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Cameroun-Samuel Eto’o contre Ferdinand Ngoh Ngoh : jusqu’où ira le bras de fer ?

avril 17, 2024

Une lutte sourde oppose le patron du foot camerounais au secrétaire général de la présidence, avec Paul Biya en arbitre. Dernier épisode en date : le débat sur la nomination du sélectionneur des Lions indomptables. Décryptage en vidéo.

D’un côté, Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports, et Ferdinand Ngoh Ngoh, tout puissant secrétaire général de la présidence. De l’autre, Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Depuis plusieurs semaines, le match fait rage, et les relations entre le patron du foot camerounais et le gouvernement ne cessent de se tendre.

La nomination du successeur de Rigobert Song, évincé au lendemain des mauvais résultats de l’équipe nationale lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2024, est le dernier épisode en date de cette guerre ouverte depuis plusieurs mois. Samuel Eto’o, qui fait face à une fronde interne à la Fecafoot menée par une partie des acteurs du ballon rond camerounais, s’est vu retirer une partie de ses prérogatives au lendemain de la CAN. S’il est parvenu, jusqu’à présent, à se maintenir à la tête de la fédération, Eto’o n’a pas pu empêcher l’éviction de Rigobert Song. Surtout, il n’a visiblement plus la main sur le choix du sélectionneur de l’équipe nationale.

Eto’o contrarié

Le 8 avril, lorsque le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a désigné le Belge Marc Brys pour reprendre le flambeau, Samuel Eto’o n’a pas jugé bon de faire le déplacement. « Eto’o a été contrarié parce que la nomination a été faite à son insu, mais la décision du ministre respecte le texte en vigueur », décrypte pour Jeune Afrique un connaisseur des arcanes du football camerounais. Les instances de la Fecafoot, qui s’étaient élevées contre ce choix et promettaient de faire une contre-proposition, sont pour l’heure restées silencieuses.

Le signe que Samuel Eto’o joue désormais l’apaisement ? Ou que le relatif état de grâce dont il profitait depuis son arrivée à la tête de la Fecafoot est désormais définitivement terminé ? « Les tensions entre les ministres des Sports et les présidents de la fédération de football existent depuis que le Cameroun a fait de l’équipe nationale de foot la pierre angulaire de sa diplomatie », détaille Franck Foute, correspondant de Jeune Afrique à Yaoundé, dans le décryptage en vidéo que nous consacrons à ce dossier brûlant mêlant football, politique et ambitions contrariées, réelles ou supposées.

Avec Jeune Afrique

Au Cameroun, une démission de Samuel Eto’o cousue de fil blanc ?

février 6, 2024

Après la défaite de la sélection camerounaise à la Coupe d’Afrique des nations, le président de la Fédération camerounaise de football a proposé de quitter son poste. Le comité exécutif lui a renouvelé sa confiance.

© Damien Glez
© Damien Gle

La sphère footballistique contemporaine mime à ce point les intrigues de pouvoir qu’elle en emprunte le cha-cha-cha politicien. Dans la panoplie du trompe-l’œil politique figure le vrai-faux départ, souvent mis en scène par un chef de gouvernement en mal de relégitimation présidentielle. Dans le foot camerounais, la récente tentative de démission du président de la Fédération semble appartenir à ce registre.

C’est dans un communiqué que l’instance faîtière du ballon rond a annoncé que Samuel Eto’o avait présenté sa démission, ce lundi 5 février, lors d’une réunion à Yaoundé. Bravache, l’ancien attaquant du FC Barcelone aurait même demandé au Comité exécutif de rendre son tablier en même temps que lui, « en toute âme et conscience ». Scène de théâtre préméditée ou pas ? C’est à l’unanimité que le « Comex » a refusé de se saborder, rejetant « la démission du président de la Fédération camerounaise de football [Fecafoot], en lui renouvelant toute sa confiance ».

Et de caresser dans le sens du poil l’ancienne star du ballon rond en l’invitant à « continuer dans le même élan, le travail de reconstruction et de développement du football Camerounais, de la base au sommet », ainsi qu’il le promettait tandis qu’il briguait la présidence de la fédération, en 2021.

