Lula « a décidé de reporter son voyage en Chine. Ce report a été communiqué aux autorités chinoises », a indiqué Brasilia, sans préciser une nouvelle date.
Une annonce qui inquiète. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a décidé de reporter son voyage en Chine prévu ce dimanche afin de se remettre d’une « pneumonie légère », a annoncé samedi le gouvernement.
Lula, 77 ans, « a décidé de reporter son voyage en Chine. Ce report a été communiqué aux autorités chinoises », a indiqué le secrétariat à la communication de la présidence, sans indiquer de nouvelle date de voyage. Le président brésilien devait initialement se rendre en Chine samedi, mais en raison d’une « pneumonie légère », le déplacement avait été reporté vendredi d’une journée.
« Malgré l’amélioration clinique, le service médical de la présidence de la République recommande de reporter le voyage en Chine jusqu’à la fin du cycle de transmission virale », précise le docteur Ana Helena Germoglio dans le communiqué de la présidence.
Une journée éprouvante
C’est une pression artérielle élevée qui avait poussé Lula à faire des examens médicaux jeudi soir à son retour à Brasilia, selon le quotidien Folha de S. Paulo. Il venait de passer une journée éprouvante à Rio de Janeiro, visitant notamment le chantier naval des sous-marins Scorpène fabriqués en partenariat avec le groupe français Naval Group.
Lula devait se rendre à Pékin, à la tête d’une importante délégation de six ministres, de gouverneurs, de députés, de sénateurs et d’environ 200 chefs d’entreprise. Il devait notamment rencontrer mardi son homologue Xi Jinping, avec qui il devait entre autres aborder le conflit en Ukraine et présenter une proposition, aux contours encore flous, de médiation par un groupe de pays neutres.
La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil : les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint l’an dernier 150 milliards de dollars.
Des gendarmes français au milieu des gaz lacrymogènes lors d’affrontements avec des manifestants, jeudi, à Nantes. Photo: Reuters/Stephane Mahe
Au lendemain d’une journée de forte mobilisation et de violences en France, qui a entraîné le report inédit de la visite du roi Charles III, la principale centrale syndicale réformiste a de nouveau appelé vendredi le gouvernement à surseoir à sa réforme sur les retraites.
Coup de théâtre vendredi matin : l’Élysée a annoncé que la visite d’État du roi Charles III qui devait commencer dimanche a été reportée, à la demande d’Emmanuel Macron, a tenu à préciser Downing Street.
La décision a été prise après un échange téléphonique entre le président de la République et le roi ce matin, afin de pouvoir accueillir Sa Majesté le roi Charles III dans des conditions qui correspondent à notre relation d’amitié, écrit la présidence française.
Le roi Charles III Photo : Getty Images
Cette décision tombe au lendemain d’une journée de manifestations et une nuit de violences à plusieurs endroits au pays.
Entrée dans son troisième mois, la contestation contre le report de l’âge du départ à la retraite à 64 ans a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (ministère de l’Intérieur) et 3,5 millions (syndicat CGT) pour la neuvième journée de mobilisation.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé, comme la veille, le gouvernement à mettre sur pause sa réforme des retraites, et à ouvrir une négociation plus globale avec les syndicats.
Il faut se donner six mois pour regarder, et sur le travail et sur les retraites, comment il faut reprendre les choses à l’endroit, a-t-il déclaré sur RTL.
Face à un risque de blocage total porteur de graves dangers, il a proposé une large négociation, une manière de permettre au gouvernement, jusqu’à présent inflexible, de sortir sans se dédire de l’impasse dans laquelle il semble se trouver.
Tout le monde est inquiet ce matin parce qu’il y a eu des violences qui sont inacceptables […], il faut calmer le jeu maintenant, avant qu’il y ait un drame, a-t-il dit.
J’ai eu un conseiller de l’Élysée, […] c’est le moment pour dire : « Écoutez, on fait une pause, on se dit on attend six mois. » Il faut donner un signal au monde du travail. Ça calmerait le jeu, a-t-il précisé.
Une dixième journée d’actions est prévue mardi.
