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Canada-Québec: L’acteur Michel Côté s’est éteint

mai 29, 2023
Le comédien Michel Côté en entrevue.

Le comédien Michel Côté a marqué le cinéma, la télévision et le théâtre québécois. Photo: Radio-Canada

Certains l’appelaient « Monsieur box-office » tant ses films avaient du succès. Son capital de sympathie était à la mesure de son talent. Immense. Michel Côté est décédé. Il avait 72 ans.

En avril 2022, il s’était retiré de la vie publique pour une période indéterminée en raison d’une maladie de la moelle osseuse.

Lorsque la Fondation Québec Cinéma lui remet un prix Jutra hommage, en 2013, le comédien Rémi Girard a ces mots : Ce que j’aime, c’est sa façon unique de disparaître complètement derrière un personnage, et ça, il y a peu d’acteurs au monde qui savent le faire.

Et les personnages, Michel Côté aimait les faire parler.

Michel Côté, Marc Messier et Jean-Marc Vallée.

Michel Côté lorsqu’il reçoit le Jutra hommage en 2013. En près de cinquante ans de carrière, Michel Côté aura été celui que tout le monde aimait. Retour sur son immense carrière. Photo : Radio-Canada/David Champagne

Que l’on pense à Jean-Lou dans La p’tite vie, Pierre Gauthier dans Omertà l, ll et lll, Verrue, Pointu et autres dans Broue, le commandant Robert Piché dans Piché, entre ciel et terre ou Gervais Beaulieu dans C.R.A.Z.Y., le comédien se plaisait dans tous les registres, même s’il disait, à juste titre, que la comédie était sa zone de confort. Les doublés Cruising bar et De père en flic, ce dernier film aux côtés de Louis-José Houde, en témoignent.

Il aura participé à plus d’une vingtaine de séries télé et à 25 films.

Au théâtre, c’est bien sûr Broue qui bat tous les records d’assistance.

Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier sur scène.

Extrait de la pièce « Broue » avec Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier. Émission « Superstar », 8 février 1987. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

Michel Côté sort à peine de l’École nationale lorsqu’il monte la pièce avec ses copains Marc Messier et Marcel Gauthier. Ils viennent de créer le petit Théâtre des Voyagements et lancent un appel aux auteurs. L’ère des tavernes se termine, mais leurs clients s’incarneront dans un décor qui sent fort le houblon.

Le reste appartient à l’histoire… La pièce est d’ailleurs inscrite aux records Guinness.

Marc Messier et Michel Côté dans la pièce « Broue ».

Une scène de la pièce « Broue » (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

« On l’a quand même jouée pendant 38 ans, ce qui représente 3322 représentations, devant 3,5 millions de personnes. »— Une citation de  Michel Côté

Le succès de Broue l’amènera naturellement à faire partie de la distribution de plusieurs Bye Bye, dans les années 1980.

Ces montagnes de mousse donneront au comédien une sécurité financière qui lui permettra de choisir ses projets.

Les animateurs Normand Harvey et Ghislaine Paradis s’entretiennent avec les comédiens Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier sur la pièce de théâtre à succès « Broue ».

Enfant du Lac

Le Saguenay-Lac-Saint-Jean, c’est bien connu, est une pépinière d’acteurs et d’humoristes, et Michel Côté en est un digne rejeton.

Il naît à Alma, le 25 juin 1950, au sein d’une famille modeste. Il a des parents aimants qui l’encouragent à faire ce qu’il souhaite. Il se voit sur une scène.

Louis-José Houde et Michel Côté dans une scène du film « De père en flic 2 ».

Louis-José Houde et Michel Côté dans une scène du film « De père en flic 2 » (Photo d’archives) Photo : Karine Dufour

On est un peu innocents, les Bleuets, racontait le comédien au micro de Franco Nuovo, en 2015, sur ICI Première. Nous autres, c’est comme impossible d’échouer quelque part. On embarque dans quelque chose et on dit : ça va marcher, ça va marcher, c’est sûr. C’est un peu inconscient.

Heureusement pour le public, son inconscience paiera.

C’est à l’École nationale qu’il rencontre sa compagne d’une vie, Véronique Le Flaguais, avec laquelle il aura deux enfants, Charles, architecte, et Maxime (Le Flaguais), digne héritier du talent de ses parents.

Robert Piché, en uniforme, en compagnie de l'acteur Michel Côté.

Robert Piché en compagnie de l’acteur Michel Côté, qui a interprété le célèbre pilote dans le film québécois « Piché, entre ciel et terre ». (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

C’est d’ailleurs Maxime Le Flaguais qui incarnera le rôle du jeune Robert Piché aux côtés de son père, qui jouera le commandant adulte, dans Piché, entre ciel et terre (Sylvain Archambault). Le film relate la saga du pilote d’Air Transat qui a sauvé 306 personnes en faisant planer son avion en panne jusqu’aux Açores, en 2001.

Père à succès

Les rôles de père rapportent à Michel Côté de nombreux prix.

Il reçoit le Jutra et le Genie du meilleur acteur pour son rôle de Gervais Beaulieu dans C.R.A.Z.Y. (Jean-Marc Vallée).

À l’été 2009, De père en flic, d’Émile Gaudreault, devient le plus grand succès de l’histoire du cinéma francophone au Canada et remporte le Guichet d’or, remis par Téléfilm Canada, ainsi que le Jutra Billet d’or.

À l’automne 2016, il tourne De père en flic avec la même équipe. En juillet 2017, le film est numéro un au box-office canadien.

Michel Côté dans C.R.A.Z.Y.

Michel Côté dans « C.R.A.Z.Y. » Photo: TVA Films

Il coécrit Cruising Bar (Robert Ménard) et Cruising Bar 2 (qu’il coréalise également). À l’instar de Broue, Michel Côté se métamorphose en quatre personnages aussi différents que distrayants.

Cet immense succès populaire remporte le Guichet d’or et le Jutra Billet d’or.

Quatre hommes joués par Michel Côté.

