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L’UE menace le Bélarus de sanctions s’il accueille des armes nucléaires russes

mars 26, 2023
Josep Borrell.

Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a menacé de serrer la vis à Minsk. Photo: Getty Images/Frederick Florin

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a averti dimanche que l’UE était « prête » à adopter de nouvelles sanctions contre le Bélarus si ce pays déployait des armes nucléaires russes sur son territoire.

L’accueil par le Bélarus d’armes nucléaires russes constituerait une escalade irresponsable et une menace pour la sécurité européenne. Le Bélarus peut encore arrêter cela, c’est son choix. L’UE se tient prête à réagir par de nouvelles sanctions, a déclaré M. Borrell sur Twitter.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé samedi que Moscou allait déployer des armes nucléaires tactiques sur le territoire de son allié, le Bélarus, un pays situé aux portes de l’Union européenne.

La rhétorique nucléaire de la Russie est dangereuse et irresponsable, a estimé l’OTAN dimanche.

« L’OTAN est vigilante et nous suivons de près la situation. Nous n’avons constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie qui nous amènerait à ajuster le nôtre. »— Une citation de  Oana Lungescu, porte-parole de l’agence

Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l’arme nucléaire en Ukraine en cas d’escalade significative du conflit.

Des sanctions de toutes parts

L’UE avait annoncé fin février la prolongation d’un an de ses sanctions contre le Bélarus en raison de la répression menée par le régime d’Alexandre Loukachenko et de son soutien à la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Le président Alexandre Loukachenko et 194 autres personnalités proches du régime ont été interdits de séjour dans l’UE et leurs avoirs ont été gelés.

En outre, 34 entités ont été sanctionnées et tout financement européen leur est interdit.

Le Bélarus est également soumis à des sanctions économiques ciblées, notamment des restrictions dans le secteur financier, le commerce, les biens à double usage, les télécommunications, l’énergie, les transports.

Vladimir Poutine a justifié le déploiement d’armes nucléaires au Bélarus par les déploiements d’armes américaines en Europe.

Il n’y a rien d’inhabituel ici : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés, a déclaré le président russe. Nous avons convenu de faire de même, a-t-il ajouté, en précisant avoir l’accord de Minsk.

La référence de la Russie au partage nucléaire de l’OTAN est totalement trompeuse. Les alliés de l’OTAN agissent dans le plein respect de leurs engagements internationaux. La Russie n’a cessé de violer ses engagements en matière de maîtrise des armements, suspendant dernièrement sa participation au nouveau traité START, a réagi la porte-parole de l’OTAN.

Par Le Point avec Agence France-Presse

Congo-Union européenne: Denis Sassou N’Guesso invité par Charles Michel

janvier 23, 2023

Brazzaville et Bruxelles entendent renforcer leurs liens de coopération à travers des échanges de haut niveau.

Le chef de l’Etat congolais effectuera une visite officielle à Bruxelles, en Belgique, à l’invitation du président du Conseil européen, Charles Michel. L’information a été communiquée au président Denis Sassou N’Guesso durant son entretien le 23 janvier à la résidence du Plateau avec le représentant de l’Union européenne au Congo :

« Cette visite aura lieu cette année pour discuter de notre partenariat, de sujets concernant la sécurité, les relations internationales, la biodiversité et bien d’autres intéressant les relations entre l’Union européenne et le Congo », a déclaré Giacomo Durazzo à la presse au sortir de l’audience.

Le Congo et l’Union européenne ont conclu un programme indicatif multi annuel (2021-2027) à travers lequel Bruxelles apporte son appui au Programme national de développement. Giacomo Durazzo a notamment évoqué les points sur la digitalisation et la diversification de l’économie, le renforcement des capacités de la police congolaise, la préservation de l’environnement.

La prochaine visite du président de la République dans la capitale de l’Union européenne sera l’occasion de consolider le partenariat entre les deux parties.

Avec Adiac-Congo par Gankama N’Siah

La Croatie s’apprête à intégrer l’euro et l’espace Schengen

décembre 31, 2022
La Croatie s'apprete a integrer l'euro et l'espace Schengen
La Croatie s’apprête à intégrer l’euro et l’espace Schengen© AFP/Denis LOVROVIC

La Croatie comptait les heures samedi avant de passer à l’euro et d’entrer dans l’espace Schengen de libre circulation, deux étapes majeures pour ce petit pays des Balkans qui a rejoint l’Union européenne voilà près d’une décennie.

A minuit (23H00 GMT) samedi, la Croatie dira adieu à sa monnaie, la kuna, pour devenir le vingtième membre de la zone euro.

Elle sera en même temps le 27e Etat à avoir rejoint l’espace Schengen, une vaste zone au sein de laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, sans contrôles aux frontières intérieures.

Les journaux locaux ont salué samedi les deux événements, le quotidien Vecernji List les qualifiant de « couronnement de l’adhésion à l’UE » de la Croatie, où la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est attendue dimanche pour l’occasion.

Ce pays qui est dans l’Union européenne depuis juillet 2013 a proclamé son indépendance de la Yougoslavie en 1991 et le conflit qui a suivi (1991-1995) a fait quelque 20.000 morts.

