Zimbabwe : Robert Mugabe fête ses 88 ans, dont 32 au pouvoir

Robert Mugabe célèbre mardi 21 février ses 88 ans, dont près de  32 passés au pouvoir. Le pays se morfond dans la crise mais, chaque année, les  Zimbabwéens ont le bonheur de se réjouir devant les fastueuses réceptions que  leur président organise pour son anniversaire. De la démesure au pays de la  pénurie…

Même octogénaire, et bientôt nonagénaire, Robert Mugabe ne s’en lasse pas.  Chaque 21 février, le doyen des dirigeants africains fête son anniversaire à sa  manière. Rien de problématique en soi, si ce n’est la tendance à la démesure et  le florilège de chiffres vertigineux qui accompagnent l’événement en en faisant  une grand messe un peu voyante dans un pays en crise.

En 2007, the « Old Man » réunissait ainsi pas moins de 20 000 invités et  avait pour l’occasion réquisitionné un stade, celui de Gweru. Mieux : Mugabe, au  niveau culinaire, montre qu’il sait recevoir : en 2009, son organisateur a été  chargé de se procurer quelque 2 000 bouteilles de champagne (de préférence du  Moët & Chandon ou du Bollinger 1961), 8 000 homards, une centaine de  kilogrammes de grosses crevettes, 4 000 portions de caviar, 8 000 boîtes de  Ferrero Rocher… Le tout pour une addition qui a pu s’élever parfois au-delà du  million de dollars (1,2 million en 2008, soit 935 000 euros, et environ la  moitié en 2010).

Les « cadeaux » des entrepreneurs au président

Qui paie ? En réalité, le pactole est directement prélevé chez les  entreprises du pays, opportunément  « visitées » par les militants du parti au  pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique (ZANU-PF).  Les hommes d’affaires, dont certains se voient prier de contribuer à hauteur de  45 000 ou 55 000 dollars, se gardent bien de refuser ces « dons » à verser sur  un compte ouvert dans une banque américaine au nom du Mouvement du 21 février,  sous le contrôle des jeunes du parti présidentiel.

Pourtant, surtout depuis l’instauration du gouvernement d’union nationale  avec Morgan  Tsvangirai en 2009, certaines voix s’élèvent – dans les rangs des  Occidentaux et des humanitaires sur place, mais aussi jusque dans les rangs du  ZANU-PF. Le sénateur Dzikamai Mayhaire avait ainsi reconnu en 2009 qu’il lui  paraissait « impossible de collecter de l’argent pour une seule personne quand  des millions de Zimbabwéens [mouraient] de faim dans le pays ».

Chiffres à faire pâlir, mais pas d’envie

Car, bien que « l’union nationale » ait  redonné au pays un peu de couleur en s’attaquant à l’hyperinflation et en  obtenant, grâce à la hausse de la production de tabac, une reprise fragile de la  croissance (6% en 2011 selon les estimations), les chiffres du pays font encore  pâlir. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le  Zimbabwe est l’un des seuls pays au monde où les habitants vivent moins bien que  dans les années 70. Et pour cause : en 2009, le taux de chômage atteignait 95%, selon  les derniers chiffres du CIA World Fact Book, et depuis, il n’est pas  descendu bien en dessous des 80% (selon les meilleures estimations  disponibles).

Jadis surnommé « grenier à blé de l’Afrique », le pays reste toujours placé  sous perfusion des aides alimentaires internationales, encore indispensables  pour 15% de la population en 2010, selon l’ONU. Une conséquence directe de la  réforme agraire voulue et mise en place par Mugabe en 2000, qui avait abouti à  une saisie pure et simple des terres de nombreux agriculteurs blancs. Dix ans  après son instauration, cette politique de Mugabe n’a réussi qu’à mettre  l’agriculture zimbabwéenne en pleine déroute : alors que 66% de la population  travaille dans le secteur, la production aurait perdu 70% en volume et 69% en  valeur.

Mugabe, l’éternelle soif de pouvoir

Mais avec près de 32 années de règne au compteur, the « Old Man » n’est  toujours pas près de tirer sa révérence. L’homme, qu’on dit atteint d’un cancer, s’est fait désigner candidat  par la ZANU-PF en décembre 2011 pour des  élections qu’il est censé organiser en 2012 et qui devrait l’opposer une  nouvelle fois à Morgan Tsvangirai.

Mugabe a déjà prévenu : s’il accepte de discuter avec l’opposition sur un  changement de Constitution, toute modification qui serait susceptible de  l’écarter de la présidence sera immédiatement rejetée. À 88 ans, il a encore  soif de pouvoir. Son peuple, lui, a toujours faim.

Jeuneafrique.com

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