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Claude Lorius, pionnier de la climatologie, est mort

mars 23, 2023

Le glaciologue, médaille d’or du CNRS avec Jean Jouzel, a été parmi les premiers à mettre en évidence le lien entre gaz à effet de serre et évolution du climat.

Claude Lorius, glaciologue et explorateur, est mort a l'age de 91 ans.
Claude Lorius, glaciologue et explorateur, est mort à l’âge de 91 ans.  © LOIC VENANCE / AFP

Il fut l’un des premiers à avoir établi le rôle du dioxyde de carbone (CO2) dans le réchauffement climatique. Le glaciologue français Claude Lorius est mort mardi 23 mars à l’âge de 91 ans.

Pionnier des expéditions polaires, Claude Lorius aura passé six années en cumulé dans l’Antarctique depuis sa première mission en 1957. Il a contribué à fonder la climatologie, reconstituant le climat du passé grâce à l’étude des bulles d’air piégées dans les carottes de glace sur des millénaires.

« Les éditions Arthaud, ont le regret d’annoncer le décès de leur auteur Claude Lorius », qui avait raconté sa vie de glaciologue dans ses Mémoires sauvées des glaces. « Claude Lorius est mort mardi matin » en Bourgogne, a confirmé à l’Agence France-Presse le paléoclimatologue du CNRS Jérôme Chappellaz, chercheur et ancien collaborateur de Claude Lorius, qui est proche de la famille.

« Claude était aussi de la trempe des aventuriers de l’exploration polaire », a salué l’explorateur Jean-Louis Étienne, dans une vidéo publiée sur Twitter.

Température et concentration de CO2

Né à Besançon le 27 février 1932, Claude Lorius, à peine diplômé, était tombé sur une annonce : « Recherche étudiants pour participer à l’Année géophysique internationale », en Antarctique. Il restera un an, en 1957, dans des conditions extrêmes, à la base Charcot, sur ce continent blanc où il n’aura de cesse de vouloir revenir.

Devenu chercheur au CNRS en 1961, il est de retour en Terre-Adélie en 1965. Là, il décide de s’intéresser aux bulles d’air de la glace, autant d’échantillons d’atmosphère pouvant renseigner sur les interactions avec le climat. Dès les années 1970, il commence à soupçonner le rôle des activités humaines dans le réchauffement planétaire.

En 1977-1978, après trois ans de repérage et dix de préparation, lui et son équipe entament un forage profond du Dôme C (sud-est de l’Antarctique). Ils creusent jusqu’à 900 m, prouesse permettant de retracer 40 000 ans d’histoire climatique. En 1984 une mission sur la base russe de Vostok (1 500 km à l’intérieur de l’Antarctique) lui permet de remonter des glaces de 150 000 ans.

Médaille d’or du CNRS avec Jean Jouzel

Pouvant ainsi reconstituer un cycle climatique complet, il constate que les courbes de températures suivent des rythmes réguliers, avant de s’emballer en même temps que celles du CO2 depuis le milieu du XIXe siècle et la Révolution industrielle. Ces résultats seront publiés en 1987 dans la revue Nature.

Le chercheur, membre de l’Académie des sciences, s’emploiera ensuite à mobiliser pour la lutte contre le réchauffement mondial.

En 2002, il reçoit la médaille d’or du CNRS avec son confrère et ami Jean Jouzel.

Le réalisateur oscarisé Luc Jacquet lui a consacré un film, La Glace et le Ciel.

Avec Le Point par Par M.G. avec AFP

Un Canadien est arrêté au Mexique après la mort d’une Britanno-Colombienne

mars 6, 2023
Gros plan de Kiara Agnew.

Kiara Agnew, 23 ans, a été retrouvée morte au Mexique, vendredi, par les autorités locales. Un homme canadien est détenu en lien avec sa mort. Photo : Photo Fournie par Katlyn Levesque

Une femme de Dawson Creek, en Colombie-Britannique, a été retrouvée morte vendredi dans un complexe hôtelier du Mexique et un Canadien a été arrêté en lien avec sa mort.

Les procureurs mexicains n’ont pas divulgué le nom de la victime ni de la personne arrêtée.

Selon sa famille, il s’agit de Kiara Agnew, 23 ans, originaire de Plaster Rock, au Nouveau-Brunswick, qui a déménagé à Dawson Creek, en Colombie-Britannique, à l’adolescence.