« Objectifs stratégiques »

Les dirigeants croates soulignent régulièrement les bénéfices que retireront selon eux leurs 3,9 millions de compatriotes de l’entrée dans la zone euro et dans l’espace Schengen.

« Deux objectifs stratégiques pour davantage d’intégration à l’UE », a insisté mercredi le Premier ministre conservateur Andrej Plenkovic.

Pour les experts, le passage à l’euro contribuera à protéger l’économie croate, l’une des plus faibles de l’UE, dans un monde soumis à une inflation galopante, à une grave crise énergétique et à l’insécurité géopolitique depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février.

En novembre, l’inflation a atteint 13,5 % en Croatie, contre 10 % dans la zone euro.

Des pays d’Europe de l’Est membres de l’UE mais n’ayant pas opté pour euro, comme la Pologne et la Hongrie, se sont révélés encore plus vulnérables face à l’envolée des prix.

Pour le gouverneur de la banque centrale croate (Banque nationale de Croatie, HNB), Boris Vujcic, l’abandon de la kuna, qui avait été mise en circulation en 1994, est la « seule politique raisonnable ».

« L’euro apporte certainement de la stabilité et de la sécurité » économiques, a à ce sujet dit à l’AFP Ana Sabic, une responsable de la HNB.

Tous les segments de la société ? individus, compagnies et État – tireront avantage de l’adoption de l’euro, a-t-elle insisté.

Les experts citent en particulier la suppression des risques de change et de meilleures conditions pour les emprunts.

« Club d’élite »

Les Croates éprouvent pour leur part des sentiments mêlés : s’ils se réjouissent en général de la fin des contrôles aux frontières, le changement de monnaie inspire de la méfiance.

Ces derniers jours, les clients ont ainsi fait la queue devant les banques et les distributeurs automatiques de billets pour retirer de l’argent, craignant des problèmes de paiement au lendemain de la période de transition.

Après minuit, le gouverneur de la banque centrale retirera à cet égard symboliquement des euros de l’un de ces distributeurs dans le centre de Zagreb.

Nombre d’entre eux redoutent par ailleurs que l’introduction de l’euro n’entraîne une hausse des prix – en particulier que les entreprises ne les arrondissent au niveau supérieur au moment de la conversion.

« Nous allons pleurer notre kuna, les prix vont exploser », se lamente dans la capitale Drazen Golemac, un retraité âgé de 63 ans. Son épouse Sandra se veut toutefois optimiste et se dit sûre que « l’euro a plus de valeur ».

Pour Marko Pavic, un employé d’une agence de tourisme, « la Croatie rejoint un club d’élite ». Mais « l’euro était déjà une mesure de valeur, psychologiquement il n’y a rien de nouveau », lâche-t-il.

« Rien ne change le 1er janvier, tout est calculé en euros depuis deux décennies de toute manière », observe aussi Neven Banic, un autre employé.

L’euro est en outre déjà très présent en Croatie. Environ 80 % des dépôts bancaires y sont libellés dans cette devise, ses principaux partenaires se trouvent dans la zone euro et le tourisme, qui constitue 20 % de son PIB, est alimenté par une importante clientèle européenne.

Coup de fouet au tourisme

La Croatie a accueilli cette année quatre fois plus de touristes qu’elle ne compte d’habitants et l’entrée dans la zone Schengen va donner un coup de fouet à ce secteur.

Les longues files d’attente à ses frontières avec ses voisins de l’UE que sont la Slovénie et la Hongrie feront partie du passé.

Dimanche, 73 postes-frontière vont fermer. Dans les aéroports, le changement se fera le 26 mars, pour des raisons techniques.

Parallèlement, la situation aux frontières de la Croatie avec ses voisins non-membres de l’UE ? Bosnie, Monténégro et Serbie ? ne va guère changer : elle y applique déjà les règles de l’espace Schengen.

La répression de l’immigration illégale reste en revanche un défi majeur. Depuis qu’elle a rejoint l’UE, la Croatie a hérité de la lourde tâche de protéger une frontière extérieure terrestre longue de plus de 1.350 km dont la majeure partie est partagée avec la Bosnie.

Elle se trouve sur la route dite des Balkans occidentaux empruntée par les migrants, mais aussi par des trafiquants d’armes, de drogue et d’êtres humains.

Après le reflux des passages clandestins lié à la crise sanitaire, la Croatie a enregistré 30.000 migrants illégaux au cours des dix premiers mois de 2022, soit une augmentation de 150 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Avec Le Point par AFP

Les migrants, otages de la géopolitique franco-maghrébine

août 25, 2022

La gestion des flux ininterrompus et mortifères de clandestins aux portes de l’Europe inspire un rapprochement entre l’Union européenne et d’autres nations méditerranéennes, particulièrement le Maroc.

© Damien Glez

Pandémie, hostilités nationalistes, trafics de plus en plus crapuleux, statistiques macabres, concentration de la compassion occidentale sur les Caucasiens d’Ukraine : rien ne semble tarir le flux des migrants africains, en particulier en cette saison où la canicule est censée rendre la Méditerranée moins glaciale. Entre le 13 et le 16 août dernier, la Tunisie annonçait avoir « intercepté ou secouru » plus de 700 candidats à l’exil européen. Près des côtes algériennes, ce sont six migrants qui mouraient, le 8 août, après le naufrage de leur embarcation.

