Face à Atiku Abubakar du PDP et à l’outsider Peter Obi, le représentant du parti au pouvoir s’impose dès le premier tour dans un scrutin contesté par l’opposition. Il doit succéder à Muhammadu Buhari à la tête d’un pays à l’économie chancelante.
Le candidat du All Progressives Congress (APC, au pouvoir), Bola Tinubu a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle au Nigeria, ce mercredi 1er mars, à l’issue d’un scrutin contesté par l’opposition qui avait fait naître un immense espoir de changement dans le pays.
Selon la Commission électorale (Inec), Bola Tinubu a cumulé plus de 8,8 millions de voix, remportant l’une des élections les plus disputées de l’histoire démocratique du Nigeria, face à ses deux principaux concurrents.
« Faire équipe »
Atiku Abubakar, le candidat de la principale formation de l’opposition (le People’s Democratic Party – PDP – qui dirigea le pays de 1999 à 2015), a recueilli 6,9 millions de voix.
L’outsider Peter Obi du Labour Party (LP), dont la popularité auprès de la jeunesse a donné un nouvel élan à cette campagne, a remporté 6,1 millions de voix.
« J’appelle mes concurrents à ce que nous fassions équipe. C’est la seule nation que nous ayons », a lancé Bola Tinubu à l’intention de l’opposition qui l’avait accusé de fraudes « massives » avant même la proclamation des résultats. « C’est un pays que nous devons contruire ensemble, en recoller les morceaux brisés. Nous devons travailler dans l’unité », a-t-il dit.
Influence politique
À 70 ans, l’ancien gouverneur de Lagos (Sud-Ouest), surnommé « le parrain » à cause de son immense influence politique, accède à la plus haute marche du pouvoir, l’ambition de toute une vie : « c’est mon tour », n’avait-il de cesse de répéter durant la campagne.
Il hérite d’une myriade de problèmes. Pendant quatre ans, il aura la lourde tâche de redresser le géant anglophone, plombé par une économie en berne, les violences récurrentes de groupes armés et de bandits, ainsi qu’un appauvrissement généralisé de la population.
Longtemps donné grand favori dans cette élection, notamment grâce à l’assise nationale du parti au pouvoir et à sa fortune, ce Yoruba de confession musulmane a pourtant vu son avance se réduire au fur et à mesure de la campagne.
D’abord parce que la personne de Peter Obi, un ancien gouverneur de 61 ans loué pour son intégrité, a largement séduit une jeunesse avide de changement, lasse de l’élite vieillissante et réputée corrompue qui la gouverne.
Ensuite parce que plusieurs semaines avant le scrutin de très graves pénuries de billets de banque et d’essence ont aggravé la colère déjà grande des Nigérians contre le pouvoir, au bilan désastreux, entre explosion de l’insécurité et du coût de la vie.
La compagnie aérienne entend cesser ses liaisons avec Lagos et Abuja à partir du 1er septembre. Plus de 85 millions de dollars gagnés dans le pays y sont en effet bloqués depuis plusieurs mois.
Cette décision intervient à peine trois mois après que la compagnie nationale des Émirats arabes unis a promis d’augmenter le nombre de ses vols nigérians de 12 à 22 par semaine.
« Circonstances hors de contrôle »
« Emirates a pris la décision difficile de suspendre tous les vols au départ et à destination du Nigeria, à compter du 1er septembre 2022, afin de limiter les pertes et l’impact sur ses coûts opérationnels, qui continuent de s’accumuler. Nous regrettons sincèrement les désagréments causés à nos clients, cependant, les circonstances sont hors de notre contrôle à ce stade », a déclaré la compagnie dans un communiqué.
L’Association du transport aérien international avait révélé en juin que les compagnies aériennes étrangères n’avaient pas été en mesure de rapatrier 450 millions de dollars environ du Nigeria. Un chiffre passé à 500 millions de dollars depuis, selon les médias locaux, sur fond de pénurie croissante de devises.
