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Chemin Roxham : Ottawa a conclu une entente avec Washington

mars 23, 2023

La question des migrations irrégulières sera abordée lors de la rencontre entre Justin Trudeau et Joe Biden.

Justin Trudeau serre la main de Joe Biden.

Des discussions autour de la question des migrations irrégulières ont notamment eu lieu pendant la rencontre bilatérale entre le premier ministre Justin Trudeau et le président Joe Biden lors du Sommet des leaders nord-américains en janvier. Photo : Reuters/Kevin Lamarque

Radio-Canada a appris que le gouvernement Trudeau a trouvé un terrain d’entente avec le gouvernement américain à propos des migrations irrégulières.

Selon plusieurs sources de haut niveau, Ottawa serait ainsi en mesure d’annoncer la fermeture du chemin Roxham à la frontière canado-américaine. Le gouvernement canadien se serait mis d’accord avec les Américains pour accueillir un certain nombre de migrants par les canaux officiels.

Les détails précis de l’accord ne sont toujours pas connus, mais selon des informations publiées par le Los Angeles Times, qui ont été confirmées par une source gouvernementale à Radio-Canada, le Canada aurait accepté d’accueillir 15 000 migrants par les canaux officiels.

L’annonce de cette entente pourrait survenir aussi tôt que vendredi. Les autorités doivent fignoler les détails opérationnels autour de l’annonce de la fermeture, car cela pourrait entraîner un bond des arrivées de migrants irréguliers.

Une source proche du dossier a toutefois affirmé à Radio-Canada que l’entente devrait entrer en vigueur dans les prochains jours.

Selon les informations de Radio-Canada, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, ont travaillé fort en coulisses auprès de leurs homologues américains ces dernières semaines pour arriver à ce résultat.

Mercredi, le premier ministre Justin Trudeau avait envoyé le signal en ce sens. En mêlée de presse, il avait déclaré : Ça fait plusieurs mois qu’on travaille de près avec les Américains pour rétablir la situation au chemin Roxham et regarder l’Entente sur les tiers pays sûrs. On va continuer notre travail, puis on va peut-être avoir quelque chose à annoncer.

Un enfant dans les bras d'une femme dans une file d'attente devant un chapiteau.

Une file de demandeurs d’asile venant d’Haïti attendent d’entrer au Canada depuis Champlain, État de New York, en août 2017. Photo: Reuters/Christine Muschi

La pression est forte sur le gouvernement Trudeau en provenance de Québec et des partis d’opposition à Ottawa. Hier, les chefs du NPD et du Bloc québécois ont réitéré au gouvernement leur demande de suspendre l’application de l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis.

Avant la période de questions à l’Assemblée nationale ce matin, le premier ministre du Québec, François Legault, a répété qu’il faut fermer le chemin Roxham. En mars, on est rendu à 58 % des arrivants par le chemin Roxham qui sont envoyés à l’extérieur du Québec, a-t-il indiqué lors d’un impromptu avec la presse parlementaire. C’est pas encore suffisant. Le Québec, a-t-il ajouté, a dépassé sa capacité d’accueil.

Près de 40 000 demandeurs d’asile ont traversé la frontière depuis le chemin Roxham en 2022. Ces migrants provenaient majoritairement d’Haïti, de la Turquie, de la Colombie, du Chili, du Pakistan et du Venezuela.

Le gouvernement Trudeau a investi pour y construire un complexe. Près d’un demi-milliard de dollars avaient été déjà dépensés par le gouvernement fédéral avant même l’afflux historique de 2022, que ce soit pour l’hébergement, les infrastructures ou la location de terrains.

Des contrats consultés par Radio-Canada, qui offrent un récapitulatif des sommes versées par le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada entre 2021 et octobre 2022, montrent que plus du tiers des nouvelles dépenses fédérales, soit environ 61 millions, concerne la location de chambres d’hôtel et d’immeubles de bureaux.

Avec Radio-Canada par Louis Blouin

Canada: Des milliers de demandeurs d’asile refusés dans la nature

mars 21, 2023

Ottawa ignore le nombre précis de personnes toujours au Canada, malgré une mesure de renvoi.

« Arrêtez. Il est illégal de passer la frontière ici ou ailleurs qu'à un point d'entrée », peut-on lire sur une pancarte, en français et en anglais.

Des milliers de personnes, qui ont vu leur demande d’asile être refusée au Canada ces dernières années, seraient toujours au pays malgré une interdiction de territoire. Photo: La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Que deviennent les demandeurs d’asile arrivés en grand nombre, notamment par le chemin Roxham, dans les dernières années, lorsque leur dossier est rejeté?

Cette question n’a pas de réponse évidente. Si certains ont été renvoyés, d’autres sont peut-être encore au Canada, indique Immigration Canada, tout en avouant qu’Ottawa est incapable de suivre la trace de ces migrants, devenus parfois des illégaux.

Selon des données fédérales, près de 52 000 demandeurs d’asile déboutés seraient probablement toujours au pays, même si leur dossier a été refusé.

Ces chiffres figurent dans des demandes d’information faites par des députés conservateurs au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, dont Radio-Canada a obtenu copie.

Impossible, en réalité, d’avoir un chiffre précis. Cet inventaire peut être surdéclaré, est-il noté dans cette réponse d’Immigration Canada.

Lorsqu’un demandeur d’asile débouté ne confirme pas son départ du Canada, la mesure de renvoi n’est pas exécutée et le cas demeure dans l’inventaire des renvois, explique Immigration Canada, en soulignant que le système d’immigration du Canada ne permet pas l’arrestation et la détention proactives de toutes les personnes faisant l’objet d’une procédure de renvoi.

Un avion décolle de l'aéroport de Regina.

Ottawa organise des renvois sous escorte, par voie aérienne, dans certaines conditions. Photo: Radio-Canada/Matthew Howard

Pas de vérifications des départs

Il existe plusieurs types de renvois. Certains se font avec une escorte d’agents frontaliers, mais dans la majorité des cas, ces demandeurs d’asile déboutés doivent quitter le territoire par leurs propres moyens. Et aucun suivi précis n’est effectué.

« L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) n’est pas en mesure, à l’heure actuelle, d’indiquer avec précision le nombre de demandeurs d’asile déboutés qui ont quitté volontairement sans en informer l’ASFC. »— Une citation de  Extrait d’une réponse d’Immigration Canada

Le Canada ne fait pas de vérification de départ, regrette Stéphanie Valois, présidente de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI).

