Posts Tagged ‘Cameroun’

Cameroun-Samuel Eto’o contre Ferdinand Ngoh Ngoh : jusqu’où ira le bras de fer ?

avril 17, 2024

Une lutte sourde oppose le patron du foot camerounais au secrétaire général de la présidence, avec Paul Biya en arbitre. Dernier épisode en date : le débat sur la nomination du sélectionneur des Lions indomptables. Décryptage en vidéo.

D’un côté, Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports, et Ferdinand Ngoh Ngoh, tout puissant secrétaire général de la présidence. De l’autre, Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Depuis plusieurs semaines, le match fait rage, et les relations entre le patron du foot camerounais et le gouvernement ne cessent de se tendre.

La nomination du successeur de Rigobert Song, évincé au lendemain des mauvais résultats de l’équipe nationale lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2024, est le dernier épisode en date de cette guerre ouverte depuis plusieurs mois. Samuel Eto’o, qui fait face à une fronde interne à la Fecafoot menée par une partie des acteurs du ballon rond camerounais, s’est vu retirer une partie de ses prérogatives au lendemain de la CAN. S’il est parvenu, jusqu’à présent, à se maintenir à la tête de la fédération, Eto’o n’a pas pu empêcher l’éviction de Rigobert Song. Surtout, il n’a visiblement plus la main sur le choix du sélectionneur de l’équipe nationale.

Eto’o contrarié

Le 8 avril, lorsque le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a désigné le Belge Marc Brys pour reprendre le flambeau, Samuel Eto’o n’a pas jugé bon de faire le déplacement. « Eto’o a été contrarié parce que la nomination a été faite à son insu, mais la décision du ministre respecte le texte en vigueur », décrypte pour Jeune Afrique un connaisseur des arcanes du football camerounais. Les instances de la Fecafoot, qui s’étaient élevées contre ce choix et promettaient de faire une contre-proposition, sont pour l’heure restées silencieuses.

Le signe que Samuel Eto’o joue désormais l’apaisement ? Ou que le relatif état de grâce dont il profitait depuis son arrivée à la tête de la Fecafoot est désormais définitivement terminé ? « Les tensions entre les ministres des Sports et les présidents de la fédération de football existent depuis que le Cameroun a fait de l’équipe nationale de foot la pierre angulaire de sa diplomatie », détaille Franck Foute, correspondant de Jeune Afrique à Yaoundé, dans le décryptage en vidéo que nous consacrons à ce dossier brûlant mêlant football, politique et ambitions contrariées, réelles ou supposées.

Avec Jeune Afrique

Au Cameroun, Hervé Bopda placé en détention provisoire pour agressions sexuelles et viols

mars 1, 2024

Une douzaine de plaintes ont été déposées dans ce dossier. L’avocat de l’agresseur sexuel présumé a fait une demande de remise en liberté provisoire.

L’homme d’affaires camerounais soupçonné de multiples agressions sexuelles et viols, Hervé Bopda, a été placé en détention provisoire dans une prison de Douala, a indiqué son avocat.

« Il a été transféré à la prison de New Bell ce soir à 18 heures », a indiqué Me Roland Ojong-Ashu, précisant que l’homme, en garde à vue depuis un mois, a été placé en « détention provisoire » pour que « le juge d’instruction mène davantage d’investigations ». Selon les indications de l’avocat du mis en cause, « douze personnes ont porté plainte ».

Depuis mi-janvier, plus de 70 témoignages anonymes comportant des accusations d’agression sexuelle ont été relayés sur les réseaux sociaux par un lanceur d’alerte camerounais.

#StopBopda

Un hashtag (#StopBopda), né de la vague d’indignation des internautes, avait alors été repris plusieurs centaines de milliers de fois sur X, bénéficiant notamment de la mobilisation d’artistes, de sportifs et d’influenceurs très suivis à travers le continent africain.

La procédure s’était accélérée lorsque l’ordre des avocats et la Commission des droits de l’Homme du Cameroun avaient, en réaction au retentissement de l’affaire, réclamé l’ouverture d’une enquête. « La pression a fini par payer. C’est une victoire d’étape, parce que désormais il ne sera plus un danger », se réjouit Bergeline Domou, militante des droits humains et signataire d’une lettre ouverte aux autorités pour exiger l’interpellation de Bopda.

« Détention arbitraire »

« Hormis la pression populaire, on ne peut pas dire pour quelle raison mon client est en détention », a déclaré Me Ojong Ashu qui avait déjà dénoncé une « détention arbitraire » pour qualifier le mois passé en garde à vue par son client. Il a ajouté avoir déposé une demande de remise en liberté immédiate auprès du procureur, l’audience devrait avoir lieu le 6 mars.

