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Canada: Quatre villes québécoises parmi les plus attrayantes pour les jeunes travailleurs

mai 31, 2023
Des passants en mouvement, flous, marchent au centre-ville de Montréal.

Si Toronto s’est positionnée en tête du classement, Montréal occupe la deuxième place. (Photo d’archives) Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers

Quatre villes du Québec font partie des dix noyaux urbains les plus attirants pour les jeunes travailleurs, a révélé le plus récent Indice du travail urbain, réalisé par l’organisme YouthfulCities en collaboration avec la Banque Royale du Canada.

Ce classement ordonne trente villes canadiennes selon leur performance vis-à-vis une dizaine d’indicateurs déterminés lors du Sommet du travail urbain de 2019, notamment l’action climatique, la diversité et l’inclusion, l’équité, les possibilités d’emploi pour les jeunes, l’éducation et la formation, l’économie urbaine, l’esprit d’entrepreneuriat, le coût de la vie, le transport et les services de santé.

Si Toronto s’est positionnée en tête du classement, Montréal occupe la deuxième place. La région métropolitaine d’Ottawa/Gatineau, Québec et Laval se situent respectivement aux 6e, 8e et 9e rangs.

Des touristes posent devant l'insigne «Ottawa» au marché By.

Des gens posent devant l’insigne «Ottawa» au marché By, au centre-ville. (Photo d’archives) Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

Selon le rapport de YouthfulCities, Montréal s’est démarquée en raison de son offre de transport collectif et son offre de mobilité durable.

Son réseau de transport en commun offre l’horaire de disponibilité le plus élevé, une application pour la gestion des trajets, de solides caractéristiques de sécurité comme des boutons de détresse et un programme d’arrêts de nuit, et une grande commodité d’accès à l’aéroport. Montréal a aussi obtenu les meilleurs résultats au chapitre des pistes cyclables et du potentiel piétonnier, peut-on lire dans le communiqué dévoilant les résultats de l’étude.

Une personne attend sur le quai de la ligne orange alors que le métro s'immobilise sur les rails.

Le métro de Montréal (Photo d’archives) Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers

L’esprit d’entrepreneuriat de ses résidents, les gestes posés pour contrer les changements climatiques de même que les nombreuses possibilités de formation et la qualité de l’éducation qui y est dispensée ont aussi pesé dans la balance. L’étude révèle que Montréal et Toronto sont les villes qui ont financé le plus les jeunes entreprises en 2022, avec 3 milliards de dollars en investissements chacune. La métropole québécoise est aussi celle qui compte le plus d’accélérateurs entrepreneuriaux par habitant.

YouthfulCities souligne toutefois que Montréal serait la quatrième des villes les plus faibles en ce qui a trait au nombre de professionnels en santé mentale par habitant. Un reproche similaire est formulé à Laval, qui finit bonne dernière au classement quant au nombre de professionnels de santé par habitant.

Les villes du Québec se sont distinguées pour leur accès numérique, entre autres attribuable au nombre d’endroits offrant du wi-fi gratuitement, et pour l’abordabilité des services Internet et de téléphonie cellulaire; Montréal et Québec se classent d’ailleurs deuxième et troisième au pays en la matière, respectivement.

Par ailleurs, Laval, Québec et Ottawa/Gatineau seraient les trois villes les plus abordables, selon l’enquête.

On mentionne cependant que, même si toutes les villes québécoises étudiées se sont taillé une place parmi les 10 meilleures du classement, aucune de celles-ci n’a obtenu de bons résultats relativement aux indicateurs de l’économie municipale et de la santé, avec des scores inférieurs au 50e percentile.

La Ville de Québec s’est classée au dernier rang en ce qui a trait à ses services de santé. On souligne également qu’elle dispose d’un des nombres les plus faibles de banques alimentaires par habitant.

Entamer un dialogue

Le classement vise à faire prendre conscience aux dirigeants des villes et aux employeurs des aspects que les jeunes travailleurs recherchent afin qu’ils entament un dialogue national sur l’avenir du travail en milieu urbain et sur le rôle de premier plan que jouent les jeunes pour façonner cet avenir.

Alors que la reprise postpandémie se poursuit, le marché du travail pour les jeunes adultes demeure précaire. Ils devront continuer de faire des choix de carrière tenant compte des environnements de travail, des changements sectoriels émergents, des salaires et de l’inflation, et ces choix se répercuteront à leur tour sur leur mode de vie et sur leur contribution à la ville où ils décideront de s’établir, a commenté Raj Dhaliwal, le responsable de YouthfulCities, une organisation invitant les jeunes de 15 à 29 ans à réfléchir à des solutions aux problèmes de leurs villes.

Radio-Canada avec La Presse canadienne

Canada-Journée internationale des travailleurs : une marche sur le thème de l’inflation

avril 30, 2023
Un homme travaille dans une usine de bois.

À l’heure où bien des travailleurs se plaignent de la hausse du prix des aliments et des services, l’augmentation des salaires ne suit pas souvent. Photo : Radio-Canada/Annie-Claude Brisson

C’est sur le thème de l’inflation que se déroulera lundi la traditionnelle manifestation du 1er mai, Journée internationale des travailleuses et des travailleurs.

À Montréal, les manifestants sont attendus à 17 h 30 au parc du Souvenir, dans le Sud-Ouest, au métro Verdun. La marche proprement dite débutera à 18 h; elle prendra fin au parc Madeleine-Parent, au métro Charlevoix.

À l’heure où bien des travailleurs se plaignent de la hausse du prix des aliments, des services et de diverses denrées, l’augmentation des salaires ne suit pas souvent. C’est donc sous le slogan On ne profite pas de l’inflation, nous que des travailleurs se réuniront pour faire valoir leurs besoins et leurs revendications.

