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Canada-Québec: Des étudiantes de l’UQAM intimées de cesser l’usage de l’écriture inclusive

janvier 30, 2023

Elles demandent à l’université que cette nouvelle forme d’écriture soit acceptée par tous les professeurs.

Une étudiante écrit.

L’écriture inclusive est une pratique de rédaction consistant à éliminer la masculinisation des mots. Photo: Getty Images/Recep-BG

Deux étudiantes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) se disent « choquées » par les corrections qu’elles ont reçues de leurs travaux. Dans un cours de science politique, on leur a intimé de cesser l’usage de l’écriture inclusive, sous prétexte que celle-ci serait proscrite. Elles exhortent l’université d’envoyer une directive à tous les professeurs pour l’autoriser.

C’est vraiment mélangeant, on ne sait plus sur quel pied danser, déplore Léa-Marie Tremblay, étudiante au baccalauréat. Alors que l’écriture inclusive est acceptée par plusieurs de ses professeurs, elle a été avertie d’arrêter d’écrire ainsi, dans un autre cours.

Dans son travail, elle a utilisé le point médian pour ne pas masculiniser les mots et les adjectifs. Par exemple, on peut lire dans sa copie « supérieur.e ». Il s’agit d’une forme d’écriture de plus en plus présente dans les universités. Mais ça n’a pas plu au correcteur.

Le correcteur a écrit à la fin de la copie : « Bon travail dans l'ensemble, attention à la mise en forme et cessez l'écriture "inclusive". »

Le correcteur a écrit à la fin de la copie : « Bon travail dans l’ensemble, attention à la mise en forme et cessez l’écriture « inclusive ». » Photo : Radio-Canada

J’ai trouvé ça super violent comme réponse, dit l’étudiante, qui affirme faire cet effort d’écriture pour une bonne cause. Ça serait bien de ne pas être pénalisées parce qu’on veut être inclusives.

« C’est une écriture qu’on utilise pour enlever la violence qu’il y a dans la langue française, qui efface les femmes et les personnes non binaires. »— Une citation de  Léa-Marie Tremblay, étudiante à l’UQAM

Dans un autre commentaire du correcteur, raturé par la suite, on peut lire : Cette forme d’écriture est proscrite. Manque de professionnalisme.

« Ce type d’écriture n’est pas acceptable. À proscrire. »

Une autre étudiante du même cours, Jessica Harnois-Ostiguy, a reçu le même genre de correction, après avoir écrit « citoyen.ne.s ».

On peut lire la correction suivante dans la marge : « Ce type d'écriture n'est pas acceptable. À proscrire. »

On peut lire la correction suivante dans la marge : « Ce type d’écriture n’est pas acceptable. À proscrire. » Photo : Radio-Canada

Les deux étudiantes se demandent si tout cela leur a coûté des points, malgré leurs bonnes notes. Ça me stresse, explique Jessica Harnois-Ostiguy.

« C’est quelque chose qui est vraiment important pour moi, donc je ne veux pas me pénaliser, mais il n’y a rien qui dit qu’on a le droit ou pas le droit. »— Une citation de  Jessica Harnois-Ostiguy, étudiante à l’UQAM

Grandes lettres UQÀM sur un édifice, vues à travers des branches d'arbres.

L’UQAM n’a pas de politique indiquant qu’un professeur doit accepter ou non l’écriture inclusive. Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers

À la discrétion des enseignants

L’UQAM n’a pas de politique institutionnelle sur la rédaction inclusive, explique la directrice des communications de l’Université, Caroline Tessier.

« Cet élément est donc laissé à la discrétion des enseignantes et enseignants. »— Une citation de  Caroline Tessier, directrice des communications de l’UQAM

L’Université ajoute que le fait d’utiliser la rédaction inclusive peut faire partie, ou non, de l’évaluation d’un travail ou d’un examen.

Utilisant elle-même l’écriture inclusive dans son courriel, la porte-parole rappelle que, normalement, les enseignantes et enseignants informent les personnes étudiantes des modalités d’évaluation pour la remise des travaux ou examens.

L’UQAM mentionne que les étudiants mécontents d’une note ont le droit de demander une révision auprès du département responsable du cours.

Léa-Marie et Jessica affirment qu’aucune consigne ou contre-indication n’avait été donnée par le professeur.

Des gens marchent dans un couloir de l'UQAM.

Le campus étudiant de l’UQAM à Montréal. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

« C’est un débat qui intéresse la jeunesse »

Joint par Radio-Canada, le professeur du cours de science politique, Marc Chevrier, nous a expliqué que c’est son auxiliaire d’enseignement, et non lui-même, qui a corrigé les copies.