Hervé Bopda avait été présenté au moment de son interpellation fin janvier au Cameroun par la radio-télévision publique CRTV comme « un suspect soupçonné d’avoir violé ou agressé sexuellement un très grand nombre de jeunes filles ». Le gouvernement camerounais avait également réagi fin janvier, par l’intermédiaire de la ministre de la Promotion de la femme et de la famille, se réjouissant « de la saisine des autorités judiciaires compétentes en vue d’établir la matérialité des faits ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP

Au Cameroun, une démission de Samuel Eto’o cousue de fil blanc ?

février 6, 2024

Après la défaite de la sélection camerounaise à la Coupe d’Afrique des nations, le président de la Fédération camerounaise de football a proposé de quitter son poste. Le comité exécutif lui a renouvelé sa confiance.

© Damien Glez
© Damien Gle

La sphère footballistique contemporaine mime à ce point les intrigues de pouvoir qu’elle en emprunte le cha-cha-cha politicien. Dans la panoplie du trompe-l’œil politique figure le vrai-faux départ, souvent mis en scène par un chef de gouvernement en mal de relégitimation présidentielle. Dans le foot camerounais, la récente tentative de démission du président de la Fédération semble appartenir à ce registre.

C’est dans un communiqué que l’instance faîtière du ballon rond a annoncé que Samuel Eto’o avait présenté sa démission, ce lundi 5 février, lors d’une réunion à Yaoundé. Bravache, l’ancien attaquant du FC Barcelone aurait même demandé au Comité exécutif de rendre son tablier en même temps que lui, « en toute âme et conscience ». Scène de théâtre préméditée ou pas ? C’est à l’unanimité que le « Comex » a refusé de se saborder, rejetant « la démission du président de la Fédération camerounaise de football [Fecafoot], en lui renouvelant toute sa confiance ».

Et de caresser dans le sens du poil l’ancienne star du ballon rond en l’invitant à « continuer dans le même élan, le travail de reconstruction et de développement du football Camerounais, de la base au sommet », ainsi qu’il le promettait tandis qu’il briguait la présidence de la fédération, en 2021.

Une CAN décevante pour le Cameroun

À l’origine de ce projet de jet d’éponge, l’élimination des Lions indomptables, 0 à 2 face au Nigeria, en huitième de finale de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se tient actuellement en Côte d’Ivoire.

S’il est vrai que le Cameroun avait atteint le podium en 2021, sur son propre territoire, des débâcles sportives plus spectaculaires conduisent généralement au sacrifice des sélectionneurs sur l’autel de la grogne populaire. Si le renouvellement de la confiance à Samuel Eto’o était cousue de fil blanc, l’épisode de la démission avait-il pour objectif de récupérer une virginité, après quelques autres polémiques ?

Récemment, Samuel Eto’o a été soupçonné d’être en cheville avec le corps arbitral en vue de favoriser la montée de certains clubs en première division. En juillet, l’Association des clubs de football amateur camerounaise (ACFAC) avait aussi appelé à la démission du quadruple vainqueur du Ballon d’Or africain.

Depuis le début de son mandat, diverses plaintes contre lui et la Fecafoot ont formulé des allégations de manque de transparence financière et d’autres irrégularités. Des accusations que la Confédération africaine de football (CAF) qualifiera, en août 2023, de suffisamment « sérieuses à première vue » pour envisager une enquête, « conformément aux statuts et règlements de la CAF ».

Il est clair que les batailles de leadership internes au football camerounais n’ont pas commencé sous Samuel Eto’o. Il est tout aussi connu que l’ancien attaquant n’est pas du genre à rendre les armes lorsqu’il est attaqué. Son récent dépôt de démission apparaît donc comme une manière de « devancer l’iguane dans l’eau ». Et de tourner rapidement la page d’une CAN décevante.

Avec Jeune Afrique par Damien Glez, Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

CAN 2024 : le Cameroun se qualifie face à la Gambie dans un match totalement fou (2-3)

janvier 23, 2024

Le Cameroun était dos au mur ce mardi 23 janvier, et devait obligatoirement gagner pour avoir une chance de rester en vie dans la compétition, ce qu’ils réussissent au bout du suspense dans un match complètement fou.

Jean Charles Castelletto au duel face au Gambien Yankuba Minteh durant la Coupe d’Afrique des nations © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Jean Charles Castelletto au duel face au Gambien Yankuba Minteh durant la Coupe d’Afrique des nations © KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Quel match de folie pour le Cameroun, qui au bout du suspense, finit par remporter une partie déterminante face à la Gambie et se qualifie pour le tour suivant de la CAN.

Que ça soit d’un côté comme de l’autre, le match nul était à proscrire pour avoir une chance de sortir de ce groupe C.

La première période cependant a été un peu timorée de la part des Lions indomptables, avec pas énormément d’occasions franches à se mettre sous la dent, un seul tir cadré dans les 45 premières minutes, cependant ils ont davantage mis le pied sur le ballon que leurs adversaires du soir.

Cela partait pourtant bien avec une occasion franche dès les premières minutes de la partie, lorsque Frank Magri a frappé dans la surface de réparation (5e), malheureusement ça manque un poil de puissance pour vaincre Gaye, qui effectue un bel arrêt.

