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RDC-Justice : un mandat d’arrêt international contre John Numbi

décembre 17, 2022

Le général en exil est recherché pour le rôle joué dans le double assassinat des défenseurs des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

Le général John Numbi /DR

Dans une correspondance, le ministre des Affaires étrangères congolais, Christophe Lutundula, demande à l’ambassadeur du Zimbabwe en République démocratique du Congo (RDC) de transmettre au BCN-Interpol/Harare/Zimbabwe, la commission rogatoire internationale,  le mandat d’arrêt international à l’encontre du général d’armée John Numbi, en exil au Zimbabwe depuis mars 2021. Ce mandat d’arrêt a été lancé par l’auditorat général des Forces armées de la RDC.

Le général John Numbi, rappelons-le, a fui le pays en mars 2021 dans un contexte marqué par la rupture de l’alliance entre Félix-Antoine Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila. Ce proche de l’ancien président est depuis exilé au Zimbabwe et tout le temps soupçonné de préparer une déstabilisation à partir de ce pays de l’Afrique australe. François Beya, l’ancien conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’État, a été notamment reproché lors de son arrestation en février dernier d’entretenir de liens avec le groupe de John Numbi, dont un voyage non signalé au Zimbabwe.

Le nom de John Numbi est surtout associé à l’affaire de l’assassinat, en juin 2010, de deux activistes des droits de l’homme, dont Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Le corps de ce dernier n’a jamais été retrouvé jusqu’à ce jour. Pour les activistes des droits de l’homme et la famille des deux défenseurs des droits de l’homme, John Numbi est le suspect numéro 1 dans ce double meurtre, étant considéré et cité par ses collaborateurs comme le donneur d’ordres. Dernièrement, une bonne cargaison d’armes de guerre a été découverte dans une de ses résidences, dans la commune de la Gombe.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza 

Zimbabwe : Emmerson Mnangagwa, l’affaire de viol et la maltraitance des femmes en politique

août 21, 2022

En juillet, une jeune femme a accusé le président de l’avoir violée dans les années 2000. Des accusations qui font écho à celles d’opposantes et militantes, selon lesquelles le gouvernement ne protège pas suffisamment leurs droits.

Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa et son épouse Auxillia, à Harare, en 2018. © Philimon Bulawayo/REUTERS

L’affaire est potentiellement explosive et pourtant, elle n’a eu qu’un retentissement modéré. En juillet, une jeune femme vivant en Australie, Susan Mutami, a affirmé sur Twitter avoir été abusée sexuellement par plusieurs hommes politiques de son pays, le Zimbabwe, dans les années 2000. Parmi les accusés, Emmerson Mnangagwa, devenu chef de l’État depuis les faits présumés, mais aussi l’ancien ministre de la Sécurité nationale, Owen Ncube, l’ex-ministre des Affaires étrangères, Sibusiso Moyo (aujourd’hui décédé), et le vice-ministre des Mines, Polite Kambamura. Elle a déposé une plainte auprès de la police australienne.

Des accusations auxquelles Harare n’a pas souhaité réagir. Le porte-parole de la présidence, George Charamba, a lui-même refusé de les commenter, se contentant de dire qu’il « ne s’occup[ait] pas des rumeurs » et n’avait de toute façon « rien à cacher ». « Il est très peu probable que ces allégations de viols aient un impact sur l’ambition de Mnangagwa d’être reconduit à la présidence de la Zanu-PF [parti au pouvoir] lors du congrès d’octobre et de briguer un second mandat à la tête du pays lors des élections de l’année prochaine », commente l’analyste politique Eldred MasunungureAdmire Mare, chercheur à l’université de Johannesburg, estime néanmoins que les accusations portées contre le chef de l’État « vont jeter le discrédit sur ce qu’il a fait jusqu’à présent pour promouvoir l’émancipation des femmes ».

Sexe, mensonges et fuites

Ce n’est pas la première fois que de hauts responsables zimbabwéens sont accusés de maltraitance, voire de violence. En 2021, l’adjoint de Mnangagwa, Kembo Mohadi, a été contraint de démissionner après qu’ont été divulgués dans les médias des appels privés dans lesquels il sollicitait des faveurs sexuelles de jeunes femmes, y compris de la part de ses assistantes.

Sous l’administration de Mnangagwa, les attaques contre des femmes par l’appareil d’État, y compris les agents de la force publique travaillant de concert avec le pouvoir judiciaire, se sont poursuivies. La députée Joana Mamombe, et les militantes Netsai Marova et Cecilia Chimbiri, ont affirmé avoir été enlevées, abusées sexuellement et torturées pour avoir manifesté contre le fait que le gouvernement n’avait pas fourni d’équipements de protection individuelle aux Zimbabwéens pendant la pandémie de Covid-19. Au lieu d’être entendues et protégées, elles ont été accusées d’avoir menti et trainées devant les tribunaux.

Selon Barbara Gwangwara Tanyanyiwa, de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), « Mnangagwa n’est pas favorable à l’égalité des sexes, au contraire ! » « Il revient sur les acquis obtenus au fil des ans, ajoute-t-elle. Les femmes sont maltraitées sous sa présidence, et lui-même ne s’est jamais exprimé dans ces affaires. Il déchaîne les soldats et la police pour qu’ils harcèlent des citoyens innocents au lieu de les protéger. »

De fait, après son arrivée au pouvoir, Emmerson Mnangagwa avait promis d’œuvrer en faveur de l’égalité des sexes, mais il tarde à appliquer les réformes envisagées. Son gouvernement ne respecte pas davantage la disposition de la Constitution qui veut que hommes et femmes soient également représentés dans les nominations publiques. En novembre 2017, sur les 39 membres de son cabinet et du gouvernement, seuls six étaient des femmes.