L’affiche du film « Cruising bar » (Photo d’archives) Photo : ONF

Le Pierre Gauthier des téléséries Omertà I, II et III lui a valu plusieurs prix Gémeaux. Il remet cela en 2012 dans le film Omertà (Luc Dionne), également couronné de la Bobine d’or.

Une scène du film Omertà, la loi du silence.

« Omertà, la loi du silence » (Photo d’archives) Photo : Omerta: La Loi du Silence

Papa poule pour sa famille, grand frère pour ses collègues de travail, Michel Côté avait l’esprit de famille, l’esprit d’équipe.

C’est très important sur le plateau. On a besoin d’une bonne ambiance, disait-il. L’une des clés de son succès sans doute.

Le comédien sur le plateau des Enfants de la télé

Michel Côté a entre autres marqué l’histoire du théâtre québécois avec la pièce « Broue ». Photo: Faireplay

Michel Côté ne rêvait pas de carrière internationale. Pour lui, le plus beau cadeau du monde, c’était de voir la salle de spectacle d’Alma porter son nom. Il y a joué Broue.

Ça vaut plus que tous les prix du monde pour moi, parce que ça va rester pour mon petit-fils, mes descendants…

Avec Radio-Canada

Canada: Immigration à deux vitesses pour les étudiants étrangers au Québec

mai 26, 2023
De nombreux passants marchent devant le bâtiment principal de l’Université McGill.

À l’Université McGill et dans les autres établissements anglophones du Québec, les étudiants pourraient bientôt devoir prouver qu’ils ont étudié pendant au moins trois ans en français pour bénéficier du PEQ. Photo : La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Les nouvelles règles d’immigration sur lesquelles planche Québec prévoient notamment que les étudiants internationaux maîtrisant bien le français pourront immigrer plus rapidement que les autres. Cela ne signifie toutefois pas que les étudiants anglophones ne pourront plus s’installer au Québec, précise le gouvernement.

Jeudi, lors de la présentation de son document de consultation sur les réformes envisagées en immigration, le gouvernement Legault indiquait vouloir modifier de nouveau le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), volet Diplômés du Québec. Il s’agit de faciliter et d’accélérer l’immigration aux seuls étudiants maîtrisant bien le français.

Outre le fait que les candidats n’auraient plus à détenir l’expérience de travail exigée ni à travailler au moment de la demande, Québec veut réserver cette voie rapide vers l’immigration permanente aux étudiants qui auront étudié au moins trois ans en français. Que ce soit au niveau secondaire ou au niveau postsecondaire.

Le gouvernement assure que cela ne nuira pas aux admissions dans les universités anglophones.

Par exemple, un Français ou un Belge étudiant à Concordia en anglais pourra se qualifier pour le PEQ-Diplômés, a résumé la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec, Christine Fréchette, en entrevue à l’émission Tout un matin sur ICI Première.

Christine Fréchette en entrevue dans un studio de radio.

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette Photo : Radio-Canada/Marie-Eve Cloutier

Dans son document de consultation, le gouvernement qualifie ces étudiants francophones de candidats idéaux, dans le sens où ils sont déjà intégrés dans la communauté francophone du Québec. Ces candidats idéaux étaient en baisse constante depuis cinq ans (avant le rebond de 2021), au point où, en 2020, il y avait quasiment autant d’étudiants étrangers anglophones que d’étudiants étrangers francophones au Québec.

« L’apport de plus en plus important d’étudiantes et d’étudiants étrangers détenant un diplôme francophone constituera de surcroît un bassin de main-d’œuvre inestimable. »— Une citation de  Extrait du document de consultation du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration

Par ailleurs, le premier ministre François Legault a ajouté que les étudiants internationaux qui ne pourront plus se qualifier au PEQ-Diplômés auront d’autres options s’ils veulent rester au Québec après leurs études.

Ce qu’on dit, c’est qu’à l’avenir le Programme expérience Québec va être réservé à ceux qui étudient en français. Mais rien n’empêche quelqu’un qui vient étudier, ou un travailleur, d’étudier dans d’autres programmes, a déclaré vendredi M. Legault en marge d’un point de presse.

François Legault en point de presse à l'extérieur.

François Legault lors d’une conférence de presse (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

Le premier ministre fait notamment référence au Programme de sélection des travailleurs qualifiés. Les candidats à ce programme devront avoir un français de niveau 7, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin de l’aide de leur interlocuteur pour discuter d’un sujet qu’ils ne connaissent pas à l’avance.

Pour les candidats postulant à ce programme, les démarches risquent toutefois d’être moins simples et moins rapides que dans le cas du PEQ.

Ces nouvelles orientations gouvernementales suscitent un accueil mitigé. Au niveau des étudiants internationaux francophones, il y a un changement de cap très positif. On revient à des conditions du PEQ pré-2020, note Claire Launay, présidente de l’organisme Le Québec c’est nous aussi, voué à la défense des droits et des conditions de vie des personnes immigrantes au Québec.

Elle déplore toutefois que les personnes non francophones, ou qui n’ont pas suivi un cursus francophone avant de venir ici, et qui vont dans un établissement anglophone au Québec, ne vont pas être [admissibles] au PEQ, même si elles apprennent le français ici.

Ainsi, elles n’auront pas accès à la voie rapide vers l’obtention du Certificat de sélection du Québec qui mène ensuite vers l’obtention de la résidence permanente.

Le Programme de l’expérience québécoise, c’est un programme qui valorise l’expérience que les personnes ont accumulée au Québec. Donc, c’est quand même un peu particulier de les faire passer par une autre voie, a souligné Mme Launay.

« C’est comme si on ne reconnaissait pas leur intégration ici, même s’ils ont passé plusieurs années ici et qu’ils ont des diplômes reconnus ici. »— Une citation de  Claire Launay, présidente de l’organisme Le Québec c’est nous aussi

Un avis partagé par Laurence Trempe, avocate spécialisée en immigration. Ça va définitivement contribuer à garder les étudiants internationaux, mais par contre il y a d’autres éléments qu’on va devoir étudier par rapport aux étudiants anglophones et qu’est-ce qui arrive au PEQ-Travailleurs qui est un joyau, souligne-t-elle.