Les billets d’avion étant vendus en nairas, les compagnies aériennes étrangères convertissent généralement ceux-ci en dollars puis les rapatrient dans leur pays d’origine. Cependant, la rareté des devises a rendu cette opération pratiquement impossible.
Par Jeune Afrique – Avec Eniola Akinkuotu, The Africa Report
En annonçant le retour du pavillon national au moment où les compagnies aériennes locales sont en proie à une crise existentielle, le gouvernement nigérian suscite critiques et incompréhensions.
Le 13 juillet, un Boeing 777 de la compagnie privée nigériane Air Peace s’est envolé vers Guangzhou avec 240 passagers à bord. La destination chinoise, désormais proposée sur une base hebdomadaire, porte à trois le nombre de liaisons long-courrier de la compagnie, avec Dubaï et Johannesburg. Forte de plus de trente appareils, Air Peace dessert en outre de vingt lignes intérieures et sept lignes régionales.
Après la Chine viendront l’Inde et Israël, prévient Oluwatoyin Olajide, directeur des opérations de la compagnie fondée il y a tout juste huit ans, et qui prévoit aussi de desservir Malabo en Guinée équatoriale et à Kinshasa en RDC.
Mais, alors que l’entreprise accélère, challengée par de nouveaux entrants comme Ibom Air (2019) et Green Africa Airways (2021), le gouvernement nigérian s’active à la relance de la défunte compagnie nationale, Nigeria Air. Le ministre de l’Aviation, Hadi Sirika, a ainsi déclaré à la fin de juillet que le Conseil exécutif fédéral (FEC) avait autorisé la location de trois avions dans ce but, d’abord sur des vols intérieurs, « puis internationaux, régionaux et intercontinentaux ».
Mauvais timing
L’annonce a de quoi soulever des critiques, alors que Nigeria Air a eu du mal à gérer ses finances par le passé, que de nombreuses compagnies aériennes nigérianes privées disposent déjà de flottes importantes, que le pays est aux prises avec une dette croissante et que les prix du kérosène s’envolent.
« Le moment est particulièrement mal choisi pour lancer un transporteur national », souligne Sindy Foster, associée principale du cabinet Avaero Capital Partners, qui craint qu’un nouveau pavillon soutenu par l’État porte préjudice aux compagnies déjà actives dans le pays. « Le gouvernement ne risque-t-il pas de flécher ses aides financières vers le transporteur dans lequel il détient une participation [de 5 %, selon Hadi Sirika] ? », se demande-t-elle.
Jusque-là, les compagnies aériennes nigérianes ont en effet pu compter sur le soutien d’Abuja, que ce soit pour le lancement de nouvelles routes, l’acquisition d’avions ou l’exploitation de vols charters vers différents pays du monde, reconnaît ainsi Stanley Olisa, responsable de la communication d’Air Peace.
Kérosène et devises
« On nous annonce une compagnie avec trois avions. Mais au lieu de renforcer les capacités, il y a tout lieu de craindre que ce transporteur cause le retrait de dix avions du marché nigérian en portant un coup fatal à d’autres compagnies, dont trois sont actuellement sur la corde raide », assure Sindy Foster citant notamment la suspension temporaire (volontaire) des services passagers réguliers d’Aero Contractors, la plus ancienne compagnie aérienne du Nigeria et la suspension réglementaire de Dana Air.
Les pénuries et le coût élevé du carburant ont entraîné une hausse du coût des voyages, « qui se traduira par une baisse du nombre de passagers », prévient l’experte. En février, les compagnies aériennes du pays, sous l’égide de l’Airline Operators of Nigeria (AON), ont doublé les tarifs aériens pour faire face à l’augmentation du prix du carburant d’aviation, passé de 200 nairas le litre en décembre 2021 à 800 nairas actuellement (de 0,43 à 1,88 euro le litre).
