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États-Unis/TikTok : un deuxième projet de loi pour bannir le réseau social

mars 7, 2023

Un projet de loi, transpartisan, a été déposé devant le Sénat américain. TikTok fustige une attaque conte « la liberté d’expression ».

Le reseau social, d'origine chinoise, est accuse de representer une menace pour les donnees personnelles des utilisateurs de la plateforme.
Le réseau social, d’origine chinoise, est accusé de représenter une menace pour les données personnelles des utilisateurs de la plateforme.© DENIS CHARLET / AFP

L’Amérique a fait un pas significatif mardi vers une interdiction de la très populaire application TikTok via un projet de loi soutenu par la Maison Blanche, dans un contexte de défiance croissante des Occidentaux à l’égard du réseau social chinois. Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan a dit dans un communiqué « applaudir » une proposition de loi déposée le jour même, qui permettrait, entre autres, d’interdire des applications telles que TikTok.

Ce texte, porté par un sénateur démocrate et un sénateur républicain, « permettrait à l’État américain d’empêcher certains États étrangers d’exploiter des services technologiques (…) d’une manière qui menace les données confidentielles des Américains et notre sécurité nationale », a écrit le conseiller de la Maison Blanche. De nombreux élus américains considèrent la plateforme de vidéos courtes et virales, qui appartient au groupe Chinois ByteDance, comme une menace pour la sécurité nationale.

« Une menace pour notre sécurité nationale »

Ils craignent, tout comme un nombre croissant de gouvernements occidentaux, que Pékin ne puisse accéder aux données d’utilisateurs du monde entier via cette application, ce que TikTok nie depuis des années. « Il est largement admis que TikTok constitue une menace pour notre sécurité nationale », a plaidé mardi l’influent sénateur républicain John Thune en présentant le texte.

Concrètement, le projet de loi, baptisé « Restrict act » donne au ministre du Commerce de nouveaux pouvoirs pour interdire cette application. Un projet de loi concurrent, présenté à la Chambre des représentants, a aussi franchi la semaine dernière une étape clé au Congrès. Interdire l’application reviendrait à « museler la liberté d’expression » de millions d’Américains, proteste TikTok, qui revendique plus d’une centaine de millions d’utilisateurs aux États-Unis.

L’application a déjà dépassé YouTube, Twitter, Instagram et Facebook en « temps passé » par les adultes américains et talonne désormais Netflix. Fin février, la Maison Blanche avait déjà ordonné aux institutions fédérales de s’assurer que TikTok disparaisse de leurs smartphones sous 30 jours, en application d’une loi ratifiée début janvier par Joe Biden.

Le Point par B.L. avec AFP

France-Réseaux sociaux: vers un accord parental obligatoire pour les moins de 15 ans

mars 2, 2023
Reseaux sociaux: vers un accord parental obligatoire pour les moins de 15 ans
Réseaux sociaux: vers un accord parental obligatoire pour les moins de 15 ans© AFP/Archives/Martin BUREAU

L’Assemblée a voté jeudi l’obligation pour les réseaux sociaux comme TikTok ou Snapchat de vérifier l’accord des parents pour l’inscription des moins de 15 ans, l’un des maillons d’une série d’initiatives visant à encadrer les usages numériques des enfants.

La proposition de loi, portée par le patron des députés Horizons Laurent Marcangeli, a été adoptée à une quasi-unanimité (82 voix contre 2) en première lecture, dans un climat de concorde devenu rare au Palais Bourbon. Elle doit désormais être examinée au Sénat.

Rejetant tout « discours moralisateur », M. Marcangeli a défendu des « garde-fous indispensables » à poser face à « la précocité croissante de la puberté numérique et de la puissance des outils mis à disposition de nos jeunes ».

Pornographie, cyberharcèlement, standards de beauté inatteignables ou encore procédés addictifs pour capter l’attention: lors des débats, les députés se sont accordés sur la liste des risques face auxquels il fallait protéger les plus jeunes.

La « majorité numérique » à 15 ans à laquelle se réfère le texte n’est pas nouvelle: elle a été introduite en France en 2018 en application d’une législation européenne, qui laissait la possibilité de la fixer entre 13 et 16 ans.