À l’inverse, les Scorpions ont peut-être moins eu la possession en première partie de jeu, mais ont été plus incisifs et ont plus tenté leur chance que les Camerounais (3 tirs cadrés), à l’image de cette tentative de Musa Barrow dans la surface à la 39e minute, stoppée par Ondoa.

La partie s’accélère en seconde période

Le retour des vestiaires sera déterminant pour les hommes de Rigobert Song, car à la 58e minute de jeu, Karl Toko Ekambi est parfaitement servi dans la surface adverse par Georges-Kévin N’Koudou, et place une tête à l’intérieur du poteau droit pour tromper le gardien et ouvrir le score pour les Lions.

La Gambie n’a pas accusé le coup, et a réagi juste avant le dernier quart d’heure de jeu sur une reprise de volée dans la surface d’un Ablie Jallow esseulé dans la surface (73e), Ondoa ne peut rien faire, et les hommes de Tom Saintfiet reviennent à hauteur des Lions.

En l’espace de quelques minutes, le match à pris feu ! La surprise vient d’abord de la Gambie à la 85e minute qui tente de crucifier le Cameroun, grâce à un bon mouvement dans la surface ponctué par Ebrima Colley, qui trompe le gardien et met les Scorpions devant.

Malheureusement cet avantage ne durera pas longtemps puisque James Gomez marque contre son camp, en tentant de dégager un centre (87e).

Il n’en fallait pas plus pour sonner la révolte camerounaise, et elle arrive dans la première minute du temps additionnel, avec Christopher Wooh qui catapulte une tête sur un corner de N’koudou.

Dans une fin de match complètement folle, Colley pense égaliser de nouveau pour les Scorpions, mais finalement le but est refusé par la VAR.

Et c’est dans ce scénario incroyable que le Cameroun arrive à survivre dans la compétition et se qualifie pour le tour suivant en finissant à la deuxième place du classement du groupe C. La Gambie, quant à elle, termine sa phase de poules en dernière position avec aucun point.

Avec jeune Afrique par Alvin Lawson

CAN 2024 : le Cameroun limite la casse avec un match nul face à la Guinée

janvier 15, 2024

Les Camerounais s’ajoutent à la liste des favoris qui laissent des points en chemin, après leur match nul ce lundi 15 janvier face à une vaillante équipe de Guinée (1-1), qui a évolué toute la deuxième période avec un joueur en moins.

Les Camerounais célébrant leur but face à la Guinée lors de la Coupe d’Afrique des nations © Issouf SANOGO / AFP
Les Camerounais célébrant leur but face à la Guinée lors de la Coupe d’Afrique des nations © Issouf SANOGO / AFP

Après le Nigeria, l’Égypte, et le Ghana, c’est au tour du Cameroun de subir la dure loi des cadors en ce début de Coupe d’Afrique, après son match nul contre la Guinée (1-1) malgré une supériorité numérique pendant une période entière, lundi à Yamoussoukro.

Un match nul qui fait les affaires du Sénégal, l’un des rares favoris qui a assumé son statut en battant la Gambie (3-0), et qui prend les rênes du groupe C après cette première journée.

Ce n’était pas faute de dominer pourtant, pour les Lions Indomptables – malgré l’absence de leur attaquant et capitaine Vincent Aboubakar sur blessure –, encore plus après l’exclusion du capitaine du Syli National François Kamano juste avant la mi-temps.

La révolte est venue de Franck Magri (51e) pour les Camerounais, après l’ouverture du score de Mohamed Bayo (10e) pour la Guinée, où les Camerounais peuvent nourrir des regrets.

Une erreur qui coûte l’ouverture du score

En effet, après un dribble un poil gourmand devant sa surface, Olivier Kemen a perdu le ballon suite au pressing guinéen, ce qui a coûté un but à son équipe, malgré une première parade de Fabrice Ondoa, qui n’a pu empêcher la bévue.

Le gardien titulaire André Onana n’était pas sur la feuille de match. Il avait l’autorisation exceptionnelle de joueur un dernier match en club et a voyagé dans la nuit depuis Manchester après avoir affronté Tottenham avec United (2-2).

La VAR, acteur important de ce début de CAN

Après ce premier but, le Cameroun a mis le pied sur le ballon, et sa domination est devenue plus nette…

… Et l’a même été encore plus, après l’expulsion de Kamano, en fin de première période, pour une semelle sur Franck Magri au milieu de terrain. D’abord récompensé d’un jaune pour cette faute, la VAR a finalement scellé définitivement le sort du Guinéen, et l’arbitre libyen Ibrahim Mutaz l’a renvoyé dans les vestiaires.

Réduite à dix, la Guinée de Kaba Diawara a fini par céder sur une tête piquée de Magri, sur un centre de Georges-Kevin Nkoudou (51e).

