Archive for the ‘Poésie’ Category

Premier festival international de poésie de Rîmnicq: le Congo à l’honneur en Roumanie

mai 13, 2023

En appui de l’anthologie bilingue français-roumain de Marilena Lica Masala « Du Congo au Danube / De la Dunăre la Congo« , et, sur proposition de Georges Smeoreanu, directeur-fondateur du Festival international de poésie de Rîmnicq,  le Congo sera le pays à l’honneur.

Affiche du 1er Festival international de poésie de Rîmnicq en Roumanie

L’affiche du 1er Festival international de poésie de Rîmnicq, en Roumanie

Prévu du 19 au 21 mai, en partenariat avec la ville hôte et l’association « Ordessos », le rendez-vous poétique international intitulé « Rîmnicq est une métaphore » se tiendra à l’occasion de la célébration du 635anniversaire d’attestation documentaire de la ville roumaine de Râmnicu Vâlcea.

À  cette occasion, les organisateurs prévoient de faire vivre aux festivaliers des moments d’amitié, de partage et d’échange littéraire au cœur de l’ancien royaume de l’illustre souverain Mircea Ier de Valachie ayant marqué durant son règne, de 1386 à 1418, la politique intérieure et extérieure des Principautés roumaines et des royaumes voisins.

Le Congo sera le pays à l’honneur. Une programmation permettra de mettre en avant sa poésie congolaise, avec une large place consacrée à l’évocation de l’œuvre de Jean-Baptiste Tati-Loutard.

En marge de celle-ci, Rudy Malonga, arrière-petit fils de Jean Malonga, effectuera le déplacement en Roumanie. Il lancera, à partir de Rîmnicq, la série de rencontres littéraires dédiées au roman Cœur d’Aryenne paru en 1953, dont l’auteur est reconnu unanimement comme étant le « doyen » des écrivains congolais. L’objectif de cette initiative itinérante est à la fois de porter le livre au plus près de la population et, de redonner par la même occasion une envie de lire à tous, explique-t-il.

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

Poésie: Huppert Malanda brigue un prix international

avril 21, 2023

Lors de la 24e édition du Festival de la poésie de Montréal qui aura lieu du 29 mai au 4 juin, sera décerné le Prix Francophone international dudit  festival. Des dix finalistes restés en lice figure le poète  congolais, Huppert Malanda, et son recueil « Cette patrie de blessures et de rêve » , édité à l’Atelier Senghor (Congo).

Le poète Huppert Malanda / Adiac

La première sélection du prix a été  faite le 21 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, où vingt candidatures de poètes avaient été sélectionnées sur les 239 reçues. La seconde sélection du Prix a été dévoilée le 17 avril, à Montréal.

Les autres recueils sélectionnés à côté de celui d’Huppert Malanda sont « À mon retour » d’Élise Turcotte,  Editions du Noroit (Canada, Québec);  « Daïra pour la mer » de Nassuf Djailani, Editions Bruno Doucey (France); « Exercices de joie » de Louise Dupré, Editions du Noroit (Canada, Québec); « Holographies » de Philippe More, Poètes de brousse (Canada, Québec); « Insoutenable frontière » de Tanella Boni, Editions Bruno Doucey (Côte d’Ivoire); « Le programme double de la femme tuée » de Carole David, Les Herbes Rouges (Canada, Québec); «Monde, genoux couronnés » de Béatrice Bonhomme, Editions Collodion (France);  « Traverses » de Paul Bélanger, Editions du Noroit(Canada, Québec);  « Un couteau dans la tête » de Claudine Bohi, Editions L’Herbe qui tremble (France).

Signalons que les trois finalistes seront révélés lors du dévoilement de la programmation de la 24e édition du Festival de la poésie de Montréal début mai.

Créé en 2020, ce prix récompense une œuvre poétique francophone exceptionnelle par sa qualité formelle et thématique. Le lauréat ou la lauréate remportera une bourse de 5000 dollars canadiens qui lui sera remise pendant le festival.

