Archive for the ‘Opinion’ Category

Harry : les Mémoires du prince pourraient lui faire perdre son visa américain

juin 2, 2023

Dans « Le Suppléant », le prince britannique explique avoir consommé de la drogue à 17 ans. Ces révélations ne plaisent pas à un think tank conservateur.

Sauf surprise, le prince Harry ne devrait pas se rendre a cette audience.
Sauf surprise, le prince Harry ne devrait pas se rendre à cette audience.© JUSTIN TALLIS / AFP

Un livre qui n’est pas du goût de tout le monde. D’après CNN, un groupe conservateur – Heritage Foundation – a saisi la justice fédérale américaine pour consulter le dossier d’immigration – nécessaire pour obtenir un visa – du prince Harry. Une demande qui fait suite à des révélations du fils du roi Charles III, dans son livre Le Suppléant (Spare, en anglais) – où il raconte avoir consommé de la drogue, durant son adolescence. La plainte, elle, a été déposée le 5 mai dernier auprès de la justice fédérale.

« Une couverture médiatique étendue et continue a soulevé la question de savoir si le DHS [département de la Sécurité intérieure] a correctement admis le duc de Sussex [sur le sol américain] à la lumière du fait qu’il a publiquement admis les éléments essentiels d’un certain nombre d’infractions liées à la drogue aux États-Unis et à l’étranger », juge le think tank conservateur, très influent dans la capitale fédérale. La plainte a été déposée sur le fondement du « Freedom of Information Act ». Ce texte, qui date des années 1960, oblige toutes les agences fédérales à communiquer leurs documents à ceux qui en font la demande. Sauf si ceux-ci ont trait à des questions de sécurité nationale, entre autres.

Dans Le Suppléant, Harry raconte avoir consommé de la cocaïne, de la marijuana ou encore des champignons hallucinogènes, durant son adolescence. Or, aux États-Unis, la consommation de drogue peut être un motif de rejet d’une demande de visa. Même si celle-ci remonte à plusieurs années. Un refus qui peut être opposé, officiellement, pour des raisons sanitaires ou pour des raisons criminelles, d’après la loi sur l’immigration et la naturalisation.

« Le peuple américain mérite des réponses »

Le débat aura lieu le 6 juin prochain, devant un tribunal de Washington D.C.. De son côté, le ministère américain de la Justice se montre catégorique. D’après nos confrères américains, l’administration estime que les « spéculations » n’étaient « pas suffisantes » pour justifier une telle publication. Une première demande, amiable, a déjà été rejetée par le ministère. Et ce, au motif qu’Harry ne « consentait [pas] à ce que ses informations soient divulguées ». Invité à réagir auprès de CNN, l’entourage du prince britannique n’a pas – pour l’heure – fait de commentaires.

Dans un tweet, publié le 1er juin, le directeur du Margaret Thatcher Center for Freedom – du think thank Heritage Foundation – a jugé que « le peuple américain [méritait] des réponses ». « Le [ministère] a-t-il détourné le regard, joué les favoris ou n’a-t-il pas répondu de manière appropriée à toute fausse déclaration potentielle du prince Harry ? »

« Je prenais de la cocaïne à cette époque [à 17 ans, NDLR] […]. Pendant un week-end de tournage, on m’avait proposé une ligne […]. Ce n’était pas très amusant et cela ne m’a pas rendu particulièrement heureux […] mais cela m’a fait me sentir différent, et c’était l’objectif principal », écrit-il, entre autres, dans ses Mémoires.

Par Benoît Leroy pour Le Point

Canada: Québec demande l’aide de l’armée pour combattre les feux de forêt

juin 2, 2023

Plus d’une centaine de feux de forêt font rage au Québec.

Un panneau de signalisation indiquant le mot feu.

Alerte spéciale au sujet de la situation des feux de forêt. Photo : Radio-Canada/ Myriam Gauthier

Le ministre de la Sécurité publique du Québec a demandé à Ottawa d’envoyer des effectifs des Forces armées canadiennes (FAC) pour combattre les feux de forêt dans la province, notamment sur la Côte-Nord.

François Bonnardel en fait l’annonce sur Twitter peu après 16 h, vendredi. Le ministre de la Protection civile a confirmé quelques minutes plus tard avoir reçu la demande. Nous travaillons à identifier les ressources fédérales appropriées, a-t-il indiqué, lui aussi sur Twitter.

La demande de Québec vise le transport d’équipements d’urgence, de denrées alimentaires et de carburant, le soutien aux équipes qui combattent les flammes et l’aide à la planification et à la logistique pour le ravitaillement des communautés, selon l’attachée du ministre.

Québec espère également que les FAC puissent participer aux efforts d’évacuation, notamment par voie aérienne.

D’ailleurs, les autorités municipales de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, ont déclaré l’état d’urgence et ordonné l’évacuation de plusieurs secteurs vendredi matin en raison des feux de forêt qui progressent rapidement vers la ville.

Selon le maire de Sept-Îles, Steeve Beaupré, tous les habitants des secteurs des Plages, de Moisie, du lac Daigle et de la communauté de Mani-utenam devront avoir évacué leur résidence d’ici 16 h 30, vendredi.

À peu près 10 000 personnes sont évacuées de façon préventive du côté de Sept-Îles, avait estimé François Bonnardel vendredi.

De ce nombre, 2000 à 3000 personnes auront besoin de ressources d’hébergement au cours des prochaines heures. Des centres d’accueil ont été ouverts notamment dans la ville voisine de Port-Cartier pour accueillir les évacués qui n’ont pas de place où loger.

Des gens siègent à une table en conférence de presse.