Quant à la disponibilité des devises, c’est un problème récurrent au Nigeria pour l’industrie de l’aviation, qui paie une grande partie de ses dépenses en dollars (carburant, avions…). En août de l’année dernière, les compagnies aériennes, par l’intermédiaire de l’Association internationale du transport aérien (Iata), se sont plaintes des difficultés qu’elles rencontraient pour rapatrier plus de 143 millions de dollars de recettes réalisées au Nigeria.
Il y a quelques jours, Emirates a annoncé la réduction à compter du 15 août de ses vols entre Dubaï et le Nigeria, qui passeront de onze à sept rotations hebdomadaires, en raison de son incapacité à rapatrier quelque 85 millions de dollars.
« C’est à croire que la Banque centrale du Nigeria travaille contre l’intérêt de l’industrie », soupire Sindy Foster, qui prévient que ces problèmes, « s’ils ne sont pas résolus, paralyseront le secteur de l’aviation au Nigeria », transporteur national compris. Et de conclure : « Changer les acteurs ne change pas la donne. »
Avec Jeune Afrique par Temitayo Lawal – avec Nelly Fualdes
Peut-être les hommes du Nigeria devront-ils éviter bientôt de participer à des bals costumés déguisés en Mami Wata. Une proposition parlementaire vise à criminaliser le travestissement défini comme « la pratique consistant à porter des vêtements habituellement portés par une personne du sexe opposé ». Si la proposition de loi était adoptée, toute personne reconnue coupable de ce comportement vestimentaire pourrait se voir infligée une peine de six mois de prison ou une amende de 1 200 dollars (1 173 euros)…
Bien évidemment, le projet cerne moins les amateurs de la chanson « Au bal masqué » de la Compagnie créole que les individus non binaires – qui ne se reconnaissent pas dans l’alternative de genre homme/femme –, les queers ou les personnes à quelque étape que ce soit d’un changement de sexe. Il s’agit de renforcer la loi sur l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe (SSMPA) signée par Goodluck Jonathan en 2014. Celle-ci interdit déjà aux partenaires de même sexe de vivre ensemble ou toute « démonstration publique de relation amoureuse entre personnes de même sexe ».
Transphobie
Que le nouvel article sur le travestissement entre ou pas en vigueur, son actualité traduit la volonté de tisser toujours plus la toile de la criminalisation de la communauté LGBTQ+ du Nigeria.
Brandissant des versets de textes saints, les partisans du durcissement affirment vouloir protéger les valeurs familiales – porter des vêtements d’un autre sexe inspirant potentiellement les relations homosexuelles honnies –, l’humanité tout entière, voire la civilisation dans son ensemble. Et d’affirmer que ces valeurs morales seraient indiscutablement dominantes dans la société nigériane.
Dominantes ou pas, les opinions homophobes et transphobes les moins nuancées pullulent sur les réseaux sociaux. Les militants des causes LGBTQ+ entendent tirer la sonnette d’alarme au niveau de la communauté internationale. Et comme l’humour est une clef de la dédramatisation et un ressort de la viralité numérique, la personnalité travestie Bobrisky a tweeté que la modification de la loi contribuerait certainement à résoudre les problèmes de sécurité, les pénuries d’électricité et l’inflation…
Une exception serait-elle de nature à confirmer la règle ? L’amendement potentiel sur le travestissement pourrait comporter une exemption accordée aux artistes. Un comédien pourrait donc interpréter une adaptation africaine du rôle de Madame Doubtfire où un homme se fait passer pour une gouvernante. De même, une actrice pourrait endosser le rôle de Yentl, cette jeune fille qui se travestit en garçon, dans le but de fréquenter une école réservée aux hommes. Enfin, la créativité de spectacles dits “de cabaret” ou à caractère humoristique pourrait être moins brimée.
Il reste à définir précisément quel accessoire de mode est exclusivement masculin et quel autre féminin…
Soucieux de respecter les équilibre régionaux, le candidat du parti au pouvoir APC a désigné Kashim Shettima, gouverneur de l’État de Borno, au nord. Mais il rompt les codes en désignant un musulman, comme lui, dans la course à la présidence.
