À la suite de manifestations généralisées, la Chine a commencé à assouplir sa politique dite de « zéro Covid », entraînant de nombreuses contaminations.
La Chine a annoncé samedi au moins 60 000 décès dans les hôpitaux en lien avec la pandémie de Covid-19, depuis la levée des restrictions sanitaires dans le pays il y a un mois. « Un total de 59 938 (décès) ont été recensés entre le 8 décembre 2022 et le 12 janvier 2023 », a indiqué devant la presse une responsable des autorités sanitaires, Jiao Yahui. Ce bilan ne tient pas compte des décès enregistrés en dehors des structures médicales.
Après trois années de restrictions parmi les plus draconiennes au monde, la Chine a brutalement levé début décembre l’essentiel de ses mesures sanitaires contre le coronavirus. Le nombre de malades a connu dans la foulée une forte croissance. Des hôpitaux se retrouvent submergés de patients âgés et des crématoriums apparaissent dépassés par l’afflux de corps.
Une méthode critiquée
Pékin a revu en décembre sa méthodologie pour la comptabilité des morts du Covid. Seules les personnes décédées directement d’une insuffisance respiratoire liée au coronavirus sont désormais intégrées dans les statistiques. Ce changement de méthodologie controversé signifie qu’un grand nombre de décès ne sont plus répertoriés comme étant dus au Covid.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a critiqué la semaine dernière cette nouvelle définition chinoise d’un mort du Covid, la jugeant « trop étroite ». Pékin avait fustigé ces critiques et appelé l’OMS à adopter une position « impartiale » sur le Covid. Mercredi, les autorités sanitaires chinoises avaient estimé qu’il n’était « pas nécessaire » de s’attarder dans l’immédiat sur le nombre précis de décès liés au Covid.
Le sous-variant XBB.1.5 est l’une des mutations de la souche Omicron. (Archive) Photo : La Presse Canadienne/Paul Chiasson
L’Ontario pourrait bientôt connaître une hausse de cas de COVID-19 lié à un nouveau sous-variant de la souche Omicron qui se propage rapidement aux États-Unis, selon un expert.
Le variant XBB.1.5 est actuellement à l’origine de plus de 40 % des infections à la COVID-19 aux États-Unis, selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention (CDC)).
Il fait partie de la longue lignée de variants qui ont émergé de la vague Omicron au début de l’année dernière, explique le Dr Fahad Razak, l’ancien directeur scientifique du Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID-19.
Selon l’épidémiologiste, l’infectiosité de ce sous-variant est encore inconnue, mais rien n’indique qu’il présente des symptômes plus sévères que les autres sous-variants d’Omicron.
Windsor touchée en premier?
Selon les données des CDC, cinq comtés du Michigan présentent des niveaux élevés d’infections à la COVID-19, alors que le comté de Wayne, qui inclut la ville de Détroit, montre un seuil d’infections moyen.
La ville frontière de Windsor est habituellement la première région canadienne à ressentir les effets d’une nouvelle vague aux États-Unis, selon le Dr Razak.
Dr Fahad Razak est l’ancien directeur scientifique du Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID-19. (Archive) PhotoHOTO : (DRFAHADRAZAK/TWITTER)
C’est statistiquement là où l’on peut s’attendre à ce que débordent en premier les infections des États-Unis, détaille-t-il.
Selon les données de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les cas causés par le sous-variant XBB.1.5 ne représentaient que 0,6 % des infections dans la semaine du 11 décembre au Canada.
L’ASPC soutient que le processus d’identification des souches d’infections prend de une à trois semaines.
Le programme de surveillance génomique de la COVID-19 en Ontario n’avait quant à lui pas identifié le sous-variant XBB.1.5 dans son dernier rapport. Celui-ci était basé sur les données récoltées jusqu’au 10 décembre.
