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Vaucresson, France : Incendie à la résidence de l’ambassadeur du Congo auprès de l’Unesco

janvier 27, 2023

Un des locaux diplomatiques en France a fait l’objet d’un incendie sans en connaître l’origine

Incendie à la résidence de l’ambassadeur du Congo auprès de l’Unesco à Vaucresson, mardi 24 janvier 2023

Photo : Incendie à la résidence de l’ambassadeur du Congo auprès de l’Unesco à Vaucresson, mardi 24 janvier 2023

La résidence de l’ambassadeur du Congo auprès de l’Unesco à Vaucresson est en piteux état. Un incendie a grandement endommagé cet immeuble diplomatique mardi 24 janvier en milieu d’après-midi.

Un des deux gendarmes présent sur le site témoigne  en confiant qu’un enfant de 2ans et l’épouse d’un diplomate ont eu la vie sauve grâce à une exfiltration des flammes par la fenêtre depuis le 1er étage. « L’enfant a été réceptionné dans les bras d’un gendarme ; il est sain et sauf, tandis que la maman s’en est sortie avec une fracture », a-t-il confié.

Le feu a été circonscrit par une brigade de sapeurs-pompiers venus très rapidement sur les lieux pour éteindre l’incendie dont la provenance demeure inconnue.

De l’extérieur, la façade s’est embrasée, ainsi qu’une partie du toit. La maison est placée sous scellés, a précisé l’un des deux agents affectés à la sécurité de l’immeuble. 

Une plainte a été déposée et s’ajoute aux précédentes concernant les tentatives de sinistres déjà subies par cet immeuble.

Rappelons que, malgré l’immunité d’exécution dont bénéficie cet immeuble diplomatique, il fait l’objet d’une tentative de saisie dans l’affaire qui oppose le Congo à Mohsen Hojeij.

Pour un tel acte dont l’origine n’a pas encore établie, les regards se tournent vers les « Ex Combattants « . Joint au téléphone, Anicet Ngoma, porte-parole du Collectif, décline toute implication de près ou de loin envers cet acte pyrogène qui jette le discrédit à la nouvelle structure congolaise qui prône plutôt la paix, la non-violence et toutes autres formes de déstabilisation du « vivre-ensemble « . 

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

Coopération : Isabel Machik Ruth Tshombe présente ses lettres de créance à la directrice générale de l’Unesco

septembre 15, 2022

La nouvelle déléguée permanente de la République démocratique du Congo (RDC) auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), l’ambassadeur  Isabel Machik Ruth Tshombe, a présenté, le 14 septembre au siège de cette institution, à Paris, en France, ses lettres de créance à Audrey Azoulay.

Isabel Matchik Tshiombe et Audrey Azoulay/ Unesco – Fabrice Gentille

Isabel Tshombe et Audrey Azoulay ont profité de leur première rencontre pour échanger sur  les questions d’intérêt commun entre la RDC et l’Unesco,  notamment des sujets liés à la culture et l’éducation.

A l’issue de cette rencontre, la déléguée de la RDC a relevé les points de convergence avec l’Unesco, étant donné, a-t-elle fait savoir, que le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, a mis un accent particulier sur la culture. Relevant la joie et le prestige de son pays de voir la rumba congolaise être reconnue comme patrimoine de l’humanité, elle a rappelé la joie de ce pays de partager son identité avec le monde.

Le prochain sommet de l’Organisation des Nations unies sur la transformation de l’éducation, qui se tiendra du 16 au 19 septembre à New York, aux Etats-Unis, a également été au nombre des sujets évoqués par les deux personnalités.

L’ambassadeur de la RDC en France, Isabel Machik Ruth Tshombe, rappelle-t-on, est aussi ambassadeur à Andorre et Monaco. Elle a également été, il y a peu, représentante personnelle du chef de l’Etat congolais à la Francophonie. Un poste qu’elle assumait concomitamment avec celui d’ambasasdeur auprès de la République française.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza

Concours d’essai : la fondation Goi peace et l’Unesco accordent la parole à la jeunesse

avril 23, 2022

L’édition 2022 du concours international d’essai « Goi peace/Unesco » est ouverte à toute personne âgée de 25 ans, au maximum, au 15 juin, date limite de candidatures.

L’affiche du concours/DR

Depuis 2013, la fondation Goi peace, en partenariat avec la commission japonaise de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), organisent le concours international de rédaction en faveur des jeunes du monde entier. Cette initiative permet de ressortir et mettre en avant l’énergie, l’imagination et la volonté des jeunes à promouvoir une culture de paix et du développement durable. Elle contribue également à inciter la société à apprendre des jeunes esprits et à réfléchir à la façon dont chacun peut faire une différence dans le monde.

Cette année, le thème retenu est « Mes valeurs ». Pour les participants, comme le soulignent les organisateurs dans l’appel à candidatures, il s’agit de cerner que « nos valeurs déterminent notre façon de penser et d’agir, et elles façonnent la société dans laquelle nous vivons. Quelles sont les valeurs qui vous sont chères ? Comment pouvez-vous vivre au mieux votre vie en accord avec ces valeurs et, ce faisant, quel type de société, espérez-vous créer ? ».

Au programme, deux catégories en compétition : enfants (jusqu’à 14 ans) et jeunes (15 à 25 ans). Les candidatures peuvent être soumises personnellement par le candidat ou par les enseignants et directeurs d’école. A ce propos, les organisateurs exigent que les dissertations soient originales et non publiées ; écrites par une seule personne, car les essais rédigés en collaboration ne sont pas acceptés ; soumises uniquement en ligne et non par courrier postal ou électronique. En cela, chaque postulant est invité à se rendre sur la page d’inscription en ligne et suivre les étapes requises.