Il y a une espèce d’effet depuis un an : les gens retournent dans la rue, retournent dans les manifestations. On mise sur l’enthousiasme des gens et on espère être nombreux, a lancé en entrevue Jérémie Dhavernas, co-porte-parole de la manifestation, au nom du Mouvement Action-Chômage de Montréal.

« Les gens sont fatigués, les gens sont en colère, ils subissent vraiment le poids de l’inflation. Je pense que le thème aussi est assez mobilisateur. »— Une citation de  Jérémie Dhavernas, co-porte-parole de la manifestation

Ce thème de l’inflation touche tout le monde, affirme-t-il : étudiants, aînés, chômeurs, familles monoparentales, personnes seules, travailleurs. L’inflation influence la possibilité de se nourrir convenablement, de trouver un logement adéquat, d’utiliser tel mode de transport plutôt que tel autre, fait-il valoir.

La marche du 1er mai est aussi l’occasion de faire valoir les revendications des travailleurs envers les gouvernements : hausse du salaire minimum, loi anti-briseurs de grève au fédéral, prévention en santé et sécurité au travail, augmentations de salaire qui tiennent compte de l’IPC, droit de travailler en français, équité salariale et autres.

La Coalition du 1er mai, qui organise la marche, regroupe non seulement des syndicats, mais aussi des organisations communautaires et étudiantes.

Avec La Presse canadienne

COVID-19 : 300 travailleurs de la santé absents et hospitalisations en hausse en Mauricie et au Centre-du-Québec

juillet 5, 2022
Un lit dans un couloir d'hôpital. On distingue un travailleur de la santé à l'arrière-plan de la photo, qui a été floutée.

Environ 300 travailleurs sont absents du réseau de la santé en raison de la COVID-19 dans la région. (Archives) Photo: Getty Images/Istockphoto

Environ 300 travailleurs sont absents du réseau de la santé en raison de la COVID en Mauricie et au Centre-du-Québec. La directrice de la santé publique du territoire, Marie-Josée Godi, assure que les services essentiels sont maintenus.

Le manque de personnel, dû au virus et aux vacances estivales, a tout de même un impact dans certains secteurs. Au niveau de la capacité hospitalière, au bloc opératoire, nous fonctionnons avec 70 % de la capacité actuelle, précise la Dre Godi.

« Nous recommandons, pour les personnes qui ont besoin de soins mineurs, d’aller voir leur médecin de famille au lieu de se rendre à l’urgence. »— Une citation de  Dre Marie-Josée Godi, directrice de la santé publique en Mauricie et au Centre-du-Québec

La Dre Marie-Josée Godi conseille aussi à la population de tout faire pour éviter d’attraper et de transmettre la COVID-19. C’est que le nombre d’hospitalisations liées au virus est en augmentation en Mauricie et au Centre-du-Québec.

Lundi, 70 personnes hospitalisées étaient atteintes de la COVID-19.

Compte tenu de la transmission de la COVID qui est très importante dans la communauté, il y a des personnes qui sont hospitalisées pour d’autres motifs, mais, lorsqu’on les dépiste, [on découvre qu’]elles sont aussi porteuses de la COVID, a-t-elle expliqué en entrevue à l’émission Toujours le matin.

Cas de COVID-19 dans les hôpitaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec

HôpitauxNombre de cas
Centre hospitalier affilié universitaire régional (Trois-Rivières)21
Hôpital Sainte-Croix (Drummondville)23
Hôtel-Dieu d’Arthabaska (Victoriaville)7
Hôpital du Centre-de-la-Mauricie (Shawinigan)19
CMSSS Haut-Saint-Maurice (La Tuque)0
TOTAL70

En date du 4 juillet 2022

Source : CIUSSS MCQ

Une vingtaine d’éclosions

La directrice de la santé publique en Mauricie et au Centre-du-Québec soutient qu’il y a une vingtaine d’éclosions de COVID-19 actuellement sur le territoire.

La Dre Marie-Josée Godi affirme qu’elles se trouvent dans les milieux hospitaliers, les résidences privées pour aînés (RPA) et dans les Centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), sans préciser dans quels établissements.

Avec Radio-Canada par Marilyn Marceau

Canada-Québec: Les innombrables et difficiles retours au travail après la COVID-19

juin 29, 2022
Une femme se repose dans un fauteuil à l'extérieur.

Geneviève Marcotte, 36 ans, est incapable de retourner travailler plus d’un an après avoir contracté la COVID-19. Photo : Radio-Canada/Alexandre Duval

Ils sont vraisemblablement des milliers, au Québec, à ne pas avoir pleinement récupéré leurs capacités après avoir contracté la COVID-19. Même un an après l’infection, certains sont encore très loin d’un retour au boulot. Et la science commence à comprendre que leur réadaptation est beaucoup plus complexe et plus parsemée d’embûches qu’on le croyait.

À 36 ans, Geneviève Marcotte a dû retourner vivre chez ses parents. Jadis active et amoureuse des voyages, elle peine aujourd’hui à se tenir debout plus d’une dizaine de minutes, à cuisiner, à faire le ménage. Bref, à s’occuper d’elle-même.

Tout ça à cause de la COVID-19, qu’elle a contractée il y a 13 mois, précisément. Ma vie a changé en 24 heures. La veille du jour où j’ai attrapé la COVID, je faisais une randonnée avec des amis, j’étais engagée, j’aimais mon travail. Et 24 heures plus tard, j’ai la COVID et je ne reviens jamais à cet état-là, raconte-t-elle.

Geneviève Marcotte dans la nature, devant une chute d'eau.

Geneviève Marcotte était une femme active, amoureuse des voyages et des randonnées, avant de contracter la COVID-19. Photo : Geneviève Marcotte

Geneviève n’est en effet jamais retournée travailler à son poste de directrice des missions commerciales à l’Université Laval. Elle est étroitement suivie par une équipe de professionnels de la santé, car ses symptômes sont encore nombreux et, surtout, incapacitants.