En cinq ans, le nombre de personnes vivant au Québec en vertu du Programme des étudiants étrangers (PEE) a augmenté de 50 %, passant de 61 460 étudiants en 2017 à 93 370 en 2022. En moyenne, environ un étudiant étranger sur 12 décidait d’entamer un processus d’immigration par la suite.

Québec aimerait convaincre Ottawa, qui a la responsabilité de ce programme, de rehausser les taux d’admission d’étudiants africains francophones jugés stratégiques, car ils maîtrisent généralement bien le français, mais dont les demandes de visas sont rejetées de manière disproportionnée par Ottawa, selon le gouvernement Legault.

Ces nouveaux changements réglementaires seraient en place à l’automne 2023, sauf pour le Programme de sélection des travailleurs qualifiés qui serait mis en place un an plus tard à cause des planifications informatiques requises, a indiqué la ministre Fréchette en mêlée de presse vendredi.

Radio-Canada avec les informations de Jacaudrey Charbonneau et de Xavier Savard-Fournier

Canada: Québec « n’est pas fermé » à une régularisation des sans-papiers

mai 4, 2023

Le gouvernement Legault attend néanmoins des « précisions » d’Ottawa sur ce programme historique qui est en préparation.

La ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette, devant de nombreux micros.

La ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, a indiqué être ouverte à la régularisation des sans-papiers qui vivent au Québec. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Le gouvernement de François Legault est ouvert à l’idée d’un programme de régularisation massive des travailleurs sans statut, à l’échelle du pays.

Cette idée est actuellement étudiée par Ottawa, qui, selon plusieurs sources, souhaiterait dévoiler les contours de ce programme dans les prochains mois, même si aucune date n’a été publiquement avancée.

Jusqu’alors, Québec avait gardé le silence sur ce sujet, en disant attendre notamment des détails de l’équipe de Justin Trudeau et du ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser.

On n’est pas fermé, a reconnu Christine Fréchette, la ministre québécoise de l’Immigration, durant l’étude des crédits budgétaires de son ministère.

Questionnée par le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard, qui soutient cette initiative(Nouvelle fenêtre), la ministre Fréchette a indiqué qu’il était néanmoins « trop tôt pour se prononcer ». Il faut qu’on voie davantage les orientations prises par le fédéral, avant de décider si on s’y engage ou pas, a-t-elle ajouté.

« Assurément, le gouvernement fédéral voudra aller de l’avant, mais on n’a pas encore de données précises sur la manière avec laquelle il souhaite procéder. »— Une citation de  Christine Fréchette, ministre de l’Immigration du Québec

Selon nos informations, des échanges ont cependant déjà eu lieu entre les deux gouvernements sur ce sujet et un plan a été présenté à Québec.

Oui, le fédéral a parlé avec notre ministère, mais il reste encore des détails à voir. Il n’y a pas eu d’offre formelle, souligne une source proche du dossier, au sein de l’équipe de Christine Fréchette.

Le gouvernement Legault veut notamment connaître le nombre de personnes qui pourraient être concernées par cet historique programme de régularisation, ainsi que les coûts associés.

On souhaite avoir davantage de précisions quant aux ambitions du fédéral, a mentionné Christine Fréchette, tout en spécifiant que le Québec gardera le droit de sélectionner les personnes qui sont établies ou voudront s’établir au Québec.

À ce jour, Ottawa n’a donné aucun détail supplémentaire. Le nombre de sans-papiers, sur l’ensemble du Canada, est lui aussi plutôt flou. Il y aurait entre 200 000 et 500 000 personnes actuellement sans statut, qui vivent dans l’illégalité, d’après diverses études.

À l’instar de son homologue fédéral, qui a rencontré à la fin de l’année passée de nombreux sans-papiers, Christine Fréchette a assuré avoir elle aussi eu des discussions similaires.

Ce sont souvent des gens qui ont des parcours très difficiles, qui ont vécu dans l’économie souterraine et qui sont exposés à des dangers. C’est quelque chose qu’il faut qu’on prenne en considération, a-t-elle détaillé.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Canada: 3000 éducatrices ont quitté les garderies du Québec en une année

mai 2, 2023

De nouvelles données montrent que le recrutement ne suffit pas à pourvoir les postes vacants et les absences prolongées, ce qui pourrait menacer la création de places.

Gros plan sur des jouets.

Près de 1600 éducatrices étaient en arrêt de travail de longue durée, au 31 mars 2022. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Le gouvernement du Québec est confronté au triple défi de recruter des milliers d’éducatrices de garderies tout en freinant les départs et les arrêts de travail de celles en poste. Des données inédites, obtenues par Radio-Canada, montrent l’ampleur de la tâche.

Pour créer des places en garderie pour les parents qui n’en ont pas, de nouveaux locaux ne suffisent pas, il faut y mettre des éducatrices. Or, 2956 d’entre elles ont quitté le réseau en 2021-2022.

Grâce à une source, nous avons mis la main sur des données du Portrait annuel de la main-d’œuvre réalisé, l’an dernier, par le ministère de la Famille. C’est la première fois que des informations aussi détaillées sont collectées.

Ces données, qui ne précisent pas les raisons de ces départs, ont été recueillies auprès des centres de la petite enfance (CPE), des garderies subventionnées (GS) et des garderies non subventionnées (GNS).

Vague de départs

Les CPE, GS et GNS emploient 33 296 éducatrices (équivalent temps plein). Ce sont donc près de 10 % des éducatrices qui ont quitté leur emploi en 12 mois.

Sur le terrain, durant la pandémie, les gestionnaires de garderies constataient déjà une vague de démissions. Et, en 2021, un sondage du mouvement Valorisons ma profession révélait que près de la moitié des éducatrices songeaient à changer de métier.