Pour chaque catégorie, un premier prix sera attribué au lauréat qui recevra un certificat, une somme de 100 000 yens (environ 472 966 FCFA) et un cadeau. Pour le deuxième prix, le jury récompensera deux participants de chaque catégorie à travers un certificat, une enveloppe de 50 000 yens (environ 236 483 FCFA) et un cadeau. Le troisième prix, dont bénéficieront cinq participants, sera constitué d’un certificat et d’un cadeau. A cela s’ajoute « la mention honorable », destinée à vingt-cinq participants, qui comprendra un certificat et un cadeau ; ainsi que des prix supplémentaires (prix de la meilleure école, prix d’encouragement à l’école) qui pourront être décernés, le cas échéant.

A en croire les organisateurs, les gagnants du 1er au 3e prix seront invités à la réunion des gagnants qui se tiendra en ligne. Tous les gagnants seront annoncés, le 31 octobre, sur le site web du concours. Les certificats et les cadeaux seront envoyés aux gagnants en décembre.

Avec Adiac-Congo par Merveille Atipo

Concours Netflix/Unesco : Machérie Ekwa-Bahango parmi les 21 cinéastes en herbe sélectionnés

février 7, 2022

Netflix et l’Unesco ont annoncé, le 1er février, les vingt et un participants sélectionnés pour la suite du concours inédit « Contes populaires africains réinventés ».

1-Machérie Ekwa

L’un des principaux objectifs du concours est de découvrir de nouveaux talents et leur donner une visibilité à l’échelle mondiale. « Nous voulons dénicher les adaptations les plus audacieuses, surprenantes et pleines d’esprit des contes populaires les plus affectionnés d’Afrique et les partager avec les cinéphiles du monde entier, dans 190 pays », indique l’Unesco.

Les candidats, expliquent les organisateurs, ont été choisis à l’issue d’un processus d’évaluation rigoureux au cours duquel des professionnels de l’industrie du cinéma, originaires d’Afrique, ont minutieusement étudié plus de 2080 candidatures en plusieurs langues provenant de tout le continent. Les candidats sélectionnés constituent un groupe de créateurs africains dynamiques issus de treize pays.

Ces vingt et un cinéastes émergents participeront à la phase suivante du concours au cours de laquelle ils présenteront leurs projets à un jury de mentors dont Bongiwe Selane (Afrique du Sud), Leila Afua Djansi (Ghana), David Tosh Gitonga (Kenya), Femi Odugbemi (Nigéria), Jean-Luc Herbulot (République du Congo), ainsi que des représentants de Netflix et de l’Unesco qui les guideront tout au long du processus.

Six réalisateurs à sélectionner

Le jury, indique l’Unesco, sélectionnera six réalisateurs qui recevront une subvention de production de 75 000 dollars (par le biais d’une société de production locale) pour développer, tourner et assurer la post-production de leurs films. « Netflix et les mentors veilleront à ce que toutes les personnes participant à la production soient équitablement rémunérées. Chacun des six lauréats recevra également 25 000 dollars », explique l’organe des Nations unies.

En dehors de la Congolaise Machérie Ekwa, les autres cinéastes sélectionnés sont Gcobisa Yako (Afrique du Sud) ; Ndiyathemba Modibedi (Afrique du Sud) ; Mphonyana Mokokwe (Botswana) ; Ebot Tanyi (Cameroun) ; Anne Catherine Tchokonté (Cameroun) ; Venance Soro (Côte d’Ivoire) ; Nader Fakhry (Côte d’Ivoire) ; Noni Ireri (Kenya) ; Oprah Oyugi (Kenya) ; Voline Ogutu (Kenya) ; Volana Razafimanantsoa (Madagascar) ; Mohamed Echkouna (Mauritanie) ; Anita Abada (Nigeria) ; Akorede Azeez (Nigeria) ; Tongryang Pantu (Nigeria) ; Nosa Igbinedion (Nigeria); Loukman Ali (Ouganda) ; Katya Aragão (Sao-Tomé-Et-Principe) ; Walt Mzengi (Tanzanie) et Samuel Kanyama (Zambie).

2- L’affiche du concours

Scénariste et réalisatrice

Titulaire d’une licence en droit, scénariste et réalisatrice, passionnée de cinéma, Machérie Ekwa, 29 ans, est autodidacte. Elle a suivi des ateliers de scénario et de réalisation, tout en poursuivant ses études de droit. « Maki’la », son premier film en tant que réalisatrice, est sorti en 2018. Il met en scène des enfants de la rue.

Machérie Ekwa a participé au festival de Cannes pour la première fois en 2017, en tant que jeune talent invitée à la table ronde « Passer l’Afrique au détecteur de talent », organisée par l’Organisation internationale de la Francophonie et l’Institut français. En décembre 2017, elle a été sélectionnée au programme Berlinale Talents 2018 mais n’a pas pu y participer, son film « Maki’la » étant sélectionné la même année au Forum du 68e Festival international du film de Berlin.

Le film a remporté le prix BECCE de la dramaturgie (Berlinale/Section Forum) ; le grand prix aux Ecrans noirs (Cameroun) ; le prix du jury aux Journées cinématographiques de Carthage; le prix du jury au festival de film des femmes de salé (Maroc) et le grand prix au festival du film de Cologne. Par ailleurs, Machérie Ekwa a collaboré aux films « Kimpa Vita : la mère de la révolution africaine » et « Félicité » du réalisateur sénégalo-français Alain Gomis, où elle était en charge de la traduction du scénario en lingala.

En 2016, Machérie Ekwa, alors âgée de 23 ans, a écrit six épisodes de la série télévisée « Ndakisa : lobi mokolo ya sika », film institutionnel financé par l’ONG américaine Search For Common Ground. Elle développe actuellement le scénario de son deuxième long-métrage intitulé « Zaïria ».

Avec Adiac-Congo par Patrick Ndungidi

OMC, SFI, Unesco… trois Africains aux manettes des institutions mondiales

décembre 29, 2021
Makhtar Diop, Ngozi Okonjo-Iweala et Lazare Eloundou Assomo. © Montage JA : Chine Nouvelle/SIPA – Bruno Lévy pour JA – Christelle Alix/UNESCO

Ngozi Okonjo-Iweala, Makhtar Diop, Lazare Eloundou Assomo… Ils sont à la tête de l’Organisation mondiale du commerce, de la Société financière internationale et du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco. Des places à la hauteur des enjeux du continent.

