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Côte d’Ivoire : retour sur la chute de Wattao, le plus « bling-bling » des ex-com-zones

août 3, 2014
Issiaka Ouattara (c), alias Wattao, à Bouaké, en Côte d'Ivoire, le 30 juin 2007. © AFP

Issiaka Ouattara (c), alias Wattao, à Bouaké, en Côte d’Ivoire, le 30 juin 2007. © AFP

Il était le plus « bling-bling » des ex-chefs de guerre ivoiriens: la chute de Wattao, l’un des principaux commandants des forces de sécurité, connu pour son goût immodéré des belles voitures, fait sensation à Abidjan.

Victime de lui-même, de son passé ou d’une lutte de pouvoir? L’événement militaire est devenu un mini-tremblement de terre politique. Carrure de colosse et dents du bonheur, Wattao, de son vrai nom Issiaka Ouattara, n’est pas n’importe qui: il est l’un des anciens leaders rebelles ayant porté Alassane Ouattara au pouvoir.

A l’instar des autres « com-zones » – ces commandants des Forces nouvelles (FN) qui contrôlaient le nord du pays depuis 2002 -, il avait pris le parti de l’actuel chef de l’Etat contre l’ex-président Laurent Gbagbo dans l’affrontement postélectoral de 2010-2011. Wattao, qui fut le maître de la riche région cacaoyère de Vavoua (centre-ouest) à la tête de la fameuse unité « Anaconda », était « le moins sanguinaire des ex-chefs de guerre », affirme à l’AFP un sociologue requérant l’anonymat.

Les « com-zones » sont accusés de nombreux crimes durant les cinq mois de crise qui firent quelque 3.200 morts dans le pays, dont plus de 700 imputés aux pro-Ouattara, selon des chiffres de la justice ivoirienne. Tous furent pourtant nommés par le nouveau régime à des postes-clés et aucun n’est inquiété par la justice, au grand dam de la société civile. « Ouattara, contrairement à ses déclarations publiques sur (la lutte contre) l’impunité, ne peut livrer un des ex-+com-zones+ à la justice internationale sans être menacé de déstabilisation » interne, explique un analyste sous couvert d’anonymat.

Fin juillet, Wattao, 47 ans, a été en tout cas déchu de son poste de commandant en second du Centre de commandement des opérations (CCDO), corps d’élite de 800 hommes, bien équipé et entraîné. Il est aussi dépossédé de sa charge de chef de la sécurité de la zone d’Abidjan-sud. Et s’il reste commandant en second de la Garde républicaine, le titre est d’abord honorifique: le patron de cet autre corps d’élite – Cherif Ousmane, un autre +com-zone+ – ne le laisse pas agir à sa guise, selon un spécialiste militaire.

Le gouvernement a cependant voulu banaliser l’événement. « Il ne s’agit ni d’une sanction, ni de fautes commises par lui, ni d’une humiliation de la part de sa hiérarchie » mais d’une simple « relève », a assuré le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi.

Gangsta rap

Une position officielle loin de convaincre les partisans de « Sra Blé-Blé » (grand serpent, en langue malinké), l’un des surnoms de Wattao. Des tirs ont perturbé la cérémonie de passation de pouvoir avec son successeur à la tête d’Abidjan-sud, qui ont valu à cinq membres de sa garde rapprochée d’être mis aux arrêts, selon la presse ivoirienne.

Wattao pourrait faire les frais d’une lutte de pouvoir entre le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, ex-chef des FN dont il est proche, et le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, les deux grands rivaux pour l’après-Ouattara. Mais il paie surtout ses penchants « bling-bling », selon l’analyste ivoirien.

Son portrait avec son chien husky – improbable compagnon dans ce pays tropical – en « Une » d’un magazine people fit s’étrangler quelques dignitaires. Son arrivée en Maserati pour accueillir un journaliste français, venu pour un reportage télévisé sur le crime en Côte d’Ivoire, fut tout aussi commentée. Wattao paraissait y illustrer les clichés du « gangsta rap » américain: pistolet en or, maison de rêve – à Assinie, le Saint-Tropez local -, parking garni de bolides. « Je fais du business (…) Le salaire ne suffit pas, le salaire n’est pas assez », se justifiait-il.

Dans le sud d’Abidjan, « Wattao et ses hommes sont nommément cités dans les rackets sur des riches commerçants libanais et des chefs d’entreprises » et dans des « trafics au port », réplique un bon connaisseur du dossier. L’officier déchu est aussi cité dans des rapports onusiens l’accusant d’implication dans des trafics de diamants et d’or. Le dernier en date, publié en avril, lui attribue environ 90.000 euros mensuels pour l’exploitation frauduleuse d’or.

Moins voyants, les autres anciens « com-zones » ne sont pas moins pointés du doigt. Selon l’ONU, leurs malversations dans le cacao et la noix de cajou, dont la Côte d’Ivoire est respectivement premier et deuxième producteur mondial, ont coûté 400 millions d’euros au pays pour la seule récolte 2011-2012.

Jeuneafrique.com

Côte d’Ivoire : l’ex-comzone « Wattao » dans le viseur de l’ONU

avril 23, 2014
Issiaka Ouattara, connu sous le nom de Wattao. © Nabil Zorkot pour J.A.

Issiaka Ouattara, connu sous le nom de Wattao. © Nabil Zorkot pour J.A.

Les experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire ont publié le 17 avril un nouveau rapport. Ils affirment que « les mesures et les restrictions imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU n’empêchent toujours pas le trafic illicite de diamants bruts ivoiriens » et accusent l’ancien « comzone » Issiaka Ouattara, dit « Wattao », d’en profiter.

