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Cameroun-Samuel Eto’o contre Ferdinand Ngoh Ngoh : jusqu’où ira le bras de fer ?

avril 17, 2024

Une lutte sourde oppose le patron du foot camerounais au secrétaire général de la présidence, avec Paul Biya en arbitre. Dernier épisode en date : le débat sur la nomination du sélectionneur des Lions indomptables. Décryptage en vidéo.

D’un côté, Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports, et Ferdinand Ngoh Ngoh, tout puissant secrétaire général de la présidence. De l’autre, Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Depuis plusieurs semaines, le match fait rage, et les relations entre le patron du foot camerounais et le gouvernement ne cessent de se tendre.

La nomination du successeur de Rigobert Song, évincé au lendemain des mauvais résultats de l’équipe nationale lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2024, est le dernier épisode en date de cette guerre ouverte depuis plusieurs mois. Samuel Eto’o, qui fait face à une fronde interne à la Fecafoot menée par une partie des acteurs du ballon rond camerounais, s’est vu retirer une partie de ses prérogatives au lendemain de la CAN. S’il est parvenu, jusqu’à présent, à se maintenir à la tête de la fédération, Eto’o n’a pas pu empêcher l’éviction de Rigobert Song. Surtout, il n’a visiblement plus la main sur le choix du sélectionneur de l’équipe nationale.

Eto’o contrarié

Le 8 avril, lorsque le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a désigné le Belge Marc Brys pour reprendre le flambeau, Samuel Eto’o n’a pas jugé bon de faire le déplacement. « Eto’o a été contrarié parce que la nomination a été faite à son insu, mais la décision du ministre respecte le texte en vigueur », décrypte pour Jeune Afrique un connaisseur des arcanes du football camerounais. Les instances de la Fecafoot, qui s’étaient élevées contre ce choix et promettaient de faire une contre-proposition, sont pour l’heure restées silencieuses.

Le signe que Samuel Eto’o joue désormais l’apaisement ? Ou que le relatif état de grâce dont il profitait depuis son arrivée à la tête de la Fecafoot est désormais définitivement terminé ? « Les tensions entre les ministres des Sports et les présidents de la fédération de football existent depuis que le Cameroun a fait de l’équipe nationale de foot la pierre angulaire de sa diplomatie », détaille Franck Foute, correspondant de Jeune Afrique à Yaoundé, dans le décryptage en vidéo que nous consacrons à ce dossier brûlant mêlant football, politique et ambitions contrariées, réelles ou supposées.

Avec Jeune Afrique

Les Biya ne sont pas les Bongo, prévient le gouvernement camerounais

septembre 28, 2023

Par communiqué, le ministre de la Communication camerounais et porte-parole du gouvernement invite à ne pas établir de parallèles entre certains putschs et la situation de son propre pays.

Le ministre de la Communication camerounais invite à ne pas établir des parallèles entre certains putschs et la situation de son pays. © Damien Glez

Le miroir grossissant de certains médias éloignés du continent africain a tort de refléter l’image de putschs incessants. Mais la vague récente de coups d’État hétéroclites est tout de même notable, si l’on considère isolément l’Afrique subsaharienne francophone. Les cassandres n’ont donc pas manqué de lister les chefs d’État aux profils assimilables, selon eux, à leurs collègues déchus ici ou là… Et le putsch gabonais de Brice Oligui Nguema inspire particulièrement les observateurs politiques de l’Afrique centrale ayant foi dans les répliques telluriques.

Peut-être hypocondriaque de la contagion politico-militaire, le ministre de la Communication camerounais a décidé de devancer l’iguane dans l’eau. Comme pour conjurer le mauvais sort, René Emmanuel Sadi s’est fendu, le 25 septembre dernier, d’un communiqué qui dénonce l’établissement de « parallèles insensés et saugrenus sur le devenir du Cameroun ». Il considère même que ces analyses prospectives pourraient « s’apparenter à des appels à la déstabilisation de l’État, et, de ce fait, justifier l’interpellation » des auteurs et « leur traduction devant la justice, conformément à nos lois et règlements ».

La région des rejetons

Le porte-parole du gouvernement camerounais en profite pour exhorter ses compatriotes « à plus de vigilance et de patriotisme » face à ce qu’il considère comme des clins d’œil aux putschistes éventuels. Il tient à rappeler à qui veut le lire que « le Cameroun est un État de droit, doté d’institutions démocratiques, au sein desquelles sont clairement définis les mécanismes d’accession au pouvoir ». Une manière de remémorer aux partisans de la courte échelle la tenue programmée de la prochaine élection présidentielle en 2025…

C’est sur des critères de longévité au pouvoir que certains analystes ont tourné leur regard vers des voisins du Gabon. Alors que les père et fils Bongo ont enregistré cinquante-cinq ans au compteur présidentiel, avant que la dynastie ne soit renversée, le chef de l’État équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, comptabilise quarante-quatre ans au pouvoir, et son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, trente-huit ans. Quant à Paul Biya, il a tout à la fois célébré ses quarante ans à la tête du Cameroun en 2022 et ses quatre-vingt-dix ans sur Terre en 2023 – âge qui fait de lui le président en exercice le plus âgé de la planète.

