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Cameroun : à Yaoundé, un glissement de terrain fait une dizaine de morts

novembre 28, 2022

Un éboulement est survenu le 27 novembre lors d’une cérémonie de commémoration à des personnes décédées durant l’année. Les recherches ont repris ce lundi matin.

Les recherches ont été interrompues dans le quartier de Damas, en périphérie de Yaoundé. © Remi Decoster / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP.

Au moins 11 personnes ont péri, dimanche 27 novembre, dans un affaissement de terrain lors d’une réunion en hommage à des défunts dans le quartier de Damas, en périphérie de Yaoundé, où les recherches ont été interrompues en fin de soirée avant de reprendre ce lundi matin.

« Pour le moment, nous avons 11 corps, les recherches se poursuivent pour trouver d’autres corps sous la terre », a expliqué en soirée sur les ondes de la radio d’État CRTV Naseri Paul Bea, le gouverneur de la région Centre. Quatre premiers corps recouverts de draps blancs ont été évacués en début de soirée sur les plateaux de trois pickups de la police, a rapporté un journaliste sur place. Puis les autres sans doute dans l’un des nombreux véhicules des pompiers et ambulances qui se sont succédé.

Des centaines de personnes s’étaient amassées à proximité, des résidents affolés à la recherche de proches, des badauds tentant de prendre des photos avec leurs portables et des secouristes, policiers et gendarmes qui peinaient à se frayer un chemin vers les lieux du drame.

Cérémonie de commémoration

De nombreuses familles s’étaient installées dans l’après-midi pour une cérémonie de commémoration de cinq membres d’une association décédés durant l’année. Les convives étaient installés sous plusieurs grandes tentes sur un terrain vague au sommet d’une colline quand le sol s’est affaissé en début de soirée sous une partie de l’assistance.

« Nous venions juste de commencer à danser quand la terre s’est effondrée », a raconté Marie-Claire Mendouga, 50 ans, qui se tenait par chance sous l’une des tentes n’ayant pas été emportées par l’éboulement. « Je suis allée creuser avec mes mains » pour tenter de sortir des victimes des amas de terre, soufflait cette commerçante de Damas, les mains encore souillées par la glaise marron et les vêtements couverts de poussière. « Je ne sais pas si je vais pouvoir dormir. Tu es assise, tu as des gens derrière toi et après ils sont morts. »

Quatre grandes tentes blanches se dressaient toujours en haut de la colline, mais au bord de ce qui paraissait être une arête au-delà de laquelle le sol avait disparu, a décrit le journaliste qui a pu s’approcher un peu des lieux de l’éboulement avant d’être bloqué par un cordon de policiers. Des secouristes y descendaient en début de soirée pour tenter de retrouver des personnes en contrebas.

Victimes ensevelies

Vers 22 h, les recherches ont cessé. Un responsable des secouristes a indiqué, sous couvert de l’anonymat, que le bilan de la soirée restait à 11 morts mais que les recherchent reprendraient ce lundi matin pour vérifier qu’il n’y a pas d’autres victimes ensevelies.

Les effondrements de terrain sont relativement fréquents à Yaoundé mais ils sont rarement aussi meurtriers. À Bafoussam, dans l’Ouest, 43 personnes avaient été tuées le 29 octobre 2019 quand un glissement de terrain avait emporté une dizaine d’habitations précaires construites à flanc de colline, après des pluies diluviennes.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Cameroun : en plein cœur de Yaoundé, « le temple des Noah »

mars 14, 2022
Le Village Noah, à Yaoundé. © Éric Minyan/The PhotoGraphix

Dans son quartier d’Etoudi, proche de la présidence camerounaise, l’ancien champion de tennis Yannick Noah a bâti un vaste complexe hôtelier. Visite guidée.

C’est la chronique d’un retour au pays natal. Celle de la légende du tennis Yannick Noah, ancienne personnalité préférée des Français, star de la musique et as du business, revenue bâtir un village de vacances sur les terres qui ont vu naître ses aïeux. L’histoire d’un patronyme, également, qui appartient à l’une des familles les plus célèbres et influentes du Cameroun. « Ce lieu est plus qu’un hôtel, c’est le temple des Noah », précise Yannick, qui, en cette mi-février, nous fait visiter le site.