Dans une publication sur Twitter, vendredi, les autorités policières locales écrivent qu’une femme a été retrouvée sans vie avec des marques de violence dans un hôtel de Playa del Carmen, et que la police a arrêté une personne d’origine étrangère pour un possible féminicide.

Affaires Mondiales Canada confirme qu’une personne de citoyenneté canadienne est morte au Mexique et qu’une autre est en détention. Ottawa indique aussi que des agents consulaires fournissent une assistance aux familles.

Selon Katlyn Levesque, la tante de la jeune femme, Kiara Agnew allait avoir 24 ans le 11 mars.

Elle raconte que celle-ci avait hâte d’aller fêter son anniversaire au Mexique avec son petit ami. Elle parlait d’aller faire de l’apnée, de visiter des ruines et des plages.

La tante dit avoir parlé à sa nièce pour la dernière fois jeudi dernier.

C’est un voyage qui a rapidement tourné au cauchemar pour la jeune fille et sa famille. On m’a dit qu’elle a été trouvée morte à l’hôtel. J’étais sous le choc lorsque je l’ai appris et je le suis encore, confie-t-elle.

Elle ajoute que la famille attend les résultats d’une autopsie pour connaître la cause exacte du décès.

Katlyn Levesque souligne que sa nièce a toujours aimé voyager et qu’elle était passionnée des animaux.

Elle affirme que la mort de Kiara est une vraie tragédie pour toutes les personnes touchées.

Radio-Canada avec les informations de Tom Popyck

Un Américain meurt contaminé par l’amibe « mangeuse de cerveau »

mars 3, 2023

L’homme est décédé après avoir été infecté par « Naegleria fowleri » en se lavant le nez avec l’eau du robinet.

L'amibe entre par le nez et infecte le cerveau. Ce parasite tres rare tue plus de 97 % des personnes qu'il infecte (image d'illustration).
L’amibe entre par le nez et infecte le cerveau. Ce parasite très rare tue plus de 97 % des personnes qu’il infecte (image d’illustration).© KATERYNA KON/SCIENCE PHOTO LIBRA / KKO / Science Photo Library via AFP

Nouveau drame en Floride. Un Américain contaminé par une amibe dite « mangeuse de cerveau » est décédé en Floride, jeudi 2 mars, rapporte BFM. Le département de la Santé du comté de Charlotte n’a donné ni le sexe ni l’âge de la victime mais a souligné la rareté d’un tel drame. L’homme a été infecté après s’être rincé le nez avec l’eau du robinet, le 23 février dernier, explique un communiqué du Département de la Santé local

L’amibe, qui porte le nom scientifique de Naegleria fowleri, est un organisme monocellulaire qui vit dans les sols ou les surfaces d’eau douce relativement chaudes. Elle doit son surnom de « mangeuse de cerveau » aux infections cérébrales qu’elle provoque, traduites par les symptômes comme des céphalées, des nausées, des hallucinations et un coma.

Jae Williams, porte-parole du département de Santé local, a précisé qu’« une enquête épidémiologique [était] en cours pour comprendre les circonstances uniques de cette infection ». Les autorités sanitaires insistent qu’une « infection par Naegleria fowleri est rare et ne peut survenir que dans le cas où l’eau contenant l’amibe pénètre le corps par le nez. On ne peut pas être contaminé en buvant l’eau du robinet ». Les sucs gastriques se chargent en effet de détruire le microorganisme lorsqu’il est ingurgité par la bouche.

Les autorités recommandent donc de s’en tenir à de l’eau distillée ou stérilisée pour se nettoyer les sinus ou à faire bouillir l’eau du robinet.

En 2022, un adolescent vivant en Floride a été infecté par le parasite. S’il parvient à guérir, il serait seulement la cinquième personne à survivre à une contamination à l’amibe, dont le taux de létalité s’élève à 97 %, d’après CBS News.

L’amibe n’est pas présente en Europe. Elle se développe principalement dans les climats humides des régions chaudes du globe, notamment en Asie du Sud-Est, dans le sud-est et l’ouest de l’Afrique, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où les conditions d’hygiène la précarité ou l’absence des systèmes d’épuration des eaux usées favorisent la circulation et la transmission du parasite. En France, un seul cas a été identifié en 2008. Il s’agissait d’un enfant de 9 ans, décédé brutalement peu de temps après s’être baigné dans un bassin alimenté par une source d’eau chaude en Guadeloupe.