Ma limite d’énergie est très, très basse. Je dirais que ma batterie est peut-être à 10 %. Si je dépense 12 % d’énergie, j’éprouve un malaise post-effort. C’est là que tous mes symptômes réapparaissent, mais de façon vraiment exagérée, dit-elle.

« Je vais avoir des douleurs musculaires, des sensations de brûlure, de gros maux de tête, un épuisement qui me laisse alitée […] Ce malaise-là peut durer quelques heures, quelques jours, quelques semaines, selon ma dépense énergétique excédentaire. »— Une citation de  Geneviève Marcotte, absente du travail depuis 13 mois

Pour bien se faire comprendre, elle donne l’exemple d’une séance de magasinage qui a duré moins de deux heures, récemment.

Même si elle était accompagnée d’une personne qui la poussait en fauteuil roulant, l’exposition au bruit, à la lumière et à l’ambiance des magasins lui a fait vivre une rechute. Ça m’a pris une semaine à m’en remettre, raconte-t-elle, précisant qu’elle dû être alitée pendant quelques jours.

Geneviève Marcotte regarde un ordinateur et s'adresse à quelqu'un.

Geneviève Marcotte, au cours d’un rendez-vous avec son ergothérapeute par visioconférence Photo : Radio-Canada/Alexandre Duval

Un nouveau paradigme

Des cas comme celui de Geneviève Marcotte, son ergothérapeute de la clinique Iso-Santé Réadaptation en voit beaucoup. Caroline Théberge est visiblement inquiète pour certains, qui stagnent dans leur réadaptation après la maladie.

C’est certain qu’il y en a [pour qui] c’est très dur d’améliorer leur état et […] même, des fois, après un an de suivi en réadaptation, avec tous les outils, le retour au travail est très difficile, indique-t-elle.

Pourquoi est-ce si dur? Parce que les pratiques habituelles de réadaptation ne fonctionnent pas avec les personnes qui ont des symptômes persistants de COVID-19. Les amener à se dépasser est une grave erreur, indique Mme Théberge.

« On se dit bon bien, en se réactivant, ça va aller mieux, on va remonter. Mais avec la COVID longue, c’est l’inverse qui se produit. Dès que les gens repoussent un peu trop leurs limites, ils retombent, ils empirent leurs symptômes. Les gens vivent de l’incompréhension, beaucoup de détresse, du stress. »— Une citation de  Caroline Théberge, ergothérapeute à la clinique Iso-Santé Réadaptation

Caroline Théberge en entrevue vidéo.

Caroline Théberge, ergothérapeute à la clinique Iso-Santé Réadaptation Photo: Zoom/Capture d’Écran

Les services commencent à se développer et à être plus efficaces, mais au début, les gens ne savaient pas! Il y a des endroits pleins de bonne volonté où on proposait des réadaptations plus classiques et où on empirait les cas! dit-elle.

Le professeur Simon Décary, de l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke, explique que la science montre désormais toute la complexité de ces cas, qui sont encore parfois incompris.

Dans nos études cliniques, c’est la chose la plus complexe à réussir avec les patients, le retour au travail, parce qu’il y a cette balance-là entre le besoin de temps pour la récupération et l’action. Si j’essaie d’accélérer, je sais que je crée des rechutes. Et chaque rechute retarde [le retour au travail], dit-il.

Des milliers de personnes

Le phénomène des patients n’ayant pas retrouvé leur pleine capacité de travail, visiblement répandu, est toutefois difficile à quantifier.

Selon des chiffres obtenus auprès de la CNESST, 501 Québécois reçoivent une indemnisation de revenu depuis plus de six mois en raison de la COVID-19. De ce nombre, presque 80 % sont des travailleurs de la santé.

D’ailleurs, une étude de l’Institut national de santé publique du Québec s’inquiétait récemment de ces absences prolongées dans le réseau de la santé, craignant que cela finisse même par nuire aux soins offerts à la population.

Or, les chiffres de la CNESST ne sont que la pointe de l’iceberg, car ils ne concernent que les personnes ayant contracté la maladie sur leur lieu de travail.

Celles qui ont été infectées ailleurs, comme Geneviève Marcotte, sont généralement indemnisées par une compagnie d’assurances privée et ne sont pas recensées dans les statistiques.

Radio-Canada a tenté d’obtenir des estimations auprès de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes, mais ces données n’existent pas, nous a-t-on répondu.

Le professeur Décary est cependant catégorique : les gens qui sont complètement ou partiellement absents du travail en raison de symptômes persistants de COVID-19 au Québec sont très nombreux.

« Est-ce que je crois qu’il y a des milliers de personnes qui n’ont pas retrouvé leur pleine capacité de travail depuis l’infection? Oui, ça, j’en suis assez certain. »— Une citation de  Simon Décary, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke

Même les données de la CNESST lui paraissent sous-estimer la gravité de la situation. Quand je vois le nombre de cas qui restent [absents du travail] à six mois, d’après ce que je connais des impacts fonctionnels de cette maladie-là, je me dis qu’il y a des gens qui sont retournés au travail et qui n’étaient pas prêts.

Le jugement facile

Nathalie Belleau fait partie des cas indemnisés par la CNESST. Infirmière dans le réseau public, elle a contracté la COVID-19 en décembre 2021. Pendant trois mois, elle n’a pas pu retourner travailler du tout.

Depuis mars, elle est en retour progressif, à raison de trois demi-journées de quatre heures chacune par semaine. Difficulté à suivre les conversations, diminution de l’endurance, maux de tête, maladresse, douleurs au thorax : sa liste de symptômes est longue.

Heureusement, elle se dit bien épaulée par son équipe de professionnels de la santé, mais elle admet que, pour les gens auxquels la COVID longue n’est pas familière, tout cela peut sembler exagéré. Je pense que les gens, quand ils voient ça, ils posent rapidement un jugement, dit-elle.

