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Canada-Francisation, emploi qualifié : le casse-tête des Ukrainiens accueillis au Québec

septembre 18, 2022

Ils ont fui la guerre avec un permis de travail du gouvernement canadien. Pour rester au Québec, ils devront répondre aux exigences de sélection de la province. À Saint-Ferréol-les-Neiges, toute une communauté s’entraide pour les soutenir.

Un couple avec un bébé et un homme à droite qui sourit en regardant la petite famille.

Inna, Denys et la petite Karolina, l’une des familles ukrainiennes accueillies sur la Côte-de-Beaupré au Québec. Photo : Radio-Canada/Myriam Fimbry

« Ici, on entend toujours le bruit de la rivière. Quand tu sors dehors, quand tu te couches le soir, si ta fenêtre est ouverte, c’est le bruit que tu entends », dit Marc Tremblay.

Son regard enveloppe la verdure et les flots tumultueux de la rivière Sainte-Anne en contrebas. « C’est apaisant », poursuit-il, songeur. « Pour quelqu’un qui arrive d’un pays en guerre et qui cherche à se ressourcer, je pense que c’est un endroit idéal. »

Marc Tremblay habite au bout du village de Saint-Ferréol-les-Neiges dans une grande maison de campagne, avec sa conjointe Sonia Bussière et un gros chien que les enfants en visite chez eux adorent caresser.

Ils racontent comment le réseau d’entraide s’est mis en place dans la région, peu de temps après le déclenchement de la guerre en Ukraine. C’est un médecin urgentologue à Québec, Patrick Voyer, propriétaire d’un chalet dans le coin, qui a lancé le premier appel sur les réseaux sociaux. Marc et Sonia ne le connaissaient pas.

Marc Tremblay et Sonia Bussière s’engagent activement à accueillir des familles ukrainiennes à Saint-Ferréol-les-Neiges. Derrière eux, le petit chalet rénové par leurs soins pour l’une d’elles.

C’est complètement fou. On ne savait pas dans quoi on s’embarquait!, dit Sonia Bussière. Malgré des jobs à temps plein, ces deux travailleurs autonomes dans le secteur de la construction commerciale ont embarqué dans le mouvement baptisé Un toit pour l’Ukraine.

Réunions, collectes de fonds, récolte de vêtements et jouets. Il y avait six maisons prêtées pour un an par des résidents ou des entrepreneurs. Il fallait les rénover, les meubler et les équiper. Tout cela a demandé beaucoup d’énergie et de bénévolat, de tableaux Excel pour gérer les dons, de contacts à solliciter, toute une logistique.

« La générosité des gens, ça a été exceptionnel. Un élan de solidarité incroyable! »— Une citation de  Marc Tremblay, résident de Saint-Ferréol-les-neiges

Une poignée de bénévoles a même réussi à organiser un concert-bénéfice à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, et avec l’argent recueilli chaque famille ukrainienne reçoit maintenant un virement mensuel pour son épicerie et ses dépenses personnelles.

Un des messages qui m’a touché, c’est Anton, quand il a commencé à travailler, confie Marc Tremblay, d’un coup très ému. Il a dit : « Je peux payer mes choses, avec mon argent. » Sa voix se brise quand il pense à ce travailleur en usine, avec une famille à charge, payé 20 $ l’heure. C’était une fierté pour ce père de famille, une grande satisfaction pour lui de ne plus être dépendant financièrement. Donc, quand il a eu son premier chèque, c’est ce qu’il m’a écrit.

La carte de l’Ukraine dessinée rapidement par Denys Denysiuk pour situer sa ville d’origine, Rivne, et résumer le conflit.

Francisation : une montagne à gravir

Denys Denysiuk prend une feuille et un crayon pour dessiner grossièrement la carte de l’Ukraine. D’un trait rapide, il indique les lignes de front et les villes de Kiev, de Rivne d’où il vient, Slovyansk, et d’Odessa, un nom familier pour Suzanne, qui l’a entendu aux informations.

Cette retraitée de 72 ans offre de son temps le jeudi soir, au café communautaire près de l’église de Saint-Ferréol-les-Neiges. Elle essaie d’apprendre quelques mots de français aux Ukrainiens qui le souhaitent, en attendant les cours de francisation. Ce n’est pas suffisant, mais juste leur donner confiance, les éveiller aux sons, c’est déjà pas mal, dit-elle.

Une jeune femme avec un bébé sur les genoux à gauche, en compagnie d'Elina et de Suzanne Demers à droite, dans une salle avec des tables.

«Quel est ton nom? Combien d’enfants?» Suzanne Demers enseigne quelques questions simples à un petit groupe d’Ukrainiens. Elle a déjà travaillé une quinzaine d’années avec les immigrants. Photo : Radio-Canada/Myriam Fimbry

Ce soir-là, elle a trois élèves. Dans la poussette près de la table, un bébé resté calme pendant près d’une heure se met à pleurer. Karolina, six mois, trouve le temps long. Elle a faim. C’est un bébé né sous les bombes, glisse Suzanne Demers, attendrie.

Inna Denysiuk, 20 ans, a dû se rendre dans le sous-sol de l’hôpital de Rivne le jour de l’accouchement, le 2 mars. C’était le début de la guerre. Les alarmes partaient tout le temps. Un jour de cauchemar, résume Denys, son mari âgé de 33 ans. Deux semaines après, ils ont compris que la guerre n’allait pas s’arrêter là et ils ont décidé de quitter l’Ukraine. Denys pouvait s’en aller, plutôt que de rester combattre, grâce à une blessure au dos.

Ils sont partis vers la Pologne en voiture, ont parcouru plus de 1000 kilomètres jusqu’à Gdansk, où ils ont attendu leur visa pour Montréal. Ils sont arrivés en juin au Québec et sont maintenant bien installés à Château-Richer dans la MRC de la Côte-de-Beaupré. Leur maison, toute neuve, est prêtée pour un an par un entrepreneur de la construction.

« On est heureux d’être ici. La seule inquiétude, c’est la langue. Il faut qu’on connaisse la langue. On a peur de ne pas réussir, mais on va être capables. »— Une citation de  Inna, 20 ans, Ukrainienne

Si Denys et Inna veulent rester au Québec, ils devront apprendre le français dans un délai relativement rapide. Or, malgré un nombre croissant de demandes, il n’y a pas de classe de francisation à Beaupré. Les classes les plus proches sont à Québec, ce qui pose un défi de transport, de permis de conduire, de temps et d’argent. Sans oublier la garderie… En attendant, le gouvernement leur propose des cours en ligne.

Allo, doudoune!… Tu te réveilles? Le médecin Patrick Voyer est sous le charme de la petite Karolina, le bébé de Denys et Inna. C’est lui qui a lancé le mouvement d’entraide dans la région, Un toit pour l’Ukraine. Entre deux patients ou deux quarts de travail à l’urgence de Québec, il soutient les familles arrivées ici.