Après la tragédie marocaine du 23 juin qui coûta la vie à 23 clandestins, selon les autorités, lors d’une tentative d’entrée massive dans l’enclave de Melilla, et alors que débutait, le 17 août, le procès de 28 demandeurs d’asile dans la ville marocaine de Nador, l’Union européenne prévoyait, selon l’organe de presse espagnol El Pais, de verser près de 500 millions d’euros au royaume chérifien.

Le nouveau gendarme de l’immigration

Une aide « pour renforcer les actions dans la lutte contre l’immigration clandestine » qui conduit une certaine presse européenne à écrire que l’Europe tente de faire du Maroc le nouveau gendarme de l’immigration. Mais ces « barrières » ne décourageront pas les vocations à l’exil clandestin. Des observateurs suggèrent que les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla soient rétrocédées, à terme, au Maroc, afin de compromettre leur pouvoir « magnétique ». Mais est-ce l’Occident qui est aimantée ou l’Afrique qui est répulsive ?

Par ailleurs, les vies de clandestins n’échouent pas qu’aux abords des plages filmées par les caméras de chaînes de télévision internationales. Mi-août, des forces conjointes soudano-libyennes annonçaient la découverte de 20 corps à la frontière avec la Libye. Venus de l’État du Nord-Darfour, ces déplacés n’auront pas humé les embruns de la Méditerranée…

De même, le calvaire des clandestins ne trouve pas toujours son terme, une fois la mer passée. Le 9 août dernier, un Sud-Soudanais de 22 ans se noyait dans un canal de la commune française de Loon-Plage. Un autre visage des tragédies migratoires…

Avec Jeune Afrique

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

L’UE envisage d’organiser une mission d’entraînement à l’armée ukrainienne

août 22, 2022

Cette proposition « d’assistance » à l’armée ukrainienne sera étudiée la semaine prochaine à Prague, lors d’un conseil des pays membres de l’UE.

L'Union europeenne envisage de proposer une nouvelle forme d'aide a l'armee ukrainienne. (Photo d'illustration)
L’Union européenne envisage de proposer une nouvelle forme d’aide à l’armée ukrainienne. (Photo d’illustration)© DIEGO HERRERA CARCEDO / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

L’Union européenne envisage d’organiser une mission « d’entraînement et d’assistance » à l’armée ukrainienne qui se déroulerait dans les pays voisins, a déclaré lundi 22 août le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell. La proposition sera discutée la semaine prochaine à Prague lors du conseil des ministres de la Défense des pays membres de l’UE, a déclaré Josep Borrell lors d’une conférence de presse à Santander (nord de l’Espagne). « J’espère qu’elle sera approuvée », a-t-il ajouté.

« L’Union européenne déploie des missions d’entraînement militaire auprès des armées des pays avec lesquels nous coopérons », a-t-il dit. « Nous le faisions au Mali il y a peu, nous venons de commencer de le faire au Mozambique et nous l’avons fait au Niger », a-t-il poursuivi.

Un « effort » supplémentaire

« Une guerre qui dure et qui semble devoir durer nécessite un effort non seulement en termes de fourniture d’équipement, mais aussi d’entraînement et d’assistance à l’organisation de l’armée », a-t-il ajouté à propos du conflit ukrainien, qui a commencé il y a six mois, le 24 février, avec l’invasion du pays par les forces russes.

« C’est ce qui est en discussion entre les États membres et qui va être discuté sur le plan politique lundi prochain à Prague au sein du conseil des ministres de la Défense » de l’UE, a encore déclaré Josep Borrell.

La réunion aura lieu à Prague, car la République tchèque exerce actuellement et jusqu’à la fin de l’année la présidence de l’UE. Josep Borrell a rappelé que de très nombreux pays, au sein de l’UE et en dehors, fournissaient de l’équipement militaire à l’Ukraine et que « quelques-uns » lui apportaient déjà sur le plan bilatéral « l’entraînement nécessaire pour utiliser ce matériel ».

Le Point avec AFP

L’Union européenne veut se débarrasser du pétrole russe d’ici six mois

mai 4, 2022
Une station service en Allemagne.

L’embargo sur le pétrole russe risque d’entraîner une hausse du prix de l’essence sur le territoire de l’Union européenne. Photo : Getty Images/Maja Hitij

Embargo sur le pétrole russe, déconnexion d’autres banques du système SWIFT, interdiction de diffusion pour certains médias : la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a officiellement dévoilé mercredi son sixième train de sanctions destiné à punir la Russie pour son agression militaire de l’Ukraine.

La pièce de résistance de ces sanctions, qui doivent encore être validées, est la mise en œuvre d’ici six mois d’un embargo sur le pétrole russe, qui compte actuellement pour environ 25 % des importations des 27 pays membres de l’Union européenne (UE).

Les produits raffinés seraient aussi interdits d’ici la fin de l’année. Il s’agira d’un embargo total sur l’ensemble du pétrole russe, livré par voie maritime ou via des oléoducs, brut ou raffiné, a expliqué Mme von der Leyen.

Ça ne sera pas facile, car certains États membres sont fortement dépendants du pétrole russe. Mais nous nous devons de le faire.