Nathalie Belleau, portant son uniforme et un masque.

Nathalie Belleau, infirmière, ne peut travailler que 12 heures par semaine, divisées en trois quarts de travail. Photo : Nathalie Belleau

À titre d’ergothérapeute, Caroline Théberge est à même de témoigner de ce scepticisme, car elle l’a observé au sein même du réseau de la santé. Or, le soutien des patients est crucial, selon elle.

[Au début de la pandémie], j’avais beaucoup de clients pour lesquels il fallait écrire de longues lettres aux médecins afin d’expliquer la problématique, l’approche de réadaptation, [parce] que les gens nous disaient : « Je ne me sens pas cru, mon médecin ne me backe pas là-dedans. »

La collaboration des employeurs est aussi importante, selon Mme Théberge, parce que les modalités de retour au travail pour les personnes atteintes de la COVID longue sont parfois inhabituelles.

Quand […] on arrive avec des retours au travail de deux fois quatre heures par semaine, même si l’employeur comprend que ça peut être thérapeutique à ce stade-là de réintégrer le travail, il ne sait pas trop quoi donner comme tâches. Des fois, même la personne ne se sent pas si utile que ça, illustre-t-elle.

Un cas historique

Le professeur Simon Décary croit quant à lui que les assureurs devront aussi faire preuve de compréhension, car ils auront sans doute à verser des indemnités plus longtemps.

Cette avenue reste cependant la meilleure, selon lui, parce que si on essaie d’aller trop rapidement et qu’on transforme cette personne-là en un cas avec un handicap permanent […] ça va coûter énormément plus cher à long terme, incluant le coût sociétal, dit-il.

D’ailleurs, M. Décary croit qu’on est collectivement face à un cas historique pour ce qui est des assurances et du retour au travail et qu’on a sous-estimé les effets de la COVID-19 sur le marché de l’emploi.

« Ce n’est pas terminé. Les données scientifiques nous montrent qu’on peut avoir un cas de COVID longue à trois mois malgré une triple vaccination et une infection à Omicron. »— Une citation de  Simon Décary, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke

Un homme porte un veston et des lunettes.

Simon Décary, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke Photo : Simon Décary

En décembre dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux estimait qu’environ 23 000 Québécois pourraient avoir besoin de ses services dans les cliniques consacrées à la COVID longue.

Geneviève Marcotte, elle, espère qu’elle pourra reprendre le travail. Mais devant le temps qui s’étire, les questions fusent et les réponses manquent encore.

Quand je vais arriver au bout de toutes ces ressources-là, si je ne suis pas encore capable de travailler, qu’est-ce qui va se passer? Est-ce que je vais avoir du soutien? Est-ce que la société va s’occuper de moi? Ça va être quoi, mon filet?

Depuis le début de la pandémie, la CNESST a offert des indemnisations de revenu totalisant 94 millions de dollars à plus de 55 000 personnes ayant contracté la COVID sur leur lieu de travail.

Il n’a cependant pas été possible de savoir quel montant a été versé uniquement aux travailleurs qui éprouvent des symptômes persistants de COVID-19 et dont le retour au travail est partiellement ou complètement compromis.

Avec Radio-Canada par Alexandre Duval

Canada: Québec veut trouver 8000 travailleurs de plus en éducation d’ici cinq ans

janvier 24, 2022
Jean-Francois Roberge en conférence de presse.

Jean-Francois Roberge, ministre de l’Éducation du Québec Photo : La Presse Canadienne/Paul Chiasson

Le gouvernement du Québec souhaite recruter, former ou requalifier 8000 travailleurs d’ici cinq ans pour contrer la pénurie de main-d’œuvre dans le milieu de l’éducation, un objectif qu’il compte atteindre en faisant appel aux retraités et aux travailleurs étrangers, entre autres.

On anticipe attirer, former, requalifier à peu près 8000 personnes d’ici 2026, a annoncé lundi le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, lors d’un point de presse où il était accompagné de son collègue de l’Éducation, Jean-François Roberge.

Les postes à pourvoir sont ceux de techniciens en éducation spécialisée, d’éducateurs en service de garde en milieu scolaire et d’enseignants aux niveaux préscolaires, primaires, secondaires, ainsi qu’à l’éducation aux adultes.

Les retraités encore sollicités

MM. Boulet et Roberge ont donc annoncé la mise en place de plusieurs mesures pour dénicher ces milliers de travailleurs, à commencer par la pérennisation des avantages déjà implantés, l’an dernier, pour les enseignants à la retraite souhaitant venir prêter main-forte dans le réseau.

On avait déjà amélioré les conditions d’emploi, amélioré le salaire, des gens qui, ayant fait carrière en éducation, décident de revenir, à contrat ou comme suppléants, a souligné Jean-François Roberge.

Aujourd’hui, on vient pérenniser cette bonification, les gens qui reviennent sont au sommet de l’échelle salariale […] et en plus c’est sans pénalité sur leurs prestations de retraite. On avait attiré l’an passé, avec ces bonifications-là, plus de 700 retraités, a indiqué le ministre, qui affirme avoir bon espoir d’en attirer encore davantage.

Ces mesures concernant les retraités sont déjà en vigueur et ceux qui sont intéressés peuvent contacter les ressources humaines d’un centre de services scolaire ou la direction d’une école précise pour aller y prêter main-forte.

On ne peut pas tolérer de manquer de main-d’œuvre en éducation, c’est un service public essentiel, a souligné le ministre, qui évalue actuellement le manque de main-d’œuvre entre 200 et 300 enseignants à temps complet.

M. Roberge a ajouté qu’il avait l’intention de créer des contrats de remplacement annuels pour les suppléants, afin d’améliorer la stabilité dans les écoles et de diminuer la précarité pour ces travailleurs. Fini, donc, les contrats d’un jour pour les suppléants du réseau de l’éducation qui offrent des disponibilités récurrentes.

