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France-Violences sexuelles : un collaborateur d’une sénatrice Renaissance en garde à vue

juin 9, 2023

Le suspect, âgé de 26 ans, fait l’objet de six plaintes concernant de multiples infractions, notamment pour viol. Il a été placé en garde à vue.

Un conseiller parlementaire Renaissance a ete place en garde a vue pour de multiples infractions. (Image d'illustration)
Un conseiller parlementaire Renaissance a été placé en garde à vue pour de multiples infractions. (Image d’illustration)© Stephane Mouchmouche / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Le collaborateur d’une sénatrice Renaissance a été placé en garde à vue, vendredi 9 juin, dans le cadre d’une enquête ouverte pour de multiples infractions, notamment sexuelles, a révélé Le Parisien. Deux perquisitions ont été menées, mercredi : la première au domicile du suspect, la seconde au Sénat après autorisation du président de la Haute Chambre, Gérard Larcher (Les Républicains). Son bureau a ainsi été fouillé.

Son interpellation a été menée sur commission rogatoire d’une juge, qui instruit un dossier ouvert pour « viols », « violences volontaires », « séquestrations », « administration de substances nuisibles », « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « menaces de mort », selon une information du quotidien, confirmée de source judiciaire.

Cela fait cinq ans que ce collaborateur parlementaire a commencé sa carrière politique. Diplômé de Sciences Po Paris, il a d’abord travaillé pour une sénatrice du parti Les Républicains avant de rejoindre une seconde, chez Renaissance. Il est également professeur en master à Sciences Po Paris, dans le domaine des affaires publiques. L’école, qui devait rester discrète sur l’enquête, a annoncé qu’elle mettra fin à leur collaboration.

Coups, viol, séquestration et MST

Dans cette affaire tentaculaire, au moins six femmes ont porté plainte, la première remontant à novembre 2022. D’autres témoignages, évoquant un comportement brutal, auraient également été transmis à la justice. Les profils des victimes déclarées sont différents : certaines travaillent dans la politique, au niveau local ou national, d’autres ont été rencontrées à Sciences Po.

Elles racontent des relations d’emprise et des liaisons toxiques dans lesquelles elles auraient été contraintes à des pratiques sexuelles brutales. Certaines affirment avoir été frappées, humiliées et filmées à leur insu. Le suspect aurait eu des épisodes particulièrement violents et aurait retenu ses victimes dans son appartement, les frappant pour les soumettre.

Une femme l’accuse également de l’avoir violée, bien qu’il se savait positif à une maladie sexuellement transmissible.

Une information judiciaire avait été ouverte le 10 mai.

Avec Le Point.fr

France-Violences sexuelles: les évêques se donnent du temps, au risque de décevoir

mars 31, 2023
Violences sexuelles: les eveques se donnent du temps, au risque de decevoir
Violences sexuelles, les évêques se donnent du temps © AFP/Charly TRIBALLEAU

Se donner du temps pour associer l’ensemble des acteurs à la lutte contre les violences sexuelles et ne pas trop partager le pouvoir: c’est ce qu’ont décidé les évêques vendredi, ce qui a suscité la « déception » de victimes ou de laïcs engagés sur ces sujets.

Les quelque 120 membres de la Conférence des évêques de France (CEF) étaient réunis à Lourdes pour examiner les 60 propositions émises par une centaines de clercs, laïcs et personnes victimes de violences sexuelles dans un rapport, fruit de 18 mois de travail.

Autrement dit, l’acte II des suites du rapport choc de la commission Sauvé qui avait révélé l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église.

Les évêques étaient attendus pour prendre des mesures de fond, dans différents domaines: formation des futurs prêtres, accompagnement des prêtres et des évêques dans leurs fonctions, mais aussi des clercs « mis en cause ».

Concrètement, sur les 60 propositions, les évêques ont adopté une dizaine de mesures les concernant directement et touchant à leurs missions: des « visites régulières » extérieures pour vérifier l’exercice normal » de leurs fonctions, la rencontre régulière et individuelle des prêtres avec leur évêque, ou encore la présence d’une « diversité » (laïcs, dont des femmes) dans les conseils épiscopaux.

Quelques mesures votées visent aussi à assurer un contrôle renforcé des associations de fidèles menant une vie commune, parfois lieux de dérives spirituelles et de violences sexuelles.

Mais sur les autres propositions du rapport, « il nous a semblé nécessaire de (les) faire travailler dans nos églises par les acteurs » locaux, pour instituer un « changement de culture », a dit le président de la CEF, Eric de Moulins-Beaufort, lors d’un point de presse. Avec « un point d’étape et d’évaluation en mars 2025 ».

Partage du pouvoir

Parmi les propositions non votées à ce stade figuraient, par exemple, une demande de parité clercs-laïcs dans les conseils épiscopaux. Ou la présence de laïcs au conseil permanent (conseil de direction) de la CEF, avec droit de vote. Ou encore la mise en place d’un Observatoire national indépendant chargé de recenser les agressions sexuelles.

