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L’ouest de la Côte d’Ivoire danse-t-il sur un volcan ?

mai 28, 2023
© Damien Glez

Si la pensée populaire enseigne que « le pire n’est jamais certain », l’inimaginable se réalise parfois. C’est ainsi qu’en ce mois de mai, la Côte d’Ivoire a connu une première expérience d’éruption volcanique, dans la sous-préfecture de Guehiebly, à 18 km de Duékoué, le chef-lieu de la région du Guémon. Une forte explosion a été suivie d’un tremblement du sol et de l’émission d’une lave vitreuse et noire écoulée sur trois mètres.

Face à cet événement inédit, la population a développé une sorte de psychose, craignant notamment, en l’absence d’une analyse scientifique complète, ces répliques telluriques, dont on entend régulièrement parler dans la couverture médiatique des grands tremblements de terre.

Guehiebly enregistre déjà des dégâts. Après une suspension de la fourniture du courant électrique, la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a expliqué que le support métallique, qui maintenait la ligne de moyenne tension, avait fondu sous l’effet de l’éruption volcanique, perturbant ainsi l’alimentation électrique d’une dizaine de villages.

Début de psychose

En ce qui concerne les effets sur l’atmosphère, le directeur régional des Mines de Duékoué, Sanogo Souleymane, a demandé aux habitants de ne pas s’approcher à moins de dix mètres des lieux. Selon lui, la « saturation » de l’air pourrait être dangereuse pour les personnes vulnérables.

Si l’État ivoirien se veut rassurant et appelle au calme, la psychose conduit certains résidents à envisager de déménager de la zone. Le préfet du département de Duékoué, Ibrahima Cissé, appelle chacun à « faire confiance au gouvernement et au président de la République, Alassane Ouattara », tout en rappelant, lui aussi, qu’il est prudent d’éviter de s’approcher du lieu de l’explosion, en attendant les conclusions des experts. Des échantillons ont été prélevés par les services des pompiers.

Certains devancent les discours des spécialistes, en subodorant des explications mystiques à cet événement géologique inattendu. Le phénomène de volcanisme effusif pourrait être l’expression de la colère des ancêtres. Après cette alerte inédite, des sacrifices ont donc été pratiqués pour obtenir clémence…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

À quelques kilomètres de Duékoué, une éruption volcanique inédite a suscité incrédulité et panique parmi la population.

A Tonga, les habitants fuient le tsunami après l’éruption du volcan; alerte aux USA et au Chili

janvier 15, 2022
A Tonga, les habitants fuient le tsunami apres l'eruption du volcan; alerte aux USA et au Chili
A Tonga, les habitants fuient le tsunami après l’éruption du volcan; alerte aux USA et au Chili© NATIONAL INSTITUTE OF INFORMATION AND COMMUNICATIONS (JAPAN)/AFP/Handout

Les habitants des îles Tonga fuyaient samedi vers les hauteurs face au tsunami provoqué par une nouvelle éruption massive – entendue jusqu’à des centaines de kilomètres – du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, qui a aussi entraîné des alertes au tsunami aux Etats-Unis et au Chili.

« Un tsunami de 1,20 m a été observé à Nuku’alofa », la capitale du pays, a annoncé le Bureau australien de météorologie. Le précédent tsunami n’avait pas dépassé 30 cm. Et l’alerte venait d’être levée lorsque le volcan a à nouveau fait éruption.

« C’était une explosion massive », a expliqué au site d’informations Stuff une habitante, Mere Taufa, qui se trouvait à ce moment-là chez elle.

« Le sol a tremblé, la maison entière était secouée. Ça venait par vagues. Mon jeune frère pensait que des bombes explosaient près de chez nous », a-t-elle raconté.

Quelques minutes plus tard, l’eau a envahi leur maison, et elle a vu le mur d’une maison voisine s’écrouler.

Le roi évacué

« Nous avons tout de suite su que c’était un tsunami, avec cette eau qui jaillissait dans la maison. On pouvait entendre des cris partout autour, et tout le monde a commencé à fuir vers les hauteurs », a-t-elle ajouté.

Le roi des Tongas Tupou VI a été évacué du palais royal de Nuku’alofa et emmené vers une villa éloignée des côtes.

L’éruption a duré huit minutes, et était si forte qu’elle a été entendue « comme un bruit de tonnerre lointain » sur les îles Fidji, à plus de 800 km de là, ont déclaré des responsables des Fidji.

Ceux-ci ont également averti les habitants de couvrir les réserves d’eau pour les protéger de pluies ou de cendres acides.