Avec Adiac-Congo par Hervé Brice Mampouya

Congo-Poésie : un café littéraire consacré aux recueils de Prince Arnie Matoko

mars 9, 2023

Le café littéraire consacré aux trois recueils de poèmes « La colère du fleuve » ; « Mélodie des larmes » ; et « Entre les lignes du silence » du poète et nouvelliste Prince Arnie Matoko a été organisé, le 6 mars à Brazzaville, par les éditions Alliance Koongo.

1-Les panélistes lors du café littéraire/ Adiac

Le café littéraire a débuté par l’examen de « Entre les lignes du silence » fait par l’éditeur, l’écrivain et critique littéraire Ramsès Bongolo, qui a indiqué que Prince Arnie Matoko est un poète à la pensée lumineuse et à la plume savoureuse. Âme nostalgique au cœur pacifique, adorateur du verbe éclatant et des arguments étincelants, passionné du tambour poétique et du discours rythmique, pianiste des «Mélodies des larmes» et forgeron de «La colère du fleuve», Prince Arnie Matoko, grand cuisinier des mots, sert dans « Entre les lignes du silence », son nouvel opus littéraire, une recette poétique à cheval entre autofiction et soif d’Afrique, entre possessivité et reflexes panafricanistes.

En termes plus simples, a poursuivi Ramsès Bongolo, « ce littéraire, mieux ce préparateur de belles lettres, nous a cuisiné une nourriture littéraire assaisonnée d’ingrédients qui marquent linguistiquement l’appartenance, la possessivité, mais aussi saupoudrée d’un certain nombre de gâteaux, donc de mots grammaticaux qui représentent un élément présent dans ce que les grammairiens appellent “ la situation de communication”. En témoignent les adjectifs possessifs intentionnellement placés au seuil de quelques-uns de ses poèmes. »

Prince Arnie Matoko est un poète dont l’art s’offre aux lecteurs tel un fruit mûr, un fruit dont la saveur oblige à en demander encore plus. « Entre les lignes du silence » se referme, entre autres, sur l’hommage à Ernest Bompoma. Deux poèmes lui ont été consacrés dans ce recueil. L’un se pose les questions que voici : « Dis-moi compagnon de lutte, qui étais-tu ? Un baobab ou une étoile ? » En somme, conclut Ramsès Bongolo, ce recueil est un cri d’espoir, de liberté, d’amour et de paix pour l’Afrique.

Arnie Matoko, un militant d’arrière-garde de la cause du peuple noir

Pour le préfacier de cet ouvrage, Pierre Ntsemou, Arnie Matoko se veut militant d’arrière-garde de la cause du peuple noir faute de la flétrissure coupable d’avant-garde de ses pères fondateurs des républiques-appendices de lamentable dépendance honteusement alimentaire. Prince Arnie Matoko, a-t-il dit, voudrait, dès son vagissement poétique sans gants ni complexe, être sonneur de cor pour le réveil de ce corps meurtri, brisé, laminé, mais toujours en vie par cette survivance légendaire des frères de sa race de glaise qui, du malaise des temps impétueux et tumultueux « des loups affamés cherchant en pleine nuit (des proies) » pour des autres « renards-hyènes » doivent se saisir des armes de l’amour pour effacer à jamais les clichés noirs de pillage et de spoliation sur les bûchers de haines et de guerres » imbéciles. Dès lors, le prince, avec ses mots aiguillons, entreprend de vaincre ces maux et les cartouches meurtrières de la traite négrière et sa fille adultérine née plus tard de l’amère mère acariâtre, la très célèbre dame de fer coloniale de triste mémoire et de descendance barbare avant les indépendances.

