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Massacre de Baga au Nigeria: « les soldats ont mis le feu maison par maison »

Mai 1, 2013
Massacre de Baga au Nigeria: 'les soldats ont mis le feu maison par maison' Massacre de Baga au Nigeria: « les soldats ont mis le feu maison par maison » © AFP

« Les soldats ont mis le feu maison par maison », raconte Gaji Bukar au milieu des ruines du petit port de pêche de Baga, dans l’extrême nord-est du Nigeria, où quelque 200 personnes seraient mortes dans un épisode tragique de la lutte contre les islamistes.

Au coucher du soleil, le 16 avril, des combats entre militaires nigérians et militants islamistes faisaient rage dans les rues de cette localité bordant le lac Tchad, se souviennent des habitants encore terrorisés deux semaines plus tard.

Le lendemain matin, les affrontements avaient cessé mais les soldats sont revenus et le bain de sang a repris, expliquent-ils à un groupe de journalistes autorisés à se rendre sur place pour la première fois depuis le massacre.

« Mon quartier a été brulé le lendemain matin, en plein jour, par des soldats qui sont allés de porte en porte pour mettre le feu aux maisons et tout le monde les a vus », se souvient Gaji Bukar.

En raison du manque d’information, différentes versions circulent sur ce qui s’est réellement passé dans cette localité de la région de Maiduguri, fief du groupe islamiste Boko Haram qui mène une insurrection meurtrière dans le pays le plus peuplé d’Afrique.

Les journalistes de l’AFP autorisés à pénétrer dans Baga sous la supervision de soldats ont vu une ville encore largement désertée où, au milieu des maisons et véhicules incendiés, des habitants accusent les militaires d’avoir recommencé à massacrer la population alors que les insurgés avaient déjà pris la fuite.

Le témoignage de Gaji Bukar a été corroboré par d’autres, recueillis par Human Rights Watch qui dit avoir dénombré grâce à des photos satellite 2. 275 bâtiments détruits dans la localité, des habitations en grande majorité. HRW a réclamé une enquête de la Cour pénale internationale.

Des secours et des responsables locaux rapportent qu’entre 187 et 228 personnes ont été tuées : soldats, insurgés mais aussi des dizaines de civils. Soit le plus grave massacre à ce jour dans l’ensemble des violences qui ont déjà fait 3. 600 morts au Nigeria, tous camps confondus, depuis leur début en 2009, selon l’organisation HRW.

L’armée ne reconnait que la mort de 37 personnes : 30 militants, six civils et un soldat, et nie avoir délibérément tiré sur des civils et provoqué les incendies qui ont détruit près de la moitié de la localité.

« Nous ne sommes pour rien dans les incendies », se défend le général Austin Edokpayi, dont les hommes guident les journalistes dans les rues poussiéreuses où les décombres noircis restent partout visibles.

« Des gens sous la coupe des terroristes »

Il raconte que quatre heures de combats ont commencé le 16 avril au soir avec une intervention contre une attaque imminente. Un communiqué militaire explique que les soldats sont revenus le lendemain au matin pour une « opération de ratissage ».

Le général reconnait que Boko Haram contrôle une partie de l’Etat de Borno, coté nigérian, un aveu étonnant de la part des forces de sécurité qui assurent généralement que les islamistes sont sur la défensive.

« Certaines zones sont aujourd’hui dominées par ces terroristes et les gens vivent sous leur coupe », dit-il, décrivant Baga comme paralysée par la peur, où « personne n’ose dire quoi que ce soit » contre Boko Haram.

Suant à grosses gouttes tout en rassemblant des débris de sa maison rasée par le feu, Usman Mohammed, 42 ans, raconte que des dizaines de ses voisins continuent de se cacher de peur d’une reprise des violences.

Boko Haram a mis en garde contre une reprise des attaques et « beaucoup de gens sont toujours dans la brousse », dit-il.

Certains quartiers restent interdits aux journalistes, ceux qui auraient été les plus touchés.

Dans une des zones visitées par l’AFP, deux rangées de tombes fraichement creusées étaient visibles.

« Ils devraient vous laisser visiter les deux autres cimetières où la plupart des victimes ont été enterrées », dit un habitant, Adamu Bulama.

Des législateurs nigérians ont demandé une enquête indépendante tandis que Human Rights Watch soupçonne l’armée nigériane de chercher à masquer l’ampleur des abus qu’elle y aurait commis.

Sur le terrain, plus de 640 personnes sont accueillies dans un camp de fortune.