Recruter à l’étranger

Québec compte également sur des missions de recrutement à l’international, notamment en France et en Belgique, pour dénicher de nouvelles candidatures.

On en a fait des missions de recrutement, ça nous a permis d’embaucher ici pour le Québec une centaine de personnes dans la profession d’enseignants, a précisé le ministre Jean Boulet.

Les prochaines missions se dérouleront du 28 mars au 28 avril, a-t-il fait savoir.

La province compte par ailleurs lancer une opération de reconnaissance des acquis et des compétences, en plus de formations bonifiées et d’un service d’accompagnement, pour éliminer les barrières à l’entrée qui empêchent certains travailleurs d’œuvrer dans le réseau de l’éducation.

Cette annonce de MM. Boulet et Roberge s’inscrit dans le cadre de l’Opération main-d’œuvre, lancée le 30 novembre dernier, qui dispose d’un budget de 3,9 milliards sur cinq ans pour s’attaquer à la pénurie de travailleurs dans les secteurs prioritaires, soit la santé, l’éducation et les services de garde.

Avec Radio-Canada

Canada-Québec: Plus de 650 travailleurs de la santé de la Mauricie et du Centre-du-Québec sont retirés du travail, en raison de la Covid-19

décembre 27, 2021

Plus de 650 travailleurs de la santé de la Mauricie et du Centre-du-Québec sont retirés du travail, en raison de la Covid-19. Le manque d’effectifs devient plus criant dans certains milieux de soins.650 travailleurs de la santé absents en raison de la Covid-19 (archives).

© Morsa Images/Getty Images 650 travailleurs de la santé absents en raison de la Covid-19 (archives).

Plus de 650 travailleurs de la santé de la Mauricie et du Centre-du-Québec sont retirés du travail, en raison de la Covid-19.

Le manque d’effectifs devient plus criant dans certains milieux de soins.

D’ailleurs, le CIUSSS MCQ a entamé des démarches lui permettant de recourir à un arrêté ministériel pour les établissements les plus touchés. L’arrêté suspend l’application de la convention collective et permet à l’employeur d’annuler des vacances ou d’obliger le recours au temps supplémentaire.

Mardi, le CIUSSS MCQ devrait annoncer aux syndicats quels établissements et départements seront touchés par ce arrêté.

La présidente du Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et de métiers du CIUSSS MCQ, Marie-Josée Hamelin, constate l’essoufflement dans le réseau. Partout c’est la même chose. Tout le monde fait du temps supplémentaire accoté au plancher. On est obligé de donner les services à la population et c’est correct là». Marie Josée Hamelin poursuit en reconnaissant que le personnel aimerait aussi avoir droit à ses congés et demande à la population de faire sa part.

Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 42 personnes occupent un des 47 lits réservés aux patients atteints par la Covid-19 dans l’un des quatre centres hospitaliers qui les accueille dans la région.

Les technologistes médicaux au bout du rouleau

Les technologistes médicaux sont surchargés par la nouvelle vague de COVID-19, selon l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

En ce moment, c’est l’hécatombe», constate la représentante nationale pour la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Pascal Leclair-Gingras.

Les technologistes doivent effectuer du temps supplémentaire de jour comme de nuit, pour fournir les résultats de dépistage le plus rapidement possible.

Dans la région seulement, environ 8600 tests ont été analysés les 20, 21 et 22 décembre.

Selon le syndicat, le laboratoire de microbiologie a fonctionné à plus de 360 % de sa capacité en 2021.

Le syndicat demande entre autres au ministre de la Santé de prioriser les analyses à effectuer pour éviter l’engorgement des laboratoires. Des incitatifs financiers sont réclamés pour éviter que les technologistes quittent le réseau et pour en attirer d’autres. L’organisation du travail devrait aussi être revue pour diminuer le recours aux heures supplémentaires.

En décembre, les membres de l’APTS ont voté en faveur d’une entente de principe conclue avec le gouvernement dans une proportion de 55 %. Nos membres nous disent qu’ils l’ont accepté un peu par dépit, particulièrement dans les laboratoires. Ils sont très déçus de ce que le gouvernement leur offre étant donné le rôle important qu’ils ont actuellement», soutient Pascale Leclair-Gingras.

Au CIUSSS MCQ, par courriel, on indique être conscients que la pression est forte sur les technologistes médicaux, tout comme l’ensemble du personnel, dans le contexte de la pandémie».

Avec  CBC/Radio-Canada d’après les informations de Flavie Sauvageau

Canada-Ontario: Des campements de travailleurs pour attirer et retenir la main-d’œuvre en région rurale

décembre 17, 2021

L’entreprise EACOM construit un campement pour accueillir les travailleurs de sa scierie d’Ostrom, près de Gogama dans le Nord de l’Ontario. Une initiative « intéressante », estiment des intervenants, et qui devrait être adoptée par de plus en plus d’employeurs de la région afin de faciliter le recrutement et la rétention de la main-d’œuvre.

Au cours des 10 dernières années, les travailleurs de la scierie d’EACOM devaient soit trouver un logement dans des communautés environnantes, comme Gogama à environ 50 km.

D’autres habitaient dans les quelques locaux que l’entreprise avait mis à la disposition de ses employés, plus près de la scierie.

Mais ces locaux commencent à battre de l’aile», souligne le directeur des communications d’EACOM, Jean Brodeur, et on avait besoin de trouver un [autre] endroit où ces gens-là peuvent rester.»

[Le logement] est un enjeu à Gogama, dans la communauté la plus proche, il n’y avait pas de disponibilité. C’est vrai dans la plupart des régions où on opère, mais à Gogama, c’était encore plus pressant comme besoin», note-t-il.

Des ouvriers posent les dernières touches sur le nouveau campement des travailleurs de la scierie d'EACOM.

© Bienvenu Senga/Radio-Canada Des ouvriers posent les dernières touches sur le nouveau campement des travailleurs de la scierie d’EACOM.