Il s’inquiète de la pression ressentie par les familles pour satisfaire les conditions d’immigration au Québec.

Le médecin urgentiste Patrick Voyer avec Karolina, petite Ukrainienne née sous les bombes au début de la guerre en Ukraine.

« Beaucoup d’Ukrainiens ne viennent pas au Québec à cause de cette pression d’apprendre la langue. J’ai plein de familles qui étaient censées venir ici, mais qui ont décidé d’aller à Winnipeg ou à Calgary. »— Une citation de  Patrick Voyer, médecin

Remplir les critères : le casse-tête

Détail important : les familles ukrainiennes accueillies au Canada n’ont pas le statut de réfugié. Elles sont venues avec un permis de travail ouvert de trois ans, accordé par le Canada. Si elles veulent rester au-delà de ce délai, elles devront présenter des demandes de résidence permanente. Et, pour pouvoir rester au Québec, répondre aux exigences de la province.

Ils doivent travailler deux ans dans un emploi qualifié. Et en plus, être à un niveau de 7 sur 12 quant à la francisation, donc être capables de communiquer de façon autonome, détaille Joany Boily, agente de liaison interculturelle à Beaupré, au Service d’accueil des nouveaux arrivants. Donc, ils ont trois ans pour atteindre ces objectifs-là, pour demander leur certificat de sélection du Québec. Ils n’ont pas le choix, pour avoir la résidence permanente au Canada.

Dans le cas des Ukrainiens, accueillis avant tout pour des raisons humanitaires, sans sélection, ce sera difficile de remplir ces exigences en si peu de temps, estime Joany Boily. C’est une pression énorme sur leurs épaules.

En particulier, le critère de l’emploi qualifié, qui s’est ajouté sous le gouvernement Legault. Eux [au gouvernement], ils ont décidé qu’ils voulaient seulement avoir des travailleurs qualifiés, alors qu’en réalité, souvent les emplois faciles à obtenir quand tu ne parles pas encore français, c’est des emplois non qualifiés, explique la jeune femme.

Les emplois ne manquent pas dans la restauration, les magasins ou les usines.

« Il y a plein d’employeurs qui veulent les engager! Des magasins ici ont fermé faute d’employés. On en a, des emplois à leur offrir! Mais trouver un emploi qualifié quand tu ne parles pas français, pas anglais, au Canada, au Québec, c’est difficile. »— Une citation de  Joany Boily, Service d’accueil des nouveaux arrivants

Un bon employé de plus!

Anton Lobiak travaille dans une usine de portes et fenêtres à Beaupré. Il s’est présenté un jeudi, et le lundi, il commençait. Il installe des thermos sur les cadres de fenêtre. Très nerveux au début à l’idée de casser une vitre, parfois aussi grande que lui, il aime néanmoins son travail.

Ce n’est pas un travail compliqué, c’est un travail répétitif, donc c’est facile à faire, dit Anton Lobiak au cours d’une entrevue traduite par un ami ukrainien arrivé au Québec il y a une douzaine d’années. Tant que j’ai deux bras, deux jambes, poursuit-il, je peux gagner mon argent, je ne veux pas rester à attendre qu’on me donne l’argent des impôts de quelqu’un d’autre.

Mais c’est un emploi non qualifié, qui ne nécessite pas d’études ou de diplôme​ particulier​ ni de grande expérience professionnelle​, alors que le Québec valorise plutôt, dans le cadre de son programme actuel de sélection, des emplois qualifiés. 

Payé 20 $ l’heure, 40 heures par semaine, il a appris rapidement le travail à faire. Son chef d’équipe, Simon Bédard, lui a tout expliqué une phrase à la fois à l’aide d’une application de traduction français-ukrainien sur son téléphone.

Maintenant ça va bien, il est rendu autonome. – Et vous avez un employé de plus! – Un bon employé de plus, corrige-t-il. Nous, peu importe d’où ils viennent, tant qu’ils sont efficaces et qu’ils veulent travailler, on est heureux.

On est enchantés de l’arrivée d’Ukrainiens dans la région. On a de la place pour eux, c’est certain, confirme Julie Bernatchez, conseillère en ressources humaines chez Caron et Guay.

Anton Lobiak vit dans la maison prêtée pour un an à sa famille, au cœur du village de Saint-Ferréol-les-Neiges, avec sa conjointe Elina, qui était professeure d’informatique, et leurs deux enfants, des jumeaux de neuf ans.

La petite Milana tend un dessin qu’elle vient de faire : une maison, la porte avec la sonnette, le petit garage et le drapeau du Canada. La fillette est très heureuse ici et ne veut plus repartir maintenant qu’elle s’est fait des amis dans le quartier.

Les parents veulent rester aussi. Je suis très content de la sécurité que ça me procure d’être ici, confie Anton. Je n’ai pas peur de laisser ma fille jouer toute seule sur le terrain qui est un peu plus loin. Ici, on a les portes d’entrée vitrées alors que chez nous, c’est des portes en métal à trois serrures.

Ce serait une perte pour le Québec

Même si la paix revenait en Ukraine, la famille ne souhaiterait pas y retourner. Tout dépend comment va se finir cette guerre-là. Et même après, au moment de la paix, savoir que tu habites à côté de ce voisin, qui est encore la Russie, ça ne m’inspire pas.

Si les règles d’immigration les incitaient à quitter le Québec pour une autre province, ce serait crève-cœur, après tant d’efforts déployés par la petite communauté pour faciliter leur intégration. C’est des gens travaillants, intelligents et ils sont prêts à rester, dit Marc Tremblay. C’est le Québec qui sera perdant s’il leur met des bâtons dans les roues!

Comment améliorer l’accueil des Ukrainiens au Québec? Selon le Service d’accueil des nouveaux arrivants Côte-de-Beaupré, il faudrait :

  • valoriser l’expérience professionnelle acquise dans un emploi non qualifié, pas seulement dans un emploi qualifié;
  • ajouter des classes de francisation à l’écart des grands centres, comme ici à Beaupré;
  • augmenter l’allocation versée pour l’apprentissage du français afin de permettre aux nouveaux arrivants de s’y consacrer et d’avoir un revenu suffisant.

Peut-être que, dans quelques mois, on va trouver une solution. En tout cas, j’espère! s’exclame Joany Boily, agente de liaison interculturelle. Ils veulent travailler, et nous, on a besoin d’eux. On gagne tellement à ce qu’ils soient ici!

Saint-Ferréol-les-Neiges, village de 3800 habitants sur la Côte-de-Beaupré, situé à 50 kilomètres de Québec.