Ngozi Okonjo-Iweala, une briseuse de plafond de verre à l’OMC

Ngozi Okonjo-Iweala, première patronne africaine de l’OMC.
Ngozi Okonjo-Iweala, première patronne africaine de l’OMC. © ERIC BARADAT/AFP

À la fois première femme et première Africaine à devenir directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, 67 ans, a pris la tête de l’institution en février dernier, après une longue campagne au cours de laquelle elle a su fédérer les soutiens, notamment sur le continent. « L’Afrique pourra être fière de voir une de ses filles capable de faire le job », glissait-elle, en septembre 2020, dans un long entretien qu’elle avait accordé à Jeune Afrique.

Désignée comme l’une des femmes « les plus influentes » de 2021 par le Financial Times, elle a « brisé tous les plafonds de verre par l’ampleur de ses compétences, son intégrité absolue et sa bonne humeur », écrit Christine Lagarde, désormais patronne de la Banque centrale européenne.

Dès son arrivée à la tête de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala a également entrepris de féminiser la direction générale de l’institution, où elle a instauré une stricte parité homme-femme. « C’est la première fois dans l’histoire de notre organisation que la moitié des directeurs généraux sont des femmes. Cela souligne mon engagement à choisir des dirigeants talentueux pour notre organisation tout en atteignant un équilibre entre les sexes aux plus hauts postes », s’est-elle félicitée.

Sur son bureau, à Genève, où elle a pris ses quartiers, trois dossiers brûlants ont été laissés en souffrance par le Brésilien Roberto Azêvedo, son prédécesseur : la question de la propriété intellectuelle des vaccins, les négociations sur les subventions aux pêcheurs et, chantier particulièrement complexe, la remise sur les rails d’un multilatéralisme largement mis à mal par la guerre économique entre la Chine et les États-Unis. À LIREComment la Chine et les États-Unis se disputent l’Afrique

Dès le mois d’avril, la Nigériane exhorte les pays d’Afrique à s’entendre pour une mutualisation de leurs forces et de leurs ressources afin de créer leurs propres vaccins. Parallèlement, elle travaille à convaincre les pays riches de lâcher du lest sur la question de la levée des brevets.

« À long terme, surtout si nous devons vivre avec ce virus [le Covid-19] pendant plusieurs années, nous devons disposer d’une base mondiale de production de vaccins plus diversifiée géographiquement, plaidait-elle en mai dernier. Le fait que l’Afrique dispose de moins de 0,2% des capacités mondiales de production ne contribuera pas à la résilience de l’offre. » Mais près de dix mois après avoir engagé ce combat, Ngozi Okonjo-Iweala ne peut que constater que les négociations sont « bloquées » sur ce point. 

Makhtar Diop, le « bon choix » à l’IFC

Le Sénégalais Makhtar Diop est le premier dirigeant subsaharien aux commandes de IFC, filiale du groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé.
Le Sénégalais Makhtar Diop est le premier dirigeant subsaharien aux commandes de IFC, filiale du groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé. © Bruno Levy pour JA

« Right choice, right time » (« Le bon choix au bon moment »). Le message de félicitations adressé par le Rwandais Donald Kaberuka, ex-président de la Banque africaine de développement, à Makhtar Diop, lorsque sa nomination à la tête de la Société financière internationale (IFC, filiale de la Banque mondiale qui intervient dans le secteur privé) avait le mérite de la concision. Mais il résumait l’état d’esprit d’une large partie de la nomenklatura financière africaine.

Premier Africain à prendre les rênes de l’organisation, l’économiste sénégalais de 60 ans a pris la suite du Français Philippe Le Houérou, le 1er mars dernier, au terme d’un processus de sélection particulièrement difficile. Pas moins d’une centaine de candidats se pressaient au portillon, dont certains poids lourds, de l’économiste camerounaise Vera Songwe au ministre ivoirien Thierry Tanoh, tous deux d’anciens d’IFC, en passant par le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam ou l’ancien Premier ministre togolais Gilbert Houngbo.

Ex-ministre des Finances (2000-2011) du Sénégal, Makhtar Diop a été le premier Africain francophone à être nommé vice-président de la Banque mondiale chargé de l’Afrique. En 2014, il s’était lancé dans la course pour prendre la direction de la Banque africaine de développement, avant de finalement se retirer, laissant un boulevard au Nigérian Akinwumi Adesina.

À la tête de l’IFC, Makhtar Diop a une urgence : « Tout faire pour relancer la machine économique, en particulier en Afrique, le continent le plus affecté par la crise [du Covid-19] ». Dans l’entretien que le Sénégalais a accordé à Jeune Afrique en juillet dernier, le patron de l’IFC détaillait ce qu’il nomme sa « stratégie 3.0 », consistant à ne pas se focaliser sur les opérations financièrement viables, mais à aller « bien au-delà », en poussant le secteur privé international « à investir là où il n’existe pas ». Le but ? « créer de nouveaux marchés ».

Autre chantier sur lequel Makhtar Diop entend travailler au cours de son mandat, la promotion d’investissements « verts ». « Essayer de créer des opportunités économiques sans lutter simultanément contre le changement climatique, c’est comme essayer de pagayer sur un bateau sans rame. C’est possible. Mais je ne pense pas que vous alliez bien loin », a-t-il encore insisté dans un entretien accordé au Financial Times, le 17 décembre dernier.

Lazare Eloundou Assomo, la protection du patrimoine mondial

Lazare Eloundou Assomo, premier Africain à la tête du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco.
Lazare Eloundou Assomo, premier Africain à la tête du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco. © DR/ Unesco

Cette fin d’année 2021 aura été marquée par une avalanche de bonnes nouvelles en provenance du siège de l’Unesco, à Paris. L’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité du tieboudiène sénégalais, du m’bolon malien et de la rumba des deux Congos ont été saluées comme autant de motifs de fierté sur le continent.