Une CAN décevante pour le Cameroun

À l’origine de ce projet de jet d’éponge, l’élimination des Lions indomptables, 0 à 2 face au Nigeria, en huitième de finale de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se tient actuellement en Côte d’Ivoire.

S’il est vrai que le Cameroun avait atteint le podium en 2021, sur son propre territoire, des débâcles sportives plus spectaculaires conduisent généralement au sacrifice des sélectionneurs sur l’autel de la grogne populaire. Si le renouvellement de la confiance à Samuel Eto’o était cousue de fil blanc, l’épisode de la démission avait-il pour objectif de récupérer une virginité, après quelques autres polémiques ?

Récemment, Samuel Eto’o a été soupçonné d’être en cheville avec le corps arbitral en vue de favoriser la montée de certains clubs en première division. En juillet, l’Association des clubs de football amateur camerounaise (ACFAC) avait aussi appelé à la démission du quadruple vainqueur du Ballon d’Or africain.

Depuis le début de son mandat, diverses plaintes contre lui et la Fecafoot ont formulé des allégations de manque de transparence financière et d’autres irrégularités. Des accusations que la Confédération africaine de football (CAF) qualifiera, en août 2023, de suffisamment « sérieuses à première vue » pour envisager une enquête, « conformément aux statuts et règlements de la CAF ».

Il est clair que les batailles de leadership internes au football camerounais n’ont pas commencé sous Samuel Eto’o. Il est tout aussi connu que l’ancien attaquant n’est pas du genre à rendre les armes lorsqu’il est attaqué. Son récent dépôt de démission apparaît donc comme une manière de « devancer l’iguane dans l’eau ». Et de tourner rapidement la page d’une CAN décevante.

Avec Jeune Afrique par Damien Glez, Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Au Cameroun, Samuel Eto’o à nouveau en pleine tourmente

juillet 21, 2023

Alors que la signature d’un contrat entre le site de paris sportifs 1XBet et la Fecafoot continue à faire des remous, la divulgation d’une série d’enregistrements téléphoniques affaiblit un peu plus le président de la fédération.

L’ancien attaquant camerounais et président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, durant un match de Série A, à Milan, le 4 mars 2022. © Giuseppe Maffia/NurPhoto via AFP

« Il y a des choses que l’on peut faire, mais tu dois rester très discret, bro [frère]. » Depuis le 18 juillet, une série d’enregistrements, présentés comme des appels entre Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), et son ami Valentine Kwain, le patron du club du Victoria United d’Opopo, enflamment les réseaux sociaux camerounais.

Dans ces audios, qui dateraient de l’après-match opposant le Victoria United et le Tonnerre Kalara Club, en janvier, la voix attribuée au président de la Fecafoot promet à son interlocuteur, qui était entré sur le terrain pour suspendre le match alors que son équipe était mené 1-0 : « Opopo doit monter en première division. C’est notre objectif. C’est notre fédération. Nous sommes quatre : toi et deux autres personnes. Le Victoria United va monter. » Et d’ajouter qu’il rencontrera le président de la commission de nomination des arbitres pour s’en assurer.

« Un faux grossier »

Pour « arranger les choses », poursuit la voix, Samuel Eto’o invite Valentine Kwain, suspendu par la commission fédérale d’homologation et de discipline à l’issue de l’incident, à le rencontrer discrètement à Yaoundé, le 4 janvier, afin de concrétiser leurs plans. Depuis, le Victoria United – jusque-là huitième du classement de deuxième division – n’a pratiquement plus perdu de match et est monté en championnat MTN Elite 1. Quant à la majorité des équipes adverses, elles ont reçu des avertissements, des suspensions ou encore des pénalités pécuniaires.

Jointe par Jeune Afrique, une source très proche du président de la Fecafoot affirme que ces enregistrements explosifs sont « un faux grossier ». « On ne commente pas ce qui est faux et qui n’existe pas. Il s’agit d’une chasse à l’homme organisée de façon professionnelle, méthodique et diaboliquement méticuleuse contre le président Eto’o », indique-t-elle.