Les tests PCR effectués depuis dimanche de manière aléatoire sur les passagers entrant en France en provenance de Chine vont « permettre de suivre les différents variants », a déclaré le ministre de la Santé François Braun à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
« Ce contrôle à l’arrivée n’est pas un contrôle qui empêcherait des citoyens de rentrer sur notre territoire, mais c’est un contrôle plus scientifique, qui va nous permettre de suivre de façon extrêmement précise les différents variants », a déclaré à la presse M. Braun, accompagné du ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune.
« Ce sont essentiellement des variants Omicron qu’il y a actuellement en Chine », a poursuivi M. Braun, évoquant « une discussion au niveau européen dans la semaine pour harmoniser ce modèle de prise en charge ».
Depuis dimanche, les voyageurs en provenance de Chine doivent obligatoirement porter un masque chirurgical et ils ont consenti au préalable à être soumis à des tests PCR aléatoires, à leur arrivée.
A partir de jeudi, ils devront aussi présenter un test (PCR ou antigénique) négatif de moins de 48 heures au départ de leur vol.
La France, comme le Royaume-Uni, l’Italie ou les Etats-Unis, a pris ces mesures face à l’explosion des cas d’infections au coronavirus en Chine, qui a levé début décembre ses mesures de restrictions.
Les mesures sont prévues jusqu’au 31 janvier.
« Il y a six vols qui viennent de Chine de manière hebdomadaire en France, 10 si on inclut les vols à partir de Hong Kong », a précisé Clément Beaune.
La plupart des passagers en provenance de Chine ne font que transiter par le hub aéroportuaire de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Parmi les 300 passagers du vol Pékin-Paris ayant atterri en fin de matinée, une soixantaine sont entrés sur le territoire français. Tous ont accepté de passer un rapide test PCR avant d’aller récupérer leurs bagages.
Avant d’être testés, l’identité des voyageurs est prise par les agents du centre de dépistage situé dans le Terminal 2E de Roissy. Si leur test s’avère positif, ils sont rappelés et doivent s’isoler sept jours, comme ils y ont consenti à leur départ.
Trois ans après l’apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre), la Chine a mis fin le 7 décembre à sa politique draconienne dite du « zéro Covid ».
Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades pour la plupart âgés, et vulnérables car peu ou pas vaccinés.
Face à l’explosion du nombre de cas de Covid-19 en Chine, plusieurs pays ont annoncé imposer des tests aux visiteurs provenant de Chine.
Un rebond épidémique qui inquiète le monde entier. Le gouvernement français, qui assure « suivre très attentivement l’évolution de la situation en Chine », confrontée à une explosion des cas de Covid-19, se dit « prêt » mercredi 28 décembre « à étudier toutes les mesures utiles ». De son côté, l’Italie a décidé d’imposer des tests obligatoires à tous les voyageurs venant de Chine, a annoncé mercredi le ministre italien de la Santé.
La fin brutale ce mois-ci de la politique du « zéro Covid » en Chine a suscité l’inquiétude de plusieurs pays, dont les États-Unis, qui envisagent aussi des restrictions d’entrée pour les voyageurs chinois, alors que la Chine fait face à la plus importante vague de contaminations au monde, amplifiée par l’apparition de nouveaux variants.
Le Japon va d’ailleurs rétablir à partir de vendredi les tests PCR obligatoires pour les voyageurs provenant de Chine continentale. En France, « le ministère de la Santé et de la Prévention suit très attentivement l’évolution de la situation en Chine », a-t-il indiqué à l’Agence France-Presse. « Il est prêt à étudier toutes les mesures utiles qui pourraient être mises en œuvre en conséquence, en lien avec les partenaires européens de la France, et dans le cadre juridique qui existe aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Des règles assouplies en France depuis le 1er août
Depuis le 1er août 2022 et l’adoption de la loi mettant fin aux régimes d’exception créés pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, les voyageurs n’ont plus aucune formalité à accomplir avant leur arrivée en France, peu importe le pays ou la zone de provenance.
Ce texte laisse cependant la possibilité au gouvernement d’imposer, jusqu’au 31 janvier, la présentation d’un test négatif avant l’entrée sur le territoire pour les personnes de plus de 12 ans « en cas d’apparition et de circulation d’un nouveau variant de Covid-19 susceptible de constituer une menace sanitaire grave ».