Une autre annonce, début décembre, a eu moins d’écho auprès du grand public. Elle n’en a pas moins une valeur symbolique tout aussi forte : l’arrivée du Camerounais Lazare Eloundou Assomo, 53 ans, à la direction du Centre du patrimoine mondial de l’institution onusienne. Il est le premier Africain à avoir été nommé à ce poste stratégique pour la préservation et la promotion des sites d’exception du continent.

Formé à l’architecture en France, à Clermont-Ferrand puis à Grenoble, il entame sa carrière de chercheur associé au Centre international de la construction en terre de l’école d’architecture de Grenoble en travaillant à la préservation de l’habitat traditionnel mousgoum, dans le nord du Cameroun. Son parcours l’a conduit à travailler en Érythrée, au Bénin – sur la restauration des palais royaux d’Abomey – ou encore au Mali, où il a participé au projet de reconstruction des mausolées de Tombouctou détruits par les jihadistes.

À la tête du Centre du patrimoine mondial, ce passionné qui affirme avoir Nelson Mandela pour modèle, entend faire la part belle à un continent trop longtemps oublié dans ce domaine. « L’Afrique est le berceau de l’humanité. Elle compte énormément de sites culturels et naturels qui sont importants, insistait Lazare Elououndo Assomo, interrogé par le Guardian, le 20 décembre. Mais certaines catégories de sites en Afrique ne sont pas forcément du même genre que celles que l’on trouve dans d’autres régions. »

LA MOBILISATION DE NOS EFFORTS POUR SAUVEGARDER LES SITES DU PATRIMOINE MONDIAL SUR LE CONTINENT DOIT ÊTRE UNE PRIORITÉ

Dans ce combat, si la préservation des sites architecturaux compte parmi ses priorités, il en est une autre que le Camerounais entend placer en tête de son agenda : la préservation des sites naturels d’exception, alors qu’une course contre la montre s’est engagée sur les questions environnementales. « L’Afrique est aujourd’hui en première ligne des effets du changement climatique. La mobilisation de nos efforts pour sauvegarder les sites du patrimoine mondial sur le continent doit être une priorité. »

L’année qui s’ouvre va également marquer la célébration du cinquantenaire de la Convention du patrimoine mondial. « L’occasion d’une grande rétrospective mais aussi d’une réflexion collective sur les meilleures façons de faire prospérer notre démarche pour les cinquante ans à venir », a déclaré Lazare Elououndo Assomo.

Par Jeune Afrique

RDC-Congo : comment la rumba a fait chavirer l’Unesco

décembre 15, 2021
La rumba est entrée au patrimoine immatériel de l’Unesco, ce mardi 14 décembre 2021. © Dom

Cinq ans après la cubaine, la rumba congolaise a fait son entrée au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Un projet porté par Kinshasa et Brazzaville, qui n’ont pas ménagé leurs efforts.

En juin 2019, peu avant sa mort, Fumu Fylla, alors président du Comité rumba du Congo, déclarait : « Le rythme de la rumba congolaise est la cadence même du fleuve Congo, avec ses secousses vertigineuses, avec ses élans impétueux et fusionnels. » C’était lors d’une réunion des comités scientifiques des deux Congos chargés d’élaborer le plaidoyer pour l’inscription de leur rumba sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Indépendance Cha-Cha

Devant opérer le choix d’un élément d’exception, les experts ont opté pour la rumba congolaise « parce qu’elle est l’expression par excellence de notre passion de vivre, de notre résilience, justifiait le document de plaidoyer. Compagne de route et de lutte de l’histoire politique des Congos, elle a fini par devenir, non plus seulement un moment festif et un défouloir, mais un vecteur de mobilisation des consciences populaires  ».

À ce titre, les chansons Indépendance Cha-Cha, de la star kinoise Joseph Kabasele (Grand Kallé), et Pont sur le Congo, du poète brazzavillois engagé Franklin Boukaka, sont des références significatives.

Pour le dossier de candidature, l’Unesco a posé cinq questions essentielles concernant la viabilité de la danse : la reconnaissance des communautés locales, l’intérêt des scientifiques pour la rumba, de même que le degré d’implication des États candidats dans sa sauvegarde et sa promotion, spécialement avec des inventaires fiables comme « pièces à conviction ».

À ces interrogations, les experts ont répondu positivement en indiquant, notamment, que l’histoire montre que la rumba congolaise est de tradition populaire, que la communauté scientifique est arrivée à cerner l’essence et le sens de la chanson. Mais également des « ambiances » – comme disent les Congolais –, à savoir : la danse, la sape, les associations de plaisance et d’entraide, la vocation des « bars » comme temples de plaisirs, avec leurs rythmes, leurs idoles et leurs « fans », leurs vestales et leurs rituels.

Démarche inédite, l’Institut national des arts de Kinshasa sort progressivement la rumba congolaise de l’oralité, en mettant sur partitions, dans des répertoires périodiques, ses œuvres emblématiques.

Inépuisable créativité

Malgré des accointances génétiques partagées dans les Amériques, notamment dans le giron afro-cubain, des variables substantielles sont apparues. La rumba congolaise se distingue entre autres par la prédominance du lingala, langue « préfabriquée » à partir des parlers vernaculaires de la partie septentrionale du bassin du Congo, puis enrichie par les échanges sur le parcours du fleuve ainsi que par des codes de l’armée coloniale et, surtout, comme support littéraire de la chanson populaire urbaine, dans ses variations à la fois romantiques et satiriques. La rumba congolaise continue de s’approprier les innovations contemporaines de la « world music » dans une inépuisable créativité.

La pluralité des influences qui l’ont engendrée autant que le succès mondial de ses différentes déclinaisons font reconnaître la rumba comme porteuse d’une identité sociale transversale qui la hisse à la notoriété planétaire.