Mais au lieu de simplement effectuer des rénovations de fond en comble», l’entreprise a choisi de construire un campement modulaire de 44 places.

Il s’agit d’une première pour EACOM, qui a d’autres installations en Ontario, comme à Ear Falls, à Timmins et à Matagami.

Au site du campement lui-même, tout semble bien avancer.

Les chambres sont déjà meublées, des appareils électroménagers comme les machines à laver sont en train d’être installés, quelques coups de marteau résonnent et des ouvriers vissent des détecteurs de monoxyde de carbone dans les murs.

Un ouvrier installe des détecteurs de monoxyde de carbone dans le campement de travailleurs de la scierie d'EACOM à Gogama.

© Bienvenu Senga/Radio-Canada Un ouvrier installe des détecteurs de monoxyde de carbone dans le campement de travailleurs de la scierie d’EACOM à Gogama.

La construction devrait être terminée le 5 janvier, indique l’entreprise, et le campement pourra ainsi accueillir ses premiers occupants.

Le recrutement étranger en vogue

Parmi les premiers à emménager figureront 12 travailleurs qui arriveront de l’étranger au cours des prochains mois.

En 2019, EACOM a pris la décision d’avoir recours plus agressivement» au recrutement à l’étranger pour combler ses besoins en main-d’œuvre.

Présentement, il y a un enjeu majeur de recrutement partout. De notre côté, on côtoie aussi les mines, qui sont de gros employeurs», explique M. Brodeur.

L'entreprise EACOM emploie déjà 66 travailleurs recrutés à l'étranger; une dizaine d'entre eux à la scierie de Gogama.

© Bienvenu Senga/Radio-Canada L’entreprise EACOM emploie déjà 66 travailleurs recrutés à l’étranger; une dizaine d’entre eux à la scierie de Gogama.

Les industries à Timmins, à Val-d’Or du côté du Québec, ce sont des endroits où il y a du plein emploi, donc c’est de plus en plus difficile de recruter des personnes compétentes dans les communautés.On a besoin d’avoir recours à d’autres régions, à d’autres pays», précise-t-il.

Le logement, une grande préoccupation» pour les recrues

En tout, EACOM a déjà fait venir 66 travailleurs étrangers issus de pays comme le Mexique, le Pérou, l’Ukraine et le Honduras. Ils sont dispersés à travers quatre de ses usines ontariennes et deux québécoises.

À l’usine d’Ostrom, ils sont une dizaine à être déjà à l’œuvre, des employés hautement motivés, très à leurs affaires, ils veulent apprendre», selon M. Brodeur.

Michael Leitch est le chef de l'usine d'EACOM à Gogama.

© Bienvenu Senga/Radio-Canada Michael Leitch est le chef de l’usine d’EACOM à Gogama.

Ces propos sont corroborés par le chef d’usine, Michael Leitch, qui indique que les recrues étrangères aiment bien leur immersion dans la culture et le [nouveau] milieu de travail.»

Pendant leur intégration, un accent particulier doit être mis sur leur sensibilité à la sécurité, parce que tout le monde vient d’endroits différents où la sécurité est perçue différemment.»

Il y a quelques barrières linguistiques qui se sont manifestées, mais ça a été réglé», affirme M Leitch, qui ajoute que l’accueil des premiers travailleurs permet d’ajuster la formation de ceux qui suivront.

Pour la nourriture au campement — qui comprend un réfectoire —, EACOM a retenu des services de traiteur.

Recruter pour le Nord de l’Ontario

Le recrutement étranger est pris en charge par la firme Groupe IVEY basée à Sudbury.

Le cofondateur et président de la firme, Anthony Lawley, dit souvent trouver des candidats motivés, mais non sans faire du marketing», car normalement, les gens ne savent rien de ce qui se trouve au nord de Toronto.»

L’entreprise tient toujours à leur expliquer la réalité de vivre dans le Nord [de l’Ontario] et pas dans les grosses villes.»

Moi-même, je viens de Timmins, donc le froid, la neige, je sais ce que c’est et les membres de notre équipe aussi […] et même là, il y a une grande motivation pour venir travailler au Canada parce qu’ils veulent développer leurs compétences, contribuer à l’économie canadienne et donner une opportunité à leurs enfants et au Canada de grandir au Canada», raconte-t-il.

L’intégration sociale pour retenir les travailleurs

Les candidats retenus par EACOM détiennent des permis de travail qui les lient directement à l’entreprise pendant deux ou trois ans. Ils ne peuvent donc pas changer d’emploi pendant cette période.

Mais après cela, et surtout après l’obtention de la résidence permanente, ils sont libres d’opter pour un changement d’emploi ou de carrière.

Aux usines d’EACOM, le taux de rétention jusqu’à présent est de 100 %, mais Anthony Lawley, qui travaille avec plusieurs autres entreprises nord-ontariennes, reconnaît que les employeurs ont un rôle ultra-important à jouer» dans la rétention des employés recrutés de l’étranger.

Le président du Groupe IVEY, Anthony Lawley (gauche), et le président de la firme de consultance LIRC, Patrice Dubreuil (à droite), sont impliqués respectivement dans le recrutement des travailleurs étrangers et dans l'aménagement du campement d'EACOM à Gogama.

© Bienvenu Senga/Radio-Canada Le président du Groupe IVEY, Anthony Lawley (gauche), et le président de la firme de consultance LIRC, Patrice Dubreuil (à droite), sont impliqués respectivement dans le recrutement des travailleurs étrangers et dans l’aménagement du campement d’EACOM à Gogama.

C’est ça qu’on leur dit. C’est de donner de bonnes conditions de travail, de prendre soin d’eux, de donner de la bonne rétroaction, de les aider aussi à s’intégrer [socialement], par exemple de leur montrer quelles sont les activités d’hiver, la raquette, le patinage», affirme-t-il.