Avec Radio-Canada par Myriam Fimbry

Canada-Québec: De la guerre aux bancs d’école, des Ukrainiens entament leur francisation

juillet 13, 2022

Des Ukrainiens s’initient au français à Trois-RivièresDes étudiants sont assis à leur pupitre dans une salle de classe.

Le reportage de Raphaël Brouillette Photo : Radio-Canada

L’école de francisation du Cégep de Trois-Rivières a reçu une première vague d’étudiants ukrainiens. Plusieurs exilés de guerre ayant trouvé refuge dans la région ont commencé, lundi, leur cours de français.

Dans la classe de Joanne Leblanc, plus de la moitié des élèves sont Ukrainiens. Ils suivront un cours intensif d’une durée de 11 semaines, où du matin au soir, ils apprendront les bases du français.

C’est tout l’alphabet et les prononciations, explique la formatrice Joanne Leblanc. Ce que plusieurs immigrants ne savent pas c’est qu’il y a le français et le québécois. Lire, écrire et parler sont des choses bien différentes. On leur montre le français écrit et on transforme les ‘’je suis’’ en ‘’j’suis’’. 

Parmi les étudiants ukrainiens, il y a Natalya Harasymchuk. Natalya veut apprendre le français pour s’intégrer, mais aussi par respect pour sa terre d’accueil. C’est pour le moment en anglais qu’elle nous l’exprime. 

C’est une nécessité de maîtriser le français ici, reconnaît-elle. Je pense que c’est une façon de respecter tout le monde. C’est un peu difficile, mais c’est intéressant. 

Elle, son mari et leur fils vivent chez une famille québécoise depuis leur arrivée en sol canadien au début du mois de juin. L’Ukrainienne en profite pour répéter ses nouvelles notions de français avec sa famille d’accueil, dans l’espoir de retourner promptement à son premier amour professionnel. 

J’espère qu’on va apprendre le français rapidement. Je suis une enseignante et j’aimerais travailler dans ce domaine. J’aimerais enseigner aux enfants , explique-t-elle.

L’avantage de la région comme terre d’accueil

Le mari de Natalya mise, lui aussi, sur le cours de francisation pour retrouver son ancienne profession de camionneur. L’apprentissage de la langue est pour eux un défi de taille, mais selon Joanne Leblanc, ils la parleront plus vite en demeurant dans une région comme en Mauricie, où le français est la langue d’usage au travail. 

On sait qu’à Montréal, on peut vivre en anglais. De ce que les étudiants me disent, parler en anglais à Trois-Rivières, c’est plus difficile. Ils doivent apprendre le français , explique-t-elle.

S’il sont jumelés avec des personnes qui parlent beaucoup en français, ça pourrait venir assez naturellement, confirme Sandra Ranaivoarivelo, agente de francisation à l’École de français du Cégep de Trois-Rivières. J’ai des Ukrainiens qui sont déjà assez avancés. 

Les formatrices croient donc que les conditions sont propices à l’intégration de Natalya et sa famille. Il s’agit pour eux d’un passage obligé, car il est encore trop tôt pour envisager un retour à la contrée d’origine. En Ukraine, c’est très dangereux. On veut se développer ici, pour un certain temps. Et la suite, la vie nous le dira. 

Par Radio-Canada avec les informations de Raphaël Brouillette

« Chaos », galère et colère pour les Ukrainiens voulant venir au Canada

mars 28, 2022

Les formalités administratives exigées par le gouvernement Trudeau afin de voyager vers le Canada sont « extrêmement compliquées ».

Les Ukrainiens se pressent, à Varsovie, dans le centre responsable des formalités administratives pour venir au Canada. Les places sont limitées et il est très difficile d’obtenir un rendez-vous. Photo : Radio-Canada/Yanik Dumont-Baron

L’angoisse est palpable. L’interrogation. Les doutes. La détresse. Tous ces sentiments se lisent, se devinent dans les yeux de ces Ukrainiens amassés dans un immeuble moderne de Varsovie, qui partagent le même espoir : rejoindre rapidement le Canada.

Des dizaines de personnes font la file, masque ou non sur le visage. Des jeunes. Des aînés. Des femmes, principalement, mais aussi des enfants.

Certains scrutent leur téléphone, d’autres dorment sur une chaise, lèvent la main ou tentent d’interpeller un représentant de la firme VFS Global, qui est responsable de réaliser les données biométriques des Ukrainiens voulant traverser l’Atlantique.

Outre temporairement l’ambassade canadienne, il n’y a qu’un centre agréé dans toute la Pologne. Ici, dans la capitale, où sont arrivés au cours des dernières semaines des centaines de milliers d’Ukrainiens fuyant les bombes et les attaques russes.

C’est le chaos pour obtenir les documents administratifs nécessaires afin de prendre l’avion vers le Canada, raconte Kyrylo, un Canadien d’origine ukrainienne rencontré sur place. Tout juste arrivé en Pologne, il est venu aider sa grand-mère et d’autres membres de sa famille.

En début de semaine, reprend-il, il y avait 500 personnesLes gens se poussaient. Le processus est extrêmement compliqué. C’est extrêmement stressant pour ces personnes qui sont déjà traumatisées par la guerre.

« Tout ce qu’on demande, c’est d’avoir la possibilité de ramener nos proches au Canada. Il y a plein de gens prêts à les aider au Canada. Pourquoi est-ce qu’on rend ça aussi compliqué? »— Une citation de  Kyrylo, un Canadien d’origine ukrainienne

À la mi-mars, Ottawa a lancé un programme spécial d’immigration afin de permettre aux Ukrainiens d’arriver rapidement au Canada. Toutefois, avant d’obtenir cette Autorisation de voyage d’urgence, dont la demande se fait en ligne, les candidats doivent impérativement fournir leurs photos et empreintes digitales.

La prise de rendez-vous est obligatoire. Et les créneaux libres sont rares.

Des enfants attendent, avec leurs parents, afin de réaliser leurs données biométriques pour arriver au Canada. Photo : Radio-Canada/Yanik Dumont-Baron

Plusieurs personnes nous ont confié leurs difficultés pour décrocher un tel rendez-vous. Une mission quasi impossible, décrivent-elles. Surtout en Pologne. Pendant trois jours, j’ai regardé toutes les 30 minutes, il n’y avait absolument rien de disponible, décrit Kyrylo, qui dit avoir finalement eu un coup de chance.

Les gens viennent donc sans rendez-vous et ça encombre le processus, poursuit-il.

Le site ne marchait pas, il « crashait ». On a donc décidé de venir sur place, mais on nous a répondu qu’on ne pouvait rien faire pour nous, confie quant à lui Haidei Amine, un Canadien d’origine ukrainienne qui tente d’avoir un visa pour son épouse afin de se rendre en Ontario.