Une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote. Photo: Getty Images/Arnaud Finistre
Le recours au 49.3, article de la Constitution française dégainé par le gouvernement pour faire passer en force à l’Assemblée sa réforme des retraites, et l’intervention mercredi du président Emmanuel Macron ont attisé les ardeurs des opposants, selon les détracteurs de la réforme.
On sent qu’il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà, tant qu’il y a un calendrier qui nous permet d’agir, on est mobilisés, a commenté Marylise Léon, numéro deux du syndicat CFDT.
Les syndicats ont donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, et des rassemblements de proximité sont prévus ce week-end.
La violence, qui n’avait jusqu’ici été que sporadique, a également fait une entrée en scène spectaculaire dans le jeu entre le gouvernement et les syndicats.
Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, devant la porte brûlée de l’hôtel de ville de Bordeaux, le 24 mars 2023, au lendemain de son incendie par des manifestants lors d’un rassemblement contre la réforme des retraites. Photo: Getty Images/Romain Perrocheau
Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, scènes de chaos dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient, etc. Les violences sont montées d’un cran presque partout. Inacceptables, a jugé la première ministre Elisabeth Borne.
À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits sauvages. À rebours d’un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.
Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait état de 457 interpellations et 441 blessés dans les rangs des forces de l’ordre. Il a dénoncé la violence de casseurs souvent venus de l’extrême gauche.
Le gouvernement reste inflexible concernant sa réforme. Emmanuel Macron, qui était jeudi à Bruxelles pour un sommet européen, avait la veille défendu bec et ongles une réforme nécessaire pour les finances publiques, assumant son impopularité.
Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a appelé à mettre le pays à l’arrêt, et le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, à jeter toutes les forces dans la bataille.
Pour la cheffe de l’extrême droite, Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple.
Ironie de la situation : l’Iran dont le gouvernement use d’une répression terrible, a appelé vendredi la France à éviter la violence et à écouter les manifestants.
Le roi Charles III, accueilli en fin de semaine par Emmanuel Macron, est le « bienvenu » en France malgré le mouvement social sur les retraites, a déclaré Jean-Luc Mélenchon jeudi sur TF1.
« C’est le représentant des Grands-Bretons, c’est eux qui choisissent le régime qui leur convient », a noté le chef de LFI.
« Ils ont un roi, ce n’est pas notre goût à nous Français qui sommes républicains », a-t-il souri.
« Mais il est le bienvenu car il représente le peuple anglais, aussi longtemps que le peuple anglais n’aura pas fait le nécessaire, c’est-à-dire instaurer une république », a estimé Jean-Luc Mélenchon.
L’ancien candidat à la présidentielle a ajouté avec malice: « Parce que les Anglais un jour ou l’autre auront une république, comme les Espagnols, et tous les pays libres ».
Mardi en meeting en Ariège, il avait été plus acide, s’adressant à Emmanuel Macron, qui refuse de retirer sa réforme controversée des retraites: « Que nous laissez-vous comme perspective, à part de vous admirer à Versailles avec le roi je sais pas combien ? »
Et celui qui a postulé trois fois pour être chef de l’Etat français s’était aussi adressé à Charles III: « Ici c’est la République. Ecoutez monsieur le roi on n’a rien contre vous, vous êtes le roi des Anglais c’est votre affaire, mais nous autres, Versailles ça va quoi… C’était pas le bon moment ».
Pour sa première visite d’Etat à l’étranger comme souverain du dimanche au mercredi, Charles III se recueillera à l’Arc de Triomphe à Paris avant de s’adresser au Sénat, une première pour un monarque britannique. Il se rendra aussi à Bordeaux dans le Sud-Ouest. Un dîner d’Etat aura lieu lundi soir au château de Versaillles.
Mais les débordements et la tension qui ont augmenté cette semaine dans la mobilisation contre le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, ainsi que des déclarations de défiance de certains syndicalistes vis-à-vis de la venue de Charles III, inquiètent les autorités anglaises.
Interrogé sur les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, Jean-Luc Mélenchon a rappelé: « Je ne suis pas d’accord avec ces formes d’action, elles invisibilisent » le mouvement social pacifique.
Depuis l’Élysée, le chef de l’État a fait plusieurs annonces concernant l’Afrique ce lundi, alors qu’il s’apprête à entamer une tournée en Afrique centrale.