Sur ce dernier point, les évêques ont préféré gérer ce recensement par une instance interne.

« Certains (…) sont peut-être déçus », a reconnu Eric de Moulins-Beaufort, soulignant qu’ils pourraient « avoir l’impression que, sur bien des sujets, nous renvoyons le dossier à d’autres ».

« J’éprouve de la déception. Ils n’ont pas sorti grand chose de nos travaux », a confirmé auprès de l’AFP Véronique Garnier, une victime qui a participé aux groupes de travail ayant élaboré les 60 propositions.

Une autre participante, qui a requis l’anonymat, a estimé que l’épiscopat « bottait en touche », sans doute par « peur de la perte du contrôle du processus ».

« Ce qui a été adopté aujourd’hui (vendredi), c’est ce qui ne touche pas à la question du pouvoir » des évêques, alors qu’il leur était proposé de « davantage partager ce pouvoir », a regretté Céline Béraud, sociologue des religions, elle aussi membre d’un groupe de travail. Notamment pour éviter l’entre-soi, lui aussi risque de dérives potentielles.

Les évêques ont cependant voté le principe de tenir une assemblée plénière avec des laïcs tous les trois ans.

Un vote concret, financier, a été pris en direction des victimes: les évêques « se sont engagés » à abonder une deuxième fois le fonds Selam, le Fonds de secours et de lutte contre les abus sur mineurs dans l’Église catholique, qui verse aux victimes les réparations financières, une fois rendues les décisions de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr).

« On va le réabonder à hauteur de 20 millions d’euros », a assuré à l’AFP une source proche du dossier.

Le premier versement avait été de 20 millions d’euros et risquait d’être « épuisé » d’ici à la fin de l’été, a rapporté l’un des vice-présidents de la CEF, Dominique Blanchet.

En Allemagne, évêques, prêtres, religieuses et laïcs réunis en synode depuis quatre ans, n’ont pas hésité mi-mars à se prononcer pour la possibilité pour les femmes de devenir diacre. Ils ont aussi demandé au pape d’examiner l’obligation de célibat pour les prêtres.

Par Le Point avec Lourdes (AFP) 

RDC/Sud-Kivu : Denis Mukwege octroie 207 maisons aux survivantes des violences sexuelles

mars 8, 2023

Le 7 mars restera une journée mémorable pour les habitants de Miti, dans le territoire de Kabare, province du Sud-Kivu. 207 maisons équipées que le Dr Denis Mukwege a fait consruire  sur fonds propres ont été remises aux familles vulnérables.

1- Le Dr Mukwege et les femmes vulnérables à la remise des maisons à Miti

Le Dr Denis Mukwege a offert 100 maisons aux bénéficiaires, complétant les 107 offertes auparavant à la population des territoires de Kabare, Kalehe, Uvira, Walungu, etc. Elles ont été remises devant la notabilité de Kabare mobilisée pour accueillir ce digne fils du pays. 

Dans son allocution devant des personnalités du Sud-Kuvu, les représentants de différentes confessions religieuses, le directeur de l’Aide internationale de la Croix-Rouge luxembourgeoise, et devant sa majesté le mwami Désiré Kabare, le Dr Denis Mukwege a dit sa joie de remettre officiellement, par le biais du pilier réinsertion socio-économique de la Fondation Panzi, les 100 maisons aux bénéficiaires. Il a de prime abord exprimé sa reconnaissance envers la Grande duchesse Maria Teresa du Luxembourg, responsable du financement de ce projet depuis leur première rencontre en 2018. Celle-ci continue du reste de soutenir la population du Sud-Kivu à travers le partenariat entre la Fondation Panzi et la Croix-Rouge luxembourgeoise dont elle est présidente.

2- Les femmes survivantes des violences sexuelles

« Ce projet a été exécuté dans le cadre du partenariat entre l’Hôpital et la Fondation Panzi que nous représentons et l’Aide Internationale de la Croix Rouge luxembourgeoise représentée ici par son directeur, le Dr Remi Fabbri. Ce partenaire collabore avec nous depuis 2020. Il soutient la réhabilitation de notre hôpital et nos actions en faveur des survivantes de violences sexuelles dans leur parcours d’intégration socio-économique et leur accompagnement juridique au Sud-Kivu », a déclaré le Dr Denis Mukwege.

« … ces 100 maisons destinées à nos bénéficiaires comptent trois chambres, un salon, une cuisine, une toilette avec douche. Elles viennent répondre à un besoin de restauration de la dignité des bénéficiaires car nombreuses d’entre elles logeaient dans des maisons en paille, souvent dégradées et parfois sans porte ni fenêtre…. 40 maisons ont été construites ici dans le territoire de Kabare, dont 20 à Miti et 20 autres à Birava, 25 maisons dans le territoire de Walungu dans le groupement de Mulamba, 25 autres dans le territoire de Kalehe, plus précisément à Minova, et 10 maisons à Bukavu. Avec le même partenaire, nous avions construit 42 maisons en 2020 dont 9 à Kavumu, 18 à Katana et 15 à Kalehe », a expliqué le Prix Nobel de la Paix 2018.

