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[Tribune] Violences en Côte d’Ivoire : l’« étranger », éternel bouc émissaire

mai 30, 2021
Abidjan, en novembre 2002.

Difficile d’expliquer la nouvelle flambée de violences xénophobes qui vient d’embraser la Côte d’Ivoire. Mais le combustible est toujours le même : le mot « étranger », répété comme un mantra jusqu’à la nausée.

Anthropo, socio, ethno, toutes les études en « logie », toutes leurs combinaisons (anthropo-socio, socio-ethno, ethno-anthropo, etc.) et même économie… J’ai tendance à lire des thèses pour me détendre (personne n’est parfait) et rester au contact de la production universitaire de mon pays. Je peux donc affirmer que le sujet des violences xénophobes en Côte d’Ivoire est une star des soutenances.

Je vous épargne la logorrhée universitaire souvent indigeste pour vous en dire succinctement ce que j’en tire au regard de la dernière flambée. Entre l’urbain et le rural, une grande différence saute aux yeux sur l’origine de ces crises. Depuis San Pedro en 1998 (oppositions entre Kroumen et Burkinabés), dans les régions et les villages, la cause quasi exclusive des violences est toujours concrète, tangible, solide sous les pieds : la terre ! Sa possession et son exploitation sont au centre de tous les affrontements.

La problématique du foncier rural est le serpent de mer qu’étirent tous les pouvoirs depuis la colonisation. On peut dire sans se tromper qu’il est l’enjeu réel sur lequel s’est nouée la crise qui a secoué le pays à partir de 2002, dont le point d’orgue fut la guerre de 2011. En « brousse », les choses sont donc « claires ». Même si les réponses à y apporter peuvent être « complexes », les politiques devraient faire un peu comme moi, se pencher plus souvent sur le travail excellent et foisonnant des chercheurs pour éclairer leur lanterne. Je vais même plus loin en disant que la résolution des problèmes fonciers ruraux est le chemin par lequel la Côte d’Ivoire trouvera la réconciliation et la paix.

Bien avant les réseaux sociaux

En ville, les violences xénophobes relèvent de raisons qui sont difficilement lisibles. Même si tout le monde admet qu’un certain nombre de conditions doivent être réunies pour qu’elles éclatent, on est à peu près sûr que, dans le cadre urbain, les mêmes causes n’ont pas les mêmes effets. Un appel comme celui de cette fameuse influenceuse qui a mis le feu aux poudres il y a quelques jours aurait pu être lancé la semaine précédente sans lever un seul sourcil d’un habitant d’Abobo.

Il existe des précédents encore plus violents, plus incompréhensibles et qui datent d’une époque où n’existaient pas les réseaux sociaux mis à l’index. Souvenons-nous de cette chasse aux Ghanéens à cause d’un simple match de football (Asec vs Ashanti Kotoko, octobre 1993). Souvenons-nous des rumeurs de « sexes disparus » qui ont régulièrement provoqué le lynchage aveugle de Haoussa (déjà !) dans différentes villes. Souvenons-nous en 1958, avant l’indépendance, les Dahoméens et les Togolais ont subi à Treichville une ire populaire de la même violence. Principalement enseignants et agents administratifs, ils ont été désignés responsables de la situation des chômeurs (pour la plupart sans diplômes) et ont été pourchassés jusqu’à l’exil.

SI LE POISSON POURRIT PAR LA TÊTE, CE PEUPLE EST EN TRAIN DE POURRIR PAR SES LEADERS

On nage dans l’absurde total, pourtant pas de nœuds à se faire au cerveau pour comprendre ce qui s’est passé à Abobo. La pauvreté ? Elle est générale. Le taux d’analphabétisme ? Les plus de 80 % (selon le recensement de 2014) du Gontougo, du Bafing ou du Tchologo donnent le vertige. Le pourcentage « d’étrangers » ? Il n’y a rien eu à Adjamé. Le niveau intellectuel de la Jeanne d’Arc d’Abobo et des leaders d’opinion sur les réseaux sociaux ? Les QI de moules sont légion au-dessus de 100 000 abonnés…

Mon idée pour expliquer ces crises de la bêtise en réunion est simple. Chaque situation du genre trouve son alchimie propre pour faire brûler le foyer. Mais le combustible est le même, toujours : étranger. Si la « fièvre xénophobique » est si récurrente et violente, c’est parce que le mot « étranger » est une sorte de mantra répété jusqu’à la nausée, au nom de tout et n’importe quoi, depuis bien trop longtemps par tout ce que ce pays a compté comme personnel politique. Si le poisson pourrit par la tête, ce peuple est en train de pourrir par ses leaders.