Par Vincent Pic pour Le Point

Congo-Disparition: le sénateur Alphonse Mboudo-Nesa décédé à Brazzaville

février 28, 2023

Le deuxième vice-président du Sénat, Alphonse Mboudo-Nesa, a tiré sa révérence le 27 février à Brazzaville à l’âge de 79 ans.

Alphonse Mboudo-Nesa

Né à Enyellé, dans le département de la Likouala, le 14 mars 1944, Alphonse Mboudo-Nesa est au Sénat depuis 2008. Membre du Parti congolais du travail (PCT) depuis 1975, l’illustre disparu a occupé plusieurs postes administratifs et politiques.

Économiste de formation, il a été conseiller économique et financier du président Marien Ngouabi de 1974-1975 avant d’être nommé ministre des Mines et de l’Energie puis directeur général d’Hydro-Congo. De 1989 à 1991, il est nommé ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises puis directeur général de la Société nationale d’électricité de 1998 à 2002.

Sur le plan politique, sa vie militante commence en 1961 où il est  membre du comité directeur de l’Association scolaire du Congo. En 1963, il milite avec les autres dans les mouvements estudiantins africains de France.

Depuis 2011 jusqu’à sa mort, il est membre du comité d’honneur du PCT.

Avec Adiac-Congo par Roger Ngombé

RDC/Décès de Marie-Jeanne Ndjoku : le Théâtre national a perdu une icône

février 22, 2023

Le Ballet national n’a pas su effectuer sa répétition hebdomadaire, le 22 février  dans la salle Mongita, à la suite du choc après la disparition de la danseuse Marie-Jeanne Ndjoku, âgée de 72 ans à l’aube du 17 février.

La regrettée Marie-Jeanne Ndjoku Masula (DR)

« Lianja mama hé, osali Sausàù nini hé ? Lianja mama hé, osali ba ndeko nayo nini hé ? », d’aucuns se souviennent sans doute de cette petite rengaine chantée par Marie-Jeanne Ndjoku Masula dans l’ « Epopée Lianja ». La regrettée danseuse incarnait le rôle principal de la toute première production du Ballet national, l’ »Epopée Lianja ». Cette œuvre, unique en son genre de 1975, est inscrite dans les annales de la Compagnie du Théâtre national congolais. En effet, aux dires du directeur général, Frederick Ngandu, « elle a fait la renommée du Ballet national au pays et à travers le monde ». Ainsi, a-t-il dit au « Courrier de Kinshasa », la disparue « a beaucoup voyagé avec le Ballet national. Elle a été aux États-Unis, dans l’ex-URSS, avec des productions à Moscou, à l’inauguration du siège de l’Unesco à Paris ; au Japon, en Israël, etc. ». Elle a, a-t-il conclu, « à cette époque-là, participé à toutes les grandes sorties du Ballet national ».Marie-Jeanne Ndjoku dans Lianja (DR)

1- La regrettée Marie-Jeanne Ndjoku Masula / DR

Et ce n’est pas tout car après « lEpopée Lianja, c’est dans la Légende Elima Ngando qu’elle a joué. Et tout dernièrement, elle avait participé à une tournée organisée par Faustin Linyekula sur l’histoire de la danse en République démocratique du Congo avec maman Wawina et Ikondongo, qui nous a quittés il y a quelques mois, jouant de son instrument monocorde ».

Pour Frederick Ngandu, l’artiste, illustre entre les années 1975-1980 et même plus tard, ne compte pas seulement parmi les piliers de l’institution bientôt cinquantenaire. « C’est elle qui a fait l’histoire du Ballet national », a -t-il dit. Recrutée à sa création, en 1974, son apport est jugé significatif dans ses deux grands spectacles susmentionnés de renommée internationale.

