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Congo: Théophile Obenga, un tribaliste repenti !

août 17, 2020

 

L’Égyptologue et ancien Ministre Théophile Obenga a dit sur RFI (Radio France Internationale) le 15 août 2020, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance du Congo-Brazzaville : « Tant que le virus tribal n’est pas encore évacué, la paix c’est un truc factice ». C’est un gros caillou jeté dans le marigot infesté des dirigeants tribalistes congolais. C’est le sauve qui peut !

Après avoir longtemps baigné dans les eaux boueuses du tribalisme et profité de ses nombreux avantages jusqu’à ce jour, monsieur Théophile Obenga nous fait le coup du repenti. Est-ce sincère ? On aimerait bien le croire. Mais n’oublions pas que ce monsieur est le Représentant spécial du Chef de l’État, monsieur Sassou Nguesso. Cette nomination ne s’explique-t-elle pas par sa proximité géographique avec le maitre des céans ?

Durant toutes ces années en tant que ministre et universitaire qui transmet le savoir c’est-à-dire l’amour, n’avait-il pas su qu’il pataugeait dans des eaux dangereuses mettant en péril l’unité nationale ?

Un intellectuel, un homme cultivé qui a un goût pour les choses de l’esprit, aurait depuis lors tiré le signal d’alarme de cette incongruité qui consiste à écarter les autres citoyens des postes de responsabilité parce que n’appartenant pas à la tribu de ceux qui règnent en maitres par les armes.

Le repenti se repend de ses actes néfastes et monsieur Théophile Obenga  doit nous expliquer de quoi il a été coupable dans cette gangrène tribaliste. Nous ne pouvons lui accorder l’excuse de la jeunesse car jusqu’ à récemment il fut le chantre de monsieur Sassou Nguesso voyant en ce dernier le seul capable de diriger le Congo-Brazzaville. C’est l’avilissement des universitaires congolais qui ne sont pas tous des intellectuels capables de discerner le bien du mal.

« Un intellectuel est une personne dont l’activité repose sur l’exercice de l’esprit, qui s’engage dans la sphère publique pour faire part de ses analyses, de ses points de vue sur les sujets les plus variés ou pour défendre des valeurs, qui n’assume généralement pas de responsabilité directe dans les affaires pratiques. »

A l’approche d’une échéance électorale pipée d’avance, les chevaliers blancs sortent de leurs abris pour apporter la bonne parole à un peuple déboussolé, qui se nourrit des mots sortis de la bouche des soi-disant savants congolais, qui sont devenus l’opium du peuple.

Universitaire (personne qui détient un diplôme d’une université) et homme politique, monsieur Théophile Obenga n’a laissé aucune empreinte au Congo-Brazzaville permettant aux Congolais de se souvenir de lui en dehors de ses rhétoriques en égyptologie incompréhensibles pour le commun des mortels. Nous aurions pu avoir ne fusse qu’un musée retraçant l’histoire égyptienne, mais c’est un musée du colonisateur Pierre Savorgnan de Brazza que nous avons hérité. C’est de l’autoflagellation.

Le moment de l’élection présidentielle au Congo-Brazzaville est toujours propice pour parler de paix, du refus du tribalisme par ceux-là même qui préparent la guerre et excellent dans le tribalisme.

Nous ne savons pas quelle mouche a piqué monsieur Théophile Obenga pour qu’il s’insurge contre le tribalisme qu’il a pratiqué, usé et abusé durant sa carrière politique ; Ce tribalisme pourvoyeur de haine. « L’éradication du virus du tribalisme, facteur de paix », devient une antienne pour se donner bonne conscience.

Le Congo-Brazzaville manque d’intellectuels mais a beaucoup d’universitaires qui se sont acoquinés avec les gouvernements successifs aussi violents les uns que les autres afin de se faire une place. Le cas le plus flagrant est celui de monsieur Henri Lopes, homme de Lettres, qui a servi dans des gouvernements qui ont assassinés nos compatriotes sans la moindre protestation de sa part. C’est le syndrome de la cécité de l’intellectuel alibi. Il a terminé paisiblement sa carrière au service de la dictature sur les bords de la seine en France en tant qu’Ambassadeur. Nous éclairera-t-il un jour des tourments qui hantent son esprit pour avoir été un complice à l’insu de son propre gré d’une machine à broyer ? Il serait peut-être temps qu’il sorte de sa réserve pour éclairer la jeunesse sur les errements qui ont marqué son parcours politique. Osera-t-il le faire alors que ses bienfaiteurs sont toujours aux manettes ? Le peuple congolais est plus que dans le dénuement depuis le début de sa carrière jusqu’à ce jour. Triste bilan !

Les idéologies politiques découlant d’un programme politique n’ont jamais existé au Congo-Brazzaville, pays coutumier des coups d’état. Ce sont les militaires, pour l’intérêt de la tribu, qui gèrent le pays. C’est ce paradigme qu’il faille essayer de changer aujourd’hui.