« Poutine doit payer le prix, et le prix fort, pour son agression brutale. »— Une citation de  Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne

La cheffe de l’exécutif européen n’a pas évoqué de dérogations à cet embargo, mais des diplomates européens annoncent depuis déjà quelques jours que la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés très dépendants du pétrole russe, seront exemptés de l’embargo jusqu’à la fin de 2023.Ursula von der Leyen, souriante, marche dans une enceinte.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à son arrivée pour une session du Parlement européen, mercredi, à Strasbourg. Photo : Getty Images/AFP/Patrick Hertzog

Le front uni que souhaite présenter l’Union européenne devant la Russie menace toutefois de se fissurer en Hongrie, où le premier ministre nationaliste Viktor Orban, qui a noué des liens étroits avec Vladimir Poutine, a rejeté jusqu’ici tout embargo sur le pétrole ou le gaz venus de Moscou.

Nous ne voyons pas de plan concernant la manière de réussir une transition sur la base des propositions actuelles et de garantir la sécurité énergétique de la Hongrie, a commenté le service de presse du gouvernement hongrois, sans s’avancer clairement sur un rejet du projet de la Commission européenne.

Nous ne voterons pas pour des sanctions qui rendraient impossible l’approvisionnement de la Hongrie en pétrole ou en gaz, avait prévenu mardi le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto.

« Il ne s’agit pas d’une décision politique […] c’est une véritable question d’approvisionnement pour nous, car il est actuellement impossible de faire fonctionner la Hongrie et son économie sans le pétrole russe. »— Une citation de  Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères, mardiViktor Orban, assis, parle avec un homme qui se tient debout.

Le premier ministre de la Hongrie, Viktor Orban, lors de la session inaugurale du Parlement, à Budapest, le 2 mai 2022. Photo : Reuters/Bernadett Szabo

Le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce, Jozef Sikela, a jugé qu’il manquait un mécanisme visant à répartir les contraintes consécutives à cet embargo sur le pétrole russe.

La proposition ne précise pas […] comment les volumes manquants seront répartis équitablement afin de partager cette charge, et il manque aussi une proposition sur des achats et une distribution groupés, a-t-il déclaré à Reuters. C’est encore à l’étude, mais pour moi, c’est un problème, a-t-il dit.

Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a soutenu que son pays serait en mesure de supporter l’embargo sur le pétrole en tant que nation, mais a prévenu que des perturbations dans son approvisionnement pourraient survenir.

Il a notamment précisé que la raffinerie PCK située à Schwedt, dans l’État régional du Brandebourg, et qui appartient au conglomérat russe Rosneft pourrait particulièrement être concernée. Celle-ci fournit environ 90 % du pétrole consommé à Berlin et dans la région environnante, y compris l’aéroport de Berlin Brandebourg (BER).

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a a réagi en faisant valoir que des sanctions européennes était une arme à double tranchantEn essayant de nous faire mal, ils devront aussi payer le prix fort. Ils le payent déjà. Et le coût des sanctions pour les citoyens de l’Europe va croître de jour en jour, a-t-il dit.

D’autres banques russes dans la ligne de mire

Le nouveau train de sanctions européennes propose également de déconnecter trois autres banques du système interbancaire SWIFT, dont Sberbank, la plus importante institution bancaire russe. Sept autres banques russes ont été déconnectées du système début mars, mais Sberbank avait été épargnée, tout comme Gazprombank.

Selon une source européenne, Credit Bank of Moscow et Russian Agricultural Bank seraient les autres banques visées par cette mesure, qui vise à renforcer l’isolement complet du système financier russe du système mondial , selon Mme von der Leyen.

La Commission européenne suggère également d’interdire trois autres chaînes de télévision publiques russes sur le territoire des 27, que ce soit sur le câble, via satellite, sur internet ou par le biais d’applications, a précisé la cheffe de l’exécutif européen.

Selon des diplomates, RTR-Planeta et R24 seraient touchées par cette décision, qui vise à contrer la désinformation  russe. Deux autres médias russes, Sputnik et RT, sont déjà interdits de diffusion sur le territoire des 27 depuis environ deux mois.

La Commission européenne propose également d’ajouter les noms de 58 personnalités russes à la liste noire  des personnalités ciblées par des sanctions individuelles [d’interdiction d’entrée sur le territoire européen et gels d’avoirs].

Cela inclurait notamment trois membres de la famille du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, et le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, qui a multiplié les sermons soutenant la guerre du Kremlin en Ukraine.

Les ambassadeurs des pays membres auprès de l’UEUnion européenne devraient se réunir d’ici la fin de la semaine pour se prononcer sur ce nouveau train de sanctions.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

Ukraine : l’UE va discuter lundi d’un 6e paquet de sanctions contre Moscou

avril 10, 2022

Ursula von der Leyen a visité Kiev vendredi. Photo : Reuters/via le Service de Presse de la Présidence Ukrainienne

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne vont discuter lundi à Luxembourg d’un 6e paquet de sanctions contre Moscou, mais l’arrêt des achats de pétrole et de gaz pour cesser de financer l’effort de guerre russe divise les 27.

Nous venons d’imposer de lourdes sanctions à la Russie et nous sommes en train de préparer une sixième vague, a annoncé vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de sa visite à Kiev avec le chef de la diplomatie Josep Borrell.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky ne cesse de demander à tous ses interlocuteurs européens l’adoption de sanctions puissantes. Il réclame un arrêt des achats de pétrole et de gaz et la fourniture d’armes lourdes pour résister à l’offensive annoncée dans la région du Donbass (est).