Toujours sur scène à 72 ans

Placide Mulumba Mpanga souligne donc qu’avec la mort de Marie-Jeanne Ndjoku, « la Compagnie du Théâtre national congolais a perdu un de ses grands artistes qui a servi loyalement la culture congolaise durant plus de 49 ans ». Le chef de division du personnel de la compagnie a rappelé qu’elle a presté « magistralement » comme « danseuse en solo dans les deux spectacles à grand succès du riche répertoire du Ballet national ». Quitte à abonder dans le même sens que le directeur général, il est revenu sur sa participation à l’inauguration du siège de l’Unesco, au Festival des arts nègres (Dakar 1966, 2010 et Lagos 1977), au Festival panafricain d’Alger en 2009. Et qui plus est, la regrettée Marie-Jeanne Ndjoku était médaillée de Bronze en 1976.

Marie-Jeanne Ndjoku, la septantaine révolue, en tenue de spectacle de danse traditionnelle (DR)

2 -La regrettée artiste dans « Lianja » /DR 3- Marie-Jeanne Ndjoku, la septantaine révolue, apprêtée pour un spectacle de danse traditionnelle /

Soulignons qu’encore active, la doyenne des danseuses du Ballet national est apparue sur scène la dernière fois dans « Bumuetu », le  3 décembre 2022, au lancement de la saison artistique 2022-2023 de la Compagnie du Théâtre national congolais dans la salle du Zoo. Placide Mulumba est convaincu « qu’aucune danseuse ne peut l’égaler. Grâce à sa constitution physique, elle avait une belle plastique avant sa prise de poids et était autrefois comptée parmi les plus jolies dames du ballet ». Forte de son expérience, elle encadrait toutes les nouvelles recrues et, « toujours ponctuelle, elle était d’une discipline exemplaire », a rapporté  Fabrice Mukala. Auteur de la pièce de danse « Bumuetu » jouée le 3 décembre dernier, il la tient « pour un modèle pour toutes les générations qui sont passées par le Ballet national et ont beaucoup appris d’elle ».

Rappelons que Marie-Jeanne Ndjoku a rendu l’âme aux Cliniques universitaires de Kinshasa, le 17 février, à 4 heures du matin. Née en 1951, elle a intégré le Théâtre national à 23 ans et ne l’a jamais quitté. Elle y a passé toute sa vie et a été emportée à 72 ans après avoir passé 49 ans de carrière dans cette institution.

Avec Adiac-Congo par Nioni Masela

« New-York unité spéciale » : l’acteur Richard Belzer est décédé

février 19, 2023

L’acteur américain connu pour son rôle de détective dans les séries « Homicide » et « New-York Unité Spéciale », diffusée sur TF1, s’est éteint à l’âge de 78 ans.

Richard Belzer s'est eteint a son domicile de Bozouls, en Aveyron.
Richard Belzer s’est éteint à son domicile de Bozouls, en Aveyron.© Neilson Barnard/North America/Getty Images via AFP

L’acteur et humoriste américain Richard Belzer est décédé, ce dimanche 19 février, dans sa résidence de Bozouls, dans le sud-ouest de la France. Selon l’écrivain Bill Scheft, son ami de longue date cité par The Holywood reporter, le comédien de 78 ans souffrait de « nombreux problèmes de santé ». Celui qui incarnait le cynique détective John Munch dans plusieurs séries dont « Homicide » et « New York Unité Spéciale », diffusée sur TF1, avait commencé comme artiste de stand-up. Ses derniers mots ont été « Va te faire foutre, enfoiré », toujours selon Bill Scheft.

Richard Belzer avait fait ses débuts dans l’émission mythique « Saturday Night Live » en tant que chauffeur de salle. Il est ensuite apparu au cinéma dans « The Groove Tube », sorti en 1974. Mais l’Américain a davantage connu de succès sur le petit écran, notamment grâce à son rôle dans « Loïs et Clark : Les Nouvelles Aventures de Superman », mais surtout pour avoir incarné le détective John Munch, d’abord la série « Homicide », en 1993, puis dans « New York, police judiciaire » et enfin dans « New York : Unité Spéciale », aux côtés de Mariska Hargitay, Christopher Meloni et Ice-T, des saisons 1 à 15. L’acteur avait annoncé prendre sa retraite en 2013.