« Il n’a pas fait assez pour atteindre l’égalité des sexes telle qu’elle est inscrite dans la section 17 de la Constitution du Zimbabwe, déclare Linda Masarira, défenseuse des droits humains et présidente du parti d’opposition Travail, économistes et démocrates africains. Nous ne pouvons mesurer l’égalité que dans la pratique. En l’état actuel des choses, il n’y a pas de femme dans les hautes sphères de l’État. » Aujourd’hui, sur les 53 ministres, ministres d’État et vice-ministres qui composent le gouvernement, 17 sont des femmes. « Mnangagwa ne soutient pas les réformes visant plus d’inclusivité », regrette encore Barbara Gwangwara Tanyanyiwa.

Au Parlement, après les élections générales de 2018, les femmes occupaient 35 % des 350 sièges. Cela était en grande partie dû à un quota introduit en 2013. Il devait être supprimé en 2022, mais les législateurs zimbabwéens l’ont finalement prolongé pour dix années supplémentaires.

Par Jeune Afrique – Avec Farai Shawn Matiashe – The Africa Report

Zimbabwe : quand Mnangagwa fait du Mugabe

décembre 6, 2021
Emmerson Mnangagwa, le président zimbabwéen, à la COP26, à Glasgow, le 2 novembre 2021. © Adrian Dennis/AP/SIPA

Cela fait tout juste quatre ans qu’un président a chassé l’autre. Mais, alors qu’il avait promis d’engager son pays sur la voie de la démocratie, Emmerson Mnangagwa semble s’inscrire dans la droite ligne de son prédécesseur.

C’était à la fin de l’année 2017. Tout juste investi président, Emmerson Mnangagwa promettait que le Zimbabwe entrait dans une nouvelle ère, placée sous le signe de l’état de droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance. Après avoir vécu quarante années sous la férule d’un régime autoritaire, ses concitoyens espéraient tourner la page de la violence politique et des lois répressives. Pourtant, quatre ans plus tard, le climat s’assombrit de nouveau pour la société civile.

Depuis son entrée en fonction, le gouvernement a en effet adopté toute une série de mesures restrictives, parmi lesquelles un « projet de loi patriotique » et un texte « relatif à la cybersécurité et la protection des données », qui, selon ses détracteurs, limitent la liberté d’expression. Il tente à présent de faire adopter un texte « portant modification de la loi relative aux organisations bénévoles privées », qui inquiète à Harare.

Contrôler le travail des ONG

D’après le site de veille législative Veritas, ce texte vise à faire respecter les recommandations du Groupe d’action financière (Gafi), un organisme intergouvernemental qui lutte contre le blanchiment d’argent et contre l’utilisation illégale des organisations bénévoles privées à des fins de terrorisme.

Il est censé simplifier les procédures administratives et améliorer la réglementation des associations afin d’empêcher tout lobbying politique. Mais, à en croire ses contempteurs, il constitue en réalité un véritable risque pour la société civile, puisqu’il donne à l’exécutif le pouvoir de contrôler le travail des ONG, voire de s’en mêler.

« La principale motivation du gouvernement est de conserver le pouvoir dans la perspective des élections de 2023 », explique Blessing Vava, directeur de la Crisis in Zimbabwe Coalition, qui regroupe plus de 80 organisations de la société civile œuvrant pour le changement démocratique.

MNANGAGWA ADOPTE UNE POSTURE IMPÉRIALE »

Pour Bekezela Gumbo, responsable de recherches au Zimbabwe Democratic Institute, Emmerson Mnangagwa réécrit la loi pour reprendre certains des pouvoirs que s’était octroyés son prédécesseur, Robert Mugabe. « Il adopte une posture impériale, en supprimant le rôle de surveillance de la société civile », affirme-t-il.

De son côté, la Crisis in Zimbabwe Coalition estime que le gouvernement reprend tout bonnement les lois restrictives, les réformes cosmétiques et les attaques contre la société civile qui caractérisèrent l’ère Mugabe. Mnangagwa, assure Blessing Vava, veut renforcer son emprise sur la scène politique nationale jusqu’à y acquérir une autorité absolue. « Ces changements de législation sont dangereux. Ils font partie des manœuvres destinées à imposer un régime de parti unique en se servant de la loi comme une arme, déplore-t-il. Les conséquences pour notre démocratie sont dévastatrices, surtout dans la perspective des élections de 2023. Tout cela vise à freiner le travail des organisations de la société civile et à les rendre passibles de poursuites. »

Corruption massive

La mise à l’écart de la société civile risque, aussi, d’aggraver la concussion, dans un pays classé 157e sur 180 sur l’Indice de perception de la corruption 2020 établi par l’ONG Transparency International. Dans son rapport d’évaluation des années 2017-2019, le contrôleur général du Zimbabwe a, pour sa part, constaté un niveau de corruption très élevé au sein des entreprises publiques, des ministères et des administrations locales.