« Ces femmes-là sont à bout de souffle et donc, dans beaucoup de cas, malheureusement, elles regardent la voie de sortie plutôt que la porte d’entrée. »— Une citation de  Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN, qui représente 13 000 travailleuses de services de garde au Québec

Postes vacants et arrêts de travail

Même si le ministère a pourvu 7040 postes durant l’année 2021-2022, il restait encore 3159 postes vacants d’éducatrices dans la province, au 31 mars 2022.

Et pour ne rien arranger, 1596 éducatrices étaient en absence de longue durée au même moment. Ce manque d’effectif a des conséquences concrètes sur les directions et sur les familles.

Une éducatrice à la petite enfance accompagne des enfants qui jouent avec des blocs.

Le remplacement des éducatrices absentes par des agences privées coûte cher aux garderies. Photo: Getty Images/Fatcamera

Bris de services et déficits

Selon des rapports financiers, 263 CPE ont été en bris de service au moins une journée, en 2021-2022, par manque d’éducatrice. Certaines installations l’ont été plus d’une fois, pour un total de 404 jours où des parents ont dû garder leurs enfants à la maison.

La pénurie de main-d’œuvre oblige les garderies à recruter du personnel d’agences de remplacement, ce qui plombe leur budget. Selon nos informations, près de la moitié des corporations qui gèrent les CPE ont affiché un déficit en 2021-2022, soit 418 sur 900 rapports financiers annuels analysés.

La qualité des services est aussi un enjeu lié à la pénurie de travailleuses adéquatement formées.

Difficile d’avoir assez d’éducatrices qualifiées

Sur les quelque 3000 éducatrices qui ont quitté le réseau durant l’année, 1225 étaient des éducatrices qualifiées. C’est une difficulté supplémentaire en raison des ratios à respecter.

Normalement, deux éducatrices sur trois doivent être qualifiées dans une installation. Mais avec la pandémie, le ministère a baissé le ratio à une sur trois. Depuis le 1er mars 2023, il est passé à une sur deux et il reviendra à deux sur trois le 1er mars 2024.

Sur les 7040 postes pourvus durant l’année, 2990 l’ont été avec des éducatrices qualifiées et 4050 par des non qualifiées.

Par ailleurs, 71 % des services de garde évalués par le ministère entre avril 2019 et novembre 2022 atteignent le seuil de qualité jugé suffisant (89 % des CPE, 64 % des garderies privées subventionnées et 53 % des non subventionnées), avec des différences marquées selon les régions.

La ministre de la famille Suzanne Roy.

La ministre de la famille, Suzanne Roy, sera questionnée par des parlementaires, mardi, au sujet des crédits de son ministère. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Grande opération de recrutement et de valorisation

Le ministre de la Famille et le ministre de l’Emploi ont annoncé l’an dernier une offensive afin de recruter 18 000 nouvelles éducatrices et éducateurs, en plus d’en qualifier 7000 autres déjà en poste dans le réseau actuel d’ici 2026.

Pour y arriver, plusieurs incitatifs financiers ont été mis en place. Le personnel éducateur qualifié bénéficie d’une augmentation salariale de 18 % après un an au dernier échelon. Pour le personnel éducateur non qualifié, il s’agit d’une hausse de 10 %.

Ces ententes prévoient également une prime d’encouragement à la qualification de 450 $ et un montant forfaitaire correspondant à 2 % pour chaque heure rémunérée au cours des 12 mois précédant la date de délivrance du diplôme.

Des éducatrices retraitées sont aussi encouragées à faire un retour au travail en échange d’une prime salariale de 6,6 %.

Le défi du recrutement et de la rétention des éducatrices n’est pas unique au Québec. L’an dernier, des garderies de l’Ontario déploraient une vague de démissions.

Avec Radio-Canada

Thomas Gerbet

par Thomas Gerbet

Canada: Québec prend le virage de l’hospitalisation à domicile

mai 1, 2023
Une préposée aide un homme couché dans un lit.

Québec espère libérer des lits dans les hôpitaux tout en offrant des soins dans le confort de leur foyer aux patients qui le veulent. Photo: Getty Images/IstockPhoto/ LPETTET

Le gouvernement Legault annonce l’implantation, à compter de l’an prochain, de huit projets pilotes d’hospitalisation de patients à domicile dans le Grand Montréal et la région de Québec.

Ces projets vitrines qui doivent libérer des lits dans les hôpitaux tout en assurant davantage de confort aux patients seront implantés dans l’ensemble des régions du Québec d’ici 2026, a annoncé la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger.

L’hospitalisation à domicile, qui se fera sur une base volontaire, c’est-à-dire en accord avec le patient, permettra à ce dernier de poursuivre son hospitalisation dans le confort de son foyer plutôt qu’à l’hôpital. Le projet sera accessible aux personnes malades, mais qui ne sont pas dans un état critique.

Leur hospitalisation à domicile sera recommandée ou non à la lumière d’une estimation préalable de leur cas par les médecins, qui détermineront s’il est possible pour eux de poursuivre leur convalescence à la maison dans des conditions salubres, sécuritaires et avec de l’aide au besoin.

« Les patients auront le même accès que s’ils étaient dans un lit d’hôpital. C’est-à-dire l’accès prioritaire aux examens diagnostiques comme un scan, aux consultations en médecine spécialisée ou à la médication fournie par les pharmacies hospitalières. »— Une citation de  Sonia Bélanger, ministre déléguée à la Santé et aux Aînés

Le patient sera vu régulièrement de façon virtuelle par une équipe de soins, à partir de son domicile. Le suivi en continu offrira également la possibilité de téléphoner à une infirmière 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Selon la ministre, ces projets devraient aider à libérer, dans un premier temps, environ 5 % des lits en centres hospitaliers. Dans les Laurentides, par exemple, où on compte environ 1000 lits, l’hospitalisation à domicile pourrait libérer 50 à 60 lits dans les hôpitaux de la région, a estimé Mme Bélanger.