Sur Instagram, sa partenaire de plateau Mariska Hargitay s’est fendue d’un long et touchant message d’adieu : « Au revoir mon cher, cher ami. Ta lumière unique et ta vision singulière de ce monde étrange vont me manquer. Je me sens bénie de t’avoir connu, de t’avoir adoré et d’avoir travaillé avec toi, côte à côte, pendant tant d’années. Quelle chance les anges ont de t’avoir. Je peux déjà les entendre rigoler. Je t’aime tellement, maintenant et pour toujours. »

Avec Le Point.fr

Mauritanie : adieu, Mariem Daddah

février 15, 2023

Veuve du premier président mauritanien, Moktar Ould Daddah, décédé en 2003, Mariem Daddah s’est éteinte ce 12 février à Nouakchott. Le pays pleure cette Française d’origine, qu’on appelait encore affectueusement « Madame la présidente »

Mariem Daddah, à Nouakchott, en novembre 2013. © Laurent Prieur

Des racines rabougries, des acacias tremblant sous un vent léger… Plus loin, une sorte de grand hangar, puis des tentes blanches, beaucoup de tentes, de rares maisons, modestes, dont on distingue difficilement la forme à travers le hublot, et, tout autour, des dunes, une immensité blanche infinie, du sable, rien que du sable.
Marie-Thérèse Gadroy s’imagine dans un paysage directement sorti de l’imagination de Jules Verne : « Nous devons être aux alentours de la capitale, certainement », dit-elle. « Non, lui répond Moktar Ould Daddah, son jeune mari, Premier ministre d’un État balbutiant. Non, c’est notre future capitale, Nouakchott. »

Tiers-mondiste dans l’âme

La jeune Française n’est pas au bout de ses surprises : la toute petite maison blanche où ils descendent, leur « palais », côtoyant quelques habitations de dignitaires semblables les unes aux autres, la 2CV ronronnante, souvent ensablée, de son époux, pourtant première personnalité du pays, le menu on ne peut plus frugal… Mais il y a pire : ces hommes du désert, frustes, portant souvent des boubous malpropres et parlant à son mari d’égal à égal tout en la regardant de haut, ces femmes emmitouflées dans d’épaisses melhfa et qui la scrutent, étonnées, comme si c’était elle la curiosité, cette société qui ignore l’idée même d’égalité et où des suffisances enturbannées détiennent encore la réalité du pouvoir, malgré soixante années d’un colonialisme français décidément plus soucieux de stabilité que de respect des principes républicains… Pétrie des idéaux de progrès, militante d’un catholicisme de gauche, tiers-mondiste dans l’âme, Marie-Thérèse Gadroy mesure alors l’immensité de la tâche qui attend son mari. Et décide de l’épauler de toutes ses forces.

Elle parcourra ce pays immense avec lui, ville par ville, village par village, douar par douar. Elle parlera aux gens, aux femmes surtout. Elle les comprendra, et, petit à petit, Marie-Thérèse Gadroy deviendra Mariem Daddah. Elle ne se fera pas que des amis. Les émirs, les chefs de tribus, les milieux religieux les plus rétrogrades verront toujours d’un mauvais œil toute ses actions. Elle ne cessera de plaider pour une plus grande indépendance de la Mauritanie vis-à-vis de son pays natal, la France. Elle encouragera la mise en œuvre de « réformes révolutionnaires » en faveur de l’égalité hommes-femmes.

Bien qu’il partage ces idées, Moktar Ould Daddah se verra contraint de tempérer l’enthousiasme de son épouse par égard pour les forces traditionnelles et, aussi, pour préserver la stabilité nécessaire à la construction d’un État. Dans la Françafrique, Mariem Daddah ne se fera pas beaucoup d’amis. D’ailleurs, Jacques Foccart, son grand gourou, ne manquera pas d’égratigner la première dame dans ses Mémoires.

Raviver la mémoire

Tout au long de ces années, Mariem Daddah ne cessera de s’intéresser à la vie du pays, d’encourager les initiatives féminines, de nouer le dialogue avec une jeunesse de plus en plus révoltée. Ce n’est que dans les années 1970, quand Moktar Ould Daddah sentira son pouvoir affermi, qu’il prendra de grandes mesures : révision des accords avec la France, dialogue avec les jeunes contestataires, nationalisation de la principale mine du pays, la Miferma, rapprochement avec les pays socialistes… Mais la guerre du Sahara, qu’il n’a su éviter, combinée à la sécheresse, mènera le pays à une quasi banqueroute et fera le lit des militaires. Ils s’emparent du pouvoir le 10 juillet 1978. Mariem Daddah accompagne alors son mari en exil mais ne cessera de se battre pour ce qu’elle considère être l’héritage de Ould Daddah et pour une meilleure gouvernance.