3- Une des maisons construites par la Fondation Panzi pour les survivantes des violences sexuelles

Denis Mukwege a fait savoir qu’en 2021, 65 maisons supplémentaires ont été construites, notamment 15 à Kavumu, 15 à Katana, 15 à Kalehe et 20 autres à Minova. Cela fait donc un total de 207 maisons construites par la Fondation Panzi en partenariat avec la Croix-Rouge luxembourgeoise. Outre les maisons octroyées à cette couche vulnérable de la population au Sud-Kivu, le Dr Denis Mukwege tient à rendre les bénéficiaires autonomes, les poussant à se prendre en charge. « En plus des maisons, à travers ce projet, nous avons renforcé les capacités de nos bénéficiaires en agriculture et en élevage. En guise de semence pastorale, nous leur avons distribué 117 porcs, 232 chèvres et 60 poules. Comme semence agricole, nous avons distribué plus de 3 365 Kg de haricots, 1485 Kg de maïs, 130 Kg de soja, 435KG de maïs et 120Kg de riz », a-t-il indiqué.

Et il a conclu son allocution par ces mots : « Dans le but de renforcer nos interventions d’assistance juridique à nos bénéficiaires, deux cliniques juridiques ont été construites dont la réhabilitation de notre clinique d’ici à Kavumu, dans le village Mululu, et la construction d’une clinique juridique à Bunyakiri, dans le territoire de Kalehe. Ces deux cliniques sont mises à la disposition de toute la population et constituent un cadre de soutien et de promotion de la justice pour tous qui fait partie de l’action de la Fondation Panzi ».

Le Dr Denis Mukwege a donc pris résolument à cœur la situation des victimes des violences sexuelles. Il veille sur leur santé physique, leur réintégration sociale, leur logement? engagé sur le plan international contre l’impunité des auteurs des crimes. Une pile d’actions en faveur de la population vulnérable et marginalisée qui a emmené un collectif d’intellectuels à soutenir sa candidature à la présidentielle de 2023. Mais le prix Nobel de la Paix ne s’est pas encore prononcé publiquement à ce sujet.

Avec Adiac-Congo par Martin Enyimo

France: Le cardinal Jean-Pierre Ricard au cœur d’une nouvelle affaire

novembre 7, 2022

L’ancien archevêque de Bordeaux a reconnu s’être « conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans », il y a 35 ans.

L’épiscopat a révélé lundi que onze anciens évêques avaient eu affaire à la justice civile ou la justice de l’Église pour des violences sexuelles ou de la « non-dénonciation », et révélé une conduite « répréhensible » de l’ancien archevêque de Bordeaux, le cardinal Ricard. À la surprise générale, le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, qui tenait un point presse sur le thème des abus sexuels et de leur gestion à la veille de la clôture de l’assemblée plénière de la CEF à Lourdes, a lu un message envoyé par le cardinal Jean-Pierre Ricard.

« Il y a 35 ans, alors que j’étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables », y écrit le cardinal. « J’ai décidé de me mettre à la disposition de la justice tant sur le plan de la société que de celui de l’Église », a-t-il ajouté, affirmant avoir demandé « pardon » à cette victime, toujours selon ses propos rapportés.

Un « choc » pour les évêques

Cet aveu du cardinal Ricard, 78 ans, qui fut notamment évêque de Coutances, de Montpellier puis de Bordeaux de 2001 à 2019, et qui a pris sa retraite en octobre 2019, a été accueilli « comme un choc » par les 120 évêques réunis dans la cité mariale depuis jeudi, a souligné le président de la CEF. Mgr Ricard, ancien président de la CEF, est cardinal depuis 2006. Le président de la CEF a par ailleurs détaillé les cas d’autres prélats ayant eu affaire à la justice.

« Il y a aujourd’hui six cas d'(anciens) évêques qui ont été mis en cause devant la justice de notre pays ou devant la justice canonique », a-t-il déclaré, soulignant que ces cas étaient « connus » de la presse. L’un d’entre eux est toutefois « décédé » depuis, a indiqué ultérieurement la CEF à la presse, précisant qu’il s’agissait de Pierre Pican, décédé en 2018, condamné pour une non-dénonciation. S’ajoute « désormais Mgr Ricard », a-t-il dit. Ainsi que Mgr Michel Santier, sanctionné en 2021 par les autorités du Vatican pour des « abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs » et dont la sanction a été révélée mi-octobre par la presse.

Deux autres évêques à la retraite « font l’objet d’enquêtes aujourd’hui de la part de la justice de notre pays après des signalements faits par un évêque et d’une procédure canonique ». Un dernier « fait l’objet d’un signalement au procureur auquel aucune réponse n’a été donnée à ce jour et a reçu du Saint-Siège des mesures de restriction de son ministère », a ajouté l’archevêque de Reims.