Un retrait progressif de l’armée française sur le continent africain. Le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi 27 février, lors d’un discours à l’Élysée à la veille d’une tournée africaine, une prochaine « diminution visible » des effectifs militaires français en Afrique et un « nouveau modèle de partenariat » impliquant une « montée en puissance » des Africains.
« La transformation débutera dans les prochains mois avec une diminution visible de nos effectifs et une montée en puissance dans ces bases de nos partenaires africains », a déclaré le chef de l’État qui entame mercredi une tournée en Afrique centrale, promettant « un effort accru de la France en matière de formation et d’équipement ».
Emmanuel Macron a également refusé de voir en l’Afrique un domaine réservé ou un terrain de « compétition ». L’Afrique n’est pas un « pré carré », il faut passer d’une « logique » d’aide à celle d’investissement, a estimé le chef de l’État, plaidant pour « une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » avec les pays du continent africain.
« Une somme de défis vertigineux »
Emmanuel Macron a dit faire preuve « d’une profonde humilité face à ce qui se joue sur le continent africain », « une situation sans précédent dans l’histoire » avec « une somme de défis vertigineux ». « Du défi sécuritaire climatique au défi démographique avec la jeunesse qui arrive et à laquelle il faut proposer un avenir pour chacun des États africains », a-t-il énuméré, appelant à « consolider des États et des administrations, investir massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi, la formation, la transition énergétique ».
Durant son discours, Emmanuel Macron a aussi annoncé « une loi-cadre » pour « procéder à de nouvelles restitutions » d’œuvres d’art « au profit des pays africains qui le demandent ».
Cette loi « sera proposée dans les prochaines semaines par la ministre de la Culture à notre Parlement » et « permettra de fixer la méthodologie et les critères pour procéder » à ces restitutions, « reposant sur un partenariat culturel et scientifique pour accueillir et conserver ces œuvres », a poursuivi le chef de l’État, en indiquant souhaiter « que cette démarche puisse s’inscrire dans une dynamique plus large et également une dynamique européenne ».
Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi qu’il continuerait à « avancer » pour renforcer la relation de la France avec l’Algérie comme avec le Maroc, au-delà des « polémiques » actuelles et des tensions entre ces deux pays. « On va avancer, la période n’est pas la meilleure mais ça ne m’arrêtera pas », a-t-il martelé. « Ma volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. Le roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales », a-t-il souligné.
Il s’est également dit « profondément préoccupé » par « les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen ». Certaines voix au Maroc y ont vu la main de la France alors que les relations étaient déjà tendues entre Paris et Rabat, concernant notamment le statut du Sahara occidental. « Est-ce que c’est le fait du gouvernement de la France ? Non ! Est-ce que la France a jeté de l’huile sur le feu ? Non ! Il faut avancer malgré ces polémiques », a affirmé le président.
Et l’Algérie
L’Algérie a rappelé de son côté « pour consultations » son ambassadeur en France le 8 février pour protester contre « l’exfiltration illégale » via la Tunisie de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui. « Je sais pouvoir compter sur l’amitié et l’engagement du président (algérien Abdelmadjid) Tebboune. Nous avancerons là aussi », a poursuivi le chef de l’État. « Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que l’on fait depuis des années maintenant avec l’Algérie n’aboutisse pas », a-t-il souligné sans aller plus loin.
« Et bien j’ai un message très simple: je vais continuer, ce n’est pas le premier coup de grisou, j’en ai déjà eu mais il faut continuer ainsi, humblement, honnêtement », a-t-il dit en pointant notamment l’« énorme travail sur la mémoire » effectué avec l’Algérie ou la visite du chef d’état-major algérien, Saïd Chengriha, en janvier en France.
La France a assumé une « responsabilité exorbitante » au Mali
Le président français Emmanuel Macron a jugé lundi que la France avait « malgré elle » assumé « une responsabilité exorbitante » en une décennie d’engagement militaire au Mali, et annoncé la fin de « la prééminence du sécuritaire » dans la relation avec l’Afrique.