En traitant les organisations qui veillent au respect de la bonne gouvernance comme des ennemis qui cherchent à déstabiliser l’État, le gouvernement complique considérablement le travail de la société civile. S’il était adopté, le projet de loi, insiste Blessing Vava, conférerait au gouvernement le pouvoir de suspendre les comités de direction des organisations bénévoles privées et de nommer un administrateur temporaire pour les diriger. « Le gouvernement espère exercer une influence décisive sur les ONG et restreindre leurs activités, explique-t-il. Il se dirige vers un système dans lequel les ONG sont sous le contrôle de l’État, ce qui n’est pas sans incidence pour la démocratie, la transparence et la reddition des comptes. »

LA TENDANCE EST À LA CONCENTRATION DES POUVOIRS AU SEIN DE L’EXÉCUTIF ET À LA MISE À L’ÉCART DES CITOYENS »

L’ONG Media Institute of Southern Africa (MISA) confirme que les mesures législatives envisagées au Zimbabwe pourraient avoir un impact considérable sur la liberté d’action de la société civile. Le projet de loi, souligne le MISA, « a vraisemblablement pour but de cibler les ONG qui surveillent les trois branches de l’État, c’est-à-dire le cœur même de la participation des citoyens aux questions de gouvernance et au développement économique. »

« La tendance est à la centralisation, à la concentration des pouvoirs au sein de l’exécutif et à la mise à l’écart des citoyens, renchérit Musa Kika, directrice exécutive du Zimbabwe Human Rights Forum. Ce projet de loi doit être purement et simplement abandonné. »

Selon ses adversaires, ce texte aurait, plus largement, des conséquences sur le processus électoral, sur les droits humains ainsi que sur la bonne gestion des ressources naturelles du pays et, à ce titre, doit être soumis à l’appréciation de la justice.

« Crisis in Zimbabwe participera à des campagnes de sensibilisation dans le pays et dans toute l’Afrique australe afin que les citoyens résistent à cette loi antidémocratique et poussent le gouvernement à rendre des comptes, précise Blessing Vava. Nous inciterons par ailleurs la SADC [Communauté de développement de l’Afrique australe] et nos partenaires régionaux à intervenir dans la résolution de la crise zimbabwéenne. »

Avec Jeune Afrique Michelle Chifamba – pour The Africa Report

Zimbabwe : comment Emmerson Mnangagwa et son clan tiennent le pays

novembre 28, 2020

Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa à Harare, Zimbabwe, le 22 octobre 2020.

Propulsé sur le devant de la scène par le putsch qui a renversé Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa tient fermement les rênes du Zimbabwe. Pendant que ses alliés et opposants protègent leurs intérêts.

Voitures blindées et chars d’assaut ont sillonné la capitale toute la journée du 14 novembre 2017. Le lendemain, dès les premières heures, le général Sibusiso Moyo apprenait à ses compatriotes que Robert Gabriel Mugabe, président du Zimbabwe pendant trente-sept ans, était assigné à résidence.PUBLICITÉ

Les forces de défense zimbabwéennes s’occuperont des « criminels » qui entourent le président et sont responsables des « problèmes socioéconomiques » rencontrés alors par le pays.

Bien sûr, ce n’est pas un coup d’État, assure Sibusiso Moyo, nommé par la suite ministre des Affaires étrangères. Et sur ce point, l’officier a su se montrer convaincant auprès du président sud-africain Jacob Zuma, comme de son homologue guinéen, le pourtant sceptique Alpha Condé, alors président de l’Union africaine (UA).Read this article in english on 

Au Zimbabwe, la population est bien plus occupée à suivre les pérégrinations de l’homme en devenir, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, parti en exil une semaine plus tôt. Des récits circulent à travers le pays sur la bravoure avec laquelle ce dernier et son fils se sont faufilés au Mozambique, en coupant à travers la brousse pour éviter les traquenards éventuels, avant d’atterrir dans la banlieue nord de Johannesburg.

À Harare, les généraux et les « faiseurs d’images » organisent une manifestation qui attire des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale pour célébrer le renversement de Mugabe.

Rock star en échec

Emmerson Mnangagwa et sa femme, Auxilia, lors de son investiture, à Harare, le 24 novembre.

Quelques jours plus tard, Emmerson Mnangagwa, rentré au pays telle une rock star, promet « des emplois, des emplois, des emplois » à la population et « un Zimbabwe ouvert au business » aux investisseurs étrangers.

S’appuyant sur son passé de secrétaire personnel de Mugabe, Mnangagwa s’était habilement positionné comme l’héritier du chef pour mieux marginaliser ses rivaux. Jusqu’à l’apparition de son concurrent le plus sérieux, Grace, l’épouse de Robert Mugabe.

Le coup de novembre 2017 a emporté à la fois l’ancien président et sa femme, laissant tout l’espace nécessaire à Emmerson Mnangagwa pour qu’il lance son projet : remettre l’économie du Zimbabwe en marche et réunifier le parti au pouvoir pour une nouvelle décennie de succès.

Un an plus tard, le constat d’échec est évident. L’économie s’est encore affaiblie en raison de la corruption et du favoritisme, auxquels se sont ajoutés les effets de la sécheresse qui a frappé l’ensemble de la sous-région fin 2018. Au sein de l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU-PF), les rivalités sont toujours plus exacerbées, alors que l’armée ne semble plus faire confiance au chef de l’État.

Certains citoyens ont cru aux promesses d’élections libres, les chancelleries étrangères ont pensé un moment lever les sanctions internationales qui pesaient sur le pays et les entreprises avaient commencé à montrer des volontés d’investir.

Intrigues et rumeurs de putsch

Un agent de change dans une rue d'Aharare, le 22 octobre 2020.