Hospitalisation à domicile

Québec lance 8 projets d’hospitalisation à domicile dans l’espoir de désengorger les hôpitaux. Comment ça va se traduire sur le terrain et est-ce une bonne solution? Le docteur Michaël Bensoussan a répondu à nos questions.

Le même accès à des spécialistes

En vertu de cette nouvelle approche inspirée d’un projet de soins à domicile de l’Hôpital général juif, les personnes qui seront hospitalisées à la maison bénéficieront des services de médecins spécialistes, d’infirmières et d’autres professionnels de la santé comme des physiothérapeutes ou des inhalothérapeutes, comme à l’hôpital.

Ce n’est pas seulement pour des patients qui ont subi une chirurgie. C’est aussi pour des patients qui ont une condition médicale un peu déstabilisée, par exemple une insuffisance cardiaque, une insuffisance rénale, un diabète ou qui ont besoin d’ajustement de médicaments, explique le Dr Vincent Oliva, président la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).

Aujourd’hui, avec les technologies qu’on a, surtout au Québec où on est assez avancé en intelligence artificielle et en objets connectés, on profite de cet avantage-là et on peut suivre maintenant la pression artérielle, l’électrocardiogramme, le sucre dans le sang, l’oxygène dans le sang par technologie Bluetooth.

Ce sont des équipes de cliniciens qui vont assurer le suivi à distance des patients selon la nature des cas et la situation de chaque patient. Du personnel sera également disponible pour interagir avec les patients en cas de besoin. Il y aura des rencontres virtuelles, mais aussi des visites à domicile en fonction de la situation du patient.

« Les médecins spécialistes croient fortement à l’hospitalisation à domicile. Ils ont engagé des efforts et des investissements importants pour la mise en œuvre de ces projets sur le terrain. »— Une citation de  Vincent Oliva, président la Fédération des médecins spécialistes du Québec

Les huit projets d’hospitalisation à domicile prévus en 2024 seront implantés dans ces régions :

  • CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal
  • CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
  • CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
  • CISSS des Laurentides
  • CISSS de Laval
  • CISSS de Lanaudière
  • CISSS de la Montérégie-Centre
  • CHU de Québec-Université Laval

Il s’agit d’une première phase de notre engagement électoral qui est de mettre en place un projet par établissement. Donc, d’ici 2026, nous voulons déployer 34 projets d’hospitalisation à domicile dans toutes les régions du Québec, a souligné la ministre Sonia Bélanger.

Chacun des projets sera élaboré par le personnel des régions et des centres hospitaliers concernés afin d’offrir des services adaptés à la réalité de chaque région.

D’ici 2026, l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) investira plus de 40 millions de dollars provenant de l’enveloppe de rémunération des médecins spécialistes pour le déploiement de ces projets dont l’estimation des coûts totaux n’a pas été révélée par la ministre Bélanger.

Avec Radio-Canada par Stéphane Bordeleau

Canada: La pluie attendue pose un risque d’inondations au Québec

avril 30, 2023
Un jour de pluie à Montréal.

Un épisode de pluie forte devrait se produire de dimanche soir à lundi matin, selon Environnement Canada. Photo: Radio-Canada/Daniel Thomas

Les pluies fortes attendues au cours des prochaines heures pourraient poser un risque d’inondations dans certaines régions du Québec.

Environnement Canada a lancé samedi un avertissement pour deux épisodes de pluie à venir.

Les premières précipitations tomberont de samedi soir à dimanche matin, mais il s’agira plutôt d’averses passagères, avec environ 10 à 15 millimètres d’eau accumulée au sol. Par la suite, un deuxième épisode associé à de la pluie plus forte devrait se produire, de dimanche soir à lundi matin.

L’agence gouvernementale prévoit une quantité totale de 30 à 50 millimètres de pluie et avertit que toutes ces précipitations pourraient aggraver la situation dans les régions sensibles aux inondations.

En fin de soirée samedi, le ministère de la Sécurité publique signalait 11 inondations mineures dans le sud du Québec, entre autres à Rigaud, à Gatineau, sur l’île Perrot et à Pointe-Calumet. Quelque 10 endroits étaient également sous surveillance, notamment à Nicolet et en amont du barrage du Grand-Moulin, à Deux-Montagnes.

Avec Radio-Canada

Canada: La saison des croisières est commencée à Montréal

avril 30, 2023
Le Zaandam, un bateau de croisière de 237 mètres, fait son entrée au port de Montréal.

La saison des croisières s’étendra jusqu’à la fin du mois d’octobre. Photo : Radio-Canada

Le Zaandam, un bateau de croisière de 237 mètres de longueur, a accosté samedi à Montréal, marquant ainsi le début de la saison des croisières dans la métropole, qui s’étendra jusqu’à la fin du mois d’octobre.

On prévoit 51 visites de ce genre durant la saison à Montréal, pour environ 50 000 croisiéristes. C’est au-delà des chiffres anticipés, ce qui fait bien des heureux au port de Montréal.

Les acteurs de l’économie montréalaise, les restaurateurs et les chauffeurs de taxi y voient tous une bonne nouvelle et ont hâte de retrouver ces touristes.

« Les retombées estimées pour la saison des croisières cette année sont d’environ 25 millions de dollars pour la ville de Montréal. »— Une citation de  Mélanie Nadeau, vice-présidente aux affaires publiques et aux relations avec les communautés du port de Montréal

Les hôteliers et les entreprises culturelles comme les musées en bénéficient également, précise Mme Nadeau.

L’Association des croisières du Saint-Laurent (ACSL) anticipe une saison de croisières internationales sur le fleuve Saint-Laurent avec beaucoup d’enthousiasme. Elle prévoit connaître le même succès qu’en 2019 avec plus de 300 escales.

L’association – qui regroupe les escales de Montréal, Trois-Rivières, Québec, Saguenay, Baie-Comeau, Sept-Îles, Havre-Saint-Pierre, Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine – constate que le contexte économique inflationniste ne semble pas freiner les ardeurs des touristes.