L’engagement français dans la lutte antijihadiste au Sahel « restera une immense fierté partagée avec les alliés qui nous ont rejoints », a déclaré Emmanuel Macron, évoquant « la chronique de notre dernière décennie d’engagement au Mali, au prix du sacrifice ultime ».
Mais « ce n’était pas le rôle de la France d’apporter, seule, des réponses politiques qui devaient prendre le relais de la réponse militaire », a-t-il dit. « Nous avons malgré nous assumé une responsabilité exorbitante » au Mali, qui a donné des arguments aux opposants et permis que la France devienne « le bouc émissaire idéal », a-t-il poursuivi.
Emmanuel Macron, a promis la fin d’un » cycle » marqué par « la centralité de la question sécuritaire et militaire », qui a été « un prétexte utilisé par nos opposants ». Après neuf ans de présence au Mali, les militaires français ont achevé leur retrait du pays en août, poussés dehors par une junte hostile qui s’est rapprochée de la Russie et a fait appel à la sulfureuse société paramilitaire russe Wagner, ce que Bamako dément.
Les relations entre les deux pays se sont progressivement dégradées au fil de la dernière décénie, puis muées en franche hostilité après les deux coups d’Etat de 2020 et 2021 et la prise du pouvoir par des militaires maliens.
La guerre dans l’est de la RDC « ne doit pas être une guerre oubliée »
L’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo (RDC) « ne se discutent pas » et la guerre qui ravage l’est de ce pays d’Afrique centrale « ne doit pas être une guerre oubliée », a déclaré lundi le président français Emmanuel Macron. « Nous assistons dans l’est de la RDC à une régression inacceptable » a déclaré le président, alors que les combats font rage entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, une rébellion majoritairement tutsi que Kinshasa accuse d’être soutenue par le Rwanda.
« L’offensive en cours de la milice M23 est une guerre qui nous ramène dix ans en arrière, elle a des conséquences terribles pour la population », a déclaré le chef de l’État à la veille d’un déplacement à partir de mercredi en Afrique centrale, dont la RDC. La rébellion majoritairement tutsi du M23, restée en sommeil pendant près de dix ans, a repris les armes fin 2021 et s’est emparée depuis de vastes pans de territoire de l’est de la RDC. Kinshasa accuse le Rwanda de la soutenir, ce qui a été corroboré par des experts de l’ONU, mais Kigali s’en défend.
« L’unité, la souveraineté, l’intégrité territoriale du Congo ne se discutent pas », a martelé le président français, sans se prononcer sur la responsabilité du Rwanda. « La première urgence est humanitaire et nous y travaillons avec nos partenaires européens », a poursuivi Emmanuel Macron, se disant « convaincu que la réponse doit être collective ». « Il n’y a pas deux poids deux mesures « , a-t-il déclaré, en référence à la guerre en Ukraine. « La guerre dans l’est de la RDC ne doit pas être une guerre oubliée », a-t-il dit.
Une visite plus qu’attendue. Le pape François se rendra du 28 au 30 avril à Budapest où il rencontrera le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dirigeant souverainiste dont il ne partage pas la politique anti-migrants et désireux de maintenir le lien avec Moscou.
Le jésuite argentin de 86 ans sera reçu le 28 avril par Viktor Orban, a annoncé lundi 27 février le Vatican. Le souverain pontife et le dirigeant s’étaient déjà rencontrés au Vatican ainsi qu’à Budapest, lors d’une première visite éclair du pape en septembre 2021.
Pour son 41e voyage international depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio rencontrera également des réfugiés et des personnes pauvres, des jeunes, des membres de l’Église locale et des représentants du secteur universitaire et culturel, selon le programme diffusé par le Vatican.
« Nous n’avons aucun problème avec les réfugiés »
« Je suis très heureux, le pape avait depuis longtemps ce projet dans le cœur », a réagi auprès de l’Agence France-Presse l’ambassadeur de Hongrie près le Saint-Siège, Eduard Habsburg. Selon lui, « la vision du Saint-Père sur le thème des migrants et réfugiés est beaucoup plus nuancée qu’on en a parfois l’impression dans les médias ».