Ils ont besoin de quelqu’un pour les soutenir et les exposer à ces choses-là […]. Il y a beaucoup de choix et si les employés ne sont pas contents, ils peuvent aller trouver un travail ailleurs.»

Le travailleur peut avoir un super bon emploi, mais si la famille n’est pas contente, il n’y a pas d’amis, il n’y a rien à faire, ça peut causer un problème», ajoute M. Lawley.

Les 44 chambres du campement sont déjà meublées.

© Bienvenu Senga/Radio-Canada Les 44 chambres du campement sont déjà meublées.

L’entrepreneur Patrice Dubreuil de Sudbury est du même avis. Un tel environnement permet de créer une certaine loyauté […] entre l’employé et l’employeur.»

Sa firme de consultance s’est chargée de trouver les entreprises responsables de la construction du campement de Gogama ainsi que de la restauration.

Au campement, il est par ailleurs prévu des journées thématiques, signale l’entrepreneur, où des mets typiques de leurs pays d’origine seront au menu, pour que les gens sentent qu’ils peuvent partager [leur] culture avec [leurs] collègues.»

Patrice Dubreuil a récemment construit un campement de 700 places dans la région de Dubreuilville pour les travailleurs de la mine d’Argonaut Gold.

Il dit trouver intéressante cette idée de développer des campements dans les régions du Nord de l’Ontario où justement on n’a pas eu de nouvelles infrastructures depuis longtemps.»

C’est un défi d’attirer des gens d’un peu partout, alors là, en ayant des dortoirs, on offre une façon temporaire pour justement les apprivoiser […], c’est une belle opportunité», avance-t-il.

Les appareils électroménagers sont en cours d'installation au campement des travailleurs de la scierie d'EACOM à Gogama.

© Bienvenu Senga/Radio-Canada Les appareils électroménagers sont en cours d’installation au campement des travailleurs de la scierie d’EACOM à Gogama.

Jean Brodeur indique que des discussions entre EACOM et la communauté de Gogama se poursuivent au sujet du développement d’infrastructures de logement.

Mais il reconnaît qu’il s’agit d’une petite communauté qui n’a pas nécessairement les fonds pour bâtir des immeubles à logements» et que la pression sur le logement à Gogama ne fera que s’accroître en raison d’une nouvelle mine d’or dans la région.

On avait besoin de donner un coup de barre maintenant parce que le problème devenait trop criant, nos problèmes devenaient trop immédiats par rapport au temps que ça aurait pris d’avoir une entente au niveau communautaire.»

Avec Radio-Canada par Bienvenu Senga 

Canada-Québec/ABI: les étudiants et travailleurs réguliers doivent gagner le même salaire, tranche la justice

juin 16, 2021

 

Les étudiants embauchés par l’Aluminerie de Bécancour doivent gagner le même salaire que les travailleurs réguliers, tranche la justice. La Cour d’appel du Québec vient de rejeter l’appel déposé par l’entreprise contre une décision du Tribunal des droits de la personne mentionnant qu’ABI fait preuve de discrimination envers cette classe de travailleurs.

La Cour d’appel du Québec a rejeté l’appel déposé par l’Aluminerie de Bécancour.

© ARCHIVES LE NOUVELLISTE La Cour d’appel du Québec a rejeté l’appel déposé par l’Aluminerie de Bécancour.

Le verdict du Tribunal des droits de la personne, condamnant ABI à verser entre 1 et 2,5 millions de dollars en compensation financière à quelque 230 travailleurs étudiants jugés victimes de discrimination, est ainsi maintenu à la suite de la décision de la Cour d’appel. L’indemnisation pourrait atteindre jusqu’à 15 000 $ ou 20 000 $ par travailleur.

Les parties impliquées ont reçu le verdict de la Cour d’appel mercredi, six mois après l’audition de l’appel logé par ABI. L’entreprise alléguait devant la Cour d’appel que le verdict du Tribunal des droits de la personne contenait des erreurs de droit. Ce verdict, rendu en mai 2018, indique qu’ABI a fait preuve de discrimination envers ses étudiants en leur versant un salaire horaire de 31 $ au lieu des 40 $ alloués aux travailleurs réguliers.

Rappelons que la juge du Tribunal des droits de la personne, Magali Lewis, estime que les étudiants sont victimes de discrimination en raison de leur âge et de leur statut social, ce qui contrevient aux articles 10, 19 et 46 de la Charte des droits et libertés de la personne. Dans son verdict, la juge Lewis indique que «les étudiants sont non seulement exposés aux mêmes risques que les occasionnels et les réguliers, mais ils effectuent le même travail qu’eux, aux tâches des employés qu’ils remplacent». Dans sa défense, ABI expliquait la différence salariale par le fait que les étudiants ne font pas toutes les tâches réalisées par les travailleurs réguliers.

ABI avait tenté de convaincre les trois juges de la Cour d’appel qu’aucune preuve ne venait étayer la position de la juge Lewis concernant le fait qu’être étudiant équivaut à un statut social. Selon ABI, il n’y avait pas plus de preuves de vulnérabilité et de discrimination.

L’entreprise plaidait que le syndicat devait être considéré comme étant solidairement responsable advenant une conclusion de discrimination dans ce dossier, étant donné que cette partie est signataire de la convention collective. Le contrat de travail contient une classification salariale des étudiants.

Selon la juge Lewis, le syndicat des travailleurs ne doit pas être tenu solidairement responsable avec ABI de la discrimination salariale des étudiants.

«Cette mesure a été amenée unilatéralement par ABI à la table de négociations en 1994 comme partie d’une offre finale qui, depuis et même après le dépôt par le syndicat d’une plainte à la commission, a refusé de la retirer des conventions collectives adoptées subséquemment», écrit la juge Lewis dans sa décision.

