leur refus de livrer Oussama ben Laden, le chef d’Al-Qaïda, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Ce retrait doit être achevé d’ici le 31 août. Joe Biden a depuis affirmé ne pas regretter sa décision, même si la rapidité avec laquelle l’armée afghane s’est désintégrée devant l’avancée des talibans a surpris et déçu les Américains, qui ont dépensé plus de 1.000 milliards de dollars en 20 ans pour la former et l’équiper.

En raison de l’accélération des événements, Washington a annoncé dans la nuit avoir décidé de « réduire encore davantage » sa « présence diplomatique » à Kaboul.

Pour mener à bien cette évacuation de diplomates américains, le Pentagone va déployer 3.000 soldats à l’aéroport international de la capitale, qui rejoindront les 650 militaires américains encore présents en Afghanistan, a précisé son porte-parole, John Kirby.

Quelque 3.500 autres militaires seront positionnés au Koweït pour pouvoir être envoyés en renfort en cas de détérioration de la situation à Kaboul.

Washington a bien précisé qu’il ne s’agissait « pas d’un réengagement militaire dans le conflit ».

Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir.

Le Premier ministre Boris Johnson a convoqué pour vendredi une réunion de crise consacrée à l’Afghanistan tandis que l’Allemagne annonçait elle aussi qu’elle allait réduire son personnel diplomatique « au minimum absolu ».

Dans la foulée de l’annonce américaine, les pays de l’Otan devaient se réunir en urgence vendredi. « L’évacuation » du pays sera au coeur des discussions, a précisé un responsable de l’Alliance à Bruxelles.

Ces évacuations interviennent alors que les rebelles restent sourds aux efforts diplomatiques des États-Unis et de la communauté internationale.

Pas enclins au compromis

Trois jours de réunions internationales à Doha, au Qatar, se sont achevés jeudi sans avancée significative. Dans une déclaration commune, les États-Unis, le Pakistan, l’Union européenne et la Chine ont affirmé qu’ils ne reconnaîtraient aucun gouvernement en Afghanistan « imposé par la force ».

Les talibans risquent de n’être nullement enclins au compromis, alors que les autorités leur ont proposé jeudi en catastrophe « de partager le pouvoir en échange d’un arrêt de la violence », selon un négociateur gouvernemental aux pourparlers de Doha, qui a requis l’anonymat.

Le président afghan, Ashraf Ghani, avait toujours rejeté jusqu’ici les appels à la formation d’un gouvernement provisoire non élu comprenant les talibans. Mais son revirement risque d’être bien tardif.

A Washington, le président Biden se retrouve sous la pression de l’opposition, alors que l’évacuation programmée du personnel diplomatique ravive le douloureux souvenir de la chute de Saigon, au Vietnam, en 1975.

« L’Afghanistan fonce vers un immense désastre, prévisible et qui aurait pu être évité », a fustigé jeudi le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell.

Des alliés aussi dénoncent la signature en février 2020 à Doha par l’ex-président américain, Donald Trump, de l’accord avec les talibans qui a mené au départ des troupes étrangères, qu’ils jugent précipité.

« Je pensais que ce n’était pas la bonne décision ni le bon moment et, bien entendu, Al-Qaïda reviendra probablement » en Afghanistan, a regretté vendredi le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace.

La progression des talibans a un coût humain élevé. Au moins 183 civils ont été tués et 1.181 blessés, dont des enfants, en un mois à Lashkar Gah, Kandahar, Hérat et Kunduz, selon l’ONU.

Quelque 250.000 personnes ont été déplacées par le conflit depuis la fin mai – 400.000 cette année -, dont 80 % sont des femmes et des enfants, toujours selon l’ONU.

Nombre de civils ont ainsi afflué ces dernières semaines à Kaboul, où une grave crise humanitaire menace. Ils tentent désormais de survivre dans des parcs ou sur des terrains vagues, dans le dénuement le plus complet.

Par Le Point avec AFP

Forces afghanes en déroute face aux talibans: les États-Unis distants

août 12, 2021

WASHINGTON — Les forces gouvernementales afghanes échouent encore plus rapidement que les chefs militaires américains ne le pensaient il y a quelques mois à peine, lorsque le président Joe Biden a ordonné un retrait complet des troupes. Mais il y a peu d’appétit à la Maison-Blanche, au Pentagone ou parmi la population américaine pour tenter de freiner la déroute et il est probablement trop tard pour y arriver.