Il n’empêche. Cette affaire gênante renforce les soupçons de corruption et de favoritisme qui pèsent déjà sur le président de la Fecafoot. En juin, une plainte pour matchs truqués, corruption aggravée, manipulation de matchs, incitation à la haine et à la violence, atteintes à l’intégrité morale et physique et propagation de fausses informations a été déposée par une association de clubs amateurs camerounais contre Eto’o et Kwain auprès des comités d’éthique de la Fecafoot, de la Confédération africaine de football (CAF) et de la Fédération internationale de football (Fifa). Pour les adversaires du président de la fédération, ces enregistrements sont de nouvelles pièces à conviction dans leur dossier d’accusation.

Critiqué par son ex-vice président

Depuis l’exclusion d’Henri Njalla Quan, ancien vice-président de la fédération, au début de ce mois de juillet, les tensions sont montées d’un cran. L’ancien dirigeant, qui n’a pas digéré sa mise à l’écart, multiplie les critiques contre Samuel Eto’o, lui imputant notamment l’entière responsabilité de la radiation d’André Onana, ex-gardien de la sélection nationale, lors de la dernière édition de la Coupe du monde au Qatar.

L’ex-collaborateur de Samuel Eto’o a aussi vivement déploré la gestion du paiement des joueurs par la Fecafoot. Des accusations qui ont suscité l’ire de l’ex-goléador camerounais, qui assure avoir toujours procédé aux paiements prévus. « De quel football, de quelle gestion, de quel mensonge parlons-nous ? […] Le chantage et autres n’ont plus leur place. Les employés de la fédération sont payés, a répondu l’ancien attaquant du Barça. N’oublions pas que vous [ses pourfendeurs] étiez à genoux, et que la seule chose qui vous préoccupait était votre carrière, pendant que nous nous efforcions de réussir pour 28 millions de Camerounais. »

Les salaires de la controverse

Si les propos d’Henri Njalla Quan avaient la moindre « crédibilité », dénonce Eto’o, il n’aurait pas été « suspendu de toute activité liée au football pour une durée de dix ans » par la commission de discipline de la Fecafoot. « Ce n’est pas normal que certains présidents de clubs, qui par ailleurs perçoivent des fonds de transferts de joueurs, ne paient pas les salaires. L’argent de la fédération ne servira pas à l’enrichissement de quelques-uns », a t-il conclu.

Habitué au silence, le pichichi est sorti de sa réserve à l’issue d’une conférence de presse, le 18 juillet. Il a annoncé un don de 6,5 millions de dollars à la Fecafoot – une somme qui servira à construire des stades et à accompagner les actions de promotion du football du gouvernement. Un geste qui est, selon lui, la preuve de sa bonne gestion de la fédération.

Avec Jeune Afrique par Yves Plumey Bobo

Mondial 2022 au Qatar : les sélections africaines ont-elles une chance ?

novembre 16, 2022

La Tunisie, le Maroc, le Cameroun et le Ghana devront se surpasser pour atteindre le second tour de la Coupe du monde de football. Quant au Sénégal, il reste suspendu au genou de Sadio Mané.

Le Sénégalais Sadio Mané, le 6 février 2022. © Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

Le tirage au sort n’aura pas été favorable aux cinq sélections africaines qualifiées pour le Mondial de football, qui doit s’ouvrir au Qatar le 20 novembre. Seul le Sénégal a été relativement épargné, mais il ignore encore s’il pourra compter sur sa star blessée, Sadio Mané.

Eto’o voit ses Lions sur le toit du monde

Samuel Eto’o, l’ancien capitaine et buteur des Lions indomptables, désormais président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), a toujours vu grand. Celui qui fut l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football africain avait prédit il y a quelques mois que le Cameroun serait champion du monde au soir du 18 décembre.

Ce panafricain convaincu a depuis développé sa prophétie : son pays affrontera le Maroc en finale, avec l’issue que l’on connaît. Et puisque cela ne coûte rien, Eto’o, dans un récent communiqué, a également annoncé la qualification de la Tunisie, du Sénégal et du Ghana pour les huitièmes de finale. « Les équipes africaines ont un gros potentiel, ont acquis de plus en plus d’expérience, et elles sont prêtes à remporter la Coupe du Monde », a-t-il martelé.