Si les Guinéens se sont montrés vaillant pendant le reste de la deuxième période, ils ont failli céder en toute fin de rencontre, alors que Karl Toko Ekambi avait la balle de match à la 88e minute, sauvée par le portier Koné.

Il faudra une réaction rapide après ce camouflet pour les Camerounais, et ça ne sera pas facile, car ils affronteront les tenants du titre sénégalais vendredi prochain, dans leur deuxième match.

Avec Jeune Afrique

CAN 2024: Lions contre Lions, Syli et Scorpions, voilà le groupe de la mort (groupe C)

janvier 11, 2024

Bien malin qui pourra prédire le classement de ce groupe C très homogène et qui aura tout du piège pour le champion en titre sénégalais.

Avec trois derbies entre voisins Ouest-Africains et un duel entre Lions, lors de la 2e journée, le programme est alléchant. Et il y a fort à parier que l’un des quatre meilleurs troisièmes de la phase de poules se trouve dans ce groupe C.

Notons la présence, cruelle, de la Gambie, qui a écarté le Congo lors des éliminatoires. Au Cameroun, en 2022, les Scorpions avaient créé la surprise en sortant du groupe F devant la Tunisie, puis avaient éliminé la Guinée en 8es de finale. Ce qui augure de chaudes retrouvailles…

Cameroun, les 27 Lions Indomptables

Gardiens : André Onana (Manchester United/Angleterre), Dévis Epassy (Abha FC/Arabie Saoudite), Simon Ngapandouetnbu (Olympique de Marseille/France), Fabrice Ondoa (Nîmes Olympique/France)

Défenseurs : Jean-Charles Castelletto (FC Nantes/France), Harold Moukoudi (AEK Athènes/Grèce), Oumar Gonzalez (Al-Raed Saudi/Arabie Saoudite), Darlin Yongwa (FC Lorient/France), Nouhou Tolo (Seattle Sounders/USA), Christopher Wooh (Stade Rennais/France), Enzo Tchato (Montpellier/France), Junior Tchamadeu (Stoke City/Angleterre/2e division), Malcolm Bokelé (Bordeaux/France)

Milieux : Yvan Neyou (CD Leganés/Espagne), Olivier Kemen (Kayserispor/Turquie), Olivier Ntcham (Samsunspor/Turquie), André-Frank Zambo Anguissa (Napoli/Italie), Wilfried Nathan Douala (Victoria United), Benjamin Elliot Njongue (Reading/Angleterre/3e division)

Attaquants : Karl Toko-Ekambi (Abha FC/Arabie Saoudite), George-Kevin Nkoudou (Damac FC/Arabie Saoudite), Vincent Aboubakar (Besiktas/Turquie), Faris Pemi Moumbagna (Bodo Glimt/Norvège), François-Régis Mughe (Marseille/France), Frank Magri (Toulouse/France), Leonel Ateba (Dynamo de Douala), Clinton Njié (Sivasspor/Turquie)

Sélectionneur : Rigobert Song

Gambie, les 27 Scorpions

Gardiens : Modou Jobe (Musanze/Rwanda), Baboucarr Gaye (Lokomotiv Sofia/Bulgarie), Lamin Sarr (Eskilsminne/Suède/3e division)

Défenseurs : Dawda Ngum (Ariana FC/Suède), Ibou Touray (Stockport County/Angleterre/4e division), Omar Colley (Besiktas/Turquie), Noah Sonko Sundberg (Ludogorets/Bulgarie), Jacob Mendy (Wrexham/Angleterre/4e division), Bubacarr Sanneh (sans club), Muhammed Sanneh (Banik Ostrava/République tchèque), Saidy Janko (Young Boys Berne/Suisse), James Gomez (Sparta Prague/République tchèque).

Milieux de terrain : Hamza Barry (Vejle/Danemark), Ablie Jallow (FC Metz/France), Sulayman Marreh (sans club), Ebrima Adams (Cardiff City/Angleterre/2e division), Abdoulie Sanyang (Grenoble /France/2e division), Alasana Manneh (Odense/Danemark), Ebrima Darboe (LASK Linz/Autriche), Yusupha Bobb (KACM Marrakech/Maroc).

Attaquants : Musa Barrow (Al-Taawoun/Arabie saoudite), Alieu Fadera (Genk/Belgique), Assan Ceesay (Damac/Arabie saoudite), Ali Sowe (Ankaragücü/Turquie), Ebrima Colley (Young Boys Berne/Suisse), Muhammed Badamosi (Al-Hazem/Arabie saoudite), Yankuba Minteh (Feyenoord/Pays-Bas)

Sélectionneur : Tom Sainfiet (Belgique)

Guinée, les 25 joueurs du Syli national

Gardiens : Ibrahim Koné (Hibernians FC/Malte), Aly Kéita (Ostersunds/Suède), Moussa Camara (Horoya AC).