Mais ce seuil concerne plus largement l’âge sous lequel un accord parental est requis pour que les données personnelles d’un mineur soient traitées. Pas véritablement appliqué, il n’a pas eu d’impact en termes d’accès des enfants aux réseaux sociaux.

« Chacun ses responsabilités »

Pour y remédier, le texte voté jeudi vise à instaurer l’obligation pour les réseaux sociaux « de mettre en place une solution technique de vérification de l’âge des utilisateurs finaux et du consentement des titulaires de l’autorité parentale » pour les moins de 15 ans, qui devra être certifiée par les autorités.

En cas de manquement, une sanction est prévue, avec une amende allant jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise.

Le texte, débattu dans le cadre d’une journée réservée au groupe Horizons (allié des macronistes), donne aussi la possibilité aux parents de demander la suspension du compte d’un enfant de moins de 15 ans.

Un amendement a par ailleurs ajouté une contrainte en prévoyant que les parents ne pourraient pas donner leur accord pour les moins de 13 ans, sauf pour des « plateformes labellisées ».

« Il s’agit pour chacun – parents, entreprises, jeunes – de prendre ses responsabilités » face à l’amplification des pratiques numériques des enfants, a fait valoir Laurent Marcangeli.

Sur les réseaux sociaux, la première inscription intervient « en moyenne vers 8 ans et demi, et plus de la moitié des 10-14 ans y sont présents », selon des données de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), citées par les députés.

France en pointe

Après ce texte, les députés vont avoir l’occasion de se plonger à nouveau dès lundi dans ces questions qui préoccupent de plus en plus de parents.

Ils examineront dans l’hémicycle un texte de la députée macroniste Caroline Janvier, qui vise à prévenir les risques pour les plus jeunes enfants d’une exposition excessive aux écrans. Sa proposition de loi prévoit notamment d’insérer dans le Code de la santé publique un chapitre dédié à ce thème, et d’inscrire des recommandations dans les carnets de grossesse.

Un texte d’un autre député Renaissance, Bruno Studer, sera aussi au menu lundi. Il vise à « garantir le respect du droit à l’image des enfants », y compris face à certains parents diffusant sans limite des images de leurs enfants sur internet.

Le gouvernement, qui soutient toutes ces initiatives, se veut actif sur ces sujets: il a lancé en février une campagne « pour sensibiliser les parents et pour populariser le site jeprotegemonenfant.gouv.fr », a rappelé la secrétaire d’Etat à la protection de l’Enfance, Charlotte Caubel.

Et « la France sera bientôt le premier pays du monde à généraliser le contrôle parental par défaut sur tous les appareils vendus sur son territoire », a souligné le ministre délégué à la Transition numérique Jean-Noël Barrot.

Le gouvernement a par ailleurs prévu de tester en mars une solution de vérification d’âge bloquant l’accès des mineurs aux sites pornographiques.

Avec Le Point par AFP

Canada: Ottawa interdira TikTok sur les téléphones de ses fonctionnaires

février 27, 2023
L'application TikTok ouverte sur un téléphone intelligent.

Le Canada emboîtera le pas aux États-Unis et interdira, à compter du 28 février, l’application TikTok sur les téléphones intelligents de ses fonctionnaires. Photo : Shutterstock

Le Canada emboîtera le pas aux États-Unis et à l’Union européenne (UE) en prohibant TikTok des téléphones cellulaires de tous ses fonctionnaires.

Dès mardi, l’application disparaîtra automatiquement de tous les appareils gouvernementaux et il deviendra impossible de la réinstaller, a confirmé la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, dans une déclaration partagée sur Twitter.

Nous prenons très au sérieux la liberté d’expression, la liberté des Canadiens à utiliser Internet, mais nous avons aussi des principes très importants de protection en ligne quant à la sûreté et à la sécurité des Canadiens, a justifié le premier ministre Justin Trudeau, lundi.

C’est peut-être la première étape, peut-être la seule que nous aurons à prendre, mais nous nous assurons à tout moment de la sécurité des Canadiens, a fait valoir M. Trudeau, qui a laissé entendre que les entreprises, aussi bien que les particuliers, pourraient s’inspirer à leur tour de la nouvelle restriction fédérale.