En avril 2013, les experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire dénoncaient « le pouvoir et l’influence croissants dont jouissent les réseaux d’anciens membres des Forces nouvelles de par leur intégration aux corps réguliers chargés de la sécurité » comme le « contrôle qu’ils exercent sur diverses activités économiques illégales ou informelles ».

Dans leur dernier rapport rendu public le 17 avril, les cinqs experts (Raymond Debelle, Eugene Rutabingwa Fatakanwa, Joel slak, Roberto Sollazzo et Manuel Vasquez-Boidard) accusent l’un d’eux, le commandant en second de la Garde républicaine, Issiaka Ouattara, dit « Wattao », de participer au non-respect de l’embargo sur l’exportation de diamants.

L’ONU s’est notamment penchée sur la zone d’extraction de Séguéla (centre-ouest) dont « Wattao » était le commandant jusqu’en août 2011. « Le Groupe est à même de confirmer que les principaux négociants de diamants y payent des éléments des FRCI sous le commandement d’un capitaine connu sous le nom de « Delta » et d’un lieutenant Djomane Ayba, deux seconds de l’ancien commandant de zone Wattao, pour être autorisés à faire le commerce des diamants bruts et à les exporter illégalement », peut-on lire dans le rapport.

Après plusieurs visites de terrain et des observations aériennes, « le groupe a réuni des éléments de preuve très probants indiquant que les paiements liés à la vente de diamants bruts ivoiriens, qui s’effectuent entièrement en numéraire et ne sont pas enregistrés, continuent d’être utilisés pour apporter un appui aux éléments des FRCI qui sont sous le contrôle de Wattao ».

À Séguéla, le principal acheteur de diamants s’appelle Sekou Niangadou, affirment les experts de l’ONU. Ce Malien est également le principal importateur de motocyclettes du nord de la Côte d’Ivoire et gère plusieurs bureaux de négoce de produits agricoles.

L’homme se rend en moyenne deux fois par mois au Mali, en Guinée et au Libéria pour faire sortir en contrebande des diamants bruts hors de la Côte d’Ivoire. Il a affirmé au groupe d’experts qu’il versait « un pourcentage aux forces de sécurité » de Séguéla, qui sont sous le contrôle d’hommes liés à Wattao, afin de pouvoir opérer librement. Les experts disent craindre que ces « fonds ne servent à acheter des armes et du matériel connexe en violation du régime des sanctions ».

Le rapport de l’ONU lie également « Wattao » au trafic de l’or. Il contrôlerait son extraction artisanale « dans la ville de Doropo (Nord-Est), site exploité au titre d’une « concession » par des ressortissants burkinabè. Il en aurait cédé les « droits d’exploitation » pour 25 millions de francs CFA (50 000 dollars), et perçoit en sus des revenus mensuels qui s’élèvent à 60 millions de francs CFA (120 000 dollars) ».
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Jeuneafrique.con par Vincent DUHEM

Séguéla: Le commandant Wattao explique la mort de IB au Worodougou

juin 17, 2011

Le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao a regagné temporairement sa base, à Séguéla où il a reçu un accueil chaleureux de la part des populations.

Pour son retour dans le Worodougou, depuis la chute de l’ancien président, Laurent Gbagbo, le commandant Issiaka Ouattara dit Wat­­tao, a été accueilli en héros, lundi dernier, par la population de Séguéla. En masse, celle-ci est sortie pour le célébrer et dire merci aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) pour avoir libéré la Côte d’Ivoire. Occasion mise à profit pour expliquer au peuple Mahoukas, les circonstances de la mort d’Ibrahim Coulibaly. « Le président de la Répu­blique avait donné des consignes pour arrêter IB. Mais, à notre arrivée, nous avons été accueillis par des tirs d’armes et nous avons perdu deux éléments. Nous étions finalement dans une position de légitime défense. IB a tiré sur nous et on ne savait plus comment l’arrêter encore. Alors quand on dit que nous avons tué IB, je dis non », a-t-il expliqué avant d’exhorter ses ‘’parents’’ à faire les mêmes bénédictions qui lui ont permis de revenir sain et sauf de son expédition, à l’endroit du Premier ministre Guillaume Soro et du ministre Hamed Bakayoko.

Cette cérémonie, organisée par le délégué général des Forces nouvelles, Bakayoko Mamadou, a pris l’allure d’une fête populaire. Après les bénédictions de l’imam central, el hadj Bakayoko et le mot de bienvenue du 2e adjoint au maire, le délégué général, Bakayoko Mamadou, a exprimé la joie de la population du Worodougou d’accueillir et de recevoir le Cdt Wattao à Séguéla. C’est en homme très ému que le commandant du groupement tactique 5 basé dans la cité des Antilopes a pris la parole pour remercier le peuple du Worodougou non seulement pour cet accueil chaleureux, mais surtout pour leurs bénédictions et leurs prières qui l’ont accompagné et lui ont permis de prendre des villes comme Daloa, Soubré et San-Pédro sans difficultés.

« Je reviens pour demander de faire ces mêmes bénédictions pour vos deux fils que sont Hamed Bakayoko et Soro Guillaume qui ont en charge des ministères de l’Intérieur et la Défense. C’est sur ces deux que repose la sécurité des Ivoiriens et de leurs biens. Ils ont besoin de vos prières pour réussir leurs missions, car sans la paix et la sécurité le président de la république, Alassane Ouattara, ne pourra pas mettre son programme en exécution pour le bonheur des Ivoiriens», a soutenu Wattao. Au peu­ple du Worodougou, Wattao a expliqué qu’Alassane Ouattara n’appartient pas aux seuls nordistes. « Alassane Ouattara est le président de toute la Côte d’Ivoire », a-t-il recadré.

Bayo Fatim, envoyé spécial à Séguéla
Source: Nord-Sud