La culture du diplôme a permis à un cartel au Congo-Brazzaville de s’accaparer du pouvoir pour leurs intérêts personnels. Les trajectoires idéologiques ont été tortueuses, du socialisme bantou au socialisme scientifique sans aucun savoir en passant par le marxisme-léninisme. Le passage à la démocratie dévoyée s’est fait par pure opportunisme.

Nous accordons le bénéfice du doute à monsieur Théophile Obenga. Mais en tant qu’intellectuel, il devrait trouver incongrue qu’un Président de la république puisse se maintenir au pouvoir depuis plus de 35 ans. C’est son rôle de dénoncer ce genre d’aberration au lieu de nous parler de tribalisme qui est la conséquence de cet accaparement du pouvoir par monsieur Sassou Nguesso.

Étant son collaborateur proche, Représentant spécial du Chef de l’État, par acte de bravoure, il devrait démissionner pour manifester son mécontentement car c’est ce régime qui est à l’origine des prémisses du tribalisme dans notre pays. Il n’y a qu’à voir les nominations au niveau du gouvernement, de l’armée et de la haute administration publique pour se rendre que le Congo-Brazzaville est une république tribaliste, que nous combattons.

Profiter de son aura universitaire pour endormir le peuple est une escroquerie intellectuelle surtout lorsque l’on n’a pas été exemplaire soi-même durant son parcours. Il est de bon temps qu’au crépuscule de sa carrière politique de laver plus blanc que blanc. Mais méritez-vous la rédemption même si vous y avez droit ? Seule votre conscience pourra répondre à cette question.

C’est assez curieux et réducteur de penser que les Congolais n’ont pas demandé leur indépendance. Tout homme ayant vécu l’humiliation sous le joug de la colonisation n’aspirait qu’à un seul désir qui était celui de recouvrer sa liberté en tant qu’homme libre. Une telle réflexion venant d’un ancien ministre est plus que saugrenue.

La période « d’indépendance formelle » de la France n’a de sens que pour piller les richesses naturelles de ses anciennes colonies. Pour preuve aucune infrastructure d’envergure n’a été construite dans les anciennes colonies françaises en dehors « des quartiers blancs » au centre-ville où ils se prélassaient.

Le tribalisme est la source de tous nos mauvais maux au Congo-Brazzaville. Vous faites partie des bénéficiaires de ce système inique qui consiste à priver des ressources à vos propres compatriotes pour le seul fait qu’ils ne sont pas de votre tribu ou contrée.

Monsieur Théophile Obenga se trompe d’époque. Le Congo-Brazzaville avec son pétrole largement exploité par la France au détriment des Congolais peut se suffire à lui-même au lieu d’aller faire l’aumône. À ce que nous savons, ce ne sont pas les Français qui ont volé les 14 000 milliards de francs CFA prévus pour les générations futures mais bien les gouvernements de monsieur Sassou Nguesso et ses acolytes.

Sincérité ou malice, seule l’histoire jugera cette saillie trouble de monsieur Théophile Obenga. Pour le moment l’essentiel est ailleurs à savoir, le peuple congolais qui est dans la misère.  Cette stratégie nous fait penser qu’elle n’est pas sincère car il est difficile de passer de griot à calife.

Quand un chantre du tribalisme se mue en chantre de la paix, c’est qu’il y a un flou. Et quand c’est flou c’est qu’il y a un loup. Mais sachez que cette fois-ci la bergerie et les poulaillers sont fermés et bien gardés.

Il est bien de reconnaitre que le PCT (Parti congolais du travail) est un parti violent. Alors dans ce cas pourquoi en tant qu’intellectuel être au service de son chef qui n’est autre qu’un chef de gang.

Le diagnostic sur le mal qui sévit au Congo-Brazzaville est déjà fait. Il découle de la malgouvernance du PCT, parti autoritaire, brutal, peu soucieux des règles démocratiques que vous servez. Si vous êtes lucide, il ne vous reste plus qu’à démissionner de vos fonctions auprès de monsieur Sassou Nguesso afin de retrouver la liberté de parole et le ton dévolu à un intellectuel. Sinon votre interview sur RFI n’aurait été qu’une litanie.

Sentant la fin arrivée, la saison des regrets a commencé pour les apparatchiks. Il n’est jamais trop tard pour se repentir.

Un intellectuel est une autorité morale et un universitaire est un enseignant. Mais, il n’est pas exclu que l’on soit les deux.

C’est Abraham Lincoln qui disait : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. »

Avec Congo-liberty par Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

Congo: Pour le meilleur, osons changer de contexte constitutionnel

mars 6, 2015

 

le professeur Théophile Obenga.

Un débat d’idées, sain, courtois, fructueux, proscrit l’invective, le préjugé, l’a priori partisan, la platitude courtisane, la déformation volontaire de l’opinion d’autrui. Un débat constructif -qui n’est pas un monologue mais un dialogue par nature- reste intellectuel et met face-à-face argument contre argument, selon les convictions et les techniques de persuasion. C’est du débat contradictoire, aime-t-on dire, que jaillit la lumière.