Il dit que ces commentaires « auraient dû être raturés » et qu’il s’agit d’« un oubli ». Marc Chevrier affirme n’être ni pour ni contre l’écriture inclusive : C’est un débat qui intéresse la jeunesse.

« Je n’en ai pas fait une politique de pénaliser ou d’interdire. »— Une citation de  Marc Chevrier, professeur de science politique à l’UQAM

Le correcteur a une vision des choses dont il ne m’avait pas parlé, explique le professeur. Ce dernier assure qu’il révise les copies corrigées par son auxiliaire, mais je ne relis pas au complet le travail.

Je ne lui ai pas donné d’instruction, peut-être que je vais devoir le faire, ajoute Marc Chevrier.

Si des personnes ont des interrogations sur des évaluations qu’elles ont reçues dans l’un de mes cours, je les invite à s’adresser à moi, directement, dit le professeur, déçu d’apprendre le mécontentement de ses étudiantes par la voix d’un journaliste.

Les Presses de l’Université du Québec « se mettent au neutre »

En décembre, les Presses de l’Université du Québec (PUQ) ont annoncé qu’elles mettraient dorénavant de l’avant la rédaction inclusive dans leurs ouvrages à paraître. Un guide de rédaction inclusive(Nouvelle fenêtre) à l’intention des auteurs et des autrices a été mis en ligne, afin que tous se mettent au neutre.

En 2021, le réseau de l’Université du Québec a aussi publié un Guide de communication inclusive(Nouvelle fenêtre)destiné à toute personne qui souhaite améliorer sa façon de communiquer pour la rendre plus inclusive et respectueuse. Mais ce guide ne constitue pas une prescription.

Avec Radio-Canada par Thomas Gerbet

Salman Rushdie a perdu un œil et l’usage d’une main

octobre 23, 2022
Salman Rushdie à Londres en 2017.

Salman Rushdie a été victime d’une attaque au couteau en août. Photo: Grant Pollard/Invision/AP/Grant Pollard

Poignardé en août aux États-Unis, l’écrivain Salman Rushdie a depuis perdu l’usage d’un œil et d’une main, entre autres graves séquelles, a indiqué son agent au quotidien espagnol El Pais.

Il a perdu la vue d’un œil… Il a eu trois blessures graves au cou. Il est handicapé d’une main, car les nerfs de son bras ont été sectionnés, et il a environ 15 autres blessures à la poitrine et au torse, a déclaré Andrew Wylie à El Pais dans un entretien publié ce week-end.

Ses blessures étaient très profondes. […] C’était une attaque brutale, mais il va survivre, a-t-il ajouté, détaillant ainsi pour la première fois l’état de santé de l’écrivain depuis plusieurs semaines, sans préciser si ce dernier se trouve toujours à l’hôpital.

Attaque au couteau

Le 12 août, Salman Rushdie s’apprêtait à prononcer une allocution à l’occasion d’une conférence dans l’État de New York quand un homme a fait irruption sur scène pour le poignarder à plusieurs reprises, notamment au cou et à l’abdomen.

Évacué vers un hôpital en hélicoptère, l’auteur des Versets sataniques avait dû être brièvement placé sous respirateur, avant de voir son état s’améliorer.

Le principal suspect, Hadi Matar, un Américain d’origine libanaise alors âgé de 24 ans, avait été arrêté immédiatement après les faits et a plaidé non coupable à son procès qui s’est ouvert à la mi-août devant un tribunal de Mayville, dans l’État de New York.

L’attaque avait choqué en Occident, mais avait été saluée par des extrémistes de pays musulmans comme l’Iran et le Pakistan. L’écrivain est poursuivi depuis 33 ans par une fatwa du guide suprême iranien le condamnant à mort.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Peut-on laver ses masques chirurgicaux?

décembre 1, 2021

Les masques chirurgicaux sont considérés comme des dispositifs médicaux à usage unique. Pourtant, ils conservent leur propriété filtrante et leur respirabilité même après 10 lavages. C’est du moins ce que conclut une étude française publiée en octobre dans la revue scientifique Chemosphere. Devriez-vous mettre vos masques dans votre prochaine brassée? Pas si vite…

© Shutterstock.com

Une équipe de chercheurs démontre que les masques de propylène lavés jusqu’à 10 fois à l’eau chaude avec détergent respectent toujours les normes européennes de filtration bactérienne et de respirabilité. Plus précisément, ils conservent une capacité de filtration supérieure à 98 % des particules d’une taille de 3 microns.

Une fois lavés, ils demeurent même plus performants que les masques de tissu les plus filtrants, soit ceux certifiés de catégorie 1. Ces couvre-visages, qui sont notamment faits de coton et qui comportent généralement trois couches, doivent assurer une efficacité de filtration supérieure à 90 % pour la même taille de particules.

