
Nicolas Sarkozy a reçu, lundi en fin de matinée à l’Élysée, le président ivoirien Alassane Ouattara en visite privée en France. Crédits photo : BERTRAND LANGLOIS/AFP
Le président sortant affirme qu’il abandonne la politique, mais ses fidèles aimeraient ne pas y croire.

Sarkozy a réuni hier les poids lourds de sa majorité, pour une réunion à 14 heures, dans le salon vert de l’Élysée. Il a une nouvelle fois confirmé qu’il prenait clairement ses distances avec la politique: «Une page se tourne pour moi. Je ne serai pas candidat aux législatives, ni aux élections à venir.» Avant d’ajouter, sur le registre de l’émotion: «J’abandonne tout ce que j’aime, et tous les gens qui m’aiment.» Devant le silence qui a accueilli cette déclaration, Nicolas Sarkozy a ajouté dans un sourire: «Soyez rassurés, je renouvellerai ma carte (de l’UMP) et je payerai ma cotisation. Mais je quitte l’opérationnel.» Pour être bien sûr qu’il avait compris, un ministre s’est tourné vers un très proche collaborateur du président: «Ça veut dire qu’il arrête définitivement, c’est ça?»«Oui, c’est très clair, tu n’avais pas compris hier?», a répondu ce proche conseiller. Le directeur de campagne Guillaume Lambert confirme la décision présidentielle: «Il n’y a aucune ambiguïté. Il redevient un Français comme un autre. Même s’il n’a pas voulu l’annoncer comme Lionel Jospin en 2002. En quittant la scène de manière amère, fracassante, sans que personne ne soit prévenu. Mais il ne sera plus dans la conduite d’un mouvement politique. Il ne briguera plus de nouvelles responsabilités.»
Sarkozy avait fait part de cette décision de se retirer de la vie politique lors d’un dîner avec la presse en Guyane, en janvier: «C’est une certitude, assurait-il. J’ai 57 ans, j’aurai été président de la République. Vous voulez que je fasse quoi? Que j’anime des sections de l’UMP? Je préfère encore le Carmel, au moins ils ont de l’espérance!» Il ajoutait qu’il avait «un métier dans les mains», son cabinet d’avocats «à (lui)» et qu’il aimait «profondément la vie». Dans Le Parisien ce mardi matin, Franck Louvrier, son conseiller en communication depuis plus de 5 ans, confirme qu’il va bien «reprendre son cabinet» En outre, ses équipes vont se mettre en quête d’un bureau dans Paris pour que le président sortant puisse s’y installer avec quelques collaborateurs, comme le veut la tradition républicaine. L’Etat prendra en charge le loyer, et permettra à Nicolas Sarkozy de bénéficier d’une voiture de fonction et d’une protection policière.. «Je changerai de vie complètement (…). Vous n’entendrez plus parler de moi.» En janvier dernier, pour évoquer la fin du pouvoir, il avait mimé une aiguille qu’on retire du bras: «L’aiguille, il faut la retirer progressivement, hein?» Il avait ensuite souligné, drôlement: «Tout est organisé pour oublier qu’on va mourir. C’est la distraction ou la mort… Je suis confronté à ça…» Voilà pour le décor.
Le message est clair
Selon ses proches, les choses sont peut-être moins définitivement gravées dans le marbre. Il va de soi qu’il était finalement inenvisageable pour Nicolas Sarkozy de mener le combat des législatives. «Sa philosophie, c’est de ne pas faire les choses à moitié. Il ne veut pas se mettre dans une position de recours», résume Henri Guaino. Le message de cette après-élection est donc clair: «Je ne vais pas m’accrocher au pouvoir», a-t-il dit.
Mais pour combien de temps? Ses amis le connaissent trop bien. «Il a la politique dans le sang», résument-ils. Xavier Musca, secrétaire général de l’Élysée, est de ceux, très nombreux, qui ne l’imaginent pas faire autre chose, même s’il le voit éventuellement faire «un excellent chef d’entreprise». L’interrogation sur la vie d’après de Nicolas Sarkozy laisse en tout cas une part de mystère. S’il a multiplié les confidences privées, il n’a pas fait de déclarations publiques définitives. «Il est profondément déçu, et il est profondément soulagé par ce résultat très honorable», constate un proche. «Pour le moment, nous entendons ce qu’il dit. Mais nous savons ce que nous souhaitons», confie ce dernier.
Lefigaro.fr par Charles Jaigu, Solenn de Royer
Étiquettes : andré malraux, distances, guillaume lambert, Nicolas Sarkozy
mai 8, 2012 à 7:00 |
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La main de la consolation et le regard d’amitié dans la bataille