L’annonce survient alors que la Chine fait face à la plus importante vague de contaminations au monde, amplifiée par l’apparition de nouveaux variants.
Des patients atteints de la COVID-19 attendent sur des brancards dans le corridor d’un hôpital à Tianjin, en Chine. Photo : AFP via Getty Images/Noel Celis
La fin brutale ce mois-ci de la politique « zéro COVID » en Chine a suscité l’inquiétude de plusieurs pays, dont les États-Unis, qui envisagent des restrictions d’entrée pour les voyageurs chinois.
Cette décision marque la disparition prochaine du dernier vestige de la politique zéro COVID chinoise, qui isolait le pays depuis près de trois ans et qui a suscité à la fin novembre des manifestations d’une ampleur inédite depuis des décennies. Elle a déclenché une ruée vers les vols internationaux et les prix des billets ont explosé.
La nouvelle a été reçue d’une tout autre manière à l’étranger, alors que la Chine fait face à la plus importante vague de contaminations au monde, amplifiée par l’apparition de nouveaux variants.
Aux États-Unis, des responsables ont déclaré mardi que des restrictions d’entrée pour les voyageurs venant de Chine étaient envisagées, après que le Japon et l’Inde eurent imposé des tests PCR obligatoires aux arrivants chinois.
La communauté internationale est de plus en plus préoccupée par les poussées actuelles de COVID-19 en Chine et par le manque de données transparentes, notamment de données sur les séquences génomiques virales, communiquées par la RPC, ont déclaré ces responsables américains, sous couvert d’anonymat.
Le Japon va ainsi rétablir à partir de vendredi les tests PCR obligatoires pour les voyageurs provenant de Chine continentale. L’île de Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie de son territoire, a également annoncé qu’elle procéderait à des contrôles du virus sur les voyageurs en provenance du continent.
Hôpitaux engorgés et pénurie de médicaments contre la fièvre
Le soudain revirement de politique sanitaire opéré par Pékin a mis fin à près de trois années de tests de masse, confinements et quarantaines prolongées, qui ont sérieusement perturbé les chaînes d’approvisionnement du pays ainsi que l’économie chinoise, la deuxième plus importante au monde.
Hôpitaux et crématoriums sont submergés pendant que des habitants font état de pénuries de médicaments contre la fièvre alors que la progression du virus parmi la population de 1,4 milliard d’habitants reste largement incontrôlée.
Interrogé sur les restrictions annoncées par le Japon, le ministère chinois des Affaires étrangères a appelé mardi les États à maintenir des mesures scientifiques et appropriées contre la COVID et qui ne perturbent pas les échanges humains.
Tous les voyageurs arrivant en Chine devaient observer une quarantaine obligatoire depuis mars 2020. D’abord d’une durée de trois semaines, elle a été réduite à une seule en juin, puis à cinq jours le mois dernier. L’abolition de cette règle en janvier signifiera aussi la reclassification de la COVID-19 en maladie infectieuse de catégorie B, permettant aux autorités d’assouplir les contrôles.
Mardi, les autorités migratoires chinoises ont aussi annoncé la reprise graduelle de l’octroi de passeports pour le tourisme et les visites d’amis à l’étranger à partir du 8 janvier.
Cette reprise épidémique hivernale survient à quelques semaines du Nouvel An lunaire fin janvier, au cours duquel des millions de personnes voyageront pour retrouver leurs proches.
Plus de 5000 nouveaux cas
Les autorités chinoises ont reconnu que l’étendue de la vague épidémique était maintenant impossible à mesurer et ont réduit le nombre de critères permettant d’imputer un décès à la COVID.
Le Centre de prévention et de contrôle des maladies chinois a répertorié mercredi 5231 nouvelles contaminations et trois morts du coronavirus à l’échelle nationale, des chiffres probablement sous-estimés, car les malades n’ont plus besoin de se déclarer.