2-La couverture du recueil de poèmes « Entre les lignes du silence »/ DR

Critiquant « La colère du fleuve de Prince » d’Arnie Matoko, Winner Franck Palmers (Winner Dimixson Perfection), écrivaine, critique littéraire, enseignante à l’Université Marien-Ngouabi, de prime à bord, a souligné que c’est un titre concis et impactant ; il est quadrilexémique… « Ce recueil de sept nouvelles nous amène, pas à pas, dans un monde dont la toile de fond est l’illusion et la barbarie. En sept tableaux pluri-scéniques, l’auteur blâme les personnes véreuses. Le blâme n’est qu’un simple rappel à l’ordre par écrit. Sept est le chiffre de la perfection, de la complétude, du parachèvement. Par extrapolation, il se fait opération musclée pour décimer les vices ciblés », a-t-elle dit. Les sept nouvelles sont : L’expulsé ; Demain je serai riche ; La rue des sorciers ; C’est triste de perdre sa meilleure amie ; Un fou pas comme les autres Le soleil de Fleuville ; et La colère du fleuve.  L’œuvre littéraire « La colère du fleuve» s’impose par un langage châtié, un vocabulaire riche, une narration poétique, un style réaliste et lyrique.

Puisque chaque chose a un commencement et une fin, une aube et un crépuscule, une genèse et une apocalypse, Winner Franck Palmers (Winner Dimixson Perfection) a conclu en déclarant qu’à travers « La colère du fleuve Prince », Arnie Matoko propose une vue de la société congolaise sous divers éclairages. Cela semble une transcription neuve, au regard des faits sociétaux des chroniques congolaises. Caractérisée par un vocabulaire riche portant quelques fois les bribes du langage du terroir pour mieux atteindre le lecteur, la plume de l’auteur d’«Un voyage à New York » et de « La colère du fleuve » a atteint une maturité narrative perceptible.

Prenant la parole à son tour, l’écrivain à l’honneur a remercié tous ceux qui sont venus assister à ce café littéraire au cours duquel ont été mises en exergue certaines de ses œuvres, tout en exprimant son sentiment de joie et de bonheur.

Avec Adiac-Congo par Bruno Okokana

Prix Apollinaire Denise Desautels grande lauréate

novembre 7, 2022
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE La poète Denise Desautels

Immense honneur pour la poésie québécoise ! La poète montréalaise Denise Desautels vient de recevoir à Paris le prestigieux prix Apollinaire pour son plus récent recueil, Disparaître : autour de 11 œuvres de Sylvie Cotton, publié ici au Noroît et, en France, par la maison d’édition L’herbe qui tremble.

Denise Desautels devient seulement la deuxième poète du Québec, et la première Québécoise, à remporter le prix Apollinaire. Gaston Miron l’avait reçu en 1981 pour son célèbre recueil L’homme rapaillé, publié la toute première fois aux Presses de l’Université de Montréal en 1970, puis en France chez Maspero.

En une année, divers honneurs ont souligné l’illustre carrière de Denise Desautels qui a publié une trentaine de recueils de poésie depuis 1975, ainsi que signé plusieurs livres d’artistes. L’automne dernier, ses recueils L’angle noir de la joie (2011) et D’où surgit parfois un bras d’horizon (2017) ont fait leur entrée dans la prestigieuse collection Poésie/Gallimard.

La poète, qui sait « à chaque phrase réinventer le cœur et son battement », a été récompensée d’une quinzaine de prix depuis ses débuts, dont le Grand Prix du Festival de poésie de Trois-Rivières (Leçons de Venise et Sans toi, je n’aurais pas regardé si haut), le prix du Gouverneur général (Le saut de l’ange) et le prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.

Son recueil Disparaître a été inspiré par 11 œuvres de l’artiste interdisciplinaire Sylvie Cotton. Les textes de ce projet conçu pour la revue Relations en 2017-2018 ont été remaniés afin de créer ce qui s’avère un modèle de fusion entre la poésie et les arts visuels.

Dans une langue éblouissante, la poète entremêle le feu qui la consume avec les œuvres picturales. Denise Desautels a toujours contemplé la fin de l’existence les yeux ouverts, tout en rêvant d’apercevoir le ciel bleu. Elle demeure cette rebelle avec une cause : décrire la douleur pour la transcender.