Les autorités municipales et la SOPFEU ont fait le point vendredi matin sur les feux qui menacent la région. Photo : Radio-Canada

Deux incendies majeurs menacent actuellement la région de Sept-Îles. Le plus important, le feu 172, a progressé très rapidement au cours de la nuit, selon l’agente de la SOPFEU sur place, Isabelle Gariepy.

Le brasier qui a déjà consumé 380 kilomètres carrés de forêt le long de la rivière Nipissis – plus que la superficie de la Ville de Montréal – se trouve maintenant à une vingtaine de kilomètres de Sept-Îles.

L’autre brasier, le feu 215, est quant à lui demeuré relativement stable au cours de la nuit, constate la SOPFEU qui évalue sa superficie à près de 10 kilomètres carrés.

Au moins 17 incendies sont en cours sur la Côte-Nord.

Journée déterminante à Chapais

À Chapais, dans le Nord-du-Québec, où près de 1000 personnes ont été évacuées, les flammes n’ont pas encore atteint la municipalité. Une équipe de gestion des incendies majeurs de la SOPFEU est à pied d’œuvre pour protéger la ville d’un peu plus de 1600 habitants.

En collaboration avec une compagnie forestière, les sapeurs travaillent à dégager une ligne d’arrêt de quatre kilomètres de long pour tenter de protéger la municipalité du brasier de 1400 hectares qui se trouve à quelques kilomètres seulement des zones habitées.

La mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, prévient que la situation demeure critique même si le brasier a progressé plus lentement que prévu ces dernières heures.

« Ça reste un ennemi invisible. On ne voit pas le feu actuellement de la ville, on ne voit pas de fumée non plus, mais ce n’est pas parce qu’il n’est plus présent. Il est encore là, il est encore gros, il est encore non maîtrisé. »— Une citation de  Isabelle Lessard, mairesse de Chapais

Des flammes ravagent une forêt.

Un important feu de forêt fait rage dans le secteur de Chapais. Photo : Nina Grondin

25 feux au Saguenay–Lac-Saint-Jean

Les équipes de la SOPFEU ont aussi fort à faire dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean où 25 brasiers font rage, le plus menaçant se situant dans le secteur de La Doré, dans le secteur du lac Roland, où des infrastructures touristiques et des lignes de transmission d’Hydro-Québec doivent être protégées.

Les avis d’évacuation sont toujours en vigueur dans le secteur de Rivière-Éternité, le long du Saguenay, où le parc national du Fjord-du-Saguenay demeure fermé jusqu’à nouvel ordre.

La SOPFEU se concentre également sur le feu situé au nord de Notre-Dame-de-Lorette, dans la zec Rivière-aux-Rats.

La SOPFEU débordée

Selon le dernier décompte de la SOPFEU, au moins 120 incendies font rage dans les forêts du Québec.

Un nombre qui pourrait augmenter encore, prévient Stéphane Caron, porte-parole de la SOPFEU, en raison des lignes d’orages de jeudi qui ont allumé plusieurs nouveaux feux.

Tous les avions-citernes, tout l’équipement et plus de 400 pompiers forestiers combattent activement les incendies dans la province, où tout le personnel de réserve a aussi été rappelé, assure le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, lors d’une mêlée de presse donnée à l’Assemblée nationale vendredi matin.

Or, les capacités régulières de la SOPFEU ne lui permettent que de combattre environ 30 feux simultanément sur le territoire québécois.

Un pompier de la SOPFEU qui arrose le sol dans une forêt.

Tous les effectifs de la SOPFEU, dont plus de 400 pompiers forestiers, sont mobilisés. Photo: Radio-Canada/Martin Chabot

Le mandat de la SOPFEU dans ce qu’on appelle la zone de protection intensive, au sud du 50e ou 51e parallèle, c’est d’éteindre tous les feux. En ce moment, dans la situation où on est, c’est impossible. Il y a trop de feux, explique M. Caron.

Les effectifs sont donc concentrés en priorité dans les secteurs où des infrastructures essentielles et des communautés sont menacées par l’avancée des brasiers.

« On travaille présentement sur vingt de ces feux […] pour protéger la population et nos infrastructures d’Hydro-Québec. On a rapatrié tous nos effectifs de la SOPFEU. »— Une citation de  François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique du Québec

La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a ajouté que des démarches sont en cours avec des pays alliés, notamment les États-Unis, le Portugal et le Mexique, afin d’obtenir davantage de ressources pour combattre les feux.

Les Forces armées canadiennes sont également en contact avec le gouvernement du Québec pour prêter assistance en cas de besoin.

Fermeture de terres publiques

En mêlée de presse à l’Assemblée nationale, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a annoncé la fermeture des terres publiques sur la Côte-Nord et au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Les entreprises forestières ne font plus de travaux [sur ces terres] depuis le début de la semaine, a-t-elle indiqué.

La pêche, la chasse et les séjours dans les chalets ne sont plus permis dans ces secteurs, a ajouté la ministre Blanchette Vézina.

  • Plus de 300 incendies sont actifs au Canada.
  • Les feux de forêt ont ravagé l’équivalent de cinq fois la superficie de l’Île-du-Prince-Édouard au pays depuis le début de l’année.
  • Les flammes ont forcé l’évacuation de plus de 28 000 personnes, dont 18 000 en Nouvelle-Écosse.
  • En Alberta, 58 feux actifs, dont 18 sont non maîtrisés.
  • En Nouvelle-Écosse, 16 feux actifs, dont 4 non maîtrisés.
  • En Saskatchewan, 20 feux sont actifs, dont 7 ne sont pas maîtrisés.
  • En Colombie-Britannique, 55 feux sont actifs, dont 10 non maîtrisés.
  • Des centaines de pompiers forestiers d’Afrique du Sud, des États-Unis, d’Australie et de Nouvelle-Zélande ont été déployés chez nous pour prêter main-forte aux sapeurs canadiens.