Josep Borrell a annoncé son intention de lancer lundi la discussion sur un embargo pétrolier, mais une proposition formelle n’est pas sur la table, a reconnu vendredi un haut fonctionnaire européen.

« L’unanimité est nécessaire pour l’adoption des sanctions. Or on voit bien les dépendances vis-à-vis de la Russie dans plusieurs États membres. »— Une citation de  Josep Borrell, chef de la diplomatie Union européenne

L’Allemagne, l’Italie, l’Autriche et la Hongrie sont très dépendantes du gaz russe.

On ne va pas présenter quelque chose qui ne passera pas. Les propositions doivent être faites au moment opportun, a-t-il expliqué.

Depuis le début de la guerre en Ukraine fin février, le Kremlin a engrangé 27,3 milliards de dollars avec les achats de pétrole, gaz et charbon de l’Union européenneUE, selon Velina Tchakarova, directrice de l’Institut autrichien pour l’Europe et la politique de sécurité (AIES).

Financer et livrer de nouvelles armes

L’Union européenneUE a décrété un embargo sur les achats de charbon, mais leur montant est très inférieur à ceux de gaz et pétrole.

Les ministres vont en revanche valider le déblocage de 500 millions d’euros supplémentaires pour financer et livrer de nouvelles armes à Kiev, selon plusieurs diplomates de l’Union européenneUE.

Les sanctions sont importantes, mais elles ne résoudront pas le problème dans le Donbass. La bataille dans le Donbass sera décisive pour l’issue de la guerre, a souligné samedi Josep Borrell.

La Russie bombarde l’Ukraine depuis la mer à partir de navires situés hors de portée des armes ukrainiennes et les forces de Kiev ont besoin d’armes à longue portée et de davantage de véhicules blindés, a expliqué un haut responsable européen.

La Slovaquie a annoncé vendredi avoir fourni à Kiev un système de défense anti-aérien russe S-300.

Lors de leur réunion, les ministres s’entretiendront avec le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, du soutien de l’Union européenneUE aux enquêtes sur de possibles crimes de guerre en Ukraine.

Par Radio-Canada avec AFP

Des leaders de la diplomatie européenne se rendent en Ukraine

avril 8, 2022

Paris qualifie l’attaque contre la gare de Kramatorsk de « crime contre l’humanité ».

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a effectué un arrêt à Boutcha, vendredi, en Ukraine. Photo : Reuters/Valentyn Ogirenko

Pendant que les opérations de secours se poursuivaient à la gare de Kramatorsk, où deux roquettes russes se sont abattues sur des centaines de civils qui tentaient de fuir le Donbass, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, étaient de passage à Kiev.

Les leaders européens y ont rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, vendredi, afin de lui démontrer leur soutien. Mme von der Leyen a d’abord fait un détour à Boutcha, où les experts en médecine légale commençaient à extraire des corps enterrés dans les fosses communes. Des dizaines d’Ukrainiens massacrés y ont été retrouvés la semaine dernière, après le départ des troupes russes.

L’impensable s’est produit ici, a-t-elle déclaré. Nous avons vu la face cruelle de l’armée de [Vladimir] Poutine. Nous avons vu son irresponsabilité et son cynisme pendant l’occupation de la ville.

Les Ukrainiens défendent la frontière de l’Europe, défendent l’humanité, défendent la démocratie et nous les soutenons dans ce combat, a-t-elle ajouté.

Manifestement ébranlée par ce qu’elle a vu à Boutcha, Mme von der Leyen a assuré que Bruxelles aiderait l’Ukraine à prendre les mesures nécessaires pour qu’elle puisse adhérer à l’Union européenne.

La Russie va sombrer dans la décomposition économique, financière et technologique, tandis que l’Ukraine marche vers un avenir européen, a affirmé la présidente de la Commission européenne.

Le chancelier autrichien Karl Nehammer se rendra à son tour à Boutcha, samedi, avant de rencontrer M. Zelensky.

Josep Borrell a de son côté condamné avec fermeté l’attaque aveugle de [vendredi] matin par la Russie.

Cette nouvelle frappe russe a aussi été dénoncée par d’autres dirigeants européens. Les crimes de la Russie en Ukraine ne resteront pas impunis, a averti le premier ministre britannique Boris Johnson lors d’une conférence de presse.

Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz étaient également consternés par les récents bombardements. Le chef de la diplomatique française, Jean-Yves Le Drian, est allé plus loin en qualifiant l’assaut de crime contre l’humanité.

C’est sordide, un carnage de plus, a-t-il lancé en entrevue à la chaîne de télévision France 5. Ces crimes ne pourront pas rester impunis.

Le temps presse

Plus tôt en journée, M. Zelensky a affirmé devant le Parlement finlandais que l’Ukraine ne pouvait pas attendre davantage de nouvelles armes occidentales et qu’elle avait besoin de sanctions puissantes contre la Russie.