Prix Apollinaire

Les choix du jury du prix Apollinaire, dit de poésie française et du monde francophone, se font sur la base de « l’originalité et la modernité » des recueils. La liste des 10 finalistes, dont le livre de Denise Desautels, a été annoncée en juin dernier.

Instituée en 1941, cette célèbre récompense a été attribuée dans le passé à des poètes comme Pierre Seghers, Claude Roy, Léopold Sédar Senghor, Vénus Khoury-Ghata, Bernard Chambaz, René Depestre, Linda Maria Baros et Jean-Pierre Siméon qui préside désormais le jury.

La cérémonie de remise du prix a lieu depuis 2016 au café littéraire Les Deux Magots, à Paris, où le poète Guillaume Apollinaire avait ses habitudes. Le jury décerne également depuis quelques années un Prix découverte.

Avec La Presse canadienne par MARIO CLOUTIERCOLLABORATION SPÉCIALE

L’effort envolé

octobre 3, 2022

De longues heures j’ai courbé l’échine

Pour une maison tombée vite en ruine

Sous la violence d’un ouragan dévastateur

M’ayant causé sans pitié tous les malheurs

À peine deux maigres années sous mon toit

Aujourd’hui je deviens un simple sans-logis

Quémandant une assistance municipale

Avant d’attendre la main gouvernementale

Devant la désolation des biens irrécupérables

Et de la boue couvrant mes effets personnels

Je suis sans force pour les efforts accomplis

Je me sens malheureux et complétement démuni

Bernard NKOUNKOU BOUESSO

La Conscience trahie

octobre 2, 2022

Très loin de la terre natale

Et loin du cimetière familial

Nombreux sur le sol d’accueil

Ont choisi leur repos éternel

Des amis de tout âge et des parents

Ont laissé leur volonté en testament

Pour y être inhumés dans la tranquillité

Sans disputes inutiles mais dans la dignité

Autant pour ma chère tante maternelle

Autant pour ce vieil ami de l’école

Chacun d’eux a connu la déception

Pour leurs projets sans réalisation

Et pourtant à chaque instant

Ils envoyaient de l’argent

Qui malgré eux était détourné

Par leurs parents qui les ont ruinés

Bernard NKOUNKOU BOUESSO

Trois-Rivières/Festival international de la poésie : l’écriture cathartique de Mélanie Béliveau

octobre 1, 2022
Mélanie Béliveau avec son chien.

Mélanie Béliveau vient tout juste de publier son deuxième recueil de poésie (archives). Photo : Collaboration spéciale

Fouler la scène du Festival international de la poésie de Trois-Rivières, Mélanie Béliveau en rêve depuis qu’elle est toute petite. La poétesse retrouvera la ville de son enfance lors du 38e rassemblement littéraire avec, en main, un recueil coup-de-poing qui promet d’ébranler les festivaliers.

J’ai la Mauricie dans les veines. J’étais toute petite et j’allais au festival. Je me pince et je n’arrive pas encore à y croire, s’est-elle exclamée en entrevue à l’émission En direct en marge du coup d’envoi des activités vendredi.

La prolifique écrivaine, qui porte également le sarrau de médecin de famille, a publié la semaine dernière son deuxième recueil de poésie en l’espace d’un an. Publié aux Éditions Mains libres, La femme qui meurt en juillet est le récit de sa bataille contre le cancer du sein.

Le premier recueil parlait plus de la vie sur la planète maternité avec ses hauts et ses bas. L’univers trouvait que j’avais une vie un peu trop folle, et vlan, en 2020, un cancer du sein est arrivé. Ça a foutu ma vie en l’air. Il y a un paquet de morceaux qui ont volé partout, raconte-t-elle.

C’est seulement une fois la bête terrassée que Mélanie Béliveau a pu transformer ses séquelles physiques et psychologiques en matière féconde.