Victorina Kioa, de la Commission des Services publics des Tongas, a appelé la population à « s’éloigner de tous les endroits menacés, c’est-à-dire les plages, les récifs et toutes les côtes plates ».

Les autorités ont par ailleurs conseillé à l’ensemble de la population de rester autant que possible à l’intérieur, de porter des masques s’ils doivent sortir et, là aussi, de protéger toutes les réserves d’eau.

Des alertes au tsunami ont également été lancées pour les îles Fidji et Samoa, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.

Les autorités australiennes ont averti la population de Sydney et de sa région, les Nouvelles Galles du Sud, de « sortir de l’eau, et de s’éloigner du bord de l’eau ».

Au Chili, le Bureau national des situations d’urgence a mis en garde contre la possibilité qu’un « tsunami mineur » n’atteigne l’île de Pâques et d’autres archipels chiliens.

« Par mesure de précaution, dans l’archipel Juan Fernández, les îles San Félix, l’île de Pâques et l’Antarctique chilien il est demandé, en raison de l’éruption d’un volcan aux îles Tonga, de quitter les zones de plages où un tsunami mineur pourrait intervenir », a déclaré l’Onemi.

« Quittez les plages »

Aux Etats-unis, des alertes au tsunami ont été émises pour la côte Ouest du pays, Hawaï ayant déjà été touchée par des « inondations mineures ».

« Quittez les plages, les ports et les marinas » dans les zones concernées, recommande le National Weather Service, qui précise avec « soulagement » que les îles américaines d’Hawaï n’ont pas rapporté de dégâts et n’ont subi que des inondations mineures.

Les Etats de Californie, de l’Oregon et de Washington pourraient être touchés, ainsi que l’Alaska et la province canadienne de Colombie-Britannique, précise le NWS.

« Les principales répercussions attendues sont de forts courants d’arrachement et des inondations des côtes et des zones de faible élévation », prévient le service météo.

Le volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai se trouve sur une des îles inhabitées des Tongas, à environ 65 km de la capitale Nuku’alofa.

Avec AFP

Hawaï: Le volcan Kilauea est entré en éruption

septembre 30, 2021

HAWAÏ: LE VOLCAN KILAUEA EST ENTRÉ EN ÉRUPTION

© Reuters/USGS 

(Reuters) – Le volcan Kilauea, situé à Hawaï, est entré « violemment » en éruption mercredi soir, a indiqué l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis(USGS).

L’éruption n’a pas eu lieu dans une zone habitée et a pu être entièrement contenue dans le parc national des volcans d’Hawaï, a rapporté Hawaï News Now, citant des responsables. Elle ne constitue pas un danger immédiat pour les habitants de l’archipel.

« Ce qui était un lac de lave refroidissant est dorénavant un volcan fissuré qui laisse jaillir la lave », a commenté l’USGS.

L’Observatoire volcanologique d’Hawaï (HVO) de l’USGS a relevé le niveau d’alerte du volcan Kīlauea de « SOUS SURVEILLANCE » à « DANGER ».

Il a aussi fait passer d’orange à rouge le niveau d’alerte pour les compagnies aériennes après avoir évalué l’éruption volcanique et les risques qui lui sont associés.

Le dernier niveau d’alerte et le dernier code couleur impliquent qu’une éruption est imminente, en cours ou suspectée, indique le site internet de l’USGS.

Avec Reuters (Reportage Kanishka Singh, version française Khadija Adda-rezig, édité par Sophie Louet)

Eruption aux Canaries: 6.000 personnes évacuées, la lave attendue sur la côte

septembre 21, 2021

 

Un regain d’activité du volcan Cumbre Vieja a entraîné l’évacuation de 500 personnes supplémentaires dans la nuit de lundi à mardi, portant le total à 6.000 déplacés sur l’île espagnole de La Palma, où des coulées de lave sont attendues sur la côte.

Le mont Cumbre Vieja en éruption à El Paso, sur l'île de La Palma, dans l'archipel espagnol des Canaries, le 19 septembre 2021

© DESIREE MARTIN Le mont Cumbre Vieja en éruption à El Paso, sur l’île de La Palma, dans l’archipel espagnol des Canaries, le 19 septembre 2021

L'éruption du volcan Cumbre Vieja se poursuit sur l'île espagnole de La Palma, aux Canaries, entraînant lundi soir l'évacuation de 500 riverains supplémentaires, portant à 6.000 le nombre total d'évacués.

© Alberto GARCIA L’éruption du volcan Cumbre Vieja se poursuit sur l’île espagnole de La Palma, aux Canaries, entraînant lundi soir l’évacuation de 500 riverains supplémentaires, portant à 6.000 le nombre total d’évacués.

Selon les scientifiques, la rencontre de la lave avec l’océan dans cette île de l’archipel des Canaries pourrait entraîner le dégagement de gaz toxiques, amenant les autorités à instaurer une zone d’exclusion pour éviter tout danger.

« L’apparition d’une nouvelle bouche éruptive » dans la zone de Tacande, sur la commune d’El Paso, a entraîné l' »évacuation des habitants », a tweeté le service des secours d’urgence de l’archipel lundi soir, tandis que les images de l’AFPTV montraient des files de voitures roulant dans la nuit. 

« Quelque 500 personnes » ont ainsi dû abandonner leur domicile dans la nuit, a confirmé à l’AFP mardi matin Lorena Hernandez Labrador, conseillère municipale à Los Llanos de Aridane, village voisin très touché par les coulées de lave.

L’ouverture de cette bouche éruptive est intervenue après un nouveau séisme d’une magnitude de 4,1, enregistré à 21H32 (20H32 GMT), selon l’Institut volcanologique des Canaries (Involcan).

Au total, environ 6.000 personnes ont donc été évacuées depuis le début de l’éruption du volcan dimanche. 

Comme Israel Castro Hernandez, dont le domicile a été détruit. « C’est pratiquement toute ta vie qui part comme ça… Le volcan se réveille, il dit +Je sors par là+ et il met pratiquement toute ta vie en l’air », se désole-t-il.

 Le mont Cumbre Vieja en éruption, vu depuis Los Llanos de Aridane, sur l'île de La Palma, dans l'archipel espagnol des Canaries, le 20 septembre 2021

© DESIREE MARTIN Le mont Cumbre Vieja en éruption, vu depuis Los Llanos de Aridane, sur l’île de La Palma, dans l’archipel espagnol des Canaries, le 20 septembre 2021

A ses côtés, son épouse Yurena Torres Abreu ne réalise toujours pas. « On n’arrive pas à y croire. On se dit que notre maison est désormais sous ce volcan. Il n’y a rien à faire, c’est la nature », lâche-t-elle, désabusée.

– « Tout perdu » –

Si elle n’a fait aucune victime, cette éruption, qui est la première depuis 1971 sur l’île peuplée de près de 85.000 habitants, a provoqué d’énormes dégâts.

Les images diffusées par médias, autorités et riverains montrent des coulées noires et oranges dévalant lentement les flancs du volcan et engloutissant arbres, routes et maisons sur leur passage.

« On a tellement d’amis qui ont tout perdu. Ils sont sortis comme nous, avec ce qu’ils avaient sur eux et rien d’autre. Ils ont laissé toute leur vie là-bas », confie Elizabeth Torres Abreu, la soeur de Yurena, qui a elle aussi perdu sa maison.

Le volcan a détruit au total 166 bâtiments et la lave recouvre 103 hectares, selon le système européen de mesures géospatiales Copernicus, qui a publié sur Twitter une image satellite de l’île montrant les zones touchées.

Des coulées de lave approchent de maisons après l'éruption du mont Cumbre Vieja à El Paso, sur l'île de La Palma, dans l'archipel espagnol des Canaries, le 19 septembre 2021

©DESIREE MARTIN Des coulées de lave approchent de maisons après l’éruption du mont Cumbre Vieja à El Paso, sur l’île de La Palma, dans l’archipel espagnol des Canaries, le 19 septembre 2021

– Gaz toxiques –

Les autorités attendent à présent l’arrivée de la lave dans la mer, initialement prévue lundi soir mais retardée par le ralentissement des coulées.

Une rencontre redoutée en raison de sa dangerosité potentielle car elle peut donner lieu à des explosions, des vagues d’eau bouillante et l’émanation de gaz toxiques, selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS).

Le gouvernement régional des Canaries a donc demandé aux curieux de ne pas se rendre sur la zone et a décrété un « rayon d’exclusion de 2 milles marins » autour de l’endroit où est prévue l’arrivée des coulées.

Le Cumbre Vieja crache des colonnes de fumées atteignant plusieurs centaines de mètres de haut et entre 8.000 et 10.500 tonnes de dioxyde de souffre par jour, selon l’Involcan.

L’espace aérien n’a toutefois pas été fermé. Tous les vols prévus lundi à l’aéroport de La Palma sont bien arrivés ou partis et 48 autres sont programmés mardi, a annoncé mardi matin le gestionnaire espagnol d’aéroports Aena

Ce volcan était sous haute surveillance depuis une semaine en raison d’une intense activité sismique et selon Involcan, l’éruption pourrait durer « plusieurs semaines voire quelques mois ».

« L »île est désormais coupée en deux », résume Juan Aragón Cruz, qui a dû quitter lui aussi son logement. « On sait quand ça a commencé, mais on ne sait pas combien de temps ça va durer ».

Avec AFP

RDC-Eruption volcanique de Nyiragongo : le Kenya assiste les populations victimes

juin 10, 2021

Trois semaines après l’éruption du volcan Nyiragongo  et ses effets néfastes sur la ville de Goma, l’aide humanitaire afflue en faveur des déplacés.

En plus de la première assistance  humanitaire  ordonnée par le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à  travers le gouvernement, la contribution de la Fondation Denise-Nyakeru  et d’autres organisations humanitaires, la République  du Kenya vient d’ouvrir un pont aérien entre Nairobi  et Goma pour l’acheminement  de l’aide humanitaire.

Deux gros porteurs cargos ont atterri le 8 juin à l’aéroport international de Goma et deux autres se sont posés le lendemain. Au total,  onze tonnes de vivres et non-vivres, don du Kenya à la RDC, ont été offerts à  la population  de Goma  dont les maisons ont été calcinées  par les laves du volcan. Constituée essentiellement des produits alimentaires, des médicaments et des kits d’assistance, l’aide humanitaire du gouvernement Kenyan vient répondre tant soit peu aux besoins de la population de la ville de Goma et du territoire de Nyiragongo démunis de tout ou presque  après  la destruction  de leurs  maisons d’habitations.

Présent à  l’aéroport de Goma pour  la réception  de ces vivres, le conseiller spécial  du chef de l’Etat chargé de la couverture maladie universelle, Dr Roger Kamba, a indiqué que ce don est le signe de l’excellence des relations entre les présidents Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo  et leurs pays respectifs. Dr Roger Kamba  a recommandé au gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu et aux partenaires à se mettre autour d’une même table pour décider de la manière dont les personnes les plus vulnérables seront servies en priorité. Dans le même  temps, un hôpital mobile  offert en don a été  réceptionné par les autorités provinciales du Nord-Kivu ainsi que des tentes civiles et militaires. Rappelons que l’érudition volcanique  du 22 mai dernier a créé le déplacement de près  de 400 000 habitants éparpillés  dans plusieurs sites. Beaucoup sont rentrés  à Goma  mais ils se retrouvent sans logis.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

RDC: à la recherche des enfants perdus du volcan Nyiragongo

juin 4, 2021
RDC: a la recherche des enfants perdus du volcan Nyiragongo
RDC: à la recherche des enfants perdus du volcan Nyiragongo© AFP/GUERCHOM NDEBO

Le volcan ne gronde plus, Goma panse ses plaies et se repeuple doucement, dix jours après l’éruption du volcan Nyiragongo et l’évacuation forcée de la ville. Dans le quartier Ndosho, c’est la liesse ce jour-là.

Des chants et des cris de joie résonnent sur l’avenue Kako, au milieu des maisonnettes de bois au toit de tôle. Une nuée d’enfants court pour venir accueillir trois des leurs, qui avaient disparu du voisinage lors du chaos de l’évacuation ordonnée à l’aube le 27 mai par les autorités.

Pierrette Mihindano, pagne jaune et vert accordé à son écharpe canari, se précipite en direction du véhicule du Comité international de la Croix-rouge (CICR).

Trois fillettes en sortent pour se jeter dans ses bras. L’une est si petite, dans sa tenue rose à pois blancs, qu’elle tient à peine sur ses jambes. Ce ne sont qu’embrassades et larmes de joie.

« Retrouver leur trace ! »

« J’étais hospitalisée quand on a ordonné l’évacuation de la ville » le 27 mai à l’aube, raconte Pierrette, la trentaine. « Depuis ce jour, je n’avais pas revu mes trois filles. Quand je suis sortie de l’hôpital, j’étais comme folle à la maison. Je me suis mise à courir dans tous les sens, à Sake, à Mungunga. J’ai lancé des appels à la radio pour essayer de retrouver leur trace », raconte-t-elle entre deux sanglots.

Dans la débandade de l’évacuation, les trois petites s’étaient retrouvées à Minova, bourgade lovée dans une des baies du lac Kivu, à 50 kilomètres de chez elles, au sud-ouest de Goma.

« C’était effrayant de vivre seule ! Je n’arrivais plus à manger quand je me mettais à penser à mes parents », se souvient Paruis, l’aînée des trois filles, âgée de 12 ans.

Le cauchemar est terminé. Sourire jusqu’aux oreilles, la maman est enfin réunie avec ses cinq enfants, ses trois fillettes et ses deux garçons, une fin heureuse et si rare au milieu des cataclysmes de violences qui s’abattent depuis trois décennies sur cette région meurtrie.

Environ 1.300 enfants ont été séparés de leurs familles depuis la séquence qui s’est ouverte le 22 mai, selon les acteurs de la protection de l’enfance: du premier soir de l’éruption soudaine du volcan Nyiragongo, dont les laves sont venues lécher les faubourgs nord de la ville; la première fuite dans la panique des habitants, leur retour progressif et méfiant, puis la nouvelle évacuation dans la panique du 27 mai.

Près de 400.000 personnes ont été déplacées dans ce dernier exode, selon le gouvernement. Beaucoup sont revenues depuis dans la ville, où l’activité a fortement repris.

« Nous avons été surpris par l’éruption du volcan. Depuis lors nous ramassons chaque jour des enfants », constate, navré, Félicien Katenda, un responsable de la Croix-rouge locale.

Sa collègue Aline Bisimwa serre contre sa poitrine un petit garçon joufflu, au regard perdu et inquiet. Il dit s’appeler Baraka Bahati, et être âgé de 3 ans. « Cet enfant a été perdu le soir de l’éruption. Comme vous le voyez, je le porte dans mes mains et il ne pleure pas. Même si je suis au travail ».

Les acteurs de la protection de l’enfance -le CICR, l’Unicef et la Croix-Rouge congolaise notamment- précisent que 978 enfants ont, à ce jour, déjà retrouvé leurs proches.

Les systèmes d’entraide communautaire, dans cette région tristement habituée aux crises, ont facilité le travail des humanitaires et de la division des affaires sociales du Nord-Kivu.

« Jusqu’au dernier enfant »

« Avec cet événement tragique qui a touché Goma, il s’est manifesté une solidarité extraordinaire des Congolais. Beaucoup de familles ont accueilli des enfants perdus », explique Margot Champeix, responsable de la protection pour le CICR.

Pour aider ces enfants à entrer en contact avec leur familles, et vice-versa, six points d’écoute ont été installés par le CICR à Goma et dans les localités voisines où ont trouvé temporairement refuge des dizaines de milliers de personnes déplacées.

« Dans nos centres, les familles d’accueil viennent avec les enfants qu’ils hébergent pour les faire enregistrer. Ensuite nous faisons des recherches et par la grâce de Dieu, nous retrouvons certains d’entre eux, » se félicite Exode Banzo, volontaire de la Croix-rouge congolaise pour le « rétablissement des liens familiaux ».

« Il reste aujourd’hui plus de 300 enfants en attente de réunification avec leurs familles. Il est vraiment important de s’assurer que dans les prochains jours, avec le retour des déplacés à Goma, toutes les réunifications soient assurées jusqu’au dernier enfant », insiste le représentant de l’Unicef en RDC, Édouard Beigbeder.

L’arrachement aux parents et les intenses tremblements de terre qui ont secoué la région de Goma pendant plus d’une semaine ont par ailleurs provoqué des traumatismes chez certains de ces enfants isolés. Les équipes du CICR tentent de les apaiser.

« Notre mission ici est de ramener ces enfants à un état normal. Nous les assistons psychologiquement. Mais parfois il m’arrive aussi d’être emporté par leur vécu », confesse Nelson Tumusifu, un agent psycho-social du CICR, l’un de ceux qui tentent d’apporter un peu de réconfort à ces enfants en détresse.

Par Le Point avec AFP

RDC/Nyiragongo: le gouvernement critiqué, situation « sous contrôle » assure Tshisekedi

mai 29, 2021
Nyiragongo: le gouvernement critique, situation "sous controle" assure Tshisekedi
Nyiragongo: le gouvernement critiqué, situation « sous contrôle » assure Tshisekedi© AFP/ALEXIS HUGUET

La situation est « grave » mais « sous contrôle » après l’éruption du volcan Nyiragongo et l’évacuation de plusieurs centaines de milliers d’habitants de la ville de Goma, a assuré samedi le président congolais Félix Tshisekedi, en réponse aux critiques croissantes sur la gestion de la crise par le gouvernement.

« La situation est certes grave, mais elle est contrôlée », a déclaré au cours d’une conférence de presse le président, qui a jugé qu’il « fallait absolument évacuer la ville », en référence à l’évacuation soudaine et chaotique de jeudi dernier, alors « qu’on ne sait toujours pas ce qu’il peut se passer ».

« Il y a une coulée souterraine de lave qui peut surgir à tout moment n’importe où dans la ville », a-t-il rappelé, « déconseillant vivement de rentrer à Goma ».

« Nous avons un problème de déplacés, mais au moins sont-ils en vie, les faire revenir (dans les circonstances actuelles) serait très dangereux », a souligné le chef de l’Etat.

Ces déplacés, estimés à environ 400.000 par le gouvernement, « ont fui dans plusieurs directions », et « il est difficile d’avoir leur nombre exact pour organiser une prise en charge efficace, voilà pourquoi il y a eu un temps qui s’est passé », a-t-il expliqué, alors que les critiques enflent dans le pays sur la gestion de l’éruption soudaine du 22 mai, et surtout l’évacuation de jeudi ordonnée sans aucune organisation apparente ou soutien logistique, malgré les promesses des autorités.

« Pifomètre »

Beaucoup avaient déjà vu dans l’éruption du 22 mai une illustration des « faillites de l’Etat », « aucun dispositif d’alerte n’ayant fonctionné « , faute de budget notamment, et « d’une gestion au pifomètre », avait ainsi estimé le journal EcoNews, jugeant que « la population a eu l’impression d’avoir été abandonnée à son triste sort ».

Après l’éruption, le gouvernement a dépêché, à grands renforts de déclarations rassurantes, une grosse délégation ministérielle à Goma, lançant travaux, enchaînant promesses d’aide et visites de « réconfort » aux sinistrés.

Mais les conditions de l’évacuation de jeudi ont ravivé les critique. « L’Etat a décidé l’évacuation de la population de #Goma et #Nyiragongo sans AUCUNE aide apportée », a ainsi fustigé sur twitter le collectif d’activistes Lucha.

« Mettre des véhicules à disposition lors de l’évacuation, c’est très difficile », a reconnu à ce propos le président Tshisekedi.

« Aujourd’hui nous sommes en voie de pouvoir commencer à déployer de l’eau potable ainsi que des vivres » sur les sites où ils ont trouvé refuge, a-t-il néanmoins affirmé.

« Ces déplacés ne le sont que pour quelques temps, le plus grand travail sera à Goma, où il y a 5.000 maisons détruites » par les coulées de lave, a-t-il anticipé, tout en promettant d’organiser des convois de retour.

Il a par ailleurs lancé un « appel aux dons, même si « un budget sera dégagé », dont la gestion sera « transparente ». Et de promettre également « de se rendre sur place, dès la réouverture des aéroports, « pour apporter réconfort et soutien » à ses compatriotes.

Ces déclarations interviennent quelques heures après une grosse bourde du gouvernement, qui a annoncé par erreur l’éruption d’un petit volcan voisin du Nyiragongo, faisant croire à une nouvelle catastrophe.

Du magma sous Goma

Le Nyiragongo était entré en éruption sans aucun signe précurseur le 22 mai. Deux immenses coulées de lave s’étaient échappées des flancs du volcan. Au moins 34 personnes ont trouvé la mort, et entre 900 et 2.500 habitations ont été détruites.

Selon un dernier rapport samedi de l’OVG, 61 tremblements de terre se sont produits au cours des dernières 24H, des séismes « cohérents avec la poursuite du mouvement du magma dans le système des fissures du Nyiragongo vers le lac Kivu ».

Ces séismes ont nettement ralenti depuis 48H.

L’OVG liste désormais trois scénarios principaux pour les jours à venir: « le magma reste sous terre sans éruption », avec ou sans la poursuite des secousses; ou les tremblements de terre se poursuivent et la lave réapparaît sur la terre ferme, possiblement dans les fissures qui fracturent le sol de la cité.

Une quatrième hypothèse catastrophe, celle d’un « glissement de terrain ou un grand tremblement de terre destabilisant les eaux profondes du lac et provoquant l’émergence de gaz dissous », est désormais jugée « beaucoup moins probable », mais « ne peut être exclue ».

Samedi, la capitale du Nord-Kivu, en grande partie vidée, a retrouvé néanmoins un semblant de calme et de normalité.

Le gouvernement fait désormais face à une crise humanitaire d’ampleur, une de plus dans une région déjà meurtrie depuis trois décennies par les violences des groupes armés. Parmi les multiples urgences, la question de l’accès à l’eau consommable, avec les risques d’épidémie liés, s’avère particulièrement aigüe, selon l’ONU, le CICR et les ONG.

Par Le Point avec AFP

RDC: La population fuit la ville Goma à cause du volcan Nyiragongo

mai 26, 2021

Avec TV5Monde

RDC: Eruption du volcan de Nyiragongo : David McLachlan-Karr assure le gouvernement de son soutien

mai 26, 2021

Un numéro vert a été mis en place pour la réunification des personnes séparées lors de leur fuite.

Des laves encore chaudes de la dernière éruption de Nyirangongo/DR

« Depuis le début de l’éruption volcanique de Nyiragongo, le 22 mai à Goma, la communauté humanitaire est à pied d’œuvre pour soutenir le gouvernement congolais à apporter une réponse à cette catastrophe dont l’étendue des conséquences reste encore à déterminer », a affirmé le coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo (RDC), David McLachlan-Karr, dans un communiqué du 25 mai. Et de noter que les acteurs humanitaires présents sur place évaluent l’étendue des besoins causés par l’éruption volcanique et portent assistance aux personnes sinistrées.

Le communiqué du coordonnateur humanitaire en RDC indique également que les besoins répertoriés sont essentiellement en abris, eau-hygiène et assainissement, santé, protection et vivres. Aussi, fait savoir ce document, un numéro vert a-t-il  été mis en place pour la réunification des personnes séparées lors de leur fuite. Il s’agit de +243 970 351 202 et +243 974 551 013.

Ce document note également dans le nombre de priorités, la réparation du tronçon de la route Goma-Ruthsuru, coupé par une coulée de lave, un des axes essentiels à l’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que le rétablissement de l’électricité et des services d’eau. « Je suis attristé par les pertes en vies humaines et les dégâts causés par l’éruption. Je présente mes condoléances à toutes les Congolaises et tous les Congolais qui ont perdu des proches dans cette catastrophe. A ceux qui ont également perdu des biens ou qui se sont retrouvés sans abris, je compatis et leur souhaite de rester forts et résilients. Je réaffirme l’engagement et le soutien de la communauté humanitaire pour venir en aide aux personnes touchées par l’éruption du volcan de Nyiragongo », a indiqué le coordinateur humanitaire dans ce communiqué.

David McLachlan-Karr dit, par ailleurs, remercier le Premier ministre congolais, qui a envoyé huit ministres à Goma pour conduire la réponse humanitaire. Et de rappeler que cette éruption volcanique survient dans un contexte de besoins humanitaires aigus dans la province du Nord-Kivu. « En effet, le Plan de réponse humanitaire pour 2021 atteint à peine les douze pour cent de financement requis. Actuellement, 3,2 millions de personnes sont en situation d’urgence alimentaire dans cette province et 44 pour cent des plus de 5 millions de déplacés du pays se trouvent dans cette partie de la RDC », a souligné le coordonnateur humanitaire.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza

Est de la RDC : éruption du volcan Nyiragongo, la lave atteint Goma

mai 22, 2021
Est de la RDC : eruption du volcan Nyiragongo, la lave atteint Goma
Est de la RDC : éruption du volcan Nyiragongo, la lave atteint Goma© AFP/Justin KITUMWA

Une coulée de lave a atteint la lisière de la ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), après l’éruption soudaine samedi soir du volcan Nyiragongo surplombant la ville, provoquant la fuite en masse et dans la panique des habitants.

« Outre la coulée de lave vers le Nord-Est (Kibumba/Rwanda), une autre coulée descend aussi sur la ville », a constaté dans la nuit un responsable du parc national des Virunga, où est situé le volcan. Cette seconde coulée « a maintenant atteint l’aéroport et, en toute logique, elle va descendre vers le lac » Kivu, selon lui.

L’aéroport est situé en périphérie nord-est de la ville, qui s’étend entre la frontière rwandaise et les rives du lac. L’information n’a pas été confirmée de source officielle, alors que la situation restait confuse en pleine nuit, et que des habitants sur place affirmaient que la coulée s’est arrêtée en lisière de l’aéroport.

La précédente éruption majeure du Nyiragongo remonte au 17 janvier 2002. Elle avait causé la mort de plus de cent personnes, couvrant de lave quasiment toute la partie est de Goma, y compris la moitié de la piste de l’aéroport.

La lave s’était alors lentement écoulée vers la ville, qu’elle avait coupée en deux pour se déverser dans le lac Kivu.

Dans la nuit de samedi à dimanche, d’impressionnantes images diffusées sur les réseaux sociaux, mais non vérifiées de source indépendante, montraient des habitations en feu, lentement avalées puis englouties par la lave rougeoyante en fusion, dans la périphérie nord-est de Goma, notamment dans le quartier de Buhene.

« Cette coulée passe sur le tracé de la coulée de 2002 », a également estimé devant la presse un responsable de l’Observatoire de volcanologie de Goma, Mahinda Kasereka. La poursuite de son avancée dans la ville pourrait dépendre des niveaux de lave et de pression dans le cratère du volcan.

« Le ciel est devenu rouge »

L’éruption a débuté sans prévenir en début de soirée. Des lueurs rougeoyantes ont commencé à s’échapper du cratère et une odeur de soufre s’est répandue dans Goma, située sur le flanc Sud du volcan, sur les rives du lac Kivu.

Cette soudaine activité volcanique a aussitôt provoqué l’inquiétude des populations, familières des colères du volcan, même si aucune coulée de lave n’était immédiatement visible de la ville, ni tremblement de terre ressenti.

« Le ciel est devenu rouge », a raconté à l’AFP une habitante, témoignant « des flammes géantes sortant de la montagne ».

Dans un message aux populations, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général constant Ndima, a alors « confirmé l’éruption du volcan ». Suivi rapidement par le gouvernement qui, après une réunion de crise à Kinshasa, a ordonné « l’évacuation » de la ville.

Le président congolais Félix Tshisekedi a par ailleurs annoncé avoir « décidé d’interrompre son séjour en Europe pour rentrer dès ce dimanche au pays afin de superviser la coordination des secours aux populations des zones menacées » par l’éruption.

L’électricité a été coupée dans une grande partie de la ville et des milliers d’habitants, souvent en famille, ont pris la direction, dans le désordre et à pied, à moto ou en voiture, de la frontière rwandaise toute proche.

Au fil des heures, et de la confirmation de la gravité de la situation, le flot des gens en fuite n’a cessé de grossir, matelas sur la tête, colis et enfants dans les bras, voitures klaxonnant.

La population prenait la direction du poste-frontière avec le Rwanda, dans la partie sud de la ville, ou la route de l’ouest vers Sake, vers la région congolaise du Masisi. Goma jouxte la frontière et la « grande barrière », le principal poste-frontière entre les deux pays, est situé dans le sud de la ville.

« Il y a beaucoup de monde sur la route, beaucoup de voitures, c’est la fuite », a raconté à l’AFP un habitant ayant embarqué sa famille dans sa voiture pour emprunter cette route du Masisi, vers Sake.

« Ca avance à pas de tortue, sur trois ou quatre voies. Les voitures sont remplies d’effets personnels, des matelas dans les coffres ou sur les toits. », a-t-il témoigné: « Il y a des enfants, des femmes, des vieux qui sont à pied et la pluie s’invite, c’est compliqué ».

Calme côté rwandais

Dans la nuit, des milliers de personnes avaient trouvé refuge au Rwanda, dans la ville frontière de Rubavu (anciennement Gisenyi), a constaté un vidéaste de l’AFP côté rwandais.

Les opérations étaient bien organisées, avec un accueil au stade et dans les écoles. Beaucoup de gens dormaient à même le sol aux abords de la ville. « Les frontières rwandaises sont ouvertes et l’accueil de nos voisins se déroule paisiblement », a commenté sur Twitter l’ambassadeur rwandais en RDC, Vincent Karega.

Capitale régionale du Nord-Kivu, Goma compte près de 600.000 habitants, dans une province troublée où sévissent de nombreux groupes armés.

Lors de l’éruption de 2002, les victimes étaient pour la plupart des malades, des personnes âgées ou impotentes abandonnées à leur sort dans les quartiers nord de la ville. Des pillages avaient également eu lieu.

Goma abrite un important contingent de Casques bleus et de nombreux membres du personnel de la Monusco, la mission onusienne dans le pays. Elle est la base de nombreuses ONG et organisations internationales. Leurs personnels ont pour beaucoup reçu l’ordre de se rassembler dans leurs locaux et les « guest-house », selon une source humanitaire.

Plusieurs avions basés à l’aéroport, appartenant à la Monusco et à des compagnies privées, ont décollé dans la soirée pour évacuer, selon une source aéroportuaire.

Située dans la province du Nord-Kivu, voisine de l’Ouganda, la région de Goma est une zone d’intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres.

L’éruption la plus meurtrière du Nyiragongo, en 1977, avait fait plus de 600 morts.

Une des caractéristiques de ces deux volcans sont les « éruptions douces », relativement fréquentes, des flux de lave s’écoulant par les flancs. Ce fut le cas au moment de l’éruption de janvier 2002.

Dans un rapport daté du 10 mai, l’Observatoire volcanologique de Goma appelait à la « vigilance », alors que « l’activité séismo-volcanique au niveau du Nyiragongo » avait « augmenté », méritant « une attention particulière de surveillance ».

Par Le Point avec AFP