Pour défendre nos vies, a-t-il lancé, nous avons besoin d’armes dont disposent certains de nos partenaires de l’Union européenne.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son récent passage à Boutcha Photo: AFP via Getty Images/Ronaldo Schemidt

La Slovaquie a répondu à son appel. En effet, le premier ministre slovaque Edouard Heger a annoncé que son pays avait fourni le système de défense aérienne S-300 à l’Ukraine pour la soutenir dans son effort de guerre contre la Russie.

Pour M. Heger, qui était aussi attendu à Kiev vendredi, ce don est une réponse de son pays à une demande d’assistance formulée par l’Ukraine dans l’exercice de la légitime défense, en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies.

Selon le premier ministre slovaque, ce système aidera à sauver autant d’Ukrainiens innocents que possible face à l’agression du régime de Vladimir Poutine.

Le président américain Joe Biden, qui a qualifié d’horrible atrocité l’assaut contre la gare de Kramatorsk, a salué le geste de la Slovaquie.

Boris Johnson a quant à lui annoncé la livraison d’équipements militaires de haute qualité d’une valeur de 120 millions d’euros, dont des missiles antiaériens Starstreak et 800 missiles antichars.

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le premier ministre britannique Boris Johnson veulent mettre fin à la dépendance de leurs pays au gaz russe. Photo: Getty Images/WPA Pool

Zelensky réclame un cocktail Molotov de sanctions

Autrement, les sanctions continuent de se multiplier en Europe face à la Russie.

Les transporteurs routiers russes et bélarusses ont été frappés d’une interdiction d’opérer dans l’Union européenne, jeudi. De nouvelles exportations ont aussi été interdites vers la Russie, notamment celles de biens de haute technologie, à hauteur de 10 milliards d’euros. La liste des produits russes interdits d’importation dans l’Union européenne a également été élargie à certaines matières premières et matériaux critiques pour une valeur estimée de 5,5 milliards d’euros par an.

La Commission européenne a annoncé vendredi avoir déjà gelé 29,5 milliards d’euros d’avoirs russes et bélarusses. Ces actifs incluent des bateaux, des hélicoptères, des biens immobiliers et des œuvres d’art pour près de 6,7 milliards d’euros.

Pour sa part, le Royaume-Uni a imité Washington et Bruxelles en annonçant, vendredi, qu’il refusait l’accès à son territoire aux deux filles du président russe Vladimir Poutine et à celle du chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.

Mais le président Zelensky réclame des mesures beaucoup plus sévères pour affaiblir la Russie.

Combien de temps l’Europe peut-elle ignorer un embargo sur le pétrole russe? Combien de temps? s’est questionné le président ukrainien.

Dans le cadre de la cinquième série de sanctions contre Moscou, les représentants de l’Union européenne ont décidé, jeudi, de placer un embargo sur le charbon russe et de fermer les ports européens aux navires russes. Mais Kiev demande plus.

Nous avons besoin de sanctions puissantes et efficaces contre la Russie, des sanctions permanentes, un « cocktail de sanctions » dont on se souviendra comme les cocktails Molotov, a indiqué M. Zelensky.

Deux dirigeants européens à Kiev

La présidente de la Commission européenne et le chef de la diplomatie de l’Union européenne sont arrivés à Kiev, capitale de l’Ukraine. Les deux dirigeants vont notamment rencontrer le président Zelensky, comme nous le dit notre envoyé spécial Sylvain Desjardins.

La dépendance énergétique des pays européens face à la Russie explique la réticence de certains à boycotter le gaz russe. L’idée commence toutefois à faire son chemin.

En effet, Londres a affirmé sa volonté de mettre fin dès cette année à tout achat de pétrole et de charbon russes. Elle a appelé les Européens à en faire plus pour atteindre cet objectif.

Nous ne pouvons pas transformer nos systèmes énergétiques du jour au lendemain, mais nous savons aussi que la guerre de Poutine ne va pas se terminer du jour au lendemain, a assuré M. Johnson.

Nous faisons tout ce que nous pouvons et nous en faisons beaucoup, a affirmé de son côté M. Scholz. Nous sommes assez optimistes sur le fait que nous allons nous débarrasser de la nécessité d’importer du gaz de Russie très prochainement.

Néanmoins, les sanctions occidentales à l’égard de Moscou ont un poids réel sur l’économie russe, comme le démontrent les données dévoilées par l’agence de statistiques Rosstat. En effet, l’inflation a atteint 16,7 % en Russie au mois de mars, une augmentation de 7,6 % depuis février.

Conséquence directe des sanctions occidentales, l’inflation devrait continuer d’augmenter en Russie. Des experts prévoient qu’elle atteindra 24 % d’ici l’été.

Le Donbass dans la mire de Moscou

Le président français Emmanuel Macron a qualifié d’abominable l’attaque de vendredi contre des civils à Kramatorsk. Il s’attend toutefois à d’autres violentes frappes dans les zones séparatistes du Donbass d’ici le 9 mai, qui est la date de l’anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie en 1945.

Pour la Russie, le 9 mai est une fête nationale, un rendez-vous militaire important, et il est à peu près sûr que, pour le président Poutine, le 9 mai doit être un jour de victoire, a expliqué M. Macron.

Nous pensons aux victimes de Kramatorsk, de Boutcha, de Marioupol, de Kharkiv, a-t-il poursuivi. Partout en Ukraine, nous soutiendrons les enquêtes pour que la justice soit faite. Nous pensons aux familles qui continuent de fuir, nous les accueillerons dans notre Union, notre Union de paix.