Par  Gauz

Écrivain ivoirien, auteur de « Debout payé » (2014), « Camarade papa » (2018), et « Black Manoo » (2020).

Afrique du Sud : au moins un mort dans de nouvelles violences xénophobes

septembre 8, 2019

 

Au moins une personne a été tuée et cinq blessées ce dimanche dans le centre-ville de Johannesburg, la plus grande ville sud-africaine, lors de nouvelles violences dirigées contre les étrangers, a-t-on appris auprès de la police locale.

En début de semaine, l’Afrique du Sud a connu une vague d’émeutes xénophobes, notamment à Johannesburg, qui s’est soldée par la mort d’au moins 10 personnes, plus de 400 arrestations et des dégâts considérables, selon le dernier bilan de ses autorités. Dimanche à nouveau, une foule de plusieurs centaines de personnes s’est formée dans un quartier défavorisé du centre de la capitale économique du pays et a attaqué des magasins en demandant, selon la presse locale, le départ des étrangers. La police a rapidement dispersé la foule par des tirs de balles en caoutchouc et de grenades paralysantes.

Les émeutes xénophobes des derniers jours ont causé émotion et colère dans toute l’Afrique. Dans certains pays comme le Nigeria, des manifestations ont visé en représailles les intérêts sud-africains. L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29%) et la pauvreté qui frappent sa population.

Par Lefigaro.fr avec AFP

Afrique du Sud: appel au calme après des incidents xénophobes

février 23, 2017

Johannesburg – Le gouvernement sud-africain a lancé jeudi un appel au calme après une récente vague d’incidents violents dirigés contre des immigrés qui ont ravivé le spectre des émeutes xénophobes meurtrières de 2015 et 2008.

Depuis deux semaines, des dizaines de bâtiments occupés par des étrangers et soupçonnés d’abriter des maisons de passe ou du trafic de drogue ont été brûlés par des riverains en colère à Johannesburg et dans la capitale du pays Pretoria.

Ces incidents n’ont pas fait de victimes mais conduit la police à renforcer sa présence et à procéder à de multiples arrestations.

Les flambées de violences anti-immigrés sont récurrentes en Afrique du Sud. Le pays accueille plusieurs millions d’étrangers souvent accusés, dans un contexte de fort chômage, de voler le travail de la population locale et de nourrir la criminalité.

« Je veux appeler tous les Sud-Africains à prendre leurs distances avec la rhétorique ou les actions xénophobes », a déclaré jeudi le ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba devant la presse.

Un collectif d’habitants d’un quartier de Pretoria a annoncé une manifestation vendredi pour dénoncer « le gouvernement qui donne du travail aux Zimbabwéens et aux autres étrangers ».

« Nous travaillons avec eux pour nous assurer qu’il n’y aura pas de violence, de menaces », a assuré M. Gigaba.

Le ministre a également promis de « répondre aux inquiétudes » des organisateurs et de faire respecter les lois en matière d’entrée sur le territoire sud-africain et d’emploi.

Le Nigeria, dont les ressortissants constituent la principale cible des récents incidents, a exprimé mercredi sa « vive inquiétude » et exigé la protection de ses ressortissants.

Jeudi, une centaine de membres de l’Association nationale des étudiants nigérians ont défilé contre les violences dans la capitale nigériane Abuja, notamment devant les sièges des entreprises sud-africaines Multichoice (télévision) et MTN (téléphone).

« Tous les Sud-Africains du Nigeria doivent partir dans les quarante-huit heures, sinon nous ne serons plus en mesure de garantir leur sécurité », a menacé leur responsable, Aruna Kadiri.

De nombreuses ONG d’aide aux étrangers ont demandé à M. Gigaba d’interdire la manifestation de vendredi qui, selon elles, « ne peut que renforcer les attitudes xénophobes et les attaques ».

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a elle condamné les récentes attaques en rappelant qu’il n’existait « aucune preuve que les étrangers sont à l’origine de la montée de la criminalité et du chômage ».

En 2015, 7 personnes sont mortes lors d’émeutes et de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg puis à Durban. L’Afrique du Sud a connu en 2008 sa vague de violences xénophobes la plus meurtrière, qui a fait 62 morts.

Romandie.com avec(©AFP / 23 février 2017 16h39)             

GB : peur et dégoût devant les incidents xénophobes post-Brexit

juin 27, 2016

Édimbourg – Les Polonais en Grande-Bretagne éprouvent peur et dégoût face aux incidents xénophobes visant leur communauté depuis la victoire du Brexit au référendum, des dérapages que le Premier ministre britannique David Cameron a condamnés sans réserve lundi.