Quand j’ai eu mon congé définitif [de l’hôpital], je suis allée m’acheter une bouteille de champagne et je me suis mise à pleurer […]. Les mots, c’est là qu’ils sont arrivés, raconte la poétesse. Ça m’a permis de faire la deuxième partie de la guérison, la plus importante, celle dont on parle le moins. Je dis ça et je suis moi-même médecin. Il y a un moment où l’équipe médicale te lâche la main. On lâche les pansements et les infirmières, on retourne dans la vraie vie, mais la vie n’est plus pareille.

La poétesse-médecin-accoucheuse a voulu faire sortir le méchant au cours d’un processus d’écriture qui s’est avéré cathartique. Dans La femme qui meurt en juillet, elle louvoie entre ses traitements contre le cancer et la reconquête d’une nouvelle féminité. Il y a une femme qui est dans la fleur de l’âge et elle doit mourir pour qu’une autre femme apparaisse, a-t-elle précisé au micro d’Anne-Marie Lemay.

Il en résulte des vers tantôt durs, tantôt doux, qui ne manquent pas d’émouvoir les lecteurs, soutient Mélanie Béliveau. Les gens qui l’ont lu m’ont dit : ‘’J’ai pleuré.’’ Je leur dis : ‘’Oh! je m’excuse’’ et ils me disent :  »Non, ça fait du bien. »

Elle lira ses poèmes au Café Bar Zénob, à la Maison de la culture et aux restaurants Le Lupin et Le Four à bois du 5 au 7 octobre.

Radio-Canada par Jacob Côté

Prix littéraire : Alvie Mouzita honore son pays au concours Africa poésie

juillet 15, 2022

Natif de Mindouli, en République du Congo, Alvie Mouzita est un écrivain et professeur d’anglais. Déjà lauréat du prix CipaI et du prix Pabloemma, il vient d’être plébiscité à la sixième édition du concours Africa poésie. Une joie qu’il souhaite partager avec nos lecteurs. Interview.

Alvie Mouzita/DR

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Vous êtes quatrième lauréat du concours Africa poésie, quelles sont vos impressions ?

Alvie Mouzita (A.M.) : Remporter un prix littéraire ou être sacré lauréat a toujours été pour moi l’un des moments les plus admirables. Mais, au-delà de cette jovialité, une certaine fierté m’habite d’avoir honoré mon pays, par-delà l’Afrique. J’ai fait entendre le cri nègre à travers mon texte intitulé « Chants des initiés » : « Il y aura l’histoire à feuilleter pour récolter une mémoire ».

L.D.B.C. : Pouvezvous nous parler des autres récipiendaires et du déroulement de l’édition de cette année ?

A.M. : Il faut noter que la sixième édition du concours Africa Poésie 2022 était assez spéciale parce qu’elle a récompensé cinq lauréats et a attribué « les félicitations du jury » à six candidats parmi les quarante-deux participants venant des pays que voici : Belgique, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, France, Madagascar, Maroc, Niger, Roumanie, Sénégal, Tchad, Togo. Le jury, présidé par Daouda Mbouobouo, était international avec les membres exceptionnels comme Thierry Sajat, poète, directeur-fondateur des Editions Thierry Sajat, président de l’Académie de la poésie française; Dr Paul Yadji, poète et enseignant-chercheur de spécialité littérature africaine et anthropologie culturelle; Imene Latachi et Dr Abdias Mabard. Ce dernier a récompensé en premier « Voyage » de Jules Marcel Chientemou (Cameroun), suivi de « Gakóm Djo Si Pá » (Chant fraternel) de Harman Kamwa Kenmogne (Cameroun), « Massacre dans un village » d’Aliou Boubacar Modi (Niger), « Chants des initiés » d’Alvie Mouzita (Congo Brazza) et enfin « Élégie pour la paix » de Sara Augustine Laurence Timb (Cameroun).