Par Le Point avec AFP

Violences sexuelles : « La place de ces prêtres est en prison » – Une victime de la Fraternité Saint-Pie-X témoigne

septembre 29, 2022

Victime d’abus sexuels de la part d’un prêtre français au Gabon à la fin des années 1980, Claude a choisi de rompre le silence. Trente ans après les faits, il entend révéler les crimes commis par des pères de la Fraternité Saint-Pie-X. Jeune Afrique a recueilli son témoignage filmé.

Claude, victime de Patrick Groche, témoigne pour Jeune Afrique. © JA

ENQUÊTE – Sans lui, aucune révélation n’aurait été possible. Contacté par Jeune Afrique, Claude est en effet la première victime qui a accepté de témoigner et de rapporter les faits dont il a été victime. Le premier, aussi, et le seul à avoir le courage de le faire face à une caméra, à visage découvert. Sans doute pour obliger ses anciens agresseurs à le regarder en face, les yeux dans les yeux.

Dans le petit appartement des faubourgs de Strasbourg, dans l’est de la France, Claude a juste posé une condition, avant que nous ne commencions à enregistrer son témoignage : garder son patronyme secret. Devenu éducateur, il encadre aujourd’hui des enfants et fréquente par conséquent leurs familles. S’il a choisi de parler, il veut préserver sa vie professionnelle.

L’ancien servant de messe gabonais, qui a commencé à fréquenter la mission de la Fraternité Saint-Pie-X de Libreville à 16 ans à peine, en 1986, a le verbe posé. Les mains croisés, la voix calme et l’émotion contenue, il raconte ce jour où le père Patrick Groche l’a invité dans sa chambre pour, avait-il prétexté, lui donner un roman de jeunesse.

UN MÉLANGE DE « HONTE » ET DE « PEUR » L’A EMPÊCHÉ DE BRISER LE SILENCE

Il ne s’étend pas sur les caresses, les attouchements. Ses silences en disent beaucoup. Suffisamment. Dans un témoignage écrit également envoyé à Jeune Afrique, Claude avait été plus cru. Mais, face caméra, la pudeur l’emporte, sans que son témoignage perde de son poids. Il est précis, accablant. Derrière les rideaux tirés de sa chambre, un prêtre nu l’emmène en enfer, tout en lui glissant à l’oreille : « Les garçons aussi ont le droit de s’aimer. »

Un calvaire de huit ans enfoui pendant un quart de siècle

Claude sera victime durant huit années du Français Patrick Groche, ancien bras droit de l’ex-archevêque de Dakar, le traditionaliste Marcel Lefebvre. D’abord à Libreville donc, puis en France, où le jeune Gabonais part poursuivre ses études, opportunément financées par la Fraternité Saint-Pie-X. Claude ne trouvera le courage de tenir tête à son agresseur et de mettre fin au calvaire qu’en 1994.

L’ancien servant de messe mettra encore vingt-cinq ans à briser le silence. Alors que son fils s’apprête à étudier au Québec, il découvre que le père Groche exerce toujours outre-Atlantique. Le déclic. En 2019, Claude décide de témoigner auprès de la hiérarchie de la Fraternité Saint-Pie-X. Puis il dépose plainte en France. En vain : les faits, trop anciens, sont prescrits.

Pourquoi avoir attendu vingt-cinq ans ? Un mélange de « honte », de « peur ». L’envie d’enfouir l’horreur au plus profond de soi surtout. Depuis la dénonciation des faits, le père Patrick Groche a été rappelé en France par sa hiérarchie. Il vit aujourd’hui à Lourdes, sous l’œil vigilant de Claude et de sa famille, qui se démènent pour découvrir d’autres victimes, les inciter à témoigner et à dénoncer.

Leur objectif : obtenir que le père Patrick Groche soit traduit en justice et forcer la Fraternité Saint-Pie-X, coupable, selon lui, d’avoir couvert les abus et protéger des prêtres criminels, à faire face à ses victimes. Après près de deux heures de témoignage, Claude conclut en s’adressant « aux victimes de la Fraternité » : « Cela ne doit pas continuer. La place de tous ces prêtres est en prison. Pour la protection des innocents et des enfants, il faut les dénoncer. »

Avec Jeune Afrique par Mathieu Olivier

Guinée : le testament de M’mah Sylla, victime de violences sexuelles 

décembre 1, 2021
M’mah Sylla, 25 ans, est décédée le 20 novembre à Tunis, où elle avait été évacuée après avoir subi plusieurs viols commis par deux hommes qui se disaient médecins en Guinée. © DR

Impunité et mauvaise gouvernance : telles sont les causes de la tragédie qui a frappé la jeune Guinéenne de 25 ans, décédée après plusieurs viols le 20 novembre dernier. Oser se dresser collectivement contre ces fléaux est le seul moyen d’honorer sa mémoire.