Pour cette raison, les auteurs de l’étude prônent la réutilisation du masque chirurgical dans les situations de contact prolongé, comme au cinéma ou dans les transports en commun.

Cette mesure aurait non seulement un avantage sanitaire et économique, mais aussi écologique. Selon les chercheurs, la réutilisation des masques chirurgicaux permettrait de diviser par 10 leur consommation.

Les propriétés perdues au lavage

Les auteurs de l’étude ne recommandent toutefois pas le lavage du masque au personnel médical travaillant en salle d’opération, puisque le matériau, une fois lavé, perd de ses propriétés de protection contre les projections de gouttelettes (de sang, par exemple). Cela ne l’empêche pas de demeurer efficace pour la population générale, d’après eux.

Par ailleurs, les résultats révèlent que, une fois lavé, le masque chirurgical perd drastiquement de son efficacité à filtrer les plus fines particules, à savoir les aérosols d’une taille inférieure à 1 micron, qui pourrait correspondre à la taille du virus.

Quand les jeter?

Si leur étude a porté sur 10 lavages, «il est possible que le masque tienne plus longtemps», expliquait au journal Le Monde Philippe Cinquin, coordinateur scientifique du Centre d’investigation clinique du CHU de Grenoble et coauteur de l’étude. Mais comment savoir quand le jeter? «La réponse est probablement “lorsqu’il ne s’adapte pas bien au visage”», écrivent les chercheurs, puisque l’ajustement est essentiel au bon fonctionnement du masque.

Ils conseillent aussi de se fier à son aspect: quand il est abîmé et présente, par exemple, des peluches, il vaut mieux le jeter. «Ce boulochage entraîne une usure inconfortable et peut définir la fin de vie du masque même si les propriétés de filtration restent efficaces», poursuivent-ils.

L’efficacité et la durée de vie du masque sont, d’après eux, surtout liées à ses points les plus fragiles, soit la barrette d’ajustement nasale et les élastiques et leurs points de soudure, des endroits que l’utilisateur doit vérifier pour déterminer si le masque peut encore être porté.

Le lavage ne passe pas la norme nord-américaine

Que penser de ces résultats? Nous avons posé la question à Loïc Wingert, spécialiste en aérosols et en filtration à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). Bien qu’il juge cette étude de qualité, il constate que les conclusions peuvent difficilement s’appliquer au Québec en raison de la norme de qualité nord-américaine (ASTM). Cette dernière diffère des standards européens auxquels les fabricants doivent se conformer pour mettre en marché leurs masques.

«Les normes européennes et nord-américaines ont les mêmes exigences d’efficacité de filtration bactérienne à 3 microns, de respirabilité du masque et de projection aux fluides. Mais, contrairement à l’Europe, la norme nord-américaine exige un test supplémentaire: le masque doit filtrer efficacement les particules ultrafines de 0,1 micron (ou 100 nanomètres)», explique Loïc Wingert.

Or, si l’étude montre que le lavage n’a pas d’impact sur la capacité à filtrer les particules d’une taille de 1 à 3 microns, il en est autrement pour les plus fines particules. Ces dernières ne sont plus filtrées efficacement après un seul lavage. Résultat: votre masque passé à la laveuse ne serait plus conforme à la norme ASTM exigée au Québec, comme le fait remarquer l’expert de l’IRSST.

D’autres études moins convaincantes

D’autres études récentes se sont aussi penchées sur la question du lavage des masques chirurgicaux. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en fait la recension dans cette revue de littérature. Il conclut que les études sont peu nombreuses, et leurs résultats, variables.

«La plupart des études tendent davantage à montrer qu’il y a une perte d’efficacité et de capacité de filtration [des particules ultrafines] après le lavage. Quand on regarde l’ensemble des données, et pas uniquement l’étude européenne, on constate qu’il est encore un peu tôt pour dire à la population qu’elle serait protégée si elle lavait ses masques», résume la Dre Chantal Sauvageau, médecin spécialiste à l’INSPQ.

Recherchez les masques réutilisables certifiés BNQ

Pour l’instant, les recommandations restent donc les mêmes: optez pour un masque de qualité, c’est-à-dire un masque chirurgical qui répond à la norme ASTM. Une fois souillé ou mouillé, ce masque doit être jeté, ou recyclé lorsque c’est possible, comme le rappelle la Dre Sauvageau.

Les masques de tissu certifiés BNQ sont aussi considérés de qualité par l’INSPQ, puisqu’ils répondent à des standards de qualité. Bien qu’encore peu répandus sur le marché, ils attestent d’une meilleure protection qu’un masque chirurgical lavé ou un couvre-visage en tissu non certifié, selon Loïc Wingert, de l’IRSST.

Par Mathilde Roy