On aimerait bien sûr partager, même partiellement, l’optimisme d’Eto’o, lequel, en quatre participations à la phase finale avec les Lions, n’a jamais réussi à franchir le premier tour. Mais la réalité sera sans doute moins lumineuse pour les cinq mondialistes africains, dont aucun ne figure en haut de la liste des favoris (où l’on retrouve la France tenante du titre, le Brésil de Neymar, l’Argentine de Lionel Messi, la Belgique, l’Allemagne ou encore l’Espagne), ni même parmi les outsiders, mélange hétéroclite composé des Pays-Bas, du Portugal, de l’Angleterre, du Danemark, de la Croatie ou de l’Uruguay.

Quand Eto’o envoie ses Lions sur le toit du monde, Mohammadou Idrissou, son ancien coéquipier en sélection, se précipite pour le ramener à la raison. « Nous allons affronter au premier tour le Brésil, la Suisse et la Serbie, autrement dit un favori et deux bonnes sélections européennes. Alors, parler de titre mondial… Commençons déjà par essayer de sortir de ce groupe, ce qui sera déjà très compliqué. »

Les Lions indomptables ont des arguments, tels le gardien André Onana (Inter Milan), le milieu de terrain André-Frank Zambo Anguissa (Naples) ou l’attaquant Eric Maxim Choupo-Moting (Bayern Munich), alors que leur sélectionneur, Rigobert Song, est de plus en plus contesté, notamment pour ne pas avoir retenu Michaël Ngadeu, l’un de ses piliers.

Eric Maxim Choupo-Moting, le 11 août 2022 avec son club, le Bayern Munich. © Photo by Marcel Engelbrecht / firo Sportphoto / dpa Picture-Alliance via AFP
Eric Maxim Choupo-Moting, le 11 août 2022 avec son club, le Bayern Munich. © Photo by Marcel Engelbrecht / firo Sportphoto / dpa Picture-Alliance via AFP

Claude Le Roy, l’ancien sélectionneur du Cameroun, mais aussi du Ghana et du Sénégal, deux autres équipes présentes au Qatar, n’est pas offusqué par les prédictions d’Eto’o, même s’il les nuance. « Il a raison d’avoir des ambitions, de ne pas tenir des propos misérabilistes. Dans une phase de groupes, tout est possible, et je pense que le Cameroun, le Sénégal et à un degré moindre le Ghana peuvent se qualifier. La Tunisie et le Maroc aussi, même si, car il faut être objectif, ce sera très compliqué pour eux. »

Le Sénégal avec ou sans Mané

Le Sénégal a certes hérité du groupe à priori le plus abordable (Qatar, Pays-Bas, Équateur), mais Aliou Cissé, le sélectionneur des Lions de la Teranga, a appris le 9 novembre que son meilleur joueur, Sadio Mané, s’était blessé au péroné lors d’un match avec le Bayern Munich la veille.

La star sénégalaise, deuxième du dernier Ballon d’Or, figure bien dans la liste des 26, mais le champion d’Afrique en titre atterrira forcément amoindri dans le Golfe persique, sans savoir s’il pourra compter sur son principal atout. Si Cissé dispose tout de même d’un effectif de qualité, capable de franchir le cap du premier tour, la mission s’annonce forcément plus périlleuse pour son équipe.

La Tunisie et le Maroc dans des groupes très relevés

Le finaliste potentiel de la Coupe du Monde imaginé par le président de la Fecafoot – le Maroc – a récemment changé de sélectionneur. Walid Regragui, ancien international marocain et vainqueur, en tant qu’entraîneur, de la dernière Ligue des Champions avec le WAC Casablanca, a remplacé Vahid Halilhodzic, limogé après avoir qualifié les Lions de l’Atlas.