Défenseurs : Sékou Oumar Sylla (SC Cambuur/Pays-Bas/2e division), Julian Jeanvier (Kayserispor/Turquie), Saidou Sow (RC Strasbourg/France), Mohamed Ali Camara (Young Boys/Suisse), Antoine Conté (Botev Plovdiv/Bulgarie), Ibrahim Diakité (Reims/France), Issiaga Sylla (Montpellier/France), Mouctar Diakhaby (Valence CF/Espagne).

Milieux : Amadou Diawara (Anderlecht/Belgique), Abdoulaye Touré (Le Havre AC/France), Seydouba Cissé (Leganes/Espagne), Mory Konaté (KV Malines/Belgique), Moriba Kourouma (RB Leipzig/Allemagne), Naby Kéita (Werder Brême/Allemagne), Aguibou Camara (Atromitos/Grèce), Karim Cissé (Saint-Étienne/France/2e division)

Attaquants : François Kamano (Abha FC/Arabie saoudite), Morgan Guilavogui (RC Lens/France), Serhou Guirassy (Stuttgart/Allemagne), Mohamed Bayo (Le Havre AC/France), José Martinez Kanté (Urawa Red Diamonds/Japon), Facinet Conté (SC Bastia/France/2e division)

Sélectionneur : Kaba Diawara

Sénégal, les 27 Lions

Gardiens : Édouard Mendy (Al-Ahli/Arabie Saoudite), Mory Diaw (Clermont Foot/France), Alfred Gomis (FC Lorient/France)

Défenseurs : Youssouf Sabaly (Betis Séville/Espagne), Krépin Diatta (AS Monaco/France), Kalidou Koulibaly (Al-Hilal/Arabie Saoudite), Moussa Niakhaté (Nottingham Forest/Angleterre), Abdou Diallo (Al-Arabi/Qatar), Formose Mendy (FC Lorient/France), Abdoulaye Ndiaye (Troyes/France), Abdoulaye Seck (Maccabi Haïfa/Israël), Fodé Ballo-Touré (Fulham/Angleterre), Ismail Jakobs (AS Monaco/France)

Milieux : Lamine Camara (FC Metz/France), Pape Matar Sarr (Tottenham/Angleterre), Cheikhou Kouyaté (Nottingham Forest/Angleterre), Nampalys Mendy (RC Lens/France), Pape Gueye (Marseille/France), Pathé Ciss (Rayo Vallecano/Espagne), Idrissa Gueye (Everton/Angleterre)

Attaquants : Nicolas Jackson (Chelsea/Angleterre), Abdallah Sima (Rangers/Ecosse), Habib Diallo (Al-Shabab/Arabie Saoudite), Iliman Ndiaye et Ismaïla Sarr (Olympique de Marseille), Sadio Mané (Al-Nassr/Arabie Saoudite), Bamba Dieng (FC Lorient/France)

Sélectionneur : Aliou Cissé

Avec Adiac-Congo par Camille Delourme

Bénédiction des couples de même sexe : l’épiscopat du Congo dit Non

décembre 26, 2023

Dans une lettre publiée, le 23 décembre, concernant la déclaration ‘’Fiducia Supplicans’’ sur les bénédictions des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe, les archevêques et évêques du Congo-Brazzaville s’y opposent à la lumière, disent-ils, des Saintes Ecritures et de la foi chrétienne.

Le président de la Conférence épiscopale du Congo-Brazzaville

« Affermis par le pape François lors de notre visite Ad Limina, en communion avec lui et au nom de notre fidélité à l’Evangile, par respect pour notre patrimoine culturel, et pour le bien de la famille humaine, il nous est impossible, nous archevêques et évêques du Congo Brazzaville, de permettre la bénédiction des unions évoquées dans le Fiducia Supplicans », souligne la lettre des archevêques et évêques du Congo-Brazzaville, signée par Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque de Brazzaville, président de la Conférence épiscopale du Congo.  Au-delà de la lettre, une vidéo du Mgr, dans laquelle il appelle les prêtres à s’abstenir de toute bénédiction de couple de même sexe, aux allures d’une prédication de l’évangile, circule sur les réseaux sociaux.

Les arguments étalés dans la lettre sont accompagnés des passages bibliques comme pour souligner à grands traits la fidélité de la Conférence épiscopale du Congo-Brazzaville à l’Evangile. Le texte de Genèse 1 : 27 : « Homme et femme, Il les créa » est mis en exergue parmi plusieurs autres textes bibliques. « Dans le respect de nos traditions culturelles sur le mariage que la foi chrétienne a assumées et purifiées à la lumière des Saintes Ecritures, nous pasteurs et peuples de Dieu au Congo-Brazzaville demeurons strictement attachés à l’union d’un homme et d’une femme confirmée par la doctrine de l’Eglise selon le dessein du Créateur », peut-on lire dans ladite lettre.

Par ailleurs, archevêques et évêques du Congo-Brazzaville ont invité à la prière et à la paix les prêtres, le peuple de Dieu et tout autre Congolais choqué par les termes « bénédiction des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe » évoqués dans la déclaration ‘’Fiducia Supplicans’’.