« Même ceux qui veulent revenir ne l’ont pas fait car leur maison a été détruite par le feu et ils n’ont nulle part où loger », note Usman Mohammed.

Jeuneafrique.com avec AFP

« Gang des barbares » : Youssouf Fofana passera 7 années de plus en prison

février 13, 2013

Une image extraite de l'une des vidéos de Youssouf Fofana en prison. Une image extraite de l’une des vidéos de Youssouf Fofana en prison. © DR

L’ex-chef du « gang des barbares », Youssouf Fofana, a été condamné, mercredi 13 février, à 7 ans de prison par le tribunal correctionnel de Moulins (France) pour apologie d’un acte de terrorisme, provocation à la discrimination raciale et refus de soumission à un prélèvement biologique.

Nouvelle condamnation pour l’un des meurtriers d’Ilan Halimi, Youssouf Fofana. Cette fois-ci, l’ex-chef du « gang des barbares » a été condamné à 7 ans de prison supplémentaires par le tribunal de Moulins pour apologie d’un acte de terrorisme, provocation à la discrimination raciale et pour avoir refusé de se soumettre à un prélèvement biologique.

« La cause d’Allah »

Depuis sa cellule de la prison de la maison centrale de Moulins-Yzeure, dans l’Allier, où il est condamné à perpétuité, Youssouf Fofana était parvenu, fin 2011, à diffuser via YouTube quinze vidéos dans lesquelles, il vantait la supériorité du monde musulman. Le franco-ivoirien y appelait également à l’insurrection des Africains et louait «  les combattants de la cause d’Allah ».

En juillet 2009, Youssouf Fofana avait été condamné à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans pour avoir séquestré, torturé et tué le jeune Ilan Halimi.

Jeuneafrique.com avec AFP

Le conflit malien fait courir des risques majeurs à toute une région d’Afrique

janvier 15, 2013
Le conflit malien fait courir des risques majeurs à toute une région d'Afrique Le conflit malien fait courir des risques majeurs à toute une région d’Afrique © AFP

Le conflit au Mali, où la France est intervenue et où des troupes africaines sont attendues dans les jours à venir, pourrait avoir des conséquences majeures pour une partie du continent, entre représailles islamistes et risques de crise humanitaire.

Les pays ouest-africains sont conscients que, faute d’action, les extrémistes pourraient étendre leur champs d’action et causer encore plus de ravages dans la région. Mais ils savent aussi que l’intervention militaire les expose à des dangers nouveaux.

Certains des pays qui participeront à la force africaine de 3. 300 hommes censée aider le Mali à combattre les islamistes qui occupent le nord de son territoire pourraient faire face à des représailles d’extrémistes sur leur propre sol, selon les experts.

Aussi, l’opération militaire qui se prépare dans le vaste désert malien n’a pas de garantie de réussite et elle pourrait entraîner l’exode de réfugiés vers les pays voisins qui ont déjà du mal à subvenir aux besoins de leur propre population.

La majorité des pays de la région approuvent cette intervention et préparent des troupes à envoyer sur le terrain, tout en soutenant l’action de la France qui entamait mardi une cinquième journée d’attaques aériennes au Mali.

Le Nigeria, qui dirigera la force africaine, ne peut cependant ignorer les risques que comporte un tel engagement, alors que ce pays fait face à une insurrection du groupe islamiste Boko Haram sur son territoire.

On pense que des membres de Boko Haram s’entraînent dans le nord du Mali. Certains islamistes nigérians auraient aussi des liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), active au Mali et dans d’autres pays de la zone.

« Cela veut dire qu’il y a des risques d’attaques terroristes », estime Gilles Yabi, directeur pour l’Afrique de l’Ouest de l’International Crisis Group. « Tous ces pays peuvent être confrontés à des formes de représailles ».

L’Algérie, qui a une longue frontière en commun avec le Mali, a refusé d’envoyer des soldats sur le terrain et a appelé à privilégier le dialogue, mais Alger ne s’est pas opposé à l’intervention internationale et a même autorisé la France à emprunter son espace aérien.

Berceau originel d’Aqmi, l’Algérie a eu à mener ses propres batailles contre les extrémistes islamistes.

Le Niger, autre voisin du Mali, qui a été le terrain de nombreux enlèvements revendiqués par Aqmi, a déclaré que 500 de ses soldats participeraient à la force africaine, tout comme le Sénégal, le Burkina Faso et le Togo.

Le Bénin a dit vouloir envoyer 300 hommes, le Ghana a promis 120 hommes et le Nigeria s’est engagé à apporter la contribution la plus importante, avec 900 soldats.