Une autre précaution de méthode et d’éthique, dans le contexte purement congolais. Ces temps-ci, le Congo vit dans une forte subjectivité collective. Les rumeurs fusent de partout et se font folles. Les imaginations s’envolent dans toutes les directions. Les supputations prennent l’allure de vérités contrôlées. Dans un tel moment de forte subjectivité, ce qui divise peut prendre aisément le dessus, minimisant la belle devise nationale: Unité-Travail-Progrès.

Il est arrivé, en ces temps de forte subjectivité nationale, d’entendre les guides spirituels: évêques, pasteurs et prophètes. Les jeunes aussi ont parlé, clamant leur impatience, leur douleur, leur souffrance, surtout leur inquiétude pour le futur. Les forces vives organisées -syndicats, associations, divers groupes de la société civile- ont également exprimé leurs réflexions. Les intellectuels du pays, prompts à l’écriture, ont dit ce qu’ils avaient à dire, en toute liberté, en toute franchise, en toute honnêteté. Des vœux éclairés ont été formulés. Les partis politiques -une multitude- ont formulé et présenté des stratégies, aussi pertinentes les unes que les autres.

Le bouillonnement de cette forte subjectivité a gagné tout le pays, jusqu’aux diasporas congolaises, jusqu’aux confréries, jusqu’aux clubs sportifs, jusqu’aux marchés de nos villes et villages, jusqu’aux sages des traditions ancestrales. Il n’y a pas de doute que le président de la République, chef de l’Etat, garant de l’unité nationale, protecteur de la paix sociale, défenseur constitutionnel de la sécurité sur tout le territoire national; il n’y a pas de doute que le président de la République a entendu cette immense clameur de la subjectivité sociopolitique du moment. Calmement.

Tout cela se greffe sur l’histoire contemporaine du Congo. Histoire particulière, en effet, avec des subjectivités parfois bien endiguées, parfois incontrôlées: multipartisme, indépendance, parti unique, révolution, coups d’Etat mi- réussis, mi-avortés, conférences nationales (deux), multipartisme, élections démocratiques, plusieurs guerres civiles (au moins 109.000 Congolais morts au total), paix sociale retrouvée, reconstruction du pays, dynamisme sous régional, africain et international.

Le Congo, après mille houles politiques, est maintenant sur le chemin de l’harmonie, de la paix et de la sécurité, du développement soutenu, de la réalisation de grandes ambitions nationales. Le Congo est, désormais, inscrit, assurément, dans la longue durée du progrès jusqu’aux émergences prochaines et au-delà. Mais, quel est l’objet de la subjectivité socio-politique actuelle?

La Constitution et le jeu politique: a- la Constitution dépend du peuple souverain; b- le jeu politique des acteurs politiques du pays;

La Constitution fait aussi partie du jeu politique, et le jeu politique tient également de la Constitution. En régime démocratique et républicain, la Constitution sépare les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Pour le reste, les Constitutions démocratiques ne se ressemblent guère: la Constitution française prévoit le poste de premier ministre, chef du gouvernement et, en principe, pas de limitation de mandats présidentiels, alors que la Constitution fédérale des Etats-Unis n’institue pas le poste de premier ministre et limite le mandat présidentiel à deux termes.

Les Constitutions congolaises (près de vingt Constitutions et lois fondamentales déjà depuis l’Indépendance en 1960) suscitent périodiquement des querelles politiques, parce qu’elles sont très infirmes: – on copie sans discernement; – on privilégie des intérêts particuliers momentanés; – on exclut sans examen les opinions non désirées; – on fausse volontairement le jeu politique par des astuces juridiques égoïstes.

Il est, donc, temps de changer la Constitution actuelle en changeant, par là même, notre réflexion commune à propos de l’élaboration et la confection d’une Constitution. La Constitution n’est pas prioritairement une affaire de juristes, si compétents soient-ils. Les juristes sont des artisans, sinon des artistes: ils savent mettre en forme, de façon concise, parfois ambiguë. Ils savent écrire un texte de droit, ce qu’est bien la Constitution. Cependant, pour le fond, la Constitution est une affaire éminemment politique. Je propose, en ce moment de grande subjectivité collective, ce qui suit: – que la sagesse renforce le patriotisme congolais; – que le pilier des institutions républicaines, le président de la République, soit plus que jamais le centre de la confiance de tout le peuple dont il incarne la souveraineté, pour éviter les divisions meurtrières, les dissensions sanglantes, les déchirures irréparables; – que le président de la République, garant de l’autorité de l’Etat et de l’unité nationale, toute subjectivité nationale entendue et enregistrée, procède à un référendum consultatif en vue du changement de la Constitution actuelle; – qu’un Comité, large et varié, soit créé pour la réflexion et l’élaboration du contenu d’une nouvelle Constitution; – qu’un groupe de juristes constitutionnalistes soit institué pour la mise en forme et la rédaction de la nouvelle Constitution; – que la nouvelle Constitution soit adoptée par le peuple souverain par référendum universel; – que la nouvelle Constitution rentre en application.

 

Lasemaineafricaine.net par Théophile OBENGA