Le nouveau patron technique a rappelé Hakim Ziyech (Chelsea), en conflit ouvert avec son prédécesseur, et bénéficie d’une forte adhésion autour de sa personne. Mais les Marocains n’ont pas vraiment eu de chance au tirage, constate Claude Le Roy. « Je pense que c’est la sélection africaine, avec la Tunisie, qui a hérité du groupe le plus difficile. La Croatie a été finaliste de la Coupe du Monde 2018, la Belgique, l’un des favoris, y a terminé troisième, et le Canada est une équipe particulièrement solide. Quant aux Tunisiens, avec la France et le Danemark, ils doivent s’attendre à souffrir. Mais dans le football, tout est possible. Comme me l’a dit Samuel Eto’o récemment, une Coupe du Monde, c’est quelques matches, pas une saison entière. »

Les Black Stars sur une mauvaise lancée

La situation du Ghana, placé dans un groupe où figurent le Portugal, l’Uruguay et la Corée du Sud, n’est guère plus confortable. Les Black Stars ont certes éliminé le Nigeria pour se qualifier, mais sa dernière CAN a été un échec, ses récents matches n’ont pas soulevé un enthousiasme effréné, et le sélectionneur, Otto Addo, a laissé entendre qu’il pourrait quitter son poste après la Coupe du Monde.

En 2018, aucune sélection africaine n’avait franchi le premier tour. Dans l’histoire de la Coupe du Monde, seuls le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) ont atteint les quarts de finale. En envoyant tous les représentants du continent au second tour et deux en finale, Eto’o a placé la barre très haut. Trop ? Réponse dans quelques jours.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Cameroun : pour Samuel Eto’o, la victoire n’est-elle que provisoire ?

août 26, 2022

Après plusieurs mois de litige, le Tribunal arbitral du sport a validé l’élection de Samuel Eto’o à la tête de la Fecafoot. Mais pour l’ex-international, le répit pourrait n’être que de courte durée.

Samuel Eto’o, ex-joueur professionnel de football. © Vincent FOURNIER/JA

Samuel Eto’o a remporté une première manche, qu’il n’a pas hésité, via un communiqué, à qualifier « d’historique », mais l’affaire n’est pas pour autant terminée. Le Tribunal arbitral du sport (TAS), sis à Lausanne (Suisse), a certes mis un terme au litige juridique qui menaçait d’invalider l’élection de l’ancien joueur à la tête de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), en décembre 2021.

Le contentieux portait sur la composition de l’assemblée générale de la Fecafoot : Samuel Eto’o avait été désigné par le collège élu en octobre 2021, mais ses adversaires estimaient que seul était légitime le collège constitué en 2009 – c’est lui qui avait contesté l’élection de l’ancien capitaine des Lions indomptables devant le TAS.

La majeure partie des contestataires avait, au fil des mois suivants, fini par rallier Eto’o et par soutenir son projet de réforme et d’apaisement du football camerounais. Le 31 mars, un accord entre Eto’o, d’une part, et 56 des 74 membres du collège de 2009, d’autre part, avait finalement été signé, qui reconnaissait « la légitimité de l’Assemblée générale ayant élu Samuel Eto’o à la présidence de la Fecafoot ». L’ex-international s’en était réjoui, tout en tâclant dans un communiqué « les complotistes [qui cherchaient] à paralyser le football camerounais ».

Rendant sa décision le 24 août dernier, le TAS s’est appuyé sur le pacte du 31 mars pour déclarer que l’affaire était close. Mais l’est-elle vraiment ? La majorité des membres du collège de 2009 a rendu les armes, certes, mais les contestataires les plus radicaux ne souhaitent pas en rester là.

Abdouraman Hamadou, le mandataire de cette faction rivale, a en effet eu tôt fait de dénoncer le verdict du TAS. L’affaire pourrait maintenant être portée devant le Tribunal fédéral suisse, lequel devrait être saisi dès la semaine prochaine. Samuel Eto’o, qui n’a pas boudé son plaisir après la décision du TAS, va sans doute devoir rapidement repartir au combat.

Avec Jeune Afrique par Alexandre Billebault

Samuel Eto’o condamné à 22 mois de prison pour fraude fiscale en Espagne

juin 21, 2022

Le président de la Fédération camerounaise de football a plaidé coupable de fraude fiscale et conclu un accord avec le parquet espagnol afin d’éviter d’effectuer une peine de prison.