LE DOLLAR LOCAL, À PEINE RELANCÉ, S’EST FRACASSÉ CONTRE SON HOMOLOGUE AMÉRICAIN

Trois ans plus tard pourtant, le nouveau régime semble à bout de souffle. La distribution d’eau potable et d’électricité reste toujours aussi sporadique dans la capitale, l’inflation dépasse les 750 % et le dollar local, à peine relancé, s’est fracassé contre son homologue américain.

L’équipe qui a porté Mnangagwa au pouvoir n’hésite plus à afficher ses regrets. Les intrigues et les rumeurs de putsch flottent continuellement dans l’air. Pour toute réponse, Emmerson Mnangagwa et son clan familial se serrent toujours plus les coudes. La loyauté, plus encore que les liens du sang, reste le critère déterminant à l’intérieur du premier cercle.

L’ancien ministre pour l’Éducation supérieure, Godfrey Gandawa, s’inquiète de la direction empruntée ces dernières années par le pays : « La ZANU-PF a fait des forces de sécurité une milice à son service. » Tous les leviers sécuritaires ont en effet été placés sous le contrôle direct de la présidence. Ce qui n’empêche pourtant pas les saboteurs de continuer à causer d’importants dégâts.

Pour Godfrey Gandawa, le président Mnangagwa a même été plus loin : « La justice du Zimbabwe, y compris au niveau de la Cour suprême et de la Cour constitutionnelle, est aujourd’hui sous la coupe de l’exécutif. Les gens sont arrêtés pour avoir insulté le président même si cela est manifestement contraire à la Constitution. »

À mesure que le président centralisait les pouvoirs, l’opposition se cherchait d’autres protecteurs, notamment auprès du premier vice-président, le général Constantino Chiwenga. Le Zimbabwe est aujourd’hui dirigé par deux hommes, le plus souvent en désaccord.

Emmerson Mnangagwa a doublé les effectifs du personnel de sécurité, pendant que l’ancien chef d’état-major de l’armée conservait des liens forts au sein de l’appareil militaire. Personne ne sait comment leurs troupes se comporteront si la tension montait entre les deux hommes, au moment même où le pays connaît la pire crise économique de son histoire.

Le général Chiwenga a déjà été accusé – à huis clos – de comploter contre la présidence. L’accord originel passé entre les deux hommes, qui prévoyait qu’après un seul mandat, Emmerson Mnangagwa passerait le relai à son cadet de dix ans, a donc volé en éclats.

Le camp présidentiel a même contrecarré le plan établi par les acolytes de Chiwenga pour renverser le chef de l’État en janvier. Ce qui expliquerait, selon plusieurs hauts fonctionnaires, l’enthousiasme avec lequel ce dernier a confiné le pays en réponse à la pandémie du coronavirus.

Divisions au sein du bureau politique

Un graffiti crtitiquant le ZANU-PF, à Harare en juin 2020.

L’armée et ses principaux officiers se montrent de plus en plus critiques envers les manigances des cadres de la ZANU-PF, dont la plupart soutiennent l’actuel président.

Des divisions sont apparues publiquement lors d’une réunion du bureau politique du parti en juillet, quand le directeur de la Central Intelligence Organization (CIO), Isaac Moyo, a remis un rapport affirmant que deux membres du comité central stockaient des affiches et des pancartes appelant à renverser Mnangagwa en faveur de Chiwenga.

Selon le chef des services secrets, les comploteurs avaient prévu d’utiliser leur matériel lors d’une manifestation nationale organisée par l’opposition le 31 juillet pour couvrir l’opération, justement.

Quelques semaines plus tôt, plusieurs officiels de haut rang de la CIO avaient pourtant tenu une étrange conférence de presse dans laquelle ils niaient avoir découvert les éléments d’un possible coup d’État contre Mnangagwa.

Deux choses sont claires depuis cette révélation : Emmerson Mnangagwa tient bien en main l’armée et l’appareil de sécurité, et il compte se présenter à un deuxième mandat en 2023.

Toute tentative de l’évincer en capitalisant sur les fractures au sein du camp présidentiel nécessitera auparavant une forme de consentement de la part de Constantino Chiwenga et de Sibusiso Moyo.

Contrats opaques

Les actions de lobbying menées, au lendemain du coup d’État de novembre 2017, par Sibusiso Moyo, le ministre des Affaires étrangères, et son ami, l’entrepreneur Edwin Manikai, ont rapidement porté leurs fruits. Rory Stewart, le ministre britannique chargé du continent à cette époque, a vite sauté dans un avion pour rejoindre le Zimbabwe afin d’évoquer la nouvelle ère qui s’ouvrait alors dans les relations entre Harare et Londres.

En moins d’un an, les ministres ont annoncé qu’un peu plus de 15 milliards de dollars d’investissement avaient été promis. Deux opérateurs étrangers incontournables au Zimbabwe, Gemcorp, basé à Londres, et Afreximbank, installé au Caire, ont fourni d’importantes lignes de crédit, garanties semble-t-il par les exportations de minerais à venir.

Mais le gouvernement a par la suite eu des difficultés à élargir sa base de soutiens. Malgré un nombre certain d’accords signés, peu de choses ont bougé sur le terrain. La plupart de ces contrats de plusieurs milliards de dollars chacun brillaient par leur opacité.

Basée à Chypre, l’entreprise russe Vi Holding et son partenaire zimbabwéen, Great Dyke Invesments (GDI), ont vu le jour grâce à la promesse de pouvoir exploiter l’or et le platine, mais ils n’ont jamais réussi à trouver les 2 milliards de dollars nécessaires pour démarrer les opérations.