L’avancée des islamistes, avec le risque de création d’un sanctuaire pour les extrémistes et les bandes armées, constitue « une menace existentielle », selon Alex Vines, directeur de recherche du programme Afrique du think-tank londonien Chatham House.

L’intervention « est légitime. Le président malien a demandé à la France de s’impliquer », souligne-t-il.

Certains restent sceptiques, néanmoins, quant à l’intervention militaire encadrée par la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et approuvée par le conseil de sécurité des Nations unies. Cette force n’était pas censée être déployée avant le mois de septembre afin d’avoir le temps de se préparer et d’entraîner les quelque 5. 000 soldats maliens.

Aussi, après que les islamistes ont été délogés, « la prochaine étape sera de s’assurer qu’il y a assez de soldats pour sécuriser les villes récupérées », ce qui n’est pas évident, estime M. Yabi.

Mais la force africaine devrait continuer à bénéficier de l’aide occidentale, ce qui pourrait faire la différence, pense-t-il.

Même en cas de succès de cette opération menée à la hâte, la situation humanitaire risque de poser un problème majeur, près de 150. 000 réfugiés ayant déjà fui au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie et en Algérie selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) mardi.

Et « l’insécurité dans le nord du Mali (. . . ) reste une contrainte majeure » pour réussir à venir en aide aux populations dans cette zone, selon le HCR.

Jeuneafrique.com avec AFP

Omrane Shaaban, le défunt héros de la nouvelle Libye

septembre 29, 2012

Dans les sables de Libye, là où il repose depuis bientôt un an, Mouammar Kadhafi a dû esquisser l’un de ses sourires mauvais qui glaçaient ses interlocuteurs. Car mardi 25 septembre, l’un des rebelles qui avait contribué à sa capture, Omrane Shaaban, l’a rejoint six pieds sous terre. Ce jeune Libyen de 22 ans a été inhumé à l’issue d’une gigantesque prière organisée à Misrata, sa ville natale, une place forte de l’insurrection contre le despote halluciné de Tripoli.

Quelque 10 000 personnes ont assisté aux obsèques d'Omrane Shabaane, le 25 septembre, à Misrata.
Quelque 10 000 personnes ont assisté aux obsèques d’Omrane Shabaane, le 25 septembre, à Misrata. | ANIS MILI/REUTERS

Près de 10 000 habitants, massés sur la pelouse du stade municipal, se sont prosternés devant sa dépouille, enveloppée dans le drapeau libyen. Consacré martyr de la patrie, Omrane Shaaban était décédé la veille, dans un hôpital parisien, où il avait été transféré en urgence à la mi-septembre, après avoir passé deux mois dans les geôles de Bani Walid, une ville au sud de Misrata tenue par des nostalgiques du colonel Kadhafi.

Le jeune homme, ingénieur de formation, y avait été kidnappé en juillet, alors qu’il participait, au sein de la brigade Deraa Libya, une milice rattachée au ministère de la défense, à une opération destinée à libérer des journalistes de Misrata, précédemment capturés.

Blessé par balle dans un accrochage avec des miliciens de Bani Walid, visiblement torturé par ses ravisseurs, Omrane Shaaban n’avait plus que « la peau sur les os », selon ses parents, quand Mohamed Megarief, le président du Parlement libyen, avait obtenu sa libération, le 13 septembre.

Le jeune rebelle devait sa célébrité aux photos et aux vidéos qui l’avaient montré en train d’arrêter un Kadhafi aux abois, le visage hagard et ensanglanté, le 20 octobre, à proximité d’une canalisation, en lisière de la ville de Syrte.

IL A DÉSARMÉ  KADHAFI, LUI CONFISQUANT SON PISTOLET EN OR

Avec quelques compagnons d’armes, Omrane Shaaban avait appris qu’une cinquantaine de véhicules tentaient de fuir la ville, alors assiégée par les rebelles. Ils s’étaient lancés à la poursuite du convoi, qui devait entre-temps être bombardé par les forces de l’OTAN engagées aux côtés des insurgés.

Les rescapés, dont le Guide et quelques-unes de ses gardes du corps, avaient tenté de se cacher dans un tuyau de béton. « L’un d’eux a agité le drapeau blanc, avait raconté Omrane Shaaban, au quotidien espagnol El Pais. Il nous disait que son chef est ici et qu’il était disposé à se rendre. Mais nous n’avions pas imaginé une seconde que ce chef en question pouvait être Kadhafi. »

De ce groupe de thuwar (rebelles) chanceux, l’histoire a retenu qu’Omrane Shaaban est celui qui a désarmé Mouammar Kadhafi, lui confisquant son fameux pistolet en or. Le dictateur libyen décéda peu après, probablement sous les coups de combattants de Misrata, où son corps fut exposé pendant plusieurs jours.