Radio-Canada avec les informations d’Alexandre Duval

Qui assistera à l’investiture d’Erdogan en Turquie ?

juin 2, 2023

Le président turc prête serment le 3 juin. Une vingtaine de chefs d’État, dont des Africains, sont attendus à Ankara.

Recep Tayyip Erdogan, le chef de l’État turc, à Ankara, le 28 mai 2023. © Halil Sagirkaya/Anadolu Agency via AFP

Quelque 20 dirigeants et 45 ministres étrangers sont attendus à Ankara, le 3 juin, à la prestation de serment de Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier, Premier ministre à partir de 2003, puis élu président en 2014 et en 2018, a été réélu, ce 28 mai, avec 52,18 % des voix pour un troisième et dernier mandat.

La cérémonie aura lieu au palais présidentiel de Külliye, à 17 heures. Elle sera suivie d’un dîner d’État au palais de Çankaya, à 19 heures. À 22 heures, la composition du nouveau gouvernement sera divulguée.

Sassou Nguesso, Embaló…

Parmi les présidents africains qui ont confirmé leur venue figurent le Sénégalais Macky Sall, le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embaló, le Rwandais Paul Kagame, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le Somalien Hassan Sheikh Mohamoud.

Sont également annoncés des Premiers ministres, comme le Qatari Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, le Djiboutien Abdoulkader Kamil Mohamed ou le Pakistanais Muhammad Shehbaz Sharif, ainsi que des ministres des Affaires étrangères, dont Mahamat Saleh Annadif (Tchad) et Naledi Pandor (Afrique du Sud).

Autre personnalité à faire le déplacement : Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan – à un moment critique, puisque la Turquie continue de s’opposer à l’entrée de la Suède dans l’organisation.

Viatcheslav Volodine, président de la Douma d’État (le Parlement russe), représentera Vladimir Poutine. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, et plusieurs chefs d’État des Balkans et d’Asie centrale seront eux aussi présents.

Après ces cérémonies, le président des Émirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed (MBZ), sera le premier dirigeant étranger que Recep Tayyip Erdogan recevra, le 10 juin. Après un tête-à-tête, les deux hommes assisteront à la finale de la Ligue des champions, à Istanbul.

Avec Jeune Afrique par Joséphine Dedet

Canada: Quatre villes québécoises parmi les plus attrayantes pour les jeunes travailleurs

mai 31, 2023
Des passants en mouvement, flous, marchent au centre-ville de Montréal.

Si Toronto s’est positionnée en tête du classement, Montréal occupe la deuxième place. (Photo d’archives) Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers

Quatre villes du Québec font partie des dix noyaux urbains les plus attirants pour les jeunes travailleurs, a révélé le plus récent Indice du travail urbain, réalisé par l’organisme YouthfulCities en collaboration avec la Banque Royale du Canada.

Ce classement ordonne trente villes canadiennes selon leur performance vis-à-vis une dizaine d’indicateurs déterminés lors du Sommet du travail urbain de 2019, notamment l’action climatique, la diversité et l’inclusion, l’équité, les possibilités d’emploi pour les jeunes, l’éducation et la formation, l’économie urbaine, l’esprit d’entrepreneuriat, le coût de la vie, le transport et les services de santé.

Si Toronto s’est positionnée en tête du classement, Montréal occupe la deuxième place. La région métropolitaine d’Ottawa/Gatineau, Québec et Laval se situent respectivement aux 6e, 8e et 9e rangs.

Des touristes posent devant l'insigne «Ottawa» au marché By.

Des gens posent devant l’insigne «Ottawa» au marché By, au centre-ville. (Photo d’archives) Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

Selon le rapport de YouthfulCities, Montréal s’est démarquée en raison de son offre de transport collectif et son offre de mobilité durable.

Son réseau de transport en commun offre l’horaire de disponibilité le plus élevé, une application pour la gestion des trajets, de solides caractéristiques de sécurité comme des boutons de détresse et un programme d’arrêts de nuit, et une grande commodité d’accès à l’aéroport. Montréal a aussi obtenu les meilleurs résultats au chapitre des pistes cyclables et du potentiel piétonnier, peut-on lire dans le communiqué dévoilant les résultats de l’étude.

Une personne attend sur le quai de la ligne orange alors que le métro s'immobilise sur les rails.

Le métro de Montréal (Photo d’archives) Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers

L’esprit d’entrepreneuriat de ses résidents, les gestes posés pour contrer les changements climatiques de même que les nombreuses possibilités de formation et la qualité de l’éducation qui y est dispensée ont aussi pesé dans la balance. L’étude révèle que Montréal et Toronto sont les villes qui ont financé le plus les jeunes entreprises en 2022, avec 3 milliards de dollars en investissements chacune. La métropole québécoise est aussi celle qui compte le plus d’accélérateurs entrepreneuriaux par habitant.

YouthfulCities souligne toutefois que Montréal serait la quatrième des villes les plus faibles en ce qui a trait au nombre de professionnels en santé mentale par habitant. Un reproche similaire est formulé à Laval, qui finit bonne dernière au classement quant au nombre de professionnels de santé par habitant.

Les villes du Québec se sont distinguées pour leur accès numérique, entre autres attribuable au nombre d’endroits offrant du wi-fi gratuitement, et pour l’abordabilité des services Internet et de téléphonie cellulaire; Montréal et Québec se classent d’ailleurs deuxième et troisième au pays en la matière, respectivement.

Par ailleurs, Laval, Québec et Ottawa/Gatineau seraient les trois villes les plus abordables, selon l’enquête.

On mentionne cependant que, même si toutes les villes québécoises étudiées se sont taillé une place parmi les 10 meilleures du classement, aucune de celles-ci n’a obtenu de bons résultats relativement aux indicateurs de l’économie municipale et de la santé, avec des scores inférieurs au 50e percentile.