Les autorités utilisent des données recueillies lors de sondages en ligne, de visites à l’hôpital, de demandes de médicaments contre la fièvre et d’appels d’urgence pour combler les défauts dans les chiffres [officiels] rapportés, a expliqué mardi un responsable du contrôle des maladies, Yin Wenwu, lors d’une conférence de presse.
Face aux manques de médicaments de base, les autorités pékinoises prévoient de distribuer du Paxlovid, un traitement oral, dans des hôpitaux locaux et des cliniques communautaires. Il reste cependant très difficile à obtenir pour le citoyen ordinaire.
Ce médicament, développé par les États-Unis, était brièvement disponible sur la plateforme de commerce en ligne JD.com et celle de livraison Meituan ces derniers jours, avant d’être en rupture de stock.
La Chine mettra fin le 8 janvier aux quarantaines obligatoires à l’arrivée dans le pays, dernier vestige de sa stricte politique sanitaire du « zéro Covid » qui isolait le pays depuis près de trois ans.
Cette décision intervient au moment où la Chine connaît pourtant une flambée de contaminations depuis l’abandon de l’essentiel de ses restrictions sanitaires au début du mois.
A compter du mois prochain, seul un test négatif de moins de 48H sera exigé pour entrer sur le territoire chinois, a précisé lundi soir dans un avis la Commission de la Santé, qui fait office de ministère.
La Chine est la seule grande économie qui continuait à imposer à l’arrivée sur son territoire des quarantaines qui pénalisent le tourisme, même si leur durée avait été réduite ces derniers mois.
Elle est actuellement de 5 jours à l’hôtel, suivis de 3 jours d’observation à domicile.
La Commission de la Santé a indiqué qu’elle ne considérait plus le Covid-19 comme une « pneumonie » mais comme une maladie « contagieuse » moins dangereuse.
Selon les autorités, cette nouvelle classification sanitaire ne justifie plus de quarantaines.
La Commission de la Santé a par ailleurs évoqué un rétablissement progressif des voyages à l’étranger pour les Chinois, sans toutefois avancer de calendrier. Seuls des déplacements pour raisons impérieuses étaient jusque-là tolérés.
Les frontières du pays restent malgré tout presque totalement fermées aux ressortissants étrangers depuis 2020.
La Chine a cessé depuis près de trois ans de délivrer des visas touristiques, tandis que les liaisons aériennes internationales ont été fortement réduites.
Explosion de cas
Depuis 2020, la Chine imposait de strictes mesures, au nom d’une politique dite « zéro Covid » qui a permis de protéger les personnes les plus à risque et celles qui sont peu vaccinées.
Le pouvoir a mis fin sans préavis le 7 décembre à la plupart des mesures, sur fond d’exaspération grandissante de la population et d’impact considérable sur l’économie.
Depuis, le nombre de cas explose, faisant craindre une forte mortalité chez les plus âgés, particulièrement vulnérables.
De nombreux crématoriums interrogés par l’AFP ont rapporté ces derniers jours un afflux inhabituellement élevé de corps à incinérer.
Une situation largement passée sous silence par les médias chinois.
Des hôpitaux sont par ailleurs débordés, tandis que les médicaments anti-grippaux sont plus difficiles à trouver en pharmacie, au moment où le pays apprend à vivre avec le virus.
Le président chinois Xi Jinping a ordonné lundi de « bâtir un rempart » contre le Covid-19 et de « protéger » les vies en Chine.
Il s’agit de son premier commentaire public depuis l’abandon de la plupart des mesures sanitaires.
« Un rempart »
« La prévention et le contrôle du Covid-19 en Chine sont confrontés à une situation nouvelle avec de nouvelles tâches », a estimé lundi l’homme fort de Pékin.
« Nous devons mener une campagne de santé patriotique plus ciblée […] et bâtir un rempart solide contre l’épidémie », a ordonné Xi Jinping, cité par la télévision d’Etat CCTV.
Cette levée des restrictions pourrait entraîner la mort d’environ un million de personnes ces prochains mois, selon les estimations de plusieurs études occidentales.