« Le gouvernement hongrois n’a jamais eu de problème avec des réfugiés. Le problème, ce sont les migrants illégaux ; mais un réfugié sera toujours accueilli en Hongrie, comme on le voit actuellement avec les réfugiés ukrainiens », a-t-il ajouté. Des centaines de milliers d’Ukrainiens ont passé la frontière depuis le début de l’invasion russe, il y a un an, et 34 248 ont obtenu le statut de réfugié en Hongrie au 24 février, selon les derniers chiffres de l’Autorité hongroise pour l’Immigration.
« Ouverts à tous »
Le pape avait déjà fait une escale de sept heures à Budapest en septembre 2021 avant une visite en Slovaquie. À cette occasion, il avait présidé une messe et appelé les Hongrois à être « ouverts » à tous.
Quelques mois plus tard, en avril 2022, le chef de l’Église avait reçu pour la première fois Viktor Orban au Vatican. Au cours de cette audience privée, il avait exprimé au dirigeant hongrois sa reconnaissance pour la protection que la Hongrie offre aux réfugiés fuyant la guerre dans l’Ukraine voisine.
Les deux hommes ont des conceptions de la religion aux antipodes : Viktor Orban, issu d’un milieu calviniste, brandit son attachement à une « Europe chrétienne » pour justifier sa politique anti-migrants, tandis que le souverain pontife fait d’un accueil bienveillant un devoir de croyant.
Kiev au centre des discussions
La guerre en Ukraine devrait constituer l’un des enjeux de cette visite, alors que les innombrables appels du pape à la paix et l’initiative du Saint-Siège pour une médiation sont restés lettre morte.
Attaché à la défense des « valeurs chrétiennes », Viktor Orban est soucieux de maintenir des liens avec Moscou. Il se garde de critiquer le président russe Vladimir Poutine et refuse d’envoyer des armes à Kiev, appelant à la place à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers de paix.
François est le deuxième pape à se rendre en Hongrie, pays d’Europe centrale de près de 10 millions d’habitants, après les visites de Jean-Paul II en 1991 et 1996. Malgré son âge avancé et ses douleurs au genou l’obligeant à se déplacer en fauteuil roulant, le chef de l’Église catholique continue de voyager. Il doit se rendre en août à Lisbonne et à Marseille en septembre.
« C’est dans l’affliction qu’on compte ses vrais amis », affirme une pensée populaire qui rassérène peut-être Emmanuel Macron, dont l’effigie est maltraitée dans certaines manifestations africaines « antipolitique française ». Quoi qu’il en soit, « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », susurre certainement la statue gaulliste du Commandeur à l’oreille de son successeur réélu en 2022.
Alors que la liste des pays francophones francophiles se réduit comme peau de chagrin, le chef de l’État français a choisi minutieusement les destinations de sa nouvelle tournée africaine, prévue du 1er au 5 mars. Histoire de respirer quelque peu, loin de l’Hexagone qui malmène son projet de réforme des retraites.
Tremplin gabonais
« Respirer », c’est justement le mot-clé des prochaines escapades macroniennes : l’invocation du sort de la planète sera l’occasion de prendre de la hauteur vis-à-vis des retraits, ici ou là, de militaires français. Comme indiqué ce jeudi 23 février par l’Élysée, le One Forest Summit consacré à la préservation et à la valorisation des forêts du bassin du fleuve Congo fera du larron français un Gabonais d’adoption, les 1er et 2 mars à Libreville. La cause est indiscutable, la zone en question représentant, avec 220 millions d’hectares boisés, le deuxième massif forestier et le deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie. En Afrique comme en Amérique latine ou en Asie du Sud-Est, ces forêts souffrent de la surexploitation agricole et industrielle ou de la production pétrolière.
Le tremplin gabonais pendant l’excursion de Macron permettra à celui-ci de renforcer d’autres liens bilatéraux dans la sphère de l’Afrique centrale, où les influences de la Chine et de la Russie vont grandissantes, même si les signes de rapprochement sont moins ostentatoires qu’en Centrafrique. Trois pays se sont ainsi ajoutés au rendez-vous de Libreville. Par ordre de proximité traditionnelle avec la France : le Congo, le 2 mars, habitué du pré carré françafricain houspillé ; la RDC, les 3 et 4 mars, nation francophone mais ancienne colonie belge ; l’Angola, le 2 mars, au titre de l’expansion diplomatique en terres lusophones, cette fois autour d’un partenariat de production franco-angolais en matière agricole.