Bien décidé à perpétuer l’héritage de ce lieu emblématique de Yaoundé, il n’a rien changé au country club qu’avait fondé Zacharie, son père, décédé en 2017. Une oasis de verdure de plusieurs hectares aux allures de parc d’attractions, parsemée de vastes pelouses, de courts de tennis et d’un terrain de basket ajouté par son fils, Joakim Noah, du temps de son passage en NBA… Construite par sa défunte mère, Marie-Claire Échalier-Perrier, l’école, qui accueille trois cents enfants, a elle aussi gardé tout son charme.

Héritage

Parmi les innovations, un mini-bar nous plonge, dès l’entrée, dans l’univers de l’ancien athlète de haut niveau. De part et d’autre de cet espace cosy, un mini-musée, dans lequel le vainqueur de Roland-Garros expose l’ensemble des trophées remportés au cours de sa carrière. Une balade authentique et originale dans l’univers du tennis des années 1980. Idéal pour prendre un verre ou discuter entre amis, dans une ambiance bercée par des musiques du monde.

OÙ QU’ILS SE TROUVENT, TOUS LES ENFANTS DU CLAN DOIVENT SAVOIR QU’ILS ONT UN CHEZ-EUX AU CAMEROUN

Et bientôt, le plat de résistance : autour d’une cascade, dix-neuf chambres et trois suites, dont une VIP. « Chacune de ces chambres porte le nom d’un petit-fils du clan, explique Yannick. Histoire de les préparer à récupérer cet héritage, et de leur dire que, où qu’ils se trouvent, ils ont un chez-eux au Cameroun ».

À l’intérieur, un mélange d’artisanat camerounais ou, plus largement, africain, qui donne un aspect ethnique chic. Du bambou et du rotin local, du bogolan – ce tissu de coton fabriqué au Mali –, des chaises bamiléké, le tout recouvert de paille provenant du Nord-Cameroun.

Guitare et karaoké

Chez les Noah, la musique reste le fil conducteur. Au cœur du domaine, un bus désaffecté a été relooké pour accueillir les amoureux de karaoké. Les samedis, il n’est pas rare de voir le nouveau gardien du temple empoigner sa guitare et monter sur scène pour jouer quelques notes. Le grand-père, Simon Noah Bikié (le « Papa Tara » célébré par Yannick en chanson), et le père, Zacharie Noah, dit « Tonton Zac », qui repose non loin dans le caveau familial, apprécieraient.

Yannick Noah a également fait ouvrir une boutique du Coq Sportif, la marque qui équipe les sélections nationales de football du Cameroun. Membre du conseil d’administration de l’équipementier, avec lequel il chemine depuis ses 19 ans, Yannick Noah n’est pas étranger à la signature du contrat qui lie cette marque à la Fédération camerounaise de football depuis janvier 2020.

CE N’EST PAS LE BUSINESS QUI COMPTE, MAIS LA SPIRITUALITÉ DE L’ENDROIT

L’ancienne gloire du tennis se souvient de cette session du conseil durant laquelle l’appel d’offre a été débattu. « Quand je suis tombé sur le dossier du Cameroun et que nous l’avons examiné, j’ai dit [aux membres du CA], allons-y sans hésiter », se souvient-il.

Près de 1,5 million de dollars ont été investis dans la valorisation du domaine de 3 hectares. L’air débonnaire, Yannick Noah refuse d’endosser le costume d’entrepreneur. « Ce n’est pas le business qui compte, mais la spiritualité de l’endroit », commente-il. Une des conséquences de la tournure qu’a pris son précédent projet immobilier ?

Mille logements… et un procès

À la fin de 2016, les médias avaient annoncé en grande pompe son ambitieux projet : la construction d’une cité en plein cœur de Yaoundé, baptisée « Cité des cinquantenaires » : en 2019, 1 000 logements conçus selon les normes européennes devaient être livrés. Yannick Noah et ses partenaires financiers – parmi lesquels son fils Joakim – ciblaient la classe moyenne et la diaspora, pour un investissement de plus de 60 milliards de F CFA (plus de 90 millions d’euros).