La Chine a annoncé dimanche qu’elle ne publierait plus de statistiques sur le Covid. Elles étaient très critiquées en raison de leur total décalage avec l’actuelle vague épidémique qui frappe le pays.
A en croire le bilan officiel, le pays le plus peuplé de la planète n’a enregistré que six morts du Covid depuis la levée des restrictions. Un chiffre largement sous-évalué selon nombre d’experts.
Les Chinois constatent ces derniers jours un décalage flagrant entre les statistiques officielles et la contamination d’une grande partie de leurs proches, voire leur décès.
La grande métropole de Canton (sud), peuplée de 19 millions d’habitants, a ainsi annoncé le report « après le 10 janvier » des cérémonies funéraires.
Autre source de controverse: seules les personnes directement mortes d’une insuffisance respiratoire liée au Covid sont désormais comptabilisées comme décédées de la maladie, en vertu d’une nouvelle méthodologie des autorités.
« Tout ça met une pression très forte sur notre système de santé, sur nos établissements de santé, sur tous les professionnels de santé qui, une fois de plus, se retrouvent en première ligne face à un afflux nettement plus important que d’habitude de personnes aux urgences et sur les appels au Samu », qui sont en hausse de 20 à 30 %, a souligné Mme Borne, en exprimant le « soutien » et la « solidarité » du gouvernement envers le personnel soignant.
Toujours pas de masque obligatoire
En « responsabilité », « pour aider le personnel soignant, on a tous un rôle à jouer » avec les gestes barrières, a-t-elle poursuivi, en invitant à porter le masque « dès qu’on est dans un espace clos où on est nombreux », et à se faire vacciner contre la grippe et le Covid, alors qu’« on doit se retrouver en famille » pour les fêtes. À ses côtés, le ministre de la Santé, François Braun, s’est « réjoui, en ce qui concerne la médecine de ville, que les principaux syndicats de médecins n’aient pas appelé à la grève entre Noël et le Nouvel An ».
Interrogée sur la possibilité de déclencher des « plans blancs » pour rappeler du personnel dans les hôpitaux, la Première ministre a précisé qu’au cours de cette réunion à l’ARS, tout le monde était « conscient […] du fait que les soignants avaient aussi besoin de se reposer » et que « c’est vraiment au sein de chaque établissement que la situation doit être évaluée ».
Pour la troisième année d’affilée, les rassemblements familiaux se joueront sur fond d’épidémie. De quoi mettre les nerfs de certains à rude épreuve…
« J’éprouve une grande lassitude… » souffle Alexandre. Après deux années de fêtes de Noël marquées par le Covid-19 et à moins d’une semaine du réveillon, la neuvième vague du virus (doublée d’une intense épidémie de grippe) sème de nouveau le trouble dans les esprits. Et divise certaines familles. « Je sais bien que je devrais porter le masque dans le métro… Est-ce que je suis un petit-fils indigne ? » interroge le jeune Parisien de 27 ans, tiraillé entre dénégation et principe de précaution. « J’oscille entre déni et culpabilité… »
Un sentiment accru par une « petite musique » selon laquelle « celui qui vient de la capitale serait le plus à risque et donc le plus susceptible de gâcher la fête », alors même que « le reste de la famille aurait été irréprochable », grince le vingtenaire, originaire de la campagne lyonnaise. « C’est pourtant l’un de mes cousins qui s’est avéré positif l’année dernière, au lendemain du réveillon… » pointe le jeune homme, avec ironie.
«Je vous en supplie »
À rebours, Nathalie Olivier, résidant elle aussi dans la capitale, prône « la précaution maximale ». « Je fuis la foule et ne prends plus les transports que lorsque c’est nécessaire. » Marquée par l’annulation du dernier réveillon de Noël (en raison de cas positifs déclarés au sein de sa famille), la Parisienne n’en demeure pas moins lucide : « On ne peut pas être derrière tout le monde. »
Alors, sur le groupe WhatsApp dévolu aux festivités, la quadra joue la corde sensible, quitte à réactiver le traumatisme : « Soyez prudents, je vous en supplie, rappelle-t-elle régulièrement. Ne rejouons pas le scénario de l’année dernière… » Dans l’attente de gagner la maison de famille nantaise (où vingt convives sont attendus), elle envisage le pire : « J’ai peur qu’une personne n’ait pas respecté les gestes barrières et fasse tout tomber à l’eau. »
Un sentiment « légitime ». « En cas de résultat positif au Covid et si les festivités comptent avec des personnes fragiles, le plus responsable est encore d’y renoncer », rappelle ainsi Pascal Crépey, épidémiologiste à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), qui en appelle au « bon sens » des Français (gestes barrières, masque, vaccin).