Des réfugiés ukrainiens affluent à la gare de train de Przemysl, en Pologne. Photo: Getty Images/Jeff J MitchelI

Selon la dernière mise à jour du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), 4,38 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays depuis le début du conflit. La majeure partie d’entre eux ont trouvé refuge en Pologne, très solidaire de l’Ukraine.

À la fin mars, la Pologne a d’ailleurs expulsé 45 espions russes se faisant passer pour des diplomates. Cette mesure fait preuve d’une volonté consciente de Varsovie de détruire définitivement les relations bilatérales, a dénoncé la diplomatie russe.

En guise de représailles, la Russie a à son tour expulsé 45 diplomates polonais vendredi.

La Turquie veut des négociations

Les attaques ouvertes contre les civils en Ukraine compliquent grandement le retour à la table de négociations. C’est pourtant ce que cherche à faire la Turquie, qui veut relancer les pourparlers entre les dirigeants russes et ukrainiens.

Les images honteuses et inacceptables des corps suppliciés dans les rues de Boutcha et d’Irpin, près de Kiev, ont éclipsé les échanges diplomatiques, a reconnu jeudi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu.

Il a aussi exprimé sa grande tristesse à la suite de l’attaque sur la gare de Kramatorsk et a demandé l’ouverture urgente de couloirs d’évacuation pour les civils.

Une attaque a visé la gare de trains de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, faisant des dizaines de morts. Photo : Getty Images/Herve Bar

Malgré tout, Ankara assure que les deux pays sont toujours disposés à se réunir – et la Turquie à les accueillir – pour avancer vers une solution au conflit.

La Russie et l’Ukraine sont d’accord pour tenir des pourparlers en Turquie, mais elles restent loin de s’accorder sur un texte commun, a confirmé vendredi un responsable turc de haut niveau qui a refusé d’être nommé.

La dernière session de pourparlers directs s’est tenue le 29 mars à Istanbul et avait permis aux deux parties de discuter des questions les plus sensibles, a-t-il souligné, parmi lesquelles la neutralité de l’Ukraine.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

Les sanctions contre Moscou exposent la vie privée bien gardée de Poutine

avril 7, 2022
Les sanctions contre Moscou exposent la vie privée bien gardée de Poutine© RIA-NOVOSTI/AFP/Archives/MIKHAIL METZEL

Les sanctions occidentales visant non seulement le cercle rapproché du président russe, mais aussi sa famille, ont jeté une lumière inhabituelle sur la vie privée de Vladimir Poutine, maintenue d’ordinaire dans une stricte opacité.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont annoncé les premières sanctions contre les deux filles adultes du chef de l’Etat issu de son premier mariage avec Lyudmila. La pression monte aussi en parallèle sur Alina Kabaeva, ancienne gymnaste dont certains médias et opposants affirment qu’elle serait sa maîtresse, allégations jamais confirmées par le Kremlin.

Poutine est pour le moins discret sur sa vie privée. Les médias d’Etat le montrent habituellement travaillant ou voyageant seul, trop occupé à servir le pays pour jouir de loisirs privés.

L’unique entorse à cette omerta fut son apparition publique avec Lyudmila à l’entracte d’un ballet à Moscou en 2013, l’occasion d’annoncer une séparation consommée finalement un an plus tard.

Les médias russes prénomment les deux filles de cette union Maria Vorontsova et Katerina Tikhonova, mais Poutine n’y a jamais fait référence. « Mes enfants vont bien. Ils sont à Moscou (…). Tout va bien dans leur vie privée et leurs carrières professionnelles. Je suis fier d’eux », a-t-il déclaré dans un de ses rares commentaires publics en 2012.

Le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov a refusé de commenter les nouvelles sanctions contre Maria et Katerina, jugeant que cette décision « parlait d’elle même ».

Mais les longues absences en public de leur mère Lyudmila, et son air maussade lorsqu’elle apparaissait, avaient suscité de multiples spéculations sur la vie privée de l’homme fort de Moscou bien avant son divorce.

En 2008, un petit tabloïd, Moskovsky Korrespondent, avait affirmé que Poutine souhaitait épouser Alina Kabaeva. Furieux, celui-ci avait invité les journalistes à garder leur « nez plein de morve » à l’écart de sa vie privée.

Le journal de l’homme d’affaires Alexander Lebedev, dont le fils Yevgeny est devenu une figure des médias en Grande-Bretagne, avait publié des excuses circonstanciées avant de fermer boutique définitivement.

Mais cette relation entre Poutine et la gymnaste est restée dans les esprits et fait l’objet d’une enquête du dissident Alexei Navalny, publiée juste avant son arrestation en janvier 2021.

« Cercle restreint »

L’opposant affirmait que Kabaeva jouissait d’un réseau de propriétés de luxe en Russie, ainsi que d’un poste grassement payé au conseil d’administration du groupe public National Media Group (NMG), offert par l’oligarque Yuri Kovaltchouk, proche de Poutine et lui-même frappé de sanctions individuelles aujourd’hui.