Ce dernier décrit le parcours qui l’a mené jusqu’à Varsovie. On a quitté Sumy [dans le nord-est de l’Ukraine]. On était encerclés, c’était effrayant. Ça nous a pris trois jours pour arriver à Varsovie en voiture. Il y avait des centaines de chars russes sur le chemin.

Haidei Amine, originaire du Canada, vivait dans le nord-est de l’Ukraine avant le début de la guerre. Il espère retourner, avec sa femme, en Ontario dans les prochains jours. Photo : Radio-Canada

Une dizaine d’étudiantes ukrainiennes attendues à Montréal

Immigration Canada n’a pas répondu aux questions de Radio-Canada. À Varsovie, les employés de VFS Global ont refusé également de nous parler. Sur son site, l’entreprise reconnaît que certains de [ses] centres de réception des demandes de visa connaissent des volumes plus élevés que d’habitude.

Mi-mars, le ministère de l’Immigration assurait pourtant suivre de près la situation et avoir renforcé ses capacités dans toute l’Europe avec l’envoi de trousses mobiles à Varsovie, à Vienne et à Bucarest pour la collecte de ces données biométriques.

Après des heures passées au téléphone avec des amis et des membres de sa famille en Pologne, Magdalena Dembinska, visiblement épuisée, ne comprend pas toutes ces exigences réclamées par Ottawa.

Pourquoi ne pas faire venir ces personnes au Canada et faire les données biométriques à l’aéroport? s’interroge cette professeure titulaire en science politique à l’Université de Montréal.

Centre de rendez-vous des visas, à Varsovie, situé à l’étage, dans un immeuble moderne. Des centaines de personnes s’y retrouvent chaque jour pour tenter de rejoindre le Canada. Photo : Radio-Canada

Depuis plusieurs jours, Magdalena Dembinska, également membre du Centre d’études et de recherches internationales, se démène pour organiser le voyage et l’arrivée d’une dizaine d’étudiantes ukrainiennes de l’Université nationale de Kharkiv, une ville bombardée par l’armée russe.

« La seule et unique chose qui fait obstacle à l’arrivée de ces étudiantes, c’est les données biométriques. Tout le reste est prêt. »— Une citation de  Magdalena Dembinska, professeure à l’Université de Montréal

Devant l’impossibilité d’avoir un rendez-vous à Varsovie, plusieurs filles âgées de 17 à 19 ans vont traverser l’Europe pour se rendre à Lyon, à Lisbonne ou encore à Budapest. D’autres patientent toujours en Ukraine.

L’université d’Anastasiia Dombvroska, ici en Ukraine avant le début de la guerre, a été bombardée par l’armée russe. La femme s’apprête à rejoindre temporairement l’Université de Montréal. Photo : Courtoisie

On pensait que cette étape, dans leur parcours, ne serait qu’une simple formalité, mais ce n’est pas le cas. Elles sont vraiment dans le noir, regrette Martin Carrier, chargé de cours à l’Université de Montréal, en lien avec ses homologues ukrainiens, qui, face aux dangers, ont quitté Kharkiv.

« Pour leur sécurité, il faudrait agir rapidement. C’est une situation humanitaire. La réalité, c’est qu’il y a un danger réel pour ces étudiantes. Certaines ne veulent pas quitter l’Ukraine tant qu’elles n’ont pas un rendez-vous. »— Une citation de  Martin Carrier, chargé de cours à l’Université de Montréal

Hébergement, billets d’avion, intégration, suivi psychologique, cours de français : l’Université de Montréal assure avoir déjà tout prévu pour concrétiser cet échange universitaire qui pourrait durer plusieurs mois. Un fonds d’urgence a également été mis en place.

Il faut aider toutes ces personnes. Au total, il pourrait y en avoir de 20 à 30. Il y a des étudiantes, mais aussi des professeurs, des chercheurs, des postdoctorants qu’on pourrait accueillir, détaille Valérie Amiraux, la vice-rectrice.

« Le caractère urgent dramatise la difficulté. On aimerait que ce soit plus facile, en particulier avec une situation d’urgence comme celle-ci. »— Une citation de  Valérie Amiraux, vice-rectrice de l’Université de Montréal

Il faut donner à ces gens les moyens de continuer à se projeter, à imaginer un avenir, résume-t-elle. Mais on aimerait que ça aille plus vite.

Les tirs russes ont détruit des infrastructures sur le campus de l’Université nationale de Kharkiv le 2 mars 2022. Photo : Reuters/Oleksandr Laphyn

De Varsovie à Bratislava

Sylvain Gauthier a de son côté des propos plus virulents. Aux yeux de l’enseignant et coordinateur de programme pour l’Université McGill, ça n’a aucun bon sens.

J’essaie de faire venir une mère de famille ukrainienne et sa fille. Elles sont arrivées à Varsovie, elles n’ont jamais pu avoir de rendez-vous [pour les données biométriques], donc elles ont passé la nuit dehors, devant l’ambassade canadienne, sans chaise, sans eau, sans rien à manger, sans toilettes, puis un agent les a finalement renvoyées, détaille-t-il, tout en nous montrant une vidéo illustrant la longue file d’attente vécue par des centaines de personnes.

Il a finalement trouvé une solution. Guère simple. J’ai eu un rendez-vous pour dans quelques jours, mais à Bratislava, soupire-t-il. En Slovaquie, donc. À plus de 600 km de Varsovie.

Après avoir quitté l’Ukraine, Yanina Kovalenko est arrivée à Varsovie, mais elle n’a pu obtenir de rendez-vous pour effectuer ses données biométriques. Avec l’aide d’un enseignant montréalais, elle va finalement se rendre en Slovaquie, avec l’espoir de venir bientôt au Canada. Photo : Courtoisie/Yanina Kovalenko

Dans un échange avec Radio-Canada par messagerie, l’intéressée, Yanina Kovalenko, une esthéticienne de 36 ans, avoue être perdue. Je vais y aller en bus ou en train. C’est la première fois de ma vie que je vis un tel enfer. On a attendu 30 heures devant l’ambassade et on nous a dit à la fin que seules les personnes qui avaient un rendez-vous pouvaient entrer.

Bénévole pour le Parti libéral du Canada, Sylvain Gauthier ne mâche pas ses mots contre Immigration Canada.

« Partout, le gouvernement dit qu’on veut aider les Ukrainiens. Il y a peut-être de bonnes intentions, mais les troupes ne s’ajustent pas. C’est une honte. »— Une citation de  Sylvain Gauthier, enseignant

Ces femmes ont vécu des semaines d’enfer. Rien n’est facile pour elles. On le savait, pourtant, qu’il allait y avoir toutes ces personnes. C’est une crise. Comment ça se fait qu’on se retrouve dans cette situation?