Elle-même ignore parfois la trajectoire de ses clients. Ça m’arrive que des personnes soient déjà parties, alors qu’on a un dossier ensemble. Avant une audience, je leur écris, parfois ils ne me répondent pas ou ils me disent qu’ils ont quitté le territoire canadien.

« On ne sait pas qui quitte le territoire. Ça pourrait être utile et plus facile pour tout le monde d’avoir un système qui collige toutes ces données. »— Une citation de  Stéphanie Valois, présidente de l’AQAADI

Certains peuvent aller aux États-Unis ou se faire émettre un document de voyage de leur pays d’origine sans que le Canada le sache, détaille cette avocate spécialisée en immigration.

Les renvois sous escorte minoritaires

Des renvois sous escorte ont lieu essentiellement pour des raisons de sécurité. Mais ils sont plutôt rares. Selon l’ASFC, ils représentent environ 10 % de tous les renvois exécutés. Habituellement, ceux-ci se déroulent par un vol commercial. Dans certains cas, les services d’un aéronef nolisé en sous-traitance peuvent être requis afin de pouvoir exécuter le renvoi sous escorte.

Un dossier refusé sur trois

Au cours des dernières années, le nombre de demandes d’asile a connu un bond important au Canada.

Ces personnes sont arrivées au Canada par voie aérienne, par le chemin Roxham ou ont fait leur demande d’asile dans un bureau fédéral, après être venues, par exemple, comme touristes.

Depuis 2017, près de 264 000 demandes d’asile ont été reçues par la Section de la protection des réfugiés (SPR) de la Commission de l’immigration et du statut de réfugiés du Canada. Celle-ci est responsable d’étudier ces demandes.

Au fil des années, les taux d’acceptation de ces demandes d’asile oscillent entre 62 % (2016-2017) et 57 % (2019-2020). En moyenne, un dossier sur trois est refusé (31 % de refus entre 2016 et 2021), selon la SPR.

Pour ces derniers, la suite devient plus complexe et les procédures peuvent s’étirer sur plusieurs années.

Dans la grande majorité des cas, ces personnes peuvent faire appel de cette décision. Une demande de considérations d’ordre humanitaire peut également être faite, notamment si elles prouvent qu’elles se sont établies au Canada avec des enfants.

Un agent regarde des demandeurs d'asile

Plus de 100 000 personnes sont arrivées au Canada par le chemin Roxham depuis 2017.(Photo d’archives): (Charles Contant/CBC)

Des trucs pour ne pas être trouvés

Au terme de ces procédures, les demandeurs d’asile déboutés font l’objet d’une mesure de renvoi. Ils doivent alors, comme l’indique l’Agence des services frontaliers(Nouvelle fenêtre)quitter immédiatement le Canada dès que celle-ci entre en vigueur.

La décision de renvoyer une personne du Canada n’est pas prise à la légère, précise Karine Martel, porte-parole de l’ASFC.

« Toute personne devant être renvoyée du Canada a droit à une procédure régulière devant la loi et toutes les mesures de renvoi sont soumises à divers niveaux d’appel et d’équité procédurale. »— Une citation de  Karine Martel, porte-parole de l’ASFC

Mais toutes ces personnes visées par une interdiction du territoire n’ont pas quitté le pays. Certains ont des trucs pour ne pas être trouvés et peuvent compter sur les membres de leur famille et de leur communauté pour les abriter, explique Immigration Canada.

Certaines personnes peuvent avoir recours à d’autres identités pour éviter d’être repérées, reprend le ministère, tout en soutenant que les agents de l’ASFC mènent des enquêtes proactives pour tenter de localiser les personnes visées par une procédure de renvoi qui ne se présentent pas.

Le PCC veut plus d’expulsions

Le député de Charlesbourg - Haute-Saint-Charles, Pierre Paul-Hus, debout dans la Chambre des communes

Selon le député conservateur Pierre Paul-Hus, Ottawa doit organiser davantage d’expulsions. (Photo d’archives) Photo: La Presse Canadienne/Justin Tang

Le nombre de personnes quittant le Canada varie également selon la façon dont celles-ci sont arrivées au pays. Depuis 2017, Ottawa a renvoyé 36 360 demandeurs d’asile qui ont fait une demande de manière régulière.

Ce chiffre est bien différent pour ceux qui sont venus par le chemin Roxham. Depuis 6 ans, plus de 100 000 personnes ont emprunté cette voie pour entrer au Canada. Durant cette période, 2012 renvois concernent des demandeurs d’asile déboutés en situation irrégulière, révèle l’ASFC, sans donner plus de précisions.

Ces données agacent le Parti conservateur du Canada (PCC), qui réclame des mesures de la part du gouvernement Trudeau.

Nous voulons que ceux qui ont vu leur demande d’asile être refusée soient interdits de séjour et déportés s’ils ne quittent pas volontairement, clame le député Pierre-Paul Hus.

« Ceux qui ont été refusés doivent quitter le pays. Ils ne respectent pas les critères qui ont été établis. »— Une citation de  Pierre Paul-Hus, député du PCC

Dans les faits, toutes les personnes dont la demande a été refusée ne peuvent pas être expulsées à l’heure actuelle.

Durant la pandémie, le Canada s’était engagé à ne pas déporter de gens, rappelle la présidente de l’AQAADI Stéphanie Valois.

Même si des demandeurs sont refusés, ils peuvent aussi rester ici. Certains n’ont pas de documents de voyage et d’autres viennent de pays où l’on ne déporte pas les gens, souligne-t-elle.

Par exemple, le Canada a temporairement suspendu les renvois vers Haïti, le Mali, la République démocratique du Congo, l’Irak, l’Afghanistan ou encore la Syrie, le Venezuela et le Yémen, en raison de la situation sur place. De nombreux demandeurs d’asile, provenant notamment du chemin Roxham, sont originaires de ces pays.

Cette situation, qui s’ajoute à l’augmentation historique de demandeurs d’asile, inquiète le Syndicat des douanes et de l’immigration. Celui-ci souhaite avoir davantage de moyens et de personnel.

Ce qu’on pressent, avec l’accumulation des demandes d’asile aujourd’hui, c’est que la pression risque d’être encore plus grande au niveau des mesures de renvoi à effectuer dans quelques années, anticipe le président du syndicat Mark Weber.