«Stratégie opérante »
« Et les enfants ? » Pour Arnaud G., père de famille, habitant La Rochelle, c’est encore « autour d’eux que se cristallisent le plus de tensions ». Depuis un mois, le quadragénaire reçoit appels et SMS de sa cadette « presque quotidiennement ». « Elle me demande de préserver maman [72 ans] de ce que mes enfants [10 et 12 ans] pourraient bien lui transmettre, souffle-t-il. C’est terriblement culpabilisateur… »
« On ne va quand même pas les laisser réveillonner seuls ! » désamorce alors le Rochelais dans un rire, forcé de reconnaître une « stratégie opérante » : « J’ai promis de les faire tester avant notre arrivée. C’est encore ce que je peux faire de mieux… »
Voici trois ans, le premier cas de Covid-19 était identifié en Chine, point de départ d’une pandémie aux conséquences sans précédent. Comment éviter que l’histoire ne se répète ? La question mobilise chercheurs et Etats mais les financements sont insuffisants et les réponses incertaines.
« Nous n’agissons pas assez pour être prêts pour la prochaine pandémie », estime auprès de l’AFP William Rodriguez, à la tête de Find, une fondation sous l’égide de l’ONU qui cherche à améliorer l’accès aux tests de dépistage dans le monde.
Parmi les outils cruciaux pour éviter l’émergence d’une nouvelle pandémie comme celle du Covid, figurent les tests, qui aident à freiner la diffusion d’une maladie.
Autres dispositifs: l’identification des virus ou bactéries qui pourraient provoquer la prochaine pandémie, la découverte de vaccins ou de traitements en urgence, la production et la distribution de ces produits, etc.
L’objectif ? Éviter une nouvelle pandémie après trois ans de Covid. Le premier cas de cette maladie a été diagnostiqué en Chine en décembre 2019. Moins de trois mois plus tard, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) officialisait la pandémie qui a bouleversé le monde.
La semaine dernière, c’est dans le cadre de l’OMS qu’ont commencé des négociations internationales sur la lutte contre les futures pandémies. La Banque mondiale, elle, a lancé un fonds dédié au sujet et alimenté par les pays du G20 (pour l’heure à hauteur de 1,6 milliard de dollars).
« Quelques mutations »
Les initiatives sont aussi privées. En Australie, l’homme d’affaires Geoffrey Cumming a consacré 170 millions de dollars pour financer un centre de recherches dirigé par l’infectiologue Sharon Lewin.
Son équipe va se pencher sur des technologies susceptibles de servir de base à des traitements rapidement adaptables contre de nouveaux pathogènes. Modèle à suivre: les vaccins à ARN messager face au Covid. Le centre sera « opérationnel » d’ici à six mois, a annoncé la Pr Lewin à l’AFP.
L’objectif, ici, est de savoir répondre en urgence à un pathogène inconnu. Mais l’anticipation passe aussi par l’identification des risques connus.
L’OMS travaille ainsi à la mise à jour d’une liste de microbes à risque. A surveiller particulièrement: les autres coronavirus ainsi que le virus de la grippe, bien sûr, mais aussi Ebola et Zika.
« Pour chacun de ces virus, seules quelques mutations » pourraient démultiplier leur diffusion, prévient l’épidémiologiste Jennifer Nuzzo, de l’université américaine Brown.
D’autres pathogènes sont sous surveillance comme les arenavirus, les paramysovirus – famille de la rougeole et des oreillons – ou le virus Marburg.