Les banquiers ont estimé que le Zimbabwe ne serait pas en mesure de rassembler un tel capital tant que les représentants américains à la Banque mondiale et au FMI s’opposeraient à tout financement ou garantie destinés à des entités jugées très proches du gouvernement Mnangagwa.

Relations exécrables avec les partenaires économiques

La promesse d’ouvrir les portes aux compagnies étrangères s’est révélée avoir surtout pour but de séduire les électeurs avant la présidentielle de juillet 2018. Quand la Commission électorale a annoncé une courte victoire de Mnangagwa – alors que les manifestations organisées par l’opposition pour dénoncer la fraude électorale se soldaient par la mort de six personnes –, toute trace de bonne volonté avait disparu dans le camp présidentiel.

Emmerson Mnangagwa a alors nommé Mthuli Ncube, l’ancien vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), et lui a demandé de rouvrir, en tant que ministre des Finances, les négociations avec la Banque mondiale. Mais ce dernier avait les mains liées puisque le marché de changes comme l’ensemble de la politique monétaire sont sous le contrôle de l’appareil politique. Le mantra gouvernemental – le Zimbabwe est ouvert au monde des affaires – a alors sonné comme une coquille vide.

Les relations avec les trois principaux partenaires économiques du pays, l’Afrique du Sud, la Chine et la Russie, sont exécrables. À Pretoria, le président Cyril Ramaphosa se plaint de la mauvaise gestion de l’exode continu des Zimbabwéens vers le Sud, à travers le Limpopo.

Moscou n’arrive pas à lever les fonds nécessaires à ses investissements miniers et si Pékin dispose bien des ressources financières nécessaires pour aider le gouvernement zimbabwéen, il refuse de lui signer un chèque en blanc.

Attaques contre l’opposition et la presse

Une manifestations dénonçant les atteintes aux droits humains, à Harare en septembre 2020.

Depuis janvier, Emmerson Mnangagwa et son équipe ont également intensifié leurs attaques contre l’opposition, la société civile, les journalistes et tous les présumés dissidents. Cette campagne a démarré au moment où le haut commandement militaire établissait un plan pour se débarrasser de Mnangagwa et le remplacer par une « Autorité nationale de transition », soutenue par l’armée, en collaboration avec l’opposition, la société civile et la haute administration.

LE MARTEAU DE LA RÉPRESSION VA CONTINUER DE S’ABATTRE

Pendant que les forces de sécurité kidnappent, incarcèrent et torturent les opposants, d’autres agences de l’État creusent les divisions dans les rangs de l’opposition. « Le marteau de la répression va continuer de s’abattre, promet Victor Matemadanda, le vice-ministre de la Défense. Ceux qui veulent vendre le pays doivent faire attention. Ce pays a des pouvoirs particuliers. Il peut vous faire disparaître sans l’aide de personne. Ce pays a des pouvoirs mystérieux. Ce pays est un mystère. On ne peut juste pas faire ce que l’on veut. »

De son côté, le secteur privé local est entre les mains de deux hommes : Kudakwashe Tagwirei, adventiste du 7ème jour au carnet d’adresses politiques volumineux et qui possède des intérêts dans un grand nombre d’entreprises, et Strive Masiyiwa, en exil entre Londres et l’Afrique du Sud, d’où il préside aux destinées d’Econet et d’Ecocash, les principaux opérateurs de télécoms et de transfert d’argent du Zimbabwe.

Les efforts du gouvernement pour favoriser l’empire industriel de Masiyiwa atteignent ces derniers temps de nouveaux sommets. En juin, après la chute du dollar local, l’état-major des opérations interarmées a ordonné la suspension de la Bourse ainsi que de toutes les transactions numériques supérieures à 50 dollars par jour. Econet a ainsi vu la valeur de ses opérations baisser de moitié au Zimbabwe.

L’opérateur doit également faire face aux nouveaux services numériques proposés pour moitié prix par la Banque commerciale du Zimbabwe, avec le soutien de l’État. Enfin, les ministres ont accusé Econet, et donc son patron, de blanchiment d’argent et de commerce illégal de devises, même si la compagnie a depuis démontré qu’elle respectait bien tous les protocoles financiers établis avec le gouverneur de la Banque centrale.

Tagwirei étend ses positions

Beaucoup, au sein de l’opérateur, craignent que certains politiciens de la ZANU-PF fassent équipe avec Kudakwashe Tagwirei pour se partager le groupe de Masiyiwa. À mesure que l’État intensifie ses actions contre Econet, Tagwirei étend ses positions, se diversifie dans les énergies, la construction, le transport, les produits pharmaceutiques et la santé.

Lewis Matutu, ancien vice-secrétaire de la ZANU-PF, a accusé Tagwirei de monopoliser la vente de carburants, d’intrants agricoles ainsi que l’agent liquide transitant sur le marché parallèle. Sa société, Landela Mining, a mis la main sur plusieurs mines d’or, certaines détenues par l’État zimbabwéen, d’autres par l’homme d’affaires sud-africain Mzi Khumalo. Autant de dossiers troubles qui justifient que Kudakwashe Tagwirei soit aujourd’hui accusé de corruption et placé sous sanction américaine.

L’équipe Mnangagwa

Le groupe de dirigeants de la ZANU-PF qui soutient Emmerson Mnangagwa à la tête du pays a éclaté à cause des rivalités et de la paranoïa qui entourent la famille du président.

La première dame, Auxilia Mnangagwa, et ses fils, Collins et Sean, sont ciblés par plusieurs journalistes pour leurs liens avec des affaires de corruption, la plupart des informations les concernant ayant fuité via des agents de la Central Intelligence Organisation (CIO).