Le tag est en grande partie effacé. Mais Joanna Ciechanowska, directrice d’une académie d’art au centre culturel polonais de Hammersmith, est toujours très choquée de l’avoir découvert sur les portes du local dans ce quartier de l’ouest de Londres dimanche matin.

Si on m’avait dit ça il y a deux semaines, je ne l’aurais pas cru. Je vis ici depuis 30 ans et je n’ai jamais été confrontée au racisme. J’ai toujours pensé que la Grande-Bretagne était la plus grande démocratie du monde. Mais quelque chose a changé, dit-elle à l’AFP.

Nous sommes très inquiets et bouleversés, a déclaré Joanna Mludzinska, la présidente de l’association culturelle polonaise à la BBC.

L’incident n’est pas isolé. Samedi, des tracts anonymes ont été distribués à Huntingdon, près de Cambridge, dans le centre de l’Angleterre : Quittez l’UE, plus de vermine polonaise.

Selon John O’Connell, du mouvement antiraciste Far Right Watch, plus de 90 incidents ont été recensés ces trois derniers jours, allant des insultes aux agressions physiques.

Comme beaucoup de Polonais ici, je craignais que le résultat du référendum n’entraîne plus d’intolérance, de discriminations et de racisme. Mais je ne pensais pas que cela allait arriver si vite et de manière aussi agressive, a déclaré Agata Brzezniak, une étudiante polonaise, au journal The Independent..

L’ambassadeur de Pologne à Londres, Witold Sobkow, s’est déclaré choqué et profondément préoccupé par les récents incidents et les insultes xénophobes adressées à la communauté polonaise et à d’autres migrants résidant au Royaume-Uni, dans un communiqué.

La communauté polonaise, forte de quelque 790.000 membres, forme le plus gros contingent des trois millions de citoyens de l’Union européenne installés au Royaume-Uni où le polonais est même la langue la plus parlée après l’anglais.

Aujourd’hui, elle se sent en première ligne après plusieurs mois d’une campagne agressive pour le référendum dans laquelle la limitation de l’immigration des travailleurs européens a joué un rôle central.

J’éprouve un mélange de dégoût et de peur. Quelque chose a mal tourné, clairement. Le pays est divisé, c’est très inquiétant. J’ai des amis auxquels on a dit de faire leurs valises et de repartir lorsqu’ils ont commencé à parler polonais dans le train, déplore Joanna Ciechanowska.

Les autorités britanniques ont condamné sans réserve ces incidents, à commencer par David Cameron devant le parlement lundi. Le maire de Londres Sadiq Khan a placé la police londonienne en état d’alerte. Le ministre des Finances George Osborne a appelé à l’unité, exhortant les Britanniques à condamner la haine et la division.

Au centre culturel polonais de Hammersmith, des anonymes ont également exprimé leur solidarité en laissant un petit mot. Vous avez tout notre soutien, merci pour tout ce que vous faites pour nous ou je ne peux pas croire ce qui est arrivé ces derniers jours et je suis désolé pour ce que vous avez à endurer, peut-on lire sur ces messages de soutien.

Mais Joanna Ciechanowska en veut à ceux qui pendant la campagne ont semé les graines de la haine. Il y a clairement des racistes du côté des partisans du Brexit, dit-elle, regrettant que certains aient oublié que Polonais et Britanniques ont combattu côte à côte pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Romandie.com avec(©AFP / 27 juin 2016 20h43)

Xénophobie en Afrique du Sud: le roi des Zoulous a joué avec le feu

avril 22, 2015

Xénophobie en Afrique du Sud: le roi des Zoulous a joué avec le feu
Xénophobie en Afrique du Sud: le roi des Zoulous a joué avec le feu © AFP

Lorsqu’il paraît drapé d’une peau de léopard, le roi des Zoulous renvoie à ses sujets l’image d’un puissant chef coutumier à l’incontestable autorité morale.

Et même si ses pouvoirs ne sont que symboliques, il a été accusé d’avoir déclenché la dernière chasse aux immigrés qui a fait au moins sept morts en Afrique du Sud.

Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu, 66 ans, a, selon les médias locaux, appelé fin mars les étrangers à « faire leurs bagages et s’en aller ».

Devant l’ampleur des violences xénophobes qui ont éclaté d’abord à Durban – la métropole du pays zoulou – puis à Johannesburg, le souverain a dû prendre la parole en public cette semaine, et appeler au calme. Pour une fois vêtu d’un costume à l’occidentale.