Mariem Daddah s’installera par la suite à Nouakchott, retrouvera la villa familiale et créera la Fondation Moktar-Ould-Daddah pour raviver la mémoire du premier président de la Mauritanie indépendante. Ses enfants, Mohameden, Azzedine et Faïza, ne choisiront pas de vivre un exil doré et travailleront, occupant des fonctions somme toute modestes. Seul Mohameden deviendra ambassadeur, après de longues années dans la carrière diplomatique.

Avec Jeune Afrique

Mbarek Ould Beyrouk

Par Mbarek Ould Beyrouk

Écrivain mauritanien

Paco Rabanne, le prophète de la mode, est mort

février 3, 2023

Couturier autodidacte, visionnaire et excentrique, Paco Rabanne est mort à 88 ans. Représentant du Space Age, il a connu le succès dès les années 1960.

« Ce n’est pas un couturier, c’est un métallurgiste ! » disait de lui Coco Chanel. Et pour cause, Paco Rabanne, dont la marque a confirmé au Point ce vendredi 3 février la mort à 88 ans, a introduit dès 1966 des matériaux industriels dans ses collections. À 32 ans, dans les salons de l’hôtel George-V, il présente son premier opus haute couture baptisé « Manifeste », composé de « 12 robes importables en matériaux contemporains ». Ses créations expérimentales, ornées de sequins, d’aluminium et de plaques en rhodoïd, sont portées par des mannequins aux pieds nus qui défilent au rythme saccadé du « Marteau sans maître » de Pierre Boulez – chose rare à l’heure où ce sont encore les aboyeurs qui animent les défilés de mode.

Né en 1934 à Pasaia (dans le Pays basque espagnol), le jeune Francisco Rabaneda y Cuervo (de son vrai nom) a fui la guerre civile espagnole avec sa mère – première main chez Cristobal Balenciaga, alors établi à Saint-Sébastien. Son père, officier, a été assassiné en 1936 par les armées franquistes. Arrivé à Morlaix à l’âge de 5 ans, il quittera la Bretagne en 1951 pour suivre des études d’architectures à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris – études qu’il financera en réalisant des croquis de mode (notamment des dessins de chaussures pour Charles Jourdan), puis en devenant accessoiriste pour les grandes maisons de mode (Nina Ricci, Balenciaga, Pierre Cardin…).

BB, Jane Fonda Françoise Hardy

En 1959, il publie ses premiers dessins de mode dans le journal américain Women’s Wear Daily sous le nom de Franck Rabanne, avant de choisir définitivement le pseudonyme de Paco Rabanne. C’est avec cette nouvelle identité qu’il lancera, en 1965, les « Pacotilles » – des accessoires en rhodoïd (boucles d’oreilles et lunettes) en partenariat notamment avec Emmanuelle Khanh –, puis fondera officiellement sa marque éponyme en 1966. Rapidement ses créations singulières – à commencer par ses robes à l’esprit cotte de mailles – attirent tous les regards. Tout comme ses défilés aux allures de happening qui s’énoncent loin des présentations très codifiées de l’époque.

Une mannequin le  21 janvier 1970 à Paris.© – / AFP

À noter qu’avec Yves Saint Laurent, il est l’un des premiers à faire défiler des mannequins à la peau noire. Les stars de l’époque sont séduites par la modernité du propos. Anouk Aimée, Françoise Hardy ou encore Brigitte Bardot plébiscitent la marque. Paco Rabanne collabore aussi avec l’industrie du cinéma. On se souvient de Jane Fonda moulée dans son costume métallisé pour les besoins du film Barbarella (1968) devant la caméra de Roger Vadim – une pièce conservée aujourd’hui au MoMA à New York.