Cette décision fait suite à un examen mené par la dirigeante principale de l’information (DPI) du Canada, Catherine Luelo, qui a déterminé que TikTok présentait un niveau de risque inacceptable pour la vie privée et la sécurité.

La semaine dernière, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada et ses équivalents du Québec, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta ont annoncé le lancement d’une enquête conjointe pour déterminer si la plateforme vidéo était conforme à la loi canadienne sur la protection de la vie privée.

Ces organismes s’inquiètent du fait que le gouvernement chinois détient une participation dans ByteDance, la compagnie derrière TikTok, et que les lois du pays l’autorisent à accéder aux données des utilisateurs.

Les États-Unis et l’UE ont récemment interdit à leur personnel gouvernemental d’utiliser le réseau social sur des appareils de travail.

La décision de supprimer et de bloquer TikTok des appareils mobiles du gouvernement est prise à titre préventif, surtout compte tenu des préoccupations concernant le cadre juridique qui régit les renseignements recueillis à partir des appareils mobiles, explique Mona Fortier dans sa déclaration.

« Cette décision est conforme à l’approche de nos partenaires internationaux. Sur un appareil mobile, les méthodes de collecte de données de TikTok donnent un accès considérable au contenu du téléphone. »— Une citation de  Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor

L’interdiction de télécharger et d’utiliser TikTok s’appliquera uniquement à l’administration publique centrale en vertu de la Politique sur les services et le numérique du Canada. Les organismes et les sociétés d’État qui ne sont pas visés par ladite politique seront toutefois informés de la décision, précise Mme Fortier.

Les Canadiens en général pourront quant à eux continuer d’utiliser l’application, mais le Centre canadien pour la cybersécurité et le Centre de la sécurité des télécommunications invitent fortement ceux-ci à comprendre les risques et [à] faire un choix éclairé avant de décider quels outils ils souhaitent utiliser.

Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne

Voici les applications qui ont été les plus téléchargées au monde en 2022

janvier 11, 2023
Un écran d'iPhone montrant l'App Store et un téléphone Android affichant le Google Play Store côte à côte.

Apptopia dresse chaque année des palmarès des applications les plus téléchargées au monde et aux États-Unis. Photo : Getty Images/Ymgerman

TikTok trône toujours au sommet du palmarès des applications les plus téléchargées au monde, une place qu’elle occupe depuis 2020, selon la firme d’analyse de données américaine Apptopia.

Avec ses 672 millions de téléchargements, elle devance Instagram, propriété du groupe Meta, qui a été téléchargée pour sa part 548 millions de fois. 

WhatsApp et Facebook, les deux autres applications phares de Meta, figurent de leur côté aux 3e et 8e rangs, avec 424 millions et 298 millions de téléchargements, respectivement.

CapCut, une application d’édition de vidéo qui appartient au groupe chinois ByteDance, tout comme TikTok, se trouve en quatrième position de la liste d’Apptopia, cumulant 357 millions de téléchargements.

Le magasinage et les jeux vidéo ont la cote

Au rayon des applications de magasinage, le détaillant chinois de mode ultra-accélérée (fast fashion) en ligne SHEIN règne en maître, avec son application téléchargée 229 millions de fois. Suivent son concurrent sur le marché indien Meesho et l’application de Shopee, entreprise singapourienne spécialisée dans les ventes aux enchères en ligne. Le géant américain Amazon se trouve quant à lui au 4e rang de ce palmarès.

Du côté des applications mobiles de jeux vidéo, c’est le jeu de plateforme gratuit Subway Surfers, du développeur danois Kiloo Games, qui s’est illustré, avec 304 millions de téléchargements dans le monde.

Stumble Guys, un jeu mobile inspiré de Fall Guys, occupe la deuxième position, et la plateforme Roblox, très populaire auprès des jeunes joueurs et joueuses, arrive en troisième place.

Le palmarès d’Apptopia combine les données provenant des deux plus grandes boutiques d’applications, l’App Store d’Apple sur iOS et le Google Play Store sur Android.

Avec Radio-Canada

France-Harcèlement scolaire : TikTok, le déversoir des ados

novembre 10, 2022

CHRONIQUE. Plus d’un ado sur trois se connecte chaque jour à TikTok. À l’occasion de la journée de lutte contre le harcèlement à l’école, plongée dans ce réseau social.