Le roi n’a, assure-t-il, jamais ordonné à ses sujets d’attaquer des étrangers. « Si j’avais dit ça, il ne resterait plus rien! », a-t-il ajouté en toute modestie.

Si l’Afrique du Sud post-apartheid est une république, l’article 12 de sa Constitution reconnaît plusieurs milliers de chefs traditionnels, dont dix rois et une reine.

Nelson Mandela, fondateur de la « Nation Arc-en-ciel », était lui-même issu de la famille royale des abaThembu, qui règne sur un morceau du Transkei, au sud du pays.

Goodwill Zwelithini est le plus influent des monarques, sa juridiction s’étendant théoriquement sur près de 12 millions de personnes. Les Zoulous, principale ethnie du pays originaire de l’est, représentent plus du cinquième de la population sud-africaine.

Comme ses collègues couronnés, le roi zoulou reçoit du gouvernement sud-africain 1,3 million de rands (100. 000 euros) par an. Le gouvernement provincial du KwaZulu-Natal lui verse en outre plus de 50 millions de rands (4 millions d’euros) pour l’entretien de ses sept palais, ses six femmes et ses 28 enfants.

– Un facteur de stabilité –

Certains contribuables sud-africain s’en plaignent, mais Goodwill Zwelithini, un descendant du sanguinaire Chaka Zoulou – grand chef de guerre et fondateur de la nation zouloue au début du XIXe siècle -, jouit d’un grand prestige chez ses sujets, notamment dans les campagnes. Et il est paradoxalement considéré comme un facteur de stabilité.

La province du KwaZulu-Natal avait été ravagée par des affrontements entre le parti zoulou Inkatha et l’ANC de Nelson Mandela avant les premières élections démocratiques de 1994.

« Cela a poussé le nouveau gouvernement à ne pas contrarier le roi et ses partisans, de peur de déclencher davantage de violence », constate le politologue Steven Friedman. « Si le prix à payer pour sauver des vies est de laisser le roi dans un luxe relatif, cela vaut la peine », estime-t-il.

Goodwill Zwelithini est somme toute « un outil politique », renchérit l’analyste indépendant Protas Madlala, basé au KwaZulu-Natal.

Le roi s’insurge contre le braconnage des rhinocéros, mais il dérape parfois comme quand il traite les homosexuels de « pourritures » – avant d’assurer qu’on l’a mal compris, déjà.

« Rappelez-vous que lorsque certaines de ces contrées ont été conquises par les puissances coloniales, les gens n’ont jamais cessé de reconnaître leurs rois et leurs chefs comme autorité », ajoute l’analyste de l’Université d’Afrique du Sud (Unisa) Somadoda Fikeni.

Dans d’autres pays africains, comme au Mozambique, note-t-il, des gouvernements socialistes ont essayé de se débarrasser des chefs traditionnels avant d’être obligé de les réhabiliter.

Mais l’analyste Protas Madlala rejette cette aristocratie qui renforce des classifications tribales ayant selon lui été « politisées par le gouvernement de l’apartheid ».

« Les architectes de l’oppression nous ont savamment désintégrés, disant: +Vous êtes zoulou, vous êtes xhosa. + Certains d’entre nous tentent de résister et de dire: +Regardez, nous sommes une nation commune, nous sommes tous des Sud-Africains!+ »

Le président sud-africain Jacob Zuma, lui-même zoulou, et également polygame, s’affiche volontiers avec lui. Fils de vacher, il n’est ni roi ni même noble, mais participe volontiers à des cérémonies traditionnelles vêtu de léopard.

Jeuneafrique.com

Afrique du Sud: l’armée déployée pour lutter contre les violences xénophobes

avril 21, 2015

Johannesburg – L’armée sud-africaine va être déployée pour maintenir l’ordre dans le township d’Alexandra, à Johannesburg, et assister la police dans la lutte contre les violences xénophobes, a annoncé mardi la ministre de la Défense, Nosiviwe Mapisa-Nqakula.

L’armée est la dernière ligne de défense. (…) L’armée va être utilisée comme force de dissuasion contre la criminalité que nous observons, a-t-elle déclaré lors d’une visite dans le vieux township, où de nouveaux incidents ont eu lieu dans la nuit.

Les soldats pourront être déployés dans d’autres endroits si nécessaire, a-t-elle ajouté.

Nous venons en dernier ressort. (…) Nous venons parce qu’il y a une crise, a insisté la ministre, notant que la décision n’avait pas été facile à prendre, vu les douloureux souvenirs laissés par l’armée dans les townships à l’époque de l’apartheid dans les années 1980 et 1990. Nous ne sommes pas ici pour reprendre le travail de la police.

