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Kamala Harris, une pionnière à la vice-présidence des États-Unis

novembre 8, 2020
Kamala Harris, le 12 août 2020.

C’est la consécration d’une carrière hors normes, digne du meilleur rêve américain : Kamala Harris, ancienne procureure et fille d’immigrés, entre aussi dans l’Histoire comme la première personne noire à devenir vice-présidente du pays.

À 56 ans, la dynamique et pugnace sénatrice de Californie a permis à Joe Biden, 77 ans, d’engranger les voix d’un électorat plus divers qui avait soif de se voir mieux représenté au sommet du pouvoir. À tel point que certains électeurs disaient voter non pas pour Joe Biden mais pour elle, la fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne.

Pendant la campagne, celle qui sera aussi la première personne noire à devenir vice-présidente du pays, a appelé sans relâche à une mobilisation historique des femmes et des minorités, en dénonçant les tentatives d’entraver le scrutin dans des États républicains.

« Pourquoi croyez-vous que tant de gens puissants (…) essayent de vous empêcher de voter », a-t-elle demandé en Géorgie, l’un des États-clés de l’élection. « Ils connaissent votre pouvoir », a-t-elle répondu. « Ne laissez personne vous mettre hors-jeu. »

Un parcours digne du meilleur rêve américain

Arborant toujours un masque contre le coronavirus et respectant les distances de précaution comme Joe Biden, elle a mené une campagne plus active que le septuagénaire, dansant au rythme des fanfares ou s’entretenant avec les clients de cafés… en extérieur, pandémie oblige.

La vice-présidente élue, Kamala Harris, délivre un discours après l'élection de Joe Biden à la présidentielle américaine, le 7 novembre 2020.

Elle a aussi rencontré à Milwaukee la famille de Jacob Blake, un homme noir grièvement blessé par la police, en pleine vague de colère historique contre le racisme aux États-Unis.

Forte d’un parcours brillant, digne du meilleur rêve américain malgré des chapitres controversés, elle rêvait de devenir la première femme présidente noire des États-Unis.

Elle a finalement brigué la vice-présidence mais avec, sans doute, un oeil sur la présidentielle de 2024 et l’espoir de briser l’ultime plafond de verre.

Pionnière

Kamala Harris accumule déjà les titres de pionnières. Elle a grandi à Oakland, où ses parents – un père professeur d’économie et une mère, aujourd’hui décédée, chercheuse spécialiste du cancer du sein – militaient pour les droits civiques.

Diplômée de l’université Howard, fondée à Washington pour accueillir les étudiants afro-américains en pleine ségrégation, elle rappelle régulièrement son appartenance à l’association d’étudiantes noires « Alpha Kappa Alpha ».

Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle avait été élue, deux fois, procureure générale de Californie (2011-2017), devenant alors la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaires de l’État le plus peuplé du pays.

Puis en janvier 2017, elle avait prêté serment au Sénat à Washington, s’inscrivant comme la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la deuxième sénatrice noire dans l’histoire.

Ses interrogatoires serrés de candidats présidentiels à des postes que le Sénat doit confirmer l’ont depuis fait connaître, comme face aux juges nommés à la Cour suprême Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett. Pendant la primaire démocrate, elle avait d’ailleurs promis de « mener le réquisitoire » contre Trump.

JOE BIDEN COMPTE SUR SON IMAGE MODERNE DE FEMME SE PRÉSENTANT EN « MOMALA », FIÈRE DE SA FAMILLE MIXTE ET RECOMPOSÉE.

Mais lors d’un des débats, c’est contre Joe Biden qu’elle avait fait des étincelles, en l’attaquant sur ses positions passées concernant les politiques de déségrégation raciale dans les années 1970.

En racontant comment, petite fille, elle était dans l’un des bus amenant les écoliers noirs dans les quartiers blancs, elle avait ému, et bondi brièvement dans les sondages. Peinant à définir clairement sa candidature, elle avait toutefois jeté l’éponge.

« Momala »

Ses expériences dans les branches législative, judiciaire et exécutive du pouvoir, et sa proximité avec Beau Biden, fils de Joe et ancien procureur du Delaware décédé d’un cancer en 2015, ont malgré tout convaincu son ex-rival de la choisir comme colistière.

Il compte aussi sur son image moderne de femme se présentant en « Momala », fière de sa famille mixte et recomposée. Son époux, l’avocat blanc Douglas Emhoff, a lui aussi participé activement à la campagne présidentielle.

La vice-présidente élue, Kamala Harris, avec sa famille, le 7 novembre, quelques heures après l'annonce de l'élection de Joe Bien à la présidentielle américaine.

Mais son passé de procureure pèse aussi contre elle. Des électeurs noirs et progressistes déplorent sa réputation de dureté, notamment en punissant strictement de petits délits qui ont, selon ses détracteurs, affecté surtout les minorités.

Face à Mike Pence, dans le seul débat des vice-présidents, elle avait attaqué à de multiples reprises la gestion par l’exécutif de la crise du coronavirus, qu’elle a qualifiée de « plus gros échec de toute administration présidentielle dans l’histoire » du pays.

