Malawi: le président fait venir l’armée

Le président du Malawi Bingu wa Mutharika a affirmé qu’il ne quitterait pas le pouvoir et a fait déployer l’armée dans sa capitale Lilongwe aujourd’hui, au lendemain d’émeutes anti-gouvernementales qui ont fait sept morts, selon l’opposition.

« Je continuerai à gouverner le pays », a déclaré le chef de l’Etat dans une allocution à la radio. « Comme la constitution le prévoit, l’autorité pour diriger le gouvernement est entre mes mains et entre celles de personne d’autre ».

Jeudi à la mi-journée, 2.000 personnes environ étaient de nouveau rassemblées à Lilongwe, et autant à Blantyre, la capitale économique du pays. Les magasins étaient fermés, et l’on craignait de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

Le Malawi, l’un des pays les plus pauvres du monde, souffre d’une pénurie de carburant depuis que le gouvernement, en juin,a pioché dans les réserves de change pour payer des importations.

L’opposition entendait protester mercredi contre l’autoritarisme et la mauvaise gouvernance économique du président Mutharika. Mais les manifestations ont dégénéré en scènes de pillages et en affrontement avec les forces de l’ordre.

« Le Malawi est bien gouverné »

« Le Malawi est bien gouverné », a clamé M. Mutharika dans son allocution à la radio: « Le manque de réserves de change ou la pénurie de carburant ne peut pas être considéré comme le signe d’une mauvaise gouvernance ou d’un échec de l’Etat ».

L’homme fort du Malawi a par ailleurs ouvert une porte au dialogue. « Je suis prêt à rencontrer l’opposition et la société civile. Si vous avez des questions, parlons. Mais vous ne devriez pas laisser les gens piller et saccager les magasins.

Ce sera néfaste pour notre développement », a lancé le président à l’adresse de l’opposition.Le chef de l’Etat n’a pas confirmé le nombre de morts de la veille, se contentant dedéclarer: « J’ai entendu dire que des gens avaient perdu la vie ».

Selon un militant des droits de l’homme qui se trouvait jeudi matin à la morgue de l’hôpital de la ville de Mzuzu (nord), sept personnes ont été tuées par balles lorsque la police a ouvert le feu sur des émeutiers qui tentaient de piller des magasins.

La police n’a pas confirmé les sept décès, mais les responsables de l’hôpital ont affirmé à M. Mkandawire que les corps portaient bien des traces de balles.

Selon lui, les victimes ont été tuées lorsque la police a tiré sur une foule qui s’attaquait à des magasins appartenant à des Chinois et à des bureaux du Parti progressiste démocratique, le parti président Mutharika.

Jusqu’à 40% des recettes de l’Etat du Malawi, l’un des pays les plus pauvres du monde, proviennent de l’aide internationale, mais l’opposition accuse le président de faire fuir cette aide en raison de son « arrogance » et de sa mauvaise gestion.

Le dernier incident en date remonte à la semaine dernière, lorsque la Grande-Bretagne a annoncé le gel de son aide financière (19 millions de livres, soit 21,7 millions d’euros, en 2010).

Londres a notamment accusé le gouvernement malawite de réprimer les manifestations, d’intimider les organisations de la société civile et de légiférer pour bâillonner l’opposition.

Lefigaro.fr avec AFP

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