Nous refusons toujours de nous rendre à l’évidence. Nous continuons à faire semblant. Nous persistons à croire que les problèmes vont se régler d’eux-mêmes, comme par miracle. Pis, nous paraissons avoir abandonné notre sort entre les mains d’un messie – que je plains grandement –, pensant naïvement, et peut-être cyniquement, qu’il surgira bien de quelque part pour régler tous nos problèmes.  N’est-ce pas là, précisément, la recette la plus aboutie de l’échec ?

Tous coupables

Pourquoi nous entêtons-nous à croire qu’une personne seule trouvera la solution pour les 12 à 13 millions de Guinéens que nous sommes sans que nous ayons à jouer notre partition ? Sommes-nous à ce point anesthésiés et rendus aveugles par des décennies de laisser-faire, de pagaille, d’injustice, d’impunité et de mauvaise gouvernance ? Car, oui, pour moi, la tragédie qu’a vécue M’mah Sylla résulte de cette mauvaise gouvernance qui sévit depuis trop longtemps et qui reste largement impunie. Je la considère comme le plus grand de nos maux, le cancer de notre société. Une société si aliénée que tout ce qui est anormal ailleurs est érigé en règle chez nous et célébré comme étant l’excellence même !

L’impunité face aux violences économiques, politiques, sociales et celles basées sur le genre, dont nos populations sont victimes, a élevé le malfrat au rang de héros de tous les temps.

L’IMPUNITÉ ET LA CULTURE DES PETITS ARRANGEMENTS NOUS ONT ABÊTIS, RENDUS MESQUINS ET MÉDIOCRES

L’impunité a perverti notre système de valeurs et couvert de honte ceux d’entre nous qui ont embrassé le service public afin de servir, produire des résultats et rendre des comptes à leurs concitoyens. L’impunité et la culture des petits arrangements nous ont abêtis, rendus mesquins et médiocres. L’impunité nous a presque vidés de notre humanité ! Humanité pourtant célébrée par nos anciens dans notre belle charte du Manden. Mais à quoi sert de bomber le torse en clamant avec fierté que cette charte est l’ancêtre de la déclaration des droits de l’Homme si chaque jour, à travers nos actes et nos attitudes, nous la foulons aux pieds et la vidons de sa substance?

M’MAH EST MORTE PARCE QUE NOUS AVONS ÉTÉ SI PEU NOMBREUX À NOUS DRESSER CONTRE CETTE MAUVAISE GOUVERNANCE

M’mah est morte à cause de nous tous, parce que nous avons préféré nous adonner à d’autres passe-temps, plutôt que de régler les vrais problèmes qui, en réalité, ne sont pas si difficiles à résoudre. M’mah est morte parce que nous avons été si peu nombreux à nous dresser contre cette mauvaise gouvernance. Pourtant, pas besoin de kalachnikov pour mettre fin à l’impunité ! Il suffit de faire preuve de fermeté et d’équité.

Intérêts égoïstes

Pourquoi rechignons-nous tant à sévir ? Quand un cadre commet une faute, nous déployons moult efforts pour convaincre sa hiérarchie d’abandonner toutes formes de condamnation. Nous envoyons des délégations pour tenter de l’amadouer au-delà du bon sens et de l’objectivité, cela souvent sans même nous demander ou nous enquérir des actes commis, encore moins de leurs conséquences, parfois incommensurables, pour notre pays et nos populations. Tout cela parce que le « qu’en-dira-t-on », devenu l’aune ultime de la popularité et du succès, est depuis trop longtemps préférable au respect et à la dignité qu’imposent les décisions difficiles mais nécessaires, dont celle de punir. Tout cela parce que l’on préfère sacrifier le bien-être du plus grand nombre sur l’autel d’intérêts égoïstes d’une minorité d’hommes et de femmes, dont le seul but est d’entretenir la pérennité d’un système, savamment élaboré, de captation de ressources.

Mais tout cela à un prix. Un prix dont certains pensent pouvoir s’affranchir en se cloîtrant dans leurs îlots dorés au milieu d’océans de pauvreté qu’ils ont grandement contribué à créer ou aggraver. Ce prix a été payé par M’mah Sylla et par tant d’autres. Des victimes sont mortes plusieurs fois, lorsqu’on a refusé d’appliquer simplement les lois et les règles.

EN BRISANT LE SILENCE À VISAGE DÉCOUVERT, M’MAH SYLLA A DÉFIÉ SES BOURREAUX AINSI QU’UN OPPRESSANT SYSTÈME QUI AURAIT VITE FAIT DE L’ANÉANTIR.