A dire vrai, il n’y a pas que l’épiscopat du Congo-Brazzaville qui a ainsi réagi à ladite déclaration. Plusieurs pays africains : Cameroun, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Kenya, Togo et bien d’autres ont eu la même réaction. En Afrique de façon générale, l’union des personnes de même sexe est non seulement incriminée par la loi mais aussi et surtout rejetée par les cultures. D’où, bien au-delà de la vérité évangélique, les hommes de Dieu du continent y compris les fidèles, épris de ces valeurs culturelles qui fondent leur identité, ne peuvent pas adhérer à l’idée de procéder à la bénédiction des couples de même sexe. Ils mettent ainsi une croix sur la déclaration ‘’Fiducia Supplicans’’.

Avec Adiac-Congo par Rominique Makaya

Au Cameroun, Maurice Kamto et le MRC repartent en campagne

décembre 9, 2023

Le congrès du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) se tient les 9 et 10 décembre à Yaoundé. Maurice Kamto devrait être réélu à la tête du parti et lancer ses troupes vers un objectif : la prochaine présidentielle.

Le chef de file de l’opposition camerounaise du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et ancien candidat à la présidence, Maurice Kamto à Paris, le 30 janvier 2020. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le chef de file de l’opposition camerounaise du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et ancien candidat à la présidence, Maurice Kamto à Paris, le 30 janvier 2020. © Stephane De Sakutin/AFP

Depuis une semaine, des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), principal parti d’opposition du Cameroun, affluent d’Afrique, d’Europe, d’Asie ou des États-Unis en vue d’assister à la troisième convention ordinaire élective de leur parti. Ils devront toutefois patienter un peu plus prévu : si elle se déroulera bien ces samedi 9 et dimanche 10 décembre au Palais des congrès de Yaoundé, la rencontre aura en effet du retard, en raison de la session parlementaire s’étant ouverte en novembre et occupant les mêmes locaux.

Kamto de nouveau président

« Le travail des parlementaires a entrainé un décalage du début de notre convention. Au lieu de la matinée, on commencera en soirée plutôt », a confié à Jeune Afrique Wappi Célin, secrétaire général du bureau national jeune du parti (JMRC). Qu’importe : au cours de ce rassemblement, le parti a bel et bien prévu de procéder au « renouvellement » de ses organes nationaux et de se choisir un « nouveau » président lors d’un scrutin dont Maurice Kamto, le numéro un sortant, est le grand favori.

La liste du bureau national est ainsi constituée, sans surprise, de Maurice Kamto, président national ; Mamadou Yakouba Mota, Tiriane Balbine Nadège Noah, Emmanuel Simh, Elias Oben Ojong, Aïssatou Saadou, respectivement du premier au cinquième adjoint ; de Ndong Christopher Nveh, secretaire général et Alain Fogué Tedom, trésorier national. Au bureau national des femmes (FMRC), Awasum Mispa, Clémence Sindze et Clémentine Kamguem sont respectivement candidates au poste de présidente nationale, secrétaire générale et trésorière nationale.

Au-delà des dissensions

Chez les jeunes (JMRC), Nafissa Thamar, 24 ans et originaire de l’Extrême-Nord, s’est proposée au poste de présidente nationale, alors que Célin Kamché Wappi et Christian Fredy Fabrice Anaba briguent le mandat, respectivement de secrétaire général et de trésorier national. Le MRC veut aussi actualiser et moderniser son programme de gouvernance, réviser et amender ses statuts, et dresser un bilan administratif, financier, moral et politique. Dans son discours, Maurice Kamto va aborder les sujets liés à l’élection, au respect du calendrier électoral, à la situation macroéconomique problématique du pays, à l’État de droit ainsi qu’au sort des prisonniers politiques, incarcérés depuis plus de deux ans à la prison de Kodengui.

Fort logiquement, Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 face à Paul Biya, appellera à la mobilisation générale et réitèrera son pacte avec la diaspora camerounaise, « rejetée par un pouvoir en place hostile à la double nationalité », confie Célin Wappi. L’événement – où seront présents d’autres opposants comme Jean-Michel Nintcheu – se terminera avec une fête et un concert géant. Pour faire oublier les dissensions observées au sein de la formation d’opposition ces derniers mois ? Le congrès intervient en effet dans un contexte marqué par des divergences entre cadres.

Les exclus

Ces derniers mois, l’actualité du mouvement a été marquée par une fronde menée par Michelle Ndoki, vice-présidente du directoire des femmes du MRC. Alors qu’elle faisait partie des personnalités influentes pressenties à la tête du mouvement, l’avocate a définitivement été exclue du parti. Depuis leur passage commun en 2019 à la prison de Kondengui – où les relations avec Maurice Kamto étaient très tendues –, l’avocate s’était ainsi éloignée et occupait une position à part au sein du parti.

Me Richard Tamfu, membre du directoire, ou encore Armand Noutack II, ont eux aussi été exclus du parti pour « indiscipline » et « non respect des textes » de la formation politique. Accusé d’autoritarisme et soupçonné de vouloir faire taire les voix discordantes au sein du MRC, Maurice Kamto compte sur le congrès des 9 et 10 décembre pour redonner à sa formation un nouvel élan dans l’optique des prochaines échéances électorales, et en particulier de la présidentielle prévue en 2025.

Avec Jeune Afrique par Yves Plumey Bobo

Au Cameroun, Jean-Pierre Amougou Belinga et Maxime Eko Eko remis en liberté provisoire

décembre 1, 2023

La justice a ordonné, ce vendredi 1er décembre, la libération provisoire de Jean-Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko. Ils comptent parmi les principaux accusés dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo.

Jean-Pierre Amougou Belinga. Jean-Pierre Amougou Bélinga
© MABOUP
Jean-Pierre Amougou Belinga. Jean-Pierre Amougou Bélinga © MABOUP

Le  juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé, le lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo, a ordonné, ce vendredi 1er décembre, la remise en liberté provisoire de Jean-Pierre Amougou Belinga et de Léopold Maxime Eko Eko, détenus à la prison principale de Yaoundé dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Selon l’ordonnance de mise en liberté, consultée par Jeune Afrique, le magistrat a estimé que les preuves étaient insuffisantes pour justifier leur maintien en détention.

L’hommes d’affaires et le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) sont accusés d’avoir joué un rôle dans la mort du directeur de la radio Amplitude FM, dont le corps supplicié avait été découvert à la périphérie de Yaoundé à la fin de janvier 2023, cinq jours après sa disparition.

Léopold Maxime Eko Eko est soupçonné « d’avoir provoqué de quelque manière que ce soit la torture de Martinez Zogo ou donné des instructions pour la commettre », selon les mots du juge d’instruction. Au cours de l’enquête, le patron des renseignements a été interrogé à plusieurs reprises sur le fond du dossier. Il a notamment été confronté à son unique accusateur, Justin Danwe, ainsi qu’à plusieurs agents travaillant au sein de la DGRE au moment des faits.

Parmi les éléments à charge qui ont intéressé les enquêteurs : la tenue d’une réunion au cours de laquelle Léopold Maxime Eko Eko, Justin Danwe et plusieurs techniciens de la DGRE auraient écouté une bande audio attribuée à Martinez Zogo, dans laquelle celui-ci aurait tenu des propos diffamatoires à l’encontre du patron des services de renseignement.

Dans le procès-verbal de l’ordonnance de mise en liberté, les magistrats notent pourtant qu’Eko Eko, Danwe et les témoins cités ont assuré « qu’une réunion ne s’était jamais tenue au centre de situation avec pour objet le journaliste Martinez Zogo ».

Justin Danwe maintenu en détention

Amougou Belinga, quant à lui, se voit reprocher « d’avoir aidé ou facilité la préparation ou la consommation du crime de torture reproché à Justin Danwe […] en mettant des moyens financiers à sa disposition pour ladite opération ».

Au cours des auditions, le patron du groupe L’Anecdote a continué de réfuter l’ensemble des charges portant contre lui. Par ailleurs, Justin Danwe, qui affirmait dans un premier temps avoir reçu 2 millions de F CFA (3 060 euros) de la part de Belinga pour « financer l’opération », s’est finalement rétracté. Toujours selon le procès-verbal de l’ordonnance de mise en liberté, il aurait par ailleurs « disculpé » Belinga de « l’arrestation, [de] la séquestration et [de] la torture de Martinez Zogo ».

Autant d’arguments qui motivent, selon les magistrats, la remise en liberté provisoire des deux hommes.

Pour sa part, le chef présumé du commando qui a tué Martinez Zogo, qui est aussi le principal accusateur d’Amougou Belinga et Eko Eko, n’est pas concerné par l’ordonnance de remise en liberté provisoire. Les déclarations de Justin Danwe, qui notamment affirmé aux enquêteurs avoir remis un « compte rendu de la mission ‘’Martinez Zogo’’ » à Eko Eko, auraient été contredites par l’examen de son propre agenda, notamment via des images de vidéosurveillance le montrant dans son bureau le jour où il prétend s’être rendu auprès du patron des renseignements.

Avec Jeune Afrique

Cameroun: Le jour où… « J’ai préparé l’annonce de la démission d’Ahmadou Ahidjo »

novembre 4, 2023

Le 4 novembre 1982, le président camerounais Ahmadou Ahidjo décidait de quitter le pouvoir. Rédacteur en chef à la Radiodiffusion nationale et présentateur vedette du 20 heures, le journaliste Jean-Claude Ottou, qui était à l’antenne, raconte.

Ahmadou Ahidjo, premier président de la République du Cameroun. © Archives JA
Ahmadou Ahidjo, premier président de la République du Cameroun. © Archives JA

C’était un jeudi. La journée s’annonçait ordinaire : arrivée à la Maison de la radio à 8 heures, première conférence de rédaction à 10 heures. À l’époque, les locaux de la station et ceux des services du Premier ministre, Paul Biya, étaient mitoyens. Les fenêtres de mon bureau donnaient sur la cour de la primature. Peu après la conférence de rédaction, l’un des journalistes, Abel Mbengue, vint nous signaler qu’un inhabituel défilé de voitures officielles s’y déroulait. Le ballet se poursuivit jusqu’au début de l’après-midi, laissant subodorer des consultations en vue d’un remaniement ministériel.

Nous étions à mille lieues d’imaginer ce qui se tramait. Vers 16 heures, alors que nous préparions le journal de 20 heures, Alexandre Kokoh à Messe, directeur de la radio, et moi-même reçûmes chacun un coup de fil de la présidence de la République nous enjoignant de dépêcher sur les lieux une équipe de techniciens – sans reporters – « pour un enregistrement ». Alexandre Kokoh à Messe s’y rendit en compagnie d’un ingénieur du son, Jean-Antoine Foé Amougou.

Bande magnétique

À son retour une heure plus tard, Kokoh à Messe, surexcité, fit irruption dans la salle de rédaction, me prit à part, me tendit une bande magnétique et, sentencieux, déclara : « M. Ottou, cette bande est un trésor pour vous, c’est le président de la République qui démissionne. » Ahuri, je n’en crus pas un mot. Je courus néanmoins à la salle de rédaction où, entouré de toute l’équipe de journalistes, les mains tremblantes, je plaçai la bande sur un magnétophone. La voix d’Ahmadou Ahidjo claqua à nos oreilles  : « Camerounais, Camerounaises, chers compatriotes, j’ai décidé de démissionner. » Instant de sidération. Nul ne pipa mot.

Il nous fallut vite reprendre nos esprits : nous devions préparer le journal pour l’annonce de cette nouvelle. Première étape : sécuriser la bande, la manipuler avec délicatesse : pas question qu’elle se vrille, qu’une partie de l’allocution soit rendue inaudible, il n’y en avait qu’un exemplaire. Nous multipliâmes ensuite les copies. J’entrepris de nettoyer personnellement la bande des silences et des petites quintes de toux présidentielles. Chacun y allait de son analyse, plus ou moins inspirée. J’osai l’humour : « Nous détenons le pouvoir. Imaginez que nous retenions la bande : le président n’aura pas démissionné ! » Nous riions nerveusement. Nous avions aussi le sentiment d’être les acteurs d’un moment charnière de l’histoire du pays.

Deuxième étape : traduire et enregistrer l’allocution présidentielle en langue anglaise. Il me semblait juste que francophones et anglophones aient l’information au même moment. À 20 heures, l’indicatif du journal – « la chanson patriotique », comme nous l’appelions ; c’était en réalité un morceau instrumental – commença à passer en boucle, ce qui ajouta à la dramaturgie. Ce n’était pas voulu : la préparation de l’unique sujet inscrit au sommaire du journal avait pris du temps – arrivé à la rédaction vers 19h30, Guillaume Bwelè, le ministre de l’Information, me suggéra de prévoir un commentaire, je m’y opposai fermement. Mon lancement fut laconique : « Mesdames, messieurs, bonsoir. Nous sommes le jeudi 4 novembre 1982, il est 20h23. Un seul titre ce soir : le président de la République s’adresse à la nation. Camerounaises, Camerounais, écoutez… »

Ville fantôme

Après le journal, je décidai de sillonner les rues de la capitale en compagnie d’un collègue afin d’évaluer l’effet produit sur la population par cette démission. Yaoundé était une ville fantôme. Comme saisies d’effroi, les rares personnes que nous croisions se hâtaient de rentrer chez elles. Sur le bord d’une route gisait un homme qui semblait avoir fait un malaise. Je décidai de le conduire aux urgences de l’hôpital central. Les médecins étaient aux abonnés absents. Ceux qui se présentèrent au bout d’une interminable attente semblaient scandalisés de nous voir là. « N’avez-vous donc pas appris la nouvelle ? » éructa l’un d’eux.

Vers minuit, je rentrai enfin chez moi. J’eus comme un moment de décompression et, là, mesurai l’importance de l’événement. Un court instant, me revint en mémoire l’émission Le Club de la presse de RFI du 20 mai 1982, dont Ahmadou Ahidjo était l’invité, et à laquelle m’avait convié Hervé Bourges, président du groupe français éponyme. Le président camerounais, à qui je demandais s’il ne redoutait pas l’usure du pouvoir après vingt-deux ans à la tête de l’État, avait confessé une certaine lassitude. Je bus plusieurs verres d’eau, dormis peu. À 4 heures du matin, j’étais de retour à la Maison de la radio, où je m’installai jusqu’au 6 novembre, date de la prestation de serment du nouveau président, Paul Biya.

Avec Jeune Afrique par Clarisse Juompan-Yakam