Les forêts du bassin du fleuve Congo cacheront-elles l’arbre du désamour entre la France et les siamois malo-burkinabè ? Emmanuel Macron aura beau jeu de rappeler qu’il était en Afrique de l’Ouest en juillet dernier – Cameroun, Bénin et Guinée-Bissau –, que l’Afrique est bien l’une des priorités désignées de son second quinquennat et qu’il annonça son intérêt pour les pays non-francophones du continent, bien avant le désaveu des opérations Barkhane ou Sabre.
En arrivant à l’aéroport de Fiumicino, la voiture du Saint-Père s’est arrêtée brièvement près du Monument aux morts de Kindu
François a quitté l’aéroport de Fiumicino à 8h29, heure de Rome, à bord d’un vol ITA Airways et arrivera en République démocratique du Congo à 15h00 ce mardi 31 janvier. L’évêque de Rome sera à Kinshasa, la capitale congolaise, jusqu’au vendredi 3 février avant de décoller pour Juba, capitale sud-soudanaise, du 3 au 5 février, pour accomplir son pèlerinage de paix.
Le Pape a entamé son 40e voyage apostolique «œcuménique de paix» comme il l’a lui-même appelé dimanche 29 janvier à la fin de l’angélus, qui le conduira dans deux pays de la périphérie du monde, tous deux traversés par la très forte contradiction d’avoir un sous-sol très riche mais des populations rongées par la pauvreté et la violence. La République démocratique du Congo et le Soudan du Sud attendent le Souverain pontife après de longs mois d’attente, depuis le report de la visite initialement prévue en juillet dernier.
Rencontre avec des migrants et des réfugiés
L’Airbus A350 d’ITA Airways a décollé à 8h29, destination de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. François, qui hier soir, à la veille de son voyage, s’est rendu en la basilique Sainte-Marie-Majeure pour prier devant l’icône de la Vierge Salus Populi Romani et lui confier son prochain voyage, avant de quitter la Maison Sainte-Marthe et de se rendre à l’aéroport, a rencontré une dizaine de migrants et de réfugiés de la République démocratique du Congo et du Soudan du Sud, accueillis et soutenus, avec leurs familles, par le Centre Astalli de Rome. Ils étaient accompagnés du préfet du dicastère pour le Service de la charité, le cardinal polonais Konrad Krajewski.
29/01/2023
À Fiumicino, hommage aux morts de Kindu
En arrivant à l’aéroport de Fiumicino, la voiture du Saint-Père s’est arrêtée brièvement près du Monument aux morts de Kindu, dans le Maniema, à la mémoire de 13 aviateurs italiens tués au Congo le 11 novembre 1961. Aux victimes de ce massacre sanglant et à tous ceux qui ont perdu la vie en participant à des missions humanitaires et de paix, le Pape François a dédié une prière, puis s’est dirigé vers l’avion qui le conduira à Kinshasa. À partir du 3 février, François se rendra à Juba, capitale du Soudan du Sud, où il restera jusqu’au 5 février, jour de son retour à Rome.
Paix et œcuménisme
Le thème de la paix sera au cœur de la présence du Pape dans ces deux pays. La rencontre avec la chrétienté africaine sera la confirmation de l’attention que François porte à ce continent, d’abord en RDC, déchirée au fil des ans par un conflit qui voit un nombre impressionnant de guérillas, et ensuite au Soudan du Sud, un pays très jeune, né en 2011, où malgré les accords de 2018 qui ont tenté de mettre fin à la guerre civile, la paix n’est jamais arrivée, et où en plus de la violence, la pauvreté, la famine et le changement climatique dévastent le pays. Un voyage à Juba que François fera avec le primat anglican Justin Welby et le modérateur de l’assemblée générale de l’Église d’Écosse, Iain Greenschields, témoignant de l’éminente valeur œcuménique de la visite. Dans les deux pays, on s’attend à l’émotion de rencontrer des victimes dans l’est du Congo et, au Soudan du Sud, des personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Après un vol d’une durée de 6h50 minutes, le Pape arrivera à Kinshasa à 15 heures à l’aéroport international de N’djili, où il sera accueilli par le nonce apostolique Mgr Ettore Balestrero et le Premier ministre du pays. Après l’accueil officiel, les délégations se rendront au Palais de la Nation, où François sera accueilli par le président de la République Félix Tshisekedi Tshilombo.