Bola Tinubu, candidat du parti au pouvoir, le All Progressives Congress (APC) a révélé le nom de son colistier dans la course à la magistrature suprême : il s’agit du sénateur Kashim Shettima. Un choix à la fois logique et osé : logique parce que M. Shettima, 55 ans, est originaire de l’État de Borno, ce qui équilibre le duo en termes d’âge et de représentativité géographique. Osé, parce qu’ils sont tous les deux musulmans : Bola Tinubu rompt ainsi avec une pratique de longue date selon laquelle les candidats à la présidence choisissent des colistiers de religion différente dans le but de favoriser l’unité nationale.
« Il est compétent, capable et fiable », s’est justifié l’ancien gouverneur de Lagos après avoir rencontré le président Muhammadu Buhari dans l’État de Katsina (nord), où ce dernier est allé célébrer la fête de la Tabaski.
Règle non écrite
Son concurrent, l’ancien vice-président Atiku Abubakar, candidat du People’s Democratic Party (PDP, opposition) n’a lui, pas dérogé à la norme : musulman originaire de l’Adamawa (nord), il a choisi un gouverneur chrétien et sudiste, Ifeanyi Arthur Okowa, chef de l’exécutif de l’État du Delta, en guise de colistier. Depuis la fin du régime militaire en 1999, le Nigeria suit une règle non écrite selon laquelle le pouvoir est partagé entre le nord, majoritairement musulman, et le sud, principalement chrétien.
L’insécurité croissante sera un enjeu électoral majeur, notamment celle provoquée par l’insurrection islamiste qui dure depuis dix ans, les attaques et les enlèvements contre rançon perpétrés par des bandes armées, principalement dans le nord-ouest.
Plus de 300 détenus dont une soixantaine de jihadistes se sont échappés mardi soir d’une prison située en banlieue d’Abuja, capitale du Nigeria, après une attaque présumée de Boko Haram, a affirmé mercredi le gouvernement.
Les 64 jihadistes incarcérés dans cet établissement se sont évadés, « plus aucun ne se trouve à l’intérieur », a déclaré mercredi devant la presse le ministre de la Défense, Bashir Magashi, ajoutant qu’il était « très vraisemblable » que des combattants de Boko Haram aient mené l’attaque .
Des commandants d’Ansaru, un groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda, dont le chef Khalid Barnawi, étaient détenus dans ce centre pénitentiaire de moyenne sécurité de Kuje, depuis leur condamnation en 2017.
Des habitants de la région ont rapporté avoir entendu mardi soir de fortes explosions et des tirs près de la prison.
« On a entendu des coups de feu dans ma rue. On pensait que c’était des voleurs armés », a affirmé un habitant. « La première explosion est survenue après les coups de feu. Puis il y en a eu une deuxième et une troisième ».
Le président Muhammadu Buhari s’est rendu sur place mercredi après-midi, où les débris calcinés d’un bus et de plusieurs voitures semblaient comme figés devant une partie détruite de la prison.
« Pour l’instant, nous avons récupéré environ 300 (détenus) sur les quelque 600 qui sont sortis des cellules de la prison », a précisé un responsable du ministère de l’Intérieur, Shuaibu Belgore. Certains détenus se sont rendus tandis que d’autres ont été recapturés, a-t-il précisé.
Un agent de sécurité a été tué dans l’attaque, a affirmé le porte-parole des services pénitentiaires, Abubakar Umar.
Les responsables de la prison tentent toujours de déterminer le nombre exact de détenus manquant à l’appel, selon M. Umar.
Dans la matinée, les forces de sécurité ont ramené à la prison, dans une camionnette noire, une vingtaine de détenus recapturés, a constaté sur place un correspondant de l’AFP.
L’ancien haut responsable de la police, Abba Kyari, détenu au Centre pénitentiaire de Kuje dans l’attente de son procès pour trafic de drogue, est toujours en détention, a-t-il ajouté.