« Nombreuses crises »
Ces efforts de recherches seront-ils suffisants ? De nombreux experts et activistes redoutent surtout un manque de volonté politique. Qui se traduit par la question des financements. Ainsi, l’organisation CEPI (cofondée par plusieurs Etats et la fondation Bill et Melinda Gates pour affronter les épidémies) cherche 800 millions de dollars pour boucler un plan sur cinq ans.
Les décideurs ne devraient pas oublier la question pandémique même s’ils sont « concentrés sur les nombreuses crises actuelles », dans un contexte difficile géopolitiquement comme économiquement, estime auprès de l’AFP Richard Hatchett, à la tête de CEPI.
Et comment garantir l’accès de tous les pays, y compris les plus pauvres, à un vaccin ou un traitement ? « Pour moi, la tragédie du Covid aura été la distribution inégale des vaccins, même une fois disponibles », déclare l’épidémiologiste.
Les experts interrogés par l’AFP sont d’accord. Il sera impossible de bien répondre à la prochaine pandémie si de grandes régions comme l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Asie du Sud ou le Proche-Orient n’ont pas accès à des traitements, notamment en les produisant elles-mêmes.
Pour beaucoup d’activistes, il faudrait déjà prévoir de lever les brevets d’éventuels traitements à l’importance majeure. Mais l’idée apparaît peu réaliste face à l’opposition du secteur pharmaceutique et d’une grande partie des pays développés.
Et il y a peu d’évolution à attendre: le ton adopté par ces pays dans le cadre des discussions actuelles à l’OMS est « extrêmement inquiétant », estime Mohga Kamal-Yanni, représentante de l’ONG People’s Vaccine Alliance.
Alors que l’épidémie de Covid-19 repart à la hausse, un sondage du « Figaro » affirme que 58 % des Français sont favorables au retour du masque obligatoire.
Face au retour de l’épidémie de Covid-19 en France, les Français se disent inquiets pour la situation sanitaire du pays. Si le gouvernement a appelé solennellement, le 9 décembre dernier, à un « sursaut » en leur enjoignant de se faire vacciner et de remettre le masque dans les transports, moins de la moitié (46 %) des personnes interrogées par un sondage Odoxa/Backbone Consulting pour Le Figaro, lundi 12 décembre, portent encore systématiquement un masque dans le métro ou dans le bus. En revanche, 76 % souhaitent qu’il y redevienne obligatoire et 58 % réclament le rétablissement du port du masque obligatoire dans tous les lieux publics. Le ministre de la Santé, François Braun, avait assuré sur BFMTV, le 4 décembre, que si les chiffres de contaminations continuaient d’augmenter, « (s)on bras ne tremblera(it) pas » pour rétablir l’obligation.
À l’approche des fêtes de fin d’année, 66 % des personnes interrogées sont particulièrement inquiètes « pour leurs proches » et prévoient d’être prudentes dans les prochaines semaines, en respectant les gestes barrières et en évitant au maximum les contacts et la foule. Alors que la France subit, comme ses pays voisins, une triple épidémie avec la juxtaposition du Covid-19, de la grippe et de la bronchiolite, les gestes barrières sont moins utilisés. Parmi les solutions envisagées par les Français pour limiter les déplacements et réduire ainsi les risques de propagation du virus, l’élargissement du télétravail est souhaité par 77 % des personnes interrogées.
Les Français critiquent la politique sanitaire
Selon ce sondage, les Français ont moins confiance dans le système de santé français pour lutter contre cette nouvelle vague avec par exemple la question du nombre de lits de réanimation disponibles. « Si les Français avaient relevé un “mieux” à l’hôpital quelques mois après le début de l’épidémie, les jugements se sont depuis effondrés », a indiqué Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa, citée par Le Figaro. « Ainsi, 50 % des Français estiment que les établissements de santé sont mieux préparés à gérer l’arrivée des patients covidés. » Mais seuls 36 % d’entre eux pensent que le pays possède un nombre de lits de réanimation disponibles suffisant.