Le lendemain, Donald Trump l’avait traitée de « monstre » qui ne dit que « des mensonges ». Il n’a eu de cesse de mettre en garde contre ses opinions, qui feront, selon lui, plonger l’Amérique dans un « socialisme » honni.

Avec Jeuene Afrique par AFP

Jewel Howard-Taylor: une femme aussi controversée que puissante à la vice-présidence du Liberia

décembre 29, 2017
Jewel Howard-Taylor et son ancien mari, le 11 août 2003. © AP/SIPA

Alors que George Weah a été largement élu président du Liberia, c’est l’ancienne femme de Charles Taylor qui accède à la vice-présidence. Une alliance stratégique mais qui interroge.

C’est un nom associé aux heures les plus sombres de l’histoire du Liberia. Avec l’élection de George Weah, un « Taylor » revient à une des plus hautes fonctions de l’État. Ou plus exactement une Taylor : à 54 ans, l’ancienne épouse de Charles Taylor va devenir la prochaine vice-présidente du pays. Une femme d’influence qui a joué un rôle majeur dans la victoire de l’ancien footballeur.

L’une des photos les plus célèbres de cette fine politique montre Jewel Howard-Taylor tout de blanc vêtue, aux côtés de Charles Taylor. Voile dans les cheveux, collier de perles autour du cou, elle célèbre son mariage. Le cliché date de 1997, son époux s’apprête à prendre la tête du pays, après huit ans passés à mener une guerre sanglante.

Marquée par le passé trouble de Charles Taylor

Charles et Jewel se sont rencontrés dans les années 1980. Il dirige alors l’Agence des services généraux, elle est encore étudiante à l’université de Monrovia. Mais très vite, ils sont séparés. Accusé de détournement de fonds par le régime de Samuel Doe, Charles Taylor s’exile en 1984 aux États-Unis. Jewel Howard traverse à son tour l’Atlantique quelques mois plus tard, mais son compagnon a déjà fui de la prison de haute sécurité de Boston, après une rocambolesque évasion. La jeune femme décide néanmoins de rester aux États-Unis, où pendant une dizaine d’années elle étudie la finance. Au Liberia, Charles Taylor a alors pris la tête du Front national patriotique du Liberia (NPFL), dont les troupes commettent les pires atrocités pendant la guerre.

Un passé qui jette aujourd’hui le trouble sur Jewel Howard-Taylor et que la future vice-présidente tente de faire oublier. « Pendant la crise, je n’étais pas dans le pays. J’étais loin, je faisais mes études. Je n’étais pas là, alors comment peut-on dire que j’étais impliquée dans la guerre ? », a-t-elle ainsi déclaré sur la chaîne de télévision Al-Jazeera pendant la campagne présidentielle. Jewel Howard-Taylor ne rentre au Liberia qu’en 1996, après les accords de paix d’Abuja. Mais un an plus tard, alors que Charles Taylor accède à la présidence du pays, elle ne reste pas en coulisse. La première dame occupe plusieurs fonctions officielles, elle devient notamment gouverneur adjointe de la banque centrale du pays et joue un rôle de conseillère auprès de son mari.

Début de sa propre carrière politique

En 2006, elle divorce de Charles Taylor et assure prendre ses distances avec l’ancien président. Pourtant, elle ne reconnaîtra jamais les crimes commis par son mari. « Je ne vois toujours pas comment il pourrait être tenu responsable de ces exactions, commises par différents groupes armés », avait-elle ainsi déclaré, en 2012, au moment de la condamnation de Charles Taylor à 50 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Sierra-Leone.

Jewel Howard-Taylor lance alors sa propre carrière politique. Élue sénatrice en 2006 dans le comté de Bong, le troisième plus peuplé du pays, sous les couleurs du parti national patriotique (NPP), elle devient peu à peu un personnage incontournable. En 2012, elle manque ainsi d’une seule voix la présidence de la Chambre haute. La même année, elle porte une loi controversée criminalisant l’homosexualité. Le texte prévoit que les comportements homosexuels soient passibles de la peine capitale. Il ne sera finalement pas adopté.

Le ticket gagnant : s’allier à George Weah

Figure de premier plan de la vie politique libérienne, elle se prend alors à rêver du palais présidentiel. Finalement, elle décide de s’allier à George Weah pour l’élection de 2017 en prétendant au poste de vice-président. Un ticket gagnant. Jewel Johnson-Sirleaf a notamment permis à l’ancien footballeur de s’assurer les votes des anciens partisans de Charles Taylor et du comté de Bong, où il a recueilli 70% des voix, selon les résultats provisoires publiés par la commission électorale le 28 décembre.

Pendant la campagne, Jewel Howard-Taylor a joué un rôle majeur. Dans l’entre-deux-tours, alors que des craintes émergeaient face au report de sept semaines du second tour, elle s’était notamment entretenue avec de nombreuses délégations étrangères et des diplomates. Certaines sources estiment désormais que cette femme pourrait être le cerveau de la présidence Weah.