Francoise Hardy et Paco Rabanne. La chanteuse porte une robe à 10,4 millions de dollars du créateur.© FITITJIAN/SIPA / Sipa Press SIPA / SIPA

En mode expérimental

Preuve est faite que métallerie et glamour peuvent rimer. Toutefois, les tenants d’une mode plus traditionnelle ne comprennent pas ce vestiaire qu’ils jugent trop lourd et inconfortable (certaines robes pouvant peser jusqu’à 8 kilos). Qu’importe, Paco Rabanne continue d’expérimenter et d’innover (des modèles fluorescents, en plastique moulé, en catadioptres orangés, d’autres faits de caches de diapositives et des robes de mariée en kit) et se diversifie en parallèle, entre débuts dans la parfumerie (en association avec le groupe catalan Puig) et lancement du prêt-à-porter masculin et féminin.

Le succès est au rendez-vous : les jus s’arrachent – à commencer par Calandre, puis XS et Paco, avant One Million – et le créateur, qui se décrit davantage comme un artisan, est récompensé d’un Dé d’or pour sa collection haute couture printemps-été en 1990. À partir de 1999, il se retire progressivement des podiums, quittant d’abord la haute couture, puis le prêt-à-porter – la marque poursuit son œuvre aujourd’hui sous la houlette du designer breton Julien Dossena. Passionné de sciences occultes, c’est sur un autre terrain que le couturier fera ensuite parler de lui.

Nostradamus de la mode

Multipliant les apparitions sur les plateaux de télévision pour faire le récit de ses vies antérieures, il annoncera tour à tour le crash de la station spatiale MIR sur Paris et l’apocalypse dans le sud-ouest de la France prévue le 11 août 1999 à 11 h 22. Autant de fausses prédictions, reprises dans son ouvrage Feu du ciel (1999), qui l’inciteront par la suite à la discrétion médiatique. Souvent cité par une galaxie de designers venus après lui (Martin Margiela en tête), force est de reconnaître que Paco Rabanne aura tout de même été visionnaire sur le terrain de la mode : entre pratique de l’upcycling avant l’heure, diversité des castings et défilés pensés comme des performances.

Avec Le Point par Astrid Faguer

Canada: Hazel McCallion, ancienne mairesse de Mississauga, s’éteint à 101 ans

janvier 29, 2023
Hazel McCallion tout sourire le jour de ses 100 ans.

Hazel McCallion disait ne pas avoir l’impression d’avoir passé la barre des 100 ans. Photo: Radio-Canada/John Sandeman

Hazel McCallion, qui a été mairesse de Mississauga pendant 36 ans, est décédée « paisiblement à son domicile » tôt dimanche matin, selon un communiqué du bureau de Doug Ford.

Hazel incarnait à merveille la notion de service public. En effet, elle a consacré sa vie entière à sa communauté, a déclaré le premier ministre de l’Ontario par écrit.

Mme McCallion aurait fêté ses 102 ans le 14 février. Originaire de Port-Daniel en Gaspésie, elle est arrivée à Toronto dans les années 1940. Après plusieurs années passées chez Kellogg Canada où elle grimpe rapidement les échelons, elle décide de se lancer en politique.

Elle a d’abord été élue mairesse du village de Streetsville en 1969. Elle a ensuite été mairesse de la nouvelle ville fusionnée de Mississauga, qui incorpore Streetsville et Port Credit, de 1978 à 2014.

Surnommée Hurricane Hazel pour son style politique, Mme McCallion était considérée comme une pionnière pour les femmes dans ce milieu.

Elle est restée active dans la sphère publique jusqu’à la fin de sa vie.

Le maire de Toronto, John Tory, a exprimé ses condoléances dans un communiqué. Il dit avoir eu le privilège de la rencontrer et de discuter avec elle mardi dernier, et qu’elle était aussi impliquée et active que jamais, malgré sa maladie.

Il a également parlé d’elle comme d’une politicienne compétente et sincère.

Elle savait tenir tête au pouvoir et exigeait des comptes [des autres paliers de gouvernement] quand elle avait à le faire. On savait toujours à quoi s’en tenir avec Hazel, dit John Tory.

Une reconnaissance de la classe politique

Je me considère incroyablement privilégié d’avoir pu faire partie des amis de Hazel pendant de nombreuses années. Au moment de mon arrivée en politique, j’ai eu la chance de bénéficier de sa sagesse et de ses conseils, qu’elle a offerts sans réserve jusqu’à la toute fin, déclare par communiqué le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford.

L'ex-mairesse de Mississauga Hazel McCallion félicitant le premier ministre Doug  Ford lors des élections provinciales le 7 juin 2018.