La Ville de Québec s’est classée au dernier rang en ce qui a trait à ses services de santé. On souligne également qu’elle dispose d’un des nombres les plus faibles de banques alimentaires par habitant.

Entamer un dialogue

Le classement vise à faire prendre conscience aux dirigeants des villes et aux employeurs des aspects que les jeunes travailleurs recherchent afin qu’ils entament un dialogue national sur l’avenir du travail en milieu urbain et sur le rôle de premier plan que jouent les jeunes pour façonner cet avenir.

Alors que la reprise postpandémie se poursuit, le marché du travail pour les jeunes adultes demeure précaire. Ils devront continuer de faire des choix de carrière tenant compte des environnements de travail, des changements sectoriels émergents, des salaires et de l’inflation, et ces choix se répercuteront à leur tour sur leur mode de vie et sur leur contribution à la ville où ils décideront de s’établir, a commenté Raj Dhaliwal, le responsable de YouthfulCities, une organisation invitant les jeunes de 15 à 29 ans à réfléchir à des solutions aux problèmes de leurs villes.

Radio-Canada avec La Presse canadienne

Santé : l’infertilité touche une personne sur six dans le monde

mai 31, 2023

Environ une personne sur six dans le monde souffre d’infertilité, d’où le besoin urgent d’accroître l’accès à des soins abordables et de haute qualité, a plaidé l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Une personne sur six dans le monde est touchée par l’incapacité d’avoir un enfant à un moment ou à un autre de la vie. Et ce, quels que soient leur lieu de vie et les ressources dont elles disposent « , a souligné le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans la préface d’un nouveau rapport. Il s’agit, selon l’OMS, d’un véritable « problème sanitaire majeur » qui touche 17,8% de la population adulte des pays riches et 16,5% des pays à revenus faibles et intermédiaires. « Ce rapport, le premier du genre depuis dix ans, est révélateur d’un fait important : l’infertilité ne fait pas de discriminations« , a mis en exergue le patron de l’OMS. Le document ne se penche pas sur les causes médicales, environnementales ou autres de l’infertilité, ni sur son évolution au fil du temps mais donne un premier aperçu de sa prévalence en analysant l’ensemble des études pertinentes de 1990 à 2021. Il en ressort que « l’infertilité touche une grande partie de la population mondiale  » puisque la question concerne environ 17,5% de la population adulte. 

« L’infertilité touche des millions de personnes  » et pourtant, a souligné le chef de l’OMS, « le sujet est encore peu étudié et les solutions restent insuffisamment financées et sont inaccessibles pour beaucoup en raison des coûts élevés, de la stigmatisation sociale et de la disponibilité limitée« . « La proportion même des personnes touchées montre la nécessité d’élargir l’accès aux soins relatifs à la fertilité et de veiller à ce que cette question ne soit plus mise de côté dans la recherche et les politiques de santé, afin que des moyens sûrs, efficaces et abordables d’atteindre la parentalité soient disponibles pour ceux qui le souhaitent « , a-t-il demandé.

« L’infertilité, une maladie du système reproducteur » 

L’infertilité est, selon l’OMS, une maladie du système reproducteur masculin ou féminin, définie par l’incapacité d’obtenir une grossesse après douze mois ou plus de rapports sexuels réguliers non protégés. Cette situation peut entraîner une détresse majeure, de la stigmatisation et des difficultés financières. « La procréation s’accompagne d’une pression sociale importante. Dans des pays, la grossesse reste essentielle à la perception de la féminité et de ce qu’est un couple. L’échec est souvent stigmatisé « , a déclaré la directrice à l’OMS du Département santé sexuelle et reproductive, Pascale Allotey. « Les personnes ayant un problème d’infertilité souffrent souvent d’anxiété et de dépression  » et il existe aussi « un risque accru de violences conjugales qui est associé à l’infertilité « , a-t-elle ajouté. L’OMS appelle les pays à développer les solutions pour la prévention, le diagnostic et le traitement de l’infertilité, y compris les technologies de procréation assistée telles que la fécondation in vitro.

Bien que le nouveau rapport présente des données attestant de la « forte prévalence mondiale » de l’infertilité, il met en évidence un manque de données dans de nombreux pays, notamment en Afrique, en Méditerranée orientale et en Asie du Sud-Est. Il appelle les pays à faire en sorte que davantage de données sur l’infertilité, ventilées par âge et par cause, soient disponibles pour aider à quantifier le problème, ainsi qu’à savoir qui a besoin de soins de fertilité et comment les risques peuvent être réduits.

Avec Adiac-Congo par Noël Ndong

Inondations : la Croix-Rouge congolaise évoque les difficultés des départements

mai 31, 2023

Les équipes de la Croix-Rouge congolaise (CRC) déployées sur le terrain dans les départements de la Sangha et de la Likouala après des pluies diluviennes et vents violents ont évoqué, le 30 mai, à Brazzaville, le problème de transfert des fonds Dref aux bénéficiaires ainsi que celui d’inaccessibilité des volontaires dans les différentes localités.   

Les participants à l’atelier /Adiac

15 000 personnes sinistrés de la Sangha et de la Likouala ont perdu leurs habitations et plantations suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues depuis septembre 2022. Les volontaires de la CRC ont énuméré ces dégâts à l’occasion de l’atelier organisé à Brazzaville sur les leçons apprises de la mise en œuvre du Dref inondations.

L’atelier a regroupé les acteurs de la société nationale de la Croix-Rouge, les partenaires techniques et financiers du mouvement Croix-Rouge et bien d’autres. Les participants suivent des présentations de l’opération par domaine ainsi que des travaux de groupe sur la coordination, l’analyse, la planification et la capacité opérationnelle.

L’objectif est de capitaliser sur les bonnes rencontres issues de la mise en œuvre du Dref inondations réalisées dans ces localités.