L.D.B.C. : Quel est le but de ce concours  et comment y participe-t-on ?

A.M. : Le but de ce concours est de promouvoir les talents ayant un souffle poétique remarquable et de faire entendre leurs cris par-delà les frontières. La participation à ce concours n’exige aucun effort sinon le respect du règlement mis à la disposition.

L.D.B.C. : Alvie Mouzita, que peut apporter la poésie dans le monde d’aujourd’hui ?

A.M. : La poésie est d’abord un commerce d’émotions. Il faut souligner que rien ne peut se faire dans ce monde sans l’appui immédiat de la poésie, au sens large du terme, bien sûr. Car, loin de n’être que cet art qui consiste à faire des ouvrages en vers, la poésie est une motte de vie, une motte de connaissances, un chemin d’élévation de l’âme, un vent qui s’insurge, un chant qui adoucit, une toile où on se mire, une fleur d’espoir, une pluie d’amour. En fin de compte, la poésie c’est le beau.

Avec Adiac-Congo propos recueillis par Aubin Banzouzi

Congo-Livre : « Et quand nos rêves embrassent les ténèbres » à la rencontre des étudiants

juillet 11, 2022

Recueil de poèmes de 41 pages publié par les Editions Mikanda de la République démocratique du Congo, « Et quand nos rêves embrassent les ténèbres » a été au centre d’un échange, le 7 juillet, entre son auteur, Tristell Mouanda Moussoki, et les étudiants de l’Université Marien-Ngouabi.

1-Des panelistes et l’auteur, à droite, lors de la présentation du livre/Adiac

C’est au sein de la bibliothèque de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash) que s’est déroulée la rencontre littéraire autour du recueil « Et quand nos rêves embrassent les ténèbres ». Chant ardent, mû par l’ampleur de la douleur, ce recueil est une poésie miroir qui blâme le mal pour désaliéner la marche de la société africaine et l’aider à accomplir son destin. En effet, ce que Tristell Mouanda scrute dans une tonalité tragique et pathétique aboutit très rapidement à une conscience marquée, donnant au poème toute sa densité révolutionnaire.

Dans un élan de permettre à l’assistance, dominée par la présence des étudiants, de comprendre les différents poèmes qui composent ce livre, le comédien et metteur en scène Guy Stan Matingou a ponctué les échanges par des temps de lecture de quelques extraits du livre puisés, entre autres, des pages 10,12, 14, 16, 38 et 40.

Selon Tristell Mouanda, ces extraits sont une façon pour lui de convoquer les hommes au vivre-ensemble, les jeunes à s’élever pour rencontrer la lumière. De plus, à travers quelques poèmes, il attire l’attention des Etats africains, déclarant que « la jeunesse est la racine même du rêve, c’est l’avenir d’un pays. Et, une jeunesse mal formée, mal éduquée, c’est une jeunesse délaissée ».

2- Les étudiants assistant aux échanges/Adiac

La rencontre littéraire a été également l’occasion favorable pour le public de manifester son ressenti à travers des questions à l’endroit de l’auteur. Celles-ci ont porté notamment sur le sens du titre de l’ouvrage ; le choix d’aborder les souffrances du peuple africain ; le fait que l’ensemble des poèmes n’a pas de titres, etc.  Répondant à ces interrogations, Tristell Mouanda a notifié qu’on ne peut pas être poète et ne pas s’interroger ; aussi l’émotion naît lorsqu’on est face à la nature ou à une problématique.

« Les rêves embrassent les ténèbres, c’est simplement la question de la souffrance, de la douleur. Le rêve du peuple africain est avorté et quand c’est le cas, on n’est pas dans la lumière, mais plutôt dans l’obscurité, voire l’échec. Je suis un poète de mon époque, j’essaie de voir le contour de ma société. En effet, je ne peux pas écrire sur des questions qui dépassent mon entendement. Par ailleurs, je n’ai pas titré les poèmes parce que pour moi, la poésie c’est une prière, c’est l’acheminement des idées. Quand je suis donc en transe, je n’ai pas le temps de titrer justement les poèmes », a longuement expliqué le poète.