« Il ne fait pas de doute qu’Alina Maratovna Kabaeva a dansé mieux que quiconque avec un ballon et un ruban mais n’aurait aucune compétence à gérer des sociétés audiovisuelles et des journaux sans sa connexion avec Poutine », affirmait Navalny.

Des informations sur les réseaux sociaux l’ont localisée actuellement en Suisse et une pétition revendiquant 75.000 signatures exige des sanctions à son encontre. « Pourquoi, vu le volume de sanctions contre la Russie, continuez-vous maintenant de l’accueillir avec sa famille quand Poutine détruit la vie de millions de gens ? », interroge le texte.

Selon la télévision suisse RTS, citant un communiqué officiel, le gouvernement fédéral a examiné le dossier mais n’a trouvé « aucune indication que cette personne se trouvait en Suisse ».

Georgy Alburov, chercheur au sein du fonds anti-corruption de Navalny, a jugé inconcevable qu’elle échappe à des sanctions. « Elle fait partie du cercle restreint de Poutine, elle est un membre de sa famille qui profite de sa situation », a-t-il estimé, précisant que son rôle dans un média officiel faisait d’elle une « propagandiste russe majeure ».

Les opposants affirment aussi que la liaison prêtée à Poutine avec Kabaeva n’est pas exclusive. En novembre 2020, le site d’investigation en ligne Proekt a affirmé qu’une certaine Svetlana Krivonogikh s’était vu octroyer des parts dans la banque Rossia, et ce par le même Yuri Kovaltchouk.

En 2003, elle a donné naissance à une fille avec Vladimir pour patronyme. Le Kremlin avait refusé de commenter un article dépourvu « d’éléments sérieux ».

Par Le Point avec AFP

Crise alimentaire : comment l’UA et l’UE veulent faire face

mars 27, 2022
30 % du blé consommé en Afrique provient de Russie et d’Ukraine. © Vadim Ghirda/AP/SIPA

L’initiative Food on Agriculture Resilience Mission (Farm), présentée par Emmanuel Macron, vise à augmenter la production de blé dans certains pays et à mettre en place un système de solidarité internationale.

« Nous sommes en train d’entrer dans une crise alimentaire sans précédent ». Emmanuel Macron a présenté jeudi aux dirigeants du G7 l’initiative Farm (Food on Agriculture Resilience Mission) pour anticiper les conséquences néfastes de la guerre en Ukraine sur les semailles de blé et plus largement de céréales.

S’exprimant après les sommets du G7 et de l’Otan, le président français a appelé Moscou à être « responsable » en permettant que les semis en Ukraine aient lieu. Faute de quoi la guerre provoquera dans douze à dix-huit mois « une famine inéluctable », avec notamment des risques de pénurie de céréales en Afrique. Des risques particulièrement élevés en Afrique du Nord. Si 30 % du blé consommé en Afrique provient de la Russie (3e producteur mondial) et de l’Ukraine (9e producteur mondial), en Afrique du Nord – plus précisément en Égypte et en Libye – cette proportion dépasse largement les 50 %. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, la crainte de pénurie a d’ailleurs déjà fait augmenter le prix du pain dans ces deux pays et dans beaucoup d’autres sur le continent.

L’Union européenne (UE), qui a déjà embarqué l’Union africaine (UA) dans l’initiative Farm et qui veut y associer le Programme alimentaire mondial (PAM), entend débloquer, en réponse immédiate à cette crise, 595 millions de dollars.

Plus de production

L’initiative Farm interviendra à plusieurs niveaux, à moyen comme à court terme. D’abord, en élaborant un plan d’urgence commercial ; en instaurant un système de solidarité permettant de libérer le surplus dans les stocks de certains pays producteurs pour les répartir équitablement aux pays les plus nécessiteux. Ensuite, pour anticiper le manque de production dès cet été, une aide financière sera apportée aux pays les plus dépendants pour leur permettre d’accroître leur propre production. Un projet d’aide similaire avait déjà été présenté le 15 mars par la Banque africaine de développement (BAD), avec l’annonce d’une levée de fonds d’1 milliard de dollars pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à augmenter leur production de variétés de blé.

LE CONTINENT AFRICAIN SUBIT DE PLEIN FOUET CETTE GUERRE EN UKRAINE

Plus tôt cette semaine à l’occasion du Forum mondial de l’eau, le chef d’État sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’UA, avait appelé les partenaires internationaux, dont la Banque mondiale, à aider l’Afrique à faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine en lui réallouant notamment les droits de tirage spéciaux (DTS) des pays riches.

« Le continent africain subit de plein fouet cette guerre en Ukraine », a déclaré Macky Sall qui a rappelé « l’urgence de la demande africaine de réallocation des DTS des pays riches en faveur des pays en développement, particulièrement des pays africains pour soutenir nos efforts de résilience et de relance économique », après avoir fait une première demande à Bruxelles en février.

La communauté internationale s’est accordée sur le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars pour amortir l’impact de la pandémie de Covid-19, dont 33 milliards doivent revenir mécaniquement à l’Afrique par le jeu des quotes-parts au sein de l’institution de Washington. « Il y a une inflation réelle qui frappe les pays [alors que] nous avons un autre choc dans le Sahel, le terrorisme, qui fait que les États font face à des dépenses nouvelles qui n’étaient pas prévues », a ajouté le président sénégalais.

Par Jeune Afrique avec AFP