Il consiste également à évaluer la mise en œuvre de l’opération, identifier les succès et les défis, faire des recommandations ainsi qu’une analyse de l’actuel contexte et des risques des zones touchées afin de planifier une intervention efficace.

A cet effet, la CRC a déployés pendant quatre mois ses volontaires sur le terrain afin de soutenir leurs urgences et de donner un appui à la reprise de leurs activités quotidiennes, avec l’appui de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.    

L’intervention a porté sur le soutien aux moyens de subsistance, en hygiène et assainissement et à l’eau, en premiers secours d’urgence ainsi que dans le domaine de la santé avec le soutien psychosocial et la sensibilisation aux maladies hydriques.   

Le chef de la circonscription sociale de Kabo, Baudry Bokouango Tsono, a indiqué que l’appui aux sinistrés n’a concerné que ce district du département de la Sangha et non les localités environnantes qui vivent de la cueillette et de la chasse. Selon lui, l’opération a été une première.  Les difficultés ont été notamment le paiement par transfert cash à plus de 2 000 autochtones qui, pour la plupart, ne possèdent pas de téléphone.  

Le délégué de l’Organisation mondiale de la santé, Vivien Hilaire Nyanga, a demandé aux participants de formuler des recommandations de façon objective pour permettre d’avoir un document important.

Quant au secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge, Zeade Léonard Nioule, il a émis le souhait au mouvement Croix- Rouge de prendre en compte les critères de sélection des bénéficiaires afin d’éviter la discrimination de la population autochtone.

Pour sa part, le vice-président national de la CRC, Gabriel Goma Mahinga, a rappelé dans son allocution d’ouverture que la rencontre permettra d’identifier les faiblesses de l’opération en vue d’envisager les perspectives pour l’amélioration de la structure.

Avec Adiac-Congo par Lydie Gisèle Oko

La santé numérique et l’intelligence artificielle : une solution miracle pour l’Afrique ?

mai 31, 2023

Si les applications de santé numérique explosent partout dans le monde, pour l’experte en santé numérique Laure Beyala, l’Afrique doit développer massivement des systèmes intégrant les techniques de l’intelligence artificielle pour améliorer de façon significative les soins, et apporter des réponses efficaces à certaines maladies difficiles et rares.

La taille du marché mondial de la santé numérique devrait atteindre 559,52 milliards de dollars d’ici à 2027, selon le cabinet Fortune Business Insights. © PNUD

De nombreux pays africains souhaitent atteindre l’un des objectifs de développement durable (ODD) qui est d’assurer la couverture universelle des soins pour tous. La concrétisation de ce projet ambitieux nécessite d’avoir des pools de ressources compétentes dans les technologies innovantes, en particulier dans la conception, le développement et l’adoption des technologies de santé numérique qui intègrent des fonctionnalités autoapprenantes. De telles fonctionnalités issues des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) permettront de développer de nouvelles méthodes non invasives pour collecter des données vitales et les analyser en temps réels.

Des défis à surmonter

Partant des dispositifs médicaux connectés passifs ou autoapprenants, en passant par des applications (de télémédecine, surveillance des patients hospitalisés, gestion des médicaments) et des systèmes d’aide à la décision clinique ou au diagnostic, la taille du marché mondial de la santé numérique devrait atteindre 559,52 milliards de dollars d’ici à 2027, selon le rapport du cabinet Fortune Business Insights. Sa valeur, étant estimée à 234,5 milliards de dollars en 2023 par Global Health Care Outlook 2020. Malgré ces opportunités liées aux technologies numériques dans le domaine médical, la plupart des pays africains n’arrivent pas encore à bénéficier pleinement de leur potentiel.

Comme toutes les technologies de rupture, les applications de santé numérique ont démarré comme des solutions de niche avec un attrait initial limité sur le marché de la santé. De nos jours, ils sont acceptés et transforment l’industrie de la santé. Cependant, certains pays du continent vont devoir faire face à un bon nombre de défis pour faciliter leur implémentation et leur adoption. Notamment le manque d’infrastructures réseaux qui englobe à la fois l’indisponibilité des serveurs et la faible disponibilité du réseau internet. On note également, l’absence des normes standard réglementaires ; le manque d’expertise en santé numérique et les compétences limitées pour développer des solutions appropriées dans le domaine de la santé. À cela s’ajoutent de nombreux défis juridiques et éthiques liés à l’usage du numérique en santé qui doivent être abordés et traités.

La recherche quantique, une stratégie ?

Il faudrait une stratégie africaine de développement du numérique en santé et de l’IA dont les lignes directives seraient communes à tous les États. Une stratégie qui serait dirigée par une structure de recherche quantique africaine doté d’un fonds de roulement, qui permettrait aux pays d’établir des recommandations ou des bonnes pratiques tirer des retours d’expériences des projets pilotes mis en place dans le cadre du développement du numérique en santé.

Pour apporter une réponse aux défis éthiques liés à la santé numérique et à l’intelligence artificielle, cette structure de recherche du quantique africaine pourra initier des collaborations internationales afin d’établir une norme intercontinentale d’éthique entourant l’utilisation des dispositifs numériques intégrant l’IA. Des protocoles d’éthiques devraient être élaborés et mis en place pour régir l’utilisation sécurisée des données médicales africaines. Cette organisation pourrait mettre en place des rencontres avec diverses parties prenantes pour établir des politiques concernant les pratiques pour assurer la disponibilité, l’intégrité, la sécurité et la confidentialité des données des patients.