Radio-Canada avec les informations de Hadi Hassin

Canada: Hausse du salaire minimum au Québec dès lundi

avril 30, 2023
Une main tient un dollar.

Le salaire minimum va grimper au Québec. Photo: CBC/Robert Short

Le salaire minimum au Québec augmentera d’un dollar par heure à partir de lundi, passant ainsi à 15,25 $ l’heure.

Au Québec, 298 900 salariés, dont 164 100 femmes, travaillent actuellement au salaire minimum. Le ministre du Travail, Jean Boulet, a annoncé cette augmentation au mois de janvier.

Le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, croit que cette hausse est juste et équitable dans le contexte économique actuel.

Je pense que le gouvernement, dans sa décision d’augmenter le salaire minimum d’un dollar, a réussi à maintenir le ratio ou l’équilibre entre le pourcentage de cette augmentation du salaire minimum versus le salaire moyen au Québec, affirme M. Blackburn.

Il convient toutefois que le consommateur devra absorber une partie des coûts générés par la hausse du salaire minimum.

« C’est inévitable, le client va payer ses produits et ses services plus chers. »— Une citation de  Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec

Hausse importante

Le ministre Jean Boulet avait aussi précisé lors de son annonce qu’il s’agissait de la plus forte augmentation du salaire minimum depuis 1995.

Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), cette augmentation risque d’avoir des effets majeurs sur les petites et moyennes entreprises (PME).

C’est la cascade d’augmentations que doivent subir les PME, c’est l’une des plus importantes hausses du salaire minimum : 7 %, soutient le vice-président pour le Québec de la FCEI, François Vincent. C’est 2400 $ supplémentaires pour une entreprise qui a un employé au salaire minimum.

François Vincent mentionne que cette hausse s’ajoute aux autres frais des entreprises. Ça s’ajoute à l’augmentation des tarifs d’électricité, à l’augmentation de la Régie des rentes du Québec, et d’un autre côté, on ne voit pas quelles actions sont prises pour ne pas en mettre plus sur le dos de nos PME, qui sont encore fragiles.

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François Vincent, vice-président pour le Québec de la FCEI. Photo: Radio-Canada/Jean-Claude Taliana

M. Vincent pense que cette montée du salaire minimum va créer une pression à la hausse pour les autres salariés, qui vont demander des augmentations similaires.

La FCEI croit que le gouvernement provincial devrait entamer une réflexion pour réduire la fiscalité de la petite entreprise.

François Vincent considère que l’environnement fiscal des petites entreprises est défavorable au Québec, comparativement à d’autres provinces canadiennes.

Selon lui, les PME québécoises assument des taxes sur la masse salariale 30 % plus élevées que la moyenne canadienne, et elles ont un taux d’impôt réduit pour PME plus élevé que dans huit autres provinces canadiennes.

De nombreux organismes exigeaient un taux horaire à 18 $. Le ministre avait toutefois mentionné lors de son annonce qu’une augmentation plus élevée aurait pu entraîner des mises à pied dans les entreprises.

Avec Radio-Canada par Flavie Villeneuve selon des entrevues de Louis-Simon Lapointe

Canada: Québec fait marche arrière pour garder des immigrants francophones diplômés

avril 26, 2023

Le nombre d’étudiants étrangers souhaitant rester au Québec est en chute libre depuis la réforme du PEQ. Pour renverser la vapeur, le gouvernement Legault compte revoir des programmes d’immigration.

La ministre Fréchette devant les micros.

La ministre de l’Immigration Christine Fréchette a prévu d’alléger les critères d’accès au Programme de l’expérience québécoise. Photo : Radio-Canada/Sylvain Roy Roussel

Le gouvernement de François Legault s’apprête à abandonner une partie de la controversée réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), mise en place en 2020 par l’ancien ministre de l’Immigration Simon Jolin-Barrette.

Selon les informations de Radio-Canada, Québec compte désormais alléger les critères d’accès à ce programme, essentiellement pour les diplômés étrangers francophones.

Cette mesure est pilotée par l’actuelle ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, qui a abordé ces enjeux lors d’une récente tournée auprès d’acteurs communautaires, des affaires et du milieu de l’enseignement.

Les détails de cette réforme devraient être annoncés par le gouvernement Legault dans les prochains jours. D’autres programmes d’immigration pourraient également être revus.

Le premier ministre Legault et le leader du gouvernement Jolin-Barrette, lors du bilan de la session parlementaire de la CAQ, vendredi

Le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, est à l’origine de la controversée réforme du PEQ, en vigueur finalement depuis 2020. Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers

Moins d’expérience de travail exigée

La réforme du PEQ était au cœur du mandat de Simon Jolin-Barrette au moment de la prise du pouvoir de la Coalition avenir Québec (CAQ) en 2018. Ce programme, très populaire, était considéré comme une voie rapide vers l’immigration permanente pour les diplômés et les travailleurs étrangers, déjà au Québec.

Estimant qu’un nombre trop élevé de candidats utilisaient le PEQ, l’actuel ministre de la Justice avait durci les conditions de sélection. Un choix qui avait provoqué des vagues au Parlement, l’intervention de François Legault, la grogne des universités et du monde des affaires, puis l’abandon d’une première mouture.

Finalement, Québec avait opté pour l’ajout d’une expérience de travail. Désormais, les diplômés doivent par exemple acquérir une expérience dans des domaines ciblés, variant d’au moins 12 à 18 mois selon la formation initiale, avant de pouvoir postuler au PEQ.

Ces critères, selon nos informations, seront revus à la baisse dans le volet réservé aux diplômés. Québec souhaite maintenant faciliter l’accès à ce programme, mais uniquement pour les étudiants francophones ou diplômés dans un programme en français.

Quatre étudiants et étudiantes marchent dans une rue à Montréal. On les voit de dos.

Près de 55 000 étudiants étrangers étaient inscrits dans les universités du Québec à l’automne 2022, mais de moins en moins tentent de rester au Québec. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Baisse radicale des demandes

Officiellement, le cabinet de Christine Fréchette reste prudent, mais confirme vouloir favoriser une immigration francophone et reconnaît que « les étudiants internationaux, particulièrement ceux qui parlent français, sont une richesse pour le Québec ».