Les demandes de réactions du Nouvelliste auprès de la direction d’ABI et du Syndicat des métallos sont restées sans réponse. Il est impossible de savoir, pour l’instant, si ABI va porter sa cause en Cour supérieure.

Avec Martin Lafrenière – Le Nouvelliste

Le taux d’infection à la COVID-19 inquiétant chez les travailleurs de la santé du Canada

juin 26, 2020
© Getty

En réponse aux inquiétudes de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers quant au taux élevé d’infection à la COVID-19 chez ses membres, l’Agence de la santé publique du Canada affirme qu’assurer la sécurité de tous les employés du système de santé demeure une priorité pour elle.

La Fédération avait notamment décrié au début de la semaine le manque de protection du personnel soignant dans le contexte de la pandémie. Jusqu’à 19 % des cas d’infection à la COVID-19 au pays, soit 16 000 personnes, sont des travailleurs de la santé. Une enquête nationale pour démontrer que le Canada a échoué dans sa mission de protéger les travailleurs de la santé depuis le début de la pandémie a d’ailleurs été lancée par la Fédération.

L’Agence de la santé publique du Canada désire, elle aussi, déterminer les circonstances qui ont pu mener à un taux d’infection aussi élevé. Selon le Dr Howard Njoo, administrateur en chef adjoint de la santé publique du Canada, il est «très important de faire une analyse plus en profondeur pour regarder [ce qui] peut être les facteurs. C’est ce qui se passe dans les lieux de travail, mais des fois, c’est aussi possible que les travailleurs des soins de santé comme tous les autres individus dans la population générale. »

Le Dr Njoo ajoute que l’Agence continue d’analyser les meilleures façons de protéger les travailleurs de la santé à la lumière des nouvelles données et études sur le coronavirus qui sont rendues disponibles.

Pas de cas d’infection pour les travailleurs d’Horizon

Le Réseau de santé Horizon, au Nouveau-Brunswick, a déclaré jeudi lors de son assemblée générale qu’aucun membre de son personnel n’avait contracté le virus dans son milieu de travail, une information qui contraste avec la situation du côté du Réseau de santé Vitalité. Des employés de l’Hôpital régional de Campbellton, qui relève de Vitalité, ont contracté la COVID-19.

CBC/Radio-Canada avec les informations de Wildinette Paul

Canada-Québec: Les personnes âgées de 60 à 69 ans peuvent retourner au travail, dit Québec

mai 6, 2020
© THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot
Quelques jours après leur avoir dit de rester à la maison, le gouvernement Legault tente maintenant de rassurer les sexagénaires en affirmant qu’il est sécuritaire pour eux de retourner travailler.

«Plusieurs enseignants et éducateurs sont inquiets pour leur santé et ça se comprend», a indiqué la vice-première ministre Geneviève Guilbault, mercredi après-midi, alors qu’elle remplaçait François Legault pour la conférence de presse quotidienne du gouvernement du Québec. «C’est compréhensible que des gens puissent avoir des inquiétudes.»

Tout indique pourtant que les travailleurs âgés de 60 à 69 ans ne pourront pas invoquer leur âge pour éviter de rentrer au travail selon le plan de déconfinement des écoles primaires et des services de garde présenté la semaine dernière, qui prévoit une réouverture graduelle des établissements à compter de lundi.

«La santé publique a établi le facteur de risque à 70 ans et non à 60 ans», a indiqué Mme Guilbault. «À partir de 70 ans, le risque de développer des complications est plus important, […] mais en bas de 70 ans, les gens peuvent retourner travailler […], à condition de respecter les consignes de la santé publique en matière de distanciation et d’hygiène.»

Plus spécifiquement, la vice-première ministre a affirmé que ce sera possible pour les éducateurs et les enseignants âgés entre 60 et 69 ans de reprendre le travail dès la semaine prochaine s’ils respectent ces mesures.

Les syndicats n’ont pas tardé à réagir pour s’étonner du fait que Québec demande aux enseignants et aux éducateurs de revenir travailler auprès des enfants, alors qu’il leur est encore interdit de garder leurs petits-fils et leurs petites-filles.

Dans un communiqué transmis en fin de journée mercredi, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) demande des clarifications.

Alors qu’il y a cinq jours, un document dont la diffusion a été autorisée par le ministre de l’Éducation recommandait aux enseignantes et enseignants de plus de 60 ans de retarder leur retour au travail à septembre 2020, une mise à jour de ce document acheminée aujourd’hui laisse croire que ces personnes devront retourner au travail, écrit-elle.

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) parle pour sa part d’improvisation dans son communiqué.

Rappelant que le ministère de la Famille avait lui aussi recommandé à tous leurs employés âgés de 60 ans et plus de demeurer à la maison parce qu’ils étaient considérés à risque, le syndicat estime que cette nouvelle consigne ébranle la confiance des travailleuses et des travailleurs à un moment charnière du déconfinement.

Une question de « contexte »

Interrogé sur ces appréhensions, le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, a expliqué que le contexte n’est pas le même pour quelqu’un de plus de 60 ans qui travaille en garderie que pour un grand-parent qui garde ses propres petits-enfants.

«Dans un contexte de réouverture de garderies, les éducateurs auront de l’équipement de protection personnel, comme des masques, et il y aura des mesures de distanciation sociale», a-t-il illustré, ajoutant que les travailleurs aux prises avec des problèmes de santé seront toujours priés de rester à la maison.

«Ces précautions ne pouvant être assurées en dehors d’un contexte professionnel, il ne faut pas que les gens pensent que grand-maman peut garder ses petits-enfants si elle a 67 ans ou 69 ans», a spécifié le Dr Arruda. «Ce n’est pas le même contexte.»

En date de mercredi, les personnes âgées de 60 ans à 69 ans représentaient 6,5 % des décès et 9,7 % des malades, alors qu’elles constituaient 13,3 % de la population du Québec en général.

Pa Jérôme Labbé