S’appuyant sur la demande des prisonniers et détenus de confession religieuse catholique, la Fondation Bill-Clinton pour la paix (FBCP) a appelé le pape François à visiter la prison centrale de Makala en vue de se rendre compte des conditions carcérales dans cette institution.
Le pape François/DR
« La FBCP informe l’opinion tant nationale qu’internationale que lors d’une de ses visites de monitoring des droits de l’homme à la prison centrale de Makala en date du 28 janvier 2023, les prisonniers et détenus préventifs chrétiens catholiques ont invité le pape François à la prison centrale de Makala pour aller constater leur ras-le-bol. », a fait savoir cette organisation dans un communiqué du 30 janvier.
Cette demande des pensionnaires de la principale maison carcérale de Kinshasa est motivée par la surpopulation constatée, la malnutrition, le manque de médicaments ainsi que les conditions de détention infra-inhumaines, les décès quotidiens, les conditions sanitaires déplorables et la lenteur des procédures judiciaires, etc.
La FBCP rappelle, en effet, que cette prison était construite par les colons belges avec une capacité de 1 500 places. Aujourd’hui, fait-elle savoir, elle héberge plus de 11 500 pensionnaires dont 2 750 seulement sont condamnés.
Elle indique que le 28 janvier vers 14 h, son équipe de monitoring a vu arriver plus de cent détenus, pieds nus, avec comme seul habit des culottes. « Ceci viole les articles 12 et 16 de la Constitution congolaise du 18 février 2006. Et, nous dénonçons les mauvaises conditions dans lesquelles les détenus sont transférés des parquets et cachots vers les prisons. C’est vraiment très inhumain », a-t-elle souligné.
La FBCP a souligné, par ailleurs, avoir été informée que malgré la grâce présidentielle accordée, certains bénéficiaires ne sont pas encore libérés. Elle demande au cardinal Ambongo de transmettre cette demande des fidèles catholiques de la prison centrale de Makala au pape François. Elle attend aussi que les autorités envisagent des sanction très sévères contre certains magistrats indisciplinés qui sont à la base de la surpopulation carcérale pour éviter le pire qui pointe à l’horizon ; l’accélération des procédures judiciaires ; l’amélioration des conditions des prisonniers et détenus préventifs dans tout le pays; l’exécution sans tarder de la mesure de grâce présidentielle.
La Russie a fustigé mercredi les « tactiques coloniales » de l’Occident pour faire « pression sur les continents en développement », saluant la « position équilibrée » de l’Angola qui s’est longtemps abstenu de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.
Plusieurs États africains se sont abstenus en mars 2022 lors du vote d’une résolution de l’ONU exigeant « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». L’Angola a voté pour la première fois en octobre pour condamner Moscou.
« La Russie apprécie la position équilibrée de l’Angola aux Nations unies », a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, à l’issue d’une rencontre à Luanda avec son homologue angolais Tete Antonio et le président Joao Lourenco.
Dénonçant les « pressions illégales des Etats-Unis et ses alliés », le chef de la diplomatie russe a ajouté que « l’Occident utilise les mêmes tactiques coloniales que par le passé pour exploiter les continents en développement ».
Ancien mouvement de libération à mouvance marxiste, le parti historique au pouvoir en Angola (MPLA, Mouvement populaire pour la libération de l’Angola) entretient des liens historiques avec la Russie, même si l’Angola a par la suite renforcé ses liens avec les États-Unis.
L’Afrique est redevenue un champ de bataille d’influence politique et économique, notamment depuis le début du conflit en Ukraine, il y a près d’un an.
M. Lavrov est en visite pour la seconde fois en six mois sur le continent. Avant l’Angola, il s’est rendu en Afrique du Sud et en Eswatini.
Son voyage coïncide avec une tournée africaine de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, s’est par ailleurs rendu ce mois-ci en Éthiopie, au Gabon, en Angola, au Bénin et en Égypte.