Nous rétablissons l’autorité de l’Etat dans la République d’Afrique du Sud, a encore relevé Mme Mapisa-Nqakula. Elle a refusé de préciser exactement où seraient déployées ses troupes.

Il n’est pas trop tard pour rétablir l’ordre, selon la ministre, interpellée par un journaliste: C’est juste le bon moment!

C’est justement parce que nous ne sommes pas un Etat militaire que les forces de l’ordre interviennent de façon graduée, a-t-elle relevé.

Le Forum de la diaspora africaine, principale association d’immigrés africains dans le pays, avait demandé le déploiement de l’armée pour protéger les populations.

Les violences xénophobes qui ont secoué ces quinze derniers jours les agglomérations de Durban et de Johannesburg ont fait officiellement sept morts et des milliers de déplacés.

Si aucun incident sérieux n’avait été signalé depuis le meurtre d’un Mozambicain à Alexandra samedi, un couple de Zimbabwéen a été attaqué dans le township la nuit dernière, a rapporté Nosiviwe Mapisa-Nqakula.

Romandie.com avec(©AFP / 21 avril 2015 13h46)

Afrique du Sud : le gouvernement promet de punir les auteurs des violences xénophobes

avril 19, 2015

Pneus incendiés le 17 avril 2015 lors de violences xénophobes à Johannesburg.
Pneus incendiés le 17 avril 2015 lors de violences xénophobes à Johannesburg. © AFP

Le gouvernement sud-africain a promis dimanche de punir les auteurs des violences xénophobes qui ont fait au moins sept morts depuis début avril, alors que le Malawi et le Zimbabwe s’apprêtaient à rapatrier certains de leurs ressortissants.

« Nous envoyons un avertissement sérieux à ceux qui se livrent à des actes de violence publique. Nous vous trouverons et vous aurez à affronter la loi dans toute sa rigueur », a lancé le ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba, lors d’une conférence de presse retransmise en direct par la télévision dimanche matin. Selon lui, 307 personnes ont été arrêtées depuis le début des violences, fin mars, qui visent les communautés étrangères africaines établies en Afrique du Sud.

Des incidents isolés ont encore eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, ont constaté des photographes de l’AFP à Johannesburg et à Durban (est), même si la vague de violences semblait être partiellement retombée. « Il est temps pour l’Afrique du Sud de se dresser, unie, pour endiguer la vague de violence (…) et les actes qui menacent de plonger notre pays dans l’anarchie », a poursuivi M. Gigaba. « La priorité est de restaurer la paix et l’ordre », a-t-il dit.

Le président Jacob Zuma, accusé de passivité aux premiers jours des incidents, a finalement annulé samedi un voyage en Indonésie, et s’est rendu dans la soirée à Durban pour y rencontrer des étrangers regroupés dans un camp après avoir fui leurs quartiers pour échapper aux agressions. Il les a enjoints à rester en Afrique du Sud, mais l’accueil a été globalement hostile. « Trop tard, trop tard ! », « Rentre chez toi, rentre chez toi ! », lui a crié la foule.

Meurtre en première page

Sans attendre, le Zimbabwe et le Malawi, deux des principaux pays d’immigration africaine vers l’Afrique du Sud, avec le Mozambique et la République démocratique du Congo, ont d’ailleurs annoncé le rapatriement de ceux de leurs ressortissants qui le désirent.

Des bus ont été affrétés par le Zimbabwe à Durban, la grande ville de la côte est du pays où ont commencé les violences. « Nous avons sept bus qui vont ramener un premier contingent au Zimbabwe », dont 110 enfants, a annoncé l’ambassadeur du Zimbabwe en Afrique du Sud Isaac Moyo, cité par l’agence News24.

Le gouvernement du Malawi a pour sa part annoncé l’arrivée de quatre bus d’évacués dimanche soir ou lundi matin. En Afrique du Sud, la presse dominicale continuait à faire ses gros titres sur cette flambée xénophobe, notant les dommages irréversibles infligés à l’image du pays, sept ans après des émeutes de même nature qui avaient fait 62 morts en mai 2008.

Le Sunday Times publiait en une trois photos sanglantes du meurtre d’un Mozambicain samedi matin dans le township d’Alexandra, l’un des plus mal famés de Johannesburg. On y voit, en plein jour, un homme poignarder sa victime, puis la victime s’effondrer en sang, alors que des passants semblent regarder la scène de loin. La police avait confirmé le décès samedi, portant à sept morts le bilan officiel des violences, bien que certaines associations parlent d’une quinzaine de victimes.