La mort d’Omrane Shaaban pourrait rouvrir l’une des plaies mal refermées de la nouvelle Libye : l’antagonisme entre Bani Walid et Misrata. Les combattants de cette dernière menacent de se faire justice si les autorités n’arrêtent pas au plus vite les meurtriers du nouveau héros libyen.

Lemonde.fr par Benjamin Barthe

Attentat suicide fait six morts au Nigeria

août 5, 2012

MAIDUGURI (Reuters) – Une attaque à la voiture piégée a frappé un poste de contrôle militaire dimanche dans la ville de Damaturu, au nord-est du Nigeria, tuant six soldats et deux civils, a indiqué la police.

« Le kamikaze a actionné le détonateur avant que la voiture dans laquelle il se trouvait ne puisse être stoppée, tuant six soldats et un civil », a déclaré à Reuters par téléphone Patrick Egbmuniwe, commissaire de police de l’Etat de Yobe.

« Un autre civil est décédé peu après à l’hôpital des suites de ses blessures », a-t-il ajouté.

L’attaque n’a pas été revendiquée.

Les soupçons se portent sur la secte islamiste Boko Haram, engagée dans une insurrection armée contre le gouvernement du président Goodluck Jonathan dans le nord et qui souhaite instaurer un Etat islamique dans un pays divisé à parts égales entre chrétiens et musulmans.

Reuters

Nord-Mali : sous le drapeau noir des salafistes d’Ansar dine

avril 2, 2012

L’influence des salafistes d’Ansar dine de Iyad Ag Ghali se  fait de plus en plus sentir dans les villes du Nord-Mali tombées ce week-end aux  mains des rebelles touaregs. Le drapeau noir du groupe flotte désormais à  Tombouctou, d’où le MNLA a même été chassé par les islamistes.

Le rapport de force entre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les  salafistes d’Ansar Dine serait-il sur le point de basculer ? Difficile à  dire. Depuis le début de l’insurrection des rebelles touaregs dans le nord du Mali,  le 17 janvier, la faction islamique a été présentée comme un acteur mineur de la  rébellion, un simple allié du MNLA.

Mais à Kidal et Gao, c’est bien le groupe dirigé par d’Iyad Ag Ghali qui est  entré en premier dans les deux villes tombées vendredi 30 et samedi 31 mars. Des  habitants ont rapporté que les rebelles s’étaient rendus de magasin en magasin,  demandant aux commerçants d’enlever les photos considérées comme non-islamistes,  affirme Associated Press. Un coiffeur a également affirmé avoir été fermement  prié de retirer les photos de différentes coiffures qu’il avait affichées, parce  qu’elles montraient des femmes non voilées.

Pillages à Gao

Et à Gao, la plus grande ville du nord du pays tombée samedi, la situation  est très confuse. « C’est le chaos. Nous ne savons même pas qui contrôle la  ville et qui fait quoi », a affirmé lundi 2 avril un étudiant, Ahmed Ould Fneiny  cité par l’agence américaine. « Nous avons vu Ansar dine avec son drapeau. Nous  voyons le MNLA. Nous voyons d’autres groupes touaregs et arabes qui ont déserté  l’armée malienne. Il y a des gens en uniforme militaire qui ont volé toutes les  voitures, même les voitures privées de civils. Nous ne pouvons pas quitter la  ville. Un litre d’essence coûte désormais 1 000 francs CFA (1,5 euros), alors  qu’il valait 650 francs CFA (un euro) hier ».

À Tombouctou, prise dimanche et où les hommes du MNLA ont  mené l’attaque, l’influence d’Ansar dine semble désormais prédominante. Lundi  matin, un membre de l’armée malienne, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat,  a raconté avoir vu entrer des membre du groupe à bord d’un convoi de dix  véhicules, puis aller planter le drapeau noir salafiste dans le camp militaire  de la ville. « Iyad est venu ce matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la  ville, chassé les gens du MNLA qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et  ils ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville », a affirmé à l’AFP  Moussa Haïdara, un caméraman qui a filmé l’entrée dans la ville du rebelle qui  veut imposer la charia au Mali. Une  information confirmée par des  habitants de la ville, dont le responsable d’un des principaux hôtels de  Tombouctou.

Jeuneafrique.com avec AFP