Samuel Eto’o à son domicile parisien, le 25 mars 2021. © Vincent Fournier pour JA

Selon les termes de cet accord, Samuel Eto’o, qui évoluait au moment des faits au FC Barcelone, a été condamné à une amende et à 22 mois de prison. Toutefois, ainsi que le prévoit la loi espagnole, il ne sera pas incarcéré parce que cette peine est inférieure à deux ans et qu’il n’a pas d’antécédents judiciaires en Espagne.

Le montant de l’amende que devra payer le joueur n’a pas été communiqué par le tribunal. Mais selon la presse espagnole, il s’élève à environ 1,8 million d’euros.

3,9 millions d’euros

Samuel Eto’o et José Maria Mesalles, son ex-représentant qui a pour sa part été condamné à 12 mois de prison et à une amende, devront par ailleurs rembourser au fisc espagnol la somme fraudée, soit près de 3,9 millions d’euros. Contactée par l’AFP, l’administration fiscale n’a pas souhaité faire de commentaire.

Le parquet poursuivait l’ancienne star du ballon rond, devenu fin 2021 président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), pour quatre délits contre le fisc remontant aux années 2006-2009. Eto’o évoluait alors depuis 2004 au FC Barcelone, avec qui il a gagné trois Championnats d’Espagne, une Coupe du Roi, deux Supercoupes d’Espagne et deux Ligues des champions.

Montage frauduleux

Le parquet assurait que le joueur avait mis en place un montage de sociétés afin d’éviter de déclarer une partie de ses revenus. Selon lui, Eto’o avait cédé ses droits à l’image à une société basée en Hongrie qui déclarait ses gains dans ce pays, où le taux d’imposition est un des « plus bas d’Europe ». Une deuxième société, espagnole cette fois, les déclarait en Espagne, mais ces gains étaient imposés au titre de l’impôt sur les sociétés, inférieur à l’impôt sur le revenu qui aurait dû être payé. Le Camerounais « était le vrai titulaire des droits à l’image », affirmait le parquet, selon lequel cette cession était frauduleuse et uniquement destinée à payer moins d’impôts.

Eto’o est le dernier footballeur en date à être condamné en Espagne pour fraude fiscale. Avant lui, Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi ont notamment eu des démêlés avec le fisc et la justice.

Avec Jeune Afrique avec AFP

Cameroun : Samuel Eto’o, tacleur taclé par Mohammadou Idrissou

juin 14, 2022

Des voix s’élèvent contre le récent sermon du président de la Fédération camerounaise de football à l’équipe nationale, pourtant victorieuse face au Burundi. Un ancien coéquipier de Samuel Eto’o est même entré dans la danse.

© Damien Glez

À qui revient l’animation de la causerie de vestiaire ? Le débat agite la planète foot camerounaise depuis quelques jours, entre mélodrame existentiel et tempête dans un verre d’Eto’o.

Le jeudi 9 juin, l’équipe nationale de football du Cameroun s’impose – certes difficilement – face au Burundi, lors de la première journée de qualifications pour la CAN 2023. S’ils ont bien décroché la victoire, grâce à un but sur coup franc inscrit par Karl Toko-Ekambi, les Lions indomptés s’apprêtent à prendre une douche écossaise.

Dans des vestiaires couverts – comme il se doit au siècle 2.0 – par une captation vidéo, les footballeurs sont rejoints par un président de la fédération guère satisfait du niveau d’investissement de certains joueurs. Et Samuel Eto’o n’est pas du genre à mâcher ses mots : « Je ne suis pas du tout content. […] Personne n’a sa place assurée dans cette équipe. Si vous voulez porter le maillot, vous faites le job. Sinon, ne venez pas et je serai content. Je jouerai avec des enfants. […] Vous vous dites que je suis un salaud, mais j’ai été le meilleur étant assis là… » Et l’ancien attaquant de culpabiliser les footeux en faisant vibrer une fibre patriotique qui rimerait – chez lui plus que chez d’autres ? – avec sacrifice de sa vie…

Remontrance emphatique

Chacun sait l’emphase propre au phrasé de Samuel Eto’o. Les jours qui suivent la remontrance, c’est pourtant moins l’exagération présumée du tacle qui fait grincer des dents que la légitimité de la semonce. Ce qu’il est convenu d’appeler la « causerie de vestiaire » ne doit-il pas être l’apanage de celui qui, dans la scène filmée, reste aphasique : l’entraîneur Rigobert Song ?

