Tout juste revenue de Floride, notre envoyée spéciale Fannie Bussières McNicoll a entamé le processus de quarantaine obligatoire à l’hôtel, dans l’attente du résultat du test de dépistage de COVID-19 subi à l’aéroport. Elle témoigne, étape par étape, du déroulement de la première partie de son périple de retour, de son départ de Miami, jusqu’à son arrivée à la chambre d’hôtel à Montréal où elle sera isolée pour les prochains jours. Si le retour au pays a été parsemé d’embûches, l’accompagnement jusqu’au lieu de quarantaine s’est déroulé rondement.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada Les douanes étaient presque vides au moment de notre passage.
L’aventure du retour au Canada avait pourtant bien débuté. J’avais obtenu à temps le résultat, heureusement négatif, d’un test de dépistage de la COVID-19 effectué samedi matin. C’est d’ailleurs une obligation, depuis le 14 février, pour tous les voyageurs qui entrent au Canada, de présenter le résultat d’un test effectué moins de 72 heures avant son arrivée au pays.
Puis, comme l’avion approche de Newark, où je dois prendre mon deuxième vol, le pilote nous annonce que nous sommes déroutés vers un autre aéroport en raison d’importantes chutes de neige. Le détour prend plus de quatre heures, ce qui m’empêche d’attraper mon vol vers Montréal. Manquer un vol de correspondance, ça arrive, me suis-je dit pour me consoler. Mais j’étais loin de me douter à quel point un imprévu de ce genre, somme toute commun, compliquerait mon retour au Canada dans le contexte des nouvelles restrictions imposées aux frontières aériennes.
À la recherche d’un autre plan pour revenir au pays, je remarque qu’un vol vers Toronto décolle peu après. Je me rassure en me disant qu’un simple vol Toronto-Montréal me permettra d’arriver à Montréal le soir même. Mais je déchante vite. Un agent d’Air Canada m’avise que si je choisis ce trajet, je devrai effectuer ma quarantaine obligatoire à l’hôtel à Toronto, mon premier arrêt au Canada. Alors que ma chambre d’hôtel de quarantaine, réservée au prix de nombreuses heures de patience, m’attend à Montréal. En effet, les nouvelles règles exigent que les voyageurs fassent cette quarantaine à leur premier point d’entrée au Canada.
J’opte donc pour le vol direct vers Montréal du lendemain. Et je repousse facilement ma réservation d’hôtel de quarantaine en contactant cette fois directement l’hôtel qui m’accueillera.
En sursaut, je réalise, un peu paniquée, que mon test de dépistage, effectué il y a maintenant plus de 72 heures, n’est plus valide. Je fais une recherche rapide et apprends que le test rapide de dépistage est offert au prix de 200 $ à l’aéroport de Newark. Je crois avoir trouvé la solution à mon problème, mais non! Une préposée d’Air Canada m’indique que le gouvernement canadien ne reconnaît pas, contrairement aux États-Unis, le test antigénique. Elle ajoute des notes à mon dossier et me dit qu’une exception sera faite pour les voyageurs dans ma situation, et que mon test devrait être accepté. Je me croise les doigts pour qu’elle ait raison.
Heureusement, il n’y a pas d’anicroche à l’enregistrement, malgré mon test échu. Les passagers du vol sont peu nombreux, une quinzaine peut-être. Certains sont des travailleurs essentiels et sont convaincus qu’ils éviteront la quarantaine obligatoire. Deux passagers ont réussi à réserver une chambre, après avoir passé de nombreuses heures en attente sur la ligne officielle de prise de réservation. Un autre a négligé de réserver sa chambre à temps et est un peu inquiet. Enfin, c’est le décollage vers Montréal. Je me demande quelles autres surprises m’attendent, après cette première partie de voyage mouvementée.
Nous atterrissons à Montréal avec une vingtaine minutes d’avance sur l’horaire initial. Les quelques passagers descendent de l’avion et suivent les directives des nombreux employés de l’aéroport qui guident leur parcours.
Le terminal est presque vide. Aucune attente aux douanes. L’agent des services frontalier demande de présenter le résultat du test de dépistage effectué avant l’entrée au pays, ainsi qu’une preuve de réservation de l’hôtel de quarantaine. J’explique ma mésaventure et mon retour retardé, ce qui ne semble pas poser problème. Il applique un collant vert à l’endos de mon passeport. Cela signifie que je dois faire le test et la quarantaine obligatoire à l’hôtel. Le collant est jaune si le voyageur est exempté de ces mesures.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada Le douanier appose un collant vert à l’endos du passeport lorsque le voyageur n’est pas exempté des nouvelles restrictions aux frontières aériennes.
Un des voyageurs aboutit comme moi avec un collant vert sur son passeport. Et il en est très mécontent. Il explique avoir dû voyager pour son travail, dans un secteur d’activité jugé essentiel. Mais le douanier lui apprend à son grand désarroi qu’il n’est pas exempté des restrictions.
Le voyageur, qui préfère ne pas révéler son nom publiquement, ne reçoit pas d’amende pour ne pas avoir réservé de chambre d’hôtel. Il est toutefois dirigé vers un endroit où il tente de contacter la ligne officielle de réservation. Il ne réussira pas à parler à un préposé, donc un employé du gouvernement présent lui permettra exceptionnellement d’appeler directement l’un des hôtels approuvés et de réserver une chambre. Il est excédé par la situation :
S’il doit changer d’emploi pour éviter une nouvelle mauvaise surprise du genre, ajoute-t-il, il le fera.
Puis, c’est le moment du test de dépistage. Une quinzaine de stations de prélèvement sont installées dans la zone habituellement prévue pour l’arrivée des voyageurs. Encore là, aucune attente. Il y a davantage d’employés que de voyageurs. L’infirmière complète le prélèvement en quelques secondes. On me promet un résultat, transmis par courriel, dans les 72 heures. Et on me donne un petit carton, un passeport de prélèvement, que je dois conserver avec moi et qui prouve que j’ai bien effectué ce test obligatoire à la sortie de l’avion.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada De nombreux panneaux de ce genre parsèment le trajet vers la sortie de l’aéroport afin de guider les démarches des voyageurs.
Avant de quitter l’aire de dépistage, on remet aux voyageurs une petite trousse bleue de prélèvement à domicile qu’il faudra effectuer au jour 10 de la quarantaine. Toutes les directives se trouvent à l’intérieur de la boîte, nous dit-on.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada Une trousse de prélèvement à domicile est distribuée à tous les voyageurs qui devront suivre les instructions qui se trouvent à l’intérieur de celle-ci pour effectuer eux-mêmes le test de dépistage au jour 10 de leur quarantaine.
Je peux maintenant quitter l’aéroport. On me fait confiance pour me diriger directement vers mon premier lieu de quarantaine, l’hôtel. Certains prennent une navette, d’autres un taxi. Mon trajet en taxi sera remboursé à mon arrivée à mon lieu d’hébergement, m’assure-t-on.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada Il est possible de se rendre à son lieu de quarantaine en taxi ou en navette, selon l’hôtel sélectionné.
J’arrive à l’hôtel presque en même temps que trois nouveaux arrivants, tout droit débarqués de Madagascar, visiblement un peu déstabilisés par le froid.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada Trois nouveaux arrivant malgaches passent à travers le même processus que les autres voyageurs internationaux.
Nous devons utiliser une entrée réservée aux voyageurs en quarantaine pour entrer dans l’hôtel. Une salle d’accueil et un formulaire nous attendent dans une grande salle. Le gérant de l’établissement me guide jusqu’à l’entrée. Il m’apprend que deux étages de l’hôtel, donc environ 150 chambres, sont réservés pour les voyageurs en quarantaine. Une quinzaine de ce type de clients ont été accueillis lundi et une autre quinzaine est arrivée mardi, me dit-il. Mais le processus de réservation ayant connu des ratées, il me confie que plusieurs personnes ont fait des réservations sans passer par la ligne officielle, parfois en passant par des sites externes.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada L’ascenseur de gauche est réservé aux voyageurs en quarantaine. Celui de droite peut être utilisé par les autres clients.
L’employé au bureau d’accueil m’aide à compléter mon enregistrement. Il m’explique que je dois rester dans ma chambre en tout temps, qu’il sera possible d’aller se délier les jambes à l’extérieur, une fois le matin et une fois l’après-midi, à condition d’aviser la réception. Les repas seront livrés à la chambre.
Un garde de sécurité doit faire des rondes afin de s’assurer que les voyageurs en quarantaine demeurent dans leur chambre, selon le gérant.
Le parcours entre l’atterrissage et l’arrivée à la chambre d’hôtel n’aura pas pris plus d’une heure. J’appelle quelques personnes qui ont vécu ce processus. L’une d’elle, qui est encore amère de son expérience avec le système de réservation des chambres d’hôtel, a toutefois été ravie par l’accueil à l’aéroport.

© Fannie Bussières McNicoll/Radio-Canada La chambre d’hôtel où je devrai demeurer jusqu’à ce que je reçoive le résultat de mon test de dépistage effectué à l’aéroport.
Ne reste maintenant qu’à voir si le service dans les hôtels sera à la même hauteur. Et à attendre le résultat du test de dépistage…
Avec Fannie Bussières McNicoll