En fin de compte, pour nous Congolais, notamment les professionnels et les entrepreneurs culturels, l’inscription de la rumba congolaise sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité n’est que le point de départ de la vraie aventure de sa promotion, de sa sauvegarde et de sa viabilité. Pour qu’au centre d’un continent inventif, entreprenant, la rumba soit la métaphore d’un grand Congo (celui de Lumumba, de Kabasele, de Boukaka, de Tchicaya U Tam’si), cœur battant d’une Afrique vivante.

André Yoka Lye

Avec Jeune Afrique par André Yoka Lye

Président de la Commission mixte RDC-Congo pour la promotion de la rumba

Sénégal – Le tieboudiène inscrit à l’Unesco : un plat de résistance et de résilience

décembre 15, 2021
Traditionnellement présenté dans un large plat rond, le thiébou dieune est le fruit d’« un art méticuleux, d’une préparation très codifiée ». © Gordon Welters/LAIF-REA

Ce 15 décembre, l’Unesco a inscrit le tieboudiène au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Le plat traditionnel sénégalais est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Par le savoir-faire qu’il exige, mais aussi par son histoire.

Servi fumant sur une nappe plastifiée, proposé dans un plat collectif installé à même le sol d’une cour ou disposé sur les tables coquettement dressées des plus grands palaces de Dakar… Il y a mille lieux où déguster le tieboudiène, et à peu près autant de manières de le préparer. Dans chaque région, commune ou foyer du Sénégal, « il n’y a pas deux personnes qui cuisinent le tieboudiène de la même façon », soulignait, en décembre dernier, Alioune Badiane, rapporteur de la Commission art, culture et civilisation du colossal projet d’Histoire générale du Sénégal, en cours d’écriture (*).

Prérogative essentiellement féminine, la préparation du « tieb » est donc un exercice de style. Une recherche permanente d’originalité et de saveurs. Qu’il s’agisse de l’ajout de crevettes dans le riz, de l’utilisation de mollusques ou de boulettes de poisson dans le bouillon, voire de tamarin dans la sauce, « chaque femme a son “femm”, son astuce pour ajouter du goût », explique la Sénégalaise Aïssatou Mbaye, créatrice du blog culinaire « AistouCuisine ».

À l’origine, Penda Mbaye

Pour remonter aux origines du plat le plus emblématique du Sénégal, il faut remonter au siècle dernier. L’histoire naît dans le populaire quartier des pêcheurs de Guet Ndar, à Saint-Louis, alors capitale de l’Afrique occidentale française (AOF). Dans ce coin de la ville où, chaque jour, les pirogues débarquent le poisson pêché, une cuisinière s’est fait connaître pour son riz au poisson : Penda Mbaye (1904-1984). Selon les récits glanés par la commission de L’Histoire générale du Sénégal auprès des anciens et des descendants de Penda Mbaye, un gouverneur l’aurait approchée pour lui demander de cuisiner pour ses convives.

« Lors des cérémonies familiales ou officielles, il fallait contenter les invités par la quantité de nourriture, mais aussi par l’originalité du plat. Penda Mbaye a eu l’idée de colorer le riz, non pas avec le concentré de tomates que l’on trouve dans la plupart des tieb aujourd’hui, mais avec des tomates cerises, plus colorées et plus goûteuses. Le riz blanc est alors devenu le riz rouge », raconte Alioune Badiane.

Un premier élan de créativité qui en appelle d’autres, tandis que divers procédés sont alors expérimentés « dans le but de rendre le plat aussi beau que bon ». « Dans la version traditionnelle saint-louisienne, plutôt que de frire le poisson au démarrage comme cela peut se faire ailleurs, on le plonge lentement dans le bouillon, ce qui donne tout son goût au tieboudiène et offre une présentation plus jolie », explique Aïssatou Mbaye.

Traditionnellement présenté dans un large plat rond, le poisson disposé en son centre sur le riz, entouré de légumes, le tieboudiène « n’est pas un plat simple, voir grossier, comme certains peuvent le penser », poursuit Alioune Badiane. « Sa préparation est un art méticuleux, détaille-t-il, une préparation très codifiée dans laquelle chaque légume a un temps de cuisson spécifique et est ajouté puis enlevé à moment précis. Il faut que chaque ingrédient garde son intégrité physique et ait le meilleur goût et la meilleure texture possibles. C’est tout ce processus et toute cette créativité dans le choix des ingrédients qui font que le tieboudiène mérite son classement à l’Unesco. »

Technique, transmission et résilience

Le tieboudiène, c’est donc de la technique, mais aussi « de la transmission », insiste Aïssatou Mbaye. « La réussite du tiéboudiène ne tient pas au fait de suivre une recette à la lettre. De manière générale, la transmission orale est essentielle dans la cuisine sénégalaise, on apprend en observant la cuisinière et ses techniques afin de découvrir “la main de la cuisinière”, autrement dit ses petits secrets », s’enthousiasme-t-elle, expliquant qu’elle-même en tient la recette de sa mère, qui la tenait de sa mère, et ainsi de suite.

JOLOFF RICE EN GAMBIE OU RIZ AU GRAS AU MALI

Si le fameux « riz au poisson », décliné à travers l’Afrique de l’Ouest et jusqu’en Afrique centrale sous différentes appellations (Djoloff Rice en Gambie, riz au gras au Mali), est avant tout une affaire d’héritage, il est aussi un symbole de l’histoire du peuple sénégalais et de sa résilience.

« Avant la colonisation, le riz n’était pas un ingrédient local, explique Abdoul Aziz Guissé, directeur du patrimoine au ministère de la Culture. À l’époque du colon, il a été imposé afin de faire passer le Sénégal dans une logique d’agriculture de rente. Les Sénégalais du Walo l’ont alors adopté en y introduisant tantôt du poisson, tantôt de la viande. C’est ainsi que, par résilience, un ingrédient imposé a mené à la création d’un plat national. »

« Une portée sociologique »

En plus d’être un exercice gastronomique « complexe et méticuleux », le tieboudiène « a une portée sociologique », renchérit Alioune Badiane. Roboratif et peu coûteux, il est traditionnellement le mets de la convivialité, consommé par les invités ou les membres d’une famille dans le même contenant, mais pas de n’importe quelle façon.

