Le président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a confirmé la suspension imminente du permis des infirmières qui ne sont pas adéquatement vaccinées contre la COVID-19.
© /Shutterstock / Alliance Images La mesure concernerait plus de 4000 infirmières au Québec.
Cette décision intervient sur les recommandations du ministre de la Santé, Christian Dubé, qui a suggéré à tous les ordres professionnels du milieu de la santé de suspendre le permis d’exercer de leurs membres qui refusent de se faire vacciner à compter du 15 octobre.
Chez les infirmières, 4338 ne sont pas adéquatement vaccinées, et 2807 ne le sont pas du tout, a précisé Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, au micro de l’émission Tout un matin.
À ce nombre s’ajoutent 5716 infirmières dont le statut vaccinal n’est pas encore connu pour des problèmes administratifs et qui seront contactées d’ici mercredi pour clarifier leur situation.
Seules les employées en télémédecine sont exemptées d’obligation vaccinale, a ajouté le président de l’Ordre.
© /Radio-Canada Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).
Les infirmières suspendues pourront, par la suite, retrouver leur droit de pratique en fournissant la preuve d’un parcours vaccinal complet. L’Ordre précise qu’il n’exigera pas d’examen pour réintégrer ses rangs, même après plusieurs mois de suspension.
Le décret sur la vaccination obligatoire du personnel de santé a soulevé une multitude de questions, a reconnu M. Mathieu, et ce, jusqu’à tout récemment.
Suspendre ou même limiter le permis d’un membre, ce n’est pas rien. On voulait s’assurer qu’avant de transmettre les informations à nos membres et de prendre une position éclairée, on ait eu des échanges avec les représentants du ministère pour clarifier des choses», a-t-il précisé.
Sa décision a été immédiatement saluée par le ministre de la Santé, Christian Dubé, sur Twitter, dans un gazouillis où il encourage aussi les infirmières à se faire vacciner, car il n’est jamais trop tard».
© Paul Chiasson/La Presse canadienne Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec.
Le Collège des médecins avait déjà annoncé qu’il suspendrait le droit d’exercer de ses membres non vaccinés, et ce, jusqu’à ce qu’ils régularisent leur situation.
Cela inclut notamment l’interdiction d’effectuer des téléconsultations et le suivi de résultats d’examens ou de tests de laboratoire», avait indiqué le Collège, considérant que la vaccination est un devoir déontologique et une obligation sociale.»
Une pression additionnelle »
À quelques jours de l’entrée en vigueur de l’obligation de vaccination pour les soignants, la suspension de permis est loin de faire l’unanimité, faisant craindre des difficultés d’organisation pour le secteur infirmier.
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente quelque 76 000 membres, estime que la mesure est excessive» et s’engage à contester devant les tribunaux toute décision des ordres professionnels qui pourrait porter un préjudice démesuré à [nos] membres».
Elle n’est pas la seule à exprimer son mécontentement. Nous, on manque déjà de monde, déplore de son côté Nancy Hogan, présidente du Syndicat interprofessionnel du CHU de Québec. La vaccination, ça fait seulement en rajouter qui vont quitter.»
Mme Hogan aurait préféré que d’autres mesures soient envisagées dans un contexte de pénurie de personnel. Elle cite les tests de dépistage de la COVID-19 qui auraient pu être imposés aux infirmières trois fois par semaine, par exemple.
Il faut que le gouvernement donne son plan pour arrêter le TSO [temps supplémentaire obligatoire]», lequel risque de s’accentuer avec la suspension de centaines d’infirmières, craint-elle.
Ses inquiétudes sont partagées par Laurier Ouellet, président du syndicat des professionnels en soins de Chaudière-Appalaches: Ceux qui restent vont être obligés de faire encore plus de temps supplémentaire, anticipe-t-il, ça va être le chaos. Il y a des services qui vont être suspendus, ça c’est sûr.»
Par La Presse canadienne avec les informations de Pierre-Alexandre Bolduc
Étiquettes : CANADA, COVID-19, Infirmières, Québec, Suspension, vaccin
octobre 12, 2021 à 8:56 |
Liberté et obligation ?