Bidonvilles minés par le chômage et la violence.

Plusieurs journaux pointaient aussi les possibles conséquences de ces violences pour les entreprises sud-africaines implantées en Afrique, et pour l’économie nationale en général.

Conscient du danger, le ministre de l’Intérieur a tenu à s’adresser « aux pays qui continuent d’investir en Afrique du Sud ». « Nous voulons leur redire que l’Afrique du Sud est une démocratie constitutionnelle régie par l’Etat de droit (…), les investisseurs sont les bienvenus pour faire des affaires », a-t-il lancé.

Les observateurs estiment généralement que ces violences sont la conséquence des frustrations accumulées par la majorité pauvre du pays, à qui Nelson Mandela avait promis « une vie meilleure » à la chute du régime ségrégationniste d’apartheid en 1994, et qui, une génération plus tard, vit toujours dans des bidonvilles ou des quartiers pauvres minés par le chômage et la violence.

Jeuneafrique.com :

Afrique du Sud : le président Zuma invite les immigrés à rester

avril 19, 2015

Le président sud-africain en visite le 18 avril 2015 dans le camp de Chatsworth, au sud de Durban.
Le président sud-africain en visite le 18 avril 2015 dans le camp de Chatsworth, au sud de Durban. © AFP

Après une nouvelle nuit de pillages à Johannesburg, le président Jacob Zuma a annulé un voyage en Indonésie et s’est rendu samedi auprès de victimes de violences xénophobes, afin de les assurer que les étrangers avaient toute leur place en Afrique du Sud.

En trois semaines, les violences, qui ont éclaté avant Pâques à Durban (est) dans la province natale du chef de l’Etat, ont fait au moins six morts – 15, selon une association – et 5.000 déplacés.

La police a confirmé samedi la mort d’un autre étranger dans le township d’Alexandra, où s’entassent 400.000 personnes à Johannesburg et où des échoppes tenues par des étrangers ont été vandalisées. Mais elle a refusé d’établir un lien immédiat avec les violences en cours et n’a pas révélé sa nationalité. Selon des photographes locaux, l’homme a été poignardé et est décédé à l’hôpital.

Alors que la pression diplomatique s’accentue pour éviter un bain de sang comme en 2008, M. Zuma s’est rendu dans l’un des cinq camps hébergeant des immigrés chassés de chez eux à Durban.

Malgré un chèque d’aide de 50.000 rands, il a reçu un accueil hostile, a constaté l’AFP. « Trop tard, trop tard », « Go home, go home! » (Rentre chez toi, rentre chez toi!, ndlr), pouvait-on entendre parmi ces victimes des violences, maugréant contre l’inefficacité de la police. « Il ne peut y avoir de justification aux attaques contre les étrangers », a répété le président sud-africain.

Vers une intervention de l’armée ?

« En tant que gouvernement, personne ne vous dit de partir. Ce ne sont pas tous les Sud-Africains qui disent que vous devez partir mais une très petite minorité », a-t-il assuré. « Même ceux qui veulent rentrer chez eux doivent savoir que quand nous aurons stoppé la violence, ils sont les bienvenus pour revenir ».

M. Zuma aurait dû s’envoler samedi soir pour le 60e anniversaire du sommet des Non-Alignés en Indonésie, mais a annulé ce déplacement « pour s’occuper des affaires intérieures liées aux violences contre les étrangers ». Il a prévu la semaine prochaine d' »engager le dialogue » pour normaliser la situation.

Alors que les pilleurs se déchaînaient à Alexandra vendredi soir, le Forum de la diaspora africaine (ADF) a demandé l’intervention de l’armée. Le gouvernement « compte attendre jusqu’à combien d’immigrants tués pour utiliser l’armée comme en 2008? », a déclaré le porte-parole de cette association, Jean-Pierre Lukamba, d’origine congolaise.

Samedi, des unités de la police municipale de Johannesburg et de la police anti-émeute ont été déployées en renfort dans les townships ou quartiers de la capitale économique.

Rideaux baissés contre les pilleurs

Les violences sont désormais surtout le fait « de petits groupes de 20 à 30 personnes qui en profitent pour piller et casser », a précisé Lungelo Dlamini, porte-parole de la police dans la province de Johannesburg. « Plus de 30 personnes ont été arrêtées la nuit dernière et seront poursuivies pour violences publiques, vol, effractions et destruction volontaire », a-t-il indiqué.