« Toute comme sa préparation, sa consommation est codifiée, relate Alioune Badiane. D’abord, il est recommandé de manger ce qui est devant soi, il est mal vu de grappiller la part du voisin. Mais par respect, tradition et courtoisie, vous verrez souvent la cuisinière pousser des morceaux de poisson ou de légume devant les personnes âgées ou les invités. »

DÉCOMPLEXER LA CUISINE LOCALE

Le classement au patrimoine immatériel de l’Unesco est donc une reconnaissance de tous ces codes et techniques. Pour Abdoul Aziz Guissé, il va également permettre « d’assurer la promotion de la gastronomie locale et de décomplexer ce savoir, souvent relégué au rang de “cuisine pauvre”, et constituer un argument pour le secteur du tourisme : quand on promeut la cuisine d’un pays, on promeut la destination ».

Préserver les ressources halieutiques

Une mise en avant qui attirera également l’attention sur certaines problématiques locales telles que la souveraineté alimentaire ou la préservation des ressources halieutiques. « Lors de nos échanges, des Saint-Louisiens ont fait valoir que certains poissons prisés dans la préparation du tieboudiène devenaient de plus en plus rares. Son inscription sur la liste de l’Unesco mettrait donc en lumière la question de la survie de la pêche artisanale, qui fait face à la surexploitation des eaux », faisait valoir le directeur du patrimoine, en décembre dernier. « Lorsque vous classez un bien, des mesures de sauvegarde sont toujours édictées. D’autant plus que cela engage le ministre de la Culture, donc le gouvernement », concluait-il.

Au-delà, l’inscription de ce plat emblématique au patrimoine immatériel de l’Unesco a une portée politique. Un geste bienvenu pour un pays encore très dépendant des importations alimentaires et où, craignant de voir leurs filets se vider, les pêcheurs artisanaux dénoncent la multiplication des accords d’exploitation des mers en faveur des étrangers.

(*) Cet article, initialement publié le 28 décembre 2020 dans le cadre de notre série « Ces plats qui font la fierté de l’Afrique », a été réactualisé après l’annonce de l’inscription du tieboudiène au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco, le 15 décembre 2021.

Avec Jeune Afrique par Manon Laplace

Congo-Musique: Clément Ossinondé en séjour à Brazzaville

juillet 26, 2021

Depuis début juillet, c’est de Brazzaville que Clément Ossinonde publie ses chroniques sur la musique congolaise. En tant que membre du comité scientifique national du Congo, il participe aux travaux de l’inscription de la rumba sur la liste du patrimoine culturel de l’humanité de l’Unesco.

Clément Ossinonde et Marie Coco Demba, membre de l'UMC

Photo : Clément Ossinonde et Marie Coco Demba, membre de l’UMC

Aux côtés de ses pairs, Honoré Mobonda, Ghislain Amédée Moussoungou, Jean Omer Ntady, Charles Bouetoumoussa-Bouetoum-Kiyindou, Romain Pindou et du Pr Joachim Ngomathéthé, pour ne citer que ces membres, Clément Ossinonde met à profit ses connaissances dans le domaine musical. Il participe également à la réflexion de la relance des activités de l’orchestre les Bantous de la Capitale.

Par la fréquence soutenue de ses chroniques sur les réseaux sociaux, Clément Ossinonde se trouve, pour ses « suiveurs », toujours à Lyon. Pourtant, c’est de Brazzaville qu’il les distille depuis le début du mois de juillet.

Un peu comme le journaliste destiné à raviver la mémoire des mélomanes, avec une précision dans le temps et l’espace, il porte un éclairage, tantôt sur les chansons qui ont fait le Congo et demeurent tant savoureuses que ludiques à travers les générations, tantôt sur leurs auteurs mythiques, et évoque en même temps le rôle pionnier des maisons d’éditions.

À chaque description, il illustre son récit par une photo et une bande sonore. C’est un passionné portant une pédagogie preuve à l’appui.

« Une volonté de garder la mémoire musicale pour mieux la connaître et assurer la survie de la musique des deux Congo« , pourrait résumer ce travail de mémoire sans répit.

Extrait de la chronique sur l’orchestre les Bantous de la Capitale :

(Nouvelle appellation de l’orchestre Bantous, adoptée en 1962 à Bruxelles)

1962 – L’ orchestre Bantous fait sa première tournée outre-atlantique. Il est d’ailleurs le premier orchestre congolais de Brazzaville à se rendre en Europe, précisément à Bruxelles et à Paris.

Une tournée fructueuse car 50 disques CD, soit 100 chansons, vont être enregistrés dans un temps record sous la marque CEFA. Mais au terme de l’enregistrement de 99 chansons, une va manquer pour parvenir à réunir 100 chansons. C’est à ce moment que Célestin Kouka va entonner « Orchestre Bantous de la capitale  » et le coup était joué.

Ce titre « Orchestre Bantous de la capitale » sera plébiscité comme celui qui devait donner au groupe un attribut. Célestin Kouka peut donc se révéler légitimement en étant l’auteur.

Tel est le devoir de mémoire poursuivi régulièrement par Clément Ossinonde.

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

Dix choses à savoir sur le couscous, inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco

décembre 22, 2020
Le couscous est entré au patrimoine immatériel de l’Unesco le 16 décembre 2020

Où est apparu le couscous ? Comment doit-il être cuisiné ? Avec ou sans sucre ? Alors qu’il vient d’entrer au patrimoine immatériel de l’Unesco, Jeune Afrique fait le tour de la question.