Sur TikTok, le hastag #HarcelementScolaire cumule aujourd'hui plus de 88 millions de vues.
Sur TikTok, le hastag #HarcelementScolaire cumule aujourd’hui plus de 88 millions de vues.© JONATHAN RAA / NurPhoto via AFP

Avec 4 millions d’utilisateurs actifs chaque jour, dont 38 % âgés de 13 à 17 ans, l’application TikTok fait partie des trois réseaux sociaux prisés des ados, avec Instagram et Snapchat. En cette journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, les applications favorites des jeunes ont-elles un impact sur ce combat ? Si TikTok permet aux jeunes de témoigner de leur harcèlement, de s’identifier à d’autres récits et de recueillir de nombreux soutiens, l’application peut aussi exacerber les violences vécues en classe et même les propager hors de l’enceinte d’un établissement.

Sur TikTok, le hashtag #HarcelementScolaire cumule aujourd’hui plus de 88 millions de vues. Le président Emmanuel Macron s’en est lui-même servi lors de la rentrée du 1er septembre afin d’inviter les enfants victimes à en parler autour d’eux et d’appeler le numéro vert mis en place par le gouvernement.

Parmi les nombreux témoignages d’adolescents ou de jeunes adultes sur l’application, la vidéo de la jeune Orlanne, alias @barbiebridée, a fait réagir plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs pour la phrase choc qui illustre le harcèlement qu’elle a vécu. Dans son TikTok, Orlanne superpose deux photos d’elle aujourd’hui, du haut de ses 17 ans, et une autre alors qu’elle était enfant accompagnée de la phrase : « Pendant que vous harceliez des gens, elle demandait à sa mère si elle pouvait ouvrir ses yeux avec des ciseaux. ». « J’ai une malformation génétique, dont souffre aussi ma maman, et lorsque j’étais petite, je subissais du harcèlement anti-asiatique. Quand j’expliquais que ce n’était pas le cas, mes camarades ont trouvé d’autres manières de se moquer de moi, en m’appelant “l’expérience ratée” du matin au soir, même devant ma mère », raconte Orlanne d’une voix douce en se remémorant les violences vécues dès ses 5 ans.

Banalisation

Suivie aujourd’hui par près de 200 000 personnes, la lycéenne a décidé de critiquer publiquement la banalisation du harcèlement scolaire, phénomène incarné par des vidéos de moqueries ou de brimades : « C’est en voyant des tiktok de filles qui se montrent comme si elles étaient des pestes dans les films et qui se vantaient d’avoir été encore pire quand elles étaient ados que j’ai réagi. À l’heure actuelle, je fais encore des cauchemars où je revis les violences psychologiques et physiques que j’ai subies jusqu’à mes 13 ans, donc je ne vois pas l’intérêt de se vanter d’avoir traumatisé des gens », s’indigne Orlanne. L’adolescente va beaucoup mieux, mais elle confie être encore régulièrement critiquée pour sa manière de se maquiller, notamment sur les réseaux sociaux.

Anissa, que Le Point avait rencontrée en février pour le lancement du #MetooAnimation, compte aujourd’hui plus de 1 million d’abonnés sur TikTok et Instagram. La jeune militante, rejointe par son amie Hajar, cofondatrice de l’association StopFisha, qui lutte contre le cybersexisme et le cyberharcèlement, s’engage contre le harcèlement scolaire. « On a une histoire commune depuis la maternelle, on était à l’école en région parisienne et voisines. Toutes les deux, on a été harcelées, mais Hajar a aussi fait partie de celles qui me faisaient du mal », explique Anissa. Enfants, Hajar et d’autres amies ont qualifié Anissa et l’une de ses camarades de « fausses Arabes », car elles mangeaient du porc à la cantine. Dès lors, Anissa s’est imposé un régime sans porc à la cantine, un secret qui lui occasionnait beaucoup d’angoisses. « C’était arrivé à un point où je cachais le jambon quand je faisais les courses avec ma mère, j’avais une grosse pression sociale et tout le monde à l’école était persuadé que je ne mangeais pas de porc. Lorsque j’en ai un jour mangé par inadvertance devant une camarade, j’ai fondu en larmes. » De son côté, Hajar, qui dit avoir été elle aussi malmenée par des camarades et une enseignante, explique qu’elle était alors « une boule de colère ».