Une situation qui a fait sortir du bois un ancien attaquant international ayant fréquenté les mêmes vestiaires qu’Eto’o. Via les médias camerounais, c’est un Mohammadou Idrissou « énervé » qui insiste : « Après un match, la seule personne qui devrait parler aux joueurs, c’est l’entraîneur. » Non sans préciser néanmoins être « content que Samuel soit président de la Fecafoot » – même si « le Cameroun, ce n’est pas seulement Samuel Eto’o », qui devrait « arrêter de dire “moi, moi, moi” ». Et non sans se désolidariser de la forme et du fond du prêche présidentiel : « Il y a une manière de parler à des gens qui viennent de terminer un match. […] Qu’est-ce qu’on veut : la victoire ou la manière de jouer ? »

Même si Eto’o a reçu, dans cette affaire, le soutien de personnalités comme l’ancien sélectionneur du Cameroun Jean-Paul Akono, Mohammadou Idrissou n’est pas le seul à emboucher la trompette de la critique. Plusieurs journaux africains et internationaux ont employé l’adjectif « hallucinant » pour qualifier l’exhortation du président de la fédération.

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Cameroun : Samuel Eto’o élu à la tête de la Fecafoot

décembre 12, 2021
Samuel Eto’o, en 2018 à Paris. © Vincent FOURNIER/JEUNE AFRIQUE

L’ancien international a été élu président de la Fédération camerounaise de football ce samedi, au terme d’une campagne riche en rebondissements.

L’annonce a été saluée par une explosion de joie dans les rues de Yaoundé. La légende vivante du football camerounais, Samuel Eto’o, 40 ans, a été élu à la tête de la Fédération camerounaise de football pour un mandat de quatre ans. « C’est historique. Cette élection s’est déroulée dans un esprit démocratique et constructif », a-t-il déclaré à Jeune Afrique.

Il a obtenu 43 voix contre 31 pour son seul adversaire, le président intérimaire sortant de l’instance, Seidou Mbombo Njoya. Les cinq autres candidats s’étaient désistés en faveur de l’un ou de l’autre au fil des semaines de la campagne.

Tensions et suspicions

Retransmise en direct à la télévision, l’élection s’est tenue à Yaoundé, dans un hôtel bouclé par la police, en raison des risques de débordement. Dans la salle chauffée à blanc par des suspicions de fraude de la part de l’administration sortante, le président de la Commission électorale, le magistrat Gilbert Schlick, a eu du mal à conduire le processus.

Décontracté mais combattif, Samuel Eto’o était présent dans la salle. Lui et ses partisans ont demandé des changements dans le dispositif électoral mis en place. La Commission a concédé quelques aménagements mais a refusé de disqualifier Jules Denis Onana, dont le mandat au sein du collège électoral émis par le Syndicat national des footballeurs camerounais – soutien de Samuel Eto’o – avait été retiré la veille.

Réseaux sociaux et lobbying

Ce scrutin est l’épilogue d’une âpre campagne électorale au cours de laquelle les deux candidats rivaux ont choisi non pas de s’adresser uniquement au collège de 76 délégués électeurs, mais d’en appeler aussi à l’opinion publique, notamment par le biais d’intervention sur les télévisions et les réseaux sociaux.

Dans le même temps, les équipes des candidats ont déployé un intense lobbying pour convaincre les délégués. Ceux-ci sont des élus des ligues régionales, des représentants de présidents de clubs, de la corporation des arbitres, des syndicats de joueurs, du football féminin…

Dans cette campagne, l’ex-capitaine des Lions indomptables – que certains soupçonnent de caresser des ambitions politiques dans son pays – bénéficiait de nombreux appuis. Des alliés qui ont permis à Samuel Eto’o de remplir ce pari, deux ans après que le footballeur ai raccroché les crampons, après un dernier passage sur le terrain au Qatar.

Avec Jeune Afrique par Franck Foute et Georges Dougueli