N’étant pas sur place, Yannick Noah, avait créé une société civile immobilière, MJ Construction, et délégué la conduite des travaux à son cousin, Emmanuel Atangana. Trois ans plus tard, et après qu’environ 500 000 euros eurent été dépensés, rien n’avait bougé sur le site du chantier, dont l’acquisition avait été facilitée par la mairie de Yaoundé. Estimant avoir été floué, Yannick Noah est aujourd’hui en procès contre ce proche.

PARMI SES VISITEURS, LES JOUEURS DE TENNIS AMÉLIE MAURESMO ET YAHIYA DOUMBIA, LE BOXEUR TONY YOKA…

À 61 ans, l’ancien sportif, qui a posé ses valises au Cameroun en 2020, en pleine pandémie de Covid-19, commence une nouvelle vie. Depuis l’ouverture du Village Noah, ses amis font le déplacement pour découvrir ce coin de Cameroun : Amélie Mauresmo et Yahiya Doumbia, membres de la grande famille du tennis français, le boxeur Tony Yoka, etc. Durant la dernière Coupe d’Afrique des nations, les membres de la CAF ont été également séjourné au village, qui accueillait une fan zone officielle de la compétition.

Noah veut en faire une halte privilégiée pour les Yaoundéens comme pour les touristes. « Nous proposons aux visiteurs un endroit magnifique, dans Yaoundé, afin qu’ils repartent du pays en se disant : “Nous avons vu quelque chose de formidable” », conclut-il.

Avec Jeune Afrique par Franck Foute – à Yaoundé

Crise anglophone au Cameroun : ouverture du dialogue national lundi

septembre 28, 2019

 

Le président camerounais Paul Biya. © Flickr 

Le dialogue se tiendra à partir du 30 septembre prochain entre Yaoundé et les séparatistes. Plusieurs leaders des régions anglophones ont toutefois refusé d’y participer.

Après avoir fait preuve d’intransigeance, le président Biya a convoqué mi-septembre un « Grand dialogue national » à Yaoundé. Ce dialogue, présidé à Yaoundé du 30 septembre au 4 octobre par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, a pour ambition de mettre un terme à la crise qui sévit dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit la plus grande partie de la minorité anglophone du Cameroun (16%).

Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme alors que d’autres réclament la partition du pays. Deux hypothèses que refuse le pouvoir.

D’après le porte-parole du dialogue national, Georges Ewane, les autorités ont eu des échanges avec certains séparatistes. Si elles ont décelé chez certains une disponibilité à discuter et chez d’autres moins d’ouverture, elles ont tenu à adresser des invitations à tous, selon Georges Ewane.

Boycott

Très actif sur les réseaux sociaux, Mark Bareta, partisan de la sécession, est présenté par Yaoundé comme celui qui a montré le plus d’ouverture. C’est d’ailleurs par son truchement que certaines invitations ont été adressés aux séparatistes, d’après Georges Ewane.

Mais Mark Bareta a annoncé vendredi ne pas participer à ce dialogue, affirmant que « la seule façon de mener de véritables négociations était de le faire sur un terrain neutre ».

Parmi les seize leaders séparatistes anglophones conviés au dialogue, des éminents chefs de groupes armés, comme Ebenezer Akwanga et Cho Ayaba, ont annoncé leur refus d’y participer.

Avec ce dialogue, le Cameroun veut jeter « de la poudre aux yeux de la communauté internationale plutôt que de trouver une solution complète et durable à la raison pour laquelle nous sommes en guerre: l’annexion de notre patrie, Southern Cameroons », a déclaré Ebenezer Akwanga.

La plupart de ces leaders ont réaffirmé leur volonté de discuter avec le gouvernement, mais demandent que les négociations se déroulent en présence d’un médiateur international, à l’étranger, et que les termes de la séparation soit le principal point à l’ordre du jour.

L’annonce de ce dialogue a toutefois suscité l’espoir d’anglophones plus modérés, comme l’influent archevêque de Douala, le cardinal Christian Tumi, qui avait salué l’initiative et supplié les séparatistes d’y participer.

« Un jeu »

L’option d’une participation des groupes armés actifs sur le terrain en zones anglophones « a été émise par des chefs traditionnels mais elle ne pourrait pas prospérer pour des raisons d’ordre pratique », explique une autorité du Sud-Ouest sous couvert d’anonymat.