Un cloud spécifique

Selon une étude de Uptime Institute Awards de 2018, l’Afrique ne compte que 1,3 % des datacenters mondiaux, soit 80 au total. Mais ce chiffre paraît dépassé à cette date car une dizaine d’États se sont dotés d’un plan national ambitieux lié à la construction des centres de données. Un secteur en pleine croissance sur le continent qui se justifie par le développement de la capacité en infrastructures réseaux haut débit ainsi que la volonté des pays africains de mettre en place des stratégies de développement numérique.

Nous pourrons donc espérer avoir un cloud spécifique dédié au cadre médical afin de pouvoir héberger, sécuriser, traiter et partager les données qui seront générées à travers des dispositifs de santé numérique. Le but étant d’améliorer la recherche scientifique afin d’apporter des réponses efficaces à certaines maladies difficiles et rares.

En plus de l’augmentation des infrastructures de téléphonie mobile, l’Afrique est dotée en partie d’une grande communauté de patients intellectuellement compétents. En ce sens, le déploiement des outils de santé numérique intégrant les algorithmes d’intelligence artificielle s’avère être particulièrement bénéfique pour ces systèmes de santé. Il offrira la possibilité de sauver des vies et de jouer un rôle crucial dans le transfert international d’un socle de connaissances et de compétences innovantes en matière de santé numérique.

Avec Jeune Afrique

Laure Beyala

Par Laure Beyala

Ingénieure de l’École d’ingénieur en génie électrique (Esigelec), fondatrice de la plateforme E-santé Expertise en charge du développement de la santé numérique en Afrique, Young Leader 2021 de la French African Foundation et experte en santé numérique et action innovante au sein de la Commission européenne. Elle est aussi l’autrice de deux ouvrages scientifiques en santé numérique parus chez Iste Éditions : « La Thérapie numérique, le nouvel âge de la santé » (2022) ; « Les Objets connectés en santé : risques, usages et perspectives » (2018).

Sénégal: l’opposant Sonko appelle à manifester « massivement » à l’approche d’un verdict

mai 30, 2023
Senegal: l'opposant Sonko appelle a manifester "massivement" a l'approche d'un verdict
Sénégal: l’opposant Sonko appelle à manifester « massivement » à l’approche d’un verdict© AFP/MUHAMADOU BITTAYE

L’opposant Ousmane Sonko appelle les Sénégalais à se lever « comme un seul homme » contre le pouvoir à l’approche d’un verdict capital contre lui dans une affaire de viols qui subjugue l’opinion en vue de la présidentielle et sème à nouveau la violence à Dakar.

« J’appelle tous les Sénégalais à sortir massivement », a déclaré dans la nuit de lundi à mardi sur les réseaux sociaux M. Sonko. Il s’est dit « séquestré » chez lui par les forces de sécurité après avoir été interpellé dimanche et ramené dans la capitale.

« Que tout le monde se lève comme un seul homme parce que force doit rester au peuple », a-t-il renchéri. M. Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 mais menacé d’inéligibilité, adversaire le plus rétif du président Macky Sall, a exhorté à un « mouvement de résistance national » face aux tentatives de ce dernier d’instaurer un régime dictatorial selon lui.

Depuis dimanche, un déploiement policier massif bloque les rues donnant accès à sa maison. Des groupes de jeunes et les forces de sécurité se sont affrontés à coups de pierres et de gaz lacrymogènes lundi dans des quartiers voisins et autour de l’un des principaux axes traversant la métropole.

Des jeunes ont attaqué les maisons de collaborateurs du président, ont incendié des véhicules et des bus et détruit du matériel urbain, ont rapporté les médias.

C’est un énième accès de fièvre autour de M. Sonko, et la tension menace d’augmenter encore d’ici à jeudi.

Une chambre criminelle de Dakar devrait dire ce jour-là, sauf report, si elle déclare M. Sonko coupable ou non de viols commis entre 2020 et 2021 sur une masseuse d’un salon de beauté de la capitale, et de menaces de mort.

Le procureur a requis contre le troisième de la présidentielle de 2019 et président du parti Pastef dix ans de réclusion criminelle pour viols, ou au minimum cinq ans de prison pour « corruption de la jeunesse ».

Le viol, criminalisé depuis 2020, est passible de dix à 20 ans de prison.

L’enjeu est autant criminel que politique. M. Sonko, 48 ans, risque de perdre son éligibilité, déjà compromise par une récente condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre.

Il n’a cessé de protester de son innocence et de crier au complot ourdi par le président, qui s’en défend.

Depuis la plainte d’Adji Sarr, employée du salon Sweet Beauté, en février 2021, M. Sonko est engagé dans ce que certains appellent un Mortal Kombat, du nom d’un jeu vidéo, pour sa survie judiciaire et politique et contre M. Sall.

« Au nom de quoi… »

Une vingtaine de civils ont été tués dans des troubles largement liés à sa situation. Le pouvoir et le camp de M. Sonko se rejettent la faute.

M. Sonko accuse le pouvoir de vouloir l’éliminer politiquement et de réprimer la contestation. Le camp présidentiel accuse M. Sonko de se servir de la rue pour une affaire privée, et d’inciter à l’insurrection.

Les autorités ont fait état de trois morts à Dakar et ailleurs dans des violences liées à la tenue de son procès.

M. Sonko a décidé de ne pas comparaître, disant craindre pour sa sécurité et remettant en cause l’impartialité d’une justice instrumentalisée selon lui. Une condamnation par contumace pourrait signifier la déchéance de ses droits électoraux.

Retranché à Ziguinchor (sud), ville dont il est maire, protégé d’une éventuelle arrestation par des barrages de jeunes partisans déterminés, il a décidé de rentrer vendredi à Dakar et de faire une démonstration de sa popularité.

Le cortège a drainé des foules de jeunes. Mais il a aussi donné lieu à de nouvelles confrontations avec les gendarmes.

Les autorités, invoquant la mort d’un homme et le trouble à l’ordre public, l’ont finalement fait interpeller dimanche et reconduire chez lui par les gendarmes.