A Alexandra, grand township pauvre du nord de Johannesburg à la réputation sulfureuse, plusieurs petits commerces tenus par des étrangers ont gardé leur rideau baissé.

Des violences se sont aussi produites vendredi soir à Thokoza, Cleveland et en particulier Jeppestown où un face-à-face violent a opposé les riverains d’un foyer de travailleurs à la police. En revanche, à Durban, le grand port sud-africain sur l’Océan Indien, le calme était de mise pour le troisième jour consécutif.

Jeudi, les autorités ont organisé une grande marche pacifique pour dire « Non » à la xénophobie, et les dons affluent auprès des ONG pour venir en aide aux déplacés réfugiés dans cinq camps provisoires.

Les frustrations de la majorité noire du pays

En 2008, les violences xénophobes avaient fait 62 morts, dont une vingtaine de Sud-Africains pris dans les affrontements. Depuis, les violences de ce genre sont récurrentes chez ce géant économique du continent, qui accueille deux millions d’émigrants africains officiellement recensés et de nombreux réfugiés et sans-papiers.

Ces troubles reflètent les frustrations de la majorité noire du pays, toujours privée d’accès à une école de qualité, à des salaires décents ou à l’emploi tout court.

A Maputo, la capitale mozambicaine, une centaine de personnes ont marché samedi jusqu’à l’ambassade d’Afrique du Sud. « Ces actes xénophobes sont très tristes, déplorait Amilcar Manhica Junior, un manifestant, car l’Afrique du Sud et le Mozambique ont une histoire extrêmement liée, nous les avons considérablement appuyés au moment de l’apartheid ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Afrique du Sud : Zuma annule un voyage après de nouvelles violences xénophobes

avril 18, 2015

Une foule en colère manifeste le 17 avril 2015 contre des immigrants à Johannesburg.
Une foule en colère manifeste le 17 avril 2015 contre des immigrants à Johannesburg. © AFP

Le président sud-africain Jacob Zuma a annulé samedi un voyage à l’étranger après une nouvelle nuit de violences xénophobes perpétrées par des casseurs et pilleurs, qui ont contraint la police à muscler sa présence sur le terrain.

En trois semaines, les violences, qui ont éclaté avant Pâques à Durban (est) dans la province natale du chef de l’Etat, ont fait au moins six morts (15, selon une association) et 5.000 déplacés. La police a confirmé samedi la mort d’un autre étranger dans le township d’Alexandra, où s’entassent 400.000 personnes à Johannesburg. Mais elle s’est refusé à établir un lien dans l’immédiat avec les violences en cours et n’a pas révélé sa nationalité.

L’homme a été poignardé et est décédé à l’hôpital, selon des photographes locaux. Alors que la pression diplomatique s’accentue pour éviter une réédition du bain de sang de 2008 –il y avait eu 62 morts dans des violences xénophobes–, M. Zuma, qui devait s’envoler samedi soir pour le 60e anniversaire du sommet des Non-Alignés en Indonésie, a annulé ce déplacement « pour s’occuper des affaires intérieures liées aux violences contre les étrangers ».

La présidence a appelé la police « à continuer à travailler sans relâche pour protéger les populations et faire juger les auteurs » de violences. Elle a annoncé qu’elle allait la semaine prochaine « engager le dialogue », parce que « nous avons besoin que tous les leaders travaillent ensemble pour faire revenir la situation à la normale ». Alors que les pilleurs se déchaînaient à Alexandra vendredi soir, le Forum de la diaspora africaine (ADF) a demandé l’intervention de l’armée.

Mugabe condamne

Le gouvernement « compte attendre jusqu’à combien d’immigrants tués pour utiliser l’armée comme en 2008? », a déclaré le porte-parole de cette association, Jean-Pierre Lukamba, d’origine congolaise. Samedi, des unités de la police municipale de Johannesburg et de la police anti-émeute ont été déployées en renfort dans les townships ou quartiers de la capitale économique.

Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’est dit « très préoccupé ». Dans la région, des pays d’origine des immigrés se préparaient à rapatrier certains de leurs ressortissants. Le président zimbabwéen Robert Mugabe, allié historique de l’ANC –le parti au pouvoir en Afrique du Sud–, a dénoncé des actes « impardonnables » dans un discours prononcé pour l’anniversaire de l’indépendance nationale, tout en se disant rassuré par les déclarations de Jacob Zuma.

Les violences sont désormais surtout le fait « de petits groupes de 20 à 30 personnes qui en profitent pour piller et casser », a précisé un porte-parole de la police provinciale, Lungelo Dlamini. « Plus de 30 personnes ont été arrêtées la nuit dernière et seront poursuivies pour violences publiques, vol, effractions et destruction volontaire », a-t-il indiqué.