Des victimes ont été bafouées, lorsqu’on a refusé de sanctionner les actes de corruption. Des victimes ont été lésées, lorsqu’on a laissé des hommes et des femmes phagocyter l’économie d’un pays au profit de leurs intérêts personnels et ceux de leurs familles. Voilà le lourd tribut à payer pour un pays comme le nôtre, si riche et pourtant si pauvre ! Mais M’mah nous a peut-être aussi lancé un défi extraordinaire. En acceptant courageusement de briser le silence, elle a défié ses ignobles bourreaux ainsi qu’un oppressant système qui aurait aussitôt fait de l’anéantir. M’mah nous laisse un testament et nous ordonne d’agir pour elle et pour toutes les victimes de violences. Il est désormais temps d’en finir avec cette impunité, pour que la honte change de camp.

Malado Kaba

Avec Jeune Afrique par Malado Kaba

Ancienne ministre guinéenne de l’Économie et des Finances (2016-2018), PCA d’Orabank Guinée. Membre de la cohorte inaugurale de l’Initiative Amujae, programme phare du Centre présidentiel Ellen Johnson Sirleaf pour les femmes et le développement.

Violences sexuelles en RDC : Tedros Ghebreyesus, patron de l’OMS, s’excuse

septembre 29, 2021
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, à Genève, le 10 février 2020. © Salvatore Di Nolfi/AP/SIPA

Une commission indépendante chargée d’enquêter sur les violences sexuelles auxquelles se sont livrés des employés de l’OMS en RDC a conclu le 28 septembre à des « défaillances structurelles » et des « négligences individuelles » de l’organisation.

L’affaire avait fait scandale. En septembre 2020, une enquête réalisée par The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters avait dévoilé les témoignages de dizaines de femmes racontant comment elles avaient été victimes de viols commis par des travailleurs humanitaires, alors engagés dans l’est du Congo dans le cadre de la riposte à l’épidémie d’Ebola entre 2018 et 2020.

Dans ses propos liminaires, la commission d’enquête lancée en octobre 2020 par le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, dresse un tableau très sombre de la situation sur place. La commission a identifié 83 auteurs présumés, dont 21 étaient des employés de l’OMS. L’organisation a mis fin, dès la publication du rapport, au contrat de quatre d’entre eux qu’elle employait encore. Les autres avaient des contrats de courte durée. Ils seront bannis de tout emploi futur.

« Je suis désolé »

La commission constate « l’ampleur des incidents d’exploitation et d’abus sexuels lors de la riposte à la 10ème flambée d’Ebola, toute chose ayant contribué à accroître la vulnérabilité des victimes présumées, lesquelles n’ont pas bénéficié de l’aide et de l’assistance nécessaires qu’exigeaient de telles expériences dégradantes ».

« C’est un jour sombre pour l’OMS, a reconnu lors d’une conférence de presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui brigue un second mandat à la tête de l’organisation, une candidature pour laquelle il a reçu la semaine dernière le soutien de la majorité des pays de l’Union européenne, mais aussi du Kenya. « La première chose que je tiens à dire aux victimes et aux survivants, c’est que je suis désolé. Je suis désolé, désolé de ce qui vous a été imposé par des personnes qui étaient employées par l’OMS pour vous servir et vous protéger », a déclaré Tedros Ghebreyesus, promettant des conséquences sévères aux responsables.

Quand une journaliste lui a demandé s’il avait l’intention de démissionner, il a esquivé. « Je suis allé sur place 14 fois et ce problème n’a pas été soulevé. Peut-être que j’aurais dû poser des questions », a-t-il toutefois reconnu.

Perception d’impunité

La commission a révélé « la perception d’impunité du personnel de l’institution de la part des victimes présumées », tout comme le fait que face à des dizaines de victimes qui se sont présentées, il y a « une absence totale de signalement de cas » au niveau institutionnel.

Tedros Ghebreyesus a assuré que l’OMS transmettrait les allégations de viol aux autorités nationales en RDC pour qu’elles enquêtent, ainsi que dans les pays d’origine des auteurs présumés. « Deux hauts responsables ont été placés en congés administratifs et nous prenons des mesures pour nous assurer que d’autres personnes susceptibles d’être impliquées soient temporairement déchargées de tout rôle décisionnel dans cette affaire », a-t-il détaillé. Le patron de l’OMS a aussi indiqué qu’un organisme externe serait chargé d’identifier les manquements individuels au sein de son organisation.

Par Jeune Afrique avec AFP

Au Bénin, l’exploitation des « enfants placés », entre maltraitance et violences sexuelles

août 16, 2021

Si les « vidomègon » ont toujours existé, le principe s’est dévoyé pour devenir une activité commerciale parfois placée sous la coupe de réseaux de trafiquants.

L’une après l’autre, elles sortent du dédale de ruelles de Dantokpa, le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest. Avec leur large plateau sur la tête, les filles traversent ensuite la gare routière, d’où partent des bus pour le nord du Bénin, puis elles rejoignent la Baraque SOS Vidomègon. C’est là, dans ce local coincé entre un coiffeur et un vendeur de pneus, qu’elles viennent souffler un peu.