Les principaux soutiens du président, lors son accession au pouvoir, étaient le premier vice-président, le général Constantino Chiwenga, le ministre des Affaires étrangères, le général Sibusiso Moyo, le vice-ministre de la Défense, Victor Matemadanda, le directeur de la CIO, Isaac Moyo, le ministre de la Sécurité de l’État, Owen Ncube, et le conseiller à la présidence et leader des anciens combattants, Chris Mutsvangwa.

Trois ans plus tard, seuls Matemadanda, Isaac Moyo et Ncube gravitent toujours dans le premier cercle des intimes. Au niveau opérationnel, le vice-directeur de la CIO, Walter Tapfumaneyi, s’occupe de la sécurité d’Emmerson Mnangagwa, et organise diverses opérations d’infiltration dans l’opposition. Le général Philip Sibanda, commandant en chef des forces militaires du Zimbabwe, est également un allié clé du président.


L’équipe Chiwenga

Il n’existe pas de faction Chiwenga à proprement parler, mais ce dernier compte suffisamment de soutiens pour figurer comme un candidat sérieux à la succession du chef de l’État.

En janvier, le putsch organisé par les mécontents de la ZANU-PF et les militaires a échoué, en partie à cause de l’état de santé de Chiwenga. La mort de son allié, le général et ministre de l’Agriculture, Perence Shiri, en juillet, a encore affaibli sa cause et la rumeur tenace qui veut que Shiri a été empoisonné, renforce l’idée d’une main mise d’Emmerson Mnangagwa sur le parti.

Deux officiers supérieurs, le major-général Anselem Sanyatwe et le lieutenant-colonel Samson Murombo, sont perçus comme proches des groupes de soutien de Chiwanga dans l’armée.

Le premier vice-président compte également parmi ses alliés l’ancien ministre de l’Énergie, Fortune Chasi, l’ex-membre du bureau politique de la ZANU-PF, Cleveria Chizema, ou encore Saviour Kasukwere, débarqué du ministère de l’Environnement et autrefois supporter de Grace Mugabe, aujourd’hui en exil en Afrique du Sud

Avec Jeune Afrique par Patrick Smith et Franck Chikowore

Zimbabwe: l’écrivaine Tsitsi Dangarembga libérée sous caution

août 1, 2020

 

Tsitsi Dangarembga a été remise en liberté sous caution samedi, au lendemain de son arrestation à Harare lors d’une manifestation contre la corruption, a constaté un journaliste de l’AFP.

L’écrivaine du Zimbabwe, inculpée d’incitation à commettre des violences et d’avoir violé les mesures restrictives prises pour lutter contre le coronavirus, notamment l’interdiction des rassemblements, a été libérée contre paiement d’une caution de 65 dollars.

L’écrivaine et romancière zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga, 61 ans, qui a connu le succès avec son roman The Book of Not, avait été arrêtée vendredi et emmenée dans un camion de police alors qu’elle manifestait dans le quartier huppé de Borrowdale dans la capitale zimbabwéenne, Harare.

«Arrêtée! À Borrowdale. Espère que ça ira», avait-t-elle tweeté peu après son arrestation. Son mari Olaf Koschke avait confirmé à l’AFP son arrestation.

Interdiction des manifestations

Arrêtée avec un autre manifestant, elle portait des pancartes appelant notamment à la libération du journaliste et lanceur d’alerte Hopewell Chin’ono. Hopewell Chin’ono avait révélé récemment des scandales de corruption dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 au Zimbabwe qui avaient conduit au limogeage, début juillet, du ministre de la Santé Obadiah Moyo. Sur les réseaux sociaux, il avait appelé à manifester vendredi. Il avait été arrêté la semaine dernière, pour incitation publique à la violence et accusé de tentative de coup d’État.

Les autorités avaient interdit les manifestations de vendredi lancées à l’appel d’un parti d’opposition, pour protester contre la corruption et la crise économique. Depuis la veille, les forces de sécurité étaient en état d’alerte dans les rues de la capitale Harare.

Quelques jours avant l’arrestation de Tsitsi Dangarembga, son livre This Mournable Body, dernier d’une trilogie, a été sélectionné pour le Booker Prize, prestigieux prix littéraire britannique.

Saluée comme une voix féministe, Tsitsi Dangarembga est devenue célèbre en 1988 avec Nervous Conditions («À fleur de peau» dans la version française), puis une suite intitulée The Book of Not, qui racontent le parcours d’une jeune fille au Zimbabwe.

Par Le Figaro avec AFP

Zimbabwe: un journaliste et un opposant inculpés pour incitation à la violence

juillet 22, 2020

Un journaliste et le leader d’un parti d’opposition zimbabwéens, arrêtés cette semaine, ont comparu, ce mercredi 22 juillet, devant un tribunal d’Harare où ils ont été formellement inculpés d’incitation à la violence, a constaté une journaliste de l’AFP. Le journaliste Hopewell Chin’ono a révélé récemment des scandales de corruption dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 au Zimbabwe, scandales qui ont débouché sur le limogeage début juillet du ministre de la Santé Obadiah Moyo.

Quant à Jacob Ngarivhume, à la tête du petit parti Transformer le Zimbabwe, il avait appelé à des manifestations le 31 juillet pour protester contre la corruption au sein de l’Etat et contre la détérioration de la situation économique dans le pays. Les deux hommes, interpellés à leur domicile lundi à Harare, ont été formellement inculpés mercredi.

