Le principal parti d’opposition libérien a indiqué dimanche qu’il préparait une manifestation la semaine prochaine pour accompagner les funérailles de sympathisants de l’opposition tués lundi 7 novembre par la police la veille du second tour de la présidentielle.
Le dirigeant de l’opposition Winston Tubman, qui a rejeté samedi l’élection à la présidence d’Ellen Johnson Sirleaf et réclamé un nouveau scrutin, a appelé à un large rassemblement à Monrovia.
« Nous avons des consultations avec les familles des personnes tuées et nous voulons les enterrer avant le rassemblement et nous verrons si nous le faisons demain (lundi) ou mardi », a indiqué à l’AFP George Solo, responsable en second de la campagne du Congrès pour un changement démocratique (CDC).
« Si nous devons enterrer nos sympathisants, nous marcherons à travers les rues de Monrovia avec leurs cadavres », a-t-il ajouté.
Winston Tubman a déclaré samedi au cours d’une conférence de presse qu’il allait appeler à un rassemblement en mémoire de ceux qui ont été tués le 7 novembre devant le siège de son parti, sans toutefois en préciser la date.
« Ils (le pouvoir) vont l’appeler (le rassemblement) une manifestation, nous l’appelerons des funérailles », a-t-il dit.
La police a tiré le 7 novembre à balles réelles devant le siège du parti de M. Tubman, le CDC, sur une foule d’opposants, faisant plusieurs victimes.
M. Tubman a remis en cause samedi les résultats du second tour de la présidentielle du 8 novembre qui a assuré la réélection de Mme Sirleaf. Il avait boycotté le second tour en arguant d’irrégularités au premier tour du 11 octobre.
Un « nouveau scrutin doit être organisé avant un mois. Nous n’allons pas reconnaître la pseudo-victoire de Mme Sirleaf », a-t-il déclaré samedi.
Le secrétaire général de la formation de Mme Sirleaf, le Parti de l’Unité, Wilmot Paye a rejeté les déclarations de M. Tubman les qualifiant de « pure folie ».
« Ils veulent gagner de la crédibilité mais nous ne leur ferons pas ce cadeau », a-t-il dit dimanche à l’AFP.
Des militants de l’opposition ont distribué samedi des tracts à Monrovia sur lesquels figuraient des photos présentées comme étant celles de trois morts de la manifestation du 7 novembre, appelant les sympathisants de l’opposition à un rassemblement massif ce lundi.
Des sympathisants de Tubman ont également sillonné des rues de Monrovia, la capitale délabrée située en bord de mer, à bord de pick-up munis de hauts-parleurs diffusant des hymnes du CDC.
Mme Sirleaf a obtenu 90,8% des voix au second tour, un scrutin marqué par une faible participation (37,4%) par rapport au 1er tour (plus de 71%). En dépit de son retrait, M. Tubman a eu 9,2% des suffrages.
Mme Sirleaf, 79 ans, avait été en 2005 la première femme élue présidente en Afrique. Elle a reçu en 2011 le prix Nobel de la paix, en même temps qu’une militante libérienne Leymah Gbowee.
Vendredi, M. Tubman avait laissé entendre qu’il était prêt à coopérer avec la présidente Sirleaf mais dans une volte-face, il a qualifié samedi l’élection de Mme Sirleaf de « farce politique de premier ordre ».
M. Tubman a rejeté la commission indépendante mise en place par Mme Sirleaf pour faire la lumière sur les évènements du 7 novembre.
Jeuneafrique.com avec AFP