« Si le gouvernement veut s’assurer que l’Agence puisse continuer à répondre au nombre croissant de dossiers de façon soutenue, il faut former plus d’agents. »— Une citation de  Mark Weber, président du Syndicat des douanes et de l’immigration

Il est donc important d’avoir le personnel nécessaire pour traiter les demandes dans un délai raisonnable, et éviter un arriéré de travail encore plus grand en bout de ligne, avance-t-il.

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, n’a quant à lui pas répondu aux questions de Radio-Canada.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Canada-Montréal/Prisonniers des flammes : « Venez nous chercher, on ne peut pas sortir! »

mars 18, 2023
Des fleurs sont déposées près d'une barrière en métal devant un édifice incendié.

De nombreuses personnes sont venues se recueillir sur les lieux du drame samedi. Photo : Radio-Canada/Marie Isabelle Rochon

Encore sous le choc, des proches des personnes disparues lors de l’incendie qui a ravagé un immeuble patrimonial du Vieux-Montréal se sont rassemblés sur les lieux du drame samedi. Certains témoignages soulèvent des questions sur la conformité du bâtiment et dévoilent l’horreur vécue par les victimes du brasier.

Robert Lacas faisait partie des parents, amis et voisins qui sont venus se recueillir devant le 224, place d’Youville.

Il est sans nouvelles de sa petite-fille, Charlie Lacroix, qui était à l’intérieur du bâtiment au moment de l’incendie. La jeune femme de 18 ans et son copain font partie des six personnes disparues dont le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) soupçonne le décès.

Tout ce que je sais, c’est qu’elle a appelé au 911. Les policiers ont retracé son cellulaire et ça donnait l’adresse ici […]. Ils ont reçu un appel de ma petite-fille qui disait : « Venez nous chercher, parce qu’il n’y a pas de fenêtres où on est! On ne peut pas sortir et le feu est pris! », a raconté M. Lacas en entrevue à Radio-Canada.

Ils ont eu un deuxième appel, trois minutes plus tard, qui disait la même chose, de son copain : « Venez nous chercher, on ne peut pas sortir! » Après, le téléphone a coupé. Probablement qu’elle est décédée à ce moment-là ou pas loin de là, a confié le grand-père, la voix brisée par la tristesse.

C’est pas normal qu’un individu loue des appartements où il n’y a aucun accès autre que la porte. C’est illégal […] Le propriétaire qui loue ça, il n’est pas correct, a dit M. Lacas.

Une amie de Charlie, Kelly Ann, était elle aussi inconsolable. C’est vraiment une tragédie […]. Elle n’avait pas de moyen de sortir.

Des pompiers rassemblés dans la rue devant des camions d'incendie.

Plus d’une centaine de pompiers ont été mobilisés pour éteindre l’incendie. Photo : Radio-Canada/Charles Contant

Airbnb illégal

L’immeuble comprenait un bureau d’architectes au rez-de-chaussée et une quinzaine d’appartements aux deuxième et troisième étages.

Le SPVM a confirmé que des logements y étaient loués à court terme sur Airbnb. Le propriétaire de l’immeuble ne détenait pas de permis d’exploitation de résidences touristiques. Nous ne pouvons toutefois pas confirmer qui, du propriétaire ou du locataire, a mis ces appartements en location sur la plateforme d’hébergement.

Le responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal, Alain Vaillancourt, a d’ailleurs confirmé que les locations de type Airbnb sont interdites dans ce secteur du Vieux-Montréal.

Ici, à Ville-Marie, il y a un petit secteur qui permet [les locations sur Airbnb], mais dans le secteur du bâtiment, ce n’est pas permis. L’arrondissement de Ville-Marie n’a jamais reçu de demande d’occupation du genre Airbnb pour ce bâtiment-là et on n’a jamais reçu de plainte officielle non plus pour le bâtiment pour nous rapporter qu’il y avait des Airbnb illégaux, a dit M. Vaillancourt.

De passage dans la métropole québécoise, Alina Kuzmina et son conjoint ont réussi à échapper de justesse aux flammes.

Il n’y a pas eu d’alarme de feu, aucun son, aucun mot. On a été réveillés par la fumée et par le bruit du feu. Mon mari a attrapé une botte, a fracassé la fenêtre, et c’est comme ça qu’on a réussi à sortir, a raconté l’Ontarienne.

Les pompiers arrosent la façade d'un immeuble d'où s'échappe une épaisse fumée.

L’immeuble patrimonial de trois étages situé au coin de la rue du Port et de la place d’Youville a été lourdement endommagé par les flammes. Photo : Radio-Canada/Charles Contant

Une autre femme sur place, Marik Boudreau, observait le bâtiment ravagé, dont le toit et certains étages se sont écroulés. Le cœur lourd, elle pensait à son amie Camille Maheux.

« C’était une photographe documentaire. Elle vivait ici, dans un grand loft, avec ses archives, a expliqué Mme Boudreau. Plus le temps passait, on s’est rendu compte qu’elle était nulle part. On l’a cherchée beaucoup. On la cherche encore d’ailleurs. »

Il est toujours impossible pour les pompiers et pour les agents du SPVM d’entrer dans le bâtiment pour y mener des recherches sécuritaires, a expliqué Martin Guilbault, du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). Les recherches débuteront aussitôt que les lieux seront sécurisés.

Radio-Canada par Julie Roy avec les informations d’Élyse Allard, de Marie Isabelle Rochon et de Fanny Samson

Canada-Montréal: Trois personnes tuées dans une attaque à l’arme blanche dans Rosemont

mars 17, 2023
De nombreuses voitures de police bloquent une rue de Montréal.

De nombreuses voitures de police et ambulances ont été appelées sur les lieux du drame. Photo: Radio-Canada/Mathieu Wagner

Trois personnes ont été tuées lors d’une attaque à l’arme blanche survenue vendredi matin dans un appartement de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal.

Les premiers répondants ont découvert les corps des victimes à leur arrivée au logement situé sur la rue Bélanger, en face de l’Institut de cardiologie de Montréal. Deux corps auraient été retrouvés à l’intérieur et le troisième, à l’extérieur de la demeure.

Un suspect dans le début de la vingtaine a été arrêté sur les lieux. Il était en crise au moment de son arrestation et plusieurs policiers sont intervenus pour le maîtriser. Il serait hospitalisé à l’Hôpital Santa Cabrini à l’heure actuelle.

Selon nos informations, le suspect et les trois victimes sont membres d’une même famille.