Jeuneafrique.com

Zimbabwe : le président Mugabe place son épouse dans la course à sa succession

décembre 7, 2014

Le président du Zimbabwe Robert Mugabe et sa femme Grace.
Le président du Zimbabwe Robert Mugabe et sa femme Grace. © AFP

Le président zimbabwéen Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, a officiellement placé samedi son épouse Grace dans la course à sa succession bien que la première dame soit relativement novice en politique.

« Je suis heureux de réaliser et officialiser votre souhait en la déclarant secrétaire aux Affaires féminines de la Zanu-PF », a déclaré le plus vieux chef d’Etat africain, 91 ans en février, au dernier jour du congrès de son parti réuni cette semaine à Harare. En devenant présidente de la puissante Ligue féminine, Mme Mugabe, 49 ans, fait automatiquement son entrée au bureau politique du mouvement dont elle était jusqu’à présent simple membre.

« Nous avons besoin de plus d’applaudissements », a lancé aux milliers de délégués un des dirigeants de la Zanu-PF, Simon Khaya Moyo, et l’assistance a repris en choeur « Amai! Amai! » (Maman, Maman). Mme Mugabe a longtemps hérité de surnoms moins flatteurs, « Première acheteuse » ou « Gucci Grace », pour sa réputation d’acheteuse compulsive.

Sans surprise, M. Mugabe a aussi été reconduit chef du parti. Il a en revanche entretenu le suspens concernant la composition très attendue du bureau politique et le choix de ses vice-présidents qui ne seront connus que « mercredi ou jeudi », a-t-il dit. Autre prétendant à la succession, le ministre de la Justice, Emmerson Mnangagwa, a été nommé au comité central et garde ses chances.  « Je veux vous dire ma profonde gratitude, une fois encore, pour m’avoir choisi pour vous diriger », a déclaré M. Mugabe, ovationné par des milliers de supporters.

L’issue ne faisait pas de doute. Personne ne se présentait contre le leader historique qui a également été désigné candidat du parti à la prochaine élection présidentielle prévue en 2018. Il aura alors 94 ans.

La fulgurante ascension de Grace Mugabe

Concernant le bureau politique, M. Mugabe a, contre toute attente, choisi de ne pas choisir: « Je ne veux pas me précipiter (…) Je vais regarder les gens qui sont entrés au comité central (…) Il y aura beaucoup d’adieux. Certains ont déjà choisi par des actions illégales de nous dire au revoir ». « On ne les chasse pas, sauf pour ceux que nous avons exclus… et qui vont redevenir membres ordinaires du parti. Ils auront plus temps pour s’occuper de leur ferme », a-t-il ironisé.

Grace Mugabe, relativement nouvelle dans l’arène politique, avait été à la surprise générale désignée en août pour briguer la direction de la ligue féminine du parti. Elle a ensuite laissé entendre qu’elle pourrait avoir envie de parvenir un jour à la tête du pays et fait campagne contre sa rivale la vice-présidente Joice Mujuru, 59 ans, accusée de corruption et complot contre M. Mugabe.

Tombée en disgrâce, Mme Mujuru ne participait pas cette semaine au congrès, ayant par avance perdu son poste au comité central. Jeudi, elle avait été publiquement désavouée par M. Mugabe devant les délégués. Le président avait dénoncé une cabale et menacé Mme Mujuru de poursuites pénales, regrettant de l’avoir choisie comme vice-présidente du parti dix ans plus tôt. « S’il y a des preuves dans les affaires qui leur sont reprochées, ils seront inculpés », a-t-il lancé jeudi.

Selon le Pr Lovemore Madhuku, spécialiste de droit constitutionnel à l’université du Zimbabwe, Mme Mujuru a la possibilité légalement de conserver son poste comme vice-présidente de l’Etat même si elle perd, comme c’est prévu, la vice-présidence du parti. Il y a peu de chance qu’elle le fasse. « Elle reste vice-présidente (de l’Etat) après le congrès sauf si elle est limogée, démissionne ou meurt », a-t-il dit à l’AFP. Mais « la règle non écrite est que le vice-président du parti devienne vice-président de l’Etat ».

« Le président ne peut plus faire confiance à Mme Mujuru et travailler avec elle. Elle ne peut pas s’appuyer sur la loi pour rester à son poste », a-t-il ajouté. M. Mugabe n’a jamais désigné de successeur et, en coulisses, c’est le règne de l’intrigue depuis des années. En 2008, ces divisions qui rongent la ZANU-PF avaient coûté cher au parti, arrivé en deuxième place au premier tour de la présidentielle, avant que l’opposition ne déclare forfait, victime d’un déferlement de violences qui avait fait 200 morts.

Le congrès avait été largement préparé par une purge jusqu’au plus haut niveau: suspensions, exclusions, l’ex-chef de file des vétérans de la guerre d’indépendance Jabulani Sibanda a même comparu devant un juge. Poursuivi pour atteinte à l’autorité du chef de l’Etat, il a été remis en liberté sous caution.

Jeuneafrique.com avec AFP