M. Sonko a assuré dans la nuit qu’il avait décidé de toute façon de rentrer, son objectif ayant été « largement atteint », et pour protéger son équipe, susceptible d’être « décimée ».

« Une fois à Dakar, j’ai été séquestré », a-t-il dit. « Au nom de quoi, dans un pays qui se dit démocratique, on peut séquestrer un citoyen qui n’a de tort que d’être un opposant ferme et farouche au régime (du président) Macky Sall, sans aucun sous-bassement judiciaire », a-t-il demandé.

La plainte d’Adji Sarr a passagèrement mis la question du viol sur une place publique où elle est volontiers passée sous silence. La plaignante a été attaquée et menacée sur les réseaux sociaux. Mais elle a toujours réclamé justice et maintenu ses accusations au procès.

Par Le Point.fr avec Dakar (AFP) –

Turquie : victoire sans surprise d’Erdogan, réélu président

mai 28, 2023

Le second tour de la présidentielle a confirmé la tendance du premier scrutin. Recep Tayyip Erdogan est réélu avec une marge confortable sur Kemal Kiliçdaroglu. 

Recep Tayyip Erdogan a ete reelu president de la Turquie, dimanche 28 mai.
Recep Tayyip Erdogan a été réélu président de la Turquie, dimanche 28 mai.© MEHMET ESER / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Cette fois, il n’y a pas vraiment eu de suspense. Il y a deux semaines, Recep Tayyip Erdogan avait dû attendre 1 heure du matin pour apparaître devant ses partisans. Dimanche, à l’issue du second tour de la présidentielle, il a pu célébrer sa victoire à 20 heures, avant la tombée de la nuit, poussant la chansonnette, perché sur le toit d’un bus. Une foule de supporters agitait des drapeaux turcs et se massait dans l’enceinte de son palais, sur les hauteurs d’Ankara. « Bye bye Monsieur Kemal » a-t-il lancé. 

L’écart en faveur du président sortant, après le premier tour de cette élection, s’est avéré impossible à combler pour son adversaire, Kemal Kiliçdaroglu. Les résultats du 14 mai n’ont guère évolué ce dimanche et Recep Tayyip Erdogan maintient une avance d’environ 2,5 millions de voix. Il arrive en tête dans plus de 50 provinces sur 82. Il obtient 52 %, contre près de 48 % à son adversaire.

Les mains libres jusqu’en 2028

Les votes qui étaient allés en faveur de Sinan Ogan, le candidat ultranationaliste du premier tour, se sont dispersés entre les deux prétendants, sans jouer de rôle décisif. Le principal opposant à Erdogan avait pourtant durci son discours dans l’entre-deux tours contre les migrants syriens, promettant de les renvoyer dans leur pays dans les deux mois qui suivraient son élection. Mais dans ces deux semaines de campagne de second tour, l’opposition aura eu du mal à faire abstraction de ses divisions et de l’incohérence de son projet. En face, Erdogan a rassuré et s’est montré sûr de lui.

Le taux de participation, d’environ 85 % sur le plan national, est en recul de trois à six points selon les régions, celles de l’Est, à majorité kurde, étant celles qui se sont le plus abstenues. Quelques voix qui, au final, manquent à l’opposition. 

Cette élection confirme la totale maîtrise du processus électoral par Erdogan, malgré un contexte défavorable. Ni la profonde crise économique vécue par les foyers turcs, ni les effets de la catastrophe sismique de février, n’ont empêché le « reis » de remporter une nouvelle victoire, tout en préservant l’apparence d’une élection démocratique.

« Nous avons ouvert les portes du Siècle turc (…) Personne ne peut regarder notre nation de haut », a déclaré Erdogan. Il a désormais les mains libres pour gouverner jusqu’en 2028. Et pour remporter de nouvelles élections. « Demain, c’est 2024. Etes-vous prêts à remporter les élections locales à Istanbul ? », a lancé le président à ses troupes. Ils sont prêts.

Macron félicite Erdogan

Dans la soirée, Emmanuel Macron a félicité Recep Tayyip Erdogan pour sa réélection, estimant que « la France et la Turquie ont d’immenses défis à relever ensemble ». Parmi ces « défis », le président français cite, sur Twitter, le « retour de la paix en Europe, l’avenir de notre Alliance euro-atlantique, la mer Méditerranée ». « Avec le président Erdogan, que je félicite, nous continuerons à avancer », a ajouté le chef de l’Etat.

La France et la Turquie ont d’immenses défis à relever ensemble. Retour de la paix en Europe, avenir de notre Alliance euro-atlantique, mer Méditerranée. Avec le Président Erdogan, que je félicite pour sa réélection, nous continuerons à avancer.— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 28, 2023

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également adressé ses félicitations à Recep Tayyip Erdogan, espérant un « renforcement » des liens entre leurs deux pays et de leur « coopération pour la sécurité et la stabilité » en Europe. Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussi dit espérer que la réélection de M. Erdogan donnerait « un nouvel élan » aux relations entre les deux pays pour « faire avancer leur agenda commun ».

« J’ai hâte de continuer à travailler ensemble en tant qu’alliés au sein de l’Otan sur des questions bilatérales et des défis mondiaux », a pour sa part tweeté Joe Biden. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui aussi dit sa « hâte de poursuivre l’étroite collaboration entre nos pays, qu’il s’agisse de développer le commerce ou de faire face aux menaces en matière de sécurité en tant qu’alliés au sein de l’Otan ».

L’opposant turc Kemal Kiliçdaroglu, défait à l’issue de ce second tour, a quant à lui exprimé sa « tristesse » pour l’avenir de la Turquie. « Je suis profondément triste face aux difficultés qui attendent le pays », a-t-il déclaré depuis le siège de son parti à Ankara.