Le couscous est entré au patrimoine immatériel de l’Unesco ce mercredi 16 décembre. La candidature a été portée pour la première fois par une union de circonstance entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et la Tunisie. Ces quatre pays du Maghreb ne cessent pourtant de souligner leur différence en proposant des variantes de ce mets ancestral – aux légumes, au poulet, à la tête d’agneau, au poulpe, aux escargots ou encore aux oignons…  Seule constante entre toutes ces traditions : une base de semoule, une sauce et une cuisson à la vapeur.

Quelle est donc la recette originale ? Ou est-elle apparue ? Comment ce plat a-t-il voyagé et évolué à travers le monde ? Quelles épices faut-il préférer ? Jeune Afrique fait le tour des grandes questions qui entourent ou agitent depuis toujours l’univers du couscous.

• Pas forcément du blé dur !

Le couscous se rapporte avant tout à une technique consistant à transformer une céréale en granules plus ou moins fines, en roulant cette semoule. Séchée, elle a le mérite de se conserver longtemps sans pourrir. À travers les siècles, la base de blé dur a aussi pu être remplacée par de l’orge au Maghreb (meltouth), ou encore par du manioc ou du mil au Sahel ou au Cameroun, et du maïs chez les Peuls.

À l’époque médiévale déjà, des variantes originales apparaissent, explique Marianne Brisville, docteure en histoire à l’Université Lyon-II et membre du CIHAM (unité histoire, archéologie, littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux), comme le fityānī préparé à Marrakech, à base de miettes de pain.

• La bataille des origines

Si le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et la Tunisie se sont entendus pour déposer une candidature auprès de l’Unesco, ils se disputent encore la paternité du couscous. La polémique a d’ailleurs gagné les chercheurs. Des sources historiques évoquent une apparition au Sahel, dans le sud de l’actuelle Algérie, d’autres se réfèrent plus largement au Maghreb, du Zab à Marrakech, en passant par l’Atlas.

CERTAINS ATTRIBUENT L’ORIGINE DU PLAT AUX BERBÈRES, D’AUTRES À L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE !

En Tunisie, il est mentionné pour la première fois à l’époque hafside (1228-1574), souligne Sihem Debbabi Missaoui, professeur à l’Université de la Manouba, à Tunis. Mais attention ! À l’époque les frontières n’existaient pas et une trouvaille archéologique peut en chasser une autre. Plus largement, certains attribuent l’origine du plat aux berbères, d’autres à l’Afrique subsaharienne ! Et la concurrence entre pays s’étend à des questions de taille : beaucoup tentent chaque année de cuisiner « le plus gros couscous du monde ».

• De l’Afrique au Vatican

Toujours est-il que le couscous a voyagé depuis le continent africain. Des recettes ont été retrouvées en Orient dès le XIIIème siècle, indique Marianne Brisville, avant que le plat ne soit connu par l’Europe chrétienne – du moins par ses élites – à partir du XVème siècle. On en trouve même des descriptions chez le cuisinier privé du pape Pie V !

Il aurait intégré la gastronomie royale en Espagne au début du XVIIème siècle puis l’Italie via les juifs d’Afrique du Nord, qui ont également importé en France le célèbre « couscous boulettes ». D’aucuns attribuent l’introduction des merguez aux Français, d’autres rappellent que les saucisses de bœuf existaient aussi en Afrique du Nord… Mais le « couscous royal » de l’Hexagone mélangeant différentes viandes est encore souvent perçu comme une hérésie de l’autre côté de la Méditerranée.

• Querelles de nom

L’étymologie du couscous fait aussi couler beaucoup d’encre. Le mets a été désigné par le vocable taʿam (nourriture ou céréales en arabe) dès le XIème siècle, selon le chercheur Mohamed Oubahli. Des linguistes relient le mot à la racine arabe kassa ou kaskasa qui signifie moudre, d’autres aux mots berbères siksû et kisksû qui auraient ensuite été arabisés. Des mentions du terme kuskusū ont été identifiées dans des textes à partir du XIIème siècle, puis au XVIIème celui de kaskas, qui désignait le récipient troué servant à la cuisson du plat.

• Pléthore de recettes

Cette bataille de noms est également nourrie par les appellations des différentes recettes : le maghlouth (mélangeant semoule d’orge et de blé), le firfish, ou farfoush (aux fanes de fenouil), le borzgane (couscous blanc à l’agneau et aux fruits secs), l’osbane (aux tripes et boyaux farcis)… Dans certaines régions du Nord et du Sud de la Tunisie le mot barkoukish peut désigner un couscous à gros grains cuits. Dans l’Aurès, en Algérie, ce dernier est nommé berboûcha ou aberboûch.

• Couscous de la mer

L’apparition du poisson et des autres fruits de mer n’est pas datée, mais il n’est pas rare que des Tunisiens s’en octroient la postérité. « Dans une société pauvre, les gens cuisinaient ce que la nature environnante leur offrait, souligne Sihem Debbabi, et les Tunisiens de la région du Sahel (côte) vivaient notamment des poissons qu’ils pêchaient puisque la viande était rare et chère. » Cette région côtière cuisine encore aussi un couscous aux sardines à la vapeur ou aux boulettes de sardine, tandis qu’à Tunis, on en trouve aux poissons et aux coings.À LIRE Où fait-on le meilleur couscous ?

Mais le couscous aux produits de la mer n’est pas une spécificité tunisienne, met en garde la chercheuse. Ses voisins connaissent le couscous bônois au poisson (connu vers Annaba, en Algérie), ou celui à la semoule de maïs et aux poissons dans la région marocaine du Souss, à Essaouira et Safi, dit « couscous amazigh ».

• Un festival d’épices

Aneth, fanes de navets, khobiza (mauve)… L’utilisation d’herbes peut donner toute son identité au plat. Il est souvent relevé par des épices, à commencer par le ras el-hanout (cannelle, gingembre, coriandre, cardamome, muscade, poivre..). D’autres lui préfèrent le cumin ou la harissa.

CERTAINS RECETTES INCLUENT DES PRUNES OU DES NOIX DÈS L’ÉPOQUE MÉDIÉVALE

• Avec ou sans sucre ?