Au regard du passé, des discours et de la ligne politique de son parti, la présidente du Rassemblement national, principale formation de l’extrême droite française, n’est pas la bienvenue au pays de la Teranga.
Le Sénégal s’honore d’être un pays d’accueil et de brassage, de tolérance et d’ouverture. De nombreux étrangers, de toutes origines, ont choisi d’en faire leur lieu de vie et d’épanouissement. Cela est très bien ainsi. Depuis des temps immémoriaux, cette tradition d’hospitalité (la Teranga, en langue wolof) est ancrée dans notre culture – ou plutôt dans nos cultures, car nous comptons 22 langues codifiées au Sénégal. Les brassages culturels et ethniques y sont la norme. C’est ce « vivre ensemble » qui contribue largement à notre volonté atavique de dialogue et qui est, in fine, un des gages de notre stabilité.
Le Sénégal est aussi un pays de fierté et de refus. De refus de l’indignité. De refus de l’aplatissement. C’est pourquoi il est inacceptable que Marine Le Pen, dirigeante de 2011 à 2021 du Front national [renommé Rassemblement national en 2018], parti raciste et xénophobe français, ait été autorisée à fouler le sol sénégalais. Depuis des décennies, nos centaines de milliers de compatriotes africains vivant en France subissent les attaques racistes verbales – et même physiques – du Front national, lequel a d’abord été dirigé par son père, Jean-Marie Le Pen.
Terreur
Je me souviens encore, quand j’étais étudiante en France, de la violence raciste et de la terreur que faisait régner sur les campus français le GUD (Groupe Union Défense), organisation estudiantine d’extrême droite violente et directement liée au Front national. À l’annonce de la présence de ses membres sur le campus, nous, étudiants africains et arabes, nous terrions dans nos chambres pour ne pas être victimes de leurs expéditions punitives sans fondement. Le mouvement « Touche pas à mon pote », initié par l’association SOS Racisme, en 1985, avait constitué une riposte massive de la jeunesse de l’époque, dans toute sa diversité, à ces militants d’extrême droite.
Des anciens dirigeants du GUD, Frédéric Chatillon et Axel Loustau, sont toujours actifs aux côtés de Marine Le Pen et figuraient même dans son équipe de campagne lors de l’élection présidentielle française de 2022. Le 3 novembre dernier, Grégoire de Fournas, député du Rassemblement national, injuriait par ailleurs le député Carlos Martens Bilongo en pleine séance à l’Assemblée nationale en déclarant « Qu’il[s] retourne[nt] en Afrique ! ». Bref, le Front national, bien que rebaptisé Rassemblement national, continue à faire du racisme, de la xénophobie et de la haine de l’autre son principal fonds de commerce politique.
Veiller sur notre fierté
Pourquoi les autorités sénégalaises ont-elles donc autorisé le séjour de Marine Le Pen au Sénégal ? Elles ont manqué l’opportunité de symboliquement lui signifier notre dégoût collectif du discours raciste et haineux que son parti tient depuis des décennies en France à l’endroit des Africains, à tel point que le racisme, pourtant puni par le code pénal français, est aujourd’hui banalisé voire intégré dans cette France pourtant si souvent surnommée « patrie des droits de l’Homme ».
IL EST TEMPS POUR NOS LEADERS AFRICAINS D’AVOIR UNE TOLÉRANCE ZÉRO POUR LE RACISME
À cet égard, il n’est pas inutile de rappeler l’existence d’une Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, entrée en vigueur en 1969, et dont la France et le Sénégal font partie des 182 pays signataires. Voilà une base légale solide qui aurait permis aux autorités sénégalaises de mettre Marine Le Pen dans le premier avion pour une destination qu’elle aurait elle-même choisie.
Il est temps pour nos leaders africains d’avoir une tolérance zéro pour le racisme et pour tous ceux qui l’incarnent, le professent et le pratiquent. C’est ce que notre jeunesse, qui constitue 70% de la population africaine, attend d’eux. Il est temps qu’ils veillent sur notre fierté et notre dignité.
Avec Jeune Afrique
Par Aminata Touré
Députée sénégalaise, ancienne Première ministre et ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental.