Air Canada affirme que les passagers ayant un chien-guide doivent l’inscrire au moins 48 heures avant l’embarquement, selon sa politique. Photo : La Presse Canadienne/Graham Hughes
Dena Wainwright, qui est complètement aveugle, affirme qu’elle ne « voyagera plus jamais avec Air Canada ». Le transporteur a refusé de la laisser monter à bord avec son chien-guide la semaine dernière pour un vol entre Toronto et Minneapolis.
La Canadienne de 49 ans, qui travaille aux États-Unis pour la firme Fidelity Investments, était venue à Toronto pour célébrer sa fête avec sa fille.
Elle raconte qu’elle avait voyagé avec Air Canada sans problème de Minneapolis à Toronto.
Lors de l’enregistrement dans la ville américaine, on lui a demandé si elle avait aussi rempli un formulaire pour son animal, Milo. Elle a répondu que non et l’employé lui a simplement souhaité un bon vol, sans lui causer de tracas, dit-elle.
Au retour, toutefois, Mme Wainwright raconte que les employés d’Air Canada à l’aéroport Pearson ne voulaient pas la laisser embarquer dans l’appareil avec son labrador de 5 ans, parce qu’il n’avait pas été enregistré au préalable. On lui a offert de le mettre en soute, mais elle a refusé.
Elle ajoute que le personnel lui a dit qu’elle pourrait avoir son chien-guide avec elle si elle pouvait « prouver » qu’elle était aveugle en présentant une carte de l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA). Toutefois, elle n’avait pas une telle pièce d’identité étant donné qu’elle habite aux États-Unis.
« C’était humiliant, dégradant. »— Une citation de Dena Wainwright, personne aveugle
Dena Wainwright avec son chien-guide PHOTO : FOURNIE PAR DENA WAINWRIGHT
Elle accuse Air Canada de l’avoir traitée comme une criminelle et affirme que les employés du transporteur à l’aéroport Pearson s’adressaient à sa fille plutôt qu’à elle comme si j’étais handicapée mentalement.
Mme Wainwright a finalement décidé de prendre un train avec son chien jusqu’à Windsor pour ensuite traverser la frontière en taxi et prendre un vol entre Détroit et Minneapolis, ce qui lui a coûté 2000 $, dit-elle.
Air Canada s’explique
Selon Air Canada, le propriétaire d’un chien-guide doit l’enregistrer au moins 48 heures avant le vol.
Un porte-parole du transporteur qualifie toutefois ce qui est arrivé à Mme Wainwright de « regrettable » et affirme qu’Air Canada lui a parlé pour lui présenter des excuses.
« Chaque année, Air Canada transporte avec succès des dizaines de milliers de clients ayant un handicap, mais dans ce cas-ci, nous n’avons pas été à la hauteur de nos normes habituelles en matière de service à la clientèle. »— Une citation de Air Canada (déclaration)
Le transporteur dit enquêter à l’interne afin de déterminer pourquoi Mme Wainwright a pu prendre le vol entre Minneapolis et Toronto avec son chien-guide sans avoir rempli le formulaire requis.
Larissa Proctor, de l’Institut national canadien pour les aveugles, affirme que les chiens-guides ne devraient pas aller en soute, mais elle recommande aux voyageurs de s’informer à l’avance auprès de leur transporteur pour connaître leur politique.
Elle invite aussi les employés des transporteurs à traiter une personne aveugle comme tout autre passager. La plupart du temps, si vous parlez à quelqu’un qui est aveugle ou mal voyant, on veut [que l’employé] nous parle directement comme pour les autres clients, note-t-elle.
Avec Radio-Canada d’après des renseignements fournis par Trevor Dunn, de CBC
Les adeptes de cette activité se filment avec des caméras afin de publier leur périple sur Internet. Photo : James
Dans le monde entier, des jeunes se filment en train de monter sur des wagons de marchandises ou de voyageurs. Certains s’y adonnent sur les 43 000 km de chemins de fer du Canada ou même sur des rames de métro. Comment expliquer cette tendance? Quels sont les risques?
Le jour de la fête du Canada, en juillet dernier, des images circulant sur Internet donnaient le vertige. On y voit des individus masqués portant des drapeaux du Canada marcher sur le toit d’une rame du métro de Toronto à pleine vitesse.
Arrivés à la station suivante, ils s’échappent en courant. Depuis, les autorités enquêtent pour retrouver les auteurs de cette vidéo.
Un jeune homme allongé sur la rame d’un métro de Toronto, à la station Kennedy. Photo : Facebook
Monter sur un train en marche, une pratique appelée train surfing en anglais, est illégal et extrêmement risqué, mais ce n’est pas nouveau.
Cela existe depuis que les trains existent, explique Taissa Hrycay, de l’organisme Opération Gareautrain. C’est une tendance qui se poursuit avec les réseaux sociaux. On va en entendre parler plus souvent.
Le côté spectaculaire de l’activité intrigue en effet les internautes. Plusieurs vidéos filmées en Europe et offertes sur le site YouTube dépassent le million de vues.
Rencontre avec un adepte de cette pratique
James est déjà monté sur une dizaine de trains aux États-Unis. En août, ce jeune Américain visite l’Alberta pour la première fois dans un but bien précis : grimper sur un train de marchandises à Calgary pour se rendre 400 kilomètres plus loin à Revelstoke, en Colombie-Britannique.
L’attrait touristique pour les beaux paysages de l’Ouest fait de la région une destination aimée par les surfeurs de train, selon James. Il a accepté de nous parler à condition de protéger son identité.
Je ne fais de mal à personne, dit-il, le visage caché, assis sous un pont. Je ne dégrade pas les trains et je ne perturbe pas leur trajet. Je fais juste cela pour m’amuser et profiter d’un voyage gratuit, en toute liberté.
Même si c’est illégal, James filme ses périples afin de diffuser ses vidéos sur les réseaux sociaux en espérant obtenir assez d’abonnés pour gagner de l’argent grâce aux publicités et aux dons. Il dit être conscient du danger.
Deux de mes amis sont morts en voyageant sur des trains. C’est dangereux, et je le répète dans mes vidéos en demandant aux gens de ne pas reproduire ce que je fais, explique-t-il.
Les risques ne valent pas les vues sur les réseaux sociaux. C’est extrêmement dangereux, rappelle Taissa Hrycay. Il y a beaucoup de cas d’accidents à New York et en Europe, notamment d’électrocution.
En juin 2018, un Australien de 25 ans a dû être amputé à la suite d’une chute, près de Revelstoke, en Colombie-Britannique. Deux ans auparavant, une adolescente de 13 ans, Kennedy Rhodes, a perdu la jambe gauche après un accident similaire à Calgary.
La chasse aux J’aime
L’intérêt pour cette quête de l’adrénaline en dit beaucoup sur notre société, dit André Mondoux, sociologue spécialiste des technologies numériques et des réseaux sociaux et professeur à l’Université du Québec, à Montréal.
Ce phénomène est le symbole d’une société où la notion d’efficacité et de productivité est partout, dit-il. De nos jours, c’est la chasse aux Likes qui prime.
Il y a un impératif commercial. Plus il y a de likes, plus les publicités valent cher , selon André Mondoux, et plus rapidement le créateur de contenus pourra atteindre la liberté économique, à condition de produire des vidéos qui font réagir.
La mode du train surfing sur Internet est aussi liée à la montée de l’individualisme. Se mettre soi-même à l’honneur n’est plus péché d’ego ou de narcissisme comme il y a 50 ans. Aujourd’hui, c’est une norme, même s’il est question de promouvoir une activité dangereuse.
Le Canada compte plus de 43 000 kilomètres de chemin de fer.
PHOTO : RADIO-CANADA / AXEL TARDIEU
Au Canada, les contrevenants risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 50 000 $ pour intrusion sur une propriété où se trouvent des lignes de chemin de fer, selon Opération Gareautrain. Ces 10 dernières années, l’organisme a comptabilisé 1062 incidents, 685 décès et 305 blessures graves dus à des intrusions.
Depuis son périple dans l’Ouest canadien, James est retourné chez lui, dans le centre des États-Unis. Il prévoit de partir grimper à nouveau sur des trains en Europe dans les prochaines semaines.
La famille Savard-Legault s’est rendue aux îles Marquises à l’hiver 2020. Photo : Facebook : Caractère
C’est la fin d’un périple autour du monde qui aura duré plus de quatre ans pour une famille de Québec. À bord de leur voilier, Julie Savard et Jean Legault ont visité plus d’une vingtaine de pays avec leurs trois filles âgées de huit à dix ans. Un voyage qu’ils ont pris plaisir à documenter sur les médias sociaux.
Une dizaine de proches attendaient avec impatience vendredi matin au Yacht-Club de Québec l’arrivée du voilier nommé Caractère avec, à son bord, la famille Savard-Legault.
Parti en mer il y a quatre ans dans le but de réaliser son rêve, le couple de parents était très heureux d’être de retour. Oui, c’est la fin de quelque chose, mais c’est la fébrilité de revoir nos proches et de revenir habiter dans notre belle ville de Québec, mentionne d’entrée de jeu Julie Savard.
À part un court séjour au Québec en décembre 2019, la famille de cinq a vécu les quatre dernières années sur le bateau. Cinq sur un 41 pieds, c’est limité comme espace, mais on était conscients de ça au départ, ajoute Mme Savard, qui s’occupait aussi de l’enseignement scolaire de leurs trois filles.
Les enfants de Julie Savard et Jean Legault ont pu apprendre à pêcher au fil de leur aventure. Photo : Facebook : Caractère
Si vivre la pandémie confiné sur un bateau a été un moindre mal, la fermeture de frontières a forcé la famille à tracer un trait sur certaines destinations comme l’Océanie et de demeurer plus longtemps en Polynésie française. On a été accueillis là-bas au début de la pandémie de façon incroyable, raconte le père de famille, Jean Legault.
Le bateau sans mât est accosté aux îles Caïmans. Photo : Facebook : Caractère
Périodes plus difficiles
L’aventure ne s’est pas déroulée sans quelques périodes plus difficiles. À l’automne 2020, en pleine pandémie, Mme Savard a pris d’urgence un vol vers le Québec pour être au chevet de son père, qui est mort peu de temps après. Perdre un proche alors qu’on était à l’étranger, ça n’a pas été facile, assure-t-elle.
Puis, en mai dernier, à plus de 300 milles nautiques au large, entre le Panama et les Îles Caïmans, le voilier a perdu son mât. Il y a quelque chose qui a cassé, ç’a été très stressant et très dangereux, avoue le père, Jean Legault, qui a piloté le navire. Heureusement, personne ne s’est blessé et la famille avait assez d’essence en réserve pour se rendre au port le plus proche.
Le Caractère lors de son passage à New York Photo : Facebook : Caractère
Changement de plan
Cette dernière mésaventure a modifié les plans de la famille, car il était impossible de se procurer un nouveau mât en chemin. Alors qu’ils devaient initialement revenir à la mi-juillet par le golfe du Saint-Laurent, les Savard-Legault ont plutôt opté pour un retour devancé, par le lac Champlain. Sans mât ni voile, c’est très désagréable en mer de n’utiliser que le moteur, raconte M. Legault.
Des proches attendaient la famille Savard-Legault impatiemment au Yatch-Club de Québec vendredi midi. Photo : Radio-Canada
Maintenant de retour, les membres de la famille Savard-Legault ont bien l’intention de retourner vivre dans leur maison, sans toutefois se départir de leur voilier. On n’a pas de projet de voyage à court ou à moyen terme, mais qui sait, peut-être à la retraite, conclut la mère de famille.
L’ambassadeur français en Ukraine, Etienne de Poncins, a partagé sur Twitter cette image d’Emmanuel Macron, Olaf Schotlz et Mario Draghi à bord d’un train vers Kiev d’abord publiée par le journal italien « La Repubblica ». Photo : La Republica via @Edeponcins (TWITTER)
Le président français Emmanuel Macron et ses homologues allemand et italien, Olaf Scholz et Mario Draghi, se dirigent vers Kiev, où ils devraient dire le soutien de l’Europe à l’Ukraine en guerre, après une aide militaire d’un milliard de dollars annoncée par les États-Unis.
Les trois hommes ont pris place ensemble à bord d’un train spécial à destination de Kiev, indiquent des médias italien et allemand.
Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous Union européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois, a déclaré le président français, interrogé sur un éventuel déplacement à Kiev la veille.
Ce déplacement est une première pour les dirigeants des trois principaux pays de l’Union européenne, depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février.
Les trois hommes devraient rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour évoquer, outre le soutien militaire, la demande de l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. La France, l’Allemagne et l’Italie y sont favorables, mais dans une perspective plus ou moins lointaine.
L’Ukraine n’en attend pas moins du sommet européen des 23-24 juin la décision des Vingt-Sept sur sa demande officielle d’adhésion, début d’un processus de négociations qui peut durer plusieurs années.
Demande d’armes supplémentaires
L’Ukraine presse depuis plusieurs jours l’Occident de lui fournir plus d’artillerie lourde. Photo : Radio-Canada/Jean-François Bélanger
Son président devrait également réitérer sa demande de nouvelles livraisons d’armes lourdes, indispensables, assure-t-il, pour contrer la puissance de feu russe.
Nous sommes avec vous, soyez avec nous, a déclaré M. Zelensky aux députés tchèques à Prague lors d’une téléconférence, citant un appel lancé par un présentateur de la radio tchécoslovaque en 1968 alors que les occupants soviétiques tentaient de couper la radio.
Aujourd’hui, alors que le peuple ukrainien lutte pour sa liberté contre l’invasion cruelle de la Russie, nous utilisons ces mots pour nous adresser à toutes les nations d’Europe et du monde démocratique, a-t-il ajouté. L’Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire, a-t-il martelé.
Mercredi soir, M. Zelensky a dit sa gratitude à l’égard des États-Unis pour la nouvelle tranche d’aide militaire que son homologue américain Joe Biden lui a annoncé dans la soirée au téléphone.
Les États-Unis ont annoncé un nouveau renforcement de notre défense, une nouvelle tranche d’aide d’un milliard de dollars, a confirmé mercredi soir M. Zelensky dans son message vidéo quotidien.
Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass , la région de l’est de l’Ukraine épicentre des attaques russes actuelles.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin Photo : Getty Images/AFP/Alex Wong
L’aide américaine comprend notamment des pièces d’artillerie et des obus supplémentaires.
Mercredi, le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé ses alliés à intensifier les livraisons d’armes aux Ukrainiens.
L’Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille, a déclaré le secrétaire américain à la Défense, lors d’une réunion au siège de l’OTAN à Bruxelles des pays du groupe de contact créé par les États-Unis pour aider l’Ukraine. Nous devons donc intensifier notre engagement commun et redoubler d’efforts pour qu’elle puisse se défendre, a-t-il ajouté.
M. Zelensky a indiqué s’être également entretenu avec le premier ministre britannique Boris Johnson, lequel a assuré sur Twitter soutenir l’Ukraine jusqu’à la victoire finale.
La bataille du Donbass
Et celle-ci passe par le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, enjeu depuis des jours d’une bataille acharnée entre forces russes et ukrainiennes.
Depuis leur offensive avortée sur Kiev en mars, les forces russes et séparatistes prorusses, qui contrôlent partiellement cette région industrielle depuis 2014, se sont donné pour objectif d’en prendre le contrôle total.
L’ennemi a concentré ses forces de frappe principales dans le nord de la région [de Lougansk] et tente d’attaquer dans neuf directions simultanément, a déclaré mercredi soir le commandement en chef des forces armées ukrainiennes.
Un soldat de l’armée ukrainienne pendant des combats sur le front à Sievierodonetsk, le 8 juin 2022 Photo : AP/ Oleksandr Rathushniak
Les combats se concentrent depuis plusieurs jours à Lyssychantsk et Sievierodonetsk, deux villes clés du Donbass. Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Sievierodonetsk, et ne plus disposer que de voies de communication compliquées avec elles après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.
Sievierodonetsk est un élément stratégique dans notre système de défense de la région de Lougansk. La ville ne peut pas être considérée autrement, a rappelé mercredi soir le commandement en chef ukrainien.
Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l’usine chimique Azot, emblématique de cette ville comptant avant la guerre quelque 100 000 habitants, avec plus de 500 civils à l’intérieur, selon le maire de Sievierodonetsk, Oleksandre Striouk.
Moscou a proposé mardi un couloir humanitaire qui permettrait d’évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l’a pas confirmé.
Sur le front diplomatique, au moment où États-Unis et Europe se rassemblent autour de l’Ukraine, le président chinois Xi Jinping a réaffirmé mercredi sa proximité avec son vieil ami Vladimir Poutine, au risque de crisper les relations entre Pékin et les Occidentaux.
Dans une heure, Shayla, une Texane enceinte de 13 semaines, va enfin pouvoir avorter. « J’essaie (de le faire) depuis six semaines », confie-t-elle à l’AFP dans une petite clinique de l’autre côté de la frontière de son État, en Louisiane, à cinq heures de route de chez elle.
Le 1er septembre 2021, une des lois anti-avortement les plus restrictives des Etats-Unis est entrée en vigueur dans l’État républicain du Texas, interdisant toute interruption volontaire de grossesse (IVG) à partir du moment où un battement de coeur du foetus est perceptible à l’échographie, soit quatre semaines environ après la fécondation.
Avec 30 millions d’habitants, le Texas est le deuxième État le plus peuplé du pays et cette loi a conduit les patientes vers les cliniques vite submergées d’autres États, les contraignant faute de place à retarder inexorablement leur IVG.
En février, l’association Planned Parenthood, qui défend le droit à l’avortement, a révélé que le nombre de patientes du Texas avait augmenté de presque 800 % dans les cliniques d’avortement de l’Oklahoma, du Nouveau-Mexique, du Kansas, du Colorado et du Missouri. Dans ses propres centres de santé en Oklahoma, la hausse approche les 2.500 % !
« Une fois qu’une femme a décidé qu’elle ne pouvait plus poursuivre sa grossesse, retarder l’acte y mettant fin est cruel », explique Kathaleen Pittman, l’administratrice de la clinique Hope Medical Group for Women de Shreveport où est reçue Shayla.
Attente stressante
« Beaucoup de femmes expriment un désespoir absolu », ajoute-t-elle. Et « nous devons leur expliquer que mettre fin (elles-mêmes) à leur grossesse leur fera encore plus de mal ».
Ce matin d’avril, sa clinique ressemble à une fourmilière. Les patientes arrivent de Louisiane, du Texas, du Mississippi, avec une mère, une soeur, un beau-père ou un mari chargés de les reconduire chez elles après leur avortement et de s’occuper parfois de leurs enfants.
Derrière la vitre de l’accueil, le téléphone sonne sans cesse et la demi-douzaine d’employées en charge de le décrocher répètent la même chose: impossible d’accorder un créneau, il faut s’inscrire sur une liste d’attente.
Environ deux semaines après, les patientes seront recontactées pour fixer, une ou deux semaines plus tard, le premier des deux rendez-vous obligatoires en Louisiane pour bénéficier d’un avortement.
« Cette loi met les gens à rude épreuve », témoigne une enseignante de 31 ans venue de Houston et ne souhaitant pas communiquer son prénom. « Ne pas savoir si on pourrait s’occuper de moi a été la partie la plus stressante du processus ».
Impossible pour l’établissement de Shreveport de proposer mieux. « Nous sommes physiquement une petite clinique », se justifie Kathaleen Pittman, acculée. « On a dû renforcer notre équipe. ( ?) Imaginez ce que c’est ( ?) en pleine pandémie, quand le personnel médical est déjà débordé, stressé, indisponible ! »
Avant la loi texane limitant le droit à l’avortement, 18 % seulement de ses patientes venaient du Texas, contre la moitié aujourd’hui.
Les Louisianaises, elles, sont toujours aussi nombreuses et subissent aussi les conséquences de la loi texane, contraintes de repousser leur IVG.
Jusqu’au Colorado
« Elle a su qu’elle était enceinte il y a un mois et demi » soupire une Afro-Américaine de 34 ans, en parlant de sa fille de 16 ans emmitouflée dans une couverture dans la salle d’attente de la clinique, un peu avant son avortement.
Quelques chaises plus loin, attendent deux autres Afro-Américaines venues de Houston et de Dallas.
En 2008, l’institut de recherche Guttmacher, organisme favorable à l’avortement dont les études font référence, indiquait que le taux d’avortement des femmes noires américaines était presque cinq fois supérieur à celui des blanches.
Tout en gardant parfois leur secret, ces Texanes ont dû surmonter beaucoup de difficultés logistiques pour être présentes à leurs deux rendez-vous à des centaines de kilomètres de chez elles: faire garder les enfants, quitter le travail, parfois louer une voiture, payer un hébergement ?
Il a aussi fallu qu’un proche se mobilise pour les raccompagner chez elles.
Avant qu’une place ne se libère, Shayla, 27 ans, était sur des listes d’attente dans le Colorado et dans l’Oklahoma.
« C’était soit avoir un bébé et galérer, soit voyager », explique la Houstonienne sans emploi et déjà mère célibataire d’un fils de 2 ans.
Deux associations l’ont aidée à réunir les 2.000 dollars nécessaires, dont 695 dollars pour l’IVG.
« Quelqu’un peut s’occuper de ton enfant un jour et pas le jour suivant. Comment garder un job dans ces conditions ? Alors je me suis dit que je n’allais pas avoir deux enfants et galérer encore plus », conclut-elle, tandis que sa mère et son fils attendent à l’extérieur.
Justin Trudeau entame dimanche un voyage de six jours au Royaume-Uni, en Lettonie, en Allemagne et en Pologne. Au cœur des discussions, bien sûr, la guerre en Ukraine — un conflit qui, malgré toutes ses horreurs, a permis au premier ministre canadien de tourner la page sur une crise domestique qui lui collait à la peau.
Le gouvernement Trudeau a multiplié les sanctions depuis l’invasion russe en Ukraine. Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
L’invocation de la loi a encouragé certaines personnes à quitter [les lieux] et a permis aux forces de l’ordre de pouvoir en finir avec ces occupations, expliquait alors le premier ministre.
Cinq heures plus tard, une autre occupation débutait, celle-là beaucoup plus sanglante : Vladimir Poutine lançait ses troupes à l’assaut de l’Ukraine. La guerre était de retour en Europe.
En coulisses, plusieurs libéraux pensent que l’invasion russe et, surtout, la réponse canadienne coordonnée avec celle des alliés ont permis à Justin Trudeau de retrouver sa stature d’homme d’État.
L’enjeu des camionneurs, c’est complètement disparu des écrans radars, confie une source libérale, qui croit que pour beaucoup de gens, la guerre en Ukraine a mis les choses en perspective, entre autres sur ce que ça voulait dire, défendre la liberté.
Un sondage réalisé par la firme Research Co. à la fin de février montre que 52 % des Canadiens interrogés approuvent la réponse du premier ministre dans le dossier ukrainien.
Justin Trudeau, entouré des ministres Mélanie Joly, Anita Anand et Chrystia Freeland, lors d’une annonce sur de nouvelles sanctions imposées à la Russie. Photo: The Canadian Press/Adrian Wyld
Même des personnes généralement critiques quant à la politique étrangère de Justin Trudeau reconnaissent que son gouvernement a bien agi jusqu’à maintenant.
Je pense que le gouvernement canadien a été à la hauteur de ce qui était demandé par les alliés, lance Jocelyn Coulon, au bout du fil. L’ancien conseiller de l’ex-ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion avait publié en 2018 Un selfie avec Justin Trudeau, un ouvrage dans lequel il reprochait au premier ministre son manque d’ambition sur le front diplomatique.
M. Coulon complimente aussi la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui a eu le ton juste dans les dernières semaines : On voit qu’elle a pris de l’assurance dans les dossiers de politique étrangère.
Le travail de la vice-première ministre a également été remarqué. Une source gouvernementale confirme d’ailleurs que Chrystia Freeland a joué un rôle clé dans les discussions auprès des alliés occidentaux, qui ont permis d’aboutir à l’imposition de sanctions contre la Banque centrale russe.
Dialoguer avec ses adversaires
Toutefois, si le Canada a commis un sans faute jusqu’à maintenant, sa réponse n’est pas pour autant suffisante, croit Jocelyn Coulon. Comme il le faisait déjà dans son livre, l’ex-conseiller reproche au gouvernement Trudeau de ne pas avoir entamé de dialogue direct avec la Russie.
Le président russe Vladimir Poutine reste intransigeant dans sa volonté de continuer la guerre en Ukraine. Photo : Getty Images/MikhaiI Klimentyev
Il n’y a eu, par exemple, aucune rencontre bilatérale entre Vladimir Poutine et Justin Trudeau depuis l’élection de celui-ci, en 2015. Or, dans les dernières années, tous les autres leaders du G7 se sont entretenus avec le président russe, souvent à plusieurs reprises, malgré leur désapprobation de l’invasion de la Crimée en 2014.
Il faut toujours parler non seulement à nos amis, mais aussi à nos adversaires, ajoute Jocelyn Coulon. C’est là que la diplomatie prend son sens.
Le professeur Justin Massie, expert en sécurité internationale à l’Université du Québec à Montréal, abonde dans le même sens : C’est important de dialoguer même avec ses ennemis, même quand on est en conflit. Il cite en exemple la démarche de la France dans les derniers jours, qui s’est démarquée par sa diplomatie pour tenter d’organiser un corridor humanitaire afin de sortir les personnes de Kiev.
Bien sûr, reconnaît M. Massie, la diplomatie a ses limites. Vladimir Poutine, malgré toutes les pressions des alliés, n’a montré aucun signe de retrait et poursuit sans vergogne ses bombardements contre les villes ukrainiennes. Il est cependant nécessaire, d’après le politologue, de garder le dialogue ouvert, ne serait-ce que pour tenter d’alléger la situation pour les populations civiles.
Le président français Emmanuel Macron a eu plusieurs entretiens avec le président russe Vladimir Poutine. Photo : Getty Images/Michel Euler
Or, au Canada, ajoute-t-il, on n’aime pas beaucoup avoir l’air de discuter avec [nos] rivaux parce qu’on se fait accuser de complaisance par nos adversaires politiques, qui utilisent la politique étrangère à des fins partisanes. Et c’est malheureux.
Justin Massie déplore entre autres le fait que les conservateurs aient demandé d’expulser l’ambassadeur russe qui se trouve à Ottawa — une très mauvaise idée, selon lui : Même les États-Unis ont des relations directes et privilégiées avec la Russie pour éviter des interprétations ou des mauvais calculs qui pourraient, peut-être, mener à une escalade militaire.
La présence d’une large communauté ukrainienne au Canada – la troisième au monde – et ce que Jocelyn Coulon appelle l’influence très importante du lobby ukrainien au sein du gouvernement Trudeau ont aussi contribué, d’après l’ex-conseiller, à une absence de communication avec le géant russe.
La mainmise sur l’Arctique constitue un enjeu à propos duquel la Russie et le Canada, qui contrôlent environ 75 % du territoire, devront inévitablement dialoguer dans les années à venir. Or, Jocelyn Coulon estime qu’en « ayant une relation très mauvaise avec les Russes », le Canada « se positionne mal pour défendre ses intérêts dans l’Arctique ». Photo: East2West
Peu de succès en affaires étrangères
Même si Justin Trudeau ne va rencontrer que des alliés au cours de ce voyage en Europe, Justin Massie reconnaît que le gouvernement fédéral a bien géré jusqu’à maintenant le dossier ukrainien, surtout par comparaison avec certains ratés commis en matière de politique étrangère.
Le politologue cite en exemple le voyage en Inde, mais aussi les 200 Casques bleus que le Canada n’a jamais déployés comme prévu, le retrait de ses troupes du Mali avant la date demandée par l’Organisation des Nations uniesONU, ou encore l’échec du gouvernement libéral à obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies.
La politique étrangère de Justin Trudeau n’a pas eu beaucoup de succès, mis à part la négociation de l’Accord de libre-échange nord-américainALENA 2.0, le nouvel accord commercial avec les États-Unis signé sous Donald Trump, affirme M. Massie.
Les attentes dans ce conflit étaient donc assez basses d’après l’expert en sécurité internationale, encore plus après la crise des camionneurs qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa, où on a vu un premier ministre plutôt absent dans les premières semaines du conflit.
Là, conclut-il, on sent que Justin Trudeau est plus présent et que son gouvernement multiplie les annonces. L’image d’inaction qui colle parfois à la peau du premier ministre semble donc plus difficile, jusqu’à maintenant, à apposer à sa réponse au conflit ukrainien.
Diomerys O’Leary souhaite qu’Air Canada change sa politique sur les mineurs qui voyagent seuls. Le transporteur a annulé le vol que devait prendre sa fille. Cette dernière s’est retrouvée seule à l’aéroport de Toronto sans nourriture ni hébergement. Photo : CBC/Ted Dillion
Diomerys O’Leary ressentait déjà de la nervosité en laissant sa fille de 14 ans voyager seule pour rendre visite à son père en République dominicaine, mais elle ne se doutait pas que le transporteur Air Canada allait la laisser pour compte à Toronto.
Le transporteur l’a informée par courriel, le 18 janvier, que le vol de sa fille de Toronto à Saint-Jean, à Terre-Neuve, était annulé en raison d’un conflit de travail à l’aéroport de Saint-Jean, et qu’elle pouvait prendre un autre vol deux jours plus tard.
Elle a ensuite reçu de nombreux messages textes de sa fille disant qu’Air Canada l’avait informée qu’elle devait se débrouiller pour trouver un endroit où dormir et se restaurer.
Elle pleurait, elle était désespérée et elle me demandait ce qu’elle devait faire. Je ne pouvais pas y croire, affirme Mme O’Leary.
Diomerys O’Leary se demandait si l’entreprise s’attendait à ce que sa fille passe deux jours sur un banc sans même lui donner de la nourriture.
Diomerys O’Leary a reçu de nombreux messages de la part de sa fille, qui était seule et désemparée à l’aéroport de Toronto tandis qu’elle cherchait une solution pour elle. Photo : CBC/Ted Dillion
Elle a passé des heures au téléphone et en ligne à chercher des moyens d’aider sa fille tandis que cette dernière attendait à l’aéroport de Toronto. Les hôtels n’acceptent pas de mineur seul et sa fille n’avait pas d’argent pour de la nourriture.
Mme O’Leary a fini par trouver un logement Airbnb où sa fille pouvait passer la nuit et un chauffeur Uber pour la transporter. Elle a fait livrer un repas à sa fille.
« C’était le pire jour de ma vie. »— Une citation de Diomerys O’Leary
Diomerys O’Leary affirme qu’elle n’a pu dormir cette nuit-là même après avoir trouvé cette solution temporaire pour sa fille.
Le lendemain, après presque deux heures d’attente au téléphone avec Air Canada, Mme O’Leary a trouvé un vol pour sa fille à destination de Gander et un billet d’autobus pour qu’elle puisse rentrer à Saint-Jean.
Selon Air Canada, l’agente du centre d’appel a proposé de l’aider à trouver de l’hébergement, mais la mère de la cliente a refusé.
Mais Diomerys O’Leary présente un enregistrement de cette conversation où l’agente affirme qu’elle ne peut pas aider sa fille à trouver un hébergement. L’agente lui propose d’appeler un autre bureau d’Air Canada. À ce moment, Mme O’Leary avait déjà pris des arrangements pour sa fille tout en attendant au téléphone.
Après avoir passé la nuit seule à Toronto, la fille de Diomerys O’Leary âgée de 14 ans est rentrée à Saint-Jean, à Terre-Neuve, le 20 janvier. Ci-dessus : le visage de l’adolescente est embrouillé à la demande de sa mère. Photo: Gracieiseté/Diomerys O’Leary
Air Canada affirme qu’il n’est généralement pas conseillé que des mineurs voyagent seuls quand il s’agit d’un vol avec des correspondances ou un vol à l’étranger en raison de possibles interruptions imprévues qui échappent au contrôle de l’entreprise. Cet avertissement ne figure pas sur la page web d’Air Canada au sujet des enfants voyageant seuls(Nouvelle fenêtre).
Des imprévus peuvent toujours survenir lors de voyages en avion, particulièrement durant cette pandémie. La COVID-19 a grandement perturbé l’industrie l’an dernier. Les autorités déconseillent par moments aux Canadiens de faire des voyages non essentiels.
Diomerys O’Leary aimerait qu’Air Canada prenne plus de responsabilité ou cesse tout simplement d’accepter des mineurs qui voyagent seul sur des vols à plusieurs étapes. Ils acceptent mon argent, mais ne prennent pas de responsabilité pour la sécurité de ma fille, dit-elle.
D’autres enfants laissés pour compte
Les propres règles d’Air Canada lui permettent d’éviter de prendre des responsabilités et ce serait une surprise pour beaucoup d’adultes qui permettent à leurs jeunes de voyager, selon un défenseur des droits des voyageurs, Ian Jack, vice-président aux affaires publiques de l’Association canadienne des automobilistes. Il dit que des jeunes peuvent être laissés pour compte en vertu de ces règles.
Comme d’autres transporteurs, dont WestJet et Air Transat, Air Canada offre un service pour enfants non accompagnés. Des employés aident ces enfants à faire leur voyage. Mais ce service n’est pas offert lors de voyages en plusieurs étapes comme celui effectué par la fille de Mme O’Leary.
Air Canada indique que dans un tel cas, elle aide de façon prioritaire ses passagers handicapés, âgés ou jeunes. Mais ce jour-là, ajoute l’entreprise, des vols ont été annulés de façon imprévue et des centaines de voyageurs avaient besoin d’aide.
WestJet et Air Transat ont aussi une règle semblable.
Même le Règlement sur la protection des passagers aériens(Nouvelle fenêtre) adopté par le gouvernement du Canada en 2019 est vague, indique Ian Jack, quand il est question de protéger les jeunes voyageurs. Le Règlement stipule que les compagnies aériennes doivent établir une politique pour les mineurs non accompagnés, mais il laisse aux transporteurs le soin de décider en quoi consiste cette politique.
Transports Canada établit les règles et l’Office des transports du Canada les met en application. Canadian Broadcasting CorporationCBC leur a demandé s’ils comptent améliorer la protection des mineurs qui voyagent seuls.
Transports Canada a indiqué que l’Office des transports du Canada est dans une meilleure position pour répondre à cette question, mais l’Office a expliqué qu’il ne peut agir que dans le cadre des règles de Transports Canada et que ces dernières ne comprennent rien au sujet des responsabilités précises des transporteurs envers les mineurs qui voyagent seuls.
Dans ce contexte, les transporteurs devraient au moins indiquer plus clairement que des mineurs peuvent être laissés pour compte lorsque leur vol est annulé, estime Ian Jack.
Ian Jack, vice-président aux affaires publiques de l’Association canadienne des automobilistes, estime que ce cas illustre certains aspects mal définis de la réglementation des transporteurs aériens. Photo : CBC/Stephan Richer
Ian Jack dit qu’il faut reconnaître que c’est un problème des transporteurs et possiblement aussi des règles gouvernementales en la matière.
Air Canada a offert à Diomerys O’Leary un bon de voyage d’une valeur de 500 $ en signe de bonne volonté, mais elle l’a refusé en disant que ce n’était pas une question d’argent. Mme O’Leary réclame des explications précises de la part du transporteur. Elle dit qu’elle ne peut tout simplement pas accepter ce qui est arrivé à sa fille.
Avec Radio-Canada d’après un reportage de Rosa Marchitelli, de Canadian Broadcasting Corporation CBC
Le fédéral souhaite réduire le nombre de voyageurs à la frontière devant la progression du variant Omicron.
Les voyages à l’extérieur du Canada seront découragés dans les prochaines semaines. Photo: La Presse Canadienne/Paul Chiasson
Lors de la rencontre d’urgence convoquée avec ses homologues provinciaux, mardi soir, le premier ministre Justin Trudeau leur a fait savoir que son gouvernement allait réinstaurer l’avis appelant les Canadiens à éviter les voyages non essentiels à l’étranger.
L’annonce devrait être faite bientôt, possiblement dès mercredi.
Selon nos informations, la grande majorité des voyageurs qui franchissent les postes douaniers sont des Canadiens et, à l’approche des Fêtes, Ottawa aimerait les voir rester à la maison pour freiner la propagation du variant préoccupant.
Le Cabinet de Justin Trudeau a aussi considéré un autre scénario beaucoup plus musclé : celui de fermer la frontière à tous les ressortissants étrangers qui effectuent des voyages non essentiels. Il est trop tôt pour dire si cette option sera retenue.
Un tel scénario constituerait un retour aux restrictions les plus sévères depuis le début de la pandémie. Il aurait été accueilli froidement par les premiers ministres de certaines provinces qui sont davantage préoccupés par la transmission communautaire du variant Omicron.
Au début de la pandémie, le gouvernement Trudeau s’était fait reprocher d’avoir tardé à agir en ce qui concerne la fermeture des frontières.
Le gouvernement fédéral veut par ailleurs insister auprès des provinces sur l’importance d’accélérer l’administration de la troisième dose de vaccin.
En coulisse, on craint que même si le variant ne se révèle pas plus virulent, sa forte transmissibilité ait un impact sur le nombre de cas, ce qui se répercuterait sur les hospitalisations.
Avec Radio-Canada.com par Madeleine Blais-Morin et Louis Blouinhier
En 1921, l’illustre scientifique Marie Curie embarquait pour un voyage de six semaines aux Etats-Unis. Un événement hors du commun qui devait la mener jusqu’à la Maison Blanche, où elle a reçu des mains du président américain un cadeau crucial pour la suite de ses recherches: un gramme de radium.
Cet élément radioactif, très difficile à extraire à partir de minerais, pouvait coûter à l’époque plus de dix fois le prix d’un diamant du même poids. Or son étude a été décisive dans le développement de traitements contre le cancer.
Grâce à une levée de fonds organisée par la journaliste américaine Marie Meloney, à qui Marie Curie s’était confiée lors d’une interview, le fameux gramme lui est offert sans contrepartie, et la chercheuse est invitée outre-Atlantique pour le recevoir.
L’anniversaire de cette tournée américaine a été célébré lundi à l’ambassade de France aux Etats-Unis, en présence des descendants de Mmes Curie et Meloney.
« Je suis très content que cette histoire se soit transmise à travers les générations », a confié à l’AFP Marc Joliot, arrière-petit-fils de Marie Curie et chercheur lui-même. « Au-delà de Marie Curie la grande scientifique, deux prix Nobel, dont on voit toujours la figure un peu sombre, triste, ça la rend humaine. »
La journaliste et la scientifique se sont en effet liées d’amitié. Toutes deux oeuvrent à l’époque à leur manière pour la cause des femmes, qui viennent d’obtenir le droit de vote aux Etats-Unis, mais l’attendent toujours en France.
« Je me rappelle, quand j’étais enfant, mon père nous racontait comment (Marie Meloney) connaissait Marie Curie, était amie avec elle, et l’avait accompagnée dans son tour des Etats-Unis », a dit à l’AFP Sean Meloney, arrière-arrière-petite-fille de Marie Meloney.
Probablement en partie grâce à ce voyage, la scientifique « est toujours un nom familier aux Etats-Unis », selon elle.
Bain de jouvence
En mai 1921, Marie Curie, déjà récompensée des prix Nobel de chimie et de physique, embarque donc à bord de l’Olympic, un paquebot jumeau du Titanic, en compagnie de ses deux filles, Irène et Eve.
Lors de son périple, elle se rend notamment dans de grandes universités, donne des conférences, et visite une usine de radium à Pittsburgh.
Elle rencontre aussi le président Warren Harding, qui lui remet la clé ouvrant le coffre qui contient le gramme de radium. Il a coûté 100.000 dollars, récoltés quasi entièrement grâce à des dons de femmes américaines.
« Les appareils de radiothérapie d’aujourd’hui sont directement issus des travaux de Marie Curie, qui a découvert la radioactivité », a rappelé lundi Thierry Philip, président du conseil d’administration de l’Institut Curie, qui fête également ses 100 ans cette année.
Mais c’est sa fille, Irène Joliot-Curie, qui a surtout bénéficié de l’étude de ce gramme de radium, avec la découverte de la radioactivité artificielle, qui lui vaudra également un prix Nobel.
« C’est cette radioactivité artificielle (et non plus naturelle, ndlr), que l’on peut mieux contrôler et manipuler, que l’on utilise aujourd’hui principalement » pour traiter le cancer, a expliqué à l’AFP Gilles Créhange, chef du département d’oncologie-radiothérapie à l’Institut Curie.
Car si protéger les cellules saines de l’irradiation est devenu un enjeu majeur, à l’époque, les effets à long terme de la radioactivité ne sont pas connus, et le radium était quasiment vu comme un élixir de jouvence, utilisé jusque dans des crèmes pour lisser la peau.
« Des personnes très riches aux Etats-Unis s’achetaient des cartouches pour des fontaines, qui étaient installées sur des baignoires, et ils faisaient couler de l’eau radioactive pour prendre leur bain », a raconté Gilles Créhange.
Marie Curie elle-même avait des doutes sur l’effet de la manipulation du radium sur sa santé. Elle est décédée en 1934, à l’âge de 66 ans.
Le mythique groupe suédois fait son grand retour vendredi avec l’album « Voyage ». Les légendes suédoises préparent aussi un concert numérique à Londres en 2022.
Qui n’a pas fredonné une chanson du groupe ABBA ? Qui a eu la chance de voir le quatuor suédois en chair et en os sur scène ? Que vous ayez les tempes grises ou que vous soyez membres de la génération TikTok, le succès est intergénérationnel pour le groupe phare de la disco-pop des années 1970.
Avec sa flopée de tubes ayant traversé toutes les modes, le quatuor va-t-il retrouver les sommets de sa jeunesse ? Depuis leur séparation de fait fin 1982, Agnetha, Björn, Benny et Anni-Frid (l’acronyme ABBA) n’avaient plus sorti de nouveaux morceaux et avaient rangé aux vestiaires leurs célèbres costumes kitsch. L’annonce, début septembre, de leur reformation, lors d’une cérémonie XXL tournée dans plusieurs capitales, avait fait le tour du monde, après des années de spéculations.
Un concert d’avatars numériques pour 2022
Composé de dix titres, Voyage est le fruit imprévu d’un projet sur lequel ABBA travaille depuis des années : un concert d’avatars numériques « révolutionnaires », censés reléguer au rayon de vieilleries les hologrammes qui ont fleuri ces dernières années dans le monde de la musique. Certains points restent mystérieux, mais une chose est claire : on entendra chanter les ABBA d’aujourd’hui et ce sont eux qui auront commandé les mouvements des « ABBAtars », mais ces derniers les représenteront avec leur physique de… 1979.
C’est en préparant ce projet en partenariat avec une société d’effets spéciaux du père de Star Wars George Lucas – maintes fois retardé par des difficultés techniques, puis par le Covid – que naît l’idée de refaire de la musique ensemble. Dès 2018, ABBA avait confirmé les rumeurs d’un retour en studio et on savait que l’enregistrement d’au moins deux nouvelles chansons était conservé à l’abri des oreilles indiscrètes.
« Au début, c’était seulement deux chansons, et puis on s’est dit. “Peut-être qu’on pourrait en faire quelques autres […]” et puis j’ai demandé : et si on faisait un album complet ? » a expliqué Benny Andersson, 74 ans, lors de l’annonce de l’album. Lui et Björn Ulvaeus, 76 ans, en assurent la promotion ces dernières semaines, Agnetha Fältskog et Anni-Frid Lyngstad ayant choisi de s’épargner cette épreuve à respectivement 71 et 75 printemps.
ABBA, un son unique
Trois des dix chansons de l’album, disponible partout dans le monde, avaient déjà été dévoilées : d’abord « I Still Have Faith In You » et « Don’t Shut Me Down ». Puis une version modernisée de « Just A Notion », enregistré en 1978 mais jamais publié jusqu’ici. « Waterloo », « Dancing Queen », « Mamma Mia », « The Winner Takes It All », « Money Money Money » : la nouvelle livraison ne souffrira-t-elle pas de la comparaison avec l’âge d’or ? « Nous n’avons rien à prouver – qu’est-ce que ça peut faire si les gens pensent que nous étions meilleurs avant ? » a botté en touche Benny Andersson dans une interview au quotidien suédois Dagens Nyheter. « Si cela n’avait pas été assez bien, nous n’en aurions rien fait. »
Pour Jean-Marie Potiez, un des meilleurs experts internationaux du groupe, « les voix d’Agnetha et d’Anni-Frid, ont perdu dans les aigus, ce qui est normal vu leur âge, mais ont gagné en profondeur, en sensibilité ». Malgré les années et deux divorces – Björn avec Agnetha et Benny avec Anni-Frid ont été mariés plusieurs années –, les quatre étaient restés bons amis. Mais Voyage, neuvième album studio du groupe, sera bel et bien le dernier, ont confirmé les deux « B » dans une interview au Guardian fin octobre.