Grâce à leurs expériences respectives des réseaux sociaux, les deux amies ont décidé de témoigner en ligne et mis sur pied une table ronde virtuelle autour du harcèlement scolaire et du cyberharcèlement : « J’ai énormément de jeunes abonnés qui m’écrivent pour se confier. Après avoir passé des heures à lire leurs témoignages, mais aussi découvrir ce qu’ont vécu la petite Dinah, Marion Fraisse et beaucoup d’autres, j’ai décidé d’organiser cette table ronde filmée et d’y faire intervenir Hajar, mais également un professeur et surtout Nora Fraisse, la mère de Marion [une adolescente qui s’était suicidée en 2013 en laissant une lettre dénonçant le harcèlement dans son collège, NDLR], et fondatrice de l’association La Main tendue », explique Anissa.

Les réseaux sociaux, un continuum du harcèlement

Mais les plateformes peuvent également devenir un vecteur du harcèlement. Alors qu’un adolescent passe en moyenne 78 minutes par jour sur TikTok, une étude publiée en 2021 révèle que 20 % des jeunes déclarent avoir été confrontés à du cyberharcèlement.

Aurélie travaille depuis plusieurs années en vie scolaire dans un collège du Val-de-Marne et a débuté une formation pour devenir CPE. La jeune femme est dans l’attente d’un protocole précis à suivre en cas de cyberharcèlement, selon les situations. « L’année dernière, une jeune fille de quatrième n’était pas appréciée dans sa classe, elle n’avait pas vraiment d’amis et ses parents venaient de divorcer. Elle faisait n’importe quoi sur les réseaux sociaux et postait des photos et vidéos d’elle en soutien-gorge. Un camarade est tombé dessus et a fait des captures d’écran afin de montrer tout ça sur le groupe de classe. Ça a dégénéré et, malgré nos interventions, elle a quitté l’établissement avant la fin de son année scolaire. On m’a toujours dit que, sur les réseaux sociaux, ce n’est pas du ressort de la vie scolaire, mais c’est aux parents de gérer », raconte Aurélie qui dénonce le flou ambiant.

Depuis la Bourgogne où il habite, Chris, lycéen de 16 ans, a été un fervent utilisateur de TikTok où il postait des vidéos de danse, mais aussi des confidences et des anecdotes lorsqu’il était au collège. « J’étais bête, car je me disais que personne de mon collège n’allait tomber dessus, comme je n’avais pas relié mon compte à mon numéro ou mon Instagram, mais ça s’est su et j’ai vécu une vraie dégringolade », se souvient l’adolescent. En troisième, ses camarades du collège s’amusaient à l’imiter dans les couloirs ou lui reprochaient les vidéos dans lesquelles il se plaignait. « Je ne donnais jamais de nom, juste je racontais aux quelques abonnés que j’avais que je me faisais traiter parfois de “sale pédé”, mais quand mon compte a été trouvé, tout le monde a dit que j’étais une balance et une victime », s’insurge Chris. Même s’il a vite supprimé son compte, le mal était fait puisque les captures d’écran de ses tiktoks étaient sans cesse repartagés, jusqu’aux groupes de discussion Snapchat de son collège.

Grâce à son influence, Anissa a voulu venir en aide à une adolescente qui lui avait envoyé des vidéos tiktoks de jeunes filles de son lycée se moquant d’elle et lui demandant publiquement de se suicider. « J’ai signalé ces vidéos horribles et j’ai demandé aux gens de faire de même, mais les vidéos sont toujours là. Moi-même quand je reçois des commentaires haineux, je suis obligée de les lire pour les signaler, donc je n’échappe pas à la violence. Avec les réseaux sociaux, on ne rentre jamais chez soi finalement, car ça nous suit », déplore la créatrice de contenus.

Les réseaux sociaux ne laissent aucune trêve aux élèves victimes.Pap Ndiaye

Dans son édito pour la journée du 10 novembre, le ministre de l’Éducation et de la jeunesse Pap Ndiaye estime que « la place occupée par les réseaux sociaux chez les jeunes crée un enjeu supplémentaire dans la lutte contre le harcèlement : ils rendent poreuses les frontières de la classe et ne laissent aucune trêve aux élèves victimes ». Le ministère met en avant son programme pHARe, un plan de prévention du harcèlement à destination des écoles et des collèges. Parmi les actions à venir, une attestation de sensibilisation au numérique qui sera remise aux élèves de sixième et qui permettra aux enseignants d’adapter selon les résultats, des temps en classe pour mettre, par exemple, en œuvre des actions de sensibilisation contre le cyberharcèlement.