Embuscade
Les forces de sécurité du Nigeria combattent les jihadistes de Boko Haram et ceux du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) dans le nord-est du pays, où un conflit vieux de 13 ans a fait 40.000 morts et 2,2 millions de déplacés.
L’armée est également déployée pour lutter contre des bandes criminelles lourdement armées, appelées localement « les bandits », qui terrorisent le nord-ouest et le centre, attaquant les villages et procédant à des kidnapping de masse.
Quelques heures avant l’attaque du la prison de Kuje, des hommes armés ont également tendu une embuscade à un détachement d’agents de sécurité du président Muhammadu Buhari – qui n’était pas dans le convoi -, près de sa ville natale où il doit se rendre ce weekend dans l’Etat de Katsina (nord-ouest).
Deux agents ont été légèrement blessés dans l’attaque et l’identité des auteurs reste pour l’heure inconnue. « Les assaillants ont ouvert le feu sur le convoi (…) mais ont été repoussés par des militaires, la police et les agents du DSS », a déclaré la présidence.
Cette embuscade illustre une nouvelle fois l’insécurité quasi-généralisée dans le pays le plus peuplé d’Afrique (215 millions d’habitants).
Au Nigeria, les prisons, souvent surpeuplées et gardées par des membres des forces de sécurité débordés, sont la cible de fréquentes attaques.
L’année dernière, plus de 1.800 détenus s’étaient ainsi échappés après que des hommes lourdement armés eurent attaqué à l’explosif une prison du sud-est du pays, en proie à des agitations séparatistes.
Une filiale britannique du géant du négoce a officiellement plaidé coupable de sept chefs d’accusation de corruption dans le cadre d’opérations pétrolières au Cameroun, en Guinée équatoriale, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Soudan du Sud.
Le géant suisse avait jusqu’à ce mardi 21 juin pour confirmer sa décision, intervenue fin mai. C’est désormais chose faite.
Et la déclaration est intervenue devant la Southwark Crown Court à Londres : plus de 28 millions de dollars de pots-de-vin auraient été versés par Glencore Energy pour obtenir un accès préférentiel au pétrole et générer des profits illicites entre 2011 et 2016. Selon le Serious Fraud Office (SFO) britannique, l’entreprise sera condamnée le 2 et 3 novembre prochains.
Nombreuses accusations
Depuis ce début d’année, le groupe a déjà été condamné trois fois. En effet, cette nouvelle procédure de « plaider coupable » fait suite à des accusations portées par les autorités américaines, brésiliennes et britanniques. Pour faire face à ces actions en justice, le géant minier a approvisionné quelque 1,5 milliard de dollars.
Le procureur américain du district sud de New York, Damian Williams, a présenté quelques-unes des conclusions de l’enquête américaine : « Glencore a versé plus de 100 millions de dollars en pots-de-vin à des fonctionnaires au Brésil, au Nigeria, en République démocratique du Congo et au Venezuela. Son système de pots-de-vin s’étendait dans le monde entier. Glencore a agi de la sorte afin d’obtenir des contrats pétroliers, pour éviter les audits gouvernementaux, et afin de faire disparaître des procès. Avec cette stratégie la compagnie a gagné des centaines de millions de dollars. Et ils l’ont fait avec l’approbation et même l’encouragement de cadres supérieurs. »
📢YESTERDAY GLENCORE FACED A $1.2 BILLION FINE FOR GLOBAL BRIBERY AND MARKET MANIPULATION. A THREAD 1/12HTTPS://T.CO/970IQJ65EG— SPOTLIGHT ON CORRUPTION (@ENDCORRUPTIONUK) MAY 25, 2022
Fonctionnement illicite en Afrique
Le SFO indique que les dernières accusations comprennent des allégations selon lesquelles Glencore aurait versé plus de 4,9 millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires de la Nigerian National Petroleum Corporation, une entreprise publique nigériane, entre mars 2012 et avril 2014, afin d’obtenir des contrats pétroliers.