Avec Radio-Canada par Romain Schué et Yanik Dumont Baron

Initiative du Canada et de l’UE pour les réfugiés ukrainiens

mars 26, 2022

Le premier ministre Justin Trudeau et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mercredi à Bruxelles. Photo: AFP/Geert Vanden Wijngaert

Le Canada et l’Union européenne (UE) ont annoncé samedi le lancement d’une collecte internationale de fonds en faveur des réfugiés ukrainiens, qui culminera le 9 avril avec une « conférence des donateurs » organisée conjointement par Bruxelles et Ottawa.La campagne « Agir pour l’Ukraine » cherche à mobiliser les gouvernements, les institutions, les artistes, les entreprises et les particuliers à allouer des fonds pour soutenir les efforts humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins, a expliqué le bureau du premier ministre canadien Justin Trudeau, dans un communiqué co-signé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Mme Von der Leyen et M. Trudeau ont indiqué répondre à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky pour qu’ait lieu le 9 avril, un grand rassemblement […] sur les médias sociaux pour soutenir les personnes qui ont été forcées de fuir l’Ukraine.

L’initiative de la Commission européenne et du gouvernement canadien est effectuée en partenariat avec l’Organisation non gouvernementaleONG Global Citizen.

Elle aura pour point d’orgue […] une conférence des donateurs organisée le 9 avril par la présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen, et le premier ministre Justin Trudeau, qui aura pour objectif de lever des fonds et de mobiliser un soutien plus large en faveur des réfugiés et déplacés ukrainiens.

Près de 3,8 millions de personnes ont fui l’Ukraine, majoritairement pour la Pologne, depuis l’invasion de l’armée russe le 24 février, selon l’Organisation des Nations uniesONU, qui estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.

Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, ont dû quitter leur foyer.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse

Canada-Québec/Réfugiés ukrainiens : le Service d’accueil des nouveaux arrivants se mobilise

mars 5, 2022

Nadia serrait contre elle sa petite-fille, au poste de frontière avec la Pologne. Photo : Radio-Canada/Frédéric Tremblay

Québec annonce un investissement de 5,7 millions de dollars pour mieux répondre au besoin de familles immigrantes. On veut leur offrir un meilleur accès à tous les services.

Une annonce qui tombe à point alors que la province pourrait accueillir sous peu de nombreux Ukrainiens.

Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet veut que son gouvernement prenne le relais du gouvernement fédéral dans le processus d’immigration. De l’Ukraine au Québec, c’est Ottawa qui prend en charge les visas, l’ambassade, le transport. Mais quand elles arrivent au Québec, c’est là qu’on prend en charge, dit-il.

Les organismes communautaires, les coopératives de services, les villes et MRC, tout le monde sera mis à contribution afin d’offrir un maximum de services aux migrants ukrainiens qui réussiront à fuir la guerre.

« On va évaluer leur besoin pour obtenir permis de conduire, des cours de français, inscrire leur enfant à l’école. On va s’assurer de les faire bénéficier du service québécois d’assurance maladie; des services de garderie et autres. »— Une citation de  Jean Boulet, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Selon le ministre, 42 500 personnes d’origine ukrainienne résident actuellement au Québec. Un programme spécial sera mis en place afin que les membres de leur famille puissent venir les rejoindre. Il explique que leur situation exceptionnelle fera en sorte que leur dossier sera traité en priorité.

Une situation exceptionnelle déjà vécue à Trois-Rivières

À Trois-Rivières, le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) est déjà mobilisé. En 2016, l’équipe a facilité l’arrivée d’une vingtaine de familles en Mauricie comme l’expliquait le directeur général Ivan Suaza : C’était une des premières villes, Trois-Rivières, qui était prête à recevoir les Syriens dans le temps. Alors, ce n’est pas une situation que nous ne connaissons pas. On connaît déjà la situation d’urgence.

« On a une bonne équipe de bénévoles, d’intervenants. J’ai déjà commencé à chercher des gens qui parlent russe un peu partout pour se préparer. »— Une citation de  Ivan Suaza, directeur général du SANA

Même si le temps presse, Ivan Suaza rappelle qu’il faut bien faire les choses : Il faut préparer les gens. Votre famille va aller à tel endroit, tout le monde va y aller. C’est dur quand on sépare les familles.

Tout comme le gouvernement fédéral, celui de Québec n’a pas l’intention d’imposer de limite. Le ministre Boulet n’anticipe pas une arrivée massive : On anticipe qu’on sera capable de respecter notre capacité d’accueil, d’intégration et de francisation. Si ça va au-delà de cette capacité-là, on aura à évaluer si on ajoute des ressources et des budgets additionnels.

Avec Radio-Canada par Jonathan Roberge

Canada: L’Ontario veut offrir jusqu’à 20 000 emplois à des réfugiés ukrainiens

février 26, 2022

L’Ontario évalue que jusqu’à 20 000 emplois seraient disponibles dans la province pour des réfugiés en provenance de l’Ukraine et se dit « prêt à investir des millions de dollars pour les accueillir ».Des Ukrainiens traversent la frontière de leur pays pour se rendre en Pologne.

© Kacper Pempel/Reuters Des Ukrainiens traversent la frontière de leur pays pour se rendre en Pologne.

En entrevue avec Radio-Canada, le ministre du Travail, de la Formation et du Développement des compétences de l’Ontario, Monte McNaughton, confie multiplier les appels depuis les 30 dernières heures» avec des leaders de la communauté ukrainienne, des syndicats et des employeurs du secteur privé en Ontario, notamment le secteur des TI et des métiers spécialisés.

Les employeurs sont prêts à offrir des emplois bien rémunérés avec des avantages sociaux à ces personnes», a dit le ministre. Il rappelle que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée s’est aggravée en Ontario depuis le début de la pandémie et que les besoins sont immédiats.

En conférence de presse dans une usine d’armement à London, le premier ministre Doug Ford a lancé un appel aux Ukrainiens qui fuient la tyrannie que la Russie impose» à leur pays. Nous allons vous accueillir à bras ouverts et vous aider de toutes les façons possibles», a-t-il déclaré, en ajoutant que de nombreux emplois intéressants sont libres en Ontario et que des services d’aide à l’établissement seront offerts.

Ottawa accélère en ce moment les demandes d’immigration des Ukrainiens qui tentent de fuir le pays. Quelque 1800 demandes ont déjà été approuvées et la majorité de ces personnes vont s’établir en Ontario, confirme le ministre McNaughton.

Doug Ford presse le fédéral d’augmenter le nombre de réfugiés ukrainiens qui pourront s’établir en Ontario et d’envoyer des avions chercher les gens là-bas.

