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Canada: Les pédiatres révisent leurs recommandations sur le temps d’écran des tout-petits

novembre 24, 2022
Un parent assis par terre essaie d'enlever des mains de son enfant allongé sur le sol sa tablette qu'il retient avec ses deux mains.

Un enfant réclame sa tablette. Photo : Istock/Nadezhda1906

La Société canadienne de pédiatrie a abandonné sa directive d’il y a cinq ans qui limitait le « temps d’écran » pour les tout-petits et les enfants d’âge préscolaire : elle encourage plutôt les parents à accorder la priorité aux émissions éducatives, interactives et adaptées à l’âge.

Dans de nouvelles directives publiées jeudi, la Société canadienne de pédiatrie déconseille toujours de laisser les enfants de moins de deux ans passer du temps devant des écrans, sauf pour bavarder avec des adultes bienveillants, comme placoter avec les grands-parents.

Pour les enfants de deux à cinq ans, les parents devraient limiter le temps d’écran régulier ou sédentaire à un maximum d’une heure par jour.

Mais la recommandation précédente de la Société canadienne de pédiatrie, qui fixait un plafond ferme d’une heure par jour pour ces enfants de deux à cinq ans, a été assouplie pour conseiller maintenant des formes interactives d’utilisation, comme des émissions éducatives et des soirées cinéma en famille, explique la pédiatre Janice Heard, de Calgary, membre du groupe de travail sur la santé numérique à la Société canadienne de pédiatrie.

La docteure Heard soutient que les parents feraient mieux de réduire l’utilisation passive des écrans et mettre l’accent sur l’utilisation familiale et commune, tout en donnant l’exemple d’une saine utilisation.

« La meilleure chose qu’ils puissent faire pour leur enfant est d’interagir avec eux en tête-à-tête, s’ils le peuvent. »— Une citation de  Janice Heard, pédiatre

Elle est bien consciente que les confinements pandémiques ont probablement inversé les initiatives antérieures visant à freiner l’utilisation des écrans parmi les différents groupes d’âge.

Ensuite, les enfants réduiront naturellement le temps que leurs enfants à eux passent sur les écrans lorsqu’ils reconnaîtront que ça ne leur apprend rien, que ça ne les aide pas d’une manière particulière. Et pour les très jeunes enfants, c’est en fait assez nocif.

La docteure Heard admet que les écrans en eux-mêmes ne sont pas mauvais, mais qu’ils remplacent des activités essentielles au développement de l’enfant. Ainsi, l’utilisation excessive d’écrans pour les jeunes enfants peut interférer avec le développement du langage et le comportement social, selon elle.

Les nouvelles directives mettent l’accent sur quatre principes : limiter le temps d’écran, en atténuer les risques, utiliser les écrans en pleine conscience et donner l’exemple d’une saine utilisation.

Mais c’est l’abandon des limites recommandées qui, espère Mme Heard, encouragera les parents à établir eux-mêmes des limites à la consommation passive et à examiner quand, comment et pourquoi ils autorisent l’utilisation d’écrans aux jeunes enfants.

Et selon la docteure Heard, les mêmes principes peuvent être extrapolés aux enfants plus âgés et même aux adolescents, pour lesquels la Société de pédiatrie avait publié des directives similaires en 2019 : on encourageait de fixer des limites basées sur chaque enfant, sans directives générales.

Stressant pour les parents

Les limites recommandées par la Société canadienne de pédiatrie sont depuis longtemps une source de stress pour de nombreuses familles, qui ne savent pas ce qui est acceptable, déclare Natalie Coulter, directrice de l’Institut de recherche sur la littératie numérique à l’Université York, à Toronto.

Ça suppose qu’il est facile de déterminer ce qui est bien et ce qui l’est moins, mais même essayer [de définir] ce qu’est un « écran » devient plus difficile, estime Mme Coulter, professeure agrégée en communication et études des médias.

« Il y a maintenant une ligne très floue entre le monde réel et le monde numérique, il n’y a plus de définition claire. Si vous allez à l’école par l’entremise d’un écran, est-ce que c’est considéré comme du temps d’écran? »— Une citation de  Natalie Coulter, directrice de l’Institut de recherche sur la littératie numérique, Université York

La professeure Coulter fait partie d’un groupe de recherche qui a interrogé des parents d’enfants de 4 à 12 ans sur l’utilisation des écrans pendant la pandémie. L’étude regroupe 15 familles au Canada, et d’autres en Australie, en Colombie, en Corée du Sud, au Royaume-Uni, en Chine et aux États-Unis.

Le stress face à la manière de respecter les recommandations de temps d’écran était un thème récurrent chez les parents interrogés, dit-elle, et la notion même de limites imposées est aujourd’hui dépassée.

« Les parents subissent tellement de pression et tellement de culpabilité. C’est un peu irréaliste et ça ne fait qu’ajouter à une sorte de sentiment parental de ne pas être assez bon. »— Une citation de  Natalie Coulter, professeure

J’ai deux filles [et] j’ai du mal avec ça, ce n’est pas comme si j’avais des réponses brillantes. Mais je pense que, comme pour tout, dès que vous posez des règles binaires très strictes, ça clôt un peu le dialogue, mentionne Mme Coulter.

Les nouvelles directives encouragent également les pédiatres à discuter de l’utilisation des écrans lors des consultations de routine – la docteure Heard s’inquiète du fait que trop peu de familles avec lesquelles elle a parlé semblent être conscientes des risques liés aux écrans.

Je leur poserais la question : combien de temps d’écran votre enfant a-t-il? Ils me répondront : « Oh, eh bien, probablement une heure avant l’école, quelques heures après l’école, puis le soir… et ils ont la télévision dans leur chambre ». Et je me dirai : aïe, aïe, aïe, on n’a pas fait un très bon travail d’éducation auprès de nos jeunes parents.

Même de petits changements peuvent avoir un effet important sur les familles désireuses de limiter l’utilisation des écrans, dit-elle : prévoir des moments de la journée et des zones sans écran à la maison, ou même ouvrir un livre ou faire du bricolage.

« À la Société canadienne de pédiatrie, on est tous parents, nous aussi. On comprend. On veut pouvoir donner aux gens des choses concrètes qu’ils peuvent faire et qui feront une différence qui ne chamboulera pas complètement toute leur vie. »— Une citation de  Janice Heard, pédiatre.

Avec La Presse canadienne

Depuis le Covid, le temps d’écran des enfants a augmenté de 50 %

novembre 11, 2022

Selon une étude, le temps passé devant les écrans par les enfants a bondi entre janvier 2020 et mars 2022. Cela représente 1 h 24 supplémentaire.

Les jeunes ont du mal a lacher leurs ecrans depuis la pandemie (photo d'illustration).
Les jeunes ont du mal à lâcher leurs écrans depuis la pandémie (photo d’illustration).© Alexandre MARCHI / MAXPPP / PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/MAXPP

C’est un effet néfaste des confinements de 2020. Le temps moyen passé devant les écrans par les 3-18 ans est passé de 162 minutes par jour (2 h 42) à 246 minutes (4 h 6) par jour pendant la pandémie, selon une étude internationale portant sur 30 000 enfants de différentes nationalités. Les auteurs expliquent que « pour faire face à ces perturbations sans précédent des conditions de vie normales, de nombreux enfants et familles ont probablement utilisé des appareils numériques pour occuper leur temps durant la pandémie ».

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs de l’université de Calgary, de l’Alberta Children’s Hospital Research Institute et de l’University College Dublin se sont appuyés sur 46 études portant sur la période de janvier 2020 à mars 2022. Ils soulignent que les adolescents de 12 à 18 ans sont ceux qui ont montré la plus grande augmentation de temps d’écran avec en moyenne 110 minutes supplémentaires par jour.

Promouvoir l’activité physique

L’étude pointe surtout une augmentation du temps passé devant son ordinateur ou son smartphone et l’explique par leur usage dans le cadre scolaire et la nécessité d’avoir des interactions avec ses proches, malgré les privations de sortie. Elle rappelle toutefois que maintenant que les confinements sont derrière nous, il serait bon de « modérer l’utilisation quotidienne de ces outils » et de « promouvoir l’activité physique sans appareil » chez les enfants et les adolescents.

Par Le Point