Le procureur Whisper Mabhaudhi a accusé le journaliste d’avoir également incité les Zimbabwéens à participer aux manifestations prévues le 31 juillet, ne faisant preuve d’«aucun respect pour la vie humaine». Il s’est opposé à sa demande de libération conditionnelle, compte tenu de «la probabilité qu’il s’enfuit».

Un couvre-feu contre le Covid-19 instauré juste avant les manifestations

Les avocats du journaliste ont de leur côté dénoncé les conditions de son arrestation et de sa garde à vue. Selon eux, les forces de l’ordre ont brisé une baie vitrée au domicile de Hopewell Chin’ono pour entrer chez lui. L’audience consacrée à la demande de libération conditionnelle des deux hommes doit reprendre jeudi.

Les manifestations prévues le 31 juillet ont de fait été annulées avec l’établissement mardi d’un couvre-feu et de mesures strictes de confinement pour tenter d’endiguer la pandémie de Covid-19 au Zimbabwe. Au cours de la dernière semaine, le nombre de cas confirmés dans ce pays d’Afrique australe a quasiment triplé, avec 1.713 cas enregistrés à ce jour, dont 26 morts.

Cette pandémie survient alors que le Zimbabwe est englué depuis le début des années 2000 dans une grave crise économique et financière. Après un relatif répit il y a une décennie, la situation a de nouveau empiré depuis deux ans avec le retour de pénuries (liquidités, carburants, denrées de base, électricité…), sur fond d’inflation galopante et de dépréciation du dollar zimbabwéen.

Par Le Figaro avec AFP

Différend RDC-Zambie : un haut diplomate zimbabwéen choisi comme médiateur

juillet 4, 2020

 

L’ambassadeur James Manzou, secrétaire des Affaires étrangères du Zimbabwe, dirigera le processus de médiation conduit par la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadc)  dans le différend frontalier entre la République démocratique du Congo et la Zambie, indique le site southerntimesafrica.com.

 

James Manzou

L’ambassadeur Manzou a été le plus haut représentant du Zimbabwe auprès de l’Union européenne. Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, préside l’organe de la Sadc sur la coopération politique, de défense et de sécurité. Le porte-parole du président Mnangagwa, M. George Charamba, a déclaré au Southern Times que le président zimbabwéen a désigné l’ambassadeur Manzou pour traiter le différend frontalier entre la RDC et la Zambie. « Je crois comprendre qu’il fait des efforts pour gérer le conflit avec diligence. Ils se sont réunis lundi de cette semaine et je peux vous dire que des progrès importants ont été accomplis jusqu’à présent en termes de recherche d’une solution à l’amiable au différend », a déclaré le porte-parole.

La RDC et la Zambie se disputent le contrôle d’un terrain de treize kilomètres carrés à leur frontière, dans les provinces du Tanganyika et du Haut-Katanga. Depuis plus de deux mois, les soldats zambiens ont fait irruption sur le sol congolais. Tout en mobilisant les Fardc, Kinshasa disait privilégier dans un premier temps la voie diplomatique pour obtenir leur retrait. Mais la RDC a renforcé sa présence militaire dans la région, provoquant des affrontements entre les soldats des deux pays.

Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires a déclaré que les affrontements avaient entraîné le déplacement de centaines de personnes à Moba. Le 11 mai, le président de la RDC, Felix Tshisekedi, a envoyé à Harare la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Marie Nzeza, pour demander à Emmerson Mnangagwa, président de l’organe de la Sadc sur la coopération politique, de défense et de sécurité, d’intervenir dans le différend. Et ce dernier a présenté la question à ses homologues de la région.

En juin dernier, la Sadc avait présidé une réunion des états-majors des armées de la RDC et de la Zambie afin de d’obtenir le retrait des troupes zambiennes du sol congolais. «Les deux pays reconnaissent qu’ils sont membres de la Sadc et qu’ils doivent coexister pacifiquement. Des différends surgiront toujours autour des frontières, mais l’essentiel est toujours de trouver des moyens pacifiques de les résoudre. Dans cet environnement Covid-19, le moins que nous puissions nous permettre  est une accentuation de la crise en important un autre problème de nature militaire. La bonne chose est que les deux pays sont prêts à parler », a déclaré George Charamba au Southern Times.

Une tentative de régler le problème a eu lieu en 1989 lorsqu’un traité a été signé entre les présidents de l’époque, le zambien Kenneth Kaunda et le Congolais Mobutu Sese Seko, et des balises ont été placées le long de la frontière comme marqueurs.Cependant, les affrontements frontaliers se sont poursuivis et les deux pays doivent encore trouver une solution durable au différend, rappelle le média.

De tels différends frontaliers sont courants en Afrique : Botswana/ Namibie, Nigéria/ Cameroun, et le Malawi/Tanzanie, etc. Cela est dû aux ambiguïtés créées par des frontières arbitrairement dessinées au moment de la partition de l’Afrique. Le Botswana et la Namibie se sont déjà disputés l’île de Kasikili / Sedudu sur la rivière Chobe qui borde les deux pays. La  médiation de ce différend avait également été assurée par le Zimbabwe et l’affaire a été réglée par la Cour internationale de justice en 1999 lorsqu’il a été décidé que l’île appartenait au Botswana.

 

Patrick Ndungidi

Zimbabwe: des ONG dénoncent les violations des droits humains pendant le confinement

mai 22, 2020

 

Des ONG de défense des droits humains au Zimbabwe ont accusé vendredi les forces de sécurité de près de 250 cas de violences depuis le début du confinement imposé à la population pour enrayer la pandémie de coronavirus.