Pour Hajar, avec son association StopFisha, qui intervient bénévolement dans les établissements scolaires, il ne faut plus distinguer le « cyber » et le « réel ». « Les deux sont réels et ont le même impact, il est temps de réguler les réseaux sociaux pour qu’ils prennent leurs responsabilités. On culpabilise encore trop les victimes en leur reprochant de poster sur TikTok ou Instagram, et ce n’est pas normal. Aujourd’hui, la plateforme de signalement Pharos n’a pas les moyens suffisants, même si elle essaie de faire au mieux, c’est aux réseaux sociaux d’agir », estime Hajar qui a découvert avec son association la minimisation du harcèlement en ligne sur une génération totalement digitalisée.

Avec Le Point par Nora Bussigny

Procès Depp-Heard : le verdict de TikTok

mai 27, 2022

Le procès opposant les acteurs Johnny Depp et Amber Heard qui tire à sa fin a abondamment été commenté sur les réseaux sociaux depuis six semaines. Un déluge de vidéos satiriques contre l’actrice cumule des millions de vues, en particulier sur TikTok.

Amber Heard, debout, à gauche de l'image. On voit à l'avant-plan, à droite, Johnny Depp.

L’actrice Amber Heard au procès pour diffamation intenté par son ex-mari Johnny Depp. Photo: AFP/Jim Lo Scalzo

Le procès en diffamation de Johnny Depp contre Amber Heard tire à sa fin; il ne manque plus que le verdict des jurés. Mais le tribunal des réseaux sociaux, lui, a déjà tranché. Depuis maintenant six semaines, les images du procès sont décortiquées quotidiennement et la vaste majorité des publications sont en appui à l’acteur de 58 ans.

TikTok a été le réseau social de prédilection pour les fans qui suivaient le procès de près, avec des milliards de vues sur des montages vidéo des images du tribunal. Les témoignages d’Amber Heard sont coupés et remontés, avec l’ajout d’effets sonores et de musique dans le but de la ridiculiser. On se moque de ses mimiques et de son jeu d’actrice. À l’opposé, on met de l’avant l’humour de Johnny Depp lors du procès.

Ce parti pris se ressent aussi dans les mots clés utilisés. #JusticepourJohnnyDepp récolte pas moins de 17 milliards de vues sur la plateforme, soit bien plus que les 53 millions obtenus pour #Justiceforamberheard. L’actrice doit aussi composer avec les 658 millions de vues récoltés pour #Amberheardisguilty, qui ne laisse planer aucun doute sur le peu de crédibilité dont elle dispose auprès de cet auditoire.

Johnny Depp poursuit en diffamation son ex-femme, l’actrice Amber Heard, avec qui il a été marié entre 2015 et 2016, pour une tribune qu’elle a publiée en 2018 dans le Washington Post. Elle y affirmait être devenue une figure publique des violences conjugales, sans toutefois mentionner le nom de Depp. Ce dernier nie fermement les allégations de son ancienne conjointe.

D’après Callum Hood, responsable de la recherche au Center for Countering Digital Hate(Nouvelle fenêtre), ONG qui lutte contre la désinformation en ligne, il est cependant difficile de distinguer le vrai du faux sur TikTok. Sur la plateforme, de très courts extraits du procès sont retenus et présentés avec un gros parti prisexplique-t-il en entrevue à CNN(Nouvelle fenêtre).

Le contenu sur TikTok, plus que sur toute autre plateforme, ajoute-t-il, est sans contexte. Nous avons tendance à en savoir moins sur le compte derrière la publication, le moment où cela a été publié, la provenance du matériel, les motivations de la personne. […] C’est vraiment difficile, avec les informations dont vous disposez dans l’application, de comprendre le contexte et d’évaluer si c’est vrai ou faux.

L’appui à Depp favorisé par les algorithmes?