Vers 9 h 20, on a reçu un appel au 911 pour venir en aide à des personnes dans le besoin dans un immeuble à logements près de la rue Viau. Lorsque les policiers sont arrivés sur les lieux, ils ont localisé trois victimes de mort suspecte. Les corps portaient des marques de violence possiblement perpétrées par un objet tranchant, a indiqué Julien Lévesque, un porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal.

Un vaste périmètre de sécurité a été délimité dans le secteur, où de nombreux policiers ont été déployés. Un poste de commandement est également sur les lieux.

En entrevue à l’émission Le 15-18 sur ICI Première, M. Lévesque a également indiqué que des ressources spécialisées ont été déployées auprès des employés du 911 et des agents appelés sur place, qui ont été ébranlés.

C’est vraiment troublant

Le premier ministre du Québec, François Legault, tout juste rentré d’Amqui où une attaque au camion-bélier a fait deux morts et neuf blessés en début de semaine, s’est dit troublé par ces nouvelles violences.

On va être prudent avant de spéculer sur les raisons, mais c’est troublant. Je veux remercier les premiers répondants, les policiers. Ça ne doit pas être drôle d’arriver et de découvrir trois personnes qui ont été poignardées. C’est vraiment troublant, a dit M. Legault.

Je ne peux pas commenter spécifiquement le cas de Rosemont, mais de façon générale, partout dans le monde, c’est sûr qu’il y a de plus en plus d’événements reliés à des problèmes de santé mentale. Évidemment, dans les dernières années, suite à la pandémie, on a investi davantage en santé mentale. Il y a un défi de recrutement, que ce soit des travailleurs sociaux, des psychologues. Il y a des postes actuellement qui sont affichés, mais qui ne sont pas comblés. Mais il y a des questions à se poser.

M. Legault a réaffirmé que son gouvernement augmenterait les budgets en santé mentale pour répondre aux besoins.

Une communauté sous le choc

Député de Québec solidaire dans la circonscription de Rosemont–La Petite-Patrie, Vincent Marissal s’est rendu sur les lieux.

Je suis évidemment sous le choc, comme tout le monde dans la communauté ici. Trois vies fauchées. Je ne vais pas spéculer sur les motifs ou les circonstances du drame, mais évidemment, mes premières pensées vont aux victimes. Des victimes, ça fait d’autres victimes, c’est-à-dire les survivants, mais il y a les voisins aussi. Des gens qui perdent des voisins, qui perdent des proches, a constaté M. Marissal.

Le député dit avoir pris contact avec le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel. Il espère que les partis travailleront ensemble pour trouver des solutions à la détresse de plus en plus palpable dans la société.

Les crimes comme ça et la détresse humaine, ça touche tout le monde. Je pense qu’on doit travailler de façon non partisane le plus possible. On a beau être des adversaires politiques, on travaille sur ces choses-là ensemble, il n’y a pas de partisanerie à faire là-dessus, a déclaré M. Bonnardel. De toute évidence, il y a beaucoup de détresse psychologique dans le monde présentement. Il y a beaucoup de détresse économique aussi et de gens qui ne vont pas bien en ce moment.

Avec Radio-Canada

Canada: Deux policiers tués par balles à Edmonton, le suspect est mort

mars 16, 2023

Une jeune femme est à l’hôpital avec des blessures graves qui mettent sa vie en danger.

Le chef du service de police d'Edmonton, Dale McFee, s'adresse aux médias.

Le chef du service de police d’Edmonton, Dale McFee, s’adresse aux médias après la mort de deux policiers dans l’exercice de leurs fonctions. Photo : Radio-Canada

Deux policiers ont été tués par balles tôt jeudi matin, à Edmonton, dans le quartier Inglewood de la capitale albertaine. Le suspect s’est enlevé la vie et une femme est à l’hôpital dans un état critique, dit la police.

La police d’Edmonton a été frappé par une horrible tragédie, a dit le chef de la police d’Edmonton, Dale McFee, lors d’un point de presse, jeudi matin.

Selon les premiers éléments de l’enquête, les agents Travis Jordan, 35 ans, et Brett Ryan, 30 ans, se sont rendus dans un immeuble à logement à la suite d’un appel pour un cas de violence domestique.

Ils auraient été abattus lorsqu’ils étaient en train de s’approcher de l’appartement d’où provenait l’appel d’urgence. Les agents n’ont pas eu le temps de décharger leur arme, a dit le chef de la police d’Edmonton, Dale McFee.

Un immeuble à appartements dont l'accès est interdit au public.

Les deux agents tués le 16 mars répondaient à un appel de violence domestique dans le quartier Inglewood, dans le nord d’Edmonton. Photo: Radio-Canada/David Bajer

Les autres agents présents les ont conduits à l’hôpital où leur décès a été constaté.

Le chef McFee ajoute que le corps d’un jeune homme a été retrouvé sur la scène du crime où il s’était ôté la vie. Une jeune femme est à l’hôpital avec blessures graves qui mettent sa vie en danger. Le chef de police rappelle que l’enquête en est à ses premières heures.

Ces agents faisaient leur travail. C’est impensable, c’est inimaginable, c’est horrible, c’est une tragédie, conclut le chef McFee.

L’incident s’est produit dans le quartier Inglewood, situé dans le nord d’Edmonton.Début du widget . Passer le widget?

Élan de soutien

Visiblement ému, le maire Amarjeet Sohi a exprimé ses condoléances, au nom des Edmontoniens, aux familles des deux agents et à la police de la capitale albertaine.

Aujourd’hui est une journée triste et très difficile, vous êtes dans nos coeurs et nous sommes en deuil avec vous, a dit le maire Sohi.

Le gouvernement provincial a annulé toutes les annonces qu’il avait prévu de faire aujourd’hui.

Nous pleurons la perte de deux agents morts dans l’exercice de leur fonctions, a écrit dans un communiqué de presse la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith.

La gorge serrée, le ministre de la Sécurité publique, un ancien sergent de la police de Calgary a brièvement parlé lors de la conférence de presse. Je suis sans mots.

Une voiture de police stationnée au milieu de la rue.

Une importante présence policière a été constatée aux aurores dans le quartier Inglewood. Photo: Radio-Canada/David Bajer

Plusieurs membres des forces de l’ordre et associations du pays ont également publié des messages de soutien et de condoléances à l’intention du Service de police d’Edmonton.