Elle invite pourtant les combattants séparatistes à sortir « des bois », et assure que « des mesures (ont été) prises pour la sécurité de ceux qui souhaitent y participer », avec notamment l’installation d’un site pour des communications à distance. « On ne dialogue pas avec des fantômes ».

Les populations anglophones sont partagées : certaines espèrent que le dialogue débouchera sur la résolution de la crise. D’autres n’en attendent pas grand-chose.

« Rien de bon ne peut sortir du dialogue. C’est un jeu », lance un partisan de la sécession établi à Buea. « Si nous devions aller à un dialogue, ce serait pour discuter des conditions de séparation, pas d’autre chose », précise-t-il.

Par Jeune Afrique avec AFP

Cameroun: L’ancien footballeur et père de Yannick Noah, Zacharie Noah, est mort

janvier 9, 2017

Né au Cameroun, le père de Yannick Noah avait remporté la Coupe de France avec Sedan en 1961. Il est mort à Yaoundé, dimanche, à 79 ans.

Zacharie Noah avec son fils Yannick en juin 1983 à Yaoundé, au Cameroun.

Zacharie Noah avec son fils Yannick en juin 1983 à Yaoundé, au Cameroun. PIERRE GUILLAUD / AFP
Zacharie Noah, qui avait remporté la Coupe de France avec Sedan en 1961, est mort dimanche 8 janvier à Yaoundé, au Cameroun, à l’âge de 79 ans, a annoncé son fils, Yannick Noah, sur Twitter.

« Ce dimanche matin à Yaoundé, Zacharie Noah nous a quittés, paisiblement dans son sommeil. Il est parti entouré de toute sa famille », a écrit Yannick Noah sur son compte Twitter. Zacharie et Yannick Noah, pour le grand public, c’est avant tout une image : celle d’un père enlaçant son fils quelques secondes après sa victoire en finale de Roland-Garros en 1983, et ce avant même que Yannick ne puisse serrer la main de l’arbitre.

Zacharie Noah était descendu des tribunes, en tombant au passage, pour pénétrer sur le court central et étreindre longuement son fils en larmes, déjouant le service de sécurité.

Patriarche d’une dynastie de sportifs professionnels, il était également le grand-père de Joakim Noah, joueur de NBA chez les New York Knicks.

Né le 2 février 1937 à Yaoundé, alors sous domination française, Zacharie Noah était arrivé en France à l’âge de 13 ans, à Saint-Germain-en-Laye chez sa sœur et son beau-frère pour y faire ses études. Il commença sa carrière de footballeur au poste de défenseur, au sein du Stade Saint-Germain en 1956, avant d’être recruté par Sedan, alors en première division et l’un des clubs phares des années 1960 en France.

Yannick Noah dans les bras de son père après sa victoire à Roland-Garros en 1983.

Yannick Noah dans les bras de son père après sa victoire à Roland-Garros en 1983. DOMINIQUE FAGET / AFP

« J’ai eu le nez d’y aller, alors qu’on me le déconseillait fortement à cause de la rigueur du climat et de la mentalité des gens de la région. (…) J’ai préféré Sedan aux propositions faites par le Red Star, le Racing Club de Paris et le Stade Français », confiera-t-il plus tard. Il fera toute sa carrière sous la direction de Louis Dugauguez à Sedan, avec qui il remportera notamment la Coupe de France en 1961, au détriment de Nîmes. C’est d’ailleurs dans cette ville que naît Yannick, après deux filles (Isabelle et Nathalie), de son union avec Marie-Claire Noah, une institutrice des Ardennes.

Au sein des Sangliers, il est estimé pour son élégance, sa solidité, ses interceptions, son adresse, son jeu de tête et sa souplesse. Victime d’une fracture du bassin, Zacharie Noah est contraint d’arrêter le football, à seulement 25 ans. Il avait ensuite suivi avec attention la carrière de son fils, jusqu’à son sacre en 1983, le dernier d’un Français en Grand Chelem.

Lors d’un passage à Sedan en novembre 2003, Yannick Noah s’était confié sur son père : « Très souvent, dans le cas où un des parents a fait une carrière professionnelle, le fils a envie de faire autre chose, de prendre le contre-pied. Mon papa jouait au foot, moi j’ai décidé de jouer au tennis, mon fils joue au basket, peut-être que son fils jouera aux billes. »

Lemonde.fr avec AFP