La province appuie les organismes d’établissement pour recruter des interprètes et être en mesure d’offrir des cours d’anglais aux arrivants ukrainiens qui en auraient besoin. Le ministre dit aussi avoir suggéré à son homologue fédéral Sean Fraser la création d’une catégorie d’immigration spéciale» pour ces familles.

Monte McNaughton doit aussi s’entretenir avec son homologue québécois, Jean Boulet, vendredi après-midi.

L’Ontario a versé 300 000 $ à la Fondation Canada-Ukraine, jeudi. Le montant servira à des fins humanitaires, notamment à fournir de l’assistance médicale, des abris d’urgence et des denrées alimentaires, écrit le bureau de Doug Ford.

Pas de vodka russe à la LCBO

Le ministre des Finances Peter Bethlenfalvy a annoncé vendredi qu’il avait demandé à la Régie des alcools de l’Ontario de cesser de vendre des produits russes dans ses succursales.

Le chef du Parti libéral de l’Ontario, Steven Del Duca, avait de son côté écrit au PDG de la LCBO, George Soleas, pour lui demander de cesser de vendre de la vodka importée de Russie.

Interdire la vente de ces produits empêchera de financer davantage l’invasion illégale de l’Ukraine», avait-il fait valoir.

Doug Ford considère qu’il faut aller plus loin. La province examine les échanges économiques qu’elle a présentement avec la Russie. Nous devons frapper ce type avec tous les moyens dont nous disposons», a-t-il lancé en référence au président russe Vladimir Poutine.

Le premier ministre ontarien veut que le président américain Joe Biden change d’avis au sujet du pipeline Keystone XL et cesse d’acheter du pétrole russe.

Avec Radio-Canada par Natasha MacDonald-Dupuis

Plus de 150 000 réfugiés ukrainiens jusqu’à présent, selon l’ONU

février 26, 2022

La Pologne a reçu de 100 000 Ukrainiens fuyant la guerre sur son seul territoire.

Une femme entourée de bagages enlace un enfant.

Des réfugiés attendent un train pour la Pologne à la gare de la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. Photo : AFP via Getty Images/Yuriy Dyacyshyn

Des réfugiés fuyant la guerre en Ukraine affluent en Pologne, pays limitrophe à l’ouest, à bord de trains, d’autobus et d’automobiles transportant surtout des femmes et des enfants. En raison de la loi martiale, les hommes de 18 à 60 ans aptes à se battre doivent prendre les armes pour défendre leur pays.

Maria a voyagé à bord de l’un de ces autobus. Arrivée à destination après un parcours d’une durée de 24 heures, dont sept passées à la douane, elle est maintenant en sécurité, mais elle s’inquiète pour ses parents restés derrière.

Mes parents pourraient mourir d’ici un ou deux mois, dit-elle.

« C’est terrifiant! Je suis montée dans un autocar sans pouvoir faire un câlin à mes parents et je savais qu’ils retourneraient dans une ville qui était bombardée. »— Une citation de  Maria, une réfugiée ukrainienne

Des athlètes canadiens qui tiennent des drapeaux du Canada.

Le reportage de Raphaël Bouvier-Auclair

La Pologne a annoncé samedi que 100 000 Ukrainiens avaient déjà franchi ses frontières pour s’y réfugier, en réaction à l’attaque russe. La Moldavie, la Hongrie et la Roumanie, entre autres, ont également reçu de nombreux déplacés ukrainiens, a indiqué sur Twitter Filippo Grandi, haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés

Selon l’Organisation des Nations uniesONU, 150 000 personnes ont déjà fui l’Ukraine, et la crise pourrait provoquer le déplacement de 5 millions de réfugiés. Les pays membres de l’Union européenneUE promettent de les aider.

Nous le ferons en Européens, de manière coordonnée, responsable et solidaire, a déclaré le président de la France, Emmanuel Macron.

Du côté polonais de la frontière, des citoyens sont venus offrir leur soutien aux personnes déplacées.

Dans un élan de solidarité, un résident de Varsovie a offert aux réfugiés un déplacement jusqu’à la capitale à bord de son automobile. D’autres ont apporté du matériel de premiers soins dans le but de l’expédier vers l’Ukraine.

À ce même poste frontalier, à contre-courant des réfugiés, un soldat ukrainien habitant la Pologne compte joindre le front.

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a d’autre part dénoncé samedi à Berlin l’égoïsme en béton de certains pays occidentaux, y compris ici, en Allemagne, après l’invasion russe de l’Ukraine.

C’est pourquoi je suis venu ici, chez le chancelier Olaf Scholz, pour ébranler les consciences, ébranler la conscience de l’Allemagne. Pour que [les Allemands] se décident finalement à imposer des sanctions vraiment écrasantes contre la Russie, a affirmé M. Morawiecki aux journalistes polonais.

Par ailleurs, la Russie a annoncé la fermeture de son espace aérien pour les avions liés à la Pologne, la Bulgarie et la République tchèque, après une décision similaire prise par Varsovie, Sofia et Prague à l’encontre des compagnies aériennes russes.

Radio-Canada avec les informations de Raphaël Bouvier-Auclair et de l’Agence France-Presse

Le Canada doit être prêt à accueillir les Ukrainiens en toute sécurité, dit un expert

février 25, 2022

Des familles ukrainiennes fuyant le conflit dans leur pays marchent avec leurs bagages après avoir franchi la frontière entre la Hongrie et l’Ukraine près de Beregsurany, le 25 février 2022, au lendemain de l’offensive militaire russe contre l’Ukraine. Photo: Getty Images/Attila Kisbenedek

L’Europe est confrontée à une nouvelle crise migratoire massive en raison de l’invasion russe en Ukraine et le Canada devrait se préparer à fournir l’asile à ceux qui fuient la violence, selon un expert canadien en sécurité.

Ce serait une chance pour le Canada de vraiment, vraiment intervenir, a déclaré Michael Bociurkiw, un Canadien en Ukraine qui a été le porte-parole de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe au plus fort des tensions qui ont suivi l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie en 2014.

[Il faut] dire aux Ukrainiens : vous êtes les bienvenus au Canada, avec, vous savez, l’assouplissement des règles sur les visas, les séjours temporaires, ce genre de choses, a-t-il précisé.

Le Canada a promis de donner la priorité aux demandes d’immigration en provenance d’Ukraine(Nouvelle fenêtre) afin de mettre en sécurité les personnes fuyant le pays le plus rapidement possible.

Le premier ministre Justin Trudeau a également annoncé jeudi la création d’une nouvelle ligne d’assistance téléphonique, pour toute personne au pays ou à l’étranger ayant des questions urgentes d’immigration liées à l’Ukraine.

Nous avons travaillé ces dernières semaines pour nous préparer exactement à de telles éventualités, a déclaré jeudi le premier ministre.Une femme avec un chat dans un sac attend dans une gare.

Des citoyens ukrainiens attendent à la gare de Przemysl, en Pologne, près de la frontière ukrainienne, le 24 février 2022, après avoir fui l’Ukraine sous les bombardements russes. Photo: Getty Images/Janek Skarzynski

M. Bociurkiw s’est exprimé jeudi depuis la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, où la journée a commencé tranquillement avec une procession ordonnée de résidents faisant la queue devant les distributeurs automatiques de billets et s’approvisionnant dans les magasins avant de laisser place aux sirènes de raid aérien et à la panique organisée.

Des annonces publiques ont dit aux gens de s’abriter sur place et de fermer leurs arrivées de gaz.

M. Bociurkiw a vu une demi-douzaine de véhicules transportant les derniers diplomates canadiens partir pour la frontière polonaise après avoir récemment déménagé à Lviv depuis la capitale Kiev, qui a subi de violents bombardements.

M. Bociurkiw a ajouté que les diplomates occidentaux à qui il avait parlé avaient exprimé leurs craintes que la région ne soit menacée par des colonnes de chars russes venant de Biélorussie, il a donc compris le calcul de partir.

Il a prédit que les Ukrainiens eux-mêmes prendraient bientôt cette décision aussi. De nombreux résidents de Lviv, décrite comme la capitale culturelle de l’Ukraine, pourraient être bien adaptés à une nouvelle vie au Canada, selon lui.

Lviv est la Silicon Valley de cette partie de l’Europe. Tant d’Ukrainiens talentueux, dont beaucoup ont plusieurs diplômes. C’est exactement le type d’immigrants dont nous avons besoin au Canada en ce moment. Des médecins, des dizaines de milliers de gens de l’industrie médicale ici sont extrêmement qualifiés, a déclaré M. Bociurkiw.

En effet, plus d’un million d’Ukrainiens vivent déjà au Canada et, en 2016, environ 4 % des personnes au Canada qui ont répondu au recensement se sont identifiées comme étant d’origine ukrainienne.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, gravement préoccupé par la détérioration rapide de la situation en Ukraine et les conséquences humanitaires dévastatrices qu’elle aura, a exhorté les pays voisins à garder leurs frontières ouvertes aux Ukrainiens qui cherchent la sécurité à l’extérieur du pays.

Le Canada pourrait également faire face à une demande d’ouverture de ses frontières, car on ne sait pas combien de temps l’Europe gardera les siennes ouvertes ou dans quelle mesure elle sera disposée à accueillir ce qui pourrait être un afflux de millions de nouveaux demandeurs d’asile, a précisé M. Bociurkiw.

Il y a beaucoup de lassitude des migrants, si l’on peut dire, en Europe, a-t-il souligné.

Le Canada doit en faire plus, selon Jagmeet Singh

Compte tenu de la pression exercée sur la communauté internationale et le peuple ukrainien, le Canada doit faire plus que donner la priorité aux demandes de ceux qui fuient les zones de conflit, a déclaré jeudi le chef du NPD, Jagmeet Singh.

Nous ne pouvons pas avoir un autre scénario comme celui que nous avons vu en Afghanistan, où les gens fuyaient la tragédie en Afghanistan et n’ont pas pu arriver au Canada en raison de défis dans le système qui ont rendu les choses si compliquées, qui ont rendu leur candidature si difficile, a affirmé M. Singh.

Il a suggéré que le gouvernement permette aux Ukrainiens de venir sans visa, afin de rendre le processus aussi simple que possible pour que les gens trouvent la sécurité au Canada.

Le gouvernement s’est engagé à faire venir 40 000 réfugiés afghans au Canada lorsque les États-Unis ont annoncé qu’ils retireraient leurs forces militaires du pays, ce qui a finalement conduit le gouvernement afghan à tomber aux mains des talibans en août dernier.

Le gouvernement prévoit qu’il faudra deux ans pour atteindre cet objectif et, jusqu’à présent, seulement 7885 environ sont arrivés sur le sol canadien.

Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a déclaré que la difficulté réside dans le fait que le Canada n’a pas de présence diplomatique dans le pays et qu’il n’y a aucun moyen de faire sortir les Afghans du pays.

Nous pensons que c’est une situation différente, a déclaré Nicole Giles, sous-ministre adjointe d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) lors d’un point de presse jeudi.

Le Canada entretient des liens étroits avec le gouvernement ukrainien qui détient toujours le pouvoir et l’Ukraine partage des frontières avec l’Union européenne. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada IRCC a également des bureaux des visas et des centres de demande de visa dans les zones voisines, a précisé Mme Giles.

Le ministère avait préparé des ressources supplémentaires dans la région en prévision d’un afflux important de demandes à venir au Canada.

Le gouvernement a accepté de délivrer des titres de voyage aller simple aux Ukrainiens et aux membres de la famille des citoyens canadiens et des résidents permanents qui n’ont pas de titres de voyage.

Les ressortissants ukrainiens au Canada peuvent également demander une prolongation de leur permis d’études ou de travail pour rester en toute sécurité dans le pays, a-t-elle conclu.

Avec La Presse canadienne

L’économie polonaise manque de bras… et regarde vers l’Est

avril 28, 2018

Publicité pour une entreprise polonaise qui recrute des travailleurs étrangers, dans le centre de Varsovie, le 26 avril 2018 / © AFP / JANEK SKARZYNSKI

Au volant de sa Mercedes toute neuve, un entrepreneur polonais contemple pensivement l’affiche ornant l’arrière d’un bus municipal devant lui: « Bâtisseurs, soudeurs. Travailleurs d’Ukraine et du Bangladesh ».

« Pour le moment nous prenons surtout les Ukrainiens et quelques Bélarusses », dit l’homme qui gère une entreprise de logistique à Varsovie. « On n’a pratiquement plus de Polonais, ils travaillent tous en Allemagne ou en Grande-Bretagne ».

Il préfère ne pas se nommer, ni son entreprise. « Question d’image », dit-il sans sourire.

Cette situation ne peut que s’aggraver, selon les démographes, et mettre en péril la croissance de l’économie polonaise, rapide et, exception remarquable, ininterrompue depuis la chute du communisme en 1989.

Les projections sont sombres. La génération du baby-boom des années 50, qui avait vu 800.000 naissances par an, est en train de quitter le marché du travail. Celle des années 90 qui arrive, représente environ la moitié de ce chiffre. S’y ajoute l’émigration de travailleurs qualifiés vers l’Europe de l’Ouest, où les salaires sont meilleurs.

D’après les prévisions d’experts, basées sur les projections de l’Office central des statistiques, à l’horizon 2030 un emploi sur cinq sera vacant. L’économie polonaise aura besoin de 20 millions de travailleurs, mais la population active tombera à 16 millions de personnes.