Nos cœurs sont brisés à l’annonce du meurtre de deux membres de la police d’Edmonton, a écrit dans un gazouillis Michael Gendron, le porte-parole de l’Association canadienne des policiers.

Au nom de tous les membres de l’Association des policiers de la Colombie-Britannique, nous adressons nos plus sincères condoléances au service de police d’Edmonton. Nos pensées et nos prières accompagnent la famille, les amis et les collègues, a publié le président de l’Association, Ralph Kaiser, sur son compte Twitter.

Le premier ministre Justin Trudeau a également offert ses condoléances aux familles et à la police d’Edmonton.

Tous les jours, les agents de police s’exposent au danger pour protéger la population. La mort de deux agents de la police d’Edmonton nous rappelle cette réalité. […] Nous sommes là pour vous. 

Je remercie toutes les personnes qui nous ont envoyé des messages de soutien. Ils nous donnent le courage de traverser cette épreuve , a dit le chef de police Dale McFee lors du point de presse, jeudi matin.

L’agent Travis Jordan travaillait pour la police d’Edmonton depuis huit ans et demi et l’agent Brett Ryan depuis cinq ans et demi.

La police d’Edmonton compte dévoiler plus d’informations sur les circonstances qui ont entraîné la mort de ses deux agents à mesure que l’enquête avancera.

Avec Radio-Canada par Nassima Way

Canada-Québec/Langue française : Roberge se réjouit de l’impact de la publicité de son ministère

mars 16, 2023
Jean-François Roberge en mêlée de presse à l'Assemblée nationale.

Jean-François Roberge défend la dernière publicité du ministère de la Langue française. Photo: Radio-Canada/Sylvain Roy Roussel

Une vidéo gouvernementale invitant les Québécois à éviter les anglicismes fait beaucoup réagir depuis qu’elle a été diffusée sur les réseaux sociaux, mercredi, plusieurs internautes estimant qu’elle passe à côté du problème que constitue le déclin du français. Le ministre Roberge, lui, se dit plutôt « content » que la publicité « fasse jaser ».

Vous savez ce qu’on dit, hein : « Parlez-en en mal, mais parlez-en… en français! », a lancé le premier intéressé en entrevue jeudi à l’émission montréalaise Tout un matin, sur ICI Première.

La publicité en question a été partagée par le ministre lui-même, mercredi, afin de susciter une prise de conscience quant au déclin du français au Québec.

Elle met en scène un faucon pèlerin – un oiseau qui, dans les années 1970, était dans une posture beaucoup plus vulnérable qu’il ne l’est aujourd’hui, et qui a pris du mieux grâce aux actions gouvernementales, a expliqué Jean-François Roberge au micro de Patrick Masbourian, jeudi. Une allégorie, en quelque sorte.

Verbatim de la publicité

Narration Le faucon pèlerin. Cet oiseau de proie vraiment sick est reconnu pour être assez chill parce qu’il est super quick en vol et peut passer la majorité de son temps à watcher son environnement. Mais malgré que ses skills de chasse soient insane, l’avenir du faucon pèlerin demeure sketch.

Texte Au Québec, le français est en déclin. Renversons la tendance.

La publicité qui, jeudi matin, avait déjà été vue plus de 600 000 fois sur Twitter, a toutefois reçu un accueil mitigé, les internautes étant nombreux à souligner qu’elle ratait la cible en s’en prenant à la qualité de la langue parlée plutôt qu’à l’usage du français qui, selon Statistique Canada, est en déclin partout au pays, y compris au Québec.

D’autres ont aussi accusé les auteurs de la vidéo de viser les jeunes en montrant du doigt des expressions utilisées par ceux-ci. Jean-François Roberge s’en défend. On ne cible pas les jeunes, a assuré le ministre jeudi. Moi-même, ça m’arrive d’utiliser des mots anglais au milieu de phrases en français, a-t-il avoué.

En outre, cette campagne publicitaire sera suivie d’autres campagnes, sur d’autres thèmes, a poursuivi M. Roberge, qui a réuni autour de lui un groupe de travail pour l’avenir de la langue française dont font partie les ministres Christine Fréchette (Immigration), Mathieu Lacombe (Culture), Pascale Déry (Enseignement supérieur), Bernard Drainville (Éducation) et Martine Biron (Relations internationales).

Ce comité devrait d’ailleurs déposer un plan d’action d’ici la fin de l’année 2023, a-t-il rappelé en entrevue, ajoutant qu’une consultation publique à ce sujet devrait être lancée dans les prochains jours.

La CAQ passe à côté du problème, selon l’opposition

La publicité controversée a également été sévèrement critiquée par les partis d’opposition, jeudi matin à la Tribune de la presse de l’Assemblée nationale, les émissaires du PQ et de QS jugeant tous deux que le ministère de Jean-François Roberge avait erré en diffusant une telle vidéo.

Le député péquiste Joël Arseneau a notamment estimé que la CAQ faisait fausse route en voulant faire porter le poids du déclin du français sur les épaules des individus plutôt que sur celles du gouvernement et en critiquant la qualité de la langue parlée des Québécois.

Est-ce que c’est ça, le problème majeur, ou la langue qu’on utilise en milieu de travail? Est-ce que c’est ça, le problème, ou le fait que la loi 101 a été dépecée par les tribunaux et puis qu’on n’arrive pas à rétablir un certain nombre de principes?, a-t-il lancé, renouvelant son appel à étendre la loi 101 aux cégeps.

M. Arseneau a aussi évoqué jeudi de récentes déclarations faites par le ministre Dubé, qui a promis de shaker le système de santé plutôt que de l’ébranler, et par le ministre Drainville, qui s’est engagé à ne pas bullshiter au sujet des maternelles 4 ans plutôt que d’éviter les faux-fuyants.

Je me demande si la campagne de publicité ne devrait pas être faite au sein du gouvernement de la CAQ plutôt qu’au sein de la population, a commenté le député des Îles-de-la-Madeleine.

Son collègue solidaire de Rosemont, Vincent Marissal, s’est offusqué pour sa part que les jeunes soient montrés du doigt par le gouvernement pendant que l’élite économique de Montréal continue d’ignorer l’importance de la langue française au Québec.

Quand je vois qu’on se fait niaiser par le PDG d’Air Canada, ça, ça m’énerve, ça m’irrite, et je pense qu’il y a un gros, gros problème là, a-t-il déclaré. Après ça, si on veut shamer – excusez-moi l’expression – les ados, si on veut les culpabiliser, je ne suis pas sûr qu’on ait la bonne cible.