Dans ces trois pays évoluent des rejetons aussi politisés que l’était Ali Bongo : Teodorín, à Malabo, Denis Christel, à Brazaville, et Franck, à Yaoundé… Le lendemain du coup de force au Gabon, le gouvernement camerounais avait « pris connaissance, avec préoccupation, des évènements survenus le 30 août 2023 ». Le communiqué du 25 septembre achève-t-il de traduire sa fébrilité ? Ou prévient-il les apprentis putschistes que l’effet de surprise ne saurait être leur atout ?

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Paul Biya annoncé à Paris au sommet pour un nouveau pacte financier mondial

juin 13, 2023

Le président camerounais devrait se rendre en France, où il n’a pas voyagé depuis fin 2019. Il est attendu à la rencontre organisée par Emmanuel Macron, qui réunira des dirigeants du monde entier.

Le président camerounais Paul Biya et la Première dame, Chantal BIya, le 21 mai 2023. © Jean-Pierre Kepseu/Xinhua/SIPA

Paul Biya devrait prendre part, sauf annulation de dernière minute, au sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé sous les auspices de l’Élysée, les 22 et 23 juin. Les services spécialisés du palais d’Etoudi s’activent pour préparer ce déplacement du chef de l’État camerounais. Ce dernier a d’ailleurs déployé une intense activité diplomatique ces dernières semaines.

Vingt-six lettres de créance

En effet, entre le 2 et 9 juin, Paul Biya a reçu les lettres de créance de 26 ambassadeurs. Certains de ces diplomates attendaient depuis plus d’un an de pouvoir les lui présenter. Nommé le 21 mars 2022, l’Américain Christopher John Lamora a finalement pu effectuer cette formalité le 7 juin dernier, tout comme l’Égyptienne Dalia Fayez Farag Ghubrial, désignée à la même période et accueillie le même jour au palais d’Etoudi pour présenter ses lettres de créance.

Le Français Thierry Marchand a dû lui aussi travailler pendant neuf mois avant de pouvoir enfin officialiser son accréditation. Quant à Philippe Van Damme, ambassadeur-chef de délégation de l’Union européenne, il aurait pu quitter le Cameroun sans jamais sacrifier à ce rituel, lui qui connaît déjà son remplaçant désigné, le Français Jean-Marc Châtaigner, en poste en RD Congo. Ce dernier va poser ses valises à Yaoundé sous peu.

Par Jeune Afrique

Cameroun : Paul Biya, quarante années au pouvoir et pas l’intention de se retirer

novembre 5, 2022

Le chef de l’État camerounais célèbre ses quatre décennies à la présidence ce 6 novembre, il détient ainsi quasiment le record de la longévité au pouvoir.

© Damien Glez

Paul Biya, que l’on dit volontiers nonchalant, est-il un marathonien à la vocation de recordman ? Il y a quelques semaines, au décès de la reine britannique Elizabeth II à l’âge de 96 ans, 4 mois et 17 jours, le président camerounais devenait, à 89 ans et demi, le chef d’État le plus âgé de la planète, devant Michel Aoun qui, depuis, a quitté le palais présidentiel libanais.

Il n’est qu’un collègue africain du Camerounais pour lui barrer la route d’un second record, celui de la longévité au pouvoir. « Petit frère » de presque une décennie et candidat à un nouveau mandat, l’Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema enregistre plus de 43 ans au pouvoir. Ce 6 novembre, ce n’est qu’un quarantième anniversaire que célèbre Paul Biya à la tête du Cameroun. Mais déjà chargé de mission à la présidence en octobre 1962 sous Ahmadou Ahidjo, c’est en réalité 60 ans que fête le chef de l’État camerounais sous les arcanes du palais, dont sept à la tête du gouvernement. Si l’on s’en réfère à la pyramide des âges, plus de 80 % des Camerounais n’ont pas connu d’autre président de la République.