La viralité du procès est en fait nourrie par les plateformes elles-mêmes, selon Simon Thibault, professeur au Département de science politique de l’Université de Montréal et spécialiste de la désinformation et de la manipulation en ligne. Les algorithmes vont chercher à nous alimenter en contenu de plus en plus spectaculaire, voire incendiaire, pour maintenir notre attention, souligne-t-il.

« Il y a de la satire, avec des mèmes, des montages vidéo et audio qui se moquent des acteurs du procès. Il y aussi beaucoup de commentaires virulents corrosifs, en particulier à l’égard d’Amber Heard. Ce sont des manifestations qui contribuent à orienter le débat en ligne entourant ce procès-là. »— Une citation de  Simon Thibault, professeur au Département de science politique de l’Université de Montréal

D’après Simon Thibault, il ne faut pas non plus minimiser les prises de position de personnalités très influentes au sujet du procès, comme Joe Rogan, animateur du balado The Joe Rogan Experience, l’un des plus populaires sur Spotify.

Il a eu des propos très durs à l’égard d’Amber Heard, explique-t-il. Et ce genre d’intervention là, ça peut contribuer à libérer la parole de certains de ses auditeurs qui vont se permettre ensuite, par émulation, de tenir des propos encore plus virulents sur les réseaux.

Des faux comptes utilisés

Un tel soutien envers Johnny Depp pourrait-il s’expliquer par l’utilisation de comptes automatisés, aussi appelés bots, des campagnes coordonnées en faveur de l’acteur?

L’équipe de Amber Heard y faisait référence en 2019, lorsque l’actrice déposait sa poursuite à la suite de la plainte en diffamation de Johnny Depp contre l’actrice. Il est notamment allégué dans des documents de cour : Dans le cadre de sa campagne de diffamation en cours, M. Depp et/ou ses agents agissant en son nom ont dirigé des comptes de médias sociaux authentiques et non authentiques, et/ou des bots contrôlés par des non-humains, pour cibler Mme Heard sur le compte Twitter et tenter d’interférer avec sa [carrière].

Mais une firme israélienne(Nouvelle fenêtre), spécialisée dans la détection de fausses informations et de faux comptes en ligne, vient en partie déconstruire cet argument. L’entreprise Cyabra a passé au crible les comptes impliqués qui participent aux échanges en ligne dans le cadre de ce procès.

Selon les données récoltées(Nouvelle fenêtre) fin avril, 11 % des 2300 comptes Twitter analysés seraient inauthentiques. Cependant, la majorité de ces faux comptes seraient en soutien à Amber Heard et non à Johnny Depp, selon le PDG de Cyabra Dan Brahmy, dans une entrevue accordée à Fox News Digital(Nouvelle fenêtre)

Pour l’expliquer, le professeur Simon Thibault fait référence à stan culture, contraction entre stalker (harceleur) et fan.

Ces données montrent qu’il y aurait des faux comptes associés à chaque camp, mais que ça serait plus du côté Amber Heard, remarque-t-il. C’est peut-être une illustration de la popularité de Johnny Depp qui, manifestement, a un groupe d’admirateurs prêts à aller très loin pour manifester leur appui et à le faire en ligne de façon très disgracieuse, voire haineuse.

Avec Radio-Canada par Aude Garachon

L’avenir de TikTok aux Etats-Unis de plus en plus incertain

août 1, 2020

 

Le président américain Donald Trump a menacé, tour à tour, de forcer le chinois ByteDance à céder l'application TikTok, puis de la bannir des Etats-Unis tout court
© Lionel BONAVENTURE Le président américain Donald Trump a menacé, tour à tour, de forcer le chinois ByteDance à céder l’application TikTok, puis de la bannir des Etats-Unis tout court
Les négociations entre Microsoft et TikTok étaient au point mort samedi, selon le Wall Street Journal (WSJ), à cause de l’opposition du président Donald Trump à un rachat par un groupe américain de l’application qu’il menace d’interdire.

La plateforme américaine, qui appartient au groupe chinois ByteDance, est soupçonnée par Washington de partager ses données avec Pékin, ce que l’entreprise a toujours fermement nié.

Une acquisition du très populaire réseau social, pour le rapatrier aux Etats-Unis, semblait à de nombreux acteurs en présence une solution idéale.