Avec Radio-Canada par Jérôme Labbé

Les Jésuites du Canada révèlent les noms de 27 prêtres accusés d’abus sexuels

mars 13, 2023
Le père Erik Oland dirige l'ordre des Jésuites au Canada.

Le père Erik Oland dirige l’ordre des Jésuites au Canada. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Les Jésuites du Canada ont publié lundi une liste de 27 prêtres qui, selon eux, ont été « accusés de manière crédible » d’avoir abusé sexuellement des mineurs au cours des six dernières décennies.

Avertissement : les passages qui suivent pourraient troubler certains lecteurs.

Au cours des trois dernières décennies ou plus, des révélations d’abus graves commis par des membres du clergé remontant à plusieurs générations ont été mises en lumière, et l’Église a été lente à réagir, a déclaré le père Erik Oland, Supérieur provincial des Jésuites du Canada, dans une lettre aux fidèles affichée sur le site Web des Jésuites du Canada.

En rencontrant les victimes, en écoutant leurs récits et en lisant les rapports sur leurs expériences, nous avons ressenti de la honte et sommes devenus conscients que la seule voie à suivre est celle de la vérité, de la guérison et de la réconciliation.

En décembre 2019, l’ordre religieux a annoncé qu’il publierait les noms après un audit complet de 60 ans de fichiers avec l’aide de King International Advisory Group, une organisation indépendante d’évaluation des risques.

L’ordre religieux de l’Église catholique avait initialement prévu de publier la liste avant janvier 2021. Dans sa lettre lundi, M. Oland a attribué le retard à un ralentissement lié à la pandémie de COVID-19.

Radio-Canada n’a pas vérifié de manière indépendante les allégations contre les 27 hommes sur la liste(Nouvelle fenêtre). La majorité d’entre eux sont morts.

La grande majorité des cas ont fait surface après la mort de l’auteur présumé, selon la déclaration d’Erik Oland. Il a également noté que certaines des affaires n’ont jamais été menées devant la justice pénale ou civile.

Tout le monde ne considérera pas la publication de la liste comme une mesure positive, poursuit le communiqué.

Nous sommes conscients que le fait de voir le nom d’un agresseur imprimé peut rouvrir de vieilles blessures. Néanmoins, nous publions cette liste en partie à la demande des victimes et des groupes de défense des victimes afin de favoriser la guérison, de reconnaître la gravité de leur traumatisme et de leur souffrance, de valider leur expérience et de promouvoir la justice et la transparence.

L’ordre des Jésuites du Canada revendique près de 250 membres au Canada.

M. Oland encourage toute personne ayant subi des abus sexuels de la part d’un Jésuite de contacter le 911, l’agence de protection de l’enfance locale ainsi que l’ordre religieux.

Avec Radio-Canada

La Chine accuse le Canada de salir sa réputation avec les postes de police

mars 10, 2023
La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning. Photo: Reuters/Thomas Peter

La Chine a accusé vendredi le Canada de salir sa réputation en raison d’allégations selon lesquelles le pays exploite secrètement deux postes de police à l’étranger au Québec.

Lors d’un point de presse, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que le Canada devrait cesser de faire du sensationnalisme et du battage médiatique sur la question et arrêter les attaques et les calomnies contre la Chine.

Elle a ajouté que cette dernière avait strictement respecté le droit international et la souveraineté judiciaire de tous les pays.

Le porte-parole n’a pas commenté l’existence des postes de police et n’a pas précisé si ceux-ci étaient gérés par les autorités gouvernementales chinoises.

Le sergent Charles Poirier, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), a déclaré jeudi que des Canadiens d’origine chinoise avaient été victimes d’activités menées par les stations.

Il a souligné que le Canada ne tolérera aucune forme d’intimidation, de harcèlement ou de ciblage préjudiciable à l’endroit de communautés ou de personnes en diaspora au Canada, ajoutant que l’équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC avait ouvert des enquêtes sur les postes de police présumés de Montréal et de Brossard.

L’organisation espagnole de défense des droits de l’homme Safeguard Defenders soutient que la Chine possède des dizaines de stations de ce type à travers le monde, dont trois dans la région du Grand Toronto.

Dans un rapport publié en septembre dernier, elle avait déclaré que les stations étaient utilisées pour harceler, menacer, intimider et forcer des cibles à retourner en Chine pour y être persécutées.

Inquiétudes collectives

Le ministère chinois des Affaires étrangères avait précédemment décrit ces postes étrangers comme des postes de service pour les Chinois qui se trouvent à l’étranger et qui ont besoin d’aide avec des tâches bureaucratiques, par exemple le renouvellement de leur permis de conduire chinois.

Ces services aux citoyens sont normalement assurés par une ambassade ou un consulat.

Pékin a lancé deux campagnes pour ramener en Chine les suspects recherchés, en majorité pour crimes économiques, mais a assuré que ses agents à l’étranger agissent conformément au droit international. Les autorités américaines ont précisé que cela n’avait pas toujours été le cas.

Les postes de police ont alimenté les inquiétudes mondiales selon lesquelles le Parti communiste chinois cherche à contrôler ses citoyens à l’étranger, souvent en utilisant des menaces contre leurs familles et leur sécurité.

Ces méthodes leur permettraient aussi de saper les institutions démocratiques des autres nations tout en recueillant des renseignements économiques et politiques.

La question des visas diplomatiques

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué jeudi que les préoccupations concernant l’ingérence étrangère étaient à l’origine du refus du Canada de délivrer un visa diplomatique à un agent politique pour la Chine, l’automne dernier.

Mélanie Joly est assise devant quelques personnes présentes dans l'assistance.

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, lors de sa comparution devant un comité parlementaire qui se penche sur les allégations d’ingérence chinoise dans les deux dernières élections. (Photo d’archives) Photo: La Presse Canadienne/Justin Tang

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré que la présence de postes de police chinois au Canada était une source de préoccupation pour le gouvernement fédéral.

« Nous sommes au courant de la [présence de] postes de police chinois à travers le pays depuis plusieurs mois, et nous nous assurons que la GRC effectue un suivi et que nos services de renseignement prennent la situation au sérieux. »— Une citation de  Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Les relations sino-canadiennes ont fortement été altérées en 2018, après que la Chine eut emprisonné deux Canadiens sur de présumées fausses accusations.