© Fournis par La Presse Canadienne

Le président Biden a clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention de revenir sur la décision qu’il avait prise au printemps dernier, même si le résultat semble pointer vers une prise de contrôle par les talibans. La plupart des troupes américaines étant désormais parties et les talibans accélérant leurs gains sur le champ de bataille, les chefs militaires américains ne le pressent pas de changer d’avis. Ils savent que la seule option notable serait que le président relance la guerre à laquelle il a déjà décidé de mettre fin.

Les talibans, qui ont dirigé le pays de 1996 jusqu’à l’invasion des forces américaines après les attentats du 11 septembre 2001, se sont emparés de trois autres capitales provinciales mercredi et d’une de plus jeudi, la dixième que les insurgés ont prise dans un balayage d’une semaine où ils ont pris le contrôle d’environ les deux tiers du pays. Les insurgés n’ont pas d’armée de l’air et sont surpassés en nombre par les forces de défense afghanes entraînées par les États-Unis, mais ils se sont emparés du territoire à une vitesse stupéfiante.

Le porte-parole en chef du Pentagone, John Kirby, a déclaré que les Afghans avaient encore le temps d’éviter une défaite ultime.

«Aucun résultat potentiel ne doit être inévitable, y compris la chute de Kaboul, a déclaré M. Kirby devant la presse. Il n’est pas nécessaire que ce soit ainsi. Cela dépend vraiment du type de leadership politique et militaire que les Afghans peuvent mobiliser pour renverser la vapeur.»

Le président Biden a fait un commentaire similaire la veille, déclarant aux journalistes que les troupes américaines avaient fait tout ce qu’elles pouvaient au cours des 20 dernières années pour aider les Afghans.

«Ils doivent se battre pour eux-mêmes, se battre pour leur pays», a-t-il déclaré.

Les États-Unis continuent de soutenir l’armée afghane avec des frappes aériennes limitées, mais celles-ci n’ont pas fait de différence stratégique jusqu’à présent et devraient prendre fin lorsque les États-Unis mettront officiellement fin à leur participation à la guerre le 31 août. M. Biden pourrait ordonner la poursuite des frappes aériennes au-delà de cette date, mais cela semble peu probable étant donné sa position ferme sur la fin de la guerre.

«Mon soupçon, mon fort soupçon, est que la chronologie du 31 août va tenir», a déclaré Carter Malkasian, qui a conseillé les chefs militaires américains en Afghanistan et à Washington.

De hauts responsables militaires américains avaient averti le M. Biden qu’un retrait complet des États-Unis pourrait conduire à une prise de contrôle par les talibans, mais le président a décidé en avril que la poursuite de la guerre constituait un gaspillage. Il a déclaré mardi que sa décision tenait, malgré les discussions voulant que les talibans puissent bientôt être aux portes de Kaboul, menaçant la sécurité des diplomates américains et d’autres diplomates étrangers.

L’évaluation militaire américaine la plus récente, prenant en compte les derniers gains des talibans, indique que Kaboul pourrait être sous la menace des insurgés d’ici septembre et que le pays pourrait tomber entièrement sous le contrôle des talibans d’ici quelques mois, selon un responsable de la défense qui a discuté mercredi des analyses internes sous couvert d’anonymat.

Les autorités ont indiqué qu’il n’y avait eu ni décision ni ordre d’évacuation du personnel diplomatique américain d’Afghanistan. Mais un responsable a déclaré qu’il était maintenant temps d’avoir des conversations sérieuses à savoir si l’armée américaine devrait commencer à déplacer des actifs dans la région pour être prête au cas où le département d’État réclamerait une évacuation soudaine.

M. Kirby a refusé de discuter de toute planification d’évacuation, mais un responsable du Congrès a déclaré qu’il avait été question de la planification préliminaire d’une éventuelle évacuation de l’ambassade des États-Unis lors d’une récente réunion du Conseil de sécurité nationale, sans toutefois qu’une décision ne soit prise.

Avec Robert Burns et Lolita C. Baldor, The Associated Press