Hazel McCallion félicitant le premier ministre Ford lors des élections provinciales en juin 2018. Photo : La Presse Canadienne/Mark Blinh

Le maire de Toronto, John Tory, reconnaît aussi en Mme McCallion une amie et une mentore.

Je parlais souvent avec elle et j’ai eu le grand privilège de la rencontrer deux fois dans les deux dernières semaines, dont mardi dernier. Elle était toujours aussi engagée malgré la maladie, témoigne John Tory.

« Retraite, ce n’était qu’un mot pour Hazel. Elle a continué à apporter une grande contribution jusqu’à 101 ans. »— Une citation de  John Tory, maire de Toronto

Le Mississauga Miracle

La carrière politique de Hazel McCallion à la tête de Mississauga a été notamment marquée par l’évacuation d’environ 23 000 personnes pendant une semaine après une puissante explosion de propane près de Mississauga, le 10 novembre 1979.

Un déraillement majeur près de la route Mavis et de la rue Dundas avait provoqué la fuite de plusieurs produits chimiques dangereux. Malgré l’ampleur de la catastrophe et les milliers de personnes en situation d’urgence, aucune perte de vie n’avait été déplorée.

Des controverses au sujet de conflits d’intérêts

Les mandats de Hazel McCallion en tant que mairesse n’ont toutefois pas toujours été irréprochables. La mairesse a dû répondre à plusieurs allégations de conflit d’intérêts.

En 1981, un avocat a intenté une action en justice contre elle pour avoir participé à un débat et à un vote du conseil sur l’aménagement de 3 800 acres de terrain, dont 5 lui appartenaient.

Un tribunal a statué en 1982 qu’elle avait violé quatre aspects de la Loi sur les conflits d’intérêts municipaux de l’Ontario. Elle n’a toutefois pas été démise de ses fonctions.

En 2013, un autre résident de Mississauga a présenté des allégations de conflit d’intérêts. Les accusations concernaient un vote du conseil municipal de 2007 qui aurait pu profiter à l’entreprise de son fils. Le juge a toutefois rejeté la demande.

Hazel McCallion a été une des mairesses les mieux payées au Canada. Au moment de sa retraite en 2014, elle était au sixième rang au pays, avec un salaire de 181 098 $.

Elle a également été décorée de l’Ordre de l’Ontario le 1er janvier 2021.

Avec Radio-Canada

Au Gabon, décès brutal de Michaël Moussa, ministre des Affaires étrangères

janvier 20, 2023

Fidèle de longue date du président Ali Bongo Ondimba, il a été victime d’un malaise alors qu’il s’apprêtait à participer au Conseil des ministres.

Michael Moussa, ministre gabonais des Affaires étrangères (ici au Conseil de sécurité de l’ONU en octobre 2022), est décédé ce 20 janvier 2023. © DR / UN Photo/Cia Pak

Très proche d’Ali Bongo Ondimba (ABO) et ministre des Affaires étrangères depuis mars 2022, Michaël Moussa Adamo est brutalement décédé ce vendredi 20 janvier à la mi-journée, alors qu’il s’apprêtait à participer au Conseil des ministres, qui se tient au palais du Bord de mer. L’information a été confirmée à Jeune Afrique par une source officielle.

Malaise cardiaque

Selon un témoin présent sur les lieux, Michaël Moussa s’est présenté fatigué ce matin à la présidence, et c’est alors qu’il patientait en salle d’attente avant le début du Conseil des ministres qu’il a été victime d’un malaise cardiaque. Il a immédiatement été pris en charge par les équipes médicales du palais, et transporté en ambulance à l’hôpital militaire de Libreville. Son décès a été constaté aux environs de 12h15, heure locale. Il était âgé de 62 ans.

Cela faisait plus de trente ans qu’ABO et lui se connaissaient. Il avait été son directeur de cabinet lorsque ce dernier était le ministre de la Défense de son père, entre 1999 et 2009. Ancien ambassadeur aux États-Unis, il était rentré à Libreville pour à son tour prendre la tête du stratégique portefeuille de la Défense en septembre 2020 – poste qu’il avait donc cédé à Félicité Ngoubili, elle-même jadis ambassadrice à Paris, en mars 2022.

Avec Jeune Afrique