A Alexandra, grand township pauvre du nord de Johannesburg à la réputation sulfureuse, « des magasins ont été victimes d’effractions et volés, de petits commerces appartenant à des étrangers », selon M. Dlamini. Notamment des épiciers éthiopiens, selon des témoignages. Samedi, plusieurs magasins ont gardé leur rideau baissé.

Grande marche pacifique

Des violences se sont aussi produites dans le sud-est à Thokoza, et les quartiers de Cleveland et Jeppestown ont aussi été touchés : vendredi soir, un face-à-face violent a opposé les riverains d’un foyer de travailleurs de Jeppestown et la police. En revanche, à Durban, le grand port sud-africain sur l’Océan Indien, le calme était de mise pour le troisième jour consécutif.

Jeudi, les autorités ont organisé une grande marche pacifique pour dire « non » à la xénophobie, et les dons affluent auprès des ONG pour venir en aide aux déplacés réfugiés dans cinq camps provisoires. En 2008, les violences xénophobes avaient fait 62 morts, dont une vingtaine de Sud-Africains pris dans les affrontements.

Depuis, les violences de ce genre sont récurrentes chez ce géant économique du continent, qui accueille deux millions d’émigrants africains officiellement recensés et de nombreux réfugiés et sans-papiers. Ces troubles reflètent les frustrations de la majorité noire du pays, toujours privée d’accès à une école de qualité, à des salaires décents ou à l’emploi tout court.

A Maputo, la capitale mozambicaine, une centaine de personnes ont marché samedi jusqu’à l’ambassade d’Afrique du Sud. « Ces actes xénophobes sont très tristes car l’Afrique du Sud et le Mozambique ont une histoire extrêmement liée, nous les avons considérablement appuyés au moment de l’apartheid », a déclaré à l’AFP Amilcar Manhica Junior, un manifestant.

Jeuneafrique.com avec AFP

Nouvelle nuit de violences xénophobes à Johannesburg

avril 18, 2015

La police sud-africaine a déployé des renforts dans l’agglomération de Johannesburg après une nouvelle nuit de violences à caractère xénophobe. Le Forum de la diaspora africaine appelle à l’intervention de l’armée.

« Plus de 30 personnes ont été arrêtées la nuit dernière et seront poursuivies pour violences publiques, vol, effractions et destruction volontaire. La situation est calmée maintenant mais nous prévoyons de renforcer nos effectifs », a précisé à l’AFP Lungelo Dlamini, un porte-parole de la police provinciale.

Les violences sont le fait « de petits groupes de vingt à trente personnes qui en profitent pour piller et casser », a-t-il ajouté. Et de souligner que les boutiques attaquées étaient « de petits commerces appartenant à des étrangers ».

Plusieurs quartiers touchés
La police a notamment dû intervenir avec des tirs de balles en caoutchouc pour disperser des émeutiers dans le grand township d’Alexandra, un quartier pauvre du nord de l’agglomération à la réputation sulfureuse.

Des violences se sont aussi produites dans le sud-est de l’agglomération à Thokoza. Cette cité noire avait été le théâtre d’affrontements meurtriers entre Sud-Africains noirs au début des années 1990 à la fin de l’apartheid.

Les quartiers de Cleveland et Jeppestown ont aussi été touchés. Les forces de l’ordre ont été caillassées et la circulation interrompue plusieurs heures sur l’autoroute voisine. Celle-ci a été dégagée vers minuit, a précisé M. Dlamini.

Vitesse supérieure
Le Forum de la diaspora africaine (ADF) a appelé le gouvernement sud-africain à passer sans attendre à la vitesse supérieure pour protéger les nombreux ressortissants étrangers africains de Johannesburg et Pretoria.

« Nous pensons qu’il faut faire appel à l’armée pour stopper ces atrocités (…) Le gouvernement sud-africain compte attendre jusqu’à combien d’immigrants tués pour utiliser l’armée comme en 2008? », a lancé dans un communiqué son porte-parole Jean-Pierre Lukamba, d’origine congolaise.

Entre six et quinze morts
La police s’en tient pour l’instant à un décompte total de six morts. Mais l’association parle elle de 15 morts et plus de 2500 déplacés, depuis le début des violences qui ont démarré avant Pâques à Durban, sur la côte est.

En 2008, les violences xénophobes avaient fait 62 morts, dont une vingtaine de Sud-Africains pris dans les affrontements. Depuis, ces violences sont récurrentes.

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