Il est 13 heures et le soleil de Cotonou est brûlant quand Sandra, 15 ans, pose délicatement à terre le lourd plateau de tomates, qu’elle porte depuis l’aube en équilibre sur sa tête. « Je me suis levée ce matin à 4 heures, comme tous les jours, raconte la jeune fille en s’essuyant le front. Normalement, je terminerai vers 20 heures. J’ai beaucoup vendu ce matin. » Si Sandra ne parvient pas à écouler toute sa marchandise, elle aura la possibilité de continuer demain.

Amandine, 19 ans, n’a pas cette chance : « Si ce soir il me reste des oignons, je vais me faire insulter par ma tante, la sœur de mon père. Avant elle me battait mais elle a arrêté, car maintenant je lui rends les coups. Je travaille pour elle depuis que j’ai quitté mon village de Sô-Ava à l’âge de 10 ans. Chaque jour, sauf le dimanche car je vais à la messe, je dois tout vendre avant d’aller me coucher. »

Près de 200 000 en Afrique de l’Ouest

Jusqu’au cœur de la nuit, on peut voir à Cotonou des enfants livrés à tous les dangers près du stade de l’Amitié ou aux abords de Dantokpa. Au Bénin, on les appelle « vidomègon » (les « enfants placés » en fon, la langue la plus parlée de ce pays de 13 millions d’habitants). Le phénomène est également répandu au Togo et au Nigeria voisins. Selon l’Unicef, ils seraient près de 200 000 en Afrique de l’Ouest. A Dantokpa, on en compterait 5 000, d’après l’ONG Espoirs d’enfants.

Si dans les marchés de la plupart des villes béninoises, on les croise portant ce qu’ils doivent vendre dans la journée, on peut aussi en voir travailler dans les champs ou dans des restaurants, où ils servent ou nettoient les tables des clients. Certains ont à peine 5 ans. Souvent pieds nus et vêtus de haillons, de nombreux vidomègon (80 % d’entre eux sont des filles) sont victimes de maltraitance et de violences sexuelles.

Le fait de placer un enfant chez un proche ou dans une famille d’accueil a toujours existé. Il permet à des familles pauvres d’espérer offrir la possibilité d’aller à l’école. En échange, les enfants accomplissent quelques tâches agricoles ou ménagères. « Je connais des jeunes filles qui sont tombées chez des gens très corrects », assure Julienne, 16 ans. En Afrique de l’Ouest, c’est à partir des années 1990, au fil des sécheresses et des crises économiques, que le principe s’est dévoyé pour devenir une activité commerciale parfois placée sous la coupe de réseaux de trafiquants.

Loin des grandes villes, un business s’est mis en place dans le nord du Bénin, mais aussi dans les départements du Couffo et du Mono (sud-ouest). « Le système est organisé à partir de rabatteurs et d’entremetteuses qui sillonnent les villages en quête d’une main-d’œuvre bon marché », explique Florentin Kinhoueyito, secrétaire général de l’ONG Amour et Bien-être, qui mène différentes actions en faveur de la jeunesse béninoise : « Ils donnent aux parents une somme d’environ 30 000 francs CFA [46 euros] pour les appâter. Ils leur font miroiter un revenu mensuel qu’ils ne verseront quasiment jamais. Ensuite, les enfants disparaissent et tout est fait pour qu’ils n’aient aucun contact avec leur famille. Lorsque les enfants reviennent chez eux, ils n’osent généralement pas raconter l’enfer qu’ils ont subi. »

« Des enfants repliés sur eux-mêmes »

Julienne a été vendue à l’âge de 13 ans à un intermédiaire « qui sillonnait les rues » de son village de Bopa, dans le département du Mono. « Il a dit à mes parents que j’allais trouver un boulot chez une dame riche qui allait me donner 20 000 francs CFA par mois, se souvient-elle. J’avais peur, mais je ne pouvais pas contredire mon père, qui avait pris la décision de m’envoyer et de signer un contrat de trois années. Le jour du départ, il y avait une quarantaine de filles, les plus jeunes avaient 8 ans. »

Après un mois de travaux champêtres, Julienne a été emmenée chez une femme qui l’a forcée à se lever à 4 heures du matin « pour faire la cuisine, le ménage, la vaisselle », et qui la frappait à coups de bâton. Elle s’est enfuie au bout de trois ans puis est revenue dans son village, où ses parents lui ont dit qu’ils n’avaient jamais reçu d’argent depuis son départ.