La responsable de leur coalition, Jestina Mukoko, s’est déclarée devant la presse «horrifiée et scandalisée» et a appelé le ministre de l’Intérieur et le chef de la Police à faire la lumière sur ces abus. Elle-même victime dans le passé de violences de la part des forces de l’ordre, Mme Mukoko a notamment demandé «une enquête criminelle sur l’enlèvement et la torture» de trois membres du principal parti d’opposition. Les trois jeunes femmes avaient été retrouvées la semaine dernière sérieusement blessées en bordure d’une route des faubourgs de la capitale Harare, deux jours après leur disparition lors d’une manifestation.

Le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) a, sur la foi de leurs témoignages, accusé la police de les avoir arrêtées, frappées et torturées. Le gouvernement a catégoriquement nié ces allégations. Les forces de sécurité du régime zimbabwéen sont régulièrement pointées du doigt pour la répression des activités et les violences visant l’opposition. Le président Emmerson Mnangagwa a imposé il y a sept semaines et jusqu’à nouvel ordre un confinement pour ralentir la progression du Covid-19, à l’origine de 51 cas d’infection et 4 morts selon le dernier bilan.

Par Le Figaro avec AFP

Zimbabwe : l’épouse du vice-président Constantino Chiwenga arrêtée pour corruption

décembre 15, 2019

Le général Constantino Chiwenga, qui a mené le coup contre Mugabe, arrive à l'investiture de Emmerson Mnangagwa, le 24 novembre 2017.

Le général Constantino Chiwenga, qui a mené le coup contre Mugabe, arrive à l’investiture de Emmerson Mnangagwa, le 24 novembre 2017. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

 

Marry Mubaiwa, l’épouse du vice-président du Zimbabwe, Constantino Chiwenga, a été arrêtée samedi dans le cadre d’une enquête pour fraude et blanchiment d’argent d’un montant estimé à un million de dollars.

Marry Mubaiwa, 38 ans, a été interpellée samedi par la police, selon la la Commission zimbabwéenne anticorruption, et devait être présentée à un juge en début de semaine prochaine.

Achat d’une propriété à Pretoria

Selon un document de la Commission anticorruption obtenu par l’Agence France-Presse, Marry Mubaiwa est accusée d’avoir transféré en 2018 et 2019 de l’argent de ses comptes du Zimbabwe vers des banques sud-africaines « en cachant ou en maquillant leur véritable utilisation », en violation du contrôle des changes.

Ces fonds auraient été utilisés pour l’achat en Afrique du Sud, avec des complices, d’une propriété dans la capitale Pretoria et de deux véhicules tout-terrain de luxe.

L’épouse du général Chiwenga, une ancienne mannequin, est par ailleurs accusée d’avoir menti à un juge sur la nature de son contrat de mariage.

Chiwenga, architecte de la chute de Mugabe

Ancien chef d’état-major de l’armée zimbabwéenne, Constantino Chiwenga est considéré comme l’architecte du coup de force qui a précipité la démission du président Robert Mugabe fin 2017, après trente-sept ans de règne sur le pays.

Il est considéré comme un proche du nouveau président Emmerson Mnangagwa, qui s’est fait fort de relancer l’économie en pleine déconfiture du pays, en luttant notamment contre la fuite des capitaux et l’évasion fiscale.

Agé de 63 ans, Constantino  Chiwenga est rentré le mois dernier dans son pays après un séjour médical de quatre mois en Chine. Son épouse était absente de la cérémonie organisée quelques jours plus tard dans son village natal.

Par Jeune Afrique avec AFP

Au Zimbabwe, près de 80 médecins en grève révoqués

novembre 5, 2019

 

Plusieurs dizaines de médecins du Zimbabwe ont été suspendus par les autorités pour leur participation à une grève qui paralyse depuis deux mois les hôpitaux publics du pays, a annoncé mardi 5 novembre la ministre de l’Information, Monica Mutsvangwa.

Les praticiens du secteur public ont cessé le travail depuis le début du mois d’octobre pour exiger du gouvernement une revalorisation de leurs salaires, dont la valeur a fondu à cause de l’hyperinflation et de la dévaluation de la devise locale. Les grévistes affirment que leur salaire a perdu quinze fois sa valeur en l’espace d’un an et ne dépasse plus l’équivalent d’une centaine d’euros par mois. Le Zimbabwe est plongé depuis une vingtaine d’années dans une terrible crise économique, marquée par un taux de chômage de plus de 90% et les pénuries de produits alimentaires, de carburant ou de médicaments. Les prix y ont augmenté de plus de 300% en rythme annuel en août, selon la Banque mondiale.

Les médecins ont rejeté toutes les hausses de salaire proposées par le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa, qui a obtenu de la justice qu’elle déclare leur grève illégale et leur ordonne de reprendre le travail. Face à leur refus, les autorités ont engagé des procédures disciplinaires contre les récalcitrants. «Les audiences disciplinaires (…) ont débuté le 1er novembre. Sur les 80 médecins poursuivis, 77 ont été reconnus coupables et révoqués», a déclaré Monica Mutsvangwa à la presse à l’issue du conseil des ministres. «Toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer un retour au plus vite à la normale», a-t-elle ajouté. Les fonctionnaires du pays, qui exigent eux aussi une revalorisation de leurs salaires, ont à leur tour appelé à manifester mercredi dans les rues de la capitale Harare

Par Le Figaro.fr avec AFP