Aucun découragement

Pour « les 40 ans du Renouveau », le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) annonce des « réjouissances festives » à la gloire du leader, des témoignages mais aussi des « moments de réflexion », à commencer par un ouvrage « hautement scientifique » de près de 500 pages et 35 co-auteurs. Certaines sources du parti présidentiel évoquent même « une décision inattendue ». Difficile de renouveler l’exercice des anniversaires, si l’on veut être original. L’année dernière, c’est une chanson qui avait été composée à la gloire de Paul Biya…

Solennité commémorative rime avec déclarations emphatiques mais aussi vœux de longévité. Et comme il s’agit d’un anniversaire au pouvoir, la question de la longévité au pouvoir est de mise. Les proches du magistrat suprême rêvent, les yeux ouverts, d’un huitième mandat consécutif. Le président aura 92 ans en 2025, l’année de la prochaine élection présidentielle, et 99 à l’issue d’un éventuel futur nouveau septennat…

Le poids des années ne découragerait pas le chef de l’État camerounais, si l’on en croit ses déclarations lors de la conférence de presse commune avec Emmanuel Macron, en juillet dernier : « Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informés si je reste ou si je rentre au village. » Et le président presque nonagénaire de naviguer entre suspense humoristique, division chronique de l’opposition, loyauté de l’armée et logorrhée hagiographique de ceux qui vivent à l’ombre de son régime…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Burkina Faso : Ibrahim Traoré, le « vieux » plus jeune chef d’État du monde

octobre 9, 2022

Devenu président du Faso, le putschiste Ibrahim Traoré est actuellement le plus jeune de tous les chefs d’État de la planète. Dans un pays qui n’en reste pas moins majoritairement peuplé de citoyens bien plus jeunes que lui…

© Damien Glez

Celui qui aime préciser ne pas être intéressé par le pouvoir vient d’être propulsé premier magistrat du Burkina Faso, par la magie des kalachnikovs puis des procédures internes du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Ibrahim Traoré n’a que 34 ans et pourrait donc quitter le pouvoir avant d’en avoir 35, pour peu que les « Assises nationales » annoncées dégagent un consensus autour d’un président de transition, éventuellement civil. La retraite d’ancien chef d’État de celui qu’on surnomme déjà « IB » pourrait donc peser sur le budget national pendant un demi-siècle…

Ce jeu des statistiques et des dates de naissance révèle que le gestionnaire des « affaires courantes » burkinabè est actuellement le plus jeune chef d’État du monde. Il est né en 1988, alors que Gabriel Boric, arrivé à la présidence chilienne en mars dernier, est né en 1986. Même rares, les dirigeants trentenaires ne sont pas tout à fait des exceptions. Actuellement âgée de 38 ans, la Finlandaise Sanna Marin est Première ministre depuis près de trois ans.

Mais la jeunesse prometteuse s’émousse rapidement. Arrivés trentenaires au pouvoir, le Français Emmanuel Macron et le Togolais Faure Essozimna Gnassingbé ont respectivement 44 et 54 ans. Quant au Nord-coréen Kim Jong-un, il devrait être quadragénaire le 8 janvier prochain, si l’on en croit certaines biographies discutées…

L’âge d’Ibrahim Traoré n’est pas sans rappeler celui du père de la révolution burkinabè, figure historique sacrifiée qui fait l’objet d’un culte inégalé. Capitaine comme lui, Thomas Sankara était dans sa trente-quatrième année lorsqu’il accédait au pouvoir de la Haute-Volta, le 4 août 1983. L’histoire dira si Traoré saura créer son propre mythe, lui qui cultive pour l’instant le profil bas…

Écart d’âge

Si l’Afrique se révèle la championne des présidents jeunes, elle se fait également remarquer dans les classements des magistrats suprêmes ayant célébré le plus de printemps. Après le décès de la reine Elizabeth II à 96 ans, Paul Biya est devenu le chef d’État le plus âgé – 55 ans le séparent d’Ibrahim Traoré –, à défaut d’être le doyen en nombre d’années passées sur le trône. Le dirigeant camerounais fêtera ses 90 bougies en février prochain. Et les réseaux sociaux de s’amuser du fait qu’un Burkinabè d’un an a connu trois fois plus de présidents qu’un Camerounais de 39 ans…

Pour peu que la surveillance médicale soit fiable et transparente, l’âge du leader n’est pas une question rédhibitoire, en dépit de certaines restrictions constitutionnelles appliquées, dans certains pays, aux candidats à la candidature. Souvent présentés comme la première puissance mondiale, les États-Unis sont dirigés par un homme qui fêtera ses 80 ans dans six semaines, alors qu’il n’est qu’au milieu de son premier mandat…

Les dirigeants aux âges extrêmes ne sont donc pas spécifiquement africains. Si le capitaine sierra-léonais Valentine Strasser arriva au pouvoir à 26 ans, en 1992, Elizabeth II fut intronisée à 25 ans. Et d’ailleurs, la jeunesse est relative. Selon les statistiques de 2018, l’âge d’Ibrahim Traoré est exactement le double de l’âge médian burkinabè. Et les trois quarts de la population sont plus jeunes que lui. D’un certain point de vue, le jeune président est un vieux Burkinabè…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Mais qu’est-ce que Macron peut bien venir faire au Cameroun ?

juillet 20, 2022

Une visite officielle n’est jamais anodine et Emmanuel Macron, qui s’apprête à se rendre au Cameroun, en est forcément conscient. Dès lors, la question se pose : dans le contexte politique très particulier à Yaoundé, quels messages veut-il faire passer, et à qui ?