« Les enfants que nous accueillons sont dans un état nutritionnel souvent insuffisant, assure Hérodote Tokpanoude, médecin au sein de l’ONG Amour et Bien-être. Sur le plan psychologique, ils sont anxieux et repliés sur eux-mêmes. »

Une cinquantaine de jeunes filles, âgées de 7 à 19 ans, viennent quotidiennement se reposer, jouer ou suivre des cours d’alphabétisation, la plupart étant déscolarisées, à la Baraque SOS du marché Dantokpa, financée par les partenaires des Sœurs salésiennes de Don Bosco avec l’appui des structures d’Etat. « Notre but est d’humaniser les conditions de vie de ces filles, explique Claudine Bohissou, responsable du centre. On les écoute, on les respecte et, si elles le souhaitent, nous pouvons les orienter vers un métier ou vers l’école. Elles bénéficient aussi des services d’une assistante sociale et d’un psychologue. »

« Je ne souhaite pas changer de métier »

Malgré la dureté de la rue et les violences qu’elles subissent, les vidomègon sont nombreuses à ne pas vouloir changer de vie. Pour certaines, comme Albertine, c’est par esprit de sacrifice : « J’ai accepté d’être vendue à un monsieur à l’âge de 13 ans afin d’améliorer les conditions de vie de ma famille », dit-elle. D’autres, comme Sandra, « parce que vendre des tomates est [son] métier depuis l’âge de 7 ans et [qu’elle] ne souhaite pas en changer ». Sonia, vendeuse de crevettes de 13 ans, se dit « heureuse de travailler pour [sa] grand-mère, qui [lui] donne des sous pour [ses] dépenses ».

« Dans un pays qui a tellement souffert de l’esclavage, je n’aime pas qu’on compare le phénomène des vidomègon à de l’esclavage d’enfants », explique sœur Tiziana Borsani, directrice exécutive des œuvres sociales de l’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice au Bénin, fondé par les Sœurs salésiennes de Don Bosco : « Mais il s’agit incontestablement d’une exploitation économique, domestique et parfois sexuelle des enfants. Depuis quelques années, la situation s’améliore car il y a eu une prise de conscience, après un travail efficace de synergie entre les structures de l’Etat et les organisations de la société civile. Des procès ont été menés et de lourdes peines ont été prononcées contre des trafiquants et des familles d’accueil qui infligeaient des sévices aux enfants. »

Après deux heures de repos et un cours d’orthographe, les jeunes filles de la Baraque SOS montent le son du poste de télévision. Dans un joyeux tumulte, elles dansent, chahutent entre les bancs… Puis, d’un geste mille fois répété, elles replient leur « kanzoun », ce morceau de tissu qui cale le plateau sur leur tête, esquissent encore quelques pas de danse et disparaissent dans le labyrinthe de Dantokpa.

Par Le Monde avec Pierre Lepidi (Cotonou, envoyé spécial)

Maroc: le patron de presse jugé pour violences sexuelles nie en bloc

mai 12, 2018

 

Taoufik Bouachrine, directeur de la publication du quotidien Akhbar al-Youm. © ABDELHAK SENNA/AFP

Le patron de presse marocain Taoufiq Bouachrine nie toutes les accusations de violences sexuelles et conteste les vidéos présentées comme des preuves, lors de son procès à huis clos devant un tribunal à Casablanca.

Arrêté le 23 février et incarcéré depuis à Casablanca, le directeur du quotidien indépendant Akhbar Al-Yaoum est jugé depuis le 8 mars notamment pour « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ».

Dès que la parole lui a été donnée, jeudi après plusieurs journées d’audience consacrées à des questions de forme, le journaliste de 49 ans a dénoncé un « procès politique » en rejetant toutes les accusations, selon ces sources.

Un procès à huis clos

La chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca a décidé la semaine dernière que le procès se tiendrait à huis clos à la demande des victimes.

Public, journalistes et observateurs dépêchés par les organisations de défense des droits de l’Homme n’ont désormais plus accès aux débats et il faut s’adresser aux différents avocats pour obtenir des éléments sur le contenu des audiences.

À la barre, M. Bouachrine a nié avoir eu des « relations consenties » avec les femmes enregistrées comme parties civiles, selon ces sources. Il a aussi affirmé « ne pas connaître l’origine des vidéos » saisies dans son bureau le jour de son arrestation, qui, selon l’accusation comprennent des images explicites.

« Aucun signe politique dans son procès »

Selon le journal Akhbar al-Yaoum, qui consacre régulièrement sa Une au procès de son patron, le journaliste a aussi revendiqué que l’audience soit ouverte pour « démontrer le complot dont il est victime ».

« Bouachrine est poursuivi pour ce qu’il a commis, je ne vois aucun signe politique dans son procès, ses écrit était ordinaires », a pour sa part commenté Habib Hajji, avocat de quatre parties civiles, joint par l’AFP.

L’audition des victimes présumées pourrait commencer la semaine prochaine.

La justice a répertorié 15 parties civiles mais au moins trois des femmes considérées comme des victimes présumées assurent n’avoir rien à reprocher à M. Bouachrine. L’une des trois, salariée du journal, a été condamnée à six mois de prison ferme pour avoir accusé la police d’avoir falsifié sa déposition.

L’affaire focalise l’intérêt des médias marocains, avec des réactions et des avis partagés, du fait de la notoriété de l’accusé et de la gravité des charges.