Après des semaines de rumeurs et de pression, la Maison Blanche avait d’ailleurs indiqué vendredi que le président s’apprêtait à signer un ordre officiel pour obliger ByteDance à se séparer de l’appli américaine, au nom de la protection de la sécurité nationale.

Et plusieurs médias américains assuraient vendredi que le géant de l’informatique Microsoft était en négociations avancées pour la racheter.

Mais vendredi soir, à bord de l’avion présidentiel, Donald Trump a annoncé d’une part qu’il « bannissait TikTok des Etats-Unis » et a précisé aux reporters qu’il n’était pas en faveur d’une opération de rachat des activités américaines de TikTok par une société de son pays.

« J’ai ce pouvoir (d’interdire TikTok) », a-t-il assuré. « Je peux le faire avec un décret ».

« Nous sommes ici pour rester », a déclaré samedi Vanessa Pappas, responsable de la branche Etats-Unis de TikTok, dans une vidéo enjouée sur l’application, à l’attention des utilisateurs inquiets.

« Nous avons entendu votre déferlement de soutien et nous voulons vous dire merci. Nous n’avons pas l’intention de partir », a-t-elle insisté.

– Américanisation –

La plateforme de divertissement — principalement des vidéos musicales courtes — compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. Sa popularité s’est encore renforcée à la faveur des mois de pandémie et de distanciation sociale.

Selon le WSJ, les négociations entre Microsoft et TikTok auraient pu aboutir dès lundi. Les deux sociétés attendent désormais plus de clarté de la part de la Maison Blanche, au cas où celle-ci soit décidée à bloquer toute transaction.

« Même si nous ne faisons pas de commentaire sur les spéculations, nous sommes confiants dans le succès à long terme de TikTok », a réagi le groupe.

« Je veux remercier les millions d’Américains qui utilisent TikTok tous les jours, apportant créativité et joie à nos vies quotidiennes », a déclaré Vanessa Pappas en ouverture de sa vidéo.

Elle s’est aussi dite « fière » des 1.500 employés américains et a promis de créer « 10.000 emplois additionnels dans ce pays au cours des trois prochaines années ». « Nous sommes ici pour rester. Continuez à faire entendre votre voix ici et continuons à soutenir TikTok ! »

Ces derniers mois, le réseau social a tenté de démontrer que son identité et ses pratiques était solidement ancrées aux Etats-Unis.

Le 1er juin, Kevin Mayer, l’ancien responsable des plateformes de streaming de Disney (Disney+, Hulu et ESPN+), a pris la tête de la plateforme.

Il est chargé de superviser les ventes, le marketing, les relations publiques, la sécurité, la modération des contenus et les affaires juridiques de TikTok, en rapportant directement à Zhang Yiming, fondateur et PDG de ByteDance.

– Pas de quartier –

Début juillet, l’application a interrompu son activité à Hong Kong à cause de la récente loi sur la sécurité nationale imposée par la Chine, qui donne plus de pouvoirs à la police, notamment en matière de surveillance.

Une décision alignée sur celle des autres grands réseaux sociaux californiens: Facebook, YouTube (Google) et Twitter venaient d’annoncer qu’ils ne répondraient plus aux demandes d’informations sur leurs utilisateurs émanant des autorités de Hong Kong, par respect pour la liberté d’expression.

Pas de quoi convaincre le gouvernement américain.

Le CFIUS, l’agence chargée de s’assurer que les investissements étrangers ne présentent pas de risque pour la sécurité nationale, enquêtait sur TikTok.

« Nous devons être vigilants sur le risque que des données privées et sensibles soient transférées à des gouvernements abusifs, y compris le nôtre », est intervenue Jennifer Granick de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU.

« Mais bannir une plateforme, même si c’était légalement possible, nuit à la liberté d’expression en ligne et ne fait rien pour résoudre le problème plus vaste de la surveillance gouvernementale non justifiée », a-t-elle ajouté.

Lors du meeting de campagne de Donald Trump à Tulsa (Oklahoma) fin juin, marqué par des rangées de sièges vides et la vidéo d’un président visiblement dépité, des adolescents avaient proclamé sur TikTok qu’ils avaient commandé de nombreux billets d’entrées avec la ferme intention de ne pas y aller.

Avec AFP