La ministre Fréchette avait déjà avoué, fin novembre, vouloir une immigration exclusivement francophone ou francotrope dans les prochaines années.

Québec vise particulièrement la rétention de ces diplômés. Or, ces derniers, selon des données figurant dans une demande d’accès à l’information, sont de moins en moins nombreux à vouloir rester au Québec.

Depuis l’instauration de cette réforme du PEQ, le nombre d’étudiants ayant fait une demande pour s’installer durablement au Québec est en chute libre.

Nombre d’étudiants ayant soumis une demande de sélection permanente

  • 2019 : 4859
  • 2020 : 5465
  • 2021 : 2938
  • 2022 : 2268

L’an passé, moins de 2300 étudiants ont demandé un certificat de sélection du Québec, contre près de 5500 en 2020. Soit une baisse d’environ 60 %.

Pourtant, dans le même temps, le nombre d’étudiants étrangers présents au Québec ne cesse d’augmenter. À l’automne dernier, 54 321 étudiants étrangers étaient inscrits dans les universités québécoises, contre 49 304 à la même période en 2021, d’après des données du Bureau de coopération interuniversitaire.

Des consultations à la fin de l’été

Repoussées d’une année en raison des dernières élections provinciales, les consultations pluriannuelles visant à déterminer les prochains seuils d’immigration auront lieu à la fin de l’été.

Dans les prochaines semaines, Québec devrait publier un cahier d’informations visant à préparer ces rencontres. Dans ce document, le gouvernement Legault pourrait insérer ses orientations pour les années 2024 à 2026.

À l’heure actuelle, Québec n’a pas fermé la porte à une augmentation des cibles. En 2023, jusqu’à 52 500 immigrants permanents pourraient être admis au Québec.

Une volonté gouvernementale saluée

Cette marche arrière est d’ores et déjà saluée par les milieux des affaires et de l’enseignement supérieur.

Il y a moins de popularité avec le PEQ, mais avec les nouvelles exigences, ce n’est pas si surprenant. C’est le résultat des nouvelles règles du jeu. Il est grand temps qu’on reparle d’immigration dans un contexte plus rationnel, indique Charles Milliard, président de la Fédération de la chambre de commerce du Québec.

Selon ce dernier, la ministre Fréchette connaît la réalité des affaires et aurait une approche rationnelle concernant l’immigration.

« Il faut une volonté pour garder des talents francophones et francophiles. Les gens qui choisissent le Québec ne méritent pas un traitement d’immigration aussi long. »— Une citation de  Charles Milliard, président de la FCCQ.

C’est une question de compétitivité, souligne Claire Launay, porte-parole de l’organisme Le Québec c’est nous aussi.

Les étudiants internationaux sont déjà intégrés. Il faut être plus attractif que les autres provinces pour les garder. Or, depuis l’ancienne réforme, ce n’est plus le cas, regrette-t-elle, tout en « encourageant le gouvernement à créer de nouvelles voies d’accès à la résidence permanente » et à « augmenter les seuils d’immigration » pour éviter la « précarité [des] statuts temporaires ».

Aux yeux de la Fédération des cégeps, Québec se dirige dans la bonne direction.

« Une fois qu’ils ont suivi une formation en région, les étudiants ont un diplôme québécois, un logement, des amis, et sont intégrés. Les possibilités qu’ils demeurent sont importantes. »— Une citation de  Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps

Notre objectif, c’est de convertir l’étudiant en travailleur. Il ne faut donc pas avoir de barrière. Présentement, on n’est pas les plus attractifs et tout le monde recherche des étudiants de qualité, estime son président Bernard Tremblay.

Le choix logique, ajoute-t-il, c’est de miser sur ces étudiants.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Canada: « Le Québec n’est pas la poubelle toxique des États-Unis et de l’Ontario »

avril 21, 2023

Le projet d’enfouissement de millions de tonnes de déchets dangereux, à Blainville, suscite des inquiétudes.

La compagnie produit une sorte de béton imperméable qui recouvre la matière traitée avant d'être enfouie.

Stablex traite et enfouit des résidus dangereux inorganiques industriels. Ces déchets sont enfermés dans de vastes « cellules ». Photo: Stablex

Des citoyens, des élus et l’Union des producteurs agricoles (UPA) expriment leurs préoccupations face au projet de « cellule 6 » de la compagnie américaine Stablex, qui vise à enfouir à perpétuité des millions de tonnes de résidus contaminés en empiétant sur des boisés et des milieux humides. Le gouvernement du Québec s’en remet à l’examen indépendant du BAPE. Quant à la Ville de Blainville, elle se déclare ni pour ni contre.

Radio-Canada rapportait jeudi que Stablex a demandé l’autorisation au ministère de l’Environnement de doubler sa capacité de réception de déchets industriels contaminés. La compagnie veut pouvoir enfouir 8 millions de mètres cubes de matières supplémentaires sur 40 ans, soit quatre fois le volume du stade olympique de Montréal.

Le résident de Blainville Claude Beaudet s’inquiète de la taille du terrain visé, vaste de 69 hectares, dont 54 hectares d’habitat forestier et 9 hectares de milieux humides seront détruits.

« Cessez les développements d’industries lourdes dans un environnement qui doit, à tout prix, être protégé, agrandi et soigné. »— Une citation de  Claude Beaudet, résident de Blainville

Philippe Le Guerrier, représentant de l’UPA pour les Laurentides, explique que la cellule numéro 6 où seront enfouis les déchets se situe à environ un kilomètre de bassins d’irrigation d’entreprises agricoles.

Philippe Le Guerrier debout dans un champ.

Philippe Le Guerrier est le représentant de l’Union des producteurs agricoles (UPA) pour les Laurentides. Photo : Radio-Canada/Philippe-Antoine Saulnier

Les légumes qu’on produit, on le fait avec de l’eau d’étangs du secteur, dit-il, inquiet d’une contamination de la nappe phréatique.

