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Centrafrique: à Bangassou, la population replonge dans la terreur

mai 29, 2017

Un hôpital de Médecins sans frontières à Bangassou, le 26 mai 2017 / © AFP / SABER JENDOUBI

Cible d’une des attaques les plus meurtrières en Centrafrique ces derniers mois, Bangassou, dans l’est du pays, a replongé dans la terreur des tueries menées par des bandes armées malgré la présence de Casques bleus.

Les assaillants « nous lançaient des mains et des pieds découpés », se remémore Djamil, réfugié dans un camp proche de la cathédrale, en évoquant l’attaque lancée le 13 mai par des centaines d’assaillants contre le quartier musulman de Bangassou, ville d’environ 35.000 habitants à majorité chrétienne, sur la rivière Mbomou, frontière avec la République démocratique du Congo.

Un bilan provisoire de la Croix-Rouge centrafricaine et du Bureau des Affaires humanitaires des Nations unies en Centrafrique (Ocha) a fait état de 108 morts et de 76 blessés.

Selon la force de l’ONU (Minusca, 12.500 hommes), les coupables sont des miliciens anti-balaka, se revendiquant défenseurs des chrétiens face aux ex-rebelles séléka, majoritairement musulmans.

Plusieurs centaines de personnes avaient trouvé refuge dans la mosquée après l’assaut. « La Minusca nous a dit de nous réfugier dans la mosquée, et c’est ce qu’on a fait… Puis les Casques bleus nous ont abandonnés »,accuse Djamil.

« Devant le nombre d’assaillants, les Casques bleus ont dû reculer », se souvient une source proche de la Minusca.

– Machettes et fusils –

« Dès le départ des Casques bleus, une vague d’anti-balaka a accouru vers la mosquée en hurlant, brandissant machettes et fusils artisanaux », a raconté l’AFP l’évêque de Bangassou, Mgr Juan José Aguirre: « J’ai tenté le dialogue, mais ils ont fini par tirer sur un ami qui voulait me protéger ».

« Ils ont vu l’imam sortir. Ils lui ont tiré dessus », continue l’évêque. « Il est tombé à genoux, blessé à mort. Quand je suis revenu, je l’ai trouvé comme ça, puis l’ai porté pour l’allonger dignement. Les anti-balaka m’ont hurlé dessus pour que je n’y touche pas ».

« Ils étaient drogués, alcoolisés, incontrôlables », se souvient un humanitaire.

Terrorisés par cette nouvelle flambée de violences, les habitants de Bangassou se terrent ou fuient. Seules quelques boutiques du marché central sont désormais ouvertes et les rues sont désertes.

Selon Ocha, le nombre de déplacés de Bangassou s’élève à près de 15.000 depuis le 13 mai et les attaques sporadiques continuent.

Dimanche encore, « des éléments armés présumés anti-balaka, ont interdit aux humanitaires de mener une mission dans la localité. Par ailleurs, des éléments armés ont enlevé une femme et cinq enfants avant de les tuer en brousse », a indiqué lundi la force de l’ONU (Minusca).

– Enterrée vivante –

Mercredi, ces mêmes anti-balaka avaient « enlevé deux femmes soignées à l’hôpital. Une des femmes a été abattue sur place tandis que l’autre a été enterrée vivante », selon la Minusca.

Face à cette spirale de violences, les humanitaires redoutent désormais de nouveaux « assauts de grande ampleur » dans la ville, a indiqué l’un d’entre eux à l’AFP sous couvert d’anonymat.

Les affrontements entre séléka et anti-balaka ont dégénéré en tueries intercommunautaires de masse en 2013, plongeant la Centrafrique dans le chaos.

L’intervention militaire française Sangaris, puis le déploiement de Casques bleus ont réduit le niveau des exactions, mais des bandes armées sévissent toujours dans plusieurs régions du pays.

« Cette chasse aux musulmans, les pillages de leurs boutiques, de leurs maisons, c’est une vengeance contre la séléka », selon l’évêque: « Dans la tête des gens, les musulmans de Bangassou sont alliés à l’ex-séléka ».

L’identité du groupe d’anti-balaka auteur de l’assaut reste floue. « Les gens qui nous ont massacrés sont des inconnus », assure Ali, un commerçant déplacé.

« Ils viennent de Bakouma, Niakari, Kitika et d’autres localités de la Mbomou », préfecture de l’est du pays, précise Mgr Aguirre, sans doute attirés par les richesses minières et forestières de la région de Bangassou.

Le contrôle de ces ressources (diamant, or, bois,…) provoque régulièrement des affrontements meurtriers entre bandes rivales dont les civils sont les premières victimes.

« Ces jeunes sont désoeuvrés (…) Je les ai rencontrés dès le mois de février, car c’est mon diocèse, pour leur demander de ne pas s’en prendre aux écoles, notamment », ajoute le prélat.

Au sein de l’évêché se trouve un autre camp de déplacés constitué, lui, de chrétiens. Entre les deux, un no man’s land, où sont assoupis quelques Casques bleus « épuisés », selon la Minusca, qui rappelle que six Casques bleus sont morts dans la région de Bangassou début mai.

Romandie.com avec(©AFP / 29 mai 2017 12h36)                

La douleur n’a pas de pays

novembre 17, 2015

 

 

Je mesure enfin la douleur de tes sanglots d’automne, Verlaine

De nombreux caillots de sang dans les bouches crachent leur peine

Les corps déchiquetés dorment sur le sol et racontent l’horreur

D’une vie arrachée d’une vie que personne n’a pu délivrer de la peur

Personne dans la ville nocturne n’ose cacher l’innommable terreur

Le sang vermeil se répand sur le sol à jamais irrécupérable

Arrêt sur images froid dans le dos on regarde incapable

D’éviter ces corps incontournables désormais gisants effroyables

Le cœur en détresse le silence des morts sur qui dansent les sonneries

De ces téléphones qui s’affolent pleurent chœurs de messageries

Qui déchirent l’espace lourd des regards figés pour l’éternité

La douleur n’a pas de pays le sang est rouge pour toute l’humanité!

 

 

Rouge est le sang du monde. Rouge est le sang de Pointe-Noire

Rouge est le sang du monde. Rouge est le sang des Noirs

Rouge est le sang du monde. Rouge est le sang de Brazzaville

Rouge est le sang du monde. Rouge est le sang  de l’homme vil

Rouge est le sang du monde. Rouge est le sang de Bangui

Rouge est le sang du monde. Rouge est le sang de Paris

Rouge est le sang du monde. Rouge est le sang de Haïti

Rouge est le sang sans vie. Rouge, le sang de l’innocent

Rouge est le sang du Fils de Dieu de la croix triomphant!

 

 

Il nous appelle nous qui sommes encore voyageurs et vivants

Sur cette terre! Venez à moi Je ne vous abandonnerai jamais
A l’ombre de mes ailes se trouvent repos et paix. Désormais

Cherchez ma face. Je suis vivant. Je suis vivant! Vivant!

Je suis le roc, la forteresse qui demeure à travers les âges

Je suis le refuge qui transforme les douloureux rivages

Semés de couronnes d’épines et de feu en de verts pâturages!

 

 

La douleur n’a pas de pays le sang est rouge pour toute l’humanité

Le monde entier rugit et explose en un immense océan de sanglots noués

Dans nos gorges, échardes de feu, tombeau de nos cris de nos voix enrouées!

 

 

Marie-Léontine Tsibinda

 

 

Tunisie : une « Journée des martyrs » sous les matraques et les gaz lacrymogènes

avril 9, 2012

Sur l’avenue Bourguiba de Tunis, où tout rassemblement était  interdit par le gouvernement, la commémoration de la « Journée des martyrs » a  tourné à la confrontation violente avec les forces de l’ordre.

La commémoration de la « Journée des martyrs » – en souvenir de la  répression sanglante par les troupes françaises d’une manifestation à Tunis le 9 avril 1938 – devait être pacifique. Mais la  capitale tunisienne a connu des scènes de violences comme elle n’en a pas vu  depuis plusieurs mois.

C’est vers 10 heures que tout a commencé avec un rassemblement sur  l’emblématique avenue Bourguiba de plusieurs centaines de personnes, alors que  toute manifestation y est interdite depuis le 28 mars par le ministère de  l’Intérieur. Objectif des manifestants : réclamer la levée de cette décision en  profitant d’une date symbolique.

Des jeunes gens, enroulés dans des drapeaux tunisiens ont remonté l’avenue en  courant et criant : « Ni peur, ni terreur, l’avenue appartient au  peuple ». La foule comptait des manifestants de tous âges. « C’est  nous qui avons libéré la Tunisie, ils n’ont pas le droit d’interdire des marches  pacifiques », a déclaré un septuagénaire, Mohsen Ben Henda. Puis les tirs  nourris de lacrymogènes ont commencé à pleuvoir. Après des mouvements de  panique, des groupes se sont rapidement reformés et la répression est encore  montée d’un cran.

« Dégage! Dégage! »

« Dégage! Dégage! », ont alors scandé les manifestants en colère. « C’est affreux ce qui se passe aujourd’hui », s’est offusqué une  avocate, Yamina. « Nous sommes pacifiques, et ils nous interdisent l’avenue  Bourguiba alors qu’ils l’ont livrée aux salafistes », a-t-elle déclaré, au  bords des larmes, en faisant référence aux récentes manifestations islamistes,  dont les incidents ont justement conduit à l’interdiction des rassemblements sur  l’avenue Bourguiba. Samedi déjà, une manifestation de diplômés chômeurs avait été  violemment dispersée.

« Je suis consterné. Les gens que la révolution a amenés au pouvoir sont  aujourd’hui ceux qui nous empêchent de manifester. C’est une journée vraiment  triste », a ajouté de son côté l’ancien président de la Ligue tunisienne  des droits de l’Homme, Mokhtar Trifi. « Regardez, c’est ça la Tunisie de la  liberté, la Tunisie d’Ennahdha », lâchait un manifestant,  dégoûté.

Journalistes molestés

Fumées de lacrymogènes, charges à moto ou en camion de policiers casqués et  armés de matraques, manifestants interpellés brutalement, voire frappés… Deux  journalistes, la correspondante de l’hebdomadaire français Le Point et  la rédactrice en chef du site tunisien Kapitalis, ont été elles-aussi  molestées par des policiers.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche, a  paradoxalement invoqué la menace de troubles pour justifier l’interdiction de  manifester. « On ne va pas laisser s’installer le chaos. Les gens ont la  possibilité de manifester ailleurs que sur l’avenue Bourguiba », a-t-il  dit. Selon lui, en tirant des lacrymogènes, les forces de l’ordre « voulaient éviter de pires affrontements ».

Jeuneafrique.com avec AFP