Ni le réservoir de main d’œuvre des campagnes – l’agriculture, comptant des millions de petites exploitations, emploie relativement plus de travailleurs qu’en France ou en Allemagne – ni l’embauche de chômeurs, de moins en moins nombreux (6,6% de la population active en mars 2018), ni les retraités réembauchés, ne pourront y remédier.

Dans le BTP, le déficit atteint d’ores et déjà environ cent mille personnes, confirme à l’AFP le vice-président de l’Union polonaise des Employeurs du Bâtiment, Rafal Baldys Rembowski.

Le numéro un du secteur, Budimex (du groupe espagnol Ferrovial) voudrait embaucher mille personnes, indique son porte-parole Krzysztof Koziol.

– Du mal à embaucher –

« Nous ressentons un déficit de main d’œuvre dans notre entreprise, dit-il à l’AFP, mais tout aussi bien chez nos sous-traitants qui s’en plaignent. Parfois ils nous proposent de fournir des engins en précisant qu’ils n’ont personne pour les piloter. On manque de travailleurs pratiquement dans toutes les professions: maçons, charpentiers, bétonniers, plâtriers, paveurs, chauffeurs, conducteurs d’engins. Les contremaîtres et les ingénieurs manquent aussi. »

Les chaînes de la grande distribution – dont beaucoup de françaises, entre Auchan, Carrefour et Leclerc – n’ont pas eu à licencier du personnel lorsqu’une loi leur a imposé de fermer leurs magasins le dimanche. « On a plutôt du mal à embaucher », reconnaît un responsable qui préfère garder l’anonymat.

Du coup, la Pologne (qui a fermé sa porte aux réfugiés pour des raisons de sécurité) doit repenser sa politique d’immigration, reconnaît le ministre des Investissements et du Développement Jerzy Kwiecinski.

« Notre économie a d’ores et déjà besoin de travailleurs étrangers et à l’avenir on en aura besoin de plus en plus », a-t-il dit lors d’une conférence de presse fin mars.

Le gouvernement a adopté un document intitulé « Priorités sociales et économiques de la politique migratoire ». Il s’agit de l’adapter aux besoins du marché du travail et de favoriser l’entrée des professionnels qui manquent en Pologne, d’inciter les Polonais émigrés à rentrer au pays, y compris avec leurs entreprises, et de freiner la fuite de la main d’œuvre.

– Sept mille Népalais –

Le gouvernement veut aussi faciliter l’accès des étrangers aux études supérieures dans les secteurs importants pour l’économie, développer pour eux l’enseignement du polonais et simplifier les formalités grâce au système de « guichet unique ».

Certes, les étrangers, et notamment les Ukrainiens, n’ont pas attendu ces mesures pour affluer en Pologne, parfois sans permis de travail ni visa, mais dans ce cas les régulations en vigueur les contraignent à retourner chez eux au bout de trois mois, avant de repasser à nouveau la frontière polonaise trois mois plus tard. Et s’ils travaillent au noir, ils risquent une amende.

Selon les estimations de la banque centrale polonaise NBP, un million d’Ukrainiens travaillent actuellement en Pologne et ce chiffre augmentera de 200.000 à 300.000 au cours des prochaines années.

D’après le ministère de la Famille, du Travail et de la Protection sociale, la Pologne a délivré l’an dernier aux étrangers plus de 235.000 permis de travail, dont plus d’un quart octroyés aux femmes. Les Ukrainiens sont les plus nombreux, avec 192.547 permis, les Bélarusses suivent loin derrière, avec 10.518 autorisations. Le troisième groupe national sont, signe des temps, les 7.075 Népalais.

Romandie.com avec (©AFP / 28 avril 2018 12h44)                

Savtchenko prête à négocier avec les rebelles prorusses

mai 27, 2016

La pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko a affirmé vendredi être prête à négocier avec les séparatistes prorusses de l’Est du pays afin de libérer les Ukrainiens encore détenus. Elle a été libérée mercredi après environ deux ans de détention en Russie.

« Je suis prête à parler avec le diable lui-même pour récupérer chacun des nôtres », a t-elle déclaré lors de sa première conférence de presse depuis sa libération.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine a affirmé jeudi que 174 Ukrainiens étaient incarcérés en Russie, en Crimée ou bien capturés par les rebelles dans l’Est.

« Je ne suis pas d’accord lorsqu’on dit qu’il ne faut pas avoir de contacts politiques avec les séparatistes. J’aurai des contacts avec tous », a renchéri la jeune femme de 35 ans, qui a commencé et achevé sa conférence de presse en entonnant l’hymne ukrainien.

Faire ce qu’il faut
« Que dire à (Vladimir) Poutine? Éloigne-toi de l’Ukraine! Éloigne-toi de tous les pays auxquels tu t’accroches! », a lancé Nadia Savtchenko.

Elle a affirmé être prête à se battre pour l’Ukraine, mais aussi à faire la paix. « Si là-bas, ils (les séparatistes, ndlr) sont aussi prêts à cela, alors nous trouverons un terrain entente », a-t-elle dit.

Interrogée sur son avenir, la jeune femme, élue députée alors qu’elle était en prison, est restée vague.

« Ukrainiens, si vous voulez que je devienne présidente, alors parfait je serai présidente », a-t-elle lancé. « Honnêtement, je ne dis pas que je le veux. J’aime voler. Mais je ferai tout ce qu’il faut », a ajouté la pilote d’hélicoptère.

Symbole du conflit
Mme Savtchenko a été échangée mercredi contre deux Russes, accusés par Kiev d’être des agents des services secrets militaires russes (GRU). A son retour à Kiev, elle a été accueillie en héroïne.

Cette femme aux cheveux courts, connue pour son insoumission, était devenue pour les Ukrainiens un symbole du conflit, qui a fait près de 9300 morts dans l’Est du pays, avec les séparatistes prorusses soutenus, selon Kiev et les Occidentaux, par l’armée russe.

La jeune femme purgeait en Russie une peine de 22 ans de prison pour avoir, selon des accusations qu’elle rejette, fourni à l’armée ukrainienne la position de deux journalistes de la télévision publique russe tués par un tir de mortier dans l’est du pays en juin 2014. Elle a toujours affirmé avoir été capturée avant leur mort par des rebelles en Ukraine, puis livrée en juillet à Moscou.

Interrogée sur les conditions de sa libération, Mme Savtchenko a affirmé n’en avoir rien su, jusqu’au dernier moment. « On est venu me chercher la nuit et on m’a dit ‘Prépare tes affaires!’. On ne m’a pas dit où on allait. Je ne savais pas si j’allais en Sibérie, à Magadan (dans l’Extrême-Orient russe, ndlr) (…) ou en Ukraine », a-t-elle déclaré.

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