Cet événement s’était déroulé peu de temps après que le Canada eut arrêté Meng Wanzhou, directrice financière du géant de la technologie Huawei et fille du fondateur de la société, sur une demande d’extradition des États-Unis.

Les deux Canadiens avaient été renvoyés au Canada en 2021, le même jour que Mme Meng était retournée en Chine après avoir conclu, dans son cas, un accord avec les autorités américaines.

Avec Radio-Canada par La Presse canadienne

Canada: Devenir cadre supérieur dans la fonction publique demeure un défi pour les femmes noires

mars 9, 2023
Une femme discute avec trois hommes.

Marjorie Michel avec le premier ministre Justin Trudeau, le député Greg Fergus et l’ambassadeur canadien aux Nations unies Bob Rae. Photo : Cabinet du Premier Ministre/Adam Scotti

La nomination de la première femme noire au poste de sous-ministre de la Justice et sous-procureure générale du Canada met en lumière le fait que les femmes noires sont peu nombreuses à accéder à des postes dans la haute fonction publique.

Le 10 février est une date que Shalene Curtis-Micallef ne risque pas d’oublier de sitôt. Après une carrière de près de 25 ans comme avocate au ministère de la Justice, le premier ministre Justin Trudeau l’a nommée sous-ministre de la Justice et sous-procureure générale du Canada. J’étais complètement émue, dit-elle, c’était tout un honneur d’être nommée à ce poste-là. 

En devenant la numéro deux du ministère de la Justice du Canada, Shalene Curtis-Micallef a écrit une page d’histoire : elle est la première femme noire à accéder à ce poste. Je prends cette responsabilité comme un privilège, confie-t-elle.

Une autre femme noire a récemment marqué l’histoire au Canada en devenant cheffe de cabinet adjointe du premier ministre Justin Trudeau. Marjorie Michel n’avait pas imaginé qu’elle occuperait un jour cet emploi.

C’est sûr que c’est un poste, évidemment surtout dans le regard des autres, [qui leur fait dire] : « Oh, mon Dieu, tu es arrivée là ». Oui, c’est vrai, mais c’est d’abord un poste de service qui vient avec beaucoup de responsabilités, explique-t-elle.

Tracer son chemin en dépit des obstacles

Shalene Curtis-Micallef assise avec une journaliste lors d'une entrevue.

Shalene Curtis-Micallef est devenue sous-ministre de la Justice et sous-procureure générale du Canada après une longue carrière dans la fonction publique. Photo : Radio-Canada/Jonathan Dupaul

En pensant à tout ce qu’elles souhaitent accomplir, pour créer entre autres des environnements de travail inclusifs pour tous, Shalene Curtis-Micallef et Marjorie Michel n’oublient pas pour autant le chemin parcouru. Elles ont à certaines occasions vécu du racisme et de la discrimination.

La sous-procureure générale du Canada explique que lorsqu’elle a été embauchée comme avocate stagiaire dans la fonction publique durant les années 1990, le ministère de la Justice était un milieu de travail différent. Marjorie Michel qui évolue en politique depuis le début des années 2000 parle d’incidents subtils. Toutes les deux ont choisi d’avancer malgré tout.

J’ai commencé la vie avec une mère immigrante résiliente, incroyable, qui a travaillé fort et qui m’a instauré une confiance en moi, explique Shalene Curtis-Micallef. Pour moi c’est vraiment de faire de mon mieux […] je reconnais lorsque les systèmes ne sont pas justes, mais j’ancre ma personnalité, ma confiance dans ce que je suis capable de faire.

« J’ai eu la chance d’avoir été construite avec beaucoup de confiance en ce que je suis et de ne jamais laisser les autres me définir. »— Une citation de  Marjorie Michel, cheffe de cabinet adjointe, du premier ministre Justin Trudeau

Une demande d’action collective devant les tribunaux

Si ces deux femmes ont réussi à progresser en dépit des obstacles, un groupe allègue que des milliers de Noirs, particulièrement des femmes, ont vu leur progression bloquée dans la fonction publique au cours des 50 dernières années en raison du racisme systémique et de la discrimination.

Selon les données compilées par le groupe Recours Collectif Noir, sur les 6717 cadres supérieurs dans la fonction publique, 150 sont noirs; hommes et femmes confondus. C’est moins de 2 % des effectifs.

En décembre 2020, les plaignants ont déposé une demande d’action collective en Cour fédérale au nom de ces employés fédéraux.

Sans commenter le dossier, puisqu’il est devant les tribunaux, la sous-ministre reconnaît qu’il y a du travail à faire et qu’il a été entamé.

Marjorie Michel constate tout de même qu’il y a eu du progrès parmi le personnel politique depuis qu’elle a commencé à travailler sur la colline Parlementaire en 2016. On est au-dessus d’une quarantaine [d’employés noirs], on n’était pas cinq quand je suis arrivée, explique-t-elle.

Ouvrir des portes pour les générations à venir

Créer des milieux de travail inclusifs est l’affaire de tous, disent les deux femmes, et le mentorat fait partie de la solution.

« J’ai une responsabilité envers ma communauté et envers tous les Canadiens de normaliser le fait que les femmes noires peuvent accéder à des postes qui sont importants dans notre société. »— Une citation de  Shalene Curtis-Micallef, sous-ministre de la Justice du Canada et sous-procureure générale du Canada

Marjorie Michel juge important d’être à l’écoute. Je suis quand même cheffe du cabinet adjointe. D’avoir des conversations avec ces femmes pour leur donner de la place, savoir quels sont les enjeux et c’est tout le monde ensemble qui amenons [les solutions] sur la table; moi parfois, je suis un véhicule pour faire avancer les idées parce que, c’est sûr, je suis plus près du centre.

Shalene Curtis-Micallef et Marjorie Michel sont fières d’avoir ouvert la voie. Ce qu’elles souhaitent pour la suite, c’est que d’autres femmes comme elles rejoignent leurs rangs.

Avec Radio-Canada par Valérie-Micaela Bain

Canada-Québec: Le député libéral Marc Garneau quitte son siège

mars 8, 2023

Cet élu montréalais a fait connaître sa décision au caucus québécois du Parti libéral du Canada mercredi matin.

Marc Garneau en mêlée de presse.