Après l’intervention de l’auteur, le public a salué ses efforts et son travail abattu pour rédiger ce recueil de poèmes. « En tant que poète, il s’est donné une mission cardinale, celle de libérer le peuple africain et de lui permettre de quitter l’état dans lequel il se trouve afin d’atteindre l’avenir. Un avenir plus associé avec la nuit mais avec la lumière », a déclaré Prince Matoko.

Notons qu’au terme des échanges, Tristell Mouanda a dédicacé quelques exemplaires de son ouvrage. Cette cérémonie littéraire a connu la présence du responsable de la maison d’édition Mikanda, le poète Youssef Branh, directeur de la bibliothèque de la Flash, Roland Ondoumbou, et du Dr Leckaka-Peya.

Avec Adiac-Congo par Merveille Atipo et Mira Boussiengue, stagiaire

Québec: Inspiré par David Goudreault, un jeune poète de 13 ans lance son premier recueil

juin 19, 2022

David Goudreault se tourne vers Micheal en lui souriant.

David Goudreault est venu au lancement du recueil de poésie de Micheal Angel Photo : Radio-Canada

Il y a de ces rencontres qui peuvent changer le cours d’une vie. C’est grâce à une animation de David Goudreault dans sa classe que Micheal Angel de Shawinigan a eu un coup de cœur pour la poésie. Jusqu’à ce moment, le français était la bête noire de l’élève.

Il y a à peine six mois, l’élève de 6e année à l’école Sainte-Flore ignorait tout de l’art poétique. Son enseignant, Dominic Boisvert raconte que David Goudreault a fait un petit spectacle aux élèves, il est monté sur son bureau et leur a fait une démonstration de poésie. Ç’a été un déclic pour Micheal Angel. Dans les jours qui ont suivi la rencontre avec David, il a écrit quelques poèmes dans son petit calepin […]. Puis, il m’a montré ça le lundi suivant.

Prenant la pleine mesure de son talent, l’enseignant et l’écrivain l’ont encouragé à en faire un recueil.

« Écoute, Michael c’est un talent incroyable. C’est le petit Rimbaud de la Mauricie. Passer d’un élève qui déteste le français, avec des difficultés, à un élève qui rayonne, qui mobilise la classe autour de ses textes, qui sort un livre, c’est énorme. »— Une citation de  David Goudreault, écrivain, poète et slameur

Pour le jeune poète, écrire est un geste libérateur. Il y raconte les difficultés qu’il éprouve et il y trouve une manière de se défaire de sa colère. Ça me fait beaucoup de plaisir parce qu’après je sens que je n’ai plus cette colère en moi.

Couverture du recueil intitulé Sortir de sa caverne

Le recueil intitulé Sortir de sa caverne compte une vingtaine de poèmes. Photo : Radio-Canada

Pour David Goudreault, l’histoire de Michael est une manifestation poignante du pouvoir de la poésie. En fait, la poésie et même l’art de façon plus large, c’est parfois un élément qui va raccrocher des jeunes à l’école, notamment les p’tits gars. Donc, quand on invite des poètes en classe, quand on invite des artistes même en art visuel, on ouvre des portes dans l’esprit des jeunes.

L’enseignant promet que la poésie demeurera présente tout au long de la prochaine année scolaire. Parce que c’est facile. Ça peut prendre cinq minutes sur le coin d’une feuille, sur ton bureau, dans le coin de ton cahier de mathématiques.

À l’heure des vacances scolaires, Micheal Angel conservera tout de même son calepin tout près au cas où frapperait l’inspiration. Il y a des fois où je fais des poèmes dans ma tête, mais je n’ai pas mon carnet. Je me dis que je suis toujours un peu en train d’écrire.

Par Radio-Canada avec les informations de Jacob Côté