Emmanuel Macron et Paul Biya, le 10 octobre 2019 à Lyon. © Laurent Cipriani/AFP

On annonce la visite imminente du président de la République française au Cameroun. Il serait accompagné de Catherine Colonna, ministre des Affaires européennes et étrangères, d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, de Franck Paris, le monsieur Afrique du président, et de Christophe Bigot, directeur Afrique du ministère des Affaires Européennes et Étrangères. Donc, pas une visite anodine, une vraie visite d’État pour un président re-nouvellement élu.
La question qui se pose est la suivante : pourquoi tant de précipitation, tant d’honneurs et en fin de compte, pour quoi faire et pourquoi le Cameroun ?

Pour avoir suivi et suivre toujours de près, voire de très près, la politique intérieure du Cameroun, nous ne pouvons nous étonner car c’est la suite logique d’une politique initiée depuis longtemps : soutenir sans le dire ouvertement Paul Biya et, peut-être, obtenir des gages économiques ?

La constante de la politique française depuis la fin de la Françafrique semble être de faire confiance à celui qui est en place, à sa succession choisie, plutôt que de jouer la carte du renouveau et de la rupture, par peur de l’inconnu, la nouvelle femme ou le nouvel homme dont on ne connaît pas vraiment les objectifs. Au Cameroun comme ailleurs en Afrique.

Il ne peut ignorer…

On nous a dit et répété au ministère des Affaires étrangères, où nous avons rencontré de nombreuses personnes – d’ailleurs de moins en moins responsables –, que la France ne se mêlait jamais des affaires intérieures d’un autre pays. Comment y croire ? Y croient-ils eux-mêmes ?

C’est, en effet, difficile à croire alors que cette visite se situe en pleine période de succession à la tête de l’État camerounais. Alors que les guerres intestines font rage pour succéder à Paul Biya, qui n’est pas éternel, Emmanuel Macron vient passer deux jours au Cameroun. Il ne peut ignorer les luttes au sein du RDPC, le choix de Paul Biya, le choix de Chantal Biya, la montée en puissance de Franck Biya (notons au passage qu’il a été reçu récemment à l’Élysée), les progressistes du RDPC – s’ils ont le courage de s’affirmer. Il ne peut ignorer les forces de l’opposition qui font un score si médiocre aux présidentielles, en particulier Maurice Kamto, il en connaît les raisons. Il ne peut ignorer les problèmes du Noso et les dissidences violentes et sécessionnistes induites. Il ne peut ignorer les accords de défense avec la Russie et les agissements de la Chine…

Il ne peut ignorer que l’avenir du Cameroun pèsera fortement sur la stabilité de l’Afrique centrale et de l’Ouest.

Que vient-il faire ?

Il y a maintenant très longtemps que nous suivons, de l’intérieur, l’évolution politique du Cameroun : l’affaiblissement progressif du SDF de John Fru Ndi, qui aurait dû gagner les présidentielles de 1992, la dissidence de Bernard Muna, qui a quitté le SDF pour tenter de relancer une opposition trop proche du pouvoir et trop noyautée par Fru Ndi, le retrait d’Akéré Muna face à la division de l’opposition, la défaite de Maurice Kamto et sa mise à l’écart de la scène politique.
Il ne peut ignorer cela.

Il ne peut ignorer la corruption profonde qui règne dans toute la société et qui est un instrument politique, comme le communautarisme diviseur mis en place par le pouvoir, ni ces opérations Épervier qui mettent hors circuit les opposants dangereux, Marafa Hamidou Yaya en étant le plus représentatif, par suspicion de corruption… un comble. Mais tout ceci est fait dans la légalité, car c’est la loi telle qu’elle est écrite par le pouvoir qui le permet. À ce titre, la loi est un instrument politique qui donne une apparence de démocratie, et non un instrument d’égalité au service du peuple.

Le choix entre la rupture et la continuité

Que reste-t-il aux Camerounaises et aux Camerounais pour se projeter dans un avenir libéré des griffes d’un homme, d’une famille, d’un entourage proche qui n’ont aucunement l’intention de se retirer de la politique, bien au contraire ?

Il suffit de regarder dans le monde quels processus ont été employés par les peuples qui ont dit : « ça suffit ! » Et on a la réponse.

Cependant, il faut aussi regarder quels ont été les résultats. Et là, on ne peut pas dire qu’ils ont dépassé les espérances, on peut même dire que les déceptions ont été nombreuses et déchirantes. C’est une leçon à méditer, mais elle ne doit pas conduire à l’immobilisme politique et à la reconduction de ce qui est par rapport à ce qui pourrait être. Ce serait tuer l’avenir.

Le Cameroun a le choix dès maintenant entre la rupture et la continuité. Les forces politiques devraient se positionner face à ces deux options pour que les alternatives soient claires dans le court terme.

Alors, qu’allez-vous faire, Monsieur le Président ? Continuer à écouter vos conseillers, qui jusqu’ici n’ont pas fait preuve de clairvoyance, ou faire confiance à l’avenir, aux femmes et aux hommes nouveaux, aux vrais démocrates, à celles et ceux qui ne se cachent pas derrière une démocratie de façade appuyée sur une loi de circonstances ? Ou bien allez-vous prendre le risque de voir l’Afrique différemment, particulièrement le Cameroun, en favorisant le progressisme en politique, en donnant des signes en ce sens aux populations avides de Liberté et d’Égalité ?

Puisque vous êtes là, au Cameroun, le Cameroun vous regarde, et certainement pas que lui.

Avec Jeune Afrique

Dalami Mahaman

Par Dalami Mahaman

Conseiller politique, consultant en relation publique

François Meynent

Par François Meynent

Consultant en politique africaine

Cameroun : Paul Biya va-t-il se choisir un vice-président ?

avril 6, 2022

Un projet de modification de la Constitution visant à créer le poste de vice-président de la République est-il en cours d’élaboration au Cameroun ? La presse en fait ses gros titres, le sujet est débattu sur les réseaux sociaux mais Etoudi se garde bien de confirmer.

Le président du Cameroun, Paul Biya, arrive au quatrième sommet UE-Afrique à Bruxelles, le 3 avril 2014. © Stephanie Lecocq/EPA/MAXPPP

Il y a tout juste 38 ans, Paul Biya manquait d’être emporté par un coup d’État fomenté par ceux-là mêmes qui étaient chargés de le protéger. Un véritable traumatisme que le président camerounais n’a jamais complètement surmonté et dont il a gardé une propension à la suspicion ainsi qu’un goût prononcé du secret. Quel que soit l’enjeu.

Collaborateurs dans le flou

Aujourd’hui encore, Biya n’aime rien tant que cloisonner et laisser ses collaborateurs dans le flou de ses intentions véritables. Obtenir de la présidence camerounaise qu’elle confirme – ou infirme – une information est généralement une gageure. Aucune de nos sources n’a donc souhaité commenter – ou démentir – le projet de révision constitutionnelle sur lequel plancherait Etoudi et qui viserait à créer un poste de vice-président de la République.

« Jusqu’à ce matin, nous n’avons pas travaillé sur un tel dossier, a répondu l’une d’elle. S’il y avait une évolution, nous ne manquerions pas de vous en tenir informé. » Or deux autres de nos interlocuteurs évoquaient une équipe secrètement constituée pour proposer un texte bientôt déposé au Parlement, tandis qu’un troisième allait jusqu’à laisser entendre qu’un constitutionnaliste, étranger de surcroît pour des questions de confidentialité, pourrait avoir été mis à contribution.

LES DIPLOMATES EUROPÉENS ET AMÉRICAINS PRESSENT LE PRÉSIDENT DE SE TROUVER UN SUCCESSEUR QUI SOIT VÉRITABLEMENT EN ÉTAT DE GOUVERNER

Ces divergences suffisent-elles pour conclure à une fausse information ? Les rumeurs d’amendement constitutionnel courent en réalité depuis plus d’un an, qui prêtent à Paul Biya, 89 ans, l’intention de se choisir un suppléant qui pourrait, le cas échéant, devenir son successeur constitutionnel.

Pressions occidentales

Sauf que la Constitution a déjà tout prévu. En cas de vacance, l’intérim serait assuré par Marcel Niat Njifenji, le président du Sénat. Niat est un homme du sérail, certes en poste depuis moins de neuf ans mais presque nonagénaire, à la santé si fragile qu’il consacre autant de temps à se faire soigner qu’à veiller à la bonne marche de la chambre haute – plus de temps même, disent les mauvaises langues.

Pourquoi le pouvoir camerounais se donnerait-il alors la peine de créer un poste de vice-président ? Depuis de nombreux mois, diplomates européens et américains pressent le président de se trouver un successeur qui soit véritablement en état de gouverner. »

Mais un vice-président nommé par décret aura toujours un problème de légitimité, objecte un politologue camerounais. Quant à l’hypothèse d’un vice-président élu en ticket avec le président, je me demande pourquoi modifier la Constitution maintenant alors qu’il faudra attendre le terme du mandat, en 2025, pour connaître l’heureux élu puisque nos textes ne prévoient pas de possibilité d’anticiper l’élection présidentielle. »

« Cette initiative serait peu judicieuse, poursuit notre interlocuteur, d’autant que cela revient à ouvrir la succession avant l’heure. Vous pouvez remarquer que l’on spécule déjà sur les profils les plus intéressants ». De fait, plusieurs noms circulent déjà, dont celui de l’ancien Premier ministre, Philémon Yang, ou celui de l’actuel chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute.

BIYA FUT LUI-MÊME DÉSIGNÉ SUCCESSEUR CONSTITUTIONNEL PAR AHMADOU AHIDJO QUELQUES ANNÉES AVANT QU’IL NE DÉMISSIONNE

Supprimé en mai 1972 avec l’instauration de l’État unitaire, le poste de vice-président est revenu dans le débat depuis que le retour au fédéralisme est demandé par une partie des anglophones pour isoler les sécessionnistes. Les francophones le perçoivent, eux, comme un moyen pour le président de se choisir un « dauphin ».

Ce n’est pas un mystère, Paul Biya, qui fut lui-même désigné successeur constitutionnel par le président Ahmadou Ahidjo quelques années avant qu’il ne démissionne, n’a jamais paru écouter les conseillers et les chancelleries qui le pressent de réfléchir à l’après.

À Yaoundé, la guerre des clans que se livrent les ambitieux est déjà telle que désigner un vice-président ayant vocation à succéder au chef de l’État en cas de vacance du pouvoir serait politiquement dangereux. Aussi bien pour le président que le titulaire du poste, qui aurait immédiatement une cible sur le dos.

Avec Jeune Afrique par GeorgesDougueli

Cameroun: le « prophète » qui avait prédit la mort de Paul Biya est mort

février 28, 2022

Guy Parfait Songue est décédé ce 21 février aux États-Unis. En 2018, alors que le Président camerounais se préparait à briguer un nouveau mandat, le « prophète » avait laissé bouche bée l’opinion en prédisant la mort du candidat sortant avant le scrutin. Paul Biya, 89 ans dont 40 au pouvoir, est très souvent au centre de polémiques autour de sa mort. La Toile camerounaise se souvient encore de cette sortie pour le moins surprenante d’un « prophète », au sujet de Paul Biya. Dans une interview accordée à un Web média en 2018, Guy Parfait Songue, « le général de Dieu », comme il se faisait appeler, avait prédit la mort du Président camerounais, alors que ce dernier s’apprêtait à briguer un autre mandat: « Paul Biya n’a aucune chance d’arriver vivant à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018« , avait-il déclaré.

Ironie du sort, quatre ans plus tard, Guy Parfait Songue, qui s’était installé aux États-Unis depuis lors, est décédé ce 21 février, ont rapporté plusieurs médias locaux. Et Paul Biya est toujours vivant, lui qui a soufflé sur sa 89e bougie le 12 février. Depuis l’annonce de cette disparition, la Toile camerounaise ne tarit pas de commentaires au sujet de cet ancien universitaire qui, sans que l’on comprenne pourquoi ni comment, était devenu « prophète » allant de prédiction en prédiction dont pas une seule ne s’est réalisée.

Les fausses morts de Paul Biya

Alors qu’il dirige le pays depuis 1982, Paul Biya a très souvent fait l’objet des rumeurs et prédictions les plus surprenantes autour de sa mort. Des élucubrations qui pour certains émanent de son caractère « taiseux et reclus ». Pour le journaliste Ferry J Fomekeu, il y a un certain mythe autour du personnage, si bien que les rumeurs qui courent dans un sens comme dans l’autre sont souvent: « une conséquence du mystère qui l’entoure et du caractère quasi-divin que lui prêtent ses collaborateurs à travers leur culte de la personnalité si bien que l’on en arrive à douter de sa mortalité ».

En mars 2020, par exemple, au plus fort de la pandémie mondiale de Covid-19, alors que les Camerounais nourrissaient une certaine inquiétude due à son silence de cimetière en pleine crise, une rumeur l’avait annoncé mort. Mais quelques semaines plus tard, alors que la pression de l’opposition exigeant la constatation de la vacance du pouvoir commençait à se faire sentir, il réapparaissait à l’occasion d’une audience accordée à l’ambassadeur de France au Cameroun.

De même en 2004, alors que Paul Biya était en visite privée en Europe, la nouvelle de sa mort s’était répandue dans tout le pays. Face à la presse à sa descente de l’avion cette année-là, et dans un ton ironique, l’homme du 6 novembre 1982 avait donné rendez-vous à ceux qui s’intéresseraient à ses funérailles, dans une vingtaine d’années: « Vous croyez, vous au fantôme? », avait-il lancé aux journalistes.

« J’étais en visite privée en Europe. J’ai appris comme tout le monde que j’étais mort […] Il paraît qu’il y en a qui s’intéressent à mes funérailles. Eh bien, dites leur que je leur donne rendez-vous dans une vingtaine d’années« , avait poursuivi le Président camerounais.

Réélu en octobre 2018, le mandat de Paul Biya court jusqu’en 2025. Il aura alors 92 ans.

Avec Sacer-infos par Stany Frank

Cameroun : les scénarios de l’après-Biya

février 2, 2022
Le président camerounais, Paul Biya. © Photomontage JA

Le 13 février, Paul Biya fêtera pour la quarantième fois son anniversaire au sommet de l’État. Mais que se passerait-il si, dans six mois, dans un an, il n’était plus en capacité de gouverner ? Qui pourrait le remplacer ? Une guerre des clans éclaterait-elle ? L’armée pourrait-elle s’en mêler ? Et l’opposition ? Jeune Afrique vous invite à plonger dans les scénarios d’une inévitable succession.

Les voici une nouvelle fois tous réunis sous le marbre et les dorures de Mvomeka’a, la résidence privée du chef de l’État. Chantal Biya domine de sa flamboyante hauteur l’auguste assemblée. La longue robe rouge de la première dame attire indubitablement les regards. Paul Biya, l’ancien séminariste, a choisi un costume plus sobre. Chemise blanche, cravate et veste sombres, le président optera plus tard pour une tenue plus décontractée. Ses enfants les plus âgés prennent la pose à ses côtés. Moins habitués à l’exercice, les petits-enfants courent dans la grande salle de réception, se chamaillent, lorgnent avec envie la pièce montée, toute de sucre et de crème.

Et si c’était la dernière fois ?

L’ambiance est festive. Quelques invités triés sur le volet attendent dans une autre pièce. Paul et Chantal Biya ont le sourire aux lèvres. Le photographe immortalise l’instant, vérifie son cliché. Le flou n’est pas permis. Dans quelques heures, des millions de Camerounais regarderont la photographie sur leur téléphone ou leur ordinateur et la commenteront entre eux ou sur les réseaux sociaux, heureux de s’immiscer pour un instant dans l’intimité du pouvoir. Certains compareront l’image à celle de l’année précédente. D’autres remonteront plus loin encore, scrutant les effets du temps sur les visages des protagonistes. Cruelle mais inévitable tradition.

Le 13 février 2022, Paul Biya, président depuis novembre 1982, fêtera ses 89 ans. Que se passerait-il si c’était la dernière fois qu’il fêtait son anniversaire au pouvoir ? Qu’adviendrait-il si le palais d’Etoudi devait changer de locataire avant la présidentielle prévue en 2025 ? Qui serait capable de le remplacer ? À Yaoundé, ces questions demeurent taboues. Elles n’en occupent cependant pas moins la plupart des esprits. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) a amorcé sa refondation, les différents clans s’affrontent et les coups bas se distribuent déjà. Quant à l’heure fatidique à laquelle le chef de l’État passera la main, elle ne fait, implacable dictature du temps, que se rapprocher. Alors, que se passerait-il ?

Avec Jeune Afrique par Mathieu Olivier

Cameroun : avec la CAN, Paul Biya a peut-être une chance d’unir le pays

janvier 10, 2022
Le président camerounais et la première dame, Chantal Biya, saluent la foule venue assister au premier match de la CAN dans le stade Paul-Biya d’Olembé, à Yaoundé, le 9 janvier 2022. © REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

Après cinquante ans d’absence, la Coupe d’Afrique des nations fait son grand retour au Cameroun. Une occasion de retrouver un semblant d’unité nationale, si tout se passe bien.

Au pouvoir depuis quarante ans, Paul Biya, 88 ans, est connu pour ne pas aimer les apparitions publiques. Il a pourtant occupé brièvement le devant de la scène lors de la cérémonie d’ouverture de la 33e Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui s’est déroulée dimanche 9 janvier. Le cortège du président est en effet entré dans le nouveau stade qui porte son nom pour en longer la piste d’athlétisme, lui-même et la première dame, Chantal Biya, saluant par le toit ouvert. Il a ensuite prononcé un discours de quelques phrases seulement pour lancer officiellement le début du tournoi.

Il y a dix jours, à l’occasion du Nouvel An, Paul Biya avait eu plus à dire, présentant la CAN comme la partie d’un grand plan de développement des infrastructures, avant d’appeler ses « chers Lions indomptables à tout mettre en œuvre pour qu’ils terminent cette fête en beauté le soir du 6 février 2022 ».

Un optimisme qui contrastait toutefois avec le cœur du discours, axé sur la désunion nationale. « Beaucoup de nos compatriotes restent dans les rangs des groupes armés, a-t-il souligné. Ils continuent de se livrer à des activités criminelles, multiplient les attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés et les meurtres de civils non armés. Le récent assassinat de trois étudiants et d’un enseignant du lycée bilingue Ekondo Titi est venu s’ajouter à la longue liste de leurs exactions et atrocités. »

L’attentat perpétré dans la région du Sud-Ouest en novembre 2021 est venu rappeler que la crise anglophone, qui dure depuis cinq ans, n’est toujours pas résolue. Si cela n’a pas cette fois privé le Cameroun du statut d’organisateur de la compétition, l’humiliation subie lorsque la Confédération africaine de football (CAF) avait décidé, en 2018, de retirer le tournoi à Yaoundé et de le confier à l’Égypte pour l’édition 2019 reste encore vive. Les retards dans les préparatifs et la crise de l’Ambazonie avaient joué un rôle central.

Entraînements à Buea

Cette année, la politique n’a pas modifié l’itinéraire du groupe F – la Tunisie, le Mali, la Mauritanie et la Gambie –, qui doivent toujours s’entraîner à Buea, la capitale régionale du Sud-Ouest. Par ailleurs, huit matchs seront disputés dans la région côtière de Limbé, où une explosion a été signalée pas plus tard que le 5 janvier et où la sécurité est renforcée. Un tournoi sans incident majeur renforcerait la position officielle des autorités, selon laquelle le pire est passé.

Si le Cameroun se qualifie pour la finale au stade Paul-Biya, situé dans la banlieue de Yaoundé, les détracteurs de cette installation de 300 millions de dollars pourront toujours dénoncer le coût total du tournoi. Environ 700 millions de dollars ont été investis dans les stades et les routes. Mais le succès de l’équipe nationale à domicile tend à noyer la voix de l’opposition. Dimanche dernier, les Lions se sont remis de leur défaite contre le Burkina Faso (0-1) en profitant de deux penalties concédés à la hâte pour s’imposer 2-1.

MES FRÈRES, JE SUIS DE BAMENDA

Le Cameroun n’a pas accueilli le tournoi depuis 1972 – à l’époque, il ne comptait que huit équipes réparties en deux groupes – et possède un formidable bilan à domicile en matière de compétitions. La récente défaite de la Côte d’Ivoire dans la lutte pour la qualification à la Coupe du monde a encore accru les attentes.

En 2017, une jeune équipe de Lions qui ne suscitait guère l’enthousiasme au départ avait battu le Sénégal, le Ghana et l’Égypte, remportant le cinquième titre de champion d’Afrique du pays de manière spectaculaire. Un but tardif de Vincent Aboubakar à Libreville avait scellé un tournoi par ailleurs assez plat. La victoire du Cameroun avait également eu une résonance politique. La semaine suivante, le gardien de but Fabrice Ondoa avait exprimé à la télévision sa solidarité avec la minorité anglophone du pays. « Mes frères, je suis de Bamenda », avait déclaré la star francophone, dédiant cette victoire à la ville anglophone du Nord-Ouest dans une époque de répression continue.

Depuis ce titre, l’équipe n’a en revanche pas progressé de manière significative et a été éliminée en huitième de finale en Égypte lors de sa dernière sortie. L’Algérie, championne en titre, et le Sénégal sont un cran au-dessus en matière de forme .

L’ombre du Covid-19

La plus grande menace planant sur la CAF pourrait bien venir du Covid-19. Le tournoi, qui a vigoureusement résisté aux appels au report, doit maintenant faire face à des problèmes de santé publique, à un régime de tests complexe et, inévitablement, à des absences dans les rangs des joueurs.

Peut-être les risques s’amenuiseront-ils une fois que les équipes entrées dans le pays auront séjourné un certain temps dans leurs bulles respectives. Mais le Sénégal est déjà durement touché, avec neuf joueurs testés positifs – dont Edouard Mendy (Chelsea) et Kalidou Koulibaly (Naples) – quelques jours seulement avant son premier match contre le Zimbabwe, lundi 10 janvier. Le Gabon, le Malawi, la Côte d’Ivoire et la Tunisie ont également vu leur préparation perturbée par de nouveaux cas.

Avec seulement 2,5 % de la population doublement vaccinée, les spectateurs sont contrôlés de près. Selon la CAF, « les supporters ne peuvent entrer dans les stades que s’ils sont complètement vaccinés et s’ils sont en mesure de présenter un résultat négatif au test PCR ne datant pas de plus de 72 heures ou un résultat négatif au test antigénique ne datant pas de plus de 24 heures. » Lors des matchs du Cameroun, la capacité d’accueil est limitée à 80 % pour faciliter la distanciation sociale, et celle de toutes les autres rencontres est plafonnée à 60 %.

Samuel Eto’o, la véritable star du tournoi

Si le nom du chef de l’État figure sur le stade, la figure de proue de cette édition sera sans nul doute le nouveau président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o. Le quadruple « footballeur africain de l’année », double vainqueur de la CAN, a misé sa réputation sur le bon déroulement du tournoi et sur une nouvelle ère pour le football national, en difficulté. Il était à l’avant-garde de la résistance au report à la fin de l’année dernière et a lancé un avertissement aux voix européennes qui cherchent à saper la crédibilité de la CAF.

« La fédération que je représente défendra fermement la compétition, a-t-il déclaré. Les matchs de l’Euro se sont déroulés au milieu de la pandémie avec des stades pleins. Pourquoi ne pourrions-nous pas jouer ? » Malgré toutes les questions politiques et les problèmes actuels, il n’y a une fois de plus aucune réponse convaincante à cette question.

Avec Jeune Afrique par Taimour Lay