Des recettes incluent dès l’époque médiévale des prunes ou des noix. Aujourd’hui, le mesfouf désigne un couscous sucré. En Tunisie, on le prépare à la crème et aux fruits secs. Il peut se servir accompagné de thé à la menthe ou d’un verre de lben ou de rayeb (petit-lait et lait fermenté et caillé), parfumé ou non à la fleur d’oranger.

• Un plat de fêtes

Ces variantes sucrées accompagnent souvent la dernière soirée des noces. Comme l’écrit le chef Nordine Labiadh dans son livre Couscous pour tous (éditions Solar, 2020), « à chaque célébration son couscous ». Le plat encadre plus généralement de grandes étapes de la vie : naissance, funérailles et autres fêtes sacrées.

• Mode d’emploi

Si le couscous est présenté dans un plat collectif, chacun doit déguster la part qui se trouve face à lui en roulant une boulette avec l’index et le majeur mais en la portant à la bouche avec le pouce, rappelle encore Nordine Labiadh. La part de chaque convive dispose d’accompagnements : légumes, viandes ou autres, et le surplus est placé au milieu du plat.

Avec Jeune Afrique par Camille Lafrance

Coopération-Congo: l’Unesco entend accompagner l’École de peinture de Poto-Poto

octobre 15, 2020

La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a annoncé lors de sa visite au sein de l’Ecole de peinture de Poto-Poto, le 14 octobre, que l’organisation onusienne va continuer de soutenir cet établissement pictural.

Photo 1 : le président des peintres de Poto-Poto donnant l’explication des toiles à la DG de l’Unesco lors de la visite guidée (crédit photo/ADIAC)

Reçue à son arrivée par le ministre de la Culture et des Arts, Dieudonné Moyongo, qui avait à ses côtés le ministre de l’Enseignement supérieur, Bruno Jean Richard Itoua, et l’ambassadeur du Congo à l’Unesco, Henri Ossebi, la directrice générale de l’Unesco a bénéficié d’une visite guidée de la cour de l’école, en passant par le hall puis l’intérieur du bâtiment à l’architecture coloniale, décoré par les peintres de cette prestigieuse école, placés sous la présidence de Sylvestre Bongouandza.

Prenant la parole pour son mot de remerciement, le ministre de la Culture et des Arts a dit avec des mots justes à la directrice générale de l’Unesco que sa venue à Brazzaville pendant que l’humanité est confrontée à la pandémie du coronavirus est l’expression de sa volonté à accompagner le Congo à relever ses nombreux défis culturels.

Il a profité de l’occasion pour soulever un aspect qui tient à cœur les culturels des deux Congo. « Je saisi cette occasion solennelle pour vous rappeler que le dossier d’inscription de la rumba congolaise sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel a été déposé à l’Unesco le 26 mars de cette année. Ce dossier est porté par la République du Congo (RC) et la République démocratique du Congo (RDC), ceci grâce à vos équipes, grâce au bureau de Brazzaville (RC), grâce au bureau régional de l’Unesco qui se trouve à Yaoundé (Cameroun). Nous sommes poussés par l’obligation de léguer à l’humanité la rumba congolaise, mais nous comptons sur vous, sur le comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel. Nous sommes sûrs que la rumba qui est dans notre ADN sera inscrite sur cette liste », a déclaré Dieudonné Moyongo.

Dans son mot de circonstance, la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a tenu d’abord à rendre un hommage mérité à tous les pionniers qui ont donné une âme et une renommée mondiale à l’École de peinture de Poto-Poto. « Je voyage beaucoup grâce à l’Unesco et partout dans le monde on connait l’École de peinture de Poto-Poto. On la voit du Mont Marthe à Paris, on la voit à l’Unesco, on la voit à travers le monde, et cette expression, cette vision du monde qui vous ait si particulière, vous l’offrez à travers vos peintures, à travers vos créations artistiques », s’est-elle adressée aux peintres de cette célèbre école.

Audrey Azoulay, a reconnu tout de même que la période actuelle est particulièrement sévère avec la pandémie de Covid-19. Cependant, elle pense que s’il faut reconstruire un futur qui ait du sens, le besoin des artistes, leur vision s’impose. « On a besoin des jeunes, de former des jeunes artistes qui veulent s’exprimer, et donner leur les moyens de s’exprimer à travers les arts, et à travers la culture. C’est ce que fait cette école, c’est aussi ce que l’Unesco avait reconnu il y a 15 ans, à travers mes prédécesseurs. C’est ce que je suis venue aussi saluer aujourd’hui. Je vais vous dire que l’Unesco va continuer de soutenir l’École de peinture de Poto-Poto. Et nous allons voir très concrètement comment le faire pour continuer à vous accompagner. »

Répondant au ministre de la Culture et des arts sur le dossier de l’inscription de la rumba à la liste représentative du patrimoine culturelle immatérielle, la directrice générale de l’Unesco a souhaité elle aussi que ce dossier puisse aboutir parce que très symboliquement, ce serait une reconnaissance pour toute cette création aussi musicale. « Je suis très sensible aussi du fait que cette candidature soit portée des deux côtés du fleuve. C’est un très beau symbole, elle pourra d’ailleurs même aller au-delà, parce que la présence de la rumba se trouve dans bien d’autres pays », a-t-elle déclaré.

Enfin, félicitant les artistes, Audrey Azoulay a lancé un mouvement de soutien aux artistes à travers le monde pour attirer l’attention des pouvoirs publics, celle des sociétés sur le secteur de la culture, de la création. Les artistes, reconnait-elle, ont beaucoup souffert de la pandémie actuelle, dont les revenus ont très fortement chuté. Il faut soutenir la culture, l’éducation, car elles sont les bases d’une société solide pour demain, a-t-elle indiqué.

Notons que l’Ecole de peinture de Poto-Poto a été créée en 1951 par le Français Pierre Lods. Elle totalisera ses soixante-dix ans en 2021.

Avec Adiac-Congo par Bruno Okokana