Selon la même source, le leader de l’extraction avait versé sous la table plus de 10 millions de dollars à des fonctionnaires de la société pétrolière publique camerounaise, la Société nationale des hydrocarbures et la Société nationale de raffinage, afin d’obtenir l’exclusivité sur des contrats. Plus tôt dans l’année, ce sont des pots-de-vin de 7,4 millions d’euros en Côte d’Ivoire qui ont été pointés du doigt.
« Cette importante enquête, que le Serious Fraud Office a porté devant les tribunaux en moins de trois ans, est le résultat de notre expertise, de notre ténacité et de la force de notre partenariat avec les États-Unis et d’autres juridictions », a déclaré Lisa Osofsky, directrice du SFO à l’issue de l’enquête qui a débuté en 2019.
Le président de Glencore, Kalidas Madhavpeddi, a pour sa part déclaré dans un communiqué que Glencore s’engageait à « agir de manière éthique et responsable dans tous les aspects de son activité ».
ÉLECTION. Retour en cinq points sur le parcours de l’influent ex-gouverneur de Lagos, vainqueur de la primaire du parti au pouvoir pour la présidentielle de 2023.
« Le parrain », « le faiseur de rois », « le boss » : les surnoms ne manquent pas pour désigner Bola Ahmed Tinubu, homme politique nigérian aussi influent que controversé, désigné mercredi candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle de 2023. « Je déclare Bola Ahmed Tinubu comme le candidat présidentiel de notre parti aux prochaines élections de 2023 », a déclaré Atiku Bagudu, responsable de l’élection de la primaire du Congrès des progressistes (APC) organisée à Abuja, la capitale. « Ceux qui ne m’ont pas soutenu, vous n’avez rien à craindre. Je construirai la meilleure nation pour nos enfants », a assuré Bola Ahmed Tinubu après sa victoire.
Ex-gouverneur de Lagos
Ce richissime musulman de 70 ans, ardent défenseur de la démocratie, en exil pendant la dictature militaire des années 1990, a gravi tous les échelons politiques au gré d’accusations de corruption, sans jamais être condamné.
Ancien sénateur puis gouverneur de Lagos, poumon économique du pays le plus peuplé d’Afrique, le chef historique du parti au pouvoir convoite désormais la plus haute marche : devenir président, « l’ambition de toute une vie ». « C’est mon heure, je suis instruit, j’ai de l’expérience. C’est mon tour », a-t-il insisté début juin.
Et en janvier déjà, Bola Ahmed Tinubu glissait devant des journalistes à Abuja : « Je n’ai vu écrit nulle part qu’un faiseur de rois ne peut pas être roi ».
Car cet homme de l’ombre caché sous son chapeau traditionnel yoruba a gardé une influence considérable dans sa région natale du sud-ouest après huit années passées (1999-2007) aux manettes de Lagos, mégalopole de 20 millions d’habitants.
Faiseur de rois
Fin stratège, il a toujours été perçu comme l’homme derrière toutes les nominations politiques dans son fief alors que le clientélisme reste omniprésent au Nigeria, jusqu’à se vanter d’avoir fait élire le président Buhari.
Pour beaucoup, au Nigeria, l’influence du chef historique du Congrès des progressistes (APC) a propulsé M. Buhari président en 2015 et permis sa réélection en 2019. À tort ou à raison, c’est là son plus grand succès qui a accentué son poids sur l’échiquier politique nigérian. D’autant qu’il s’agissait de la première alternance démocratique à la tête du Nigeria, depuis la fin des dictatures militaires et le retour de la démocratie en 1999. En 2015, l’APC a mis fin au règne du Parti démocratique populaire (PDP), au pouvoir depuis 16 ans.
Mais en tant que chef de l’APC, Bola Tinubu est fragilisé par le bilan plus que mitigé du président Buhari, qui termine son deuxième mandat sous le feu des critiques. L’ex-général putschiste n’a pas su enrayer les violences généralisées entre les groupes djihadistes dans le Nord-Est, les bandes criminelles dans le centre et le Nord-Ouest et l’agitation séparatiste dans le Sud-Est.
Sans évoquer le marasme économique et, sur les 220 millions d’habitants, les quelque 80 millions de Nigérians qui vivent encore sous le seuil d’extrême pauvreté. « Le boss » peut donc apparaître comme « appartenant à une vieille classe politique à court d’idées, présent depuis trop longtemps sur la scène politique, ce qui est vu comme une faute », explique Udo Jude Ilo, de l’Open Society Initiative for West Africa (Osiwa).
Surtout après la répression sanglante d’une manifestation pacifique à Lagos en 2020 qui a révélé le fossé entre une jeunesse avide de changement – 60 % des Nigérians ont moins de 25 ans – et une élite âgée, personnifiée par le président (79 ans).
Un personnage controversé
D’autant que Bola Tinubu sera opposé pendant la présidentielle à Atiku Abubakar, ancien vice-président âgé de 75 ans et candidat du PDP, principal parti d’opposition. Et dans une vidéo publiée par la presse locale, M. Tinubu lançait à la jeunesse : « Vous aussi vous vieillirez, vous deviendrez président, mais je serai président d’abord. »
« C’est aussi un personnage controversé à cause des allégations de corruption, même s’il a de nombreux partisans qui le considèrent comme un visionnaire », poursuit M. Jude Ilo.
Après avoir quitté ses fonctions de gouverneur de Lagos, M. Tinubu a été mis en examen pour corruption, blanchiment d’argent et pour avoir plus d’une douzaine de comptes à l’étranger, puis innocenté.
Immense fortune
Sa fortune – dont la source et le montant exacts sont inconnus – fait beaucoup parler : il est considéré comme l’un des hommes les plus riches du pays, ayant des parts dans de nombreuses entreprises, des médias à l’aviation, en passant par les hôtels et l’immobilier.
Le très influent ex-gouverneur de Lagos a remporté mercredi la primaire du parti au pouvoir pour la présidentielle de 2023, où il affrontera un autre vétéran de la politique nigériane, Atiku Abubakar, candidat du principal parti d’opposition.
L’insécurité au cœur de la future campagne
La sécurité sera un enjeu majeur de ce scrutin, le pays étant meurtri quasi quotidiennement par des violences criminelles et djihadistes. Le massacre dimanche de 22 personnes dans une église du sud-ouest du pays, région pourtant relativement épargnée par les violences, en est un cruel rappel. « Aucune force destructrice ne peut ramener le Nigeria en arrière », a assuré Bola Tinubu après sa victoire, saluant le travail des forces de sécurité et les appelant à « poursuivre le combat pour la survie de la nation ».
Alors que la situation en Ukraine a rendu incertains les approvisionnements énergétiques du Vieux Continent, le projet de gazoduc entre le Nigeria et le Maroc obtient un soutien de poids.
La construction du futur gazoduc qui doit relier l’Afrique à l’Europe a franchi une nouvelle étape mercredi 1er juin. Le Nigeria a en effet donné le feu vert à sa compagnie pétrolière publique NNPC pour signer un protocole d’accord avec l’organisation régionale ouest-africaine Cedeao dans le cadre du projet de construction du gazoduc avec le Maroc. Une décision qui intervient alors que l’approvisionnement de l’Europe en gaz africain gagne en importance, la guerre en Ukraine laissant peser des incertitudes sur les exportations énergétiques russes. L’Algérie a déjà accepté d’augmenter son approvisionnement vers l’Italie.
Le Nigeria et le Maroc ont signé une joint-venture en 2016 pour la construction d’un gazoduc qui acheminera le gaz à travers quinze pays d’Afrique de l’Ouest et, via le Maroc, vers l’Espagne et l’Europe, a déclaré le ministre nigérian du Pétrole, Timipre Sylva, lors d’une réunion du cabinet à Abuja tout en présentant la demande d’approbation.
Recherche d’investisseurs
« Nous en sommes encore au stade de la conception technique préliminaire », a encore déclaré M. Sylva, à la suite de quoi le coût et le financement du gazoduc seront déterminés. Le ministre n’a pas précisé quand la construction commencerait ni quand elle serait achevée. La Banque islamique de développement (BID) a apporté son soutien à deux nouveaux contrats autour de ce projet. L’institution, dont le siège est en Arabie saoudite, avait déjà engagé 15,5 millions de dollars pour des études de conception technique préliminaires, à la mi-2021.
Pour l’heure, aucun investisseur sur le projet n’a été officiellement annoncé, bien que Timipre Sylva ait affirmé début mai que « beaucoup de personnes manifest[ai]ent leur intérêt ».
L’an dernier, le Nigeria et le Maroc ont déclaré que l’oléoduc aurait une longueur de 5 660 km et que la construction se ferait par étapes, sur vingt-cinq ans. De plus, des études de faisabilité ont été engagées en vue de construire le gazoduc à la fois sur terre et en mer. Le Nigeria, membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dispose d’énormes réserves en gaz, les premières en Afrique et les septièmes au niveau mondial. Présenté comme propice à l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest, le projet viendrait également s’ajouter au réseau de gazoducs existants qui approvisionnent l’Europe via la mer Méditerranée.
L’opposant a été désigné candidat du PDP pour la présidentielle prévue en février 2023. Le parti au pouvoir a lui reporté d’une semaine sa primaire pour la course à la succession de Buhari.
« Aujourd’hui nous écrivons l’histoire, une histoire qui, nous le croyons, va apporter des changements fondamentaux », a déclaré Atiku Abubakar à ses partisans réunis à Abuja, où le vote a été organisé ce 28 mai. À 75 ans, ce musulman du nord du pays a été désigné à l’issue d’une primaire du Parti démocratique populaire (PDP) et tentera pour la sixième fois de se faire élire président du pays le plus peuplé d’Afrique.
Le Congrès des progressistes (APC), au pouvoir, tiendra quant à lui sa primaire du 6 au 8 juin pour choisir un candidat devant succéder au président Muhammadu Buhari, qui a annoncé ne pas se représenter après ses deux mandats.
Divisions Nord – Sud
Pour tenter de concilier ce pays extrêmement divisé entre un Nord musulman et un Sud chrétien, et où vivent près de 250 ethnies, une règle tacite prévoit une rotation de la présidence tous les deux mandats entre les candidats du Nord et du Sud. Or, M. Abubakar, ancien chef des douanes et vice-président (1999-2007), est originaire du Nord, tout comme le président Buhari, contrairement à la plupart des principaux candidats de l’APC, originaires du sud.
La sécurité sera un enjeu majeur de l’élection de février 2023 car le pays est en proie à une insécurité généralisée. L’armée nigériane est déployée sur de multiples fronts, notamment dans le nord-est, théâtre d’une insurrection jihadiste depuis plus de 10 ans et dans le nord-ouest où des bandes criminelles pillent, kidnappent et tuent les habitants.
La cherté de la vie, un enjeu du scrutin
Depuis son retour à un régime civil en 1999, après une dictature militaire, le Nigeria a organisé six élections nationales qui ont souvent été entachées de fraudes, de difficultés techniques, de violences et de contestations juridiques. La plus grande économie d’Afrique, affaiblie par l’impact de la pandémie de Covid-19, subit désormais les retombées de la guerre en Ukraine, qui ont fait grimper les prix des carburants et des denrées alimentaires sur tout le continent.
Au moins 31 personnes ont été tuées samedi lors d’une bousculade survenue dans le sud du Nigeria durant une distribution de nourriture organisée par une Eglise, a déclaré la police. Ces dernières années, le Nigeria a connu plusieurs tragédies lors de bousculades liées à des distributions de nourriture, notamment en 2021 lors d’une opération organisée par une agence humanitaire dans l’Etat du Borno, dans le nord du pays, où sept femmes sont décédées après avoir été piétinées par la foule.