Avec Le Point par Guillaume Perrier

« La Biélorussie n’a plus de souveraineté stratégique »

mai 26, 2023

Frontalier avec la Russie, l’Ukraine, la Pologne et la Lituanie, ce pays de 9 millions d’habitants est devenu la base arrière de son imposant voisin, accueillant désormais des armes nucléaires russes.

Le president bielorusse Loukachenko, a Minsk, en 2010
Le président biélorusse Loukachenko, à Minsk, en 2010© Sergei Supinsky/AFP

Annoncé le 25 mars dernier, le transfert d’armes nucléaires tactiques russes vers la Biélorussie a commencé jeudi 25 mai, selon Alexandre Loukachenko, président depuis près de trente ans de cette ancienne république soviétique, seule alliée du Kremlin sur le continent européen. Un entrepôt spécial destiné à ces armes à la portée limitée, mais néanmoins dangereuses, est également en cours de construction dans le pays, et devrait être achevé d’ici à juillet. Frontalière avec la Russie, l’Ukraine, la Pologne et la Lituanie, la Biélorussie apparaît ainsi, une fois de plus, prise au piège de sa relation avec Moscou, avec qui elle a conclu un accord d’intégration poussé.

Car si le président biélorusse a beau présenter le retour de l’arme nucléaire sur sa terre comme une garantie de sécurité face aux Américains, qui ont disposé les leurs en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Turquie et Italie, « ce ne seront pas les Biélorusses qui contrôleront ces armes, mais bien les Russes, à qui le pays prête son territoire », explique la chercheuse à l’université Bordeaux-Montaigne Olga Gille-Belova.

Réticence historique vis-à-vis du nucléaire

Le transfert d’armes nucléaires sur le territoire biélorusse apparaît plus symbolique que stratégique, selon la chercheuse, pour qui la Russie n’a pas réellement besoin de placer ces armes en Biélorussie pour toucher ses cibles. « Il s’agit surtout d’une rhétorique et d’une façon de riposter face aux menaces de livraison d’armes en uranium appauvri à Kiev, explique-t-elle. Ce transfert a donc plus de sens dans le cadre de l’escalade entre la Russie et l’Otan qu’en réponse à des enjeux réellement biélorusses. »

Historiquement réticente au nucléaire – l’explosion de la centrale de Tchernobyl, située à 400 km de Minsk, a contaminé 23 % du pays –, la population biélorusse serait opposée à la venue d’armes nucléaires, selon un sondage opéré par le cercle de réflexions britannique Chatham House. Après la chute de l’URSS, le pays avait ainsi restitué ses armes à la Russie et signé les accords de non-prolifération conclus dans les années 1990, en plus d’inscrire sa neutralité en matière nucléaire dans sa Constitution.

Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, le discours a changé et la marge de manœuvre des autorités apparaît particulièrement ténue, voire inexistante. La Constitution a ainsi été modifiée quelques jours à peine après l’entrée des troupes russes en Ukraine pour supprimer l’article faisant du pays une « zone sans nucléaire ».

Élections truquées

Si le pays reste officiellement non-belligérant dans le conflit, il sert, de fait, de base arrière à la Russie, à qui il a prêté son territoire pour lancer l’invasion de l’Ukraine, en février 2022. Des milliers de soldats russes, des équipements et des camps d’entraînement militaires y sont, en outre, toujours déployés, et l’armée biélorusse a participé à des manœuvres défensives avec la Russie, organisées sur son territoire en janvier.

L’arrivée d’ogives nucléaires marque une étape de plus dans ce processus de vassalisation, avec lequel le président Loukachenko louvoyait depuis des années, alternant rapprochement avec Moscou et main tendue aux Occidentaux. Mais le contexte a changé : confronté à des manifestations massives en 2020 après la tenue d’élections truquées, celui qui est considéré par Washington comme le « dernier autocrate d’Europe » a pu compter sur le soutien de la Russie, et il doit maintenant en payer le prix.

Déjà extrêmement liée à la Russie pour sa fourniture de pétrole et de gaz, la Biélorussie a ainsi vu sa dépendance économique envers Moscou renforcée par les sanctions prises contre la sanglante répression du mouvement de contestation de 2020. Le pays dépend en sus de la Russie pour l’export de ses produits manufacturés, comme ses tracteurs, inadaptés au marché occidental. Un nouveau prêt a enfin été conclu en décembre dernier par la Biélorussie auprès de la Russie.

« Les otages des ambitions impériales russes »

Si cela devient particulièrement perceptible depuis le début du conflit, « la Biélorussie n’a, en fait, plus de souveraineté stratégique depuis 2020, souligne Olga Gille-Belova. La guerre en Ukraine a complètement exacerbé ce processus, mais concrètement, Alexandre Loukanchenko avait déjà renoncé à sa marge de manœuvre depuis plusieurs années en échange de son maintien au pouvoir, quand Vladimir Poutine l’a soutenu face aux protestations. »

Le pays compte ainsi 1 516 prisonniers politiques pour 9 millions d’habitants, selon l’ONG Viasna, et la situation est encore accentuée par son isolement sur la scène internationale, qui coupe complètement l’opposition en exil de la population. Depuis la Lituanie, l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, condamnée par contumace à 15 ans de prison en mars, s’est néanmoins insurgée contre le transfert des armes nucléaires dans un long texte sur Twitter.

« Aujourd’hui, le régime biélorusse a signé un accord avec la Russie sur le déploiement des armes nucléaires. Non seulement cela mettrait en danger la vie des Biélorusses, mais cela créerait une nouvelle menace contre l’Ukraine et toute l’Europe, a-t-elle fustigé. Cela fera des Biélorusses les otages des ambitions impériales russes », écrit-elle.

Avec Le Point par Lou Roméo