L’entreprise assure que son procédé est sécuritaire à perpétuité. Une fois remplie au complet, une cellule est fermée par un revêtement composé d’une couche de séparation en sable, d’une couche d’argile compactée et d’une géomembrane étanche.

Le ministère de l’Environnement a toutefois exprimé des préoccupations sur ce qu’il adviendra le jour où l’entreprise cessera ses activités. Dans 500 ans, il va y avoir du danger pareil, croit Philippe Le Guerrier.

Vue aérienne des terrains de Stablex où sont les cellules 1 à 5 (en bas à droite) et où serait la cellule 6 (en haut à droite).

Vue aérienne des terrains de Stablex où sont les cellules 1 à 5 (en bas à droite) et où serait la cellule 6 (en haut à droite). Photo : Google Earth

Les déchets de l’extérieur du Québec dérangent

Depuis 40 ans, la moitié des matières dangereuses qu’a reçues Stablex venaient de l’Ontario et du nord-est des États-Unis. Il s’agit de matières dangereuses résiduelles et de sols contaminés, par exemple aux métaux lourds.

Ça ne devrait pas être aux gens des Laurentides de vivre avec les poubelles de nos voisins du Sud, réagit la porte-parole de Québec solidaire en matière d’Environnement, Alejandra Zaga Mendez.

Martine Ouellet devant un micro dans un studio.

Martine Ouellet, la cheffe de Climat Québec (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada/Erik Chouinard

L’ex-ministre péquiste des Ressources naturelles Martine Ouellet a déposé mardi soir au conseil municipal de Blainville une pétition signée par près de 3000 personnes opposées au projet.

« Est-ce qu’on va accepter que Blainville serve de poubelle pour les États-Unis et l’Ontario, qui veulent se débarrasser de leurs déchets toxiques? »— Une citation de  Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec

Stablex assure qu’elle est une solution sécuritaire au traitement et à la gestion de ces déchets qui doivent bien finir quelque part.

Le dossier complet sera évalué par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), à partir du 8 mai. Les citoyens pourront se faire entendre durant les quatre mois d’étude.

Benoit Charette parle dans un lobby d'hôtel.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Benoit Charette Photo : Radio-Canada

Le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, s’en remet à l’examen indépendant du BAPE. Je ne connais pas de projets passés au BAPE qui ont été acceptés tels que présentés initialement. C’est tout le temps une démarche qui permet de bonifier ou sinon carrément de refuser un projet, explique-t-il.

Le ministère absent depuis 10 ans du comité de suivi

Le siège du ministère de l’Environnement, de la Lutte congre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) est laissé vide depuis 10 ans dans le comité de suivi des activités de Stablex. Ces réunions, cinq fois par année, permettent d’assurer le suivi général des exigences du ministère.

Ils sont convoqués, on envoie l’invitation, on envoie le compte rendu et ils se sont satisfaits de ça depuis environ 2012, a expliqué Pierre Légo, cadre de Stablex, lors de la réunion publique du 8 mars.

Le MELCCFP effectue ses propres vérifications, suivis et inspections afin de s’assurer du respect de la réglementation, explique le porte-parole du ministère, Frédéric Fournier.

Officiellement ni pour ni contre, Blainville n’avait pas demandé de BAPE

Contrairement aux citoyens et à l’UPA, la Ville de Blainville a admis à Radio-Canada ne pas avoir réclamé la tenue d’un BAPE et elle ne sait pas si elle va y participer.

La Ville a pu poser des questions à Stablex et continuera à le faire, se satisfait le porte-parole de la Municipalité, Yannick Proulx.

Blainville a déjà autorisé le principe de la vente du terrain à la compagnie, pour 14 millions de dollars, conditionnellement à l’obtention des autorisations environnementales.

« Ce n’est pas qu’on va s’opposer ou qu’on va être en faveur du projet, c’est qu’on va s’assurer que tous les éléments du projet soient bien considérés, en s’assurant que le projet se réalise avec le moins d’impact environnemental et social. »— Une citation de  Liza Poulin, mairesse de Blainville

Liza Poulin en entrevue.

Liza Poulin, mairesse de Blainville Photo : Radio-Canada

On est conscients que les tourbières, c’est un joyau pour notre territoire. Donc, je partage les préoccupations des gens, dit la mairesse à Radio-Canada. Elle affirme toutefois que le projet de Stablex et la protection des tourbières, ce sont deux dossiers distincts, j’aimerais qu’on ne les mélange pas.

L’étude d’impact du projet indique clairement que 1000 mètres carrés (0,1 hectare) de tourbière seront perdus.

En ce qui concerne la sécurité des cellules, le responsable de l’environnement à la Ville de Blainville, Éric Lépine, rappelle que Stablex enfouit déjà des matières dangereuses depuis 40 ans, au sud-ouest de l’emplacement projeté.

On a quand même un contrôle, il y a un suivi, il y a une correspondance quasi journalière avec la compagnie, dit-il. Donc, à partir du moment que les règles de sécurité, les règles de bon fonctionnement sont assurées, on n’a pas d’indication contraire à l’effet que ça va être pire là que ça l’est en ce moment.

« En ce moment, ça fonctionne bien. C’est une compagnie qui a quand même une très bonne feuille de route au niveau sécurité. Si tout va bien, on va actualiser les techniques, donc ça devient rassurant pour la population. »— Une citation de  Éric Lépine, responsable de l’environnement à la Ville de Blainville

En 2021, il y a eu un incendie dans un des bâtiments de Stablex, alors que des déchets de chlore étaient en train d’être traités. La matière se serait enflammée au moment du transbordement du produit dans des bassins. Heureusement, les pompiers de Blainville ont leur caserne juste à côté de ces installations.

Stablex a décliné notre demande d’entrevue et de visite des installations. La compagnie nous a aussi écrit : Nous croyons qu’il est préférable de ne pas publier d’article sur Stablex en amont des audiences.

Avec Radio-Canada par