L’ancien ministre Marc Garneau a annoncé mercredi à ses collègues du caucus libéral du Québec qu’il démissionne de son poste de député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount. Photo: La Presse Canadienne/Justin Tang

Le député libéral et ancien ministre Marc Garneau a annoncé mercredi qu’il a décidé de quitter ses fonctions d’élu dans la circonscription de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, à Montréal. Tout en insistant sur les raisons familiales qui ont motivé sa décision, il a réitéré son désaccord avec son parti à propos du projet de loi C-13 sur les langues officielles.

M. Garneau a fait l’annonce de son départ en matinée à ses collègues du caucus du Québec. On ne sait pas encore à quel moment sa démission entrera en vigueur.

En Chambre, il a eu droit à une ovation et à des applaudissements de la part de ses collègues, en présence de plusieurs membres de sa famille venus écouter son dernier discours.

Après réflexion et avec un regard vers l’avenir, j’ai décidé de me retirer de mon rôle de député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount. […] Mes 14 ans comme député furent magnifiques […] et j’en garde des souvenirs précieux, a-t-il déclaré, visiblement ému.

« Ceux qui ont des familles savent que la vie politique est très exigeante pour les proches. […] En automne dernier, j’avais promis à ma famille de quitter la vie politique après avoir déposé en Chambre le rapport final sur l’aide médicale à mourir, ce que j’ai pu faire le 15 février. Compléter cette tâche était de la plus grande importance pour moi. »— Une citation de  Marc Garneau, député fédéral de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount

Sa décision de démissionner survient alors que le projet de loi C-13 sur les langues officielles, auquel M. Garneau s’oppose dans sa forme actuelle, poursuit son cheminement au Parlement. La ministre responsable, Ginette Petitpas Taylor, croit que ce projet de loi sera adopté d’ici l’été.

Marc Garneau marche en souriant.

Marc Garneau à l’aéroport Montréal-Trudeau le lundi 15 juillet 2019. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

« Il faut que je puisse dormir le soir »

Intercepté par les journalistes à son arrivée au caucus national du Parti libéral du Canada (PLC), mercredi après-midi, M. Garneau a affirmé que le projet de loi C-13 n’était pas à l’origine de sa décision de quitter ses fonctions. La décision de mon départ est familiale, c’est la seule raison pour laquelle je quitte, a-t-il répété.

Il a toutefois souligné avoir suivi ses principes pour justifier son refus d’appuyer le projet de loi sur les langues officielles, réaffirmant que la référence à la Charte québécoise de la langue française dans le projet de loi à l’étude pourrait créer des complications.

Dans la vie, quand on est politicien, il faut souvent prendre des décisions, voter d’un côté ou de l’autre. Et la grande majorité du temps, je suis complètement aligné avec mon parti, […] mais de temps en temps, il peut y avoir des différences, a dit M. Garneau.

« Pour moi, c’était fondamental que je prenne position sur le fait que je ne pense pas que la Charte québécoise de la langue française, qui est la loi 96, devrait être dans un document fédéral, parce que je pense que ça crée des complications. […] Il faut vivre avec ses principes, il faut que je puisse dormir le soir. »— Une citation de  Marc Garneau, député fédéral de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount

Ses collègues sous le choc

À son arrivée au Parlement mercredi, le lieutenant de Justin Trudeau au Québec, Pablo Rodriguez, a salué un grand homme qui a donné beaucoup à ses concitoyens [et] au Canada après une carrière illustre dans la marine, comme astronaute et comme président de l’ASC.

M. Rodriguez a toutefois refusé de confirmer si la démission de M. Garneau était liée à ses prises de position sur la langue.

La ministre Mélanie Joly – qui lui a succédé aux Affaires étrangères mais qui était précédemment responsable des Langues officielles et qui est à l’origine de la réforme en cours – a pour sa part souligné que la carrière de Marc Garneau a été plus grande qu’un simple dossier.

Je pense aussi que Marc a toujours été un homme très droit, qui défendait ses propres convictions, a-t-elle ajouté.

Dastronaute à député et à ministre

Élu pour la première fois en 2008 dans Westmount–Ville-Marie, Marc Garneau est devenu en 2015 député de la nouvelle circonscription de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount.

En 2012, M. Garneau s’était lancé dans la course à la chefferie du PLC, rendue nécessaire par le départ de Michael Ignatieff. Il s’était finalement rallié à la candidature de Justin Trudeau en cours de route.

M. Garneau a depuis lors servi comme ministre des Transports, de novembre 2015 à janvier 2021, puis comme ministre des Affaires étrangères de janvier 2021 au mois d’octobre de la même année, avant d’être rétrogradé comme député d’arrière-ban au terme des plus récentes élections générales.

On lui avait alors proposé le poste d’ambassadeur du Canada à Paris, une offre qu’il avait poliment refusée.

Son passage aux Affaires étrangères a été marqué par les efforts diplomatiques qui ont conduit au retour des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, qui étaient emprisonnés en Chine, et par l’opération d’évacuation de l’Afghanistan après la chute aux mains des talibans.

Aux Transports, il a piloté les dossiers de la voie de contournement de Mégantic, de la Charte des voyageurs aériens et des difficiles remboursements des passagers qui ont annulé leurs vols en raison de la pandémie.

L’animateur Simon Durivage interviewe l’astronaute Marc Garneau au siège de la NASA.

Avant sa carrière politique, M. Garneau a été le premier astronaute canadien à s’être envolé vers l’espace. C’était en 1984. Cet ingénieur de formation a également pris part à des missions spatiales en 1996, puis en 2000. Il cumule au total plus de 677 heures de vol dans l’espace.

D’astronaute, Marc Garneau est devenu en 2001 président de l’Agence spatiale canadienne (ASC), poste qu’il a occupé jusqu’en 2005.

Des projets?

Aujourd’hui, M. Garneau dit ne pas avoir de projet spécifique, mais cela ne veut pas dire que je vais être complètement à la retraite.

« J’ai grimpé au sommet de toutes les montagnes que j’avais dans ma vie, et maintenant, je vais passer du temps avec ma famille et faire des choses que j’ai peut-être négligées un peu au cours de ma carrière. »— Une citation de  Marc Garneau, député fédéral de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount

Lors de sa mêlée de presse, il s’est même dit « ouvert » à l’idée de remplir un nouveau mandat : J’ai encore un intérêt, ma santé est bonne, mon intellect fonctionne quand même raisonnablement bien, alors s’il y a des occasions où je peux m’impliquer